Histoire De La Nouvelle-Écosse

Histoire De La Nouvelle-Écosse

Histoire de la Nouvelle-Écosse

Port Royal, gravure de 1609

Sommaire

Période autochtone

Les premières traces de peuplement humain dans lactuelle Nouvelle-Écosse suivent immédiatement le retrait des glaciers lors de la fin de la dernière période glacière, soit il y a 10 000 à 13 000 ans. Il sagit doutils de pierre et de vestiges de campements de chasseurs-cueilleurs de la période paléoindienne (13 000 à9 000 ans avant ce jour).

Étrangement, il existe très peu de traces de peuplement humain dans la période située entre 10 000 et 5 000 ans avant ce jour. On parle de cette époque comme du « grand hiatus ». Plusieurs hypothèses dordre surtout écologique ont été avancées pour expliquer cette absence mais aucune na pu être démontrée.

Par contre, la période immédiatement postérieure, qui va jusquà il y a 2 500 ans révèle de nombreuses traces de peuplement humain Les outils de pierre réapparaissent alors et on trouve parmi eux de nombreux agrès de pêche, indiquant une prépondérance croissante des ressources maritimes dans lalimentation. Se développe alors la culture dite « archaïque maritime », présente depuis beaucoup plus longtemps au Labrador, à Terre-Neuve et sur la côte du Maine. Outre un important outillage pour la pêche et la chasse aux mammifères marins (poids, harpons, hameçons) une grande variété doutils conçus pour le travail du bois se trouve dans les sites de cette civilisation. Les rites funéraires élaborés ont laissé des tombeaux dans lesquels les défunts étaient enterrés, recouverts docre rouge et accompagnés doutils, damulettes et de sculpture en pierre représentant souvent des animaux marins. La disparition de cette culture pourrait être reliée à une hausse du niveau de la mer, survenu il y a 3 500 ans, qui submergea lactuel plateau continental, jusqualors émergé. Les sites les plus intéressants se trouveraient alors sous leau.

Vers 3 000 ans avant aujourdhui, la région fut occupée par des peuples de la tradition dite « Susquehannna » venus du sud. Leur mode de vie associait chasse, pêche et cueillette. Vers 2 500 ans, et jusquà lépoque du contact avec les Européens (XVIe siècle), cest la période « céramique », correspondant à larrivée des peuples Micmacs et Malécites, et se distinguant, comme son nom lindique, par lapparition de la poterie, innovation venue du sud comme, sans doute, les Micmacs eux-mêmes si on en croit leurs traditions orales. La langue micmaque appartient à la famille algonquienne, comme le malécite, labénaki, le cri, linnu et la plupart des langues parlées dans le nord-est de lAmérique.

Au XVIe siècle, les Micmacs entrent dans une phase dexpansion et leur territoire couvrira, à larrivée des Européens, environ 100 000 km² dans les trois provinces maritimes et la Gaspésie. Ce sont eux que les Français appelleront les « Gaspésiens ». Ce territoire sera divisé en 7 districts. Ces districts reconnaissent chacun un « sagamo » ou chef dont la principale fonction est lattribution des territoires de chasse et de pêche. Il na guère dautres pouvoirs et, pour le reste lorganisation politique micmaque est semblable à celle des autres peuples algonquiens de lest canadien : on vit en village restreints comprenant quelques familles et le rôle de chef est reconnu, de façon temporaire et informelle, aux individus faisant preuve de compétences reconnues par tous. Linstitution du « sagamo », toutefois, est particulière aux Micmacs et pourrait indiquer une influence méridionale, de même que la place importante tenue par le culte du soleil dans leur religion. Par ailleurs, celle-ci comporte un recours au shaman, comme chez les autres peuples algonquiens. Les bandes se regroupent en été pour la pêche et se divisent en hiver pour chasser à lintérieur des terres. La cueillette et, par endroit, une agriculture dappoint, permettent de combler les besoins. Lhabitation est composée de cabanes en perches recouvertes décorces, certains villages côtiers sont entourés de palissades.

La population totale est difficile à évaluer. Les estimés les plus en vogue parlent de 5 à 6 000 personnes mais, selon certains auteurs, il y a pu y avoir jusquà 35 000 Micmacs juste avant le contact avec les Européens. Il est sûr que les guerres et les épidémies des trois siècles qui suivirent réduisirent considérablement la population autochtone, ici comme ailleurs en Amérique.

