Devambez

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DEVAMBEZ
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Création 1826
Fondateur(s) Édouard Devambez
Personnages clés Édouard Devambez, André Devambez, Édouard Chimot
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Activité(s) Graveur, Éditions d'Art
Site Web http://www.devambez.com


La Maison Devambez, fondée par Édouard Devambez et reprise par Georges Weil[1], est une entreprise française de gravure et d'édition de livres d'art.

Édouard Devambez fit de cette maison l'une des plus reconnues de Paris, gagnant de nombreux prix et médailles aux expositions universelles. Dans un premier temps, spécialisés dans la gravure héraldique, les boutons de livrée, les médailles, la gravure en taille douce pour cuivre et acier, les lettres de part, billets de naissance, invitations et ex-libris, Devambez élargit, dans un second temps, le savoir faire de l’atelier pour produire des publicité et des tirages d’artistes pour des marques de luxe, des livres d’art en éditions limités et ouvrirent enfin une importante galerie d’art à Paris. Devambez atteindra son paroxysme avec la publication de l'Annuaire du luxe, PAN en collaboration avec Paul Poiret.

Sommaire

Grave à Paris depuis 1826

La Maison Devambez fut fondée en 1826 au 17 du passage des Panoramas par Brasseux Jeune, graveur du roi Charles X. Hippolyte Brasseux avait la spécialité du cachet et de la médaille, de la gravure héraldique et de la gravure sur pierres dures. En 1835, la Maison Brasseux Jeune fut transférée au 5 suite aux travaux d’aménagement qui eurent lieu dans le Passage des Panoramas.

Il eut pour successeur, en 1863, Beltz, qui ne resta que sept ans dans les affaires, quand l’atelier fut repris par Édouard Devambez[2].

Édouard Devambez né le 11 mars 1844 à Saumont-la-Poterie. Il appris son métier au côté des prestigieux graveurs et ses cousins par alliance, Jules Joseph Foulonneau et Jean Henri Hillekamp installés au 4, galerie Vivienne à Paris. En épousant Catherine Veret en 1864, Édouard Devambez rentrait ainsi dans l'illustre dynastie Muret et Veret deux familles qui marquent la gravure du début du XIXe siècle.

En 1873, Édouard Devambez, achète l’atelier du 5, passage des Panoramas et déménage du 5, rue des Filles Saint Thomas.

Devambez Graveur et Impressions Artistiques

Édouard Devambez n’est pas un simple artisan, c’est un artiste (il est classé dans le Bénézit[3] comme graveur d'ex-libris). Son tempérament artistique le porte à donner une attention toute particulière aux balances de couleurs, à la bonne typographie, à la gravure et à la mise en page.

Au prix d’efforts incessants, il donne à l’atelier le renom d’exécution soignée et artistique qui lui vaut ses premières récompenses aux Expositions universelles : Médaille de bronze en 1878, médaille d’argent en 1889 à l’Exposition de Paris dans la catégorie impression de gravure artistique et peinture héraldique. Dans cette classe, on retrouve les spécialités de la Maison Devambez : l’imprimerie et industrie du livre. Gravure et fonderie des caractères d'imprimerie. Gravure sur acier, sur cuivre, sur plomb, sur bois et sur pierre. Zincographie, stéréotypie, galvanoplastie, et tous autres cliches destines aux impressions litho et typographiques. Encres et vernis. Pâtes à rouleaux. Typographie. Lithographie. Chromotypo et chromolithographie. Autographie. Imprimerie et imagerie religieuses. Timbrage. Coloriage. Dessins et pierres lithographiques. Brochures. Journaux. Registres. Reliure de luxe et ordinaire. Dorure. Fournitures, papiers, cartons, cuirs et tissus spéciaux[4].

