Bruno Mégret

Bruno Mégret
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Bruno Mégret
Bruno Mégret.jpg
Bruno Mégret le 22 septembre 2007 à Paris

Parlementaire français
Date de naissance 4 avril 1949
Mandat Député
Début du mandat 16 mars 1986
Fin du mandat 14 mai 1988
Circonscription Isère
Groupe parlementaire FN
Ve République

Bruno Mégret, né le 4 avril 1949 à Paris, est un homme politique français, fondateur du Mouvement national républicain (MNR), parti classé à l'extrême droite, mais qui se revendique de « droite nationaliste et conservatrice ».

Sommaire

Biographie

Origine

Bruno Mégret est le fils du haut fonctionnaire Jacques Mégret, et de Colette Constantinides[note 1]. Il est l'aîné d'une famille de 4 enfants dont il est le seul garçon.

À Bruxelles, où son père est en poste aux Communautés européennes, Bruno Mégret est scolarisé à l'école européenne[note 2]. De retour à Paris, il est pensionnaire à l'institut catholique Bossuet[note 3] et inscrit en seconde au lycée Louis-le-Grand avant d'y être admis en classe préparatoire. Reçu à l'École polytechnique[note 4] en 1969, il en sort dans la « botte[note 5] » et intègre le corps des Ponts et Chaussées[note 6].

Diplômé de l'Institut des hautes études de défense nationale, capitaine de réserve de l'Arme blindée de cavalerie, il a été élève de l'École de cavalerie de Saumur (stage commando à Quellern, deux mois en garnison en Allemagne à Offenburg). Il a passé ensuite huit mois à Laon comme sous-lieutenant au 6e régiment de cuirassiers.

En 1974, ses études en France terminées, il part, muni d'une bourse, pour les États-Unis où il passe une année à l'université de Berkeley, en Californie. Il en revient avec un diplôme de Master of Science.

Chargé de mission au Commissariat général au Plan en 1975 et 1976[note 7], il est affecté à l'aménagement du territoire lors de la préparation du VIe plan[note 8].

Nommé à la direction départementale de l'équipement de l'Essonne en 1977[note 9], il est ensuite conseiller technique au cabinet du ministre de la Coopération de 1979 à 1981, puis directeur adjoint des infrastructures et des transports à la préfecture de la région Île-de-France jusqu'en 1986. Mis en disponibilité, il rejoint son corps d'origine deux ans plus tard, après sa défaite aux élections législatives. Jusqu'en juin 1989, où il est élu député européen, il est chargé de mission au conseil général des Ponts et Chaussées.

Parcours politique

Bruno Mégret, en 2004, à Bordeaux

Dès 1975, il adhère au Club de l'Horloge, un cercle de réflexion créé par de hauts fonctionnaires où s'élabore la riposte intellectuelle au socialisme, puis entre au RPR[note 10] via les réseaux de Charles Pasqua[note 11] et devient presque immédiatement membre du comité central. En 1981, lorsque François Mitterrand est élu, il se présente aux élections législatives dans les Yvelines contre Michel Rocard qu'il met en ballottage. Pressé d'agir plus efficacement pour ses idées, il quitte le parti et fonde en janvier 1982 les Comités d'action républicaine, club dont il reste le président jusqu'en 1988. Avec les CAR et de nombreux clubs et associations, il a créé la CODAR, à l'initiative de laquelle se tiendront les premiers et seconds États généraux de l'opposition en 1984 et 1985.

Extrême droite

En 1986, profitant du scrutin à la proportionnelle, Jean-Marie Le Pen, président du Front national, décide de créer le Rassemblement national afin d'ouvrir son parti à d'autres mouvements. Bruno Mégret et les Comités d'action républicaine s'allient à cette occasion au Front national. Il est alors élu député de l'Isère et deviendra député européen en 1989.

En 1987, il adhère au Front national et Jean-Marie Le Pen le nomme directeur de sa campagne présidentielle[note 12]. En 1988, il se présente dans la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône (Gardanne), où il obtient 26 % des suffrages au premier tour et 44 % au second. Son influence ne cesse de grandir au sein du FN où il révèle ses talents d'organisateur et de stratège, devenant ainsi un rival pour Jean-Pierre Stirbois, le secrétaire général. Ce dernier meurt dans un accident de voiture et sera remplacé par Carl Lang, puis par Bruno Gollnisch.

