Conférence de Wannsee

Conférence de Wannsee
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52°25′58.5″N 13°09′56″E / 52.432917, 13.16556

La villa Marlier à Wannsee où se déroula la conférence.
Intérieur de la villa Marlier.

La conférence de Wannsee réunit dans une villa de Berlin, le 20 janvier 1942, quinze hauts responsables du Troisième Reich, pour débattre de l'organisation administrative, technique et économique de l'extermination des Juifs d'Europe, voulue par Adolf Hitler et mise en œuvre, sur ses instructions, par Hermann Göring, Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich et Adolf Eichmann.

Au moment où la conférence se tient, la Shoah a débuté depuis déjà plusieurs mois : la déportation des Juifs du Reich a commencé, les Einsatzgruppen assassinent les Juifs, hommes femmes et enfants, par centaines de milliers en URSS, le camp d'extermination de Chełmno est en activité et les autres centres de mise à mort sont en construction ou en projet.

Présidée par Reinhard Heydrich, la conférence dure moins de deux heures. Si elle est brève et n'est pas marquée par des décisions fondamentales, elle constitue une étape décisive dans la mise en œuvre de la Shoah, en confirmant le contrôle de l'ensemble des tueries par la SS et en lui assurant la collaboration et le soutien de l'ensemble de l'appareil d'État.

La villa Marlier où eut lieu la conférence est depuis 1992 un lieu de mémoire.

Sommaire

Contexte

Mesures antisémites du régime nazi avant-guerre

La conférence de Wannsee ne peut être isolée de la volonté d'exclure la population juive de la société allemande, qui se traduit dans les faits, dès l'arrivée des nazis au pouvoir, et s'amplifie de l'année 1933 au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale[N 1].

Dès le 7 avril 1933, les Juifs sont, à quelques exceptions près, exclus de la fonction publique via le décret sur la restauration du fonctionnariat et son règlement d'application[1],[N 2]. Avec l'adoption des Lois de Nuremberg[N 3], le 15 septembre 1935 et les décrets d'application lui faisant suite, les Juifs ou demi-Juifs (Mischling) sont catégorisés sur une base légale, privés de leur citoyenneté, déchus de la plupart de leurs droits et chassés d'un nombre croissant de professions ; mariages et relations sexuelles entre Juifs et « citoyens de sang allemand ou apparenté » sont interdits et deviennent des délits[2]. Le durcissement de cette politique se poursuit en 1937 et 1938, avec la confiscation des passeports des Juifs allemands, les débuts de l'élimination des Juifs de la sphère économique, l'imposition de prénoms « juifs » et l'exclusion de sphères de plus en plus larges de la vie publique, économique et sociale[N 4],[3].

La Nuit de Cristal des 9 et 10 novembre 1938 marque une étape cruciale dans la radicalisation antisémite : outres les violences physiques et les destructions matérielles à grande échelle sur tout le territoire du Reich, elle est suivie, fin 1938 et courant 1939, par toute une série de mesures qui excluent de jure et de facto les Juifs de la société civile[N 5],[4] et par l'aryanisation forcée des entreprises et commerces Juifs[5]. Pour Raul Hilberg, à la veille du déclenchement du conflit, la population juive du Reich[N 6] et du protectorat de Bohème-Moravie est soumise à des conditions de vie qui correspondent à une ghetthoïsation, même s'il ne s'agit pas encore d'une concentration dans des quartiers enclos de murs, selon un processus en cinq étapes : « rupture imposée des relations de sociabilité entre Juifs et Allemands ; limitations de résidence ; réglementation des déplacements ; mesures d'identification spécifique ; enfin, institution de procédures administratives distinctes[6] ».

Déportations, ghettoïsation et assassinats de masse

Avec l'invasion de la Pologne, deux millions[7] de Juifs tombent aux mains des Allemands dont la politique et les actions antisémites se durcissent. Dans le sillage des troupes de combat, les Einsatzgruppen constitués par Reinhard Heydrich procèdent au massacre systématique des francs-maçons, des Juifs, des communistes et des membres de l'intelligentsia, du clergé et de l'aristocratie » [8]. Comme l'indique Heydrich, en réaction aux protestations de certains généraux de la Wehrmacht, « nous voulons bien protéger les petites gens, mais les aristocrates, les curetons et les Juifs doivent être supprimés[9]. » Les tueries s'accompagnent d'un vaste processus de déportation, de concentration et de ghettoïsation : à partir du 1er décembre 1939 débute un vaste mouvement forcé de la population juive : les Juifs des territoires polonais incorporées au Reich, mais aussi les Juifs et Tziganes du Reich sont déportés vers le Gouvernement général, ce qui finit par susciter de vives protestations du gouverneur de Pologne Hans Frank, débordé par l'ampleur des déportations[10]. Les ghettos[N 7] se mettent en place tout d'abord dans les territoires incorporés dès l'hiver 1939-1940, et se multiplient au cours des mois suivants (Lodz en avril 1940, Varsovie en octobre, Cracovie en mars 1941, Lublin en avril, etc.)[11].