En 1890, la Maison se déplace ; elle s’installe au 63 du Passage des Panoramas. L’atelier où Edouard Devambez a travaillé seul à ses débuts devient un magasin achalandé auquel, dès 1894, l’Élysée et l’Hôtel de Ville confient leurs travaux officiels de menus et programmes pour les réceptions des souverains étrangers. Devambez est devenu le graveur de la Maison royale de Portugal. Devambez réalise le traditionnel livre d'or pour de nombreux évènements, comme la visite du Roi d'Espagne, Roi d’Angleterre, mais aussi des livres d’Or pour l’Institut Pasteur, la Croix Rouge

Le Tsar Nicolas II de Russie et l’impératrice Alexandra Feodorovna sont à Dunkerque le 18 septembre 1901. A cette occasion, la Maison Devambez est choisie pour imprimer le menu du dîner tout comme ceux qui suivront à Compiègne dont le château fut spécialement réaménagé pour leur venue. Cette visite doit permettre de resserrer les liens diplomatiques et militaires unissant la France et la Russie. Dans la rade du port, le couple de souverains russes assiste à une grande revue navale en compagnie du président de la République, Émile Loubet, et de nombreux représentants du gouvernement.

Les Expositions universelles se succèdent avec les récompenses pour la Maison Devambez. Médaille d’or à Bruxelles en 1897, Diplôme d’Honneur à Toronto en 1898. En 1900, la Maison remporte à l’Exposition universelle de Paris une Médaille d’or dans le groupe Gravure et Impression. M. Édouard Devambez, désigné pour faire partie du Jury, est nommé Chevalier de la Légion d’honneur et obtient le titre de « Notable commerçant »].

Voici la description faite, en 1900, par M. Lahure dans son rapport sur l'Exposition universelle de Paris :

"Monsieur Devambez, artiste dans l'âme, aimant avec passion son art, celui-ci ne tarda pas à faire de la Maison Devambez une des premières maison de gravure de Paris. Toute cette exposition montrait un goût si artistique et une exécution si soignée que la réputation acquise par M. Devambez s'en serait encore accrue, si cela avait été possible."[5]

Depuis ce jour, les efforts constants de la Maison Devambez ne cessent d’être couronnées de succès et portent au premier rang dans les industries de l’Impression, de la Gravure et de l’Édition, le luxueux magasin du 63, singulièrement agrandi, lui aussi, par l’adjonction des deux boutiques voisines dans le Passage des Panoramas.

Survient la Première Guerre mondiale et son bouleversement sans nom. Dès le début, la Maison Devambez édite pour le Bureau de Propagande française à l’Étranger les pages tragiques et vengeresses d’Abel Faivre, d’André Devambez, de Steinlen, de Willette, de Forain.

Après la guerre, malgré les difficultés économiques qui surgissent, la Maison Devambez prend un essor plus vaste encore. Ses estampes se demandent de plus en plus et ses livres sont souscrits entièrement dès le moment de leur publication.

Édouard Devambez décède le 2 juin 1923, mais depuis déjà quelques années, André avait pris la succession de son père.

André Devambez

André Devambez est né le 26 mai 1867, son père a vingt-trois ans et sa mère vingt-deux. André grandit dans une ambiance artistique et décide très jeune de devenir un artiste.

Il étudie avec le portraitiste et orientaliste Jean-Benjamin Constant, et reçoit aussi des conseils de Gabriel Guay et de Jules Lefèvre à l’Académie Julian[6].

En 1899, André Devambez est élu membres de la Société des artistes français, Salon dans lequel il a l’habitude d’exposer. En 1890, il obtient le Grand Prix de Rome de Peinture.

Il y a neuf œuvres d’André Devambez présentées au musée d’Orsay à Paris, incluant son tableau le plus connu, La Charge. Cette scène de rue dramatique, peinte en 1902, montre la violente confrontation entre la police et les manifestants sur le boulevard de Montmartre, vue d’en haut. Cette perspective plongeante se retrouve régulièrement dans l’œuvre d’André Devambez. Tout comme les tableau peint souvent sur bois en petit format, connus sous le nom de « Tous-Petits ».

En tant qu’artiste, Devambez a été attiré par les scènes de la vie moderne, en 1910, il fut invité à réaliser des panneaux décoratifs pour la nouvelle ambassade de France à Vienne. Il choisit comme thème les inventions modernes, peignant le métro, un omnibus, un avion, un aéroplane. En 1934, André Devambez fut nommé, artiste officiel du nouvellement créé ministère de l’Air.

