Mahmoud Abbas

Mahmoud Abbas
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Mahmoud Abbas
محمود عباس
Mahmoud Abbas, Davos.jpg
Mahmoud Abbas, à Davos en 2007.

Mandats
2e président de l'Autorité palestinienne
Actuellement en fonction
Depuis le 15 janvier 2005
Élection 9 janvier 2005
Premier ministre Ahmed Qoreï
Ismaël Haniyeh
Salam Fayyad
Prédécesseur Yasser Arafat
Rawhi Fattuh (par intérim)
1er Premier ministre palestinien
19 mars 20036 septembre 2003
Président Yasser Arafat
Prédécesseur poste créé
Successeur Ahmed Qoreï
Biographie
Date de naissance 26 mars 1935 (1935-03-26) (76 ans)
Lieu de naissance Drapeau : Palestine Safed (Galilée)
Nationalité palestinienne
Parti politique Fatah
Conjoint Amina Abbas

Coat of arms of Palestine.svg
Premiers ministres de l'Autorité palestinienne
Présidents de l'Autorité palestinienne

Mahmoud Abbas (محمود عباس), né le 26 mars 1935 à Safed en Galilée, aussi connu sous son nom de guerre d’Abou Mazen (ابو مازن), est le président de l’Autorité palestinienne depuis janvier 2005 et le Secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine. Il a également occupé le poste de Premier ministre de l’Autorité palestinienne sous la présidence de Yasser Arafat.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Il nait en 1935 à Safed une ville de Galilée, aujourd'hui dans le nord-est d'Israël. Cette ville comptait alors une population comprise entre 10 000 et 12 000 Arabes, pour 1500 à 1700 Juifs pour la plupart des religieux, la ville ayant été au cours des derniers siècles un centre important du judaïsme. Lors de la Première Guerre israélo-arabe en 1948, la ville est l'objet de sérieux combats et l'ensemble de la population arabe doit fuir la ville (et ne sera jamais autorisée à y revenir). Mahmoud Abbas, âgé de 13 ans, se réfugie avec sa famille en Syrie[1] . Il y poursuit sa scolarité et y fait des études de droit[1]. Il part ensuite à Moscou étudier l'Histoire. Il rédigera une thèse controversée sur le sionisme[1].

Militant palestinien

Dans les années 1950, il devient militant de la cause palestinienne et en devient un des collecteurs de fonds[1]. Installés au Koweit, il participe avec Yasser Arafat et d'autres à la création du Fatah[1] (qui sera la principale composante de l'OLP créée quelques années plus tard) et dont il va s'occuper des finances[1].

En 1977, il appelle au dialogue avec les formations pacifistes israéliennes lors d'un discours devant le parlement de l'OLP[1]. Il devient membre du comité exécutif de l'organisation palestinienne quelques années plus tard, et en 1984 devient responsable des relations internationales de l'OLP[1].

Au début des années 1990, partisan d'une « paix des braves[1] », il permet la mise en place coté palestinien du dialogue qui conduiront en 1993, aux accords d'Oslo[1] qu'il signera au nom de la délégation palestinienne[1]. En 1995, il publiera un livre sur cet accord et ce qui y a mené, Le Chemin d'Oslo.

Il est nommé secrétaire général de l'OLP en 1996[1].

En 2002, il critique la militarisation de l'Intifada et l'isolement diplomatique des Palestiniens qu'elle provoque[1].

Son rôle de Premier ministre

Au début de l’année 2003, du fait qu’Israéliens et Américains ont indiqué leur refus de négocier avec Yasser Arafat, Abbas commence à se faire connaître en tant que candidat pour un rôle de dirigeant palestinien.

Étant l’un des membres fondateurs du Fatah, Mahmoud Abbas atteint un haut degré de crédibilité dans la société palestinienne. Sa candidature au poste de Premier ministre est renforcée par le fait qu’aucune autre personne ne semblait recevable. Son principal concurrent, Marwan Barghouti, centriste laïc mais appuyé en sous-main par une partie des forces politiques palestiniennes et qui dans les sondages arrivait en deuxième position, distançant de loin les cinq autres candidats, est arrêté par Israël et mis en prison.