Einsatzgruppe assassinant des Juifs dans la région de Kiev, en 1942.

Au cours de l'invasion de l'Union Soviétique, 2 500 000[12] Juifs se retrouvent, au fil des avancées des armées allemandes, sous la domination nazie. Formés dès le printemps 1941, soit avant l'invasion, quatre Einsatsgruppen suivent la progression de la Wehrmacht et commettent des massacres à grande échelle qui visent, selon Heydrich « tous les fonctionnaires du Komintern, la plupart de ceux-ci devant être des politiciens de carrière ; les fonctionnaires de haut rang et de rangs intermédiaires ainsi que les extrémistes du parti communiste, du comité central et des comités régionaux et locaux ; les commissaires du peuple ; les Juifs occupant des fonctions au sein du parti communiste ou du gouvernement, ainsi que tous les autres éléments extrémistes, saboteurs, propagandistes, francs-tireurs, assassins, agitateurs[13]... » Les tueries se concentrent rapidement sur les Juifs, tout d'abord sur les adultes de sexe masculin, puis à partir d'août 1941[N 8], à l'ensemble de la population juive, sans distinction de sexe ou d'âge et sans aucun lien avec une éventuelle fonction au sein du parti communiste[14].

Les adjoints immédiats d’Hitler, Göring et Heinrich Himmler, SS-Reichsführer, considèrent cette déclaration, comme d’autres propos tenus à la même époque par le Führer, et dont la plupart n’ont été rapportés que lors des procès d’après-guerre, comme une autorisation de procéder à une solution finale de la question juive plus radicale, incluant notamment la déportation de tous les Juifs présents dans les territoires occupés par l’Allemagne.

Göring est à cette époque le personnage le plus puissant du régime nazi après Adolf Hitler ; il a reçu le grade spécifique de Reichsmarschall et est désigné comme le successeur du Führer[15]. Pour Heydrich, toute instruction de Göring est soutenue par l’autorité de Führer ; Heydrich sait également que son supérieur immédiat, Himmler, est en faveur de l’extermination des Juifs. De plus, à cette époque, il a mis en place et commande les Einsatzgruppen qui ont entrepris l’assassinat en masse de la population juive des territoires récemment conquis en Union soviétique. Selon Rudolf Lange, commandant de l’Einsatzkommando 2 qui opère en Lettonie, ses ordres portent sur une solution radicale du problème juif, via l’exécution de tous les Juifs[16]. En octobre commence la déportation vers l’Est des Juifs d’Allemagne, d’Autriche et de Tchécoslovaquie ; lorsque les trains chargés de déportés arrivent en Lettonie, Lange fait abattre tous les passagers. Mais cette méthode d’assassinat par fusillade s’avère rapidement impraticable pour le massacre de millions de personnes : le coût en munitions est inacceptable, et les SS éprouvent des problèmes psychologiques[N 9].

Planification de la conférence

Lettre de Reinhard Heydrich à Martin Luther, l'invitant à la conférence de Wannsee.

Le 31 juillet 1941, Göring signe un document qui lui est soumis par Reinhard Heydrich, numéro deux de la SS et chef du RSHA, qui étend les pouvoirs confiés à ce dernier depuis le 24 janvier 1939 pour résoudre le problème juif par l'émigration ou l'évacuation. Heydrich se voit chargé de faire tous les préparatifs nécessaires pour la solution totale de la question juive dans tous les territoires sous contrôle allemand, de coordonner la participation des organisations dont les juridictions sont concernées et de soumettre un projet global pour la solution finale de la question juive (Endlösung der Judenfrage)[17].

Au cours de la seconde moitié de l’année 1941, Heydrich et son état-major travaillent sur des projets d’évacuation des Juifs de tous les territoires occupés par l’Allemagne vers des camps de travail en Pologne ou plus à l’Est, en Union soviétique, dont il pense que la conquête sera bientôt terminée : ceux qui sont incapables de travailler seront assassinés, les autres exterminés par le travail. La défaite allemande devant Moscou au cours des mois de novembre et décembre conduit à une large révision des priorités : l’euphorie cède la place à la perspective d’une guerre de longue durée et au constat que les réserves de nourriture ne suffiront pas à alimenter la population de l’Allemagne et de l’Europe occupée[N 10].

Dès novembre 1941, il devient clair que les responsables nazis savent que Adolf Hitler a l'intention d'expulser tous les Juifs d'Europe vers les territoires de l'Est et de les y faire assassiner[N 11].

Mener à bien une telle entreprise impliquant l'enregistrement et le transport de millions de personnes, à un moment où les ressources matérielles et humaines nécessaires sont déjà gravement compromises, est un formidable défi logistique. Afin d'éviter que certains éléments de l'appareil d'État ne fassent obstacle ou refusent de coopérer à la solution « finale de la question juive », il est décidé d'inviter à une réunion les représentants de tous les ministères concernés afin de leur exposer les projets en cours et la méthode à mettre en œuvre pour leur exécution, en précisant qu'il s'agit d'une décision de la plus haute autorité du Reich.

Le 29 novembre 1941, Reinhard Heydrich, représentant d'Himmler en son absence[18], envoie une invitation pour une réunion prévue le 9 décembre 1941[18] au siège de la Commission internationale de police criminelle — une sorte de précurseur de l'Interpol dont Heydrich est à l'époque le président —, au 16 Am Kleinen Wannsee, dans le cadre confortable d'une villa, au bord du lac à l'extrémité ouest de Berlin. Il joint à cette invitation une copie de la lettre de Hermann Göring du 31 juillet pour souligner son autorité en la matière.

Les développements du début de décembre 1941, perturbent les plans initiaux[18]. Le 5 décembre, l'Armée rouge lance une contre-offensive à Moscou, mettant fin à la perspective d'une conquête rapide de l'Union des républiques socialistes soviétiques ; le 7 décembre, les Japonais attaquent les États-Unis à Pearl Harbor, ce qui provoque, le lendemain, l'entrée en guerre des États-Unis contre le Japon. Pour s'acquitter de ses obligations en vertu de son pacte tripartite avec l'Italie et le Japon, le gouvernement du Troisième Reich prépare immédiatement une déclaration de guerre aux États-Unis, le 11 décembre. Certains invités de la réunion participent à ces préparatifs, et le 8 décembre, Heydrich reporte la réunion, sans déterminer de nouvelle date. Au début du mois de janvier 1942, Heydrich envoie de nouvelles invitations à une réunion fixée au 20 janvier. Pour l'historien allemand Christian Gerlach, le report de la réunion par Heydrich a pour but d'en élargir l'objectif initial. Selon Götz Aly, par contre, il est causé par la confusion qui suit l'attaque japonaise sur Pearl Harbor. Toujours selon Gerlach, l'objectif initial de la conférence de Wannsee ne portait que sur la déportation des Juifs du Reich ; ce n'est qu'après le discours d'Adolf Hitler du 21 décembre 1941 qu'Heydrich peut élargir le thème de la réunion pour la consacrer à la solution finale de la question juive[19].

Le lieu de la conférence est changé pour une villa au 56-58 Am Grossen Wannsee, une rue résidentielle tranquille, à Wannsee. La villa Marlier, construite en 1914, a été acquise par la SS en 1940 pour l'utiliser comme un centre de conférence[20],[N 12].

Participants

Josef Bühler, au centre de l'image

Comme il s'agit d'une réunion destinée à discuter de la mise en œuvre d'une politique déjà décidée au niveau politique, les invités sont des exécutants, mais de haut niveau : « pas moins de huit participants sur quinze sont titulaires d’un doctorat[21]. »

Déroulement de la conférence

Reinhard Heydrich ouvre la conférence en rappelant les mesures antisémites prises en Allemagne depuis l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933. Il souligne qu’entre 1933 et 1941, 530 000 Juifs ont émigré d’Allemagne et d’Autriche[N 14] ; cette information est tirée d’un document préparatoire rédigé la semaine précédente par Adolf Eichmann, qui fort de son expérience dans l’organisation de l’émigration forcée des Juifs autrichiens en 1938, est devenu le principal expert en ce qui concerne la mise en œuvre de la solution de la question juive[22]. Heydrich chiffre le nombre de Juifs vivant en Europe à approximativement onze millions de personnes, dont un peu plus de la moitié vivent dans des pays ou des territoires qui ne sont pas sous contrôle allemand[N 15], [23]. Et Heydrich de poursuivre : « désormais, à la place de l'émigration, la prochaine solution à envisager, avec l'aval préalable du Führer, est l'évacuation des Juifs vers l'est. Ces actions sont toutefois à considérer uniquement comme des solutions transitoires, mais qui nous permettront d'acquérir des expériences pratiques qui seront très précieuses pour la solution finale à venir de la question juive. »

Dénombrement de la population juive selon le protocole de Wannsee

Pour les négationnistes, la conférence n’a porté que sur l’évacuation des Juifs vers l’Est et non sur leur extermination ; les propos de Heydrich sur le sort qui attend les personnes évacuées sont pourtant clairs.

«  Au cours de la solution finale, les Juifs de l'Est devront être mobilisés pour le travail avec l'encadrement voulu. En grandes colonnes de travailleurs, séparés par sexe, les Juifs aptes au travail seront amenés à construire des routes dans ces territoires, ce qui sans doute permettra une diminution naturelle substantielle de leur nombre.
Pour finir, il faudra appliquer un traitement approprié à la totalité de ceux qui resteront, car il s'agira évidemment des éléments les plus résistants, puisque issus d'une sélection naturelle, et qui seraient susceptibles d'être le germe d'une nouvelle souche juive, pour peu qu'on les laisse en liberté. »