Dès son plus jeune âge, André Devambez a travaillé avec son père. Ils concevaient dans l’atelier du Passage des Panoramas, papier à lettres, menus, impressions artistiques et diverses publicités tous animés d’un fourmillement de vie qui firent le succès de la Maison Devambez. André Devambez produisit un nombre considérable de dessins, y compris un album de douze eaux fortes, issus d’un tirage limité à 150 exemplaires en 1915. Les douze gravures de ce rare album représente des scènes de la Première Guerre mondiale, avec les titres suivants : Le Froid, Les Trous d’obus, Le Bouclier, L’Incendie, Un Schraprell, La Pluie, L'Espionne, Les Otages, Gare la Marmite, Les Réserves, Le Charbon, Le Fou.

André Devambez a aussi écrit et illustré des livres. Auguste a Mauvais Caractère (Devambez, 1913), est un livre pour enfants avec ses illustrations coloriées à la main par le maître pochoir stencil technique, Jean Saudé ; les illustrations originales furent présentées à une exposition l’année suivante au Palais de Glace. Ce fut le premier d’un grand nombre de livres pour enfants, Histoire de la petite Tata et du gros patapouf et les Aventures du Gros Patapouf et Les Aventures du Capitaine Mille-Sabords. Ces histoires d’enfants prirent naissance probablement lorsqu’André racontait des histoires à ses deux enfants, l’archéologiste et conservateur des antiquités grecques et romaines du Louvre, Pierre Devambez (1902-1980) et sa fille Valentine (1907-19) artiste…

Les livres illustrés par André Devambez inclus Émile Zola, La Fête à Coqueville (Eugène Fasquelle, 1899), Charles Le Goffic, Le Poilu a Gagné la Guerre (1919), et Claude Farrère, Les Condamnés à Mort (Édouard-Joseph & L’Illustration, 1920). Il réalisa aussi de nombreuses illustrations dans le Figaro Illustré, Le Rire, et l’Illustration.

Arsène Alexandre du journal Le Rire écrira en 1913 « Devambez nous livre un spectacle extrêmement vivant et toujours imprévu, bien qu’il soit emprunté à la réalité la plus stricte. Devambez fait non seulement du fantastique avec le réel, mais il fait aussi du réel avec le fantastique. »

Galerie Devambez

La galerie Devambez ouvre au 43, boulevard Malesherbes en 1897, galerie d’exposition et de vente de tableaux, à deux pas de la place Saint-Augustin, dans la direction même où se déplace le centre des affaires et de la vie élégante.

Au début, la galerie Devambez se borne à la vente des estampes modernes, de cette sélection de lithographies originales, de gravures en couleurs, de pointes-sèches ou de fac-similés d’aquarelles où se lisent les signatures des meilleures artistes contemporains. Le musée du Louvre, fermé, installe pendant plus d’une année à la galerie, boulevard Malesherbes, le service de vente des estampes de la Chalcographie[7].

Dans le premier catalogue d’Estampes d’Art, Éditions de grand luxe de la Galerie Devambez, on retrouve en édition limitée les artistes suivants : Adler, Baudoux, Berthoud, Boichard, Brouet, Bernard Boutet de Monvel, Bucci, Georges Cain, H. Chabanian, G. Charpentier, Damman, Désiré Lucas, Mme Destailleurs-Sevrin, Henry Caro-Delvaille, André Devambez, Duchemin, Adrien Étienne (Drian), Fraipont, Pennequin, Albert Guillaume, Labrouche, Herbeaud, J.B Huet, Maurice Leloir, Augustin Lesage, Lorrain, R. Lorrain, Mignot, Mordant, Maurice Neumont, Gabriel Nicolet, Plasse, Richard Ranft, Rochegrosse Simont, Maurice Taquoy, Raymond Woog, Waidmann.

Devambez publia aussi des éditions limitées de tirages par des artistes tel que Guy Arnoux (Tambours et Trompettes, 10 tirages pochoirs publiés en 1918)[8].

