v · Godefroy Engelmann pour désigner son procédé d'impression lithographique en couleurs, fondé sur la quadrichromie, et à l'origine du procédé d'impression offset. Engelman avait d'abord proposé le terme de lithocolore, et l'abandonna ensuite.
Love Spring, chromolithographie par Franziska Schultze
Dès l'invention du procédé lithographique par Aloys Senefelder, se posa la question de la couleur. Senefelder lui-même a imprimé des lithographies en plusieurs couleurs, en utilisant plusieurs pierres, une pour chaque couleur. D'autres tentèrent d'appliquer plusieurs couleurs sur la même pierre, avec des succès variables. Le mérite d'Engelmann sur ses nombreux concurrents est d'avoir mis au point une méthode à la fois théorique : l'emploi des trois couleurs primaires, le cyan (bleu), le jaune et le magenta (rouge), auxquelles on ajoute le noir, pour obtenir toutes les teintes et les nuances possibles (ce qui constitue toujours le principe de l'impression en couleurs actuelle, ou quadrichromie), et pratique : la mise au point de presses lithographiques munies de systèmes élaborés pour obtenir un bon repérage des impressions successives. Habituellement le papier était légèrement humidifié : Engelmann supprima cette obligation qui occasionnait des déformations, et donc de mauvais repérages. Il imprimait sur les quatre pierres le contour léger du dessin pour le retravailler ensuite pour ajouter les couleurs. Rien n'interdirait du reste d'utiliser un nombre beaucoup plus grand de couleurs.
Extension de la chromolithographie
« Chromos »
Au cours du XIXe siècle, la chromolithographie se développa et se perfectionna, touchant tous les domaines, dont celui du commerce avec toutes les formes de publicité: affiches, cartes commerciales, catalogues, calendriers, images de pain d'épices, ou autres images à collectionner. Outre l'imagerie populaire, et les images religieuses, morales et patriotiques, largement diffusées par le colportage, se développa l'édition de livres illustrés pour les enfants, de jeux, d'images à découper et à assembler, de cartes géographiques pour les écoles, ainsi que de reproductions d'œuvres d'art, telles l'Angélus de Millet, qui encadrées, ornaient les intérieurs populaires et bourgeois, ou encore de vues « souvenirs » de sites touristiques, à partir de photographies en noir et blanc remises en couleurs.
L'abondance de la production chromolithographique conduisit à considérer avec un certain mépris les images qu'on appela chromos, volontiers accompagnées des adjectifs plutôt péjoratifs pompiers et saint-sulpiciens. C'est oublier que les grands artistes de l'affiche, depuis Chéret, et Toulouse-Lautrec, ont utilisé la chromolithographie.
Le terme chromo, conjointement, est utilisé aux États-Unis sous l’impulsion du lithographe américain Louis Prang qui s’initia à la chromolithographie lors d’un voyage à Paris en 1846, et qui eut une abondante production de cartes postales[1].
Évolutions stylistiques et techniques
Le dessin direct, dans l’affiche et les divers documents imprimés, de lettres ornées, colorées, déformées, suscite l'apparition dans le domaine de la typographie d'une floraison de caractères fantaisistes en plomb, utilisés pour la publicité et les titrages, pas toujours du meilleur goût eu égard aux normes typographiques, car dessinés par des artistes sans formation spécifique de créateur de caractères. L'impression chromolithographique sur des supports nouveaux, comme les vitrauphanies, destinées à l'origine à faire de faux vitraux, permet d'imprimer des emballages, des boîtes de sardines, des plaques de métal, ou des imitations à bon marché de vitraux, pour les appartements bourgeois et les églises[2]. On n'hésite pas à combiner des impressions or, des gaufrages, des découpes. Les lourdes pierres lithographiques sont progressivement remplacées par des plaques en zinc, plus maniables, plus faciles à entreposer et permettant de plus grands tirages. L'américain Benjamin Day (1838-1916) invente un procédé de teintes en aplat, par superposition de trames de valeurs différentes: le Benday, qui subsiste jusque dans les années 1970 dans l'impression offset.
Cette technique va perdurer jusqu'après la seconde guerre mondiale, peu à peu remplacée par l'impression offset, mais à des niveaux de créativité et d’originalité bien moindres, devant des impératifs croissants d’économie et de rentabilité.
↑Daniel Boorstin, Histoire des Américains, édition française, 1993, p 1033
↑ Hervé Cabezas, Le décor des baies de Saint-Louis-des-Français à Rome : une alternative au vitrail au XIXe siècle, Mélanges de l’école française de Rome, 1991, volume 103, n° 103-2 pp. 681-706
Michael Twyman, Images en couleur, Godefroy Engelmann, Charles Hullmandel et les débuts de la chromolithographie, Paris, Éditions du Panama / Lyon, Musée de l'Imprimerie, 2007. (ISBN 978-2-7557-0286-6)
Jörge de Sousa Noronha, La mémoire lithographique, 200 ans d'images, Paris 1998. Edition Art & Métiers du livre. (ISBN 2-911071-12-3)
CHROMOLITHOGRAPHIE — Procédé de lithographie permettant d’obtenir des tirages en plusieurs couleurs par impressions successives. Le dessin est tracé sur une pierre parfaitement lisse avec un crayon gras ou encore une encre grasse; le gras est fixé sur la pierre par… … Encyclopédie Universelle
Chromolithogrăphie — (v. gr.), farbiger Steindruck, wobei für jede Farbe eine besondere Zeichnung auf einer besonderen Tafel angefertigt ist. Derartige farbige Bilder machen einen dem des Aquarell ähnlichen Effect … Pierer's Universal-Lexikon
Chromolithographie — (griech.), s. Lithographie und Ölfarbendruck … Meyers Großes Konversations-Lexikon
Chromolithographie — Chromolithographie, farbiger Steindruck, s. Lithographie, Farbendruck … Lexikon der gesamten Technik
Chromolithographie — Chromolithographīe (grch.), s. Lithographie … Kleines Konversations-Lexikon
CHROMOLITHOGRAPHIE — n. f. Impression lithographique en couleurs et, par extension, Image obtenue par la chromolithographie … Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)
Chromolithographie — Spiegelbildliche Steinplatte und seitenrichtiger Abdruck einer Karte von München Als Lithografie bzw. Lithographie (v. altgriech.: λίθος lithos, „Stein“ und … Deutsch Wikipedia