Djîn

Djîn

Jinn

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Génie ailé donnant une bénédiction
Génie tenant une fleur de pavot. Bas-relief du palais bâti par Sargon II à Dur Sharrukin, en Assyrie (actuelle Khorsabad, Iraq), v. 713716 av. J.-C. Fouilles de Paul-Émile Botta en 18431844.

Les jinns (parfois orthographié djinns [ʤin: / gin: / ɣin:]), sont des créatures issues de croyances de tradition sémitique. Ils sont en général invisibles, pouvant prendre différentes formes (végétale, animale, ou anthropomorphe) ; ils ont une capacité d'influence spirituelle et mentale sur le genre humain (contrôle psychique : possession), mais ne l'utilisent pas forcément.

Selon l'islam, ils ont le pouvoir de posséder ceux qui sont en état de souillure (c'est-à-dire ceux qui n'ont pas fait leur ablution rituelle) ou qui consomment des aliments interdits (drogue, alcool, sang, viande non licite).

Il y a de bons et de mauvais jinns ; les mauvais sont nommés Shayāṭīn.

Ne point confondre le terme jinn (جِنّ [ʤin:]) avec le terme perse Djans (جان [ʤɛ:n]) qui signifie "l’Esprit Individuel d'un être", et qui est différent des Esprits de Groupe (روح [ru:ħ]), terme d'origine sémitique (רוח [rox]).

Sommaire

Chez les Arabes

Pour les Arabes, les djinns représentent une autre race habitant la terre, ce sont des esprits qui habitent les endroits déserts, les points d'eau, les cimetières et les forêts. Pour se manifester, ils prennent diverses formes (métamorphe), dont celles de l'homme ou des animaux, couramment des serpents. Le mot djinn ou ʿifrīt (عِفٰرِيتْ) (pluriel : ʿafārīt) (عَفَارِيت) désigne d'ailleurs à la fois ces esprits ainsi que certaines variétés de serpents. Leurs noms, paroles ou comportements, qui demeuraient étranges, permettaient de les discerner des humains quand ils en prenaient la forme. Certains de ces esprits étaient, selon les légendes pré-islamiques, les muses des poètes : ce sont les hawāǧis (singulier : hāǧis). Comme les hommes, ils sont organisés en royaumes, États, tribus, peuples, ils ont des lois et des religions (dont celles de l'homme puisque les prophètes de tout temps sont envoyés par Dieu pour les djinns et les hommes [réf. nécessaire]).

En arabe classique et ancien : (جِنّي) ǧinnī (masculin) (جِنِّية) ǧinniyya (feminin), pluriel : ǧinna ou ǧinn, dans certains dialectes arabes postérieurs ǧinnī, pluriel : ǧnūn. (Voir aussi goule (غُولْ)

Dans la tradition populaire des pays musulmans, on ne dit pas "avoir une mémoire d’éléphant" mais une mémoire de jinn[réf. nécessaire])..

Dans l'islam

Dans l'islam, les jinns sont des créatures dotées de pouvoirs surnaturels, ils ont été créés d'un maillage/tissage de "lumière d'une flamme subtile, d'un feu sans fumée (ناَر [na:r]/[nɛ:r])" (comme l'être humain l'a été à partir d'argile), ils sont appelés à croire et subiront le jugement dernier.

Les appellations spécifiques des jinns sont :

  • les 'Efrits (عِفَارِيت [ɒfɛːɾɪt]) (de 'Iphrit عِفٰرِيتْ) : djinns qui peuplent les terres.
  • les Maritins (مَاَرِدْ [mɛːɾid]) (de Marid مَاَرِدْ) : djinns munies d'ailes et peuplent les airs. [Sourate 37, verset 7]
  • les Sylphes (سلف [silf]) : djinns qui vivent près des cours d'eau.

Comme l'indique le Coran à la sourate Ar-rahman (« Le Tout Miséricordieux »), les djinns sont des êtres créés de Feu :

{ 14. Il a créé l'homme d'argile sonnante comme la poterie; 15. et Il a créé les djinns de la flamme d'un feu sans fumée; }

Le singulier šayṭān (شَيْطان [ʃajtaːn]) « Satan » se réfère généralement à Iblis, un djinn à l'origine mais progressivement considéré comme un ange[1].

En effet, Iblis est cité dans le Coran à plusieurs reprises en tant que djinn.