Il n'existe pas de liste complète des expositions qui se sont tenues à la Galerie Devambez de 1907 à 1931. Cependant de nombreux catalogues peuvent être consultés au Musée des Arts Décoratifs de Paris.

Le premier essai d’Exposition dans les nouveaux salons de la Maison Devambez, en 1908, démontre l’excellence de l’emplacement choisi par la Galerie. Dans ce foyer mondain du boulevard Malesherbes, le tout-Paris défile devant les Expositions successives, entre autres celle de 150 dessins de Rodin, que la galerie Devambez est la première à présenter dans une grande exposition du 19 octobre au 5 novembre 1908.

Cette exposition posera la direction artistique de la galerie. Les expositions qui vont se succéder à la Galerie vont avoir un impact sur l'évolution de l'art moderne après la Première Guerre Mondiale. La première exposition d'Art Premier et d'Art Océanien[9] eut lieu à la Galerie Devambez et fut organisée par Paul Guillaume en 1919, avec un catalogue d'Henri Clouzot et un texte introductif de Guillaume Apollinaire. Apollinaire qui est décédé l'année précédente avait collaboré avec Paul Guillaume sur les premières études des sculptures d'art primitif. Cette exposition faite à partir des pièces de la collection privée de Paul Guillaume, allait placer l'art primitif au centre du modernisme.

Les artistes qui vont exposer à la Galerie Devambez sont dans une liste non exhaustive : Mary Cassatt, Armand Guillaumin, Claude Monet, Pierre-Auguste Renoir, Auguste Marquet, Paul Signac, Raoul Dufy, Maurice Vlaminck, Henri Matisse, Georges Braque, Pablo Picasso, Amedeo Modigliani, Tsugouharu Foujita, et Giorgio de Chirico.

L’Exposition de Peinture moderne organisée par M. Paul Guillaume à la galerie Devambez du 27 janvier au 12 février 1920 avec un texte d’introduction de Guillaume Apollinaire est considéré comme un tournant dans l’histoire de l’art moderne. Picasso présenta quatre œuvres : Tête, Buste, Nature morte, et Nu de Femme. Modigliani en présenta douze : La Demoiselle du dimanche, Portrait de Jean Cocteau, La Dame au médaillon, La Collerette blanche, La jolie Fille rousse, Le Liseré noir, Madam Pompadour, Femme au fauteuil, Beatrice, L’Enfant gras, La Rouqine, Tête de Femme, et Raymond. Matisse présenta une peinture, Les Trois sœurs, et quatre sculptures en bronze : Le Serf, Femme accroupie, Tête de femme, et Torse de fillette. Giorgio de Chirico dont l’œuvre Il Ritornante, fut aussi présenté à cette exposition, elle fut vendue lors de la vente Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent à Christie's en février 2009 pour 11 041 000 € (14 285 461)[10].

Le texte introductif du catalogue de l'exposition[11] rédigé par Apollinaire commence ainsi :

"Les grands poètes et les grands artistes ont pour fonction de renouveler sans cesse l'apparence que revêt la nature aux yeux des hommes.
Sans les poètes, sans les artistes les hommes s'ennuieraient vite de la monotonie naturelle. L'idée sublime qu'ils ont de l'univers retomberait avec une vitesse vertigineuse. L'ordre qui paraît dans la nature et qui n'est qu'un effet de l'art s'évanouirait aussitôt. Tout se déferait dans le chaos. Plus de saisons, plus de vie même et l'impuissante obscurité règnerait à jamais. Les poètes et les artistes déterminent de concert la figure de leur époque et docilement l'avenir se range a leur avis. »

Ces deux expositions dirigées par Paul Guillaume vont redéfinir l'esprit la direction du modernisme dans l'Art qui se développe après la Première Guerre mondiale.

La galerie Devambez accueillait les expositions annuelles du Salon de l'Araignée de Gus Bofa, la Société des peintres-graveurs, et la Société des peintres lithographes.

