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Herbert von Karajan
Herbert von Karajan, né à Salzbourg le 5 avril 1908, décédé à Anif près de Salzbourg le 16 juillet 1989, est un chef d'orchestre autrichien.
Spécialiste du répertoire austro-germanique et mitteleuropéen de Bach à Bartok ainsi que de l'opéra italien, il a laissé près d'un millier d'enregistrements chez Deutsche Grammophon, EMI et Decca, ce qui en fait un des chefs les plus enregistrés du XXe siècle.
Sommaire
Orientations musicales
Karajan a exploré un très vaste répertoire allant du baroque jusqu’à la musique du XXe siècle. Il a déclaré à l’occasion de la parution de son enregistrement de l’opéra Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, qu’il n’a enregistré qu’une seule fois après l’avoir plusieurs fois dirigé à la scène, qu’il s’agissait de son ouvrage préféré. Il a confié lors d’une entrevue à la radio France-Musique qu’il était en osmose avec cette œuvre comme s’il l’avait écrite, et qu’avant de l’enregistrer pour EMI, il avait dit aux musiciens de l’orchestre (le Philharmonique de Berlin) que tout ce qu’ils avaient fait avec lui jusque là n’était qu’une préparation à l’enregistrement de Pelléas.[1]
Toutefois, son nom reste surtout attaché aux « piliers » du répertoire germanique. Son répertoire est en fait celui des autres chefs de sa génération, voire plutôt de la génération précédente. S’il montre dans Mozart, surtout dans les années 1950, un naturel assez nouveau, ni Schubert ni Schumann ne font vraiment partie de son univers[réf. nécessaire]. Ses interprétations de Haydn, et plus encore de Bach, ne sont pas de sa spécialité. Les œuvres du vingtième siècle qu’il a dirigées étaient soigneusement choisies : le Concerto pour orchestre de Bartók, Le Sacre du printemps de Stravinski, la symphonie no 10 de Chostakovitch et quelques autres (Honegger, Nielsen). Dans les années 1970, il ajoute à son répertoire quelques œuvres de l’« École de Vienne » et de Gustav Mahler (symphonies nos 4, 5, 6, 9 et Le Chant de la terre). Avec Bruckner également, il entretient la même relation que des chefs nés quinze ans avant lui : si ses 4e, 5e, 7e, 8e et 9e symphonies font partie du cœur de son répertoire, il ne s’aventure que rarement dans les autres, qui semblent moins bien lui convenir. En définitive les compositeurs qu’il a le plus pratiqués, le plus exhaustivement et dans lesquels il est le plus reconnu sont Beethoven, Brahms, Wagner et peut-être Richard Strauss.
Concernant son style de direction, il appartient à une génération de chefs germaniques de culture et d’école, mais influencés par quelques chefs latins, italiens surtout : tout particulièrement Toscanini et De Sabata. Par rapport à des chefs d’une génération antérieure, cela se traduit par des tempos plus stables et une plus grande transparence, tout en conservant un son orchestral de culture germanique, large et puissant. Même si le style de Karajan a évidemment évolué au cours de sa carrière, on peut dire que ces caractéristiques se sont maintenues, avec toutefois une prédilection croissante pour le legato et le son.
Compositeurs enregistrés
Le legs discographique de Karajan est considérable. Karajan a enregistré jusqu'à quatre ou cinq fois certaines œuvres (le Canon de Pachelbel, des symphonies de Beethoven, la Missa Solemnis de Beethoven, Un requiem allemand de Brahms).
