- Bataille de la baie de Chesapeake
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Bataille de la baie de Chesapeake
Les navires Ville de Paris et Auguste,
Bataille de la baie de Chesapeake, Septembre 1781.Informations générales Date 5 septembre 1781 Lieu Baie de Chesapeake Issue Victoire stratégique décisive de la France Belligérants Royaume de France Royaume de Grande-Bretagne Commandants Comte de Grasse Admiral Graves Forces en présence 24 vaisseaux 19 vaisseaux Pertes Aucun navire perdu,
~ 209 tués ou blessésPlusieurs navires endommagés et un qui doit être sabordé
79 tués,
230 blessésGuerre d'indépendance des États-Unis modifier La bataille de la baie de Chesapeake, aussi connue sous le nom de bataille des caps de Virginie, est une bataille cruciale de la Guerre d'indépendance des États-Unis qui eut lieu près de l'embouchure de la baie de Chesapeake le 5 septembre 1781 entre la flotte du contre-amiral britannique Thomas Graves et celle du contre-amiral François Joseph Paul de Grasse. La précision du tir français endommage suffisamment six vaisseaux britanniques pour forcer Graves à rompre le combat et à s’esquiver[1]. Avec la bataille de Grand Port (1810), elle est l'une des rares défaites de la Royal Navy aux XVIIIe et XIXe siècles.
La victoire de la flotte française empêche la Royal Navy de secourir les forces du général Charles Cornwallis à Yorktown. Elle évite également toute interférence avec les renforts et provisions envoyés depuis Newport et les Antilles françaises aux armées coalisées de George Washington, Rochambeau et La Fayette. Cette bataille amène ainsi la chute de Yorktown, puis l'indépendance des États-Unis d'Amérique. Par cette victoire, la France a pu récupérer certaines de ses colonies perdues en 1763 dont Sainte-Lucie et Tobago.
Un premier combat avait eu lieu le 16 mars précédent. Ce premier engagement est connu sous les noms de 1re bataille de Chesapeake, combat de Chesapeake ou encore Bataille du cap Henry.
Sommaire
Préliminaires
À l’été 1781, le vice-amiral de Grasse est à Saint-Domingue. Il s’apprête à escorter vers la France un impressionnant convoi de 160 navires marchands chargés de sucre, épices, cacao et indigo. L’escadre qu’il commande comprend 24 vaisseaux de ligne, dont le navire amiral Ville de Paris. S’ajoutent des frégates et des corvettes. Grâce à la passion de Louis XVI pour la marine, et au programme de construction navale qu’il a lancé entre 1774 et 1778, la Marine royale dispose alors d’une flotte sans précédent.
Au moment où ce convoi s’ébranle, les quatre plus grandes puissances navales du monde sont en guerre. D’un côté il y a la France, l’Espagne et les Provinces-Unies, ralliées aux insurgés américains, de l’autre la Grande Bretagne. L'effort de guerre repose cependant pour l'essentiel sur la France, car l'Espagne, qui craint une contamination révolutionnaire dans ses colonies, refuse tout soutien direct aux Américains. Quant aux Néerlandais, entrés en guerre au début de 1781, ils essaient surtout de défendre -avec l'aide de la France- leurs possessions coloniales menacées par la Royal Navy, car leur marine de guerre est peu importante.
C’est là qu’intervient le comte de Rochambeau, qui dirige le corps expéditionnaire français allié aux insurgés américains. Il demande à l’amiral de Grasse de délaisser cette mission d’escorte et d’acheminer des troupes à 600 km au sud de New-York, dans l’estuaire du fleuve Chesapeake. C’est en effet là que se trouve Yorktown, un gros bourg de Virginie où sont concentrés 8 000 soldats anglais, soit le tiers des forces britanniques. Rochambeau veut remporter contre eux une victoire décisive.
Le choix d'intervenir sur les côtes américaines
Louis XVI laisse le choix à de Grasse. Il souhaite tout de même prendre sa revanche sur les Anglais, qui ont contraint la France à signer le traité de Paris en 1763, et à perdre la plus grande partie du premier empire colonial français (Canada et grande partie des États-Unis actuels, pour simplifier).
De Grasse choisit d'intervenir et quitte Saint-Domingue le 3 août 1781 avec 3 000 soldats embarqués. George Washington, mis au courant de la manœuvre, décide également de rejoindre la baie de la Chesapeake avec ses troupes. Il pourra ainsi joindre son armée aux Français et vaincre avec eux les Britanniques.
Mais l’amiral anglais Hood apprend aussi la manœuvre française, et il se lance depuis les Antilles à la recherche des vaisseaux français. Il arrive le 28 août à la Chesapeake, mais la baie est déserte. Sachant que de Grasse a quitté les Antilles avant lui, il pense qu’il est en retard, et que la flotte française est partie vers le nord, vers New York. En réalité, de Grasse est derrière Hood, et il arrive à Chesapeake quatre jours après les Britanniques. Il peut débarquer ses troupes et bloquer l’estuaire avec ses navires. Le général anglais Charles Cornwallis est piégé dans Yorktown, sa seule chance de secours ne peut venir que de la mer, et les navires français sont là pour barrer le passage.
Mais de Grasse est face à un dilemme. Il sait qu’une autre escadre française, commandée par le comte de Barras, vient du nord, depuis Newport, vers la Chesapeake. Elle risque donc de tomber nez-à-nez avec l’escadre de Hood, qui lui est supérieure. de Grasse craint donc la capture de l’escadre de Barras. Il a donc deux choix : bloquer la baie de Chesapeake et assurer une victoire terrestre décisive aux Franco-américains, ou bien appareiller vers le nord et aider Barras dans une éventuelle bataille navale contre Hood. De Grasse réfléchit pendant 10 jours, jusqu’à ce que l’arrivée des Britanniques vienne couper court à ce débat.