Les Éditions d'Art Devambez

Depuis longtemps établit comme imprimeur, Devambez se lance comme éditeur de livres au début du XXe siècle, avec un premier livre en 1908 sur la place Vendôme.

Les livres étaient publiés simplement sous le nom de Devambez, de Devambez Éditions de Luxe, ou encore À l’Enseigne du Masque d’Or, Devambez ; C'est aussi sous le nom du Masque d’Or que furent publiés deux magnifiques almanachs Art nouveau pour les années 1921 et 1922, illustrés aux pochoirs par Édouard Halouze.

Entre 1906 et 1932 Devambez publia environ 70 livres, généralement illustrés. La maison d'édition avait son siège au 23, rue Lavoisier.

La nomination d'Édouard Chimot en 1923 comme Directeur Artistique des impressions artistiques, Les Éditions d’Art Devambez, ouvra une nouvelle ère à Devambez.

Chimot fit parti de ces artistes qui porta le symbolisme esthétique vers la période des Arts décoratifs. Les années 20 furent ses années fastueuses. À cette période, son art fut à son apogée et le plus original.

De plus, à cette époque l'influence de Chimot était prépondérante sur la scène artistique parisienne.

En tant que directeur artistique des Éditions d’Art Devambez, Édouard Chimot travailla étroitement avec des artistes tels que Pierre Brissaud, Edgar Chahine, Tsugouharu Foujita, Drian, Jean Droit, Henri Farge, and Alméry Lobel-Riche.

Les livres étaient publiés par André Devambez sous la direction de Chimot, et étaient illustrés de dessins originaux dans des éditions d'art strictement limités à quelques centaines de copies.

En 1929, Devambez publia un catalogue raisonné, simplement intitulé Les Éditions d’Art Devambez, avec un tirage exclusif de 100 exemplaires, à offrir à ses proches collaborateurs et ses meilleurs clients, cet ouvrage contient des épreuves de tirages de tous les livres publiés entre 1923 et 1929. Chaque exemplaire est numéroté et signé par Édouard Chimot avec le nom de la personne à qui l'ouvrage est destiné. Un grand nombre des livres sont déjà épuisés. Ce catalogue n'est pas un outil commercial mais il représente la somme du travail accomplit en six ans. Pour réaliser ces 100 livres, l'éditeur a dû rassembler des tirages de travail pour les offrir à ses amis et bibliophiles. Chaque livre étant unique.

“Ce n’est pas un catalogue de reproductions que nous lui offrons, mais les précieux défets des livres eux-mêmes: les eaux-fortes du tirage et les feuilles typographiques du tirage, imprimées sur les différents papiers employés pour chaque édition.”

Les artistes qui collaborèrent aux Éditions d’Art Devambez sont les maîtres de l'Art Nouveau tels que Pierre Brissaud et Drian. Drian né Adrien Desiré Étienne, en Lorraine. La châtelaine de la région le pris sous son aile portant un intérêt à ce talentueux jeune homme, mais elle fut horrifiée par son désire de devenir un artiste. Ainsi lorsque Adrien Étienne s'installa à Paris pour étudier à l'Académie Julian, il prit le pseudonyme Drian. Il est souvent cité sous le nom d'Adrien Drian ou Étienne Drian, mais les deux sont incorrects: son nom est Drian seul, comme Erté.[12]

Chimot collabora avec un large éventail d'artistes du monde entier qui s'étaient installés à Paris dans les années 20 : William Walcot, artiste anglais, né à Odessa d'une mère russe ; Edgar Chahine et Tigrat Polane étaient tous deux des émigrés arméniens ; Tsugouharu Foujita, connu de ses amis de Montmartre sous le nom de Léonard, fut l'artiste qui plus que tous les autres artistes japonais introduisit l'art japonais à la sensibilité occidentale.

Édouard Chimot, lui-même, fut le plus prolifique, réalisant des tirages originaux pour les Éditions d’Art Devambez, illustrant Les Chansons du Bilitis, Les Poésies de Méléagre, Les Belles de Nuit, La Femme et le Pantin, et Verlaine Parallèlement.