Dans l'ordre alphabétique (liste exhaustive / en gras ses compositeurs de prédilection) :
- Tomaso Albinoni
- Johann Sebastian Bach, Mili Balakirev, Béla Bartók, Ludwig van Beethoven, Alban Berg, Hector Berlioz, Georges Bizet, Luigi Boccherini, Alexandre Borodine, Johannes Brahms, Benjamin Britten, Anton Bruckner
- Frédéric Chopin, Dmitri Chostakovitch, Arcangelo Corelli
- Claude Debussy, Léo Delibes, Antonín Dvořák
- César Franck
- Edvard Grieg
- Joseph Haydn, Paul Hindemith, Arthur Honegger, Johann Nepomuk Hummel, Engelbert Humperdinck
- Franz Lehár, Ruggero Leoncavallo, Franz Liszt, Pietro Locatelli
- Gustav Mahler, Vincenzo Manfredini, Pietro Mascagni, Felix Mendelssohn-Bartholdy, Modeste Moussorgski, Wolfgang Amadeus Mozart
- Carl Nielsen
- Jacques Offenbach, Carl Orff
- Johann Pachelbel, Ildebrando Pizzetti, Amilcare Ponchielli, Sergueï Prokofiev, Giacomo Puccini
- Sergueï Rachmaninov, Maurice Ravel, Ottorino Respighi, Emil von Reznicek, Nikolaï Rimski-Korsakov, Gioacchino Rossini, Albert Roussel
- Camille Saint-Saëns, Franz Schmidt, Arnold Schönberg, Franz Schubert, Robert Schumann, Jean Sibelius, Bedřich Smetana, Johann Strauss père, Johann Strauss fils, Josef Strauss, Richard Strauss, Igor Stravinski, Franz von Suppé
- Piotr Ilitch Tchaïkovski, Giuseppe Torelli
- Ralph Vaughan Williams, Giuseppe Verdi, Antonio Vivaldi
- Richard Wagner, Carl Maria von Weber et Anton Webern.
Carrière
- 1929 : remarqué en dirigeant Tchaïkovski et Richard Strauss à Salzbourg, puis à Ulm
- 1933 : présente à Salzbourg une première demande d'adhésion au NSDAP, qui n'aboutit pas à cause des restrictions décidées au sein du parti suite à la prise du pouvoir par Hitler.
- Mars 1935 : adhère au Parti nazi.
- 1938 : le nazisme exerce une fascination sur certains intellectuels qui, par carriérisme, comme Herbert von Karajan, ou par conviction adhèrent au NSDAP consacré par la presse du Troisième Reich. Article : das Wunder Karajan (le miracle Karajan). Devient un pion utilisé contre Wilhelm Furtwängler dans la guerre culturelle interne qui oppose Joseph Goebbels à Goering pour le contrôle du monde musical allemand ; Goebbels soutenant l'orchestre philharmonique et Goering l'opéra national (Staatsoper).
- 1939 : s'attire l'inimitié de Hitler après avoir perdu le fil des Maîtres Chanteurs qu'il dirigeait sans partition, comme à son habitude, lors d'une représentation pour les monarques yougoslaves. Il continue comme maître du Staatskapelle de l'Opéra à Berlin. Il devient le protégé de Hermann Göring.
- 1947 : est "dénazifié" par les Alliés et pris sous contrat par Walter Legge
- 1948 : devient chef d'orchestre permanent du Philharmonia Orchestra (Londres)
- 1955 - 1989 : élu chef à vie de l'Orchestre philharmonique de Berlin
- 1956 - 1964 : directeur artistique de l’Opéra d’État de Vienne succédant à Karl Böhm
- 1967 : prend la direction du Festival de Salzbourg. Enregistrement (jusqu'en 1971) d'un Ring qui fait date par son parti-pris de transparence sonore et de légèreté orchestrale.
- 1969 - 1971 : Directeur artistique de l'Orchestre de Paris
- 1966 : crée le Festival de Pâques de Salzbourg
- 1977 - 1989 : retour à Vienne après la brouille de mai 1964. Il n'y fut plus jamais directeur, mais chef invité.
- à partir de 1982 : rapports de plus en plus tendus avec « ses » musiciens de Berlin. Karajan va de plus en plus souvent diriger à Vienne.
- 1987 : Concert du Nouvel An (Neujahrskonzert) au Musikverein de Vienne avec Kathleen Battle (soprano)
- 1988 : dernier concert parisien au Théâtre des Champs-Elysées (Paris). Programme Schönberg et Brahms.
- 1989 : démissionne de l'Orchestre philharmonique de Berlin. Derniers concerts et enregistrements : le Concerto pour piano n° 1 de Tchaïkovski avec Evgueny Kissin et la Symphonie Classique de Prokofiev lors du concert du 31 décembre à Berlin et la Symphonie n° 7 de Bruckner, avec l'orchestre philharmonique de Vienne (DG).