Le Contact

Il est difficile de dire avec certitude qui fut le premier Européen à toucher les côtes de la Nouvelle-Écosse. Outre les spéculations autour de la venue de Scandinaves médiévaux, alimentées par la découverte dune monnaie norvégienne du XIIe siècle dans lÉtat du Maine, il nest pas du tout certain que Giovanni Cabotto (John Cabot) ait touché terre à lendroit qui sappelle aujourdhui Cabots trail, lors de son voyage de 1497. Il a, en tout cas, longé la côte et, ayant identifié les Grands Bancs de morue de Terre-Neuve, il a suscité linvasion de pêcheurs européens dans le Golfe du Saint-Laurent qui se produisit au XVIe siècle.

En 1524, Giovanni Verrazano, au service du roi de France, cartographia la côte atlantique de lAmérique du Nord et lui donna le nom « Arcadie », inspiré de la mythologie antique (nous sommes à la Renaissance). Ce terme donna naissance au nom « Acadie ». Il est possible que le nom se soit confondu avec le terme dorigine micmaque « cadie » qui désignerait un port. Le Florentin fut suivi de près par le portugais Gomes, au service de lEspagne.

La présence accrue des pêcheurs et baleiniers européens dans les eaux du nord-est américain eut pour conséquence le développement du commerce des fourrures avec les Autochtones et, subséquemment, le développement de compagnies à monopole. Il sensuivit une volonté, de la part des puissances européennes, de sassurer le contrôle des voies stratégiques permettant laccès à ce commerce. La France désirant sassurer le contrôle de lembouchure du Saint-Laurent, laube du XVIIe siècle vit lenvoi de plusieurs expéditions chargées de trouver un emplacement favorable à létablissement dune colonie. La première tentative, à lîle de Sable en 1598, se termina en désastre et quelques survivants faméliques durent être rapatriés.

LAcadie, colonie française.

En 1604, Pierre du Gua de Monts, marchand huguenot, fut chargé par Henri IV de la colonisation de ce quon appelait de plus en plus souvent lAcadie. Associé au noble Jean de Poutrincourt et au géographe Samuel de Champlain, il procéda, cette année- à la fondation de Port Royal, aujourdhui Annapolis. Les contacts avec les Micmacs furent suffisamment bons pour que la colonie, abandonnée en 1607 par manque de vivres, soit laissée sous la garde du sagamo Membertou. Les Français étaient de retour en force en 1610. Les rivalités coloniales troublèrent rapidement la paix : dès 1613, une attaque virginienne ravagea la colonie et, en 1621, le roi Jacques VI dÉcosse accorda à sir William Alexander, une charte lautorisant à établir une colonie écossaise en Acadie et le nom « Nova Scotia » (Nouvelle-Écosse) apparut sur les cartes. En 1628, les frères Kirke, corsaires britanniques, prirent la colonie et des colons Écossais débarquèrent. Trois ans plus tard, la colonie fut rendue à la France par traité et les Écossais furent expulsés pendant que 300 colons français, sous la direction du sieur Isaac de Razilly, venaient sinstaller. La colonie relevait désormais de la Compagnie des Cents Associés, qui devait procéder à la colonisation, en échange du monopole de la traite des fourrures. Cela mettait la colonie sous la dépendance du gouverneur de la Nouvelle-France installé à Québec. Cependant, celui-ci était bien loin et lAcadie fut, de fait, laissée à un abandon presque total. Aussi, lorsque Razilly mourut, la même année, et que son domaine fut partagé entre les sieurs Charles de Menou d'Aulnay et Charles La Tour, les deux seigneurs entrèrent en une rivalité qui dégénéra vite en une véritable guerre privée qui culmina avec le massacre de la garnison du fort La Tour, par dAulnay, en 1645. La Tour intriguant avec les Anglais, une force anglaise prit la colonie en 1654. Rendue à la France en 1667, la colonie fut de nouveau lobjet dattaques anglaises en 1690, et puis d'attaques britanniques en 1707 et en 1710. Les Traités d'Utrecht (1713) cédèrent lactuelle Nouvelle-Écosse, à lexception de lîle Royale (aujourdhui île du Cap Breton) à la Grande-Bretagne. Les régions qui constituent aujourdhui le Nouveau-Brunswick et lîle-du-Prince-Édouard restèrent à la France. Cependant, la majorité des 4 000 habitants désignés désormais comme Acadiens, se retrouva sous domination britannique. Malgré toutes ces péripéties, la colonie avait relativement prospéré. Les Acadiens, contrairement à la plupart des colons européens en Amérique, avaient développé de nouvelles terres, non en défrichant la forêt, mais en gagnant sur la mer, grâce à un réseau de digues, les aboiteaux, et de canaux inspirés de la technique des marais poitevins, région dont plusieurs étaient originaires. Le développement de lagriculture ainsi quun commerce important avec les colonies voisines, y compris britanniques malgré les guerres et les interdictions, permit à la population daugmenter rapidement (ils seront 15 000 en 1755). Cette évolution était dautant plus nécessaire que les pandémies successives qui frappèrent la population autochtone avaient réduits le nombre de Micmacs et Malécites au point que ceux-ci nétaient plus en mesure de ravitailler la colonie. Dailleurs le troupeau dorignaux de lîle Royale fut complètement exterminé au milieu du XVIIe siècle et la population micmaque de lîle émigra.

