Excision féminine

Excision féminine

Excision

Odalisque de Jules Joseph Lefebvre
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Une excision est, dans son sens le plus général, l'ablation d'un petit morceau de tissu biologique. Cependant le terme excision est beaucoup plus communément utilisé pour désigner spécifiquement l'excision clitoridienne.

L'excision clitoridienne est une mutilation génitale féminine (MGF) impliquant l’ablation de la partie externe prépondérante du clitoris (clitoridectomie) et de son capuchon, parfois accompagnée de l'ablation des petites lèvres et de la suture des grandes lèvres. Cette mutilation est illégale dans la plupart des pays du monde[1]; de nombreuses organisations militent pour son abolition mondiale. L'excision présente plusieurs variantes qui diffèrent par l’étendue de l’ablation et des pratiques annexes.

Sommaire

Étendue géographique du phénomène

Géographiquement, la pratique se rencontre en de nombreuses parties du monde, mais elle est plus courante en Afrique subsaharienne et dans quelques régions du Proche-Orient et de l’Asie du Sud Est (Yémen, Indonésie et Malaisie). (voir cette liste non exhaustive). Dans les pays occidentaux, ces pratiques se retrouvent dans les communautés issues de ces pays[2]. Selon les pays, la proportion de femmes excisées varie de façon importante, allant de 1,4 % au Cameroun à 96 % en Guinée au début des années 2000[3].

On considère qu’environ 100 à 140 millions de femmes[4] ont subi une excision (principalement en Afrique). Environ 2 millions de fillettes sont susceptibles de subir une telle mutilation tous les ans. Selon une étude de l'INED, 50 000 femmes ont subi des mutilations sexuelles et vivent actuellement en France[4].

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Une définition extensive de l'excision

Les 3 différents types d'excision comparés à l'anatomie féminine normale.

Cette large aire de répartition explique sans doute aussi une large gamme de pratiques qui relèvent toutes de l’excision. En effet, au-delà de l’ablation totale des organes génitaux externes, on rencontre également :

  • une ablation du clitoris seul (en fait, l’extrémité du clitoris ou du capuchon clitoridien, le clitoris faisant environ dix mm de longueur), nommée clitoridectomie ;
  • l'excision, qui consiste à enlever partiellement ou totalement le clitoris et, souvent, les petites lèvres
  • des ablations partielles
  • la forme de mutilation génitale féminine la plus extrême qui soit, nommée infibulation ou circoncision pharaonique. Elle consiste à l’ablation totale du clitoris, des petites lèvres et des grandes lèvres à l’entrée du vagin. De plus, l’entrée de ce dernier est cousue jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une fine ouverture servant aux écoulements menstruels (le plus souvent, pour préserver la virginité d’une petite fille ; l’opération est alors ensuite complétée à l’adolescence par une excision véritable ou peut être renversée par un parent ou le mari lors du mariage)
  • des pratiques chirurgicales visant à la création de tissus cicatriciels, le grattage de l’orifice vaginal ou l’incision du vagin
  • l’introduction de substances corrosives ou abrasives dans le but de provoquer un resserrement du vagin
  • l’introcision (pratiquée par les aborigènes Pitta-Patta d’Australie et les Conibos, branche des indiens Panos, au Pérou) qui consiste à élargir l’orifice vaginal avec une lame en pierre.

Une pratique traditionnelle

Les pratiques d'excision sont considérées comme traditionnelles dans la mesure où elles se sont installées dans un contexte animiste ou pharaonique (c’est-à-dire bien avant l'arrivée des grandes religions monothéistes dans ces contrées). D'autre part, l'excision fait souvent office de rite de passage et de reconnaissance de la petite fille dans sa société.

L’excision est actuellement défendue au nom de :

  • la préservation de la virginité (considérée comme un idéal féminin au mariage),
  • l’amélioration du plaisir sexuel masculin (par le rétrécissement du vagin ou de l’orifice vaginal)
  • la protection contre le désir féminin (considéré comme malsain par les partisans de l’excision ou non contrôlable en cas d'absence d'excision),
  • raisons hygiéniques,
  • raisons esthétiques,
  • patrimoine culturel ou traditionnel (initiation à l’état de femme, peur que le clitoris n'empoisonne l'homme ou l'enfant à la naissance...).

