- Andre Suares
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André Suarès
André Suarès Activité(s) Poète
Essayiste
Dramaturge
Pamphlétaire
Critique littéraireNaissance 12 juin 1868 Décès 7 septembre 1948 Mouvement(s) La Nouvelle Revue Française Œuvres principales - Voyage du Condottière (1910-1932)
- Vues sur l'Europe (1936)
- Le Paraclet (posthume)
André Suarès, né à Marseille le 12 juin 1868 et mort à Saint-Maur-des-Fossés le 7 septembre 1948, est un poète et écrivain français.
Gabriel Bounoure l'a défini comme « le grand témoin de la grande crise de sa génération, quand on ne pouvait même pas croire à la vie, sauf sous cette forme sublime qu'on appelle art. »
Sommaire
Jeunesse
Né à Marseille, d'un père juif et d'une mère catholique, Isaac-Félix Suarès perd sa mère à sept ans avant de voir son père sombrer dans une longue agonie. Lycéen aux qualités précoces, il obtient, à seize ans, le premier prix du Concours général de français ; il est alors remarqué par Anatole France, qui lui consacre une chronique dans son feuilleton du Temps.
Reçu troisième à l'École normale supérieure, il devient, rue d'Ulm, le compagnon de thurne de Romain Rolland. Il échoue trois ans plus tard à l'agrégation d'histoire. Ruiné, sans ressources après la mort de son père, il vit en reclus à Marseille jusqu'en 1895.
Il surmonte ce naufrage grâce à la sollicitude de son frère Jean, officier de marine, qui meurt accidentellement en 1903, de sa soeur Esther, de ses oncles maternels, les Cohen, et de Maurice Pottecher, fondateur du Théâtre du Peuple. Il entre alors dans une intense période de création et ne cesse de publier, en tout genre, parfois grâce à l'appui de mécènes fidèles, dont la comtesse Thérèse Murat, l'industriel Edouard Latil et le patron de la Samaritaine, Gabriel Cognacq.
Voyage du Condottière
En 1893, André Suarès fait à pied un voyage en Italie, dont il tire la matière du Voyage du condottière, contenant entre autres, les descriptions de Venise, de Florence, de Sienne, mais aussi de Gênes ou de Sansepolcro, mais encore d'artistes comme Giotto, Dante, Piero della Francesca, Fra Angelico, Léonard de Vinci, Luca Signorelli, Botticelli, Michel-Ange, Véronèse, Monteverdi ou Titien.
De ce maître livre, unique en son genre, à la fois précis de voyage et traité métaphysique, Jean d'Ormesson a pu écrire dans Odeur du temps : « Pour le voyageur qui veut connaître de l'Italie, de son art, de son âme, autre chose que l'apparence la plus superficielle, le Voyage du condottière sera un guide incomparable. De Bâle et Milan, à Venise à Florence, à Sienne, en passant par toutes les petites villes de l'Italie du Nord, pleines de chefs-d'œuvre, de souvenirs et de couleurs, Suarès nous entraîne avec un bonheur un peu rude où la profondeur se mêle au brillant et à la subtilité. De tous, des artistes comme des villes, il parle avec violence et parfois avec injustice, toujours sans fadeur et sans le moindre lieu commun. »
Un des fondateurs de la NRF
Il est, à partir de 1912, l’un des quatre animateurs de La Nouvelle Revue française (NRF), avec André Gide, Paul Claudel et Paul Valéry. Dans son Journal, en décembre 1944, André Gide écrit : Valéry, Claudel, Suarès et moi, tous quatre piliers de La Nouvelle Revue française ; tous quatre peu férus de « succès », ayant en grande horreur battage et réclame et chacun soucieux de ne devoir qu'à sa propre valeur les lauriers.
Il collabore à La Nouvelle Revue française à deux reprises : de 1912 à 1914, puis de 1926 à 1940. Jean Paulhan est l'artisan de son retour au sein de la revue, d'où il avait été « banni » par Jacques Rivière, avec lequel il entretenait des rapports difficiles. (Celui-ci l'avait pourtant défini comme l'un des cinq plus grands écrivains du début du XXe siècle, au même titre qu'André Gide, Paul Claudel, Charles Péguy et Charles-Louis Philippe.)
Dans les années 1920, il devient, avant André Breton et Louis Aragon, le conseiller principal de Jacques Doucet qu’il assiste dans la confection de sa bibliothèque.
Esprit libre qui débat de philosophie, religion, science, politique, peinture - nourri de culture grecque, découvreur de talents et résolument tourné vers l'avenir -, il reçoit le grand prix de la Société des gens de lettres en 1935, puis obtient le grand prix de littérature de l'Académie française.
En juin 1940, quelques jours avant l'arrivée des Allemands, il quitte Paris pour Bonnat, dans la Creuse, aidé par Mme Audoux-Desmaisons, la directrice du Cours Maintenon. Il y reste plus d'un an. Il se réfugie ensuite à Antibes, puis à Pontcharra-sur-Turdine où il est caché par le poète dadaïste Pierre de Massot.
Poursuivi par la Gestapo et la Milice, Suarès ne réapparaît qu'en 1945.
Perspectives
Gaétan Picon a écrit de lui : Parmi les plus belles pages de ce demi-siècle, il faut compter celles que sa ferveur dédie aux plages et à la mer bretonnes, aux villes d'Italie traversées par le condottière, au ciel changeant d'Île-de-France, et à tous les génies fraternels.
Quatre-vingts livres édités de son vivant et une trentaine d’œuvres posthumes : son œuvre est une énorme nébuleuse d’où émergent des recueils de poèmes - Airs, Bouclier du Zodiaque, Rêves de l'ombre - , des biographies ou des études consacrées à Tolstoï, Dostoievski, Villon, Ibsen, Pascal, Molière, Mallarmé, Péguy, Stendhal, Baudelaire, Rimbaud, Cervantès, Shakespeare, Goethe ou Napoléon, des récits de voyages, tels Voyage du Condottière, des portraits de villes, tels Marsiho ou Cité, nef de Paris, des études sur les grands musiciens, tels Bach, Beethoven, Wagner ou Debussy, des tragédies inspirées de l’antique, La Tragédie d'Elektre ou Hélène chez Archimède, des pensées et des aphorismes comme Voici l'Homme, Sur la vie, Remarques,Variables,Valeurs, des pamphlets où il prend la défense du capitaine Alfred Dreyfus, combat l’impérialisme prussien et dénonce, dès 1933, les dangers mortels du nazisme dans Vues sur l'Europe.
À sa mort, André Suarès laisse 20 000 pages inédites et un manuscrit inachevé dans lequel se dessine l’unité de son œuvre, Le Paraclet.
Poète en tous écrits, prophète par vocation, il n'a cessé de chercher la réalisation intérieure. Écartelé entre le désir d'accomplir son moi et le souci d'intervenir dans les affaires du monde, il a mené une quête fervente de la grandeur. Condottière de la beauté, il a aimé l'Europe dans la diversité de ses génies. Son écriture, brûlant d'un feu souterrain, manifeste une exubérance maîtrisée. Dans ses derniers livres, il pratique une esthétique du discontinu d'une étonnante modernité.
Réception
Roger Nimier a dit de lui dans L'Élève d'Aristote (Gallimard, 1981, p. 220) : « Suarès mourut misérable et oublié, après avoir écrit sur Retz, sur Tolstoï, sur Napoléon, d'une manière incomparable, qui prouve une respiration égale à celle du génie. »
Pourfendeur de toutes les dictatures, visionnaire, insurgé, André Suarès est l'un des écrivains les plus secrets de la littérature française. Henri Bergson, Charles Péguy, Jacques Copeau, Paul Léautaud, Marcel Jouhandeau, Stefan Zweig ou Miguel de Unamuno le considéraient comme un de leurs pairs.
Il eut également des liens profonds avec certains des artistes majeurs de son temps comme Antoine Bourdelle, Georges Rouault, Gabriel Fauré, Henri Matisse, Paul Dukas, Louis Jouvet, Erik Satie et Pablo Picasso.
Il eut enfin un ascendant reconnu sur des écrivains plus jeunes comme Alain-Fournier, André Malraux, Henry de Montherlant, Maurice Blanchot, Gabriel Bounoure, Jean de Bosschère, Gilbert Lely, Louis-René des Forêts, voire Yves Bonnefoy, Jude Stéfan, Richard Millet ou Pierre Michon.
Œuvres
- Littérature
- Lettres d’un solitaire sur les maux du Temps(1899)
- Images de la grandeur (1901)
- Le livre de l'émeraude (1902)
- Sur la mort de mon frère (1904)
- Le voyage du Condottière : Vers Venise (1910)
- Xénies (1923)
- Saint-Juin de la Primevère (1926)
- Clowns, les 49 ronins du quai Malaquais (1927)
- Marsiho (1931)
- Cirque (1932)
- Le Voyage du Condottière : Florence (1932)
- Le Voyage du Condottière : Sienne la bien-aimée (1932)
- Cité, nef de Paris (1933)
- Le crépuscule sur la mer (1933), réédition partielle du Livre de l'émeraude
- Temples grecs, maisons des Dieux (1937)
- Cantique des cantiques (1938)
- Passion (1939)
- Paris (1950), posthume
- Rosalinde sur l'eau (1950), posthume
- Le Paraclet(1976), posthume
- Vita-Nova (1977), posthume
- Talisman d'Avila (1980), posthume
- Ce monde doux-amer (1980), posthume
- Don Juan (1987), posthume
- Landes et marines (1991), posthume
- Provence (1993), posthume
- Rome (1998), posthume
- Poésie
- Éloge d’Homère par Ronsard (1886)
- Airs (1900)
- Bouclier du zodiaque(1907)
- Lais et sônes (1909)
- Amour (1917)
- Sous le pont de la Lune (1925)
- Haïkaï de l'occident (1926)
- Soleil de Jade (1928)
- Poèmes du temps qui meurt (1929)
- Rêves de l’ombre (1937)
- Antiennes du Paraclet (1976), posthume
- Caprices (1977), posthume
- Poétique (1980), posthume
- Théâtre
- Les Pèlerins d’Emmaüs (1893)
- La Tragédie d’Élektre et Oreste (1905)
- Cressida (1913)
- Les bourdons sont en fleur (1917)
- Polyxène (1925)
- Hélène chez Archimède (1949), posthume
- Minos et Parsiphaé (1950), posthume
- Ellys et Thanatos (1978), posthume
- Critiques littéraires
- Tolstoï (1899)
- Wagner (1899)
- Le portrait d'Ibsen (1908)
- Visite à Pascal (1909)
- Tolstoï vivant (1911) - réédition enrichie de l'édition de 1899
- Dostoïevski (1911)
- Trois Hommes : Pascal, Ibsen, Dostoïevski (1913)
- François Villon (1914)
- Chroniques de Caërdal : Portraits (1914)
- Péguy (1915)
- Cervantès (1916)
- Poète tragique : portrait de Prospero - sur Shakespeare(1921)
- La Bièvre, Delvau, Huysmans, Mithouard (1922)
- Puissance de Pascal (1923)
- Stendhal, Verlaine, Baudelaire, Gérard de Nerval et autres gueux (1923)
- Goethe le grand Européen (1932)
- Portraits sans modèle (1935)
- Trois Grands Vivants, Cervantès, Tolstoï, Baudelaire (1937)
- Essais et pamphlets
- Chroniques du Lieutenant X (1900)
- Voici l’homme, (1906)
- Sur la vie Tome I (1909), Tome II (1910), Tome III (1912)
- De Napoléon(1912)
- Idées et Visions (1913)
- Chroniques de Caërdal : Essais (1913)
- Commentaires sur la guerre des boches : Tome I, Nous et eux (1915), Tome II, C'est la guerre (1915), Tome III Occident (1915), Tome IV, La nation contre la race, la fourmilière (1916), Tome V La nation contre la race, République et barbares (1916)
- Remarques (1917-18)
- Tombeau de Jean Letellier, un jeune soldat de la grande guerre (1920)
- Debussy (1922)
- Présences (1925)
- Musique et poésie (1928)
- Variables, (1929)
- Le martyre de Saint-Augustin (1929)
- Musiciens (1931)
- Vues sur Napoléon (1933)
- Vues sur l’Europe (1936)
- Valeurs, (1936)
- Remarques
- Présentations de la France 1940-44 (1951), posthume
- Pour un portrait de Goya (1983), posthume
- Âmes et visages (1989), posthume
- Portraits et préférences (1991), posthume
- Idéées et visions (2002), posthume - anthologie coll. Bouquins Tome I
- Valeurs (2002), posthume - anthologie coll. Bouquins Tome II
- Correspondance
- Correspondance avec Paul Claudel (1951)
- Correspondance avec Romain Rolland (1954)
- Ignorées du destinataire (1955)
- Correspondance avec Antoine Bourdelle (1961)
- Correspondance avec Charles Péguy (1961)
- Correspondance avec André Gide (1963)
- Correspondance avec Georges Rouault (1969)
- Correspondance avec Jacques Copeau (1982)
- L'art et la vie, correspondances diverses (1984)
- Correspondance avec Yves Le Febvre (1986)
- Correspondance avec Jean Paulhan (1987)
- Le Condottière et le Magicien, correspondance avec Jacques Doucet (1994)
Bibliographie établie sur la base de la bibliographie exhaustive proposée par Robert Parienté dans André Suarès, l'insurgé et dans les deux tomes de l'édition Bouquins de l'oeuvre de Suarès.Film consacré à André Suarès
- André Suarès, l'Insurgé, un film de Françoise Gallo et Robert Parienté, in " Un siècle d'écrivains", coll.dirigée par Bernard Rapp, France 3, 1997.
"Ce film (...) bénéficie d'une réalisation très soignée : images, musique, lectures et commentaire s'ajustent parfaitement, sans gratuité ni redondances. Peu importe, alors, que l'on n'ait rien lu de l'écrivain." Télérama, N° 2523 - 20 Mai 1998
Bibliographie
- Robert Parienté, André Suarès, l'Insurgé, Robert Laffont, 1999
- Frédéric Gagneux, André Suarès et le wagnérisme, Éditions Classiques Garnier, Paris, 2008. [1]
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