La « Nouvelle-Écosse » et lAcadie française

La période qui va de 1714 à 1755 fut celle dun face-à-face stratégique entre grandes puissances. Dun côté, la France, désireuse de combler le vide laissé par labandon de sa portion de lAcadie, investit dans le développement dune nouvelle « Acadie française », dont le centre fut la ville-forteresse de Louisbourg, située sur lîle Royale, dont la construction commença en 1718. Les coûts de la construction furent exorbitants et les délais nombreux mais, en quelques décennies, Louisbourg devint, avec 4 000 habitants, la plus grande agglomération de lempire français dAmérique du Nord et un haut lieu du commerce transatlantiqueainsi que de la contrebande avec les colonies britanniques. Ceci bien que peu dAcadiens ait quitté leurs terres pour sétablir dans cette île rocailleuse. Parallèlement, un début de colonisation française se fit aux îles de la Madeleine, à lîle Miscou et à lîle St-Jean, données dabord en fief au comte de Saint-Pierre, puis royalisées en 1724.

Du côté britannique, la colonie de Nouvelle-Écosse connut un développement important à travers laugmentation de la population et le développement du commerce avec les colonies britanniques et françaises malgré linterdiction de ce dernier par le Parlement britannique en 1722. Le principal problème tenait au statut incertain de la population acadienne, qui refusait en masse de prêter le serment dallégeance à la couronne exigé par le gouvernement colonial. Cette situation incitait Londres à refuser à la colonie les institutions coutumières aux colonies britanniques (chambre dassemblée, habeas corpus, etc.) et à maintenir un régime militaire. Les colons britanniques, par conséquent, tendaient à bouder la Nouvelle-Écosse qui demeurait une enclave française dans lempire britannique. Larrivée de colons allemands pour fonder Lunenburg en 1752 ne régla pas le problème. Par ailleurs, les pressions britanniques pour forcer les Micmacs à céder une partie de leur territoire provoquèrent, à partir de 1718, une guérilla terrestre et maritime encouragée en sous-main par les autorités de Louisbourg. Pour faire pièce à Louisbourg, le gouverneur Cornwallis fonda Halifax en 1749, îlot britannique dans cette enclave française. La Troisième guerre intercoloniale, déclenchée en 1740, provoqua une grande activité militaire (raid micmac sur Canseau en 1744, prise de Louisbourg en 1745) mais le Traité d'Aix-la-Chapelle (1748) ramena le statu quo ante bellum. Cest la dernière guerre intercoloniale, qui débuta en 1754, qui provoqua finalement la fin de lAcadie française. En 1755, le gouverneur Lawrence commença la Déportation des Acadiens qui se poursuivit au fur et à mesure de lavance des troupes britanniques. Louisbourg fut prise en 1758 et rasée quelques années plus tard, sa population expulsée. La paix fut signée avec les Micmacs en 1761. Le Traité de Paris (1763) laissa la Grande-Bretagne en possession de lancien empire français. Dans le cas de la Nouvelle-Écosse, il sagissait dune colonie dépeuplée et ruinée par la destruction des infrastructures construites par les Acadiens.

