- Espace localement convexe
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Sommaire
Définition
Un espace vectoriel topologique E est dit localement convexe s'il vérifie l'une des deux propriétés équivalentes suivantes :
- la topologie de E est la topologie initiale associée à une famille de semi-normes;
- le vecteur nul possède une base de voisinages formée de convexes.
Dans ce cas, la famille de semi-normes peut toujours être choisie filtrante.
Démonstration de l'équivalence des deux définitions- (1)
(2)
- En effet toute semi-norme sur E est une fonction convexe et donc pour tout R > 0 l'ensemble des x de E vérifiant p(x) < R est convexe.
- (2)
(1)
- Soient T la topologie de E, supposée vérifier (2), et T' celle, moins fine, définie par la famille de toutes les semi-normes sur E continues pour T.
- Il s'agit de prouver qu'inversement,
. Il suffit pour cela de montrer que tout T-voisinage V de 0 contient un T'-voisinage de 0.
- Or pour un tel V, par continuité de l'application
, il existe un réel α > 0 et un T-voisinage W de 0, que l'on peut supposer convexe d'après (2), tels que
- | λ | < α et
- V contient alors l'ensemble Ω défini par
- De plus, Ω est voisinage de 0 (donc absorbant), convexe, et équilibré. Sa jauge est donc une semi-norme continue sur E, dont la boule de centre 0 et de rayon 1 / 2 est par conséquent un T'-voisinage de 0. Or cette boule est incluse dans Ω, donc dans V.
Critère de séparation
Théorème — Pour qu'un espace localement convexe E défini par une famille
de semi-normes soit séparé, il faut et il suffit que pour tout vecteur non nul
il existe une semi-norme
telle que
.
En effet, un espace vectoriel topologique est séparé si et seulement si l'intersection des voisinages de 0 est réduite au singleton 0, autrement dit si et seulement si pour tout vecteur v non nul, il existe un voisinage de 0 ne contenant pas v.
Continuité d'une fonction
Soient
deux espaces localement convexes, dont les topologies sont respectivement définies par des familles de semi-normes
(supposée filtrante) et
(quelconque), et f une application du premier espace dans le second. La proposition suivante résulte des définitions.
Proposition —
- f est continue en un point v de E si et seulement si
0 \quad \exists p\in \mathcal P\quad\exists \alpha >0\quad\forall w\in E\quad p(w-v)<\alpha\quad\Rightarrow\quad q(f(w)-f(v))<\epsilon\ " border="0">.
- f est uniformément continue sur E si et seulement si
0\quad\exists p\in\mathcal P\quad\exists\alpha >0\quad\forall v \in E\quad\forall w\in E\quad p(w-v)<\alpha\quad\Rightarrow\quad q(f(w)-f(v))<\epsilon\ " border="0">.
Par exemple (en prenant
et
), toutes les semi-normes appartenant à
sont uniformément continues sur E (car 1-lipschitziennes). Une semi-norme q sur E est en fait uniformément continue si et seulement si elle est continue en 0, ce qui équivaut à l'existence d'une semi-norme
et d'une constante C > 0 telles que
. On en déduit un analogue pour les applications linéaires :
Proposition — Une application linéaire
est uniformément continue si et seulement si elle est continue en 0, ce qui se traduit par :
0\quad\forall v \in E\quad q(T(v))\le C\ p(v)\ " border="0">.
Métrisabilité
Théorème[1] — Soit E un espace localement convexe séparé, dont la topologie est définie par une famille
de semi-normes. Les conditions suivantes sont équivalentes :
- E est métrisable.
- Tout point de E possède une base dénombrable de voisinages.
- La topologie de E peut être définie par une sous-famille dénombrable
de semi-normes.
- La topologie de E peut être définie par une famille dénombrable filtrante de semi-normes.
- La topologie de E peut être définie par une distance invariante par translation.
DémonstrationOn a clairement
.
Soit
une base de voisinages de 0. Chaque Vn contient une boule de la forme
, où rn > 0 et
pour une certaine partie finie
. La topologie définie par la sous-famille dénombrable
est évidemment moins fine que celle de E, mais également plus fine, par construction.
Soit
une suite de semi-normes définissant la topologie de E. En posant
on obtient une suite filtrante de semi-normes définissant la même topologie.
Soit
une suite filtrante de semi-normes définissant la topologie de E ; posons pour tous
(C'est bien un max : le sup est atteint car la suite est positive et tend vers 0.) Les premier et troisième axiomes d'une distance (symétrie et inégalité triangulaire) sont clairement vérifiés, autrement dit d est un écart. Le deuxième (séparation) résultera du fait que d définit la topologie de E, qui est supposée séparée.
L'invariance par translation de cet écart est également immédiat (
).
Il reste à montrer que la topologie définie par cet écart est identique à celle définie par la suite de semi-normes. Comme d est invariant par translation, il suffit de montrer que toute d-boule (ouverte) de centre 0 et de rayon positif contient une pn-boule de centre 0 et de rayon positif, et réciproquement. Autrement dit :
0\quad\exists n \in \mathbb N^*\quad\exists \alpha >0\quad p_n(w)<\alpha \Rightarrow d(w,0)<\varepsilon " border="0">
0\quad\forall n \in \mathbb N^*\quad \exists\alpha>0\quad d(w,0)<\alpha\Rightarrow p_n(w)<\varepsilon" border="0">
-
- Démontrons (i). Soit
0" border="0">
- Démontrons (i). Soit
Pour que d(w,0) < ε, il suffit que
. La suite de semi-normes étant filtrante, on peut trouver une semi-norme
majorant toutes les semi-normes de cette famille finie
Il suffit alors de poser
.
-
- Démontrons (ii). Soit encore ε > 0, et soit
fixé.
- Démontrons (ii). Soit encore ε > 0, et soit
Pour que pn(w) < ε, il suffit que
et d(w,0) < nε. On peut donc choisir α = min(1 / n,nε).
Remarquons qu'un espace vectoriel normé est un espace localement convexe métrisable (topologie définie par une seule semi-norme : la norme). Cependant la réciproque n'est pas vraie : les analogues pour p < 1 des espaces Lp avec avec p ≥ 1 sont métrisables par une distance invariante, mais ne sont pas localement convexes.
Espace de Fréchet
Un espace de Fréchet est un espace localement convexe qui est à la fois métrisable et complet au sens des espaces uniformes, ou plus simplement : un espace localement convexe complètement métrisable (c'est-à-dire dont la topologie est induite par une distance complète).
Notes et références
- Claude Wagschal, Topologie et analyse fonctionnelle, Édition Hermann, Collection Méthodes, 1995
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