En octobre 1988, il est nommé Délégué général du Front national par Jean-Marie Le Pen. Il est chargé de la formation, de la communication, des études, et des manifestations du Mouvement national. En juin 1989, il est élu au Parlement européen où il est membre de la Commission politique et de la Commission économie. Depuis octobre 1990, il est, de surcroît, le leader du Front national dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est lui qui conduit la liste aux élections régionales dans les Bouches-du-Rhône et, en mars 1992, il est élu conseiller régional de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Bruno Mégret s'impose comme numéro deux du Front national et forge son image. Ainsi, il fonde en 1989 la revue Identité qui va organiser et mettre en forme le corpus idéologique de l'extrême droite française. Il s'attaque aussi à la question de l'immigration et propose « Cinquante Mesures pour régler le problème de l'immigration » qui provoqueront beaucoup d'émoi dans les médias et au sein de la classe politique.

Candidat aux élections législatives de mars 1993 dans la circonscription de Marignane, il frôle l'élection avec 49,5 % des voix au second tour. C'est en décembre 1993 qu'il choisit Vitrolles comme point de chute[note 13]. Pour les élections européennes de juin 1994, il est placé en deuxième position sur la liste conduite par Jean-Marie Le Pen et réélu au Parlement de Strasbourg.

En juin 1995, candidat à l'élection municipale de Vitrolles dans les Bouches-du-Rhône, il obtient 43 % des suffrages au premier tour, le score record du Front national dans les villes de plus de 30 000 habitants et échoue de justesse au second tour devant la liste conduite par Jean-Jacques Anglade[note 14].

Il épouse Catherine Rascovsky qui le remplace comme candidate à la mairie de Vitrolles car il est frappé d'inéligibilité pour un an pour non-respect des dispositions de financement de la campagne. Elle est élue avec 46,70 % des voix au 1er tour et 52,48 % au second[note 15].

En 1995, Bruno Mégret crée un journal quotidien intitulé Le Français qui sera publié pendant plus d'un an. À ce sujet, il a démenti avoir été aidé par Alef Bank ainsi que d'avoir un beau-frère dénommé Paul Loiseau[1].

En 1996, il publie L'Alternative nationale, ouvrage dans lequel il tente de démontrer qu'une véritable alternative politique est possible en France où, selon lui, le sentiment national ne cesse de gagner du terrain. L'année suivante, il fait paraître la Troisième voie, un ouvrage dans lequel il définit les principes d'une autre politique économique et sociale combinant les impératifs de la liberté et de la régulation pour redynamiser notre économie tout en maîtrisant la mondialisation dans le cadre d'un patriotisme économique européen.

Le 17 février 1997, Bruno Mégret déclare, au cours d'une émission télévisée sur France 2, « qu'il y a des différences entre les races ». Il est pour cela condamné, le 25 novembre 1998, à verser 10 000 F de dommages-intérêts à l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui s'était portée partie civile[2].

En 1998, il fait paraître un sixième ouvrage, La Nouvelle Europe. Hostile à la construction bruxelloise mais favorable à une Europe indépendante et puissante, il plaide pour une Europe des nations qui permettrait aux États qui la composent, et à la France en particulier, de revenir sur la scène de l'histoire.

Scission avec le Front national

Considéré désormais comme un rival embarrassant par la direction du Front national, Bruno Mégret va faire l'objet d'attaques de plus en plus vives. La crise qui éclate le 5 décembre 1998 au sein du parti et dans laquelle il est impliqué va rapidement provoquer sa révocation de la délégation générale du parti puis son exclusion. Ces événements font perdre au Front national une majorité de cadres et d'élus, qui, scissionnistes par force ou par raison, créent, lors d'un Congrès à Marignane, les 23 et 24 janvier 1999, le « Front national-Mouvement national », et portent Bruno Mégret à la présidence. À la suite d'une action judiciaire de Jean-Marie Le Pen, au mois de mai, le parti est rebaptisé « Mouvement national », puis se transforme formellement en Mouvement national républicain (MNR) au mois de septembre à l'occasion du conseil national de La Baule.

