- Régiment d'artillerie de position
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Un régiment d'artillerie de position (RAP) est une unité militaire française spécialisée dans le défense des fortifications de la ligne Maginot et des autres place-fortes, des années 1930 à 1940.
Ce type de régiment fournit les hommes servant d'équipages aux gros ouvrages et de troupe d'intervalle entre ceux-ci. Les premiers sont créés en 1933, il y en avait 21 pendant la bataille de France de 1940.
Article principal : Ligne Maginot.Sommaire
Rôle
La première mission de la ligne Maginot étant d'empêcher une attaque brusquée pendant la mobilisation générale de l'armée française (le rappel des réservistes dure quinze jours), elle doit donc être opérationnelle avec la totalité de ses effectifs avant la déclaration de guerre. À cet effet sont créés des troupes spécialisées dans la défense des fortifications, par définition peu mobiles, principalement d'infanterie (bataillons alpins de forteresse et régiments d'infanterie de forteresse) et d'artillerie (régiments d'artillerie de position), ainsi que quelques unités plus mobiles, notamment de reconnaissance (groupes de reconnaissance de région fortifiée) et d'artillerie (régiments d'artillerie mobile de forteresse).
Ces troupes sont déployées le long des frontières du Nord-Est (Nord, Ardennes, Lorraine, Alsace et Jura) et du Sud-Est (Savoie, Dauphiné et Alpes-Maritimes) de la France dès le temps de paix. L'artillerie de forteresse est composée en temps de paix principalement de sept régiments d'artillerie de position (RAP), qui fournissent les équipages des ouvrages et les batteries de position, complétés par trois régiments d'artillerie de région fortifiée (RARF), qui fournissent soit un groupes d'appui dans chaque sous-secteur soit des batteries nomades pour appuyer les détachements avancés. Les batteries d'ouvrage sont au plus près de la « ligne principale de résistance » (composée des réseaux de barbelés, des ouvrages et des casemates d'intervalle) dans les « casernements de sûreté » dans chaque sous-secteur et dans les « casernements légers de proximité » à côté de l'entrée de chaque ouvrage (les casernes souterraines n'étant pas utilisée en temps de paix, hormis pour les alertes et les exercices), tandis que les batteries d'intervalle sont casernées dans les arsenaux des régions militaires (qui servent aussi de centre de mobilisation pour l'artillerie : Douai, Sedan, Verdun, Metz, Sarrebourg, Haguenau, Mutzig, Strasbourg, Belfort, Grenoble et Draguignan).
Juste avant la mobilisation, les troupes de forteresse quittent leur casernements pour d'une part que les équipages occupent leurs ouvrages, et d'autre part que les batteries destinées à couvrir les intervalles s'installent en arrière de la ligne sur des positions préparées (emplacements de pièces et abris bétonnés).
Armement et équipement
Dotations d'artillerie équipant les RAP (en dehors des ouvrages) du Nord-Est au 10 mai 1940[1] Matériels 150e 151e 152e 153e 155e 156e 159e 160e 161e 163e 165e 166e 168e 169e 170e Total 65 mm modèle 1906 Schneider-Ducrest (en) 15 15 75 mm modèle 1897 36 20 12 20 12 36 28 12 8 8 22 214 75 mm modèle 1897 sous casemate 4 4 14 4 4 10 4 10 54 75 mm T modèle 1916 50 50 90 mm modèle 1877 de Bange 4 4 105 mm L modèle 1913 Schneider (en) 8 12 24 12 12 24 92 120 mm L modèle 1878 de Bange 8 8 8 24 24 4 4 80 145 mm L modèle 1916 Saint-Chamond 8 8 4 20 150 mm T modèle 1917 Fabry (en) 8 9 6 24 9 56 155 mm C modèle 1915 Saint-Chamond (en) 8 12 16 12 12 16 12 88 155 mm C modèle 1917 Schneider 8 8 8 24 155 mm L modèle 1877 de Bange 8 20 8 20 12 16 10 24 16 8 16 10 168 155 mm L modèle 1916 Saint-Chamond 8 12 20 155 mm GPF (en) 1 1 155 mm L modèle 1918 Schneider 16 12 24 4 8 8 72 220 mm C modèle 1916 