Aucun des participants n’a pu ne pas comprendre la teneur des propos d’Heydrich. Comme le souligne Christopher Browning, « ce ne sont pas des gens incultes incapables de comprendre ce qu'on leur dit ; ils ne vont pas non plus être dépassés par la surprise ou le choc parce que Heydrich ne parle pas à des non-initiés ou à des personnes délicates[21]. » Toujours selon Heydrich, au cours de l'exécution pratique de la solution finale, l'Europe sera passée au peigne fin d'ouest en est. L'opération débutera sur le territoire du Reich, y compris les protectorats de Bohême et de Moravie, à cause de la situation du logement et de la spécificité sociopolitique du Reich. Les Juifs évacués seront d’abord envoyés dans des ghettos de transit dans le Gouvernement général, avant d’être déportés plus à l’Est. Cette priorité découle des pressions croissantes exercées par les autorités locales nazies, dont les Gauleiters, qui insistent pour que les Juifs soient retirés de leurs territoires, pour permettre le logement des familles devenues sans abri, suite aux bombardements alliés et celui des travailleurs forcés provenant des pays occupés.

Afin d’éviter de nombreuses interventions, les Juifs âgés de plus de soixante-cinq ans, grands invalides de guerre ou décorés de la croix de fer, seront déportés vers le ghetto de Theresienstadt[N 16].

Heydrich aborde ensuite assez longuement la situation des Mischling, soit les personnes considérées selon les théories racistes nazies, comme des demi- Juifs ou quart de Juifs, ainsi que celle des personnes juives mariées à des personnes non juives. Les Lois de Nuremberg étant assez floues sur ces différentes catégories, Heydrich précise clairement le sort qui leur est réservé avec beaucoup de détails, et en prévoyant de nombreuses exceptions[N 17].

Il faut en outre observer que ces mesures détaillées et ces exemptions ne s’appliquent qu’aux Juifs du Reich et ne sont que partiellement observées. Dans la plupart des pays occupés et surtout à l’Est, les Juifs sont arrêtés, déportés et exterminés en masse. La situation en France constitue une exception : en échange de sa collaboration le régime de Vichy est autorisé à appliquer ses propres règles, qui s’appliquent plus durement aux réfugiés et immigrés récents qu’aux Juifs de nationalité française ; de ce fait, pour Heydrich, l’enregistrement des Juifs pour leur déportation ne devrait pas soulever de grandes difficultés, qu’il s’agisse de la zone occupé ou de celle contrôlée par Vichy[24].

Entrée du camp, dans la forteresse de Theresienstadt

Les Allemands craignent des difficultés avec certains de leurs alliés, la Roumanie et la Hongrie. Selon Heydrich, le gouvernement roumain vient de se doter d’une commission aux affaires juives ; dans les faits, et malgré le fort antisémitisme de la population, la déportation des Juifs roumains sera lente et inefficace. En ce qui concerne la Hongrie, Heydrich préconise de forcer rapidement son gouvernement à accepter un conseiller allemand pour y régler la question juive ; jusqu’à sa mise à l’écart en 1944, le gouvernement dirigé par Miklós Horthy continuera à s’opposer à toute ingérence allemande dans sa politique juive ; Horty mis à l’écart, 500 000 Juifs hongrois seront envoyés à la mort sur l’ordre direct d’Eichmann[25].

L’exposé d’Heydrich dure près d’une heure. Suivent ensuite une trentaine de minutes de questions et de commentaires, suivis par quelques conversations informelles. Le représentant du ministère des Affaires étrangères, Luther, insiste sur la prudence à observer dans les pays scandinaves, dont la population n’a pas de sentiment d’hostilité à l’égard des petites communautés juives et qui risque de réagir face à des scènes déplaisantes. Au Danemark, grâce à la ferme opposition du roi et de la population, peu de Juifs seront déportés[N 18].

Hofmann et Stuckart soulignent les difficultés juridiques et administratives dans le cas des mariages mixtes, plaidant pour une annulation d’office de ceux-ci et pour un usage à grande échelle de la stérilisation comme alternative à la déportation. Neumann, représentant de Göring pour le Plan de quatre ans, demande l’exemption des Juifs qui travaillent dans des industries vitales pour l’effort de guerre et dont le remplacement n’est pas possible : Heydrich qui ne souhaite pas offenser Göring assure Neumann que ces travailleurs ne seront pas déportés[26] Les questions plus détaillées sur le sort des Mischling et des mariages mixtes sont renvoyées à des réunions ultérieures.

Selon les notes prises par Eichmann, la dernière intervention fut celle du secrétaire d'État, Dr. Bühler, représentant du Gouverneur général Hans Frank. Il déclare : « Le Gouvernement général serait heureux de voir commencer sur son territoire la solution finale de cette question. Là en effet le problème des transports ne présente pas de difficultés excessives et le déroulement de l'opération ne serait pas gêné par des considérations de main-d'oeuvre. Il faut éliminer le plus vite possible les Juifs de cette région : le Juif en tant qu'agent de contagion y représente un danger particulier et la continuation de son commerce interlope apporte un élément constant de désordre dans la situation économique du pays. De plus sur les deux millions et demi de Juifs en question, la majorité est inapte au travail. Il faut que l'on résolve le plus vite possible la question juive dans cette région »[27].