Catalogue des ouvrages publiés par Les Éditions d’Art Devambez[13]

Il semble qu'il y ait un ouvrage qui fut publié qui n'apparaît pas dans le catalogue ci-dessus mais qui fait partie de la série, peut-être parce que le thème était trop osé pour l'époque :

  • Petite Mythologie Galante à l'usage des Dames, Les Dieux Majeurs, ill. André Lambert, 1928

Trois titres furent annoncés pour l'année 1930 mais n'ont jamais été publiés :

Devambez et la publicité

Devambez est un pionnier en matière de communication. Ils produient des affiches, catalogues (par exemple le catalogue Chrysler réalisé par Valerio) ainsi que des documents commerciaux. Un article dans Commercial Art Magazine de mai 1828 souligne que Devambez a déjà découvert les secrets pour créer une marque.

“In direct advertising he devotes particular attention to arousing the interest of possible buyers by objects which are not specific advertisements, but create a favourable disposition towards the advertiser on whose behalf they are produced.”[14]

Durant la Première Guerre mondiale, Devambez créa de nombreux posters pour le Bureau de la Propagande française à l'étranger réalisés par des artistes comme Abel Faivre, André Devambez,Théophile-Alexandre Steinlen, Adolphe Willette, et Jean-Louis Forain.[15]

De 1921 à 1936 Devambez eu un contrat exclusif avec le plus connus des affichistes de son époque, Leonetto Cappiello. Ses affiches les plus connues furent pour les Parapluies Revel, La Belle Jardinière, Cachou Lajaunie, Bouillons Kub, et le Théâtre National de l’Opéra[16]. Une exposition de son oeuvre eut lieu à la galerie Devambez de février à mars 1923.

D'autres artistes qui réalisèrent des affiches pour Devambez sont Lucien Boucher, Roger de Valerio, et Victor Vasarely[17].

PAN, Annuaire du Luxe à Paris, Paul Poiret

La Maison Devambez construisit des liens étroits avec les grandes maisons parisiennes. En 1927, le livre les Arcades des Champs Elysées célèbre le travail de l'architecte Marcel Duhayon. Marcel Duhayon est l'architecte des hotels parisiens de grand luxe : Royal Monceau, Hotel Commodore, Hotel California, Grand Hotel des Ambassadeurs. Il était l'oncle de Suzanne Goyard, la femme de François Goyard, arrière petit-fils du fondateur de la Maison Goyard, malletier à Paris depuis 1853.

Les enseignes de luxe étaient célébrées au pochoir dans des illustrations d'Édouard Halouze dans l'Almanach du Masque d'Or, on y retrouve Cartier. Des maisons comme Moët et Chandon rejoignèrent Jeanne Lanvin, la Compagnie Générale Transatlantique et les chemins de fer français, tous commissionnèrent des catalogues commerciaux chez Devambez.

Le plus prestigieux de tous ces travaux fut celui réalisé en 1928 avec Paul Poiret lors de la publication de Pan, Annuaire du luxe à Paris aux Éditions Devambez. Ce très bel annuaire réunit presque tous les grands noms du commerce de luxe de l'époque. Publié et conçu par Paul Poiret, il est illustré de 116 planches en noir et en couleurs par les plus grands artistes contemporains dont Bellaigue, Lucien Boucher (Au Printemps), Cocteau, Mlle Colin, Crozet, La Jarrige, Deluermoz, Raoul Dufy (La Baule), Dupas, Yan B. Dyl, Fau, Foujita, Gus Bofa (Madeleine Vionnet), Édy Legrand, Libiszewski, Charles Martin, Mourgue, Sem (Maxim’s), Touchagues, Roger de Valerio (Devambez), Van Moppès, etc. Cet album offre un panorama important sur la publicité des années vingt : Van Cleef & Arpels, Judith Barbier, Mitsubishi, Maigret, Hermès, Lanvin, Callot Soeurs, Maxim's, Galeries Lafayette, Jane Régay, Les gants Jouvin, La Tour d'Argent, Madeleine Vionnet, Worth, Moulin Rouge et Devambez.

