Frères musulmans

Frères musulmans
Frères musulmans
Image illustrative de l'article Frères musulmans
Logo officiel
Présentation
Chef Mohammed Badie
Fondation 1928 à Ismaïlia
Fondateur Hassan el-Banna
Idéologie Islamisme
Panislamisme
Site web www.ikhwanweb.com

Les Frères musulmans (FM) (arabe : جمعية الأخوان المسلمين, jamiat al-Ikhwan al-muslimin, littéralement Association des Frères musulmans) est une organisation panislamiste fondée en 1928 en Égypte avec comme objectif une renaissance islamique, la lutte officiellement non-violente[1],[2] contre l’influence occidentale. Elle a rapidement essaimé ces idées dans les pays à majorité musulmane du Moyen-Orient, au Soudan et dans une moindre mesure en Afrique du Nord, et a établi des « têtes de pont » jusqu’en Europe. Certains groupes de partisans se sont constitués en mouvements autonomes, comme par exemple le Jama’a al-islamiya ou encore le Hamas.

Son opposition fondamentale et parfois violente aux États laïcs arabes a amené son interdiction ou la limitation de ses activités dans certains pays comme la Syrie ou encore l’Égypte. La lutte contre l’État d’Israël est au cœur du mouvement depuis sa fondation, et le théoricien du jihad armé, Sayyid Qutb, fut l’un de ses membres égyptiens les plus en vue. Néanmoins, ses différentes branches ont depuis condamné le recours à la violence en dehors de la Palestine. Le mouvement entretient avec les institutions promouvant le wahhabisme saoudien des relations alternant entre la coopération et la rivalité.

La nébuleuse des Frères musulmans serait coordonnée par la Muslim Association of Britain de Londres, s’appuyant sur la banque Al-Taqwa. Néanmoins, selon Xavier Ternisien, elle ne constitue pas une structure pyramidale centralisée mais une mouvance hétérogène, labile et multiforme.

Sommaire

Historique

L’association fut fondée en 1928 par Hassan el-Banna en Égypte après l’effondrement de l’Empire ottoman. Déterminée à lutter contre « l’emprise laïque occidentale et l’imitation aveugle du modèle européen »[réf. nécessaire], son but était d’instaurer un grand État islamique fondé sur l’application de la charia.

Lors du premier congrès du parti en 1933, l’organisation comptait 2 000 militants, un an plus tard ils sont 40 000, et en 1943 la confrérie compte plus de 200 000 militants.

En 1935, l’organisation rentre en contact avec Amin al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem, et participe à l’insurrection arabe de Palestine de 1936. En 1945, Saïd Ramadan crée une branche armée arabe de Palestine du mouvement qui a pour objectif de combattre le mouvement sioniste. Les Frères musulmans connaissent ainsi un succès fulgurant et de nombreux militants participent à la guerre de 1948 destiné à anéantir le tout jeune État d’Israël.

En 1948, le 28 décembre, l’organisation assassine le Premier ministre égyptien de l’époque, Mahmud Fahmi Nokrashi. En représailles, son fondateur Hassan el-Banna est assassiné par les agents du gouvernement le 12 février 1949. Au début des années 1950, les États-Unis s’intéressent aux Frères musulmans comme alliés potentiels contre Nasser et l’établissement de régimes communistes ou socialistes au Moyen-Orient. Talcott Seelye (en), diplomate en poste en Jordanie, rencontre Saïd Ramadan en 1953[3]. Selon un document des renseignements allemands, les Américains lui obtiennent un passeport diplomatique jordanien pour faciliter ses déplacements[4]. Dès 1954, la confrérie est dissoute par les autorités égyptiennes. En 1957, Nasser, qui craint pour sa personne, décide à nouveau d’interdire l’organisation. Près de 20 000 militants sont incarcérés, dont le leader actuel d’Al-Qaida, Ayman al-Zawahiri. Certains, dont Saïd Ramadan, après avoir tâté le terrain dans les pays arabes avoisinants, optent finalement pour l’Europe comme lieu d’implantation de leurs nouvelles bases, avec l’aide financière des Saoudiens.