La conférence de Wannsee sera suivie par plusieurs autres réunions auxquelles participent des responsables de rang inférieur[28]. Une réunion est organisée aux ministère des Territoires occupés de l’Est, le 29 janvier 1942, au cours de laquelle il est décidé que quiconque ayant eu la citoyenneté russe ou ayant été apatride soit défini comme Juif s’il admet l’être, s’il est reconnu comme Juif par la communauté juive, si son appartenance au judaïsme résulte d’autres circonstances ou s’il a un parent défini comme Juif par l’un des trois critères définis ci-dessus. Cette réunion est suivie par dix-sept autres, qui concernent la totalité de l’appareil administratif et répressif nazi, à l’exception du ministère de la Propagande[28].

« En mars 1942, la connaissance de la Solution finale a pénétré profondément, bien que de manière inégale, au sein de la bureaucratie allemande où cette information suscite une volonté de contribuer – selon les termes de Rosenberg – à la « tâche historique » que « le destin a confiée » à l’Allemagne nazie[28] ».

Objectifs

La conférence de Wannsee ne dure que quatre-vingt-dix minutes, et, pour la plupart des participants, il ne s’agit que d’une réunion parmi d’autres au cours d’une semaine chargée. L’énorme importance accordée à celle-ci par des auteurs d’après-guerre n'est pas comprise par ses participants de l’époque. Aucune décision fondamentale concernant l’extermination des Juifs n’est prise lors de cette conférence, de telles décisions ne dépendant que de Hitler, éventuellement en concertation avec ses principaux adjoints comme Göring et Himmler, et non avec de hauts fonctionnaires, comme le savent les personnes présentes à Wannsee. Elles savent également qu’une telle décision a déjà été prise et que Heydrich, en tant que représentant de Himmler, est là pour le leur faire savoir. De plus, la conférence ne débouche pas non plus sur l’élaboration d’une planification logistique détaillée, ce qui aurait été par ailleurs difficile en l’absence d’un représentant du ministère des Transports ou des chemins de fer.

Reinhard Heydrich en 1940

Selon l’un des biographes d’Eichmann, David Cesarini, le but principal de la réunion est de permettre à Heydrich d’asseoir son autorité sur les différents ministères et institutions impliqués dans la politique à l’égard des Juifs, pour éviter la répétition des problèmes causés par l’assassinat de Juifs allemands à Riga en octobre 1941. « La manière la plus simple et la plus décisive par laquelle Heydrich pourrait assurer le flux régulier des déportations était d’affirmer son total contrôle sur le destin des Juifs du Reich et de l’Est en intimidant les autres parties concernées pour qu’elle suivent la ligne fixée par le RSHA[29] ». Cette analyse explique pour quelle raison la plus grande partie de la conférence se réduit à un long monologue d’Heydrich, dont le contenu n’est pas nouveau pour la majorité des participants, et pourquoi si peu de temps est consacré aux questions pratiques. Un autre objectif consiste en l’obtention de l’accord des représentants des ministères des Affaires étrangères et du Plan de quatre ans, qui étaient les plus susceptibles de soulever des objections à l’assassinat en masse des Juifs, pour des raisons économiques ou diplomatiques

L’historien allemand Peter Longerich adhère à ces hypothèses, mais y ajoute un objectif supplémentaire : rendre les principaux ministères complices des projets de Heydrich. « Du point de vue de Heydrich, les principaux objectifs de la conférence étaient, premièrement, d’établir le contrôle total du programme de déportation par le RSHA sur de nombreuses et importantes autorités du Reich, et ensuite, de faire des hauts responsables de la bureaucratie des différents ministères des complices, des auxiliaires et des coresponsables du plan qu’il poursuivait. Pour rappel : le plan consistait à déporter les Juifs des zones sous contrôle allemand, vers l’Est, où ils seraient exposés à des conditions de vie extrêmement sévères et fatalement morts d’épuisement ou assassinés. Heydrich poursuivait ce plan depuis début 1941 ; en juillet 1941, Göring lui donna l’autorité nécessaire pour le mener à bien, et, avec les premières déportations de Juifs d’Europe centrale en octobre, la première phase de ce plan fut réalisée. Lors de la première invitation à la conférence, Heydrich avait attendu jusqu’à ce que la seconde vague de déportation vers Riga, Minsk et Kovno ait débuté. Il voulait clairement placer les représentants des plus hautes autorités du Reich devant un fait accompli[30]. »

Source

Adolf Eichmann lors de son procès à Jérusalem, en 1961.

