- Cuisine chinoise
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La cuisine chinoise (zhōngguó cài, chinois traditionnel : 中國菜, chinois simplifié : 中国菜 ) est une des plus réputées au monde, et sans doute celle qui comporte le plus de variations. Il faut plutôt parler de cuisines chinoises car l’aspect régional est fondamental. Malgré une continuité remarquable dans l’histoire de cette cuisine, l’apparition de cuisines régionales telles que nous les connaissons aujourd’hui est un phénomène assez récent, datant souvent du 19e siècle. Il existe de nombreuses cuisines régionales dont les plus connues et les plus répandues, en ordre géographique, sont celles du Shandong (lŭcài, 鲁菜 ), du Jiangsu (sūcài, 苏菜 ), de l’Anhui (wǎncài, 皖菜 ), du Zhejiang (zhècài, 浙菜 ), du Fujian (mǐncài, 闽菜 ), du Guangdong (yuècài, 粤菜 ), du Hunan (xiāngcài, 湘菜 ) et du Sichuan (chuāncài, 川菜 ), appelées traditionnellement avec un peu de subjectivité, les huit grandes cuisines régionales (bā dàcài xì, 八大菜系 ) de Chine.
Sommaire
La trilogie : société, philosophie et médecine
La cuisine chinoise est à la fois liée à la société, à la philosophie et à la médecine. Elle distingue le cài (菜), légumes cuisinés et par extension tout ce qui accompagne les céréales, le fàn (饭). Les aliments yīn (阴), féminins, humides et mous donc rafraîchissants sont les légumes et les fruits. Les aliments yáng (阳), masculins, frits, épicés ou à base de viande ont un effet réchauffant. Un repas doit donc non seulement harmoniser les goûts, mais également trouver un équilibre entre le froid et le chaud, les couleurs et les consistances. Les techniques de la cuisine chinoise sont ainsi nombreuses. Pour complimenter un plat, on dit qu'il "aide à faire passer le riz". Une autre chose caractérisant la cuisine traditionnelle chinoise est l'absence de produits laitiers à cause d'une intolérance au lactose qui existe dans de nombreux pays asiatiques.
Les Chinois partagent les plats. Ceux-ci sont souvent mis en commun. Les Chinois mangent à l'aide de baguettes, ou de cuillères chinoises en bois, plus rarement en porcelaine. La table se caractérise par son aspect social. Elle est ronde et parfois surmontée d'un plateau tournant où sont entreposés les plats. Aucun couteau n'est présent à table. Tous les aliments sont découpés en cuisine, à l'exception des fruits de mer qui sont parfois servis non-décortiqués.
La succession chronologique des plats que l'on connait en France, est remplacée par une recherche d'équilibre à partir des cinq saveurs de base (sucré-salé-acide-amer-pimenté). Toutefois, les mets exclusivement sucrés n'apparaissent qu'à la fin des festins ou des repas de fête. En Chine, un plat doit aussi être agréable à l'œil. Les plats sont parfois choisis à des fins thérapeutiques, comme par exemple les nids d'hirondelles ou ailerons de requin, qui sont des ingrédients naturellement fades. La notion issue de la médecine chinoise de complémentarité des corps chauds et froids est prise en compte, particulièrement dans le Sud de la Chine.
Le thé est la boisson la plus bue. Il est consommé pour ses vertus digestives et décongestionnantes. La bière (啤酒, píjiǔ) et de l'alcool blanc (白酒, báijiǔ, généralement à base de riz ou sorgho, souvent mélangé avec d'autres céréales : blé, maïs, orge...), sont des boissons plutôt festives, réservées aux grands événements. Néanmoins, lors d'un repas ordinaire chez soi, aucune boisson n'est en général proposée et l'on se désaltère avec une soupe ou une bouillie de riz (粥, zhōu). De nos jours, le vin rouge (葡萄酒, pútáojiǔ, « vin de vigne » ou 红酒, hóngjiǔ, « vin rouge ») est de plus en plus présent dans les restaurants mais moins consommé à la maison.