Adaptation de l’hymne européen
L'introduction instrumentale de l'Ode à la joie a été adoptée en 1972 par le Conseil de l'Europe comme hymne de l'Union européenne, puis en 1985 comme hymne officiel par les chefs d'État et de gouvernement de l'Union. L'interprétation officielle fut confiée à Herbert von Karajan qui en réalisa trois arrangements : un pour piano, un autre pour instruments à vent et un troisième pour orchestre symphonique.
Côte d'Azur
Karajan avait ses habitudes sur la Côte d'Azur. C'est d'ailleurs à Saint-Tropez, début 1957, qu'il rencontre Eliette Mouret, un mannequin de 17 ans, originaire de Mollans-sur-Ouvèze (Drôme), qui devient sa troisième épouse le 18 octobre 1958, le jour des 19 ans de cette dernière. Il acquit la villa "La Palme" en bord de mer au Cap de Saint-Tropez, à l'entrée de la baie des Canoubiers, où ses voiliers successifs étaient amarrés : les Helisara sur lesquels il participa à de nombreuses régates.
La complicité entre le musicien et la mer remonte à sa prime enfance[2] et, dès 1938, il faisait l’acquisition de son premier voilier, Karajanides. En 1967, il lançait le premier des six Helisara qui marqueront sa vie. Ce nom est en fait un acronyme fabriqué à partir des initiales de son propre prénom, de celui de son épouse et de ses deux filles : (H)erbert, (El)iette, (Is)abel et (Ara)bel. Cinq voiliers porteront ce nom jusqu'à Helisara VI, un maxi de 24 mètres, à bord duquel le Maître remporta de nombreuses régates.
Il installa à Monaco sa maison d'édition, Télémondial, qui réalisa les premiers vidéo-disques importants de l'histoire de la vidéo contemporaine[3].
Notes et références
- ↑ Entretien avec René Koering et Philippe Caloni, 23/06/79, France Musique, archives de l'INA.
- ↑ Denis Van den Brink, « Des Voiles de St Tropez très sportives ! », 6 octobre 2007, dans www.adonnante.com
- ↑ André Peyregne, « La belle histoire d'Herbert von Karajan et de la Côte d'Azur », dans Nice-Matin, 5 avril 2008
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Jean Rémy Karajan, la biographie, Odile Jacob
- Richard Osborne, Une vie pour la musique, L'Archipel, 1999 (ISBN 2-841871894).
- Bruno Streiff, Karajan, le chef d'orchestre, Paris, Éditions Complicités, 2003.
- Peter Uehling, Karajan. Une biographie, Éditions Hermann, 2008.
Vidéographie
- Herbert von Karajan in rehearsal and performance (1965 (Schumann), 1966 (Beethoven)), réalisation Henri-Georges Clouzot, DVD Unitel, 2006
- Franck Chaudemanche, « Karajan intime », documentaire TV, 55 mn, France, 2008
Articles connexes
- Orchestre philharmonique de Berlin
- Orchestre symphonique de Vienne
- Opéra d'État de Vienne
- Philharmonia Orchestra
- Orchestre de Paris
Liens externes
- Dossier (en français) centenaire d'Herbert von Karajan sur ResMusica.com
- Page dédiée (en anglais) avec liste exhaustive des concerts donnés et des orchestres dirigés
- Centre Herbert von Karajan
- Centenaire d'Herbert von Karajan sur Symphozik.info
Précédé par Herbert von Karajan Suivi par Hans Swarowsky Chef principal, Orchestre symphonique de Vienne 1948–1960 Wolfgang Sawallisch Wilhelm Furtwängler Directeur musical, Orchestre philharmonique de Berlin 1954–1989 Claudio Abbado Karl Böhm Directeur musical, Opéra d'État de Vienne 1956–1964 Egon Hilbert Charles Münch Conseiller musical, Orchestre de Paris 1969–1971 Georg Solti Wilhelm Furtwängler Directeur artistique, Festival de Salzbourg 1956–1988 Gérard Mortier Mstislav Rostropovitch Prix Ernst von Siemens 1977 Rudolf Serkin - Portail de la musique classique
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