Mouvement national républicain

Aux élections européennes qui ont lieu la même année, la liste conduite par Bruno Mégret sous l'étiquette « Mouvement national » obtient 3,28 % des voix et n'a donc aucun député puisque son score est inférieur à la barre des 5 % exigée pour avoir des élus. De son côté, la liste conduite par Jean-Marie Le Pen franchit cette barre avec 5,69 %, obtenant 5 sièges.

Le 21 avril 2002, Bruno Mégret, qui est candidat à l'élection présidentielle[3], recueille 2,34 % des suffrages. Au second tour, il appelle à voter pour Jean-Marie Le Pen. Son compte de campagne sera invalidé et son parti va connaître de graves difficultés.

Bruno Mégret comparaît en septembre 2006 aux côtés de son épouse devant le tribunal correctionnel de Marseille[4]. En effet, Catherine Mégret avait envoyé en tant que maire de Vitrolles « quatre envois de courriers entre novembre 2000 et décembre 2001[5] » à des collègues maires de France pour parrainer la candidature de son époux à l'élection présidentielle de 2002. Selon Bruno Mégret, le financement de cet envoi a été pris en charge par erreur par la mairie et spontanément remboursé par lui[6]. Les juges ont considéré que cet envoi était « sans rapport avec les intérêts des contribuables de la commune » et l'ont donc condamné en première instance et en appel[7].

Un nouvel ouvrage de Bruno Mégret est publié à l'automne 2006 sous le titre L'Autre Scénario. Affirmant que la construction européenne actuelle n'apporte rien aux Européens, sinon, d'après lui, un surcroît de réglementations tatillonnes et stériles, il prône une Europe puissance qui placerait les peuples européens au premier rang dans la compétition mondiale et dans laquelle la France pourrait jouer un rôle majeur.

Le 20 décembre 2006, Mégret a annoncé qu'il ne se présenterait pas à la présidentielle 2007, mais soutiendrait Jean-Marie Le Pen lors d'une conférence de presse commune avec celui-ci[8]. Ce soutien s'inscrivait dans le cadre de l'Union patriotique proposée par le président du Front national.

Au premier tour des élections législatives de 2007, Bruno Mégret obtient 2,03 % des voix dans la douzième circonscription des Bouches-du-Rhône. Le MNR fait un score très faible au plan national et ne franchit pas le seuil permettant d'accéder au financement public des partis. Le MNR n'a plus d'élus nationaux. Il possède toutefois encore des conseillers municipaux et des maires.

Le 20 mai 2008, il se met « en réserve » de la vie politique[9], et part travailler dans une grande entreprise française à l'étranger. L'hypothèse d'un poste à Madagascar pour Bouygues[10] a été démentie par le MNR[11]. Bruno Mégret continuera à donner son avis sur l'évolution du MNR, tout en laissant la place à une direction collégiale.

Fonctions

Bibliographie

Ouvrages de/avec Bruno Mégret

  • Il participe à la rédaction d'ouvrages comme membre du Club de l'Horloge : Les Racines du futur (1977), La Politique du vivant (1979)
  • Il participe en 1982 à la rédaction du premier manifeste des CAR.
  • Demain, le chêne (1982)
  • L'Impératif du renouveau (1986)
  • La Flamme - Les voies de la renaissance (1990)
  • L'Alternative nationale (1996)
  • La Troisième voie (1997)
  • La Nouvelle Europe (1998)
  • Le Chagrin et l'Espérance - Du FN au MNR (1999)
  • La France à l'endroit (2002)
  • L'autre scénario - Pour la France et l'Europe, Éditions Cité Liberté (2006)