La réputation d’Abbas joue en sa faveur et Yasser Arafat doit subir la pression de la législature palestinienne mais aussi celle des États-Unis et de l'Union européenne[1] pour le nommer Premier ministre. Le 19 mars 2003, Mahmoud Abbas devient Premier ministre de l’Autorité palestinienne. Abbas promet de mettre fin à l'anarchie[1].

Au début, Yasser Arafat essaye de minimiser le nouveau poste de premier ministre, mais il est obligé par la suite de laisser à Abbas un certain degré de pouvoir. Cependant, les limites du pouvoir entre les mains d’Abbas en tant que premier ministre continuent à être la source de nombreux conflits entre ce dernier et Yasser Arafat concernant la répartition des pouvoirs. Abbas doit souvent menacer de démissionner de son poste s’il n’obtient pas plus de contrôle sur l’administration de l’Autorité palestinienne. Au début du mois de septembre 2003, Abbas confronte le parlement de l’Autorité palestinienne à ses problèmes. Les États-Unis et Israël accusent Yasser Arafat de rabaisser Abbas et son gouvernement.

Parallèlement, Abbas entre en conflit avec des groupes militants palestiniens, notamment le Jihad islamique et le Hamas. Son approche politique est diamétralement opposée à la leur, très dure. Au début, il se refuse d’employer la force contre les militants afin d’éviter une guerre civile et, à la place, tente des négociations. Celles-ci réussissent partiellement, ayant pour résultat un engagement des deux groupes à honorer un cessez-le-feu palestinien unilatéral. Mais la violence et les attaques reprennent des deux côtés, et forcent Abbas à mettre en place des limites à ces groupes afin de confirmer la position de l’Autorité palestinienne sur le processus mis en place pour la paix.

Tout ceci mènera à une lutte entre Yasser Arafat et Abbas au sujet du commandement des troupes des services de sécurité palestiniennes.

Démission

Le 4 septembre 2003, les menaces de mort émanant du Hamas et du Jihad islamique[réf. nécessaire] contre Mahmoud Abbas commencent à affluer, le Hamas l’accuse de trahison pour « avoir renoncé aux sacro-saints principes du mouvement national ». Deux jours plus tard, le 6 septembre, il convoque le Conseil législatif palestinien et leur expose les raisons pour lesquelles il décide de démissionner : l’incapacité d’effectuer ses fonctions face à l’opposition de Yasser Arafat et des autres membres de l’Autorité palestinienne et au manque d’appui des États-Unis et d’Israël.

Il continue de gérer les affaires courantes jusqu’à l’entrée en fonction de son successeur, Ahmed Qoreï, élu le 7 octobre 2003.

À la suite de sa démission, Abbas tâche de se faire oublier mais, en janvier 2004, il est aperçu dans la bande de Gaza en train de discuter avec des factions palestiniennes.

Dans une interview à Newsweek le 13 juin 2004, Mahmoud Abbas révèlera les raisons principales de sa démission, il annonce qu’il craignait pour sa vie à cause de protestations de plus en plus hostiles face à sa conduite lorsqu’il était encore Premier ministre. Lorsque le journaliste lui demande « Combien de protestations ont été incitées par le président Yasser Arafat ? », il répond, « Je ne citerai personne qui puisse être en rapport avec ces protestations. Mais comprenez que je n’ai eu aucun rapport avec le Président au sujet de ma démission à ce jour. »