Dans de nombreux cas, on observe que les mères participent activement aux mutilations de leur(s) fille(s) dans le but d’améliorer leurs chances de faire un « bon » mariage.

Le clitoris est souvent considéré comme une imperfection de la création divine, un résidu masculin devant être ôté pour que la femme soit finie. De la même manière la circoncision ou ablation du prépuce est censée enlever à l'homme la partie féminine restante. La psychanalyste Marie Bonaparte a écrit[5] : « Les hommes se sentent menacés par ce qui aurait une apparence phallique chez la femme, c'est pourquoi ils insistent pour que le clitoris soit enlevé ».

Mutilations sexuelles et religions

Ainsi, actuellement, l'essentiel des populations qui pratiquent ces mutilations sexuelles sont soit animistes, soit musulmanes. Il existe aussi certaines communautés chrétiennes au Ghana ou au Togo qui pratiquent les mutilations sexuelles ainsi que la communauté juive des Falashas. Les sources religieuses musulmane, juives et chrétiennes ne font pas mention de cette pratique.

Cependant, l'Islam peut servir de moyen de justification comme d'interdiction à la pratique de l'excision. En effet n'y a pas consensus parmi les savants[6] sunnites sur le rapport entre Islam et excision, leur position allant de l'obligation à l'interdiction pure et simple. En effet, si le Coran ne prescrit aucune obligation d'excision[7], certains hadiths sont utilisés par les savants recommandant ou prescrivant sa pratique pour la justifier religieusement. Est notamment mentionné, le hadith rapportant que Mahomet recommanda à une exciseuse « Effleure et n’abuse pas, car cela rend le visage plus rayonnant et est plus agréable pour le mari. »[8]. De même, un autre hadith indique que « La circoncision est une tradition louable pour les hommes et un honneur pour les femmes. »[9]. Dans tous les cas, si ces hadiths permettent à certains savants de recommander ou obliger l'excision, les savants défavorables à sa pratique soulignent que les chaînes de transmissions qui soutiennent ces textes seraient trop faibles pour cautionner une pratique aussi grave, d'autant qu'aucun ne mentionne d'obligation formelle.

Une autre défense de l'excision s'appuie sur les valeurs et la culture des sociétés. Ainsi, considérer la femme comme responsable de tous les manquements à la morale et aux bonnes mœurs légitime le contrôle strict de son comportement (notamment sexuel). La littérature juridique qui parle de l'excision, sans la recommander formellement, l’évoque sous le vocable de « khafdh » ou «  khifâdh » qui signifie l’affaiblissement du plaisir sexuel. Cette signification est associée à une conception du statut de la femme comme soumise à l'homme qui, en retour, se doit de défendre l'honneur de sa lignée en contrôlant la virginité des femmes pré pubères avant de les confier par contrat à un autre homme (mariage) ou en diminuant le désir sexuel (une des vertus attribuées à l'excision).

Dans le cadre islamique, la nature primordiale de l'humanité (appelée Fitra) est caractérisée par les 5 éléments suivants :

  • la circoncision
  • le fait de se raser le pubis
  • le fait de se couper les ongles
  • le fait de s'épiler les aisselles
  • le fait de se tailler la moustache.

De ce fait, la pratique de l'excision déjà traditionnellement installée bien avant l'arrivée de l'Islam, n'a pas été fondamentalement modifiée par la nouvelle religion.

Il faut souligner que récemment certains responsables religieux musulmans ont innové en s'opposant franchement à l'excision.

C'est le cas par exemple au Sénégal (où des imams éduquent les populations à risque, appuient chaque argument en citant le Coran et sensibilisent aux problèmes de santé générés par l’excision) ou en Égypte (où des responsables religieux ont appelé à l’interdiction de ces pratiques et à la punition de leurs auteurs lors d'une conférence internationale sur les mutilations génitales féminines (MGF) au Caire).

Opposition et répression

L’excision est considérée comme une mutilation grave et injuste dans les pays occidentaux, mais aussi par des organisations internationales telles que l’ONU, l’OMS et l’Unicef . Dans la plupart des pays occidentaux, elle est poursuivie et punie comme un crime grave. Il subsiste quelques régions du monde, notamment dans certains pays d'Afrique, où cette pratique reste tolérée au nom de la tradition. Toutefois, suite aux scandales internationaux que cette pratique génère, ces États ont tendance à la réprimer plus.

Raisons de l'opposition

Les opposants à l’excision en appellent au respect de l'être humain. En effet, l'excision est une atteinte à l’intégrité physique et morale de la victime de cette pratique. La plupart des opposants sont particulièrement sensibles :

  • à la mainmise du groupe social sur la sexualité des individus ;
  • à la perte du plaisir sexuel chez la femme ;
  • aux risques encourus par la petite fille lors d’excisions dans des conditions d’hygiène parfois insuffisantes (pouvant aller jusqu’à la mort suite à une infection), ainsi qu'à la douleur liée à l'opération, souvent faite sans anesthésie ;
  • aux risques augmentés en matière de maladies sexuellement transmissibles, de susceptibilité augmentée aux affections plus ou moins graves comme les kystes, les abcès, les infections de l’urètre, rétention urinaire, etc. ;
  • aux complications, soit directes soit indirectes, que cela entraîne lors de la miction, des règles, des relations sexuelles ;
  • aux risques de mortalité accrus lors d'un accouchement ;
  • au handicap sexuel ainsi imposé (plaisir sexuel fortement limité ou impossible, relations sexuelles douloureuses) ;
  • perturbation de l'identité féminine, de la représentation de sa sexualité par la femme excisée (associée à une expérience sexuelle dégradée).

Les moyens de lutte

En raison de son caractère culturel et traditionnel, l'excision ne peut pas seulement se voir opposer le droit. En effet, la complicité des familles et des proches rend cette lutte législative sans effet direct. Cette approche n'est possible qu'une fois les mentalités éclairées.

De fait, de nombreux pays africains s’efforcent de faire disparaître cette coutume en employant des moyens plus participatifs :

  • Au Burkina Faso, le gouvernement utilise simultanément ses moyens d’information, de sensibilisation et la condamnation judiciaire pour lutter contre ces pratiques[10].,
  • Au Cameroun, où ce n'est qu'en 1987 que le Comité interafricain de lutte contre les pratiques traditionnelles affectant la santé de la femme et des enfants (CI-AF) a pu cartographier les populations pratiquant l'excision, les moyens de lutte utilisés passent aussi bien par l'information, l'instruction, les mesures législatives comme les initiatives économiques (à savoir : redonner une activité aux anciennes exciseuses).
  • Au Sénégal, à la suite d’un programme d’éducation non-formelle basé sur les droits humains dispensé par l’ONG Tostan, des groupes de communautés initient de manière collective des Déclarations Publiques pour la promotion des droits humains, la santé des femmes et des filles, l’abandon de l’excision et des mariages précoces/forcés. Ainsi, selon l’ONG Tostan, 3307 communautés sénégalaises ont participé à ce type de déclarations depuis 1997[11].

Aspects légaux

L'excision est illégale dans la plupart des pays du monde. [1] La plupart des pays démocratiques interdisent formellement l’excision au nom du respect des Droits de l'homme, du respect de la personne humaine et de la protection de l’enfance. Ainsi, un peu partout en Europe, des coupables d’excision sont régulièrement envoyés en prison par les tribunaux.

En France

En France, la clitoridectomie a été préconisée à la fin du XIXe siècle par des médecins comme Thésée Pouillet (1849-1923), Pierre Garnier (1819–1901) ou Paul Broca (1824-1880) pour lutter contre l'onanisme.

Aujourd'hui l’excision constitue une atteinte à la personne. Elle entre dans le cadre des violences ayant entraîné une mutilation permanente, délit passible de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende dans le cas général. Lorsque la victime est mineure de 15 ans, cela devient un crime passible de 15 ans de réclusion criminelle, 20 ans si le coupable est un ascendant légitime (Art 222-9 et 222-10 du Code pénal). Une interdiction du territoire d’une durée de cinq ans peut également être prononcée (Art. 222-47 du Code pénal).

Cependant, souvent l'excision est pratiquée lors d'un retour au pays et donc hors du territoire national. La législation française fait cependant obligation aux soignants de dénoncer toutes agressions sexuelles sur mineur. Les médecins sont tenus au signalement des cas (même potentiels) de mutilation génitales féminines, même si ces derniers sont ou devraient être effectués hors du territoire français.

Pays où l'excision se pratique traditionnellement

En Afrique, on recense 28 pays où les mutilations sexuelles féminines sont pratiquées. La proportion de femmes excisées varie selon les pays. Trois groupes peuvent être distingués (chiffres au début des années 2000)[3]:

Selon l’UNICEF, 13 pays africains disposent de lois réprimant les mutilations sexuelles féminines et autres types de violences faites aux femmes.

Bénin[12]

Le Bénin n’a pas de loi spécifique sur le sujet, malgré une prévalence évaluée à 50 % des femmes du pays.

Burkina Faso[12]

Au Burkina Faso, une loi interdisant les mutilations génitales féminine (MGF) a été promulguée en 1996, pour entrer en vigueur en février 1997. Auparavant, il existait déjà un décret présidentiel établissant un Comité national contre l'excision et prévoyant des amendes à l'encontre des personnes reconnues coupables d'excision sur des fillettes ou des femmes. La loi de 1996 a renforcé la répression. Depuis, plusieurs exciseuses ont été condamnées à des peines d'emprisonnement[10].

Côte d'Ivoire[12]

En Côte d'Ivoire, une loi promulguée le 18 décembre 1998 prévoit que toute atteinte à l'intégrité des organes génitaux d'une femme, par voie de mutilation totale ou partielle, excision, désensibilisation ou toute autre pratique, si elle s'avère sanitairement néfaste, est passible d'une peine d'emprisonnement de un à cinq ans, et d'une forte amende (de 360 000 à deux millions de francs CFA). La peine est portée de cinq à vingt ans d'emprisonnement si la victime meurt des suites de son opération. Par ailleurs, si la procédure est effectuée par un médecin, il risque jusqu'à cinq ans d'interdiction de pratique professionnelle.

Djibouti[12]

À Djibouti, les MGF ont été interdites par la révision du Code pénal du pays, entrée en vigueur en avril 1995. L'article 333 du Code pénal prévoit, pour les personnes reconnues coupables de ces pratiques, une peine d'emprisonnement de cinq ans et une amende de un million de francs de Djibouti.

Égypte[12]

En Égypte, en décembre 1997, la Cour de cassation égyptienne a rendu un arrêt en faveur d'une interdiction gouvernementale des MGF, dans lequel il est stipulé que les contrevenants s'exposent à des sanctions criminelles et administratives. Il existe en outre un décret ministériel qui interdit ces pratiques. Malgré ces lois et décrets, les MGF se perpétuent encore en très grande majorité dans ce pays, même si certains comme Abou Shawareb en juillet 2005, ont décidé d'eux-mêmes de mettre fin à ces pratiques. Le Code pénal prévoit aussi des cas de « blessure » et de « traumatisme intentionnel ayant entraîné la mort », qui peuvent éventuellement être juridiquement applicables. On a relevé dans la presse au moins treize cas de personnes poursuivies sur la base des termes du Code pénal, notamment des médecins, des sages femmes et des barbiers, accusés d'avoir pratiqué des MGF ayant entraîné des hémorragies, des états de choc et des décès.

Ghana[12]

Au Ghana, en 1989, le chef du gouvernement du Ghana, le président Rawlings, s'est formellement prononcé contre les MGF et les autres types de pratiques traditionnelles néfastes. L'article 39 de la Constitution du Ghana contient en outre des éléments visant l'abolition des pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé et au bien-être des personnes. Certains pensent que cette loi a, en fait, généré une migration des pratiques vers la clandestinité.

Guinée[12]

En Guinée, les MGF sont illégales selon l'article 265 du Code pénal. Elles sont punies par une peine de travaux forcés à perpétuité et, si elles entraînent le décès de la victime dans un délai de 40 jours, le contrevenant s'expose à la peine de mort. Aucun cas de MGF n'a toutefois, à ce jour, été porté devant les tribunaux. L'article 6 de la Constitution guinéenne, qui interdit les traitements cruels et inhumains, peut aussi être interprété dans le sens de l'inclusion de ces pratiques, si un cas venait à être porté devant la Cour Suprême. L'un des membres de la Cour Suprême de Guinée travaille actuellement en collaboration avec une ONG locale, en vue d'insérer dans la Constitution guinéenne une clause spécifique interdisant ces pratiques.

Indonésie[12]

En Indonésie, les autorités préparent actuellement un décret interdisant aux médecins et aux personnels paramédicaux toutes pratiques de MGF. Les MGF sont aujourd'hui encore très répandues en Indonésie. Azrul Azwar, le directeur général des affaires de santé du pays, a déclaré que « Toutes les structures de santé gouvernementales seront formées à relayer les informations concernant la décision d'interdiction et l'étendue du problème de la circoncision féminine.»[13].

Nigeria[12]

Au Nigeria, il n'existe aucune loi fédérale interdisant les pratiques de MGF. Les opposants à ces pratiques se réfèrent à la section 34(1)(a) de la Constitution de la République Fédérale du Nigeria de 1999, qui dispose qu'« aucun individu ne sera soumis à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants », pour en appeler à l'interdiction des pratiques de MGF sur tout le territoire. Un membre du parlement a élaboré un projet de législation en faveur de l'interdiction, mais ce projet n'est pas encore passé en commission.

Ouganda[12]

En Ouganda, il n'existe aucune loi réprimant les pratiques de MGF. En 1996, toutefois, un tribunal a statué en faveur de la prohibition de ces pratiques, sur la base des termes de la section 8 de la Charte des Enfants, promulguée cette même année, qui rend illégal le fait de soumettre un enfant à des pratiques sociales ou coutumières néfastes pour sa santé.

République centrafricaine[12]

En République centrafricaine, en 1996, le président a émis une ordonnance interdisant les MGF sur tout le territoire. Cette ordonnance a force de loi, et toute infraction à son égard est passible d'une peine d'emprisonnement allant de un mois à deux ans, et d'une amende de 5 100 à 100 000 francs centrafricains. Il ne semble toutefois pas que cette loi ait jamais été appliquée dans les faits.

Sénégal[12]

Au Sénégal, depuis une loi promulguée en janvier 1999, les pratiques de MGF sont illégales au Sénégal. Le président Diouf a fait un appel solennel en faveur de l'arrêt de ces pratiques et de la législation les interdisant. La loi modifie le Code pénal en faisant des MGF des actes criminels, réprimés par une sentence pouvant aller de un à cinq ans d'emprisonnement. Un porte-parole du RADDHO (Rassemblement africain pour la défense des droits de l'homme) a déclaré dans la presse : « L'adoption de la loi ne se suffit pas en elle-même, car il est désormais nécessaire de la faire appliquer rigoureusement pour que les femmes en bénéficient. » Quelques femmes se penchent sur la question[14].

Somalie[12]

En Somalie, il n'existe aucune loi nationale spécifique interdisant les MGF. Le Code pénal mis en place par le précédent gouvernement prévoit toutefois des clauses de « blessures », « blessures graves » et « blessures très graves », qui pourraient éventuellement être juridiquement applicables. En novembre 1999, le Parlement de l'administration du Puntland a approuvé à l'unanimité une législation rendant ces pratiques illégales. Il ne semble toutefois exister aucun cas de mise en application de cette loi.

Tanzanie[12]

En Tanzanie, la section 169A de la Circulaire spéciale sur les crimes sexuels de 1998 interdit les MGF. Ces pratiques sont punies de peines d'emprisonnement allant de cinq à quinze ans, et/ou d'une amende ne pouvant pas excéder 300 000 shillings tanzaniens. Cette législation a débouché sur quelques arrestations, mais qui ne semblent pas avoir, jusqu'à présent, abouti sur des poursuites pénales.

Togo[12]

Au Togo, le 30 octobre 1998, l'Assemblée Nationale a voté à l'unanimité une loi interdisant les pratiques de MGF. Les sentences prévues vont de peines d'emprisonnement de deux mois à dix ans, à des amendes de 100 000 à un million de francs togolais. Toute personne qui aurait connaissance de telles pratiques dans son entourage et qui n'en informerait pas les autorités, est passible d'une peine de un mois à un an d'emprisonnement, et d'une amende de 20 000 à 500 000 francs togolais.

L'éradication de l'excision : une lutte de longue haleine

La lutte contre l’excision fait partie des grands programmes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef. Cette dernière a même fait du 8 février 2006 la « Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines ».

De nombreux traités internationaux évoquent également l'interdiction de l'excision et des mutilation sexuelles féminines en général : il s’agit notamment :

  • de la convention sur les droits de l’enfant (CDE),
  • de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes (CEDEF),
  • de la charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant,
  • de la charte africaine sur les droits humains et ceux des populations,
  • du protocole additionnel sur les droits des femmes dit protocole de Maputo.