À partir du milieu des années 1960, les Frères musulmans redeviennent actifs en Israël. Dans les territoires contestés, la branche palestinienne engendre l’Al-Mujamma' al-islami, qui deviendra en 1987 le Hamas. Sa charte comporte la destruction de l’État d’Israël comme objectif central. L’organisation se consacre ouvertement aux œuvres sociales et à la construction de mosquées, dont le nombre augmente sans cesse en Cisjordanie et dans la bande de Gaza entre 1967 et 1987. Elle recourt aux actions armées et aux attentats, y compris aux attentats suicides. Ses sources de financement proviennent en grande partie de l’Arabie saoudite et plus tard de l'Iran. En 1973, le Shah, encouragé par Nixon et Kissinger, "prit l'initiative, au nom de l'OPEP, de procéder à une augmentation très importante du prix du pétrole[5]". L'Arabie Saoudite et l'Iran utilisèrent cette nouvelle opulence pour renforcer mondialement le fondamentalisme islamique, utilisant à cette fin des mouvements soutenus par la CIA tels que les Frères Musulmans et la Ligue Islamique Mondiale[5].

L'intérêt porté par les États-Unis aux mouvements réactionnaires islamistes censés contrer les progressistes, remonte aux années 1950. En 1953, Eisenhower reçut dans le Bureau Ovale une délégation incluant Saïd Ramadan des Frères Musulmans, qui était le chef coordinateur d'organisations associées au Pakistan agissant pour la Ligue Islamique Mondiale, ainsi qu'au sein du Jamaat-e-Islami[6].

En Égypte dans les années 1970, Sadate utilise les Frères musulmans pour faire contrepoids à l’extrême gauche et il leur promet l’intégration future de la charia dans les lois égyptiennes. En 1971, la CIA collabora avec les services de renseignements saoudiens pour soutenir les Frères Musulmans et leurs alliés dans une campagne mondiale contre le communisme, particulièrement en Égypte[5],[7]. En 1978, l’année de Camp David, ils renoncent officiellement au soutien des actions violentes, à l’exception du combat en Palestine. Cependant, leurs partisans qui ne partagent pas cette position se regroupent dans d’autres structures, comme la al-Gama'a al-islamiyya (Groupe islamique) dont un des membres assassine Sadate en 1981[8]. Les Frères entretiendront des contacts, plus ou moins étroits selon l’époque, avec cette organisation, qui commettra des attentats contre des touristes occidentaux en 1992 et en 1993. Par ailleurs, un bras armé clandestin se constitue dès le début des années 1980. Certains de ses membres tentent d’infiltrer les institutions gouvernementales, mais le régime laïque d’Hosni Moubarak fait obstacle à la plupart des manœuvres politiques, à l’exception notable de certains syndicats stratégiques actuellement infiltrés de toutes parts par les Frères musulmans, par exemple celui des avocats. En 1982, les organes de presse des Frères sont détruits et la quasi-totalité de leurs publications saisies.

Cette même année, le président syrien Hafez el-Assad élimine le bras armé des Frères musulmans, l’al-Talia al-Muqatila (Avant-garde combattante) dont les militants se dispersent en Arabie saoudite, en Jordanie, au Koweït ainsi qu’en Afghanistan. Les Frères musulmans restent en 2007 hors la loi dans ce pays où l’appartenance à l’organisation est punie de la peine de mort.

En 1984, le pouvoir égyptien reconnaît les Frères en tant qu’organisation religieuse mais leur refuse l’inscription en tant que parti politique. Les candidats fréristes participent aux élections comme indépendants ou comme représentants d’autres partis. Leurs militants manifestent souvent contre le pouvoir aux côtés d’autres mouvements d’opposition égyptiens, en faveur de réformes constitutionnelles et pour la fin de l’état d’urgence. L’organisation s’efforce d’être présente sur le terrain en aidant les classes défavorisées autant sur le plan social que financier, fournissant, entre autres, aux personnes dans le besoin des médicaments ou des prêts d’argent.