La Nouvelle-Écosse, colonie britannique

En 1764, à la suite des pressions exercées par Jacques Robin, important entrepreneur en pêcherie de lîle de Jersey, les Acadiens sont autorisés à sétablir en Nouvelle-Écosse, à condition quils se dispersent en petits établissements à travers la province. Les retours se poursuivront jusquau début du XIXe siècle. Toutefois, ce ne fut quen 1768 que la loi excluant les Catholiques du droit de propriété dans la colonie fut abrogée et, en pratique, ce droit ne fut guère respecté avant le siècle suivant. Parallèlement, laSaint John River Society”, formée par une soixantaine dofficiers britanniques, obtint de larges concessions de terre dans la vallée du Saint-Jean, pour y établir des colons britanno-américains. Dautres sociétés recrutèrent des Écossais et des Irlandais protestants. Ceux-ci occupant les terres laissées vacantes par la déportation, les Acadiens sétablirent majoritairement beaucoup plus au nord dans les territoires qui forment actuellement le Nouveau-Brunswick. Les colons dorigine écossaise installés à lîle du Cap Breton (ex Ile Royale), commencèrent en 1766 lexploitation de gisements de charbon. Les « mesures intolérables » qui devaient déclencher la guerre dIndépendance des États-Unis (Stamp Act, Acte de Québec, Proclamation Royale, etc.) affectèrent la Nouvelle-Écosse autant que les autres colonies britanniques et le Halifax Gazette (premier périodique canadien, fondé en 1752) se fit lécho d'un mécontentement égal à celui quon trouvait au Massachusetts ou à New York. Toutefois labsence dune Chambre dAssemblée permettait moins à ce mécontentement de sorganiser et, surtout, la présence militaire massive dans la région (base navale à Halifax, nombreux forts) ne permit pas à la Nouvelle-Écosse de se joindre aux treize colonies qui se rebellèrent en 1776. Une tentative des rebelles sur le fort Beauséjour fut rapidement écrasée. Les Micmacs se joignirent aux insurgés mais le chef Caiffe fut rapidement mis en déroute et la capture de 16 otages par la Royal Navy assura son remplacement par un leader plus favorable aux Britanniques. Durant le conflit, la population de la Nouvelle-Écosse garda une attitude ambiguë, commerçant avec les deux côtés, ce qui valut aux Néo-Écossais le surnom durable de « Neutral Yankees ». Halifax devint aussi un port dattache pour une guerre de course intense dans lAtlantique. Ce schéma se répétera durant les conflits suivants. La fin de la guerre, en 1784, trouva la Nouvelle-Écosse toujours fermement rattachée à lEmpire britannique. La même année, les provinces de lÎle-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick furent détachées de la Nouvelle-Écosse. LIndépendance des États-Unis amena en effet lémigration de dizaines de milliers de Loyalistes auxquels il fallait donner des terres, d la création de ces deux nouvelles colonies. Par ailleurs, un nombre important de Loyalistes noirs, anciens esclaves libérés pour avoir pris les armes pour la couronne durant la guerre, sinstallèrent en Nouvelle-Écosse. La province connut sa première émeute raciale cette même année. Les rapports entre Blancs et Noirs seront difficiles par la suite.

La Nouvelle-Écosse obtint sa Chambre dAssemblée en 1791 et, les mêmes années virent le début de la construction navale dans la province, alimentée par les besoins de la Royal Navy durant le long cycle de guerres qui va de la Révolution française à la chute de Napoléon. La guerre de 1812 entre lEmpire britannique et les États-Unis permit à Halifax de profiter de la guerre de course et aux colons de continuer leurs fructueuses relations commerciales avec lennemi. Elle amena aussi une nouvelle vague desclaves libérés. Labolition de lesclavage dans lempire, en 1833, fera en outre de la Nouvelle-Écosse un des terminus du « chemin de fer souterrain », aboutissaient les esclaves en fuite du Vieux Sud. En 1827, la « General Mining Association » importa la technologie nécessaire pour exploiter à grande échelle le charbon du Cap Breton, et la main dœuvre composées douvriers écossais et gallois qui importeront le syndicalisme, style britannique. Parallèlement, la construction de voiliers entra dans un âge dor qui dura, en gros, de 1830 à 1880. En 1846, dans la ville de Londonderry, on commença la production dacier. Les années 1830 furent aussi celles dune agitation réformiste. Les « Reformists », dirigés par Joseph Howe, exigeaient une plus grande autonomie, plus de démocratie et la fin des privilèges de lÉglise anglicane. Ces revendications furent satisfaites à partir de 1848 et Howe deviendra Premier ministre en 1860. À cette époque, la situation économique de la Nouvelle-Écosse commença à se détériorer. La fin des lois de Navigations et des Corn Laws au Royaume-Uni porta un dur coup aux économies coloniales. De plus, le remplacement progressif du bois par lacier dans la construction navale naugurait rien de bon pour les nombreux chantiers de la région. Enfin, la Guerre de Sécession américaine refroidit sérieusement les rapports entre Américains et Britanniques, créant une menace militaire dautant plus sérieuse que la Royal Navy parlait de retirer ses troupes du Canada. On commence à parler dune Union des provinces maritimes. Cest ce dont devait discuter la Conférence de Charlottetown (I.P.E.) en 1864 quand des délégués venus dOttawa apportèrent une proposition beaucoup plus ambitieuse : la fédération de toutes les colonies britanniques dAmérique du Nord. Malgré lopposition véhémente de Howe, le conservateur Charles Tupper, devenu Premier ministre, se montra favorable à lidée et la Nouvelle-Écosse adhéra à lentente qui, en 1867, aboutit à ladoption, par Westminster, de lActe de lAmérique du Nord britannique, créant le Dominion du Canada, fédération semi indépendante de quatre provinces : le Québec, lOntario, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Les Néo-écossais étaient désormais canadiens.

