- Georges Beaufils
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Georges Beaufils, né le 20 janvier 1913 à Crouin, près de Cognac et mort en 2002, est un militant communiste surtout connu, sous le pseudonyme de Joseph pour avoir été l'interlocuteur de Rémy lors des premiers contacts entre la France libre et le Parti communiste français clandestin et espion à la solde de l'URSS.
Sommaire
Biographie
Les années d'avant guerre
Le père de Georges Beaufils est conducteur de locomotives et sa mère, serveuse dans un hôtel. Bon élève, Georges Beaufils se retrouve, après son certificat d'études, en apprentissage dans un atelier d'électricité automobile où son patron lui donne le goût des études et le pousse à suivre des cours de mathématiques et d'électricité par correspondance.
En 1931, Georges Beaufils monte à Paris, se marie et il deviendra père de deux petites filles. Il effectue à Limoges son service militaire qu'il termine comme sous-officier. Lorsqu'il revient à la vie civile, il est nommé chef d'atelier. Des amis lui proposent alors d'adhérer au Parti Communiste, ce vers quoi le dirigent assez naturellement les traditions familiales. Il prend de petites responsabilités aussi bien au Parti qu'à la CGT. Il participe activement aux événements de 1936 en organisant la fourniture de repas pour les ouvriers grévistes du XIXe arrondissement. Il aide Arthur Dallidet au printemps 1939 à transcrire en code les biographies de Français volontaires des Brigades internationales pendant la Guerre d'Espagne pour trouver d'éventuelles recrues[1].
Il quitte alors son activité professionnelle et devient permanent du Parti, à la section des cadres et collabore avec Arthur Dallidet et Maurice Tréand. Il est secrétaire de la section du PCF dans le XIXe arrondissement de Paris.
La Seconde Guerre mondiale
En août 1939, après la signature du pacte germano-soviétique, il accompagne à Moscou son patron Arthur Dallidet que Maurice Thorez envoie pour s'informer auprès des autorités soviétiques de la signification exacte du pacte. Rapatrié en urgence par l'ambassade de France après la déclaration de guerre, il participe aux combats dans l'Est de la France à la tête d'une section. Il est fait prisonnier le 10 juin 1940, et parvient à s'évader dans les premiers jours de captivité en France. Sa première tâche est d'aller récupérer dans le Maine-et-Loire des petits carnets qu'il a confiés à sa famille. Ces carnets, constitués avec Dallidet, sont en fait un fichier de militants et cadres du Parti sur qui l'on peut compter. Georges rentre à Paris en novembre 1940 et reprend contact avec Dallidet.
En accord avec Dallidet, Georges Beaufils prend le statut de "légal" : il vit avec sa famille sous sa véritable identité. Il rachète un garage à un ancien patron. Ce garage permet à Beaufils de faire vivre sa famille et devient un atelier clandestin où sont fabriqués, par exemple, des cordons de détonateurs pour des engins explosifs. Pour ces activités, Georges Beaufils est en contact avec Jean Jérome et Georges Beyer, le beau-frère de Charles Tillon.
L'appartenance de Beaufils à la section des cadres avant-guerre, son voyage à Moscou avec Dallidet laissent à penser qu'il est intégré depuis plusieurs années dans l'appareil clandestin, et qu'il a la confiance des soviétiques. À partir de la fin 1940, on peut dire qu'au sein de l'OS (Organisation Spéciale) mise en place par Dallidet, il est plus ou moins mis à disposition de Jean Jérome.
Georges Beaufils est en tous cas, pendant plusieurs mois, d'avril à septembre 1942, l'interlocuteur inattendu de Rémy, l'agent secret de la France libre représentant le général de Gaulle. Beaufils représente le Parti Communiste clandestin. C'est Jean Jérome qui l'a désigné pour tenir ce rôle. Entre Rémy le royaliste très Vieille France, et Beaufils que Rémy connaît sous son pseudo de Joseph, l'ouvrier communiste, s'établit une amitié sincère. Ces premiers contacts entre la France libre et les communistes aboutissent à une première livraison d'armes pour les communistes, au large de Le Guilvinec, le 15 août 1942, et surtout, à la fin août, l'envoi de Fernand Grenier pour représenter le Parti à Londres.