Dans les années 1990, en Égypte, la confrérie s’affiche publiquement comme un mouvement respectueux de la démocratie. Elle publie trois manifestes importants : l’un plaidant en faveur de « l’indispensable démocratie » ; l’autre portant sur les droits des minorités, notamment de « nos frères et compatriotes coptes » ; et le troisième concernant « le statut de la femme ». Ces manifestes, dus pour la plus grande part à de jeunes membres du mouvement, sont adoptés par la confrérie, mais sans grande conviction pour ce qui est de la vieille direction dont la plupart des membres sont âgés de plus de 70 ans. Pour les jeunes, la vieille garde semble trop conservatrice. En 1996, dix-sept d’entre eux demandent officiellement la création d’un nouveau parti politique, Al Wasat. Ses fondateurs ont à peu près le même âge (entre 35 et 45 ans) et appartiennent pour la plupart aux professions libérales : avocats, médecins, pharmaciens ou encore ingénieurs. Ils ont participé aux luttes estudiantines puis syndicales de l’époque. Réceptifs aux évolutions du monde du fait de leurs déplacements à l’étranger au cours desquels ils participent à maints colloques et conférences, ils ont acquis une expérience qui a creusé le fossé entre eux et les aînés de la confrérie, mais leur profond conservatisme religieux en comparaison d’autres jeunes musulmans reste un de leurs traits saillants.

Les fondateurs de ce nouveau parti politique reprochent aux dirigeants des Frères musulmans leur manque de modernité et leurs concepts archaïques. Ils proposent l’adoption d’« une vision moderniste fondée, certes, sur les acquis du passé, mais axée sur les défis du XXIe siècle». En opposition avec leurs aînés, ils établissent un programme plutôt libéral, fondé sur le Coran mais reconnaissant les évolutions de la société. Ils sont en faveur d’un système gouvernemental à l’« occidentale » qui respecte toutes les libertés collectives et individuelles, des élections pluralistes, l’alternance politique et la primauté de la loi. Un copte, Rafiq Habib, fils du président de la communauté anglicane d’Égypte, est membre du comité fondateur du parti. Mais Al Wasat ne verra finalement jamais le jour : le 13 mai 1996, les autorités égyptiennes déclarent irrecevable sa demande de légalisation. Deux jours après ce rejet, les fondateurs sont arrêtés et déférés devant la Haute Cour militaire.

Les années 1980 et 1990 voient également un déploiement d’activité au sein de la mouvance européenne des Frères musulmans, qui crée plusieurs organisations (UOIE, UOIF, CEFR...) visant à placer les communautés musulmanes en pleine croissance sous leur influence, et s’efforce d’être reconnue par les gouvernements comme représentante officielle de ces communautés. Les Frères musulmans se dotent d’institutions financières propres (banque Al-Taqwa, Fonds européen), le soutien direct des institutions saoudiennes comme la Ligue islamique mondiale (LIM) étant devenu aléatoire.

En 2007, reconnaissant leur poids au Proche-Orient, le gouvernement des États-Unis s’intéresse de nouveau à une alliance avec les Frères. Le Département d’État approuve une politique de contacts futurs entre des diplomates américains et des leaders du mouvement dans les pays arabes[9].

Aujourd’hui

En Égypte

Bien que disposant officieusement de 88 députés (sur 454) à l'Assemblée du peuple entre 2005 et 2010 (ce qui fait d'eux le premier groupe d'opposition), les Frères musulmans faisaient, avant la révolution du 25 janvier, face à un grave problème de stratégie politique. La confrérie, qui fait passer un message religieux (islamisation des mœurs, de l'habillement et de la culture) relayé par un important réseau de membres et ses actions caritatives, largement adopté par la société, ne pouvait pas concrétiser cette sympathie en succès politique. Son principal obstacle était la nature non-démocratique de l'État égyptien, qui refusait de faire d'elle une association légale. Les Frères pouvaient tout au plus présenter des candidats indépendants aux élections législatives mais jamais sous leur étiquette. Ce handicap résulte de deux facteurs : le refus du pouvoir égyptien d'assister à la création d'un parti politique des Frères musulmans et le rejet des règles du jeu démocratique de la part de certains membres de la confrérie.

Malgré des efforts, l'association des Frères musulmans est en pleine stagnation, incapable de prendre l'initiative face à un pouvoir qui les manipule aux gré de ses besoins. En effet, le pouvoir égyptien menait une la politique de la carotte et du bâton, relâchant de temps en temps la pression pour l'utiliser comme soupape à la colère populaire contre les politiques israéliennes et américaines au Proche-Orient, puis en resserrant la vis en arrêtant, en torturant ou en éliminant plusieurs des membres de la confrérie.

Depuis quelques années, pour conquérir le pouvoir les Frères musulmans ont appliqué une véritable métamorphose. La plupart des membres de la confrérie ont fait un important travail au niveau de leur apparence vestimentaire et physique. Habillé en costume à l'occidentale, ils sont soit complètement rasés, soit portent une barbe finement taillée. Ils sont pour beaucoup issus des hautes écoles, parlent tous plusieurs langues étrangères et se présentent désormais en démocrates. D'après l’une des membres de la confrérie, Makram al-Deiri, tous les candidats aux élections législatives du mouvement ont bénéficié d'une formation intensive aux techniques de communication, aux stratégies de persuasion et à l'art des négociations. Officiellement, le mouvement a abandonné tout projet d'État théocratique, ils disent prendre comme modèle les mouvements islamistes marocains qui sont connus pour leur pragmatisme. Ce, même si beaucoup de politologues et de journalistes en doutent, et émettent l'idée qu'ils aient mis fin momentanément à leur projet de république théocratique pour ne pas faire peur aux Égyptiens et prendre le pouvoir sans trop de violence. La nouvelle garde se déclare respectueuse de la souveraineté du peuple, de l’alternance démocratique et des droits des minorités. Néanmoins, les Frères musulmans d'Égypte ont décidé en novembre 2007 que les coptes et les femmes n’étaient pas assez qualifiés pour être président de la République[10].

Le logo de la confrérie qui était constitué de deux sabres croisés a été momentanément abandonné au profit d'un logo moins agressif, deux mains jointes autour d'une motte de terre où prend racine une pousse verte.

Le mouvement a aussi choisi de ne plus combattre directement le régime de Moubarak. Ils ont ainsi voté pour la reconduction de Fathi Sorour (l’un des hauts responsables du régime) au perchoir de l'Assemblée du peuple. Ils ont également applaudi le discours du président Moubarak au parlement, et sont en contact régulier avec le gouvernement des États-Unis.

L'European Strategic Intelligence and Security Center accuse en février 2006 la confrérie des Frères musulmans d'avoir organisé l'escalade dans l'affaire des caricatures de Mahomet du journal Jyllands-Posten[11].

Lors des élections de 2010, ils sont marginalisés par des fraudes massives, et boycottent le second tour.

Les tendances à l'éclatement du courant islamiste, déjà présentes sous le régime de la dictature, se renforcent après la révolution de 2011 :

  • l'aile modernisatrice et libérale se sépare des Frères en 1996 pour créer le parti Al-Wasat (« le Milieu »), animé par Aboul Ela Madi (né en 1959)[12] ;
  • les musulmans salafistes, plus rigoristes, possèdent leur propre parti, Al-Nour (« la Lumière »)[13] ;
  • en mars 2011, un membre important, Ibrahim Al-Zaafarani, crée le Parti de la renaissance égyptienne (حزب النهضة المصري - Hizb Ennahda Al-Masry), qui se veut lui aussi plus moderniste[13] ;
  • le parti des Frères musulmans, le parti de la Liberté et de la Justice, créé le 6 juin, tient à l'écart les femmes et les jeunes, pourtant moteurs de la révolution du 25 janvier[14] ;
  • le 19 juin, Abdel Moneim Al-Fotouh est exclu pour avoir fait acte de candidature à l'élection présidentielle[13] ;
  • enfin, le 21 juin, 150[15]. Jeunes Frères font scission et fondent le Parti du courant égyptien (حزب التيار المصري — Hizb Al-Tayyar Al-Masry), qui se veut porté par l'esprit de la révolution, démocratique, laïc, et porté par les valeurs arabo-musulmanes, et non par la charia[13],[16].

Dans le reste du monde

Le mouvement des Frères musulmans est un mouvement panislamique, la confrérie a donc des ramifications dans la plupart des pays à majorité musulmane, ainsi que dans de nombreux ayant une minorité musulmane.