Schneider 12 12 220 mm L modèle 1917 Schneider 2 2 240 mm L modèle 1884 Saint-Chamond 2 4 4 10 280 mm C modèle 1914 Schneider (en) 8 8 370 mm Fillioux 4 4 Total 48 32 16 84 52 57 92 90 101 82 110 57 67 46 60 994 Dotations d'artillerie équipant les RAP (en dehors des ouvrages) du Sud-Est au 10 mai 1940[2] Matériels 154e 157e 158e 162e 164e 167e Total 65 mm modèle 1906 Schneider-Ducrest 16 14 18 12 12 72 75 mm modèle 1897 26 6 4 10 2 68 95 mm modèle 1888 Lahitolle (en) 6 20 26 105 mm modèle 1913 Schneider 8 4 2 14 20 4 52 120 mm modèle 1878 de Bange 6 6 12 150 mm T modèle 1917 Fabry 6 6 4 11 27 155 mm C modèle 1915 Saint-Chamond 8 4 12 8 12 8 52 155 mm L modèle 1877 de Bange 12 33 16 12 32 32 137 155 mm L modèle 1877/1914 Schneider 4 4 8 145/155 mm modèle 1916 Ruelle Saint-Chamond 4 2 2 4 12 194 mm GPF (en) sur affût-chenilles 2 2 220 mm C modèle 1916 Schneider 4 4 220 mm L modèle 1917 Schneider 2 2 4 280 mm C modèle 1914 Schneider 4 4 Total 100 55 58 72 139 56 480 -
Canon de 65 mm Schneider-Ducrest (Beyt ha-Totchan Museum, Zikhron Yaakov).
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Canon de 75 mm modèle 1897 (Veterans Memorial, Benicia, CA).
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Canon de 90 mm de Bange (Suomen Tykistömuseo, Hämeenlinna).
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Canon de 105 mm Schneider (fort de la Pompelle).
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Canon de 145 Saint-Chamond (1942, Norvège).
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Mortier de 150 mm Fabry (US Field Artillery Museum, Ft. Sill, OK).
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Canon court de 155 mm Saint-Chamond (Artjärvi).
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Canon long de 155 mm de Bange (Salpalinja-museossa, Miehikkälä).
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Canon de 155 mm GPF (fort de la Pompelle).
Historique
Article connexe : Histoire de la ligne Maginot.Création
Pour constituer les batteries des ouvrages et des intervalles, quatre régiments d'artillerie sont affectés aux régions fortifiées de Metz et de Lauter le 15 avril 1933, en modifiant leur nom (anciennement « régiment d'artillerie à pied ») :
- région fortifiée de Metz
- 39e régiment d'artillerie de région fortifié (RARF, à Metz) ;
- 151e régiment d'artillerie de position (RAP) ;
- 163e RAP ;
- région fortifiée de la Lauter
- 155e RAP.
Un RARF est un régiment type campagne (avec ses propres moyens de transport), affecté à une région fortifiée ; à la mobilisation ce type de régiment prend le nom de régiment d'artillerie mobile de forteresse[3].
Article détaillé : Régiment d'artillerie mobile de forteresse.Pour le reste des frontières, la couverture d'artillerie est encore assurée par des régiments d'artillerie à pied, tel que dans les Alpes avec les 154e (à Grenoble) et 157e RAP (à Nice)[4].
Évolution
Le renforcement des secteurs fortifiés et l'extension de la ligne vers le nord entraine la création de nouvelles unités et le déplacement de groupes : le 1er septembre 1935 est créé le 59e RARF à Sarrebourg (région fortifiée de la Lauter) ; en 1935 le 5e groupe du 151e RAP s'installe à Stenay (SF de Montmédy) ; le 1er septembre 1936 est créé le 46e RARF à Thionville (région fortifiée de Metz) ; en 1936 le 5e groupe du 155e RAP s'installe à Morhange (SD de la Sarre), formant le 166e RAP en 1937 ; en 1937 un groupe du 155e RAP est installé à Strasbourg (SF du Bas-Rhin) et le 159e RAP est créé à Belfort, Colmar et Pontarlier (secteurs de Colmar, de Mulhouse et du Jura) ; en octobre 1938 les 154e de Grenoble et 157e RAP de Nice deviennent des régiments de position ; enfin en 1939 aurait dû être créé le 169e RAP à Sedan et Stenay (annulé à cause de la mobilisation)[5].