Les fréquentes périodes de disette ont inspiré[réf. nécessaire] aux Chinois, comme dans la cuisine française, des recettes permettant d'accommoder toutes les parties comestibles des animaux : entrailles, cartilages, têtes, serres de volailles etc. Comme dans la cuisine française également, tout est mangé dans le cochon ; langue, museau, pieds, oreilles, intestins, sang, etc...
Le tofu (豆腐, dòufu (la langue française utilise la prononciation d'origine chinoise du japonais), paté de soja ferménté) est une invention chinoise. Se présentant sous autant de formes que le fromage en France (tofu blanc, tofu séché (豆腐干, dòufu gān) généralement accompagné des 5 épices), tofu puant (臭豆腐, chòu dòufu), « peau de tofu » (豆腐皮, dòufu pí), « nœuds de peau de tofu » Il représente la base d'une quantité innombrable d'aliments différents qui apparaissent très souvent sur les tables du fait de l'apport important de protéines et de la variété des goûts. Les nombreux, mais minoritaires chinois végétariens apprécient également les plats ou restaurants végétariens dont certains types de viandes (poulet, canard, saucisses, bœuf, agneau, etc...) sont imités par du tofu.
Le principal féculent d'accompagnement est :
- Dans la Chine du sud : le riz cuit à la vapeur sans assaisonnement ; il doit être légèrement collant.
- Dans la Chine du Nord : la farine de blé, qui remplace le millet sous différentes formes les pâtes (nouilles, ravioles, etc), les crêpes ou les pains à la vapeur.
- Différents autres féculents racines comme la patate douce qui peut être utilisé seul ou sous forme de nouilles, l'igname ou la racine de lotus (surtout province de Húběi) et de plus en plus la pomme de terre importée par les Européens et Américains.
La catégorisation des cuisines régionales de la Chine
La formation d'une cuisine étant influencée, entre autres, par la géographie, les conditions climatiques et la disponibilité des ressources, les huit grandes cuisines régionales sont souvent regroupées, un peu arbitrairement, en quatre grandes familles par l’emplacement géographique et les conditions climatiques: les trois régions côtières du Nord-Est (Shandong), du Sud-Est (Jiangsu, Anhui et Zhejiang), et du Sud (Fujian, Guangdong), et la région intérieure du Sud-Ouest (Hunan et Sichuan). De plus, les premières trois de ces grandes familles sont parfois associées à la ville dominante : Beijing (Pékin), Shanghai et Guangzhou (Canton). Il est dit que « le sud est sucré, le nord est salé, l’est est aigre et l’ouest est épicé ».
Les habitants du Nord-Est ont la réputation d'aimer les arômes forts comme celui de l'ail, du vinaigre et de la sauce soja. La cuisine est riche et généreuse. Il y a une présence dominante du blé (galettes, petits pains, raviolis, etc.). La viande de mouton est associée à l'ail et à un vinaigre balsamique.
Dans le Sud-Est et au Centre, les légumes (pousses de bambou, germes de soja, racines de lotus, etc.), les poissons et les crustacés d'eau douce sont particulièrement appréciés. Les plats au goût parfumé, frais et léger, sont agrémentés de gingembre, du vinaigre et de vin de riz.
La cuisine régionale du Sud, très répandue mondialement, est complexe et riche, sans goût dominant; seule la fraîcheur prime. Tous les parfums y sont mariés. La cuisson à la vapeur est à l'honneur. Presque tous les animaux ont leur place dans l'assiette: serpent, singe, souris, etc., bien que les plats végétariens soient également très présents.
Les habitants du Sud-Ouest, Centre aiment leur nourriture épicée et pimentée (piment rouge et poivre de Sichuan). La consommation de ces aromates épicés permet de supporter le froid et l'humidité de cette région. La viande consommée est principalement le bœuf. Les harmonies gustatives sont souvent baptisées de noms évocateurs : goût étrange, goût familial, goût pimenté-parfumé.