Syrie

En Syrie, le mouvement a été fondé dans les années 1930 par des étudiants syriens, anciens membres des Frères musulmans égyptiens. Le mouvement ne se considère pas comme un parti politique, car pour eux, tous les partis politiques sont des rassemblements d'athées. La confrérie joue un grand rôle en Syrie, c'est la principale force d'opposition au régime baathiste, elle est surtout présente dans les grandes villes du pays, Hama, Homs et Damas, les classes populaires forment le gros des effectifs du parti[17].

A la fin des années 1970, le mouvement initia une lutte armée contre le régime baasiste, organisant des attentats, etc.[18]. Interdit, ils firent l'objet d'une répression très forte, notamment lors du massacre de Hama (1982) : les Frères musulmans ont tenté de soulever la population contre le président Hafez el-Assad, mais ils ont échoué, et l'armée a durement réprimé cette révolte: le centre-ville fut rasé et près de 20 000 personnes tuées[19],[20]. En juillet 1980, la loi n°49 - toujours en vigueur[19]- stipule qu' « est considéré comme criminel et sera puni de la peine capitale quiconque est affilié à l'organisation de la communauté des Frères musulmans[18]. »

La confrérie n'est plus une force politique en Syrie, mais elle maintient néanmoins un réseau d'appui mené depuis Londres et Chypre.

Comme en Égypte, le mouvement a officiellement abandonné la violence, et demande l'installation d'une démocratie en Syrie, où le multipartisme serait assuré[réf. nécessaire] dans l'espoir de prendre le pouvoir par les urnes. Le leader syrien des Frères musulmans est Ali Sadr ad-Din al-Bayanouni, qui vit en tant que réfugié politique à Londres.

Palestine

Voir article détaillé Hamas

Les membres de la confrérie ont combattu aux côtés des armées arabes pendant la guerre israélo-arabe de 1948. La confrérie se développe dans la Bande de Gaza, met en place un réseau d'aide social et fait construire l'Université islamique de Gaza.

Le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) est créé en 1987, il est précisé dans la charte du Hamas que "le Mouvement de la résistance islamique est l'une des ailes des Frères musulmans en Palestine".

Le mouvement s'attire la sympathie d'une partie de la population, grâce à son programme d'aides sociales, ils construisent des écoles, des cliniques…

Le parti participe aux élections législatives de 2006 et promet de rétablir la sécurité, et de débarrasser le pays de la corruption. Le Hamas gagne les élections avec 74 sièges contre 45 pour le Fatah. Un nouveau gouvernement est formé, et Ismaël Haniyeh en devient son Premier ministre. Néanmoins, celui-ci ainsi que son gouvernement est évincé par le président Mahmoud Abbas en juin 2007, lorsque les forces armées du Hamas prennent par la force le contrôle de la bande de Gaza.[réf. nécessaire]

Jordanie

La branche jordanienne des Frères musulmans a été créée en 1942. C'est le principal parti d'opposition du pays. C'était le seul parti politique jordanien toléré par le roi Hussein. Vingt députés des Frères musulmans ont été élus au parlement en 1989.

La confrérie jordanienne a formé son propre parti politique, le Front islamique d'action. Le parti refusera de participer aux élections législatives du 4 novembre 1997, pour protester contre la réforme du mode de scrutin. Aux dernières élections législatives du 17 juin 2003, le parti a obtenu 20 sièges sur les 84 à pourvoir. Et comme en Égypte, le parti milite pour que des réformes constitutionnelles soient mises en place, le parti demande l'indépendance du Parlement jordanien, l’abolition du scrutin majoritaire, des réformes économiques et l'adoption de la liberté d’expression.[réf. nécessaire]

Irak

La branche irakienne des Frères musulmans est le Parti islamique d’Irak créé à la fin des années 1950. Le groupe est entré en clandestinité après l’accession du parti Baas (laïc) au pouvoir.

