Groupe mobile Jesser

Groupe mobile Jesser

Brigade Jesser

Brigade Jesser
Période 1944
Pays Troisième Reich Allemagne
Branche Wehrmacht
Type Division d'infanterie motorisée
Rôle répression et anéantissement des maquisards
Garnison Ussel
Guerres Seconde Guerre mondiale
Batailles Bataille du Mont Gargan
Mont Mouchet
Commandant Kurt Von Jesser
Commandant historique Kurt Von Jesser
2nde GM en Limousin.png
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La brigade Jesser, du nom de son commandant, le général Kurt Von Jesser, était une division des forces allemandes destinée à la répression et à l’anéantissement des maquisards, auvergnats et limousins en particulier, et qui sévit dans ces régions de juin à août 1944.

Elle est connue sous les noms de division Jesser, brigade Jesser, groupe Jesser, groupe mobile Jesser, colonne Jesser, Kampfgrup Jesser .

Sommaire

Création de la colonne

Au mois de mai 1944, le général Fritz Brodowski, commandant le HVS 588 composé de 9 VS (Puy-de-Dôme, Allier, Haute-Loire, Cantal, Haute-Vienne, Corrèze, Creuse, Dordogne, Indre) s’aperçut que les différentes garnisons de sécurité en place en Auvergne et dans le Limousin étaient incapables d’assurer le maintien de l’ordre et la répression contre le Maquis.
En effet, les combats de Tulle les 7 et 8 juin 1944 et la levée en masse de 3 000 hommes par le colonel Gaspard (Émile Coulaudon) de l’AS, dans les monts de la Margeride dans le Cantal l’incitèrent à constituer un redoutable kampfgruppen, des 'troupes chargées de la recherche et de la destruction des maquis et des unités FFI et dont il confia le commandement au général Kurt Von Jesser.

Constitution de la colonne

Le groupe des forces allemandes destiné à cette répression ne fut pas constitué d’une unité militaire organique, mais de l’amalgame de nombreuses unités qui reçut l’appellation de groupe mobile Jesser.
Pendant la pacification de la région, le quartier général de la colonne était situé à Ussel en Corrèze

Composition de la colonne[1]

Sous les ordres du général Kurt Von Jesser, les forces allemandes étaient composés :

  • d'une colonne rapide, de 1 200 soldats environ, sous le commandement du colonel Coqui, avec véhicules à essence, auto-mitrailleuses, batteries de canons d'infanterie, d'artillerie et anti-aérien, mortiers... composée du :
    • Régiment de sécurité N°1000 (Sicherungs Motorisierte Régiment 1000 - régiment spécialisé dans les représailles et de sinistre réputation). Ce régiment avait précédemment sévit dans les représailles de la division Brehmer.
    • Groupe de reconnaissance AA1000 (Aufklärungs Abteilung 1000)
  • d'une colonne lente, également de 1 200 soldats environ, avec véhicules et camions à gazogène (réquisitionnés), composé de :

Les soldats des Ost-Légion étaient des ex-prisonniers de l’armée soviétique.

  • d'éléments complémentaires rapides :
    • 1 état-major avec une compagnie de transmission
    • 1 section d’auto-mitrailleuses du commandement du Gross Paris
    • 262e compagnie antichar
    • 958e bataillon motorisé de DCA (Flak)
    • 28e groupe d’artillerie de la division de réserve
    • 2 escadrilles d’aviation d’intervention et de reconnaissance (Stuka et Fieseler Storch en particulier)
  • d'éléments policiers :
    • Des forces du commandement supérieur des SS et de la police (SD et SIPO) dirigé par Hugo Geissler
    • 1 état-major de la police de sécurité et du service de sécurité
    • 15 groupes d’interrogatoires
    • 1 bataillon motorisé de la Police de l’Ordre (bataillon SS Polizei Regiment 19)
    • 7 brigades d’intervention de la feldgendarmerie (280 hommes) (brigades N°653 de Montluçon, 932 de Clermont-Ferrand, 960, 979 de Châteauroux, 986, 993 du Puy-en-Velay, 1115) (surnommés les « colliers de chiens » par la population car ils portaient une plaque métallique autour du cou).
Feldgendarmes avec leurs colliers de chiens

Soit au total plus de 2.500 hommes et 500 véhicules, armés d'auto-mitrailleuses d'origine française et surtout des Panzerspähwagen (P.S.W.), c'est-à-dire des véhicules de reconnaissance blindés, de mortiers légers de campagne, de canons antiaériens de calibre 20mm reconvertis en armes d'infanterie, de canons de campagne divers, etc.

Réputation

La colonne Jesser disposait d’une supériorité écrasante en hommes et en moyens.

La férocité de ses hommes était renforcée par la présence d’unités SS et du SD (leur chef Hugo Geissler sera tué à Murat).

Les unités SD et SIPO étaient implantées jusqu’à l’échelon de la compagnie et étaient chargées du contrôle de l’exécution des prisonniers et autres exactions.

Les opérations

Juin 1944

Juillet

Tatars de la Volga

Du 7 au 15 juillet 1944 : La colonne arrive dans le Cantal, occupe Murat et Bort-les-Orgues et opère un ratissage allant de Bourg Lastic à Combressol, à la recherche du commandant Duret « qui fit le mort » devant le nombre.

Les autres convois restent en soutien à Ussel ou patrouillent dans les environs.

  • 14 juillet : Une quatrième colonne de la brigade est signalée partant de Murat en direction de Riom ès Montagne se dirigeant vers la Creuse.
  • 15 juillet 1944 : à Bourg Lastic les colonnes font 23 fusillés, 28 déportés
  • 15 juillet 1944 : à Verrières les colonnes assassinent 3 résistants (balles dans le dos)
  • 15 juillet 1944 : Le groupement Coqui incendie les villages d’Alleyrat et de La Rochette situés à quelques kilomètres au nord d’Aubusson.
  • 15 juillet : accrochage avec la 238e compagnie FTP sur le plateau de Millevaches, qui perd 3 tués et les Allemands environ 20 morts et blessés. En représailles les Allemands incendient le hameau de Marcy et déportent 6 personnes.
  • Du 13 juillet au 27 juillet (ou environ) la colonne du colonel Coqui sévit dans la Creuse (La Courtine, Felletin, Aubusson, Royère-de-Vassivière, Pontarion, Bourganeuf), où elle fit une répression féroce.
  • 17 juillet : Le groupement Coqui attaque le Riou Blanc à 10km à l’est de Bourganeuf et aurait tué 72 résistants, fait 32 prisonniers et récupéré de 50 à 60 tonnes d’armes.
  • 18-19-20 juillet : Le groupement Coqui pousse de forte reconnaissance en Haute-Vienne et attaque les positions du Colonel Guingouin du Mont Gargan, dans un triangle Sussac, Sainte Anne et Domps.
  • Le 20 juillet, la colonne allemande atteint Sussac
  • 27 juillet : Le groupement Coqui attaque Chard ou il tue 6 FFI et fait 17 prisonniers qu’il fusille et achève.
  • 27 juillet : A quelques kilomètres de Saint Remy (19) un groupe de la colonne Jesser tombe dans une embuscade perdant 2 camions et 16 à 17 tués contre aucune perte de la 2ème Compagnie de l’AS.
  • Dans la nuit du 29 au 30 juillet, 75 Tatars désertent les forces allemandes et se rejoignent les Résistants de l'AS.
    Les Tatars participèrent aux embuscades de la fin août sur la RN 89. Mais devant leur répugnance à ce genre de combat, ils furent mis en réserve. A la libération de la Haute Corrèze, ils furent regroupés à Tulle.
    Personne ne sait par la suite ce qu'il advint d'eux.
  • 30 juillet : Après l'évasion des Tatars, les Allemands évacuent Meymac et Saint Angel et mettent en route vers l'est la légion Tatare afin qu'elle échappe à la contagion. Le convoi, de 60 véhicules, passe par Ussel, Eygurande ou il tombe, 2 km plus loin, dans une embuscade. Les FFI ont 1 blessé, les Allemands perdent 1 camion, 1 car et environ 40 tués et blessés. La légion Tatare est ensuite acheminée par Rochefort, Issoire, Le Puy-en-Velay et Saint-Étienne où elle arrive le 4 août.
    Elle ne reviendra plus en Corrèze.
  • 31 juillet : Les forces allemandes, opèrent un nouveau nettoyage. Les colonnes sont signalées à Meymac, Ambrugeat, Célestin d'Égletons, Saint-Angel, Combressol, La Chapelle, Palisse, Lamazière Basse, Neuvic. Près de Neuvic une section de 4 résistants FTP MOI (armés de 2 pistolets, 1 mitraillette et 1 sans arme) sont surpris par une section allemande. Succombant sous le nombre, les 4 Résistants sont tués, mais les Allemands perdent 2 tués et 1 blessé.
  • 1er août : Devant les accrochages et opérations de guérillas qui se multiplient, les nazis, pensant trouver une « Division de Terroristes », décident de se replier.
    La totalité des troupes de Jesser, légion Azerbaïdjanaise, les quelques éléments Tatars restant, SS et SIPO-SD quittent Ussel en direction de Clermont-Ferrand. 12 véhicules quittent Ussel suivit 2 heures plus tard par le reste du groupement Jesser (64 véhicules dont 4 canons et 3 pièces anti-chars). Ces 12 véhicules sont assaillis au pont du Chavanon qui perdent en 5 à 6 minutes 3 véhicules et 15 hommes environs. Les FFI n'ont aucune perte. Le soir à Bourg Lastic la légion Azerbaïdjanaise assassine à la mitraillette 6 personnes.
Tatars de la Volga
Bilan 
  • Lors de la première période, du 1er au 15 juillet, les troupes de la colonne Jesser opèrent en Haute-Corrèze sur l'axe Ussel - Eygurande et cherchent le contact avec les FFI. Elles enregistrent un échec complet, trouvant le vide devant elles. En effet les FFI de la région, selon les consignes du commandant Duret, refusent le combat.
  • Dans une seconde période, du 14 au 26 juillet, elles passent en Creuse et en Haute-Vienne et basées à Aubusson et Bourganeuf, prennent le contact avec les FFI et les attaquent. Les Allemands réussissent à disperser des rassemblements armés et à détruire une partie de leur matériel. Le dispositif de la Creuse Sud éclate, mais les effectifs ne sont pas trop entamés.
  • La troisième période du 27 au 1er août, voit la brigade Jesser se partager en deux groupements :
    • Le groupement Nord, formé par la colonne rapide, poursuit ses opérations de nettoyage vers l'est le long de la RN 141 puis regagne Clermont-Ferrand.
    • Le groupement Sud basé à Meymac et Ussel continue ses opérations de nettoyage.
      Les FFI lui infligent des pertes sévères en de multiples embuscades.
      La désertion d'un groupe tatar sape le moral et accroît les difficultés du commandement allemand.
      Ce groupement se replie en toute hâte sur le Puy-de-Dôme.