Président de l'Autorité palestinienne

À la mort de Yasser Arafat en novembre 2004, Mahmoud Abbas remporte l’élection présidentielle du 9 janvier 2005. Trois jours avant, il avait déclaré : « Je suis obligé de poursuivre la politique de Yasser Arafat. Je suis lié au dernier discours d’Arafat devant le Conseil constitutif — du 18 août 2004 — S’il s’agit d’un discours extrémiste, comme certains le prétendent, je suis également extrémiste, mais en fait je ne le suis pas. Je l’ai relu et je peux vous confirmer que les propos d’Arafat sont logiques et pragmatiques et que j’y adhère complètement ». Il prend ses fonctions dès le 16 janvier. Ariel Sharon déclare que la condition sine qua non à tout progrès vers la relance d’un processus politique est « l’arrêt total du terrorisme » c’est-à-dire de toutes les phases de la résistance à l’occupation, y compris de la lutte contre l’armée d’occupation et contre les colons, ainsi que l’écrasement de toutes les organisations décrites comme « terroristes » par Israël, « Il s’agit d’actes sur le terrain et non pas de paroles en l’air. »

Dès le 13 janvier, dans la semaine même de l’élection, des activistes palestiniens tuent six Israéliens dans une attaque contre le poste-frontière de Karni entre Israël et la bande de Gaza. L’attentat est revendiqué, comme une action conjointe, par les Brigades Izz al-Din al-Qassam, par la branche militaire du Hamas, par les Bataillons de Saladin, par les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, un mouvement de la mouvance du Fatah, le propre parti de Mahmoud Abbas. Le poste-frontière de Karni est particulièrement stratégique, car il est le seul point d’entrée des marchandises qui ravitaillent la bande de Gaza et les 1,5 million de Palestiniens qui y vivent.

Mahmoud Abbas, qui a condamné cet attentat, se dit partisan de la fin de la lutte armée et de la démilitarisation de l’intifada qu’il qualifie de contre-productive, car selon ses propos, le seul résultat tangible de quatre années et demie d’attentats et d’attaques a été d’accroître le poids de l’occupation et la souffrance du peuple palestinien, mais il dira aussi à Sharon que la fin de l’occupation qui dure bientôt depuis trente-huit ans est la clé de la paix. Les barrages israéliens installés partout en Cisjordanie rendent la vie insupportable, font gonfler le chômage de 55 %, obligeant la moitié de la population palestinienne à vivre au-dessous du seuil de pauvreté.

Le 26 janvier 2006, le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes face au Fatah. Mahmoud Abbas lui demande donc de former le prochain gouvernement et nomme Ismaël Haniyeh en tant que Premier ministre.

Le 14 juin 2007, Mahmoud Abbas limoge Ismaël Haniyeh suite à une tentative violente de prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza. Il décrète l’état d’urgence et, le lendemain, désigne l’indépendant Salam Fayyad comme nouveau chef du Gouvernement.

Début octobre 2009, le gouvernement de Mahmoud Abbas demande le retrait de vote du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU pour condamner le comportement de l’État hébreu durant la Guerre de Gaza. Ce projet de vote faisait suite au rapport du Juge Richard Goldstone. Le rapport accuse notamment Israël et des groupes armés palestiniens de « crimes de guerre », commis lors des vingt-deux jours de l’offensive militaire israélienne lancée à la fin décembre 2008 pour mettre fin aux tirs de roquettes palestiniennes vers Israël. Le retrait du projet de vote provoqua un tollé de protestations et de condamnations au sein de groupes politiques palestiniens (y compris au Fatah de Mahmoud Abbas) et même de la part de plusieurs organisations humanitaires mondiales.

La cause du retrait aurait été obtenu suite à des pressions américaines et israéliennes sur l’Autorité Palestinienne. Hillary Clinton, cheffe de la diplomatie américaine, aurait téléphoné à deux reprises à Mahmoud Abbas pour le contraindre à abandonner le projet par crainte de mauvaises conséquences sur les négociations de paix avec Israël.

Des pressions économiques ne seraient pas exclues notamment la création d’une nouvelle société de télécommunications où Tareq Mahmoud Abbas (fils de Mahmoud Abbas) et Salam Fayyad seraient de grands actionnaires.

Enjeux lors de son élection

Mahmoud Abbas, en février 2007.

Au moment de son élection, les organisations activistes ne voulaient pas déposer les armes sans obtenir de contreparties et de garanties, notamment politiques ; pour cela elles ont multiplié les opérations armées tout au long de la campagne électorale, en tirant des roquettes et des coups de mortiers contre Israël et les colonies juives de la bande de Gaza, afin de faire comprendre à Mahmoud Abbas qu’il ne sera pas le seul à pouvoir décider de la fin de l’intifada.