À la chute de Saddam Hussein, le parti revoit le jour, et il se fait le porte-parole de la communauté sunnite du pays. Le parti, après avoir présenté 275 candidats aux élections législatives de janvier 2005, fait un appel au boycott, pour protester contre les opérations militaires menées par l’armée américaine à Falloujah. Ensuite, le parti s'implique plus fortement dans la vie politique nationale, pour promouvoir la communauté sunnite dans les instances gouvernementales. Le parti a appelé à voter "oui" lors du référendum pour la ratification de la nouvelle Constitution irakienne. Le mouvement possède également une chaîne de télévision, nommé "Bagdad". Le leader du parti est Târiq al-Hâchimî.

Des partis islamiques kurdes sont également plus ou moins proches des Frères musulmans. L'Union islamique du Kurdistan est présente au Parlement kurde, mais reste minoritaire face à des partis laïques comme l'Union patriotique du Kurdistan et le Parti démocratique du Kurdistan.[réf. nécessaire]

Arabie saoudite

Les Frères musulmans, ont des dissensions politiques avec le pouvoir wahabbite saoudien. Le parti est toléré par le régime, et maintient sa présence dans le pays.[réf. nécessaire]

Soudan

Les Frères musulmans existent au Soudan depuis 1949. Hassan al-Tourabi, le leader de la confrérie s'était rapproché du pouvoir dictatorial soudanais, mais est maintenant opposé au président Omar el-Béchir.[réf. nécessaire]

Algérie

Depuis l'avènement du multipartisme en Algérie, suite à l'amendement de la Constitution en 1988, le Mouvement pour une société de paix (MSP), anciennemt Mouvement pour une société islamique (HAMAS), demeure le plus influent réprésentant des Frères musulmans en Afrique du Nord. Fondé par Mahfoud Nahnah, les recommandations, les conseils et la ligne politique qu'adopte ce parti, proviennent des instances officielles des Frères musulmans, basées à Londres et au Caire. Les partis d'El Islah et d'Ennahda, fondés successivement par Abdallah Djaballah, ont les mêmes objectifs politiques que les Frères musulmans, mais au niveau local seulement.[réf. nécessaire]

Europe

C’est dans les années 1950, à la suite de leurs déboires en Égypte et au Moyen-Orient, que les Frères musulmans débarquent en Europe, toujours avec le projet de constituer des bases d’islamisation. Le plus connu d’entre eux, Saïd Ramadan, obtient pour cela du prince saoudien Fayçal l’assurance d’un soutien financier. La guerre froide favorise la bienveillance de certains gouvernements vis-à-vis des ennemis du socialisme et ils ne sont pas inquiétés, parfois même discrètement soutenus[21]. Ils vont s’ implanter et se développer — sans toutefois se constituer en association portant leur nom — en synergie, mais aussi en rivalité avec d’autres factions idéologiquement proches, les wahhabites et les partisans de Maududi. Les premiers financent une grande partie de leurs entreprises. Ils s’appuient aussi sur une base de musulmans issus du Proche et Moyen-Orient venus en Europe faire leurs études.[réf. nécessaire] Aujourd'hui les représentants officiels européens sont Hani Ramadan et Youssef al-Qaradâwî.

En 1961, Saïd Ramadan, assisté de Pakistanais, fonde le Centre islamique de Genève et prend vers la même période la tête d’un organisme islamique munichois (futur Islamische Gemeinschaft in Deutschland) destiné à des transfuges musulmans de l’armée rouge. Les destinataires d’origine abandonnent le terrain aux partisans arabophones de Ramadan, qui dirigera l’organisme jusqu’en 1968, lorsqu’il sera évincé par son partenaire Ghaleb Hammit. Genève et Münich sont les deux premières bases européennes des Frères[22]. Une autre tentative de reprise d’un projet existant, destiné cette fois-ci à des vétérans indiens, a lieu en 1964 à Londres, avec moins de succès semble-t-il. Le terrain est occupé par les Pakistanais partisans de Maududi et leur mission islamique[23]. Toujours représentés par Saïd Ramadan, les Frères musulmans jouent un rôle important dans la fondation en 1962 de la Ligue islamique mondiale, organisme saoudien qui les financera en grande partie.