Soit par sa nature :

{ Et lorsque nous dîmes aux Anges: "Prosternez- vous devant Adam", ils se prosternèrent, excepté 'Iblîs (Satan) qui était du nombre des djinns et qui se révolta contre le commandement de son Seigneur. } [Coran 18 - verset 50].

ou soit, par sa constitution :

{ Je suis meilleur que lui : tu m’as(Iblis) créé de feu, tu l’as créé d’argile } [sourate 38 - verset 76]

Le pluriel šayaṭīn (شَيٰطَيِنْ [ʃayatiːn]) « satans » sont les êtres humains et djinns qui perpétuent l'œuvre d'Iblis[1].

Contrairement aux anges, créés de lumière, qui n'ont pas de libre arbitre et ne font que ce que Dieu demande ; les djinns (comme les hommes) peuvent désobéir à Dieu et commettre des péchés à la différence des Anges :

{ Et c'est devant Dieu que se prosterne tout être vivant dans les cieux, et sur la terre; ainsi que les Anges qui ne s'enflent pas d'orgueil.} [ Sourate 16 - Verset 49 ]

{ Ceux qui sont auprès de Ton Seigneur (les Anges) chantent Sa Gloire de nuit et de jour sans éprouver le moindre ennui.} [ Sourate 41 - Verset 38 ]

{Ô vous qui avez cru! Préservez vos personnes et vos familles, d'un Feu dont le combustible sera les gens et les pierres, surveillé par des Anges rudes, durs, ne désobéissant jamais à Allah en ce qu'Il leur commande, et faisant strictement ce qu'on leur ordonne.} [Sourate 66 - Verset 6 ]

{19 - A Lui seul appartiennent tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre. Ceux qui sont auprès de Lui [Les Anges] ne se considèrent point trop grands pour L'adorer et ne s'en lassent pas. 20 - Ils exaltent Sa Gloire nuit et jour et ne s'interrompent point.} [ Sourate 21 - Versets 19-20 ]

C'est cette faculté d'avoir le choix qui a permis à Satan (mais aussi à Adam et Ève) de désobéir à Dieu selon le Coran et d'être puni pour cela.

Ils sont souvent décrits comme étant des créatures croyantes ou athées (comme l'Homme) ([sourate Adh-Dhariyat (51) / Verset 56] « Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent.»).

À ce sujet, on dit qu'un mauvais jinn qui "suivait" constamment Mahomet, finit par se convertir et devint un bon djinn bien avant sa mort, sous l'influence de Mahomet pendant ses observations.

Comme l'Homme, ils se reproduisent et vivent partout sur terre (même dans le désert ou les mers) et au milieu des hommes. Mais contrairement à l'homme qui a été créé avec la tendance à oublier (en arabe phonétique "l’insan" traduit en français donne "l’homme" mais aussi "l’être qui oublie"…), le djinn ne peut oublier quoi que ce soit et se rappelle tout ce qu'il a pu vivre, voir, entendre, etc. et ce, depuis sa naissance jusqu'à sa mort. De plus, leur force est qualifiable de surhumaine.

L'islam n'a pas empêché un certain savoir "culturel" utilisé pour la sorcellerie de se transmettre ; pourtant elle est interdite car elle est considérée comme du polythéisme et va de pair avec les djinns.

Conformément à la tradition, les musulmans croient que personne ne peut prédire l'avenir hormis Dieu, mais ils pensent qu'une personne pactisant avec un djinn pourrait savoir énormément de choses… de par leur nature. Un djinn ou plusieurs sont le secret de la force de grands magiciens.

La sorcellerie est beaucoup critiquée par les musulmans car les "faux" sorciers en plus de l'interdit sont des "charlatans" car ils donnent de faux espoirs et surtout les détournent avec leurs "clients" du chemin de Dieu.

Les vrais sorciers ont la réputation d'avoir obtenu l'apparition d'un (ou plusieurs) djinn(s) souvent à la demande du sorcier sous forme de cultes inimaginables (soumission à un djinn, sacrifice humain, etc) et au départ sans aucune promesse de succès. Pour les musulmans, si le sorcier meurt en étant soumis par exemple à un Djinn et non à Dieu, il ira malheureusement en enfer car Dieu n'accepte pas le polythéisme (ou en phonétique arabe le "shirk").