Juste avant la mobilisation d'août 1939, l'artillerie de position le long de la ligne Maginot est donc forte de sept régiments, du nord au sud :
- 151e RAP à Thionville, Verdun, Angevillers, Cattenom et Elzange (place de Verdun, SF de la Crusnes et SF de Thionville) ;
- 163e RAP à Metz et Veckring (place de Metz, SF de Boulay et SF de Faulquemont) ;
- 166e RAP à Morhange et Sarre-Union (SD de la Sarre et SF de Rohrbach) ;
- 155e RAP à Haguenau, Strasbourg, Bitche et Drachenbronn (SF des Vosges, d'Haguenau et SF du Bas-Rhin) ;
- 159e RAP à Belfort, Colmar et Pontarlier (SF de Colmar, place de Belfort et SF du Jura) ;
- 154e RAP à Grenoble, Briançon et Modane (SF de la Savoie et SF du Dauphiné) ;
- 157e RAP à Nice, Sospel, Menton et Roquebrune-Cap-Martin (SF des Alpes-Maritimes)[6].
Alertes puis mobilisation
Les régiments d'artillerie de position sont mis en alerte[N 1] à chaque fois que la situation internationale devient tendue, c'est-à-dire que les ouvrages sont occupés en une heure par le personnel d'active (l'échelon A, composé de conscrits et de professionnels) et la moitié de l'armement est mis en service. Ce fut le cas de mars à avril 1936 (remilitarisation de la Rhénanie), de mars à mai 1938 (Anschluss), de septembre à octobre 1938 (crise des Sudètes) et à partir du 21 août 1939 (crise du corridor de Dantzig). La mesure suivante est l'alerte renforcée, correspondant au rappel des réservistes frontaliers (échelon B1), ce qui permet en une journée de mettre l'ensemble de l'armement opérationnel. Elle est suivie par l'ordre de mise en sûreté, correspondant au rappel des réservistes non-frontaliers affectés aux unités de forteresse (échelon B2) et l'occupation sous trois jours de toutes les positions avec des effectifs de guerre. L'arrivée des réservistes entraine le triplement des effectifs des RAP, en général chacun des groupes donne naissance à un nouveau régiment (appelé régiment de formation) composé de trois groupes. Cette mesure est appliquée entre le 20 septembre et le 20 octobre 1938 avant d'être levée. Enfin, le doublement ou triplement des régiments a de nouveau lieu à partir du 22 août 1939 (la formation des régiments s'échelonne jusqu'au 29).
Ensuite c'est l'ordre de couverture générale[N 2], c'est-à-dire le rappel de tous les réservistes affectés aux grandes unités d'active permettant l'établissement sous six jours de 25 divisions le long de la frontière. Cette mobilisation partielle avait déjà été déclenchée du 23 septembre 1938 au 6 octobre de la même année. Le 24 août 1939, l'alerte renforcée est ordonnée en même temps que le dispositif de sûreté[7]. Le 25 août, l'Allemagne décrète la mobilisation générale pour le 26. Le 27 à minuit commence l'application de la couverture générale. Le 1er septembre, suite à l'attaque allemande contre la Pologne, la mobilisation générale française est décidée, applicable à partir du 2 à minuit ; la frontière avec l'Allemagne est fermée, les habitants de la zone frontalière sont évacués (notamment Strasbourg). Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne.
Le 2 septembre 1939 à minuit, tous les régiments d'artillerie de position d'active, soit les sept RAP déjà déployés en temps de paix, sont dissous, remplacé le long de la ligne par les vingt-et-un RAP de formation[8].