Ouvrages consacrés à Bruno Mégret

Notes et références

Notes

  1. Son père, fils d'un agent d'assurances, est encore élève de l'ÉNA lors de sa naissance. En 1950, il rejoint le Conseil d'État et se retrouve un an plus tard conseiller technique au cabinet de Gaston Defferre. Nommé ensuite maître des requêtes, il devient jurisconsulte des conseils des Communautés européennes en 1957. Il est en poste à Luxembourg et ensuite à Bruxelles. De 1974 à 1976, Jacques Mégret est directeur de l'administration pénitentiaire sous le ministère de Jean Lecanuet.
  2. Il devient chef de la patrouille des sangliers au sein de la troupe des « Joyeux bâtisseurs de l'Europe », composée d'enfants de fonctionnaires européens. Le chanteur belge Dick Annegarn sert sous ses ordres.
  3. Situé 6, rue Guynemer, c'est une institution particulièrement sélective qui prend les enfants en charge pour les études du soir et leur propose différentes activités comme le sport, la chorale et les cours de catéchisme, obligatoire jusqu'en seconde.
  4. Il est 317e au concours et intègre l'école du premier coup par la liste complémentaire.
  5. Il sort 18e, et a droit à entrer dans le corps des ponts et chaussées.
  6. « C'était déjà l'archétype de l'ingénieur des Ponts. Mais pas hautain, ni arrogant. »[Par qui ?], L'Express, février 1998
  7. Dont, avec les députés du FN, il demandera la suppression en 1986.
  8. Il rencontre alors Yvan Blot, qui représente le ministère de l'Intérieur.
  9. Il s'occupe d'un tronçon de l'autoroute La Francilienne et de son raccordement à l'A10 de murs antibruit, sur la N118 à la hauteur de Bièvres.
  10. « Je suis entré dans un corps pour faire de la politique. Ce n'est pas par conformisme de filière étudiante, mais parce que je souhaitais être fonctionnaire par vocation publique. », Journal de Polytechnique, 1990
  11. Six mois plus tard, il rentre au cabinet de Robert Galley, ministre de la Coopération. Il est chargé des projets techniques (routes, hôpitaux) financés par la France en Afrique. Il s'y rend au moins une fois par mois.
  12. « C'est effectivement un organisateur qui sait très habilement vendre des campagnes "clés en main" à Le Pen », Dans l'ombre de Le Pen, de Lorrain de Saint-Affrique et Jean-Gabriel Fredet, Hachette
  13. Le FN y est fort, dès 1984, il dépassait les 20 %.
  14. Une importante mobilisation militante et médiatique met un terme aux ambitions de Mégret entre le premier et le second tour.
  15. « La bataille de Vitrolles n'a pas été une bataille électorale comme les autres. Elle est la préfiguration de l'affrontement titanesque qui ne manquera pas d'opposer un jour les Français rassemblés à l'établissement politique dans son ensemble », V comme Vitrolles, Catherine Mégret, Éditions nationales

Références

  1. « B. Mégret dément toute relation avec Alef Bank », communiqué du 12 octobre 2005 sur Bruno-Mégret.com
  2. Jugement du tribunal correctionnel de Paris du 25 novembre 1998
  3. Vidéo de la campagne officielle 2002, 1er tour [vidéo]disponible aussi sur YouTube [vidéo]
  4. « Les époux Mégret devant la justice pour détournements de fonds », Libération, 17 septembre 2006
  5. « Bruno Mégret annonce son "retrait" de la vie politique », AFP, 20 mai 2008
  6. Bruno Mégret sans madame au tribunal, Libération, 18 septembre 2006
  7. Jugement du tribunal correctionnel de Marseille du 18 octobre 2006, arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-Provence du 28 novembre 2007 ; mentionnés par AFP, « Un an d'inéligibilité confirmé en appel pour Mégret, qui va en cassation », 28 novembre 2007
  8. « Bruno Mégret apporte son soutien à Jean-Marie Le Pen », Le Nouvel Observateur, 20 décembre 2006
  9. « Bruno Mégret se retire de la vie politique », Le Figaro, 20 mai 2008
  10. « Grâce à Bouygues, Bruno Mégret s’exile à Madagascar », Bakchich.info, 6 juin 2008
  11. « Ce n'est pas pour Madagascar que Bruno Mégret quitte la France », communiqué du Mouvement national républicain, 10 juin 2008

Voir aussi

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