Le procès-verbal d'Adolf Eichmann, dont des copies sont envoyées par Eichmann à tous les participants après la réunion[31] est le document sur lequel s'organise la réflexion à propos de la conférence. La plupart de ces exemplaires sont détruits à la fin de la Seconde Guerre mondiale quand les participants et d'autres responsables cherchent à dissimuler leurs actes. Ce n'est qu'en 1947 qu'une copie du procès-verbal, aussi connu comme le « Protocole de Wannsee », est retrouvé dans les archives de Martin Luther, mort en mai 1945. À ce moment, les participants les plus importants à la réunion, tels que Reinhard Heydrich, Heinrich Müller ou Eichmann sont morts ou disparus ; la plupart des autres participants nient avoir eu connaissance de l'évènement ou font valoir qu'ils ne pouvaient pas se rappeler ce qui s'est passé là-bas. Seul Friedrich Wilhelm Kritzinger montrera de véritables remords pour son rôle dans la préparation de la Solution finale.

Le procès-verbal comporte d'importantes omissions, qui ne sont mises en évidence qu'au cours du procès d'Eichmann en Israël en 1962. Eichmann y affirme que, vers la fin de la réunion du cognac a été servi, et que la conversation est devenue moins retenue[32]. Il explique : « Ces Messieurs étaient debout ensemble, ou assis, et discutaient du sujet sans mettre de gants, d'une manière très différente du langage que j'ai dû utiliser plus tard dans le rapport. [...] Ils ont parlé de méthodes pour tuer, de liquidation, d'extermination[33]. »

Eichmann souligne que Heydrich a été heureux de la façon dont se déroulait la réunion. Il exprima sa grande satisfaction, et s'est accordé à lui-même un verre de cognac, bien qu'il buvait rarement. Il avait prévu des écueils et des difficultés, rappelle Eichmann, mais il avait trouvé un climat propice à l'accord de la part des participants, et plus que cela, l'accord a pris une forme inattendue[34]. À l'issue de la réunion Heydrich donne à Eichmann des instructions strictes sur ce qui doit figurer dans le procès-verbal, qui ne doit pas être verbatim. Eichmann doit nettoyer le texte, afin que rien ne semble trop explicite. Il dit à son procès : « Comment aurais-je pu rendre dans le vocabulaire officiel qui était le mien, des conversations plus que franches et des expressions relevant du jargon ». En conséquence, les vingt dernières minutes de la séance, durant lesquelles furent utilisés librement des mots comme « liquidation » et « extermination », sont résumées par la phrase : « En conclusion, les différents types de solutions possibles ont été discutés »[35]. Le procès-verbal doit donc être lu en conjonction avec le témoignage de Eichmann pour obtenir une vision aussi proche que possible des propos réellement tenus.

Historiographie : la conférence de Wannsee dans le processus décisionnel de la Shoah

Le 16 juillet 1941, lors d'une réunion à laquelle participent notamment Hermann Göring, Martin Bormann, Alfred Rosenberg, Wilhelm Keitel et Hans Lammers, Hitler évoque ses projets pour l'avenir des territoires occupés à l'Est : pour le Führer, ces territoires doivent devenir « un jardin d’Éden germanique » et « naturellement, les vastes zones doivent être pacifiées au plus vite ; la meilleure manière d'atteindre ce résultat est d'abattre quiconque ose nous regarder de travers[N 19]. » Cette réunion peut être interprétée comme le premier tournant dans le processus de décision qui a mené au génocide[36]. Le 25 octobre 1941, lors d’un entretien avec Himmler et Heydrich, Hitler déclare : « ne laissez personne me dire : nous ne pouvons pas les envoyer dans les marais ! Qui se soucie alors de notre propre peuple ? Il est bon lorsque la terreur est devant nous que nous exterminions les Juifs. [...] Nous réécrivons l’histoire, d'un point de vue racial[37] ».

Télévision et littérature

La conférence de Wannsee, de par son importance dans l'histoire de la Shoah, a été le sujet de plusieurs adaptations télévisuelles ou cinématographiques. En 1984, elle est retracée dans le téléfilm allemand Conférence de Wannsee, dont la durée est identique à celle mentionnée dans le procès-verbal de la conférence, soit 85 minutes. En 2001, Conspiracy réalisé par Frank Pierson, retrace également le déroulement de la conférence avec Kenneth Branagh dans le rôle d'Heydrich et Stanley Tucci dans celui d'Eichmann.

Du côté littéraire, le roman Fatherland de Robert Harris utilise la conférence comme point central du récit.