À partir des années 1970, les Saoudiens interviennent directement dans l’islam européen, établissant leurs propres centres et mosquées financés par la Ligue mondiale, parfois aux dépens des institutions fréristes. En 1973, les Frères musulmans participent à la fondation du Conseil islamique d’Europe, mais c’est surtout dans les années 1980 qu’ils reviennent sur le devant de la scène avec la fondation de l’Union des organisations islamiques en Europe (UOIE) et de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) (1983), émanation de la précédente. La majorité des cadres de l’UOIE sont membres de l’UOIF. Bien que ces deux organisations ne se reconnaissent pas officiellement comme satellites des FM, elles s’appuient essentiellement sur les idéologies d’Al-Banna, Qutb et Maududi, ainsi que sur les fatwas d’Al-Qardawi[24]. Fouad Alaoui avoue souvent rencontrer Al-Houweidi, « ambassadeur » des Frères en Europe. Par ailleurs, l’UOIF partage le projet panislamique des Frères musulmans[25].

En 1988 est fondée la banque Al-Taqwa basée aux Bahamas, en Suisse et au Liechtenstein, qui comprend comme actionnaires, entre autres, G. Hammit et Youssef Al Qardawi ; elle devient le principal organisme financier du mouvement. Discrète, son rôle est mis en évidence à partir de 2001 où elle fait partie des organismes financiers soupçonnées d’aider le terrorisme. En 1996, les difficultés de financement en provenance du Golfe Arabo-Persique, conséquence d’une plus sévère surveillance, amènent la création du Fonds européen (European Trust) dont six administrateurs appartiennent à l’UOIE. Les deux organismes ont pendant une période le même directeur, Ahmed Al Rawi[26].

{{cit|En 1997 voient le jour le Conseil européen de la fatwa (Dublin), dirigé par Al-Qardawi, et l’Association musulmane de Grande-Bretagne. Le premier organisme, sur lequel s’appuient l’UOIE et l’UOIF, s’est donné pour mission d’émettre des fatwas spécialement destinées aux musulmans vivant en Europe afin qu’ils puissent rester intégralement gouvernés par la charia. Le second a pour but de renforcer la présence frèriste face aux autres organisations islamiques britanniques puissantes comme le British Muslim Council. Deux instituts de formation d’imams liés à l’UOIE et à l’UOIF sont créés : l'Institut européen des sciences humaines de Château-Chinon (1990) et l’European Institute for Humanitarian and Islamic Studies au Royaume-Uni. Par ailleurs, un fils de Saïd Ramadan, non officiellement membre des FM mais disciple déclaré de Hassan el Banna, exercent comme prédicateurs et activistes. Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève depuis 1995 et employé par l’Union des jeunes musulmans. Depuis leur résurgence, les Frères musulmans rivalisent avec d’autres groupes islamistes pour être reconnus comme interlocuteurs privilégiés des gouvernements européens et sous-traitant officiels des affaires islamiques. Ils cherchent à se positionner en modérés en comparaison de leurs concurrents (wahhabites, néosalafis, tablighs), tout en s’alliant avec eux dans certaines entreprises. Suivant une technique qui a fait ses preuves dans d’autres régions, les associations fréristes s’efforcent d’être les plus présentes sur le terrain.[réf. nécessaire]

Idéologie

Le principal objectif des Frères musulmans est l'instauration au lieu des régimes en place de républiques islamiques dans les pays à majorité musulmane telles que l'Égypte, la Libye, la Syrie, ou encore la Tunisie. Les Frères musulmans s'opposent ainsi aux courants laïques des nations à majorité musulmanes et préconisent un retour aux préceptes du Coran, impliquant autant un rejet des influences occidentales que des influences soufies qui, elles, préconisent une adaptation du Coran au temps. Le mot d’ordre de l’organisation est : « Allah -Dieu en arabe- est notre objectif. Le prophète Mahomet est notre chef. Le Coran est notre loi. Le djihad -guerre 'juste', appelé improprement guerre sainte- est notre voie. Mourir dans les voies d’Allah est notre plus grand espoir[27] ». Il existe depuis 1944 une branche féminine : les « dames musulmanes ».[réf. nécessaire]