Province canadienne

Lentrée dans la nouvelle fédération napporta pas, pour la Nouvelle-Écosse, les bénéfices économiques escomptés. Laccès à un marché intérieur plus vaste saccompagna dune dépendance croissante face aux décisions prises dans le Canada central. Les préoccupations dOttawa étaient tournées bien davantage vers le développement de louest. Par ailleurs, ne disposant pas dun arrière pays aussi vaste que le Québec ou lOntario, les provinces maritimes ne purent se lancer dans le développement des terres vierges au même degré et devinrent des lieux démigration vers le Canada central et les États-Unis. Dailleurs, dès 1868 eut lieu une tentative de sécession du Nova Scotia Party dirigé par Joseph Howe, qui remporta les élections provinciales et fit élire plusieurs députés fédéraux. Une motion fut présentée à la Chambre des Communes demandant la sécession de la province. Elle fut défaite. Dailleurs, à Londres, le Conseil Privé sopposa aussi à la tentative. Laprès 1867 vit le déclin de la construction navale dans les chantiers des maritimes, incapables de sadapter au remplacement du bois par lacier. Limportance des mines de charbon sen accrut dautant les mineurs déclenchèrent la première dune longue série de grèves en 1876. La même année, la ségrégation raciale sépara les Blancs des Noirs dans les écoles. Les Autochtones se virent aussi marginalisés durant la même période. Sédentarisés de force parThe Act for the Instruction and Permanent Settlement of the Indianen 1842, les années 1860-70 virent les autorités les exclure progressivement de la pêche commerciale, limposition de permis et de règles conçues pour les Blancs transformant leurs activités traditionnelles en « braconnage ».

Lorsquen 1900, la Banque de Nouvelle-Écosse déménagea son siège social à Toronto, il était devenu clair que les décisions concernant la province se prenaient de plus en plus au centre du Canada.

Les deux guerres mondiales mirent en valeur limportance stratégique de la région atlantique du Canada. Halifax, principale base navale canadienne vit les investissements affluer. Le port dHalifax profita aussi de lactivité de guerre et, durant la Seconde guerre mondiale, fut le point de départ des convois de lAtlantique qui ravitaillaient le Royaume-Uni. Cela nalla pas sans un coût : en 1917, lexplosion du cargo Mont-Blanc, chargé de munitions, dans le port, fit 2 000 morts et détruisit la plus grande partie de la ville. Voir : Explosion de Halifax.

La Grande Guerre, pour sa part, conduisit les autorités à renforcer la prohibition qui ne fut abolie dans la province, quen 1929. Lentre-deux guerre fut une période agitée. Les femmes obtinrent le droit de vote en 1918 mais la même année vit la ségrégation raciale devenir plus sévère. La crise économique des années 30 amena un surcroît dagitation syndicale accompagnée de répression, souvent violente comme lorsque la troupe fut appelée pour réprimer une grève dans les aciéries en 1922,ou dans les mines de lîle du Cap Breton en 1924.

Les années 20 virent aussi lapparition dun « Mouvement des droits des Maritimes », fondé par des citoyens inquiets du déclin relatif de ces provinces dans lensemble canadien. Cela aboutit à la fondation de la « Ligue pour lIndépendance économique de la Nouvelle-Écosse », en 1927. En 1932, la province connut sa propre version des mouvements réformistes qui apparaissaient ailleurs au Canada quand débuta lemouvement dAntigonish”. Inspiré par la doctrine sociale de lÉglise catholique mais regroupant aussi des Protestants, il favorisa le développement des coopératives. La question raciale demeurait aiguë comme le montre les événements de Trenton : en 1937, 400 Blancs brûlent la maison dune famille noire sétant installée dans un quartierblanc”.

La fin du deuxième conflit mondial amena un vent de changement. En 1945 fut abolie la législation qui empêchait les Noires de devenir enseignantes et Carrie Best fonda le Clarion, premier journal de la communauté noire. Ce fut aussi la fondation de la NSAACP (Nova Scotia Association for the Advancement of People of Color). Lannée suivante, la ségrégation fut ouvertement défiée quand Viola Desmond fut arrêtée pour sêtre assise dans la sectionblanchedun théâtre. La loi fut contestée jusquen Cour Suprême et, en 1955, la ségrégation raciale fut enfin abolie. Cela ne mit pas fin aux tensions raciales comme le démontrèrent les protestations que provoqua, en 1964, la démolition dAfricville, le quartier noir dHalifax, afin de construire un pont vers Dartmouth. En 1969, la fondation du « Black United Front » inspiré des Black Panthers américains montra que rien nétait encore résolu.

Cependant, le fait que, en 1946, la ville de Port Hood, suivie par plusieurs autres, décida dabandonner sa charte municipale pour des raisons financières démontrait que le déclin économique de la province se poursuivait. La nervosité des législateurs face aux investisseurs se manifesta dès 1947 par ladoption de nombreuses lois antisyndicales. Cette nervosité se maintient comme le prouve ladoption, dans les années 80, dune série de lois dexceptions visant à empêcher la syndicalisation des usines de pneus Michelin.

Le tourisme fut de plus en plus considéré comme une planche de salut et la reconstruction partielle de Louisbourg, avec figurants en costume dépoque, à partir des années 50, attira les voyageurs vers lîle du Cap Breton. La mise en avant du passé français de la province ne signifia pas, cependant, une plus grande ouverture au présent francophone. Jusquà ce jour, la Nouvelle-Écosse demeure extrêmement réticente face au bilinguisme officiel de lÉtat canadien (adopté en 1969) et naccorde des droits scolaires à sa minorité acadienne quavec une extrême parcimonie.

En 1957, la province fut au centre de lattention mondiale quand, à Pugwash, à la résidence de lhomme daffaire Cyrus Eaton, se tint la réunion internationale des scientifiques pour le désarmement (conférence Pugwash) convoquée par Albert Einstein et Bertrand Russell.

Voir aussi

  • Portail de la Nouvelle-Écosse Portail de la Nouvelle-Écosse
  • Portail du Canada Portail du Canada
  • Portail de l’Acadie Portail de lAcadie
Ce document provient de « Histoire de la Nouvelle-%C3%89cosse ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Histoire De La Nouvelle-Écosse de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем написать курсовую

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Histoire de la Nouvelle-Ecosse — Histoire de la Nouvelle Écosse Port Royal, gravure de 1609 Sommaire 1 Période autochto …   Wikipédia en Français

  • Histoire de la nouvelle-écosse — Port Royal, gravure de 1609 Sommaire 1 Période autochto …   Wikipédia en Français

  • Histoire de la Nouvelle-Écosse — Port Royal, gravure de 1609 Sommaire 1 Période autochtone …   Wikipédia en Français

  • Nouvelle-Écosse — Nova Scotia …   Wikipédia en Français

  • Nouvelle-Ecosse — Nouvelle Écosse Nouvelle Écosse Nova Scotia …   Wikipédia en Français

  • Nouvelle-écosse — Nova Scotia …   Wikipédia en Français

  • Nouvelle Ecosse — Nouvelle Écosse Nouvelle Écosse Nova Scotia …   Wikipédia en Français

  • Nouvelle Écosse — Nova Scotia …   Wikipédia en Français

  • Histoire militaire de l'Écosse — Histoire de l’Écosse Périodes historiques Préhistoire de l Écosse Écosse au temps de l Empire romain Écosse au Haut Moyen Âge Écosse …   Wikipédia en Français

  • Histoire Militaire De L'Écosse — Histoire de l’Écosse Périodes historiques Préhistoire de l Écosse Écosse au Haut Moyen Âge Écosse au Moyen Âge …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/781129 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”