Notes et références

Notes

  1. Pour le détail des mesures d'exclusion, voir notamment Hilberg, 1, p. 114-331.
  2. Est considérée comme d'ascendance non aryenne, toute personne qui compte parmi ses ascendants au premier ou second degré, une personne ou plus appartenant à la religion judaïque.
  3. Contrairement au décret du 7 avril 1933, la définition utilisée n'est plus celle de non-aryens mais de Juifs.
  4. Décret sur les entreprises de service du 6 juillet 1938, sur la profession médicale le 25 juillet, sur les avocats, le 27 septembre...
  5. Exclusion du système scolaire en novembre 1938, retrait du permis de conduire en décembre, couvre-feu spécifique en septembre 1939...
  6. 233 810 personnes selon le recensement du 17 mai 1939
  7. Au sens strict du terme, à savoir des quartiers enceints de murs où est concentrée le population juive, qui ne peut en sortir
  8. Survla date de l'ordre génocidaire intégral, voir notamment, Husson, p. 447-451
  9. Breitman, Architect of Genocide, 220, aborde les réflexions d’Himmler à propos de l’effet sur le moral de ses hommes du meurtre de masse de Juifs allemands à Riga et en d’autres endroits.
  10. Adam Tooze, The Wages of Destruction: The Making and Breaking of the Nazi Economy, Allen Lane, 2006, p. 538–549, examine les impératifs économiques qui sous-tendent l’extermination des Juifs. Selon lui, en 1941, le manque criant de main d’œuvre dans l’industrie d’armement allemande rend nécessaire le recours à des millions de travailleurs forcés provenant des territoires occupés ; nourrir de manière satisfaisante ces travailleurs, ainsi que la population allemande et celle des pays occupés à l’Ouest, plus privilégiés comme la France et les Pays-Bas, nécessite une réduction drastique des bouches inutiles, dont les millions de Juifs sont, aux yeux de l’idéologie nazie, l’exemple le plus caractéristique.
  11. Selon l'historien allemand Christian Gerlach, Adolf Hitler a clairement approuvé la politique d'extermination lors d'un discours à des officiers supérieurs à Berlin, le 12 décembre 1941 (Christian Gerlach, "The Wannsee Conference, the Fate of German Jews, and Hitler's Decision in Principle to Exterminate All European Jews", Journal of Modern History, December 1998, 759–812). Si cette hypothèse n'est pas acceptée par tous, une décision a vraisemblablement été prise dans cette période. Le 18 décembre, Heinrich Himmler rencontre Hitler et note dans son carnet de rendez-vous : « question juive - à exterminer comme partisans » (Christoph Browning, The Origins of the Final Solution, 410). Le 19, Wilhelm Stuckart, Secrétaire d'État au Ministère de l'Intérieur, déclare à l'un de ses fonctionnaires que « les mesures prises contre les Juifs évacués sont fondées sur une décision de la plus haute autorité. Vous devez l'accepter. » (Browning, The Origins of the Final Solution, 405).
  12. L'histoire et la description de la villa son présentées dans le dépliant "House of the Wannsee Conference Memorial Berlin", Stadtvandel Verlag, disponible au Memorial.
  13. En Allemagne, le titre de secrétaire d'État est le plus haut rang dans une administration et non une fonction gouvernementale
  14. Le compte rendu de la conférence est disponible en français sur Wikisource, d’où proviennent les citations dans la suite de l’article. Les questions autour de la fidélité du compte rendu par rapport à la teneur réelle des propos tenus lors de la conférence sont évoquées plus loin.
  15. Le chiffre de 11 000 000 reprend l’ensemble de la population juive d’Union soviétique, estimée à cinq millions de personnes ; une grande partie de celle-ci vit dans des zones qui n’ont pas été envahies ou a été été évacuées avant l'invasion allemande
  16. Dans les faits, l’exception mise en place pour les Juifs de plus de soixante-cinq n’a été observée que sporadiquement et la situation alimentaire à Theresienstadt était telle que beaucoup de déportés y moururent rapidement. Par la suite, nombre d’entre eux furent transférés à Auschwitz pour y être assassinés.
  17. Comme pour le point précédent, le détail de ces mesures ne fut que rarement appliqué, et elles furent généralement durcies par les responsables nazis locaux, de manière aléatoire.
  18. « En fait, contrairement aux Juifs des autres pays sous l'occupation nazie, les Juifs du Danemark ne furent jamais forcés de porter une marque d'identification telle qu'une étoile jaune. [...] le roi et la population danoise apportèrent leur soutien à leurs concitoyens juifs et jouèrent un rôle crucial dans les opérations de sauvetage qui permirent à la grande majorité d'entre eux d'échapper à la persécution nazie et à la mort ». ushmm.org
  19. La citation est tirée des notes de Martin Bormann, présentées en tant que preuve lors du procès de Nuremberg.