Notes

  1. Egyptian Regime Resasserts Its Absolute Disrespect of Law, February 6, 2007
  2. (en) History of Muslim Brotherhood Movement Homepage [lire en ligne] 
  3. R. Dreyfuss, « Cold War, Holy Warrior », Mother Jones, janv.-fév. 2006
  4. « How a Mosque for Ex-Nazis Became Center of Radical Islam », The Wall Street Journal, 12 juillet 2005.
  5. a, b et c Peter Dale SCOTT, La route vers le nouveau désordre mondial : 50 d'ans d'ambitions secrètes des Etats-Unis, Demi Lune (ISBN 978-2-917112-16-8) 
  6. Dreyfuss, Devil's Game pp. 73-79
  7. Cooley, Unholy Wars, p. 43
  8. Pacific News Service, 25 juillet 2003.
  9. (en)Worldtribune.com, 28 juin 2007.
  10. AHN 7-11-2007
  11. Caricatures de Mahomet : Histoire et conséquences d’une manipulation mondiale - Par Claude Moniquet, Président de l’ESISC
  12. Éric Rouleau, « Les impasses des mouvements islamistes en Egypte », Le Monde diplomatique, janvier 1998
  13. a, b, c et d Hélène Sallon, « Les Frères musulmans égyptiens rattrapés par la révolution », Printemps arabe, blog du Monde, publié le 27 juin
  14. Sonia Dridi, « Les Frères musulmans ont leur parti… sans jeune, ni femme », Rue89, publié le 1er mai 2011, consulté le 27 juin
  15. Hicham Mourad, « Scission chez les Frères », Al-Ahram Hebdo en ligne, no 877 du 29 juin au 5 juillet
  16. Nadéra Bouazza, « Egypte : les jeunes des Frères musulmans créent leur parti », L'Express, publié le 22 juin 2011, consulté le 27 juin
  17. Hafez al Assad et le Parti Baas en Syrie, Pierre Guingamp, p.46
  18. a et b Damas liquide les Frères musulmans, Jeune Afrique, 2 février 2004
  19. a et b Syrie : les Frères musulmans resurgissent, Algérie DZ, 11 avril 2005
  20. Profil de la Syrie sur le site de l'Université de Sherbrooke (Canada).
  21. Selon un document des renseignements allemands, les États-Unis obtiennent de la Jordanie un passeport diplomatique pour Saïd Ramadan : « How a Mosque for Ex-Nazis Became Center of Radical Islam », The Wall Street Journal, 12 juillet 2005 ; Lorenzo Vidino, « Die Eroberung Europas durch die Muslim-Bruderschaft », Middle East Quarterly, hiver 2005.
  22. How a Mosque for Ex-Nazis Became Center of Radical Islam, The Wall Street Journal, 12 juillet 2005.
  23. Robert Dreyfuss Devil's Game: How the United States Helped Unleash Fundamentalist Islam New York: Henry Holt and Company, 2005 Lire le résumé en ligne
  24. Fiammetta Venner OPA sur l’islam de France : les ambitions de l'UOIF, Calmann-Lévy, mai 2005
  25. Selon l’un de ses cadres Ahmed Djaballah, le premier stade du travail de l’UOIF se fera suivant la démocratie, le second sera l’instauration d’une société islamique ; cité par Mohamed Sifaoui, La France malade de l'islamisme, Le Cherche Midi, Paris, 2002, p. 49-50.
  26. Islamic group's ties reveal Europe's challenge Ian Johnson The Wall Street Journal 29 12 2005
  27. "General Strategic goal for North America", original suivi d'une traduction, page 21 (7/18) par."4- Understanding the role of the Muslim Brother in North America:"

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Frères musulmans : Dans l'ombre d'Al Qaeda, Emmanuel Razavi, Éditions Jean Cyrille Godefroy, 2005
  • Les Frères musulmans, Xavier Ternisien, Fayard, 2005
  • Géopolitique de l'Égypte, Christophe Ayad, Bruxelles, Complexe, 2002
  • Frères musulmans, frères féroces : Voyages dans l'enfer du discours islamiste, Latifa Ben Mansour, Editions Ramsay, 2002
  • Le Sabre et le Coran, Tariq Ramadan et les Frères Musulmans à la conquête de l'Europe, Paul Landau, Editions du Rocher, 2005.
  • Olivier CARRE et Gérard MICHAUD, Les frères musulmans (1928-1982), Coll. Archives, Gallimard-Julliard 1983, L’Harmattan, 2002.


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