- Thierry Wolton
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Thierry Wolton, journaliste de formation (Libération, Radio France Internationale, Le Point), est un essayiste et écrivain français né en 1951. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages consacrés aux relations internationales, à l'histoire des pays communistes et à la politique française. Il enseigne l'histoire de la guerre froide à l'École supérieure de commerce de Paris — Europe[réf. nécessaire].
Il a également été, de 1991 à 2005, responsable de la rubrique gastronomique du magazine ELLE sous le pseudonyme de Léo Fourneau.
Sommaire
Le Grand Recrutement et la controverse sur Jean Moulin
Dans Le Grand Recrutement, publié en 1993, Thierry Wolton fait état de recherches qu'il avait menées dans les archives du KGB à Moscou, et de différentes personnalités françaises ayant été en contact avec Henri Robinson[1]. On savait déjà qu'Henri Robinson, alias Harry, avait été un agent des services soviétiques et qu'il avait des contacts avec l'entourage de Pierre Cot[2], mais dans son livre, Wolton met explicitement en cause Jean Moulin[3].En 1977 Henri Frenay avait suspecté Moulin d'être un « crypto-communiste »[4]. Wolton défend la thèse que Moulin, alors qu'il était l'envoyé de de Gaulle en France en 1942 et 1943, donnait des renseignements à Robinson sur la résistance gaulliste. « Crypto-communiste » n'est donc pas le qualificatif correct, puisqu'il donnerait à penser qu'il aurait œuvré avec les communistes français alors qu'il aurait été directement un agent d'influence des soviétiques[5]. Wolton étaye notamment sa thèse par différents récits de Leopold Trepper dont un interrogatoire datant de 1946 et retrouvé aux archives du KGB[6]. Concluant sur la relecture qu'il y aurait à faire du comportement de Moulin à la tête du Conseil national de la Résistance, Wolton écrit « Ces questions dépassent le cadre de ce livre. Jean Moulin reste en tous cas un des mythes fondateurs de l'identité française contemporaine. »[5]. Wolton a l'occasion de présenter sa thèse de Moulin, agent soviétique à la télévision au cours de l'émission La Marche du siècle[7]
Wolton recevra le soutien d'Annie Kriegel et de François Furet[8] mais sera violemment attaqué par Pierre Vidal-Naquet dans Le trait empoisonné publié six mois après la sortie de son livre[9]. Vidal-Naquet accusera Wolton de « falsification », et situera l'ouvrage de Wolton dans ce qu'il appelle le « révisionnisme mou », déclarant que « Derrière les affirmations de Thierry Wolton, il y a l’intention de réhabiliter Vichy. »[7]. Établissant un parallèle avec la Grèce ancienne dont il est spécialiste, Vidal-Naquet essaye de montrer que le discours mythologique dans lequel s'est inscrite la légende de Jean Moulin, héros et martyr de la Résistance, permet aussi à un Wolton de décupler l'impact de son discours par le biais du sacrilège qui consiste à « désigner le héros panthéonisé de la France libre comme agent d'une puissance étrangère » [10].
Dans Douze leçons sur l'histoire, Antoine Prost cite Thierry Wolton comme exemple d'un non-historien qui n'emploie pas de méthodes rigoureuses, et parle d'un « ouvrage prétendument historique »[11]. François Bédarida, historien fondateur de l'Institut d'histoire du temps présent, a également sévèrement critiqué le manque de rigueur et les contre-vérités de l'ouvrage. D'autres historiens spécialistes de la période ont également dénoncé les « fausses preuves avancées par Thierry Wolton »[12].
Revenant sur l'histoire de Jean Moulin, et du groupe qui entourait Pierre Cot en 1936, dans Vies et Morts de Jean Moulin publié en 1998, Pierre Péan reconnaît que Wolton a apporté des éléments nouveaux prouvant que Maurice Panier a réellement fait partie des réseaux soviétiques. Par contre, il cite le passage de l'interrogatoire de Trepper en 1946 où le nom de Moulin est évoqué et montre qu'il est impossible de déduire de ce passage que Moulin était un agent soviétique. Moulin est au contraire catalogué comme « agent américain ». Pour Péan, Moulin est un pragmatique qui a rompu ses liens avec Cot dès 1941, qui sait que Panier est au moins un agent du Komintern, sinon des services soviétiques, mais qui n'hésite pas, le cas échéant, à utiliser des agents soviétiques pour la cause qu'il sert, celle de De Gaulle[8].
Jacques Baynac, dans Présumé Jean Moulin (Grasset, 2006), a établi qu'avant la guerre et au moins jusqu'en juillet 1941, Moulin était au cœur d'un réseau de relations qui comptait des agents du Komintern (III è Internationale) dont Louis Dolivet. Il s'est servi de ce réseau pour entrer en contact avec les mouvements de résistances français avant de se rendre à Londres à l'automne de 1941. D'autre part, les documents Venona déclassifiés par les services secrets américains à la fin des années 1990, ont confirmé que Pierre Cot, avec lequel Jean Moulin est resté en contact pendant la guerre comme l'a révélé Baynac (contrairement donc à ce qu'a prétendu Péan), était, depuis les États-Unis où il s'était réfugié, en rapport direct avec les services soviétiques, allant jusqu'à leur offrir de travailler pour eux, comme l'a montré Wolton en publiant une partie de ces documents dans L'Histoire interdite (Lattès, 1998)
Le KGB au pouvoir, le système Poutine
Dans Le KGB au pouvoir, le système Poutine publié en 2008, il montre comment le KGB et l'état russe seraient impliqués dans les attentats qui ont secoué la Russie ces dernières années. Il établit que les attentats attribués à des terroristes tchétchènes seraient en fait commandités par Moscou afin de créer un climat de peur favorable aux intérêts du Kremlin.
Publications
- Vivre à l'Est, Paris, Les Temps Modernes, 1977
- avec Natacha Dioujeva, Culture et pouvoir communiste, Paris, La Recherche,1979
- avec Christian Jelen, L'Occident des dissidents, Paris, Stock, « Les grands sujets », 1979. (ISBN 2-234-00914-6)
- avec Julien Brunn, Barils, roman, Paris, Jean-Claude Lattès, 1981.
- avec Christian Jelen, Le Petit guide de la farce tranquille, Paris, Albin Michel, 1982. (ISBN 2-226-01531-0)
- Le KGB en France, Paris, Bernard Grasset, 1986. (ISBN 2-246-34151-5)
- avec André Glucksmann, Silence, on tue, Paris, Bernard Grasset, 1986. (ISBN 2-246-38011-1)
- Les Écuries de la Ve, Paris, Bernard Grasset, 1989. (ISBN 2-246-39421-X)
- avec Marcel Chalet, Les Visiteurs de l'ombre, Paris, Bernard Grasset, 1990. (ISBN 2-246-43441-6)
- Le grand recrutement, Paris, Bernard Grasset, 1993. (ISBN 2-246-44821-2)
- La France sous influence. Paris-Moscou, 30 ans de relations secrètes, Paris, Bernard Grasset, 1997. (ISBN 2-246-48481-2)
- L'histoire interdite, Paris, Jean-Claude Lattès, 1998. (ISBN 2-7441-1542-8)
- La pensée unique : le vrai procès, ouvrage collectif (avec Jean Foyer, Michel Godet, Jacques Julliard, Claude Imbert, Philippe Tesson et Jean-Pierre Thiollet), Economica/Jean-Marc Chardon et Denis Lensel Ed., 1998
- Rouge-brun. Le mal du siècle, Paris, Jean-Claude Lattès, 1999. (ISBN 2-7096-1899-0)
- La fin des nations, Paris, Plon, 2002. (ISBN 2-259-19477-X)
- Comment guérir du complexe de gauche, Paris, Plon, 2003. (ISBN 2-259-19746-9)
- Brève psychanalyse de la France, Paris, Plon, 2004. (ISBN 2-259-19934-8)
- Quatrième guerre mondiale, Paris, Bernard Grasset, 2005. (ISBN 2-246-68451-X)
- Le grand bluff chinois. Comment Pékin nous vend sa « révolution » capitaliste, Paris, Robert Laffont, « Essais », 2007. (ISBN 978-2-221-10784-3)
- Le KGB au pouvoir, le système Poutine, Paris, Buchet-Chastel, 2008
Publications sous le pseudonyme Léo Fourneau
- Les Meilleures tables de Paris à moins de 200 F, JC Lattès 1998, 1999, puis Éditions Filipacchi 2000, 2001.
- Les Meilleures tables de Paris à moins de 30 €, Filipacchi 2002, 2003
- Bon appétit, Messieurs, Grasset 2006. (ISBN 978-2246698517)
Notes et références
- ISBN 2-246-44821-2 Thierry Wolton, Le grand recrutement, Grasset, 1993,
- Philippe Robrieux, Histoire intérieure du parti communiste, Tome 4, Fayard, 1984 p.474-475
- Le grand recrutement p.263-285
- Henri Frenay, L'Énigme Jean Moulin, Robert Laffont, 1977
- Le grand recrutement p.283-284
- Le grand recrutement p.263-264
- Entretien avec Pierre Vidal-Naquet, L'Humanité, 7 octobre 1993.
- Pierre Péan, ''Vies et morts de Jean Moulin'', Fayard, 1998, p.655-657
- Pierre Vidal-Naquet, Le Trait empoisonné, La Découverte, 1993, réédité en 2002.
- en ligne ici André Bruguière Enquête sur une calomnie, Le nouvel observateur, n°1513, 4 novembre 1993
- Douze leçons sur l'histoire, Le Seuil, p62.
- Renée David, Traces indélébiles, mémoires incertaines, 2008, p275, 276. Cf également Les Cahiers de l’IHTP, N° 27, 1994.
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