Les habitants du Nord-Ouest sous influence musulmane évitent le porc et ont une grande consommation de l'agneau, accompagné de cumin et de piments, de nombreuses galettes de blé, nouilles de blés y sont consommés. Son influence est très importante à Pékin qui n'est pas loin du désert de Gobi.
L'Ouest est principalement constitué du plateau du Tibet et de l'Himalaya, la steppe et le climat y sont rudes, il y a très peu de végétation, la viande de Yak et son beurre y sont les principaux aliments, même si on y mange également du riz et des légumes apportés de régions plus vertes.
Aperçu des spécialités
- Canard laqué de Pékin (běijīng kǎoyā, 北京烤鸭 ) : Dans la recette originale, le canard est tué 24 à 48 heures à l'avance. En pratiquant une incision au niveau du croupion et en soufflant, la peau est décollée de la chair et le canard est ensuite enduit d'un mélange contenant notamment du miel et est enfin suspendu dans une pièce bien aérée. Le plat original consistait uniquement de la peau du canard coupée en lamelles mais suite aux « demandes » occidentales, ce plat est servi ainsi : la peau et la chair sont découpées en tranches trempées dans une sauce avant de les rouler dans de petites crêpes avec un tronçon d'oignon vert ou de blanc de poireau coupé en julienne. Le tout est accompagné d'un bouillon préparé à partir de la carcasse et d'un légume conservé dans du vinaigre, son arrière-goût un peu sûr est considéré comme un bon accompagnement pour un plat un peu gras au goût fort. Selon l'habileté du chef cuisinier, le même canard sera préparé et présenté sous 2 à 4 mets différents selon les désirs du client
- Têtes de canard épicées (yuán shǒu là yā, 元首辣鸭 ) du Henan
- Bouchées à la vapeur shanghaiennes (xiǎolóngbāo, 小笼包 )
- Pâtes au sésame de Wuhan (rè gān miàn, 热干面 )
- Chien (gǒuròu, 狗肉) de Kaiping, Guangdong : les chiens noirs sont les plus appréciés. À Pékin, on peut trouver dans certains bons restaurants de la fondue au chien (gǒuròu huǒguō, 狗肉火锅), plat que l'on retrouve également dans la proche Corée ; des restaurants coréens proposent d'ailleurs ce plat dans Pékin.
- Vers à soie (cán, 蚕) du Dongbei
- Marmite de poisson épicée du Sichuan (sìchuān shuǐ zhǔ yú, 四川水煮鱼)
- Mouton à l'estomac fourré au poulet ( yáng ròu wèi bèi chōng de sè jī, 羊肉胃被充塞的鸡 )
- Jiaozi (jiǎo zi, 饺子 ) : ravioli chinois de Tianjin. On trouve des restaurants spécialisés avec des dizaines de garnitures différentes dans le Nord-Est de la Chine, de Pékin aux provinces du Dongbei.
- Le yam-cha (yǐn chá, 饮茶 ) ou brunch cantonais : les dim-sum (diǎn xīn, 点心 ), une grande variété de bouchées à la vapeur sont présentés sur des chariots circulant à travers le restaurant. Ils peuvent être consommés avec une tisane (de chrysanthème par exemple) ou du thé.
- Viande « rouge » du Hunan (hóngshāoròu, 红烧肉 ), morceau de viande de porc avec gras et couenne cuite dans la sauce de soja, dont la variante la plus célèbre est à la façon Mao (máoshì hóngshāoròu, 毛式红烧肉).
- La fondue sichuanaise (sìchuān huǒguō, 四川火锅 ) : Elle consiste à choisir soi-même la nourriture que l'on souhaite manger et à la tremper dans de l'huile pimentée qui se trouve dans un plat en train de bouillir, au milieu de la table. Le petit plus de ce genre de restaurant en Chine est la grande variété des plats. Il y a vraiment un choix immense et à volonté ce qui permet à tous de se rassasier.