Au début de l'été 42, Georges Beaufils a une longue conversation avec Charles Tillon. Jusqu'au 12 avril 1943, il est amené à représenter les FTPF dans des réunions tenues à Paris avec les autres organisations militaires de la Résistance sous la présidence de Passy et Brossolette. À partir de mai 1943, il cède sa place à Marcel Prenant. Néanmoins, le 29 décembre 43, c'est Beaufils qui signe au nom de Charles Tillon, l'acte de naissance des FFI. Au sein de l'état-major des FFI, il est connu comme le colonel Drumont.
Le 1er juin 1944, Georges Beaufils est envoyé par le COMAC dans l'Ouest comme inspecteur régional des FFI. En août 1944, il aura de très mauvaises relations avec le colonel Pierre de Chevigné, commandant militaire des zones libérées nommé par De Gaulle. Il participe à la liquidation des poches de résistance allemandes.
L'après guerre
Après-guerre, Geoges Beaufils finit par être intégré à l'armée avec le grade de lieutenant-colonel. En 1946, il suit les cours de l'École supérieure de guerre, mais il est bien vite relégué au DCI (Dépôt Central des Isolés) de Versailles, en compagnie des autres officiers communistes. Il y est parfois en position de rivalité vis-à-vis de Rol-Tanguy qui a une position plus légaliste que la sienne. Il est interrogé en 1949 dans le cadre d'une affaire d'espionnage concernant un secrétaire d'ambassade soviétique. Il est soupçonné à juste titre de faire partie des hors cadre de l'appareil clandestin du parti communiste français, mais niera toujours son appartenance au parti après-guerre[2].
Il quitte définitivement l'armée en 1963, s'installe à Royan, et reprend des activités civiles, notamment au sein du Bérim et de la CIFAL, deux entreprises du secteur commercial et financier du PCF dirigé par Jean Jérôme[3]. C'est à cette époque qu'il se met en relation avec le renseignement militaire soviétique, par l'intermédiaire de journalistes de l'agence Tass à Paris[4]. Il a des contacts avec des agents soviétiques du GRU, dont on ne connaît pas l'importance exacte, mais qui lui valent d'être arrêté par la DST en 1977, alors qu'il est surveillé depuis 1973. Ses noms de code étaient Vercoutre et Barnier-Bernard. Il fait un stage clandestin à Moscou, où il se rend en secret en passant par Prague[5], possède une radio à ondes courtes pour écouter les messages du GRU, un lecteur de micro-films, du carbone blanc pour l'écriture invisible et d'autres matériels. Pendant plus de dix ans, il fournit les plans de défense de la zone Ouest[6] et plusieurs centaines de biographies d'hommes politiques et hauts gradés militaires français[5]. C'est en 1975 qu'il donne les renseignements les plus importants.
Il est condamné à huit ans de prison en 1977. Il bénéficie en 1981 d'une grâce présidentielle de François Mitterrand.
Notes
- Thierry Wolton, op. cité P.19
- Thierry Wolton, op. cité P.18
- Thierry Wolton, op.cité P.21
- Thierry Wolton, op cité P. 16
- Thierry Wolton, op. cité P.17
- Ports de Cherbourg et Saint-Nazaire, arsenaux militaires de Cherbourg et de Brest, avec l'Île Longue, base des sous-marins atomiques.
Sources
- Pierre Durand, Joseph et les hommes de Londres, Le temps des Cerises, 1994 (Biographie autorisée de Georges Beaufils)
- Roger Faligot, Rémi Kauffer, Service B, Fayard, 1985
- Roger Faligot, Rémi Kauffer, Les Résistants, Fayard,1989
- colonel Rémy, Mémoires d'un Agent Secret de la France Libre (juin 40-juin 42), Raoul Solar, 1946
- colonel Rémy, Le livre du Courage et de la Peur (juin 42-novembre 43), Raoul Solar, 1947
- Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Taillandier, 2004
- Yves Roucaute, Le PCF et l'armée, PUF, Paris, 1983
- Thierry Wolton, Le KGB en France, Bernard Grasset, Paris, 1986
Voir aussi
Catégories :- Personnalité du Parti communiste français
- Résistant communiste français
- Espion soviétique
- Espion de la Guerre froide
- Naissance en 1913
- Décès en 2002
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