Malgré la beauté et le succès artistique des livres édités par Chimot aux Éditions d'Art Devambez, Pan fut probablement le projet le plus exclusif jamais réalisé.

Sources

  • Agnès Callu, La réunion des Musées Nationaux 1870-1940, p 258.
  • Anon. “The Work of The Maison Devambez”, Commercial Art Magazine, mai 1928
  • Guillaume Apollinaire, Apollinaire on Art: Essays and Reviews 1902-1918 (MFA Publications, 2001)
  • Janine Bailly-Herzberg, L’Estampe en France 1830-1950 (Arts et Métiers graphiques, 1985)
  • E. Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des Peintres, Sculpteurs, Dessinateurs et Graveurs (Gründ, 14 vols, 1999)
  • J.-L. Bernard, Édouard Chimot 1880-1959: bibliographie des oeuvres illustrés, 1991
  • [Édouard Chimot], Les Éditions d’Art Devambez (Éditions d’Art Devambez, 1929)
  • Colette Giraudon, Paul Guillaume et les Peintres du XXe siècle (La Bibliothèque des Arts, 1993)
  • Paul Guillaume, “A New Aesthetic”, Les Arts à Paris, 15 mai 1919
  • Sieglinde Lemke, Primitive Modernism: Black Culture and the Origins of Transatlantic Modernism (Oxford University Press, 1998)
  • Luc Monod, Manuel de l’amateur de livres illustrés modernes 1875-1975 (Ides et Calendes, 1992)
  • Pierre Mornand, Trente Artistes du Livre (Éditions Marval, 1945)
  • Pierre Mornand, Vingt-Deux Artistes du Livre (Courier Graphique, 1948)
  • Pierre Mornand, Vingt Artistes du Livre (Courier Graphique, 1950)
  • Marcus Osterwalder, Dictionnaire des Illustrateurs, 1800-1965 (Ides et Calendes, 3 vols, 2000)
  • Maurice Rat, Édouard Chimot (Henri Babou, 1931)
  • W. J. Strachan, The Artist and the Book in France (Peter Owen, 1969)
  • Martin Wolpert & Jeffrey Winter, Figurative Paintings: Paris and the Modern Spirit (Schiffer, 2006)


Citations

  1. Agnès Callu, La réunion des Musées Nationaux 1870-1940 p 258.
  2. [Chimot], Les Éditions d’Art Devambez, 1929, Introduction pp.I-V.
  3. Bénézit, Dictionnaire des Peintres, Sculpteurs, Dessinateurs et Graveurs.
  4. Rapport Groupe II Classe 11, 'Exposition Universelle 1878', Gravure et Peinture Héraldique, 1878.
  5. Rapport Groupe III Classe 11, 'Exposition Universelle 1900', Imprimerie et Industrie du Livre, 1900.
  6. Bénézit, Dictionnaire des Peintres, vol. 4, p.524.
  7. [Chimot], Les Éditions d’Art Devambez, 1929, Introduction p.IV.
  8. Catalogue d’estampes d’art de la galerie Devambez (un exemplaire se trouve: Bibliothèque nationale de France, Paris.)
  9. Lemke, Primitive Modernism, 1998, pp.35-41: Paul Guillaume. 'A New Aesthetic', 1919.
  10. cf. CatalogueChristie's.
  11. Catalogue d’exposition de la Galerie Devambez." (Un exemplaire se trouve : Bibliothèque nationale de France, Paris.)
  12. Marcus Osterwalder, Dictionnaire des illustrateurs 1890-1945, 1992, p.321.
  13. [Chimot], Les Éditions d’Art Devambez, 1929: Monod, Manuel de l’Amateur des Livres illustrés modernes, 1992.
  14. Anon., 'The Work of the Maison Devambez', Commercial Art Magazine, mai 1928.
  15. [Chimot], Les Éditions d’Art Devambez, 1929, Introduction, p.III.
  16. Jack Rennert, The Posters of Leonetto Capiello, 2007.
  17. Bénézit, Dictionnaire des Peintres, vol. 14, p.59.

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