Août 1944

  • De début août au 15 août : la brigade est dans le département du Cantal
  • 12 août : La colonne, d'une centaine de véhicules, avec de l'artillerie tractée, se met en marche depuis Clermont-Ferrand par la RN9 en direction de Murat, en passant par Issoire et Lempdès en subissant plusieurs accrochages avec les FFI.
  • 13 août: La colonne, toujours à la recherche de contacts, détruit, avec l'appui de son aviation, partiellement le village de Laveissière.
  • 14 août : les Allemands arrivent à Murat.

16 août : La colonne Jesser fait route vers le département de la Corrèze avec mission de récupérer les garnisons allemandes encerclées par les FFI sur l’axe de la RN89.
Les villes de Brive et de Tulle sont libérées par la résistance, la garnison d’Ussel vient de perdre la bataille, la garnison d’Égletons est assiégée par l’AS et les FTP.

  • 17 août : Averties du retour de la colonne Jesser, les FFI quittent Ussel pour se placer en embuscade sur la RN89. Les accrochages sont sérieux et nombreux. À 17 heures le général Jesser fait son entrée dans Ussel, totalement vide.
  • 18 août : A 11 heures la colonne Jesser entre dans Égletons et libère la garnison du 194e Régiment de Sécurité, assiégée par les FFI Limousins qui relâchent la tenaille devant cette force supérieure en nombre et en armement.
  • 19 août : Ignorant que la garnison de Tulle s’est rendue, la colonne Jesser se dirige sur Tulle, ou elle subit des embuscades à la Croix du Bourg et à Seugnac. Afin d’éviter les embuscades la colonne chemine par des routes secondaires ou ils arrivent à Tulle en fin d’après midi.
    Apprenant la reddition de la garnison allemande, Jesser menace de brûler la ville.
    Heureusement un ordre de repli immédiat vers l’est, signé Adolf Hitler, est parachuté par un avion.
  • Le 19 août, vers 22 heures la colonne repart en direction d’Ussel et est accrochée vers Gimel.
  • 20 août : la colonne tombe dans 5 embuscades
  • 23 août :
  • 24 août : La brigade est signalée vers Clermont-Ferrand.
    Elle libère, en passant par Brioude et Saint Poncy, la garnison de Saint-Flour assiégée par la Résistance.
  • 27 août : elle fait retraite sur Autun, Dijon et Langres.
  • En septembre elle se serait battu dans les Vosges en particulier à Mirecourt.
  • En janvier 1945, on retrouve des éléments de la brigade avec le général Jesser dans la poche de Colmar.

Autres divisions de répression

  • Groupe Burkhard-Finger
  • Colonne Ottenbacher
  • Division Brehmer

Sigles

  • HVS : Hauptverbindungsstab (état-major principal de liaison)
  • VS : Verbindungsstab (état-major principal de liaison)
  • kampfgruppen : groupes de combat de l'importance d'un gros régiment

Notes et références

  1. L'Armée secrète en Haute-Corrèze 1942-1944 de Louis Le Moigne et Marcel Barbanceys

Bibliographie

  • Dans les bois corréziens en 1944 de Etienne Madrange
  • L'Armée Secrête en Haute Corrèze 1942-1944 de Louis Le Moigne et Marcel Barbanceys

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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