Positions en 1939-1940
Article connexe : Armée française en 1940.Organisation des régiments d'artillerie de position[9],[10] Secteurs ou places-fortes Ouvrages d'artillerie Noyaux d'active Régiments de formation SD des Flandres, SF de l'Escaut et SF de Maubeuge Pas d'ouvrage d'artillerie 7e groupe du 15e RAD (à Douai) 161e RAP Place de Verdun, puis SD des Ardennes Pas d'ouvrage 3e groupe du 151e RAP (à Verdun) 160e RAP (moins le 1er groupe) SF de Montmédy Chesnois et Vélosnes 7e groupe du 17e RAP (à Stenay) 169e RAP SF de la Crusnes Fermont, Latiremont et Bréhain 6e groupe du 151e RAP (à Thionville) 152e RAP SF de Thionville Rochonvillers, Molvange, Soetrich, Kobenbusch, Galgenberg, Métrich et Billig 6e groupe du 151e RAP (à Thionville) 151e RAP SF de Boulay Hackenberg, Mont-des-Welches, Michelsberg et Anzeling 3e groupe du 163e RAP (à Metz) 153e RAP SF de Faulquemont Einseling et Laudrefang 1er groupe du 163e RAP (à Moulins-lès-Metz) 163e RAP Place de Metz Pas d'ouvrage 4e groupe du 163e RAP (à Moulins-les-Metz) 165e RAP et 1er groupe du 160e RAP SD de la Sarre Pas d'ouvrage d'artillerie 2e groupe du 166e RAP (à Morhange) 166e RAP SF de Rohrbach Simserhof, Schiesseck et Otterbiel 3e groupe du 166e RAP (à Sarre-Union) 150e RAP SF des Vosges Grand-Hohékirkel et Four-à-Chaux 5e groupe du 155e RAP (à Haguenau) 168e RAP SF de Haguenau Hochwald et Schoenenbourg 4e groupe du 155e RAP (à Haguenau) 156e RAP Place de Mutzig et SF du Bas-Rhin Pas d'ouvrage 1er et 6e groupes du 155e RAP (à Strasbourg) 155e RAP SF de Colmar Pas d'ouvrage un groupe du 159e RAP (à Colmar) 1er groupe du 170e RAP Place de Belfort Pas d'ouvrage 159e RAP (à Belfort) 5e et 6e groupes du 159e RAP SF de Mulhouse Pas d'ouvrage Pas d'unité 2e groupe du 159e RAP SD d'Altkirch Pas d'ouvrage Pas d'unité 3e et 4e groupes du 159e RAP SD de Montbéliard Pas d'ouvrage Pas d'unité 7e groupe du 159e RAP SF Jura Pas d'ouvrage un groupe du 159e RAP (à Pontarlier) 2e groupe du 170e RAP SD Rhône Pas d'ouvrage pas d'unité 1re batterie du 164e RAP SF de la Savoie Sapey, Saint-Gobain, Saint-Antoine, Lavoir et Pas-du-Roc 1er groupe du 154e RAP (à Modane) 164e RAP SF du Dauphiné Janus, Saint-Ours Haut, Roche-la-Croix et Restefond 2e (à Grenoble), 3e (à Briançon) et 4e (au fort de Tournoux) groupes du 154e RAP 154e RAP et 162e RAP SF des Alpes-Maritimes Rimplas, Gordolon, Flaut, Plan-Caval, Col-de-Brouis, Monte-Grosso, Agaisen, Saint-Roch, Barbonnet, Castillon, Sainte-Agnès, Mont-Agel, Roquebrune et Cap-Martin 157e RAP (à Nice) 167e RAP, 158e RAP et 157e RAP Combats de 1940
Notes et références
Notes
- région militaire. La mise en alerte s'appelle la « Mesure 10 », sur ordre du Ministre ou à l'initiative du commandant de
- région militaire. La mise en sûreté correspond à la « Mesure 41 », sur ordre du Ministre. La couverture générale désigne la « Mesure 81 », sur ordre du Gouvernement. La mise en alerte renforcée s'appelle la « Mesure 27 », elle aussi à l'initiative du Ministre ou du commandant de
Références
- Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 2, p. 182.
- Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 2, p. 182.
- Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 2, p. 153.
- Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 4, p. 165-173.
- Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 2, p. 153 et 157.
- Répartition et stationnement des troupes de l'armée française, Paris, Imprimerie nationale, janvier 1939.
- Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 1, p. 78-81.
- Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 1, p. 78-85.
- Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 2, p. 156.
- Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 4, p. 122.
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française », 2001, 2003 et 2009, 5 tomes (ISBN 2-908182-88-2, 2-908182-97-1 et 2-913903-88-6).
Liens externes
Articles connexes
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