De manière générale, l'alliance entre l'homme et le djinn donne un pouvoir immense à celui ou ceux qui y participent, humain ou djinn. Le djinn peut aussi s'opposer à l'homme, ce qui représente un des deux cas, dans le bien ou le mal, mais ils peuvent tous les deux, deux à deux ou à plusieurs, créer des forces gigantesques en se complétant mutuellement, là aussi, dans le bien comme dans le mal. Dans ces conditions, ou l'homme soumet le djinn, par la volonté de Dieu, dans le sens du bien, ou seul par sa science (que Dieu lui a donné). Il est dans le mal lorsque les objectifs poursuivis sont contraires aux lois morales et spirituelles imposées par Dieu, ou lorsqu'il ne reconnait pas que sa science lui a été donné par Dieu. Généralement les deux choses sont liées. Le Coran considère que l'homme est supérieur au djinn. Les mystiques ont analysé très en profondeur ces notions, et ils disent qu'elles appartiennent au monde du secret. Ce qui signifie que les découvertes essentielles sur ces questions ne doivent pas être divulguées car elles peuvent être utilisées par les utilisateurs du mal . Gardons, pour les musulmans, ce principe de connaissance révélée par Dieu: "et il ne vous a été donné de la connaissance que si peu." (Coran) Car de toute façon, quel que soit le niveau de connaissance atteint, Dieu le surpasse ou donne à d'autres la possibilité de vous surpasser, s'il le souhaite.

Dans la littérature

Attention, il est à noter que le mot « génie » n'est pas à la base une francisation du mot « djinn ». En réalité, le terme "génie" provient du latin "genius", qui a une signification bien particulière chez les Romains : il s'agit d'une divinité attachée à une personne, un état... et qui représente sa capacité d'action. C'est de là que provient le sens commun, à savoir qu'un génie est une personne dotée d'une habileté intellectuelle remarquable. Il est possible que des écarts de traductions aient amené des confusions entre deux entités bien distinctes : le genius et le djinn, d'où une version édulcorée du génie oriental.

Il convient aussi de remarquer que dans l'arabe moderne le mot désignant un génie au sens commun du terme est ’abqari qui vient de ’abqar un oued de l'ancienne Arabie réputé comme étant un repaire de djinns.

Dans les Mille et une nuits, les djinns habitent la cité rose de Shadukiam. Le plus ancien djinn, par lequel ils jurent ou prêtent serment, se nomme Kashkash. D'après un grimoire médiéval (Le Livre du pouvoir), Ampharool est le jinn qui peut enseigner au magicien le secret du vol.

Victor Hugo a écrit un poème Les Djinns publié dans son recueil Les Orientales, qui a été mis en musique par César Franck et Gabriel Fauré.

Dans la trilogie de Bartiméus, Jonathan Stroud raconte les épreuves de magiciens pouvant invoquer des djinns, créatures malfaisantes et bien souvent antiques (comme Bartiméus). Il existe différents degrés d'esprit, principalement, du plus faible au plus fort : gnomoncule, gnome, foliot(fantastique), djinn, Éfrit, marid et d'autres innominés ainsi que d'infinies quantités d'autres créatures.

Dans Le fils du pauvre, de Mouloud Feraoun, le père de Menrad Fouroulou étant malade, on peut lire : "-Ce sont des djenouns, dit la mère, votre père se bat avec eux depuis une heure".

Références

  1. a  et b (en) Abdullah Saeed, The Qurʼan: an introduction, Routledge, 2008, 268 p. (ISBN 041542125X), p. 64-65 

Page externe : Extraits des versets du Coran dans lesquels apparaît le mot djinn : [1]

Voir aussi

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Voir « djinn » sur le Wiktionnaire.

Articles connexes

  • Faune (mythologie antique)
  • Nasna
  • Genius (mythologie romaine)

Bibliographie

  • Chlyeh A. L’univers des gnaoua. Grenoble : La Pensée Sauvage/ Le Fennec ; 1999
  • Vincent Crapanzano. Les Hamadcha. Une étude d'ethnopsychiatrie marocaine. Paris : Institut d'Édition Sanofi-Synthélabo ; 2000.
  • Tobie Nathan. Du commerce avec les diables. Paris : Les Empêcheurs de penser en rond ; 2004.
  • Edward Westermarck. Ritual and belief in Morocco (2 vol.). Londres : MacMillan ; 1926.
  • Portail des créatures imaginaires Portail des créatures imaginaires
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