Une bataille en apparence indécise
Les escadres anglaises de Hood et de Graves ont été prévenues par le général Cornwallis, et ont fait demi-tour vers le sud pour lui porter secours. De Grasse laisse quatre vaisseaux garder la baie, et mène le reste de l’escadre vers les Anglais.
Un témoin de l’époque, le capitaine André Amblard, raconte l’approche française : « De Grasse court à la rencontre de l’escadre anglaise qui s’enfuit. Elle était meilleure voilière que la nôtre et il ne put l’atteindre qu’avec douze de nos vaisseaux doublés en cuivre, qui chargèrent si vigoureusement leur arrière-garde que le Terrible, vaisseau de 74 canons, coula bas ».
La canonnade ne dure que quelques heures. Plusieurs navires sont néanmoins endommagés, et on compte près de 340 tués ou blessés. Au soir, les Britanniques rompent définitivement le combat, mis en fuite plutôt que vaincus par une flotte française en léger surnombre. Presque tous les vaisseaux de l'avant-garde sont endommagés et l'un d'eux, le HMS Terrible doit être sabordé pendant la nuit. De Grasse tente de poursuivre l'escadre anglaise, mais il ne parvient pas à la rattraper et rentre sur la Chesapeake.
De retour dans la baie le 11 septembre, de Grasse y découvre l’escadre du conte de Barras, qui était arrivée la veille sans avoir croisé les Anglais. À terre, George Washington, le comte de Rochambeau et le marquis de La Fayette font jonction et lancent le siège de Yorktown. Depuis la baie, les navires français pilonnent la ville et les redoutes qui la protègent. Ils sont aidés par l’artillerie débarquée, munie du tout nouveau canon de Gribeauval, qui fera parler de lui dans les armées napoléoniennes. Yorktown se rend le 19 octobre.
Dans une clairière près de la ville, les troupes britanniques défilent entre un rang d’Américains et un rang de Français. Cornwallis, humilié, s’est fait représenter par le major-général O’Hara. Ce dernier s’approche de Rochambeau, La Fayette et Washington côte-à-côte. Il tend son épée à Rochambeau, mais celui-ci laisse la primauté à Washington. Ce dernier reconnaîtra en l’amiral de Grasse « l’arbitre de la guerre ».
Article connexe : Histoire de la marine française.Le nombre qui suit le numéro du navire est le nombre de canons embarqués, et donc par extension la catégorie du navire. On remarquera que la plupart des vaisseaux français sont des vaisseau de 74 canons. Ce modèle représente l'aboutissement de la marine de guerre à voile de l'époque.
France (De Grasse)[2]
escadre blanche et bleue
- le Pluton, 74, d'Albert de Rions
- le Marseillais, 74, de Casteltaue Majastre
- la Bourgogne, 74, chevalier de Charitte
- le Diadème, 74, de Moutecher
- le Réfléchi, 64, de Boudes
- l’Auguste, 80, de Casteltau (de Bougainville)
- le Saint Esprit, 80, marquis de Chabert
- le Caton, 64, de Frammont
escadre blanche (comte de Grasse)
- le César, 74, chevalier d'Espinouse
- le Destin, 74, du Maitz de Goimpy
- la Ville de Paris, 104, chevalier de Vaugiraud (comte de Grasse)
- la Victoire, 74, d'Albert Saint-Hipolyte
- le Sceptre, 74, comte de Vaudreuil
- le Northumberland, 74, de Briqueville
- le Palmier, 74, baron d'Arror
- le Solitaire, 64, de Cici
escadre bleue (comte de Monteil)
- le Citoyen, 74, de Thy
- le Scipion, 74, de Clavel
- le Magnanime, 74, Le Bègue
- l’Hercule, 74, de Turpin
- le Languedoc, 80, Duplessix-Pascaut (comte de Monteil)
- le Zélé, 74, chevalier de Grav-Préville
- l’Hector, 74, Renaud d'Alein
- le Souverain, 74, de Glaudevé
- l’Ariel, frégate (Hippolyte de Capellis)
Royaume-Uni (Graves et Hood)
escadre bleue
- HMS Alfred, 74, Bayne
- HMS Belliqueux, 64, Brind
- HMS Invincible, 74, Saxton
- HMS Barfleur 98, Hood (vice-amiral Hood)
- HMS Monarch, 74, Reynold
- HMS Centaur, 74, Inglefield
escadre blanche
- HMS America, 64, Sam Thompson
- HMS Bedford, 74, Graves
- HMS Resolution, 74, Manners
- HMS London 98, Graves (amiral Thomas Graves)
- HMS Royal Oak, 74, Ardisoif
- HMS Montagu, 74, Bovvew
- HMS Europa, 64, Child
escadre rouge
- HMS Terrible, 74, Finck (sabordé après le combat)
- HMS Ajax, 74, Charrington
- HMS Princessa 70, Kualchbulle (contre-amiral Drake)
- HMS Alcide, 74, Charles Thompson
- HMS Intrepid, 64, Molloy
- HMS Shrewsbury, 74, Robinson
Notes
- L'un va d'ailleurs être sabordé pendant la nuit.
- Archives nationales, fond Marine, B4-184. Source :
Bibliographie
- Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Marines Editions, 2011.
- Michel Vergé-Franceschi, (sous la direction de) Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, collection bouquins, 2002.
- André Zysberg, La monarchie des Lumières, 1715-1786, Nouvelle Histoire de la France moderne, Point Seuil, 2002.
- Patrick Villiers, Jean-Pierre Duteil, L'Europe, la mer et les colonies XVIIe-XVