Denis Decres

Denis Decres

Denis Decrès

Denis Decrès
Denis Decrès
Naissance 18 juin 1761
Châteauvillain (Haute-Marne)
Décès 7 décembre 1820 59 ans)
Paris
Origine Français
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Drapeau français Royaume de France
Drapeau français République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Royaume de France Royaume de France
Drapeau français Empire français (Cent-Jours)
Arme Marine
Grade vice-amiral
Service 1779 - 1815
Conflits Guerre d'indépendance américaine
Guerres de la Révolution
Faits d’armes Bataille des Saintes
Expédition d'Irlande
Expédition d'Égypte
Bataille d'Aboukir
Distinctions Légion d'honneur
Autres fonctions Ministre de la Marine
Image : Vice Amiral Denis , Duc Decrés (1761-1820), Ministre de la Marine en 1801 - Par René Théodore Berthon

Denis Decrès, né le 18 juin 1761 à Châteauvillain (Haute-Marne), décédé le 7 décembre 1820 à Paris, est un marin d'Empire. Préfet maritime à Lorient, ministre de la marine en 1802, vice-amiral, sénateur, grand officier et chef de la 10e cohorte de la Légion-d'Honneur en 1804, inspecteur général des côtes de la Méditerranée, grand cordon de la Légion-d'Honneur en 1805, grand officier de l'Empire en 1806, comte puis duc en 1813. Il est assassiné à Paris, le 7 décembre 1820.

Sommaire

Le Combattant

Avant la Révolution française

Des traditions de famille, des études spéciales, un goût prononcé pour le service de la marine, le déterminèrent, bien jeune encore, à suivre cette carrière. Il y fut admis comme aspirant, le 17 avril 1779; son zèle, son intelligence précoce le firent nommer Garde-marine en 1780.

Embarqué sur la frégate le Richemond, qui faisait partie de l'escadre aux ordres de François Joseph Paul, marquis de Grasetilly, comte de Grasse, il se signala dans les divers combats que cette armée navale eut à soutenir dans la mer des Antilles.

Il donna surtout des preuves d'une rare intrépidité à la journée du 12 avril 1781.[1]

L'année suivante, il est présent à la bataille des Saintes, en 1782 et se fait remarquer au combat où deux frégates s'emparèrent du vaisseau britannique l'Argo. Ses talents, ses services, les missions dont il s'était acquitté avec autant de zèle que de succès, lui valurent, le 25 mars 1786, le grade de lieutenant de vaisseau.

Embarqué bientôt après sous les ordres de M. Kersaint, pour aller constater la réalité des lacs de bitume de la Trinité espagnole, Decrès envoya au maréchal de Castries, alors ministre de la marine, le journal des opérations relatives à cette expédition.

De retour en France, au moment où la Révolution française venait d'éclater, il reçut presque aussitôt l'ordre de se rendre à Brest, où il passa sur la Cybèle comme major de la division que M. de Saint-Félix conduisait dans les mers de l'Inde.

Sous la Révolution française

Le 6 février 1792, l'escadre, croisant en vue de la côte de Malabar, s'aperçoit qu'un bâtiment de commerce français, capturé par les Marattes, était amariné sous la protection du fort Coulabo. Decrès propose à l'amiral de l'enlever à l'abordage[2].

En 1793, lorsque la guerre venait d'éclater, que les colonies étaient en proie à toutes les convulsions de la métropole, l'amiral Saint-Félix chargea Decrès d'aller en France pour rendre compte au gouvernement de leur situation, pour solliciter et amener promptement des secours. Il arriva le 10 février 1794 à Lorient, où il apprit tout à la fois que, promu au grade de capitaine au mois de janvier 1793, il avait été destitué par mesure générale, il est arrêté immédiatement comme noble.

On le conduisit à Paris, où il fut assez heureux pour échapper à la présomption dont il était menacé. Il se rendit ensuite au sein de sa famille, où il vécut dans l'isolement jusqu'au mois de juin 1795, époque à laquelle il fut réintégré dans son grade de capitaine de vaisseau et nommé au commandement du Formidable, qui devait faire partie de l'expédition d'Irlande.

Il assiste en tant que chef de division au ratage de l'expédition d'Irlande en 1796. Cette tentative n'ayant pas réussi, on désarma l'armée navale, et Decrès resta dans l'inaction jusqu'au moment où les préparatifs d'une expédition lui offrirent l'occasion de s'associer aux conquérants de l'Égypte.

Sous le Consulat et le Premier Empire

"Le combat du Guillaume Tell au large de Malte, le 30 mars 1800", représenté sur la tombe de Decrès au Père Lachaise.

C'est de cette époque que date sa nomination au grade de contre-amiral en 1798. Commandant en cette qualité de l'escadre légère de l'armée navale de l'Expédition d'Égypte aux ordres de Brueys, il fut chargé, à l'attaque de Malte, de protéger le débarquement des troupes et de soutenir un engagement avec les galères de l'île.[3]

A la bataille d'Aboukir sur le Guillaume Tell, il ne montra pas moins de dévouement et d'intrépidité.[4] Il parvient à se réfugier à Malte.

Les forces britanniques ne tardèrent pas à se réunir devant ce port pour en former le blocus. Decrès prit le commandement des avant-postes. Pendant dix-sept mois, les troupes françaises eurent à soutenir les assauts réitérés de l'ennemi. Mais chaque jour, la position française devenait plus critique, une partie de l'île était tombée au pouvoir des Britanniques, les subsistances devenaient très rares, et le nombre des malades se multipliait avec une effrayante rapidité.

Attaqué par trois vaisseaux britanniques alors qu'il essaie de forcer le blocus, ayant à son bord 200 malades et 1 000 soldats, il est obligé de se rendre après avoir mis deux de ses adversaires hors de combat et perdu la moitié de son équipage. Échangé, il est honoré d'un sabre que lui remet personnellement le Premier consul.[5]

L'organisateur

À son retour en France, Bonaparte le nomma préfet maritime de Lorient, et lui confia bientôt après le commandement de l'escadre de Rochefort. L'habileté avec laquelle le contre-amiral s'acquitta de ses diverses fonctions le fit appeler au ministre de la Marine le 1er octobre 1801. Ce poste était difficile dans la situation déplorable où se trouvaient les forces navales françaises.[6]

Il joua rôle considérable dans l'organisation de la marine mais sa jalousie l'aurait fait choisir des collaborateurs médiocres. Le nouveau ministre embrasse d'un coup d'œil toutes les calamités qui pèsent sur la marine française.[7]

Le premier Consul, satisfait de la vigilance, de l'activité de Decrès, le stimule, l'encourage, et le rassure sur les machinations dont il craint de devenir la victime.[8]

Cet homme, dont les conceptions hardies commençaient déjà à étonner le monde, faisait rassembler des troupes considérables sur les côtes de l'Océan pour tenter une invasion en Grande-Bretagne.

Decrès se mit à l'œuvre avec activité.[9] Mais la descente ne s'effectua point; d'abord, parce que les flottes françaises, au lieu de venir la protéger, se rendirent à Cadix, et que les escadres britanniques, qui étaient dans les Indes, arrivèrent inopinément dans cette conjoncture.

Villeneuve, malgré les ordres du ministre de la marine, ne craignit pas d'affronter les Britanniques, et une partie de la marine française périt à la bataille de Trafalgar. Decrès fut profondément affecté de cette catastrophe, mais son courage n'en fut point ébranlé.[10]

Decrès est aussi connu pour les immenses travaux qu'il a sinon conçus, du moins fait exécuter à Venise, à Niewdep, à Flessingue, à Anvers, et surtout à Cherbourg.

L'espoir de venger la France de l'humiliation de 1814, de lui faire recouvrer ces anciens monuments de sa puissance, fut sans doute le motif qui le décida à accepter de nouveau le ministère lors du retour de Napoléon en 1815.

À la seconde Restauration, il rentra dans la vie privée.

Il meurt des suites d'un incendie allumé par un domestique ayant voulu le tuer pour le voler.[11]

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 39).

Chronologies transverses

Précédé par Denis Decrès Suivi par
Pierre-Alexandre-Laurent Forfait
Meuble héraldique Ancre 02.svg Ministre de la Marine Meuble héraldique Ancre 02.svg
3 octobre 1801 - 1er avril 1814
Pierre-Victor Malouet
Jacques Claude Beugnot
Meuble héraldique Ancre 02.svg Ministre de la Marine Meuble héraldique Ancre 02.svg
20 mars 1815 - 7 juillet 1815
François Jaucourt

Sources et Références

Notes

  1. Plusieurs des vaisseaux français étaient déjà devenus la proie de l'ennemi, d'autres étaient désemparés; il ne restait plus de chances de salut, les français allaient s'éloigner de ce lieu de désastre, lorsqu'une bordée brise les mâts du Glorieux et l'expose aux plus grands périls. À l'aspect de l'état de détresse de ce bâtiment, Decrès jure de le sauver. Il s'élance dans un canot, porte la remorque d'une frégate au Glorieux, et le préserve ainsi d'une ruine inévitable. Le jeune aspirant fut immédiatement promu au grade d'enseigne.
  2. Il arme trois canots de la frégates, part à la nuit tombante, se dirige vers le bâtiment, s'élance à bord avec ses marins, tue ou jelle à la mer 150 Marattes qui veulent le défendre, et le ramène en triomphe au milieu des acclamations de l'escadre
  3. Il paraît qu'ayant serré de trop près la côte, il fut un instant compromis sous le feu des batteries du fort La Valette ; mais il parvint bientôt, avec autant d'habileté que de bonheur, se soustraire aux dangers qui le menaçaient.
  4. De l'arrière-garde où il se trouvait, il passa successivement sur deux vaisseaux du centre, et ne revint au sien que lorsqu'il le vit aux prises avec l'ennemi. Il lutta pendant deux heures et demie avec un acharnement inouï; ses mâts étaient brisés, ses ancres perdues; mais son ardeur, son courage, sa prodigieuse activité ne se démentirent pas un instant au milieu des périls qui l'environnaient ; il se réparait en combattant, et parvint enfin, à force de sang-froid, d'habileté, de persévérance, à rallier à son pavillon les débris de l'escadre dont il protégea la retraite jusqu'à Malte.
  5. Le contre-amiral, pour soulager la détresse de la garnison, fit embarquer 1 000 combattants et 200 malades à bord du Guillaume Tell, et appareilla sous le feu des batteries qui hérissaient la côte orientale de l'île. Il était désemparé avant d'avoir quitté le port. Les vaisseaux britanniques, prévenus de son départ, l'attendaient dans leurs positions respectives. Leurs forces réunies étaient triples de celles que commandait Decrès ; mais le moment décisif était arrivé, et l'on ne pouvait se sauver que par une vigoureuse résolution. La Pénélope se présenta la première au combat; Decrès l'élude, fond avec impétuosité sur le Lion, le démâte, l'oblige de fuir vent en arrière, lorsque le Foudroyant arrive pour soutenir le bâtiment avarié ; l'action dura pendant une heure avec le plus grand acharnement. La Pénélope et le Lion, ayant réparé leurs avaries, reviennent à la charge avec une nouvelle opiniâtreté. Le Guillaume Tell est environné d'une ceinture de feu, ses mâts sont successivement abattus, la moitié de l'équipage est hors de combat. Une explosion de gargousses, qui a lieu au même moment sur la dunette, renverse le contre-amiral du banc de quart sur lequel il était monté. Après neuf heures et demie du plus terrible combat, Decrès, tout criblé de blessures, et cédant à la nécessité qui l'accable, amène enfin avec la conscience d'avoir tout sacrifié à la gloire de son pavillon. Les vaisseaux ennemis furent extrêmement maltraités dans cette lutte sanglante, et ne purent atteindre qu'à grand peine Minorque, où ils relâchèrent en faisant eau de toutes parts. Cette résistance valut à Decrès un sabre d'honneur des mains du premier Consul.
  6. Le désordre s'était introduit dans toutes les branches de l'administration; les employés qui en faisaient partie étaient ou des hommes incapables ou d'une profonde incurie. Les arsenaux manquaient d'armes, les magasins n'avaient ni approvisionnements, ni agrès. Tout, en un mot, se ressentait de l'instabilité des événements et de la désunion des hommes qui avaient longtemps présidé à nos destinées.
  7. C. Mullié indique que les produits affluent dans les ports de mer français, les services s'organisent avec célérité ; des chantiers, des arsenaux, se construisent comme par enchantement, enfin le nombre des bâtiments français s'accroît dans une proportion imposante.
  8. «La confiance, lui écrit-il (25 pluviôse an xi), que je vous ai témoignée en vous appelant au ministère, n'a pas été légèrement donnée; elle ne peut être légèrement atténuée. C'est la marine qu'il faut rétablir. La première année d'un ministère est un apprentissage. La seconde du vôtre ne fait que commencer. Dans la force de l'âge, vous avez, il me semble, une belle carrière devant vous, d'autant plus belle que nos malheurs passés ont été plus en évidence : réparez-les sans relâche. Les heures perdues dans l'époque où nous vivons sont irréparables. » Cette lettre produisit le résultat que Bonaparte en attendait. Le ministre, heureux de la confiance du premier Consul, dédaigna les obscures menées de l'intrigue, et s'efforça, par un redoublement de zèle, de constance, de dévouement, de réaliser les espérances que ses talents avaient fait concevoir au chef de l'État.
  9. Il créa de nombreuses compagnies d'ouvriers, multiplia les ateliers sur le littoral, s'occupa des munitions, des approvisionnements, satisfit à toutes les exigences, et bientôt des milliers de navires armés, équipés, pourvus de tout ce qui leur était nécessaire, furent prêts à mettre à la voile.
  10. Il communiqua son ardeur, son héroïque constance aux marins français. Malgré la perte de plusieurs batailles navales, la prise de quelques-unes des colonies françaises, l'insuccès de diverses expéditions, la marine française prit, sous son ministère, un rapide accroissement de forces. Pour en donner une idée avantageuse, il suffira de dire que de 55 vaisseaux dont elle se composait, en 1805 elle avait été portée à 103, et que le nombre des frégates était presque doublé. Le personnel des équipages présentait un effectif de 60 000 hommes sans les garnisons.
  11. Après lui avoir volé des sommes assez considérables, son valet de chambre résolut de le faire périr. Le 22 novembre 1820, il plaça des paquets de poudre sous les matelas de son maître, et, vers minuit, ayant allumé la mèche qu'il avait préparée à cet effet, l'explosion jeta le duc hors de son lit, tout couvert de contusions et de blessures. Son assassin, dont il invoqua d'abord le secours, ne lui répondit que par un cri d'effroi, et se précipita de la croisée dans une cour, où la violence de sa chute le fit expirer quelques heures après. Le duc Decrès fut si profondément affecté de cette catastrophe, qu'il mourut lui-même le 7 décembre 1820.

Voir aussi

Marins d'Empire

Source partielle

  • « Denis Decrès », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource) ;

Liens externes


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