En 2002, lors d’une Assemblée générale des Nations unies, la totalité des représentants se sont engagés à mettre fin aux mutilations sexuelles et à l’excision d’ici à 2010. Cette date est plutôt ambitieuse, malgré les récentes annonces (novembre 2005) faites en Afrique, où plusieurs exciseuses ont déposé leurs instruments (des lames et des couteaux, parfois rouillés).

Réparation chirurgicale

Le chirurgien et urologue français Pierre Foldes et l’urologue Jean-Antoine Robein ont progressivement mis au point depuis le début des années 1980 une technique de réparation complète du clitoris, qui permet d’abord de supprimer la douleur latente laissée par la cicatrice. Elle résout également les problèmes obstétriques et urologiques causés par l’excision[15]. En France, environ 800 femmes ont bénéficié de cette opération sous anesthésie générale ; quatre autres chirurgiens, formés par Pierre Foldes, pratiquent cette opération en Égypte et au Sénégal. Cette technique est inscrite à la nomenclature des actes médicaux remboursés de la Sécurité sociale française.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Livres

  • Waris Dirie Fleur du désert (J'ai lu, 2001) top model ambassadrice de l'ONU contre les mutilations sexuelles traditionnelles
  • Ayaan Hirsi Ali Insoumise (Pocket no 13024). Alors députée à la chambre néerlandaise (somalienne d'origine et ayant, elle-même, subie une excision au cours de son enfance), Ayaan Hirsi Ali propose un système de contrôle pour rendre plus efficace la répression de cette pratique et l'aide aux victimes sur le sol néerlandais (cf. chapitre 12).
  • Khady Mutilée (Oh éditions)
  • Moka Pourquoi ? (L'école des loisirs) : un roman de littérature jeunesse, accessible dès 12 ans. Il raconte la vie d'une famille somalienne vivant en France. La fille aînée refuse l'excision de sa petite sœur, et se heurte aux traditions.
  • Nura Abdi Larmes De Sable (L'Archipel) Récit : histoire d'une fille qui a vécu l'excision à 4 ans.
  • Katoucha Niane Dans ma chair (Lafon) : L'un des premiers top models noirs raconte son excision subie à l'âge de 9 ans.
  • Marie-Noël Arras Entière ou La réparation de l'excision Préface du Docteur Pierre Foldes (éd. Chèvre-feuille étoilée - mars 2008)

Films

Chansons

  • Non à l'excision de Tiken jah fakoly.
  • Ça fait mal de Adama Yalomba et Hawa Diabate.
  • Anka Fo « Ante! » de Kandia Kouyaté.

Une compilation « Stop excision » est également sortie en 2003 sous le label « Sahel Initiative »

Notes et références

  1. a  et b DfES, Research Website
  2. L'excision sur le site droitsenfant.com
  3. a  et b Armelle Andro et Marie Lesclingand, « Les mutilations sexuelles féminines : le point sur la situation en Afrique et en France », Octobre 2007, Population et Sociétés, numéro 438, Bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démographiques. Consulté le 20 février 2008
  4. a  et b Lire Andro et Marie Lesclingand, Population et sociétés nº438, octobre 2007 et Anne Chemin, « Excision : 50 000 femmes mutilées sexuellement vivent en France », dans Le Monde du 25-10-2007, mise en ligne le 24-10-2007, [lire en ligne]
  5. Marie Bonaparte, Notes sur l'excision - Revue française de psychanalyse XII, 1946.
  6. Interprètes et exégètes musulmans du Coran et de la Sunna
  7. Mohyddin Yahia, article Circoncision, excision, in Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir), Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 167
  8. Umm Atiyyah, Kitab Al-Adab, Livre 41, numéro 5251
  9. Hadith rapporté par Ahmad (20719)
  10. a  et b Joëlle Stolz, Le Burkina Faso fait reculer l’excision, Le monde diplomatique, septembre 1998
  11. Site intenet de l'ONG Tostan: http://www.tostan.org/web/page/586/sectionid/547/parentid/585/pagelevel/3/interior.asp
  12. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n  et o Informations du Département d'État des États-Unis d'Amérique
  13. Dépêche CBCNews
  14. Rapport TOSTAN du 21 novembre 2005 et du 5 avril 2005
  15. Hubert Prolongeau. Victoire sur l’excision. Paris : Albin Michel, 2006
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