Références

  1. Hilberg, vol 1, p. 115-116
  2. Hilberg, 1, p. 121-128
  3. Friedländer, 1, p. 331
  4. Friedländer, 1 , p. 357-364
  5. Hilberg, 1, p. 165
  6. Hilberg, 1, p. 277
  7. Hilberg, 1,p. 333
  8. A. Mayer, p. 213
  9. G. Knopp, p. 175.
  10. Hilberg, 1, p. 363-374
  11. Hilberg, 1, P. 394-395
  12. Hilberg, 1, p. 516-517
  13. R. Rhodes, op. cit., p. 24
  14. Hilberg, 1, p. 521
  15. Ian Kershaw, Hitler Volume II (W. W. Norton 2000), 396.
  16. Richard Breitman, The Architect of Genocide: Himmler and the Final Solution, Pimlico, 2004, p. 169.
  17. Ch. Browning, op. cit., p. 337.
  18. a, b et c Anne Grynberg, La Shoah : L'impossible oubli, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (réimpr. 2006) (1re éd. 1995), 176 p. (ISBN 2-07-053302-6), p. 90-93 
  19. Götz Aly, "December 21 1941", originally published in Berliner Zeitung, 13 December 1997, available in English at the Holocaust History website.
  20. Ch. Browning, op. cit., p. 433
  21. a et b Ch. Browning, op. cit., p. 411.
  22. Cesarani, Eichmann, 112.
  23. Voir le tableau reproduit dans E Husson, Heydrich et la solution finale, p. 321-322
  24. cf. Michael R. Marrus, Robert O. Paxton, Vichy France and the Jews, Stanford University Press 1981.
  25. cf. Cesarani, Eichmann, 151–55 et 159–95.
  26. Göring et ses adjoints feront des efforts persistants pour éviter la déportation et l’assassinat des travailleurs qualifiés ; mais à partir de 1943, Himmler est devenu plus puissant que Göring et les travailleurs juifs employés dans le cadre de l’effort de guerre sont eux aussi envoyés à la mort. Cf. Tooze, The Wages of Destruction, 522–29.
  27. Protocole dit de Wannsee Document original aux Archives de l'Auswärtiges Amt, Bonn
  28. a, b et c Christopher R. Browning, Les origines de la solution finale, Paris, Les belles lettres, 2007, p. 236-237
  29. Cesarani, Eichmann, 111.
  30. Peter Longerich, "The Wannsee Conference in the Development of the 'Final Solution'", consultable en ligne sur House of the Wannsee Conference: Memorial and Educational Site website.
  31. Cesarani, Eichmann, 117–118.
  32. Cesarani, Eichmann, p. 113.
  33. Ch. Browning, op. cit., p. 435.
  34. Ch. Browning, op. cit., p. 436.
  35. Cesarani, Eichmann, 114.
  36. Christopher R. Browning, Les origines de la solution finale, Paris, Les belles lettres, 2007, p.288
  37. Ch. Browning, op. cit., p.370. Pour cette citation, Browning s’appuie sur Werner Jochmann (ed), Monologe in Führerhauptquartier, Hamburg, 1980, p. 96–99. Ces enregistrements sténographiques des monologues tenus par Hitler lors des repas a été publié en anglais sous le titre Hitler's Table Talk 1941–1944 (Weidenfeld and Nicolson, 1953). Bien que la pertinence de la traduction ait été critiquée, elle a permis de saisir l’essentiel des propos du Führer.

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », 1991 
  • Richard Breitman, Himmler et la solution finale. L'architecte du génocide, Paris, Calmann-Lévy / Mémorial de la Shoah, 2009 (ISBN 978-2-7021-4020-8) 
  • Christopher R. Browning, Les origines de la solution finale, Paris, Les belles lettres, 2007 
  • Christopher R. Browning, Politique nazie, travailleurs juifs, bourreaux allemands, Paris, Les belles lettres, 2002 (ISBN 2-251-38055-8) 
  • David Cesarani, Eichmann : Hislife and crimes, Vintage, 2005 
  • Mario R. Dederichs, Heydrich, Paris, Tallandier, 2007 
  • Gerald Fleming, Hitler et la solution finale, Paris, Julliard, 1988
  • Saul Friedländer, L'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Les années d'extermination, Paris, Seuil, 2008 
  • Alfred Grosser, 10 leçons sur le nazisme, Bruxelles, Éditions complexe, 1984 
  • Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », 2006 
  • Édouard Husson, Heydrich et la solution finale, Paris, Perrin, 2008 
  • Édouard Husson, Nous pouvons vivre sans les juifs : Quand et comment ils décidèrent de la Solution finale, Paris, Perrin, 2005 
  • Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, Paris, Flammarion, 2001 
  • Ian Kershaw, Choix fatidiques. Dix décisions qui ont changé le monde. 1940-1941, Paris, Seuil, coll. « L'univers historique », 2009 (ISBN 978-2-02-080325-0) 
  • Peter Longerich, Die Wannsee-Konferenz vom 20. Januar 1942. Planung und Beginn des Genozids an den europäischen Juden, Berlin, Edition Hentrich, 1998 (ISBN 3-89468-250-7) 
  • Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, München, 1998 (ISBN 3-492-03755-0) 
  • Arno J. Mayer, La solution finale dans l'histoire, Paris, La Découverte, 1990 
  • Ralf Ogorreck, Les Einsatzgruppen. Les groupes d'intervention et la « genèse de la solution finale », Paris, Calman-Lévy, 2007 
  • Richard Rhodes, Extermination : la machine nazie. Einsatzgruppen à l'Est, 1941-1943, Paris, Autrement, coll. « Mémoires », 2004 
  • Mark Roseman, Ordre du jour : Génocide. Le 20 janvier 1942. La conférence de Wannsee et la Solution finale, Paris, Louis Audibert, 2002

Voir aussi

Liens externes


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