- Crabe Da Zha
- You Tiao
La cuisine dans la vie chinoise
Pour les Chinois les plus pauvres, un repas se résume à un bol de pâtes ou de riz, agrémenté de quelques légumes ou de morceaux de viande. Mais à l'occasion des fêtes ou lorsqu'il reçoit, chacun s'efforce dans la mesure de ses moyens de faire étalage d'abondance. Bien souvent, la nourriture est une question d'honneur, et sans doute le premier signe d'appartenance sociale. La passion originelle des Chinois pour leur cuisine a sans doute été renforcée par les périodes de privation qui ont ponctué le règne de Mao Zedong, et l'amélioration du niveau de vie a rendu son plein potentiel aux styles de cuisine des différentes régions du pays.
Comme dans toutes les cultures, aux fêtes et occasions spéciales sont associés des mets particuliers. En voici quelques exemples :
- Le gâteau de Nouvel an (nian gao ou nián gāo, 年糕 ) à base de farine de riz gluant, parfumé au haricot rouge ou au longane ; il est cuit à la vapeur puis coupé en tranches qui sont frites.
- Le pâté impérial et le rouleau de printemps (chūnjuǎn, 春卷 ) sont de petites crêpes à base de farine de blé ou de riz contenant des légumes et de la viande coupés en lamelles. Il s'agit à l'origine d'un pique-nique qu'on emmène au cimetière lors de la Toussaint chinoise.
- Les feuilles de bambou farcies (zòngzi, 粽子 ), feuilles de bambou farcies (riz gluant, porc, arachides, jaune d'œuf de cane salé), accompagnent la Fête des bateaux dragons.
- Les gâteaux de lune (yùebǐng, 月饼 ) sont consommés lors de la Fête de la mi-automne, qui a lieu le plus souvent en septembre à l'occasion de la pleine lune, on dit généralement que les meilleurs viennent de Hong Kong.
- Les pâtes de longue vie (chángshòu miàn, 长寿面 ), très fines et très longues, sont consommées par ceux qui fêtent leur anniversaire pour s'assurer la longévité ; il est donc important de ne pas les casser pendant la cuisson.
À côté des gargotes, les restaurants offrent des salles communes et des salles séparées que l'on peut retenir si l'on veut rester entre soi. On choisit souvent les poissons directement dans l'aquarium, ou même un autre animal dans une cage située à l'entrée du restaurant.
L'hôte se doit d'être plein de prévenance pour l'invité, dont il remplit le bol, la tasse et le verre, pour qu'ils restent pleins en permanence. Laisser son bol vide serait le signe qu'on n'a pas mangé à sa faim : des quantités extraordinaires de nourriture sont ainsi laissées dans les assiettes, dont les fonds sont systématiquement recyclés dans des broyeurs, finissant en nourriture pour les cochons ou en compost. Il est toutefois usuel de demander à emporter les plats restants dans des boîtes en plastique. Il est aussi très souvent possible de commander les plats de chez soi sans frais de livraison.
Pendant un déjeuner traditionnel, des toasts sont portés aux uns et aux autres. Ils constituent parfois des signes de défis qui ont pour but de contribuer à créer l'atmosphère chaleureuse auxquels les Chinois tiennent tant, mais qui mènent aussi quelquefois à des excès fâcheux. Taper trois fois la table avec le bout de l'index et du majeur recourbés (imitation d'une courbette) permet de remercier celui qui vous sert à boire. Dans certaines régions de l'Empire du Milieu il existe des jeux accompagnant la consommation d'alcool. Ils permettent de désigner qui boira le verre suivant.
Voir aussi
Articles connexes
- Pâtisserie chinoise
- Liste des sources pour une histoire de la Cuisine chinoise
- Aperçu de la pratique de la cuisine Chinoise
Bibliographie
Henri Lecourt, La Cuisine chinoise, Éditions Albert Nachbaur, Pékin, 1925, rééd. Robert Laffont, Paris, 1968 [lire en ligne].
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