Selon Samy Abou Zohri, un des porte-parole du Hamas : « Mahmoud Abbas a été élu à la tête de l’autorité palestinienne, et non pas du peuple palestinien. Il lui faut donc entamer au plus vite le dialogue avec les autres composantes palestiniennes, dont le Hamas (…) La résistance palestinienne n’a rien à voir avec le processus politique. L’intifada n’a pas été déclenchée par un individu, et ne sera pas arrêtée par un individu. Cette décision sera prise collectivement, autour d’une table et non pas en faisant des déclarations devant les caméras. »

Il semblait que les mouvements islamistes, comme le Hamas et le Jihad islamique palestinien qui sont proches de la population et savent combien cette intifada est de plus en plus dure et insupportable pour la population palestinienne, ne seraient pas opposés à une trêve avec Israël. Mais ils voulaient non seulement être associés aux futures négociations, mais obtenir une place politique de choix dans le futur État palestinien, et éviter d’être marginalisés par la fin des opérations armées, afin de garder leur popularité auprès des couches populaires palestiniennes.

Enfin, dans le cadre du Fatah, le nouveau Président allait devoir engager une réforme en profondeur de l’organisation, car elle est minée depuis des années par la corruption généralisée et les luttes internes. De nombreux adversaires de Mahmoud Abbas, craignent que la fin de l’intifada et la démilitarisation, ne les prive de leur pouvoir et de leurs ressources, et donc de leur influence au sein du mouvement créé par Yasser Arafat.

Du point de vue d’Ariel Sharon, son objectif de désengagement de la bande de Gaza — comme l’a révélé son conseiller Dov Weisglass — est destiné à conférer un statut permanent aux implantations de Cisjordanie afin de les annexer, alors que pour Mahmoud Abbas, la poursuite de la colonisation et celle de la construction du Mur sur les terres du futur État palestinien dans le but de légaliser les annexions en Cisjordanie empêchent tout règlement de paix avec Israël.

La vision des Israéliens

De façon générale, les Israéliens, « entretiennent un espoir raisonnable » et espèrent que le nouveau président de l’Autorité palestinienne, qu’ils appellent toujours sous le nom de Abou Mazen, aura la capacité d’être le « Gorbatchev palestinien ». Selon le ministre de la Justice, Tzipi Livni : « nous devons tout faire pour renforcer le statut de dirigeant d’Abou Mazen, en partant du principe qu’il est capable de contrôler les groupes terroristes ».

59 % des Israéliens estiment qu’Israël doit l’aider à condition qu’il lutte contre le terrorisme. Selon l’institut de sondage israélien Smith : « Ils espèrent des changements positifs […] mais ils attendent de voir ce qu’il fera concrètement […] Pour l’instant il apparaît comme quelqu’un de faible, face à tous les groupes armés. »

Selon l’entourage politique d’Ariel Sharon, l’attaque de Karni est un avertissement montrant qu’« il est impossible d’ignorer la terreur, de la contourner pour parvenir à des accords […] Les Palestiniens doivent combattre la terreur, sans cela il sera impossible de faire des progrès ». Israël a la volonté de se retirer de la bande de Gaza, ce que confirme le plan de retrait, mais les groupes armés palestiniens risquent de multiplier les attaques en espérant démontrer ainsi, leur importance et affirmer leur victoire et la justesse de la cause des armes. Le gouvernement israélien pense qu'Abou Mazen peut prendre rapidement quelques mesures :

  • ordonner aux médias palestiniens de mettre un terme à l’incitation à la violence contre Israël ;
  • interdire le port d’armes en public ;
  • empêcher les tirs de roquettes contre le territoire israélien et les colonies juives ;
  • redéployer les troupes palestiniennes afin qu’elles interviennent plus efficacement contre les militants encagoulés.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n et o "Mahmoud Abbas, Chronologie", Le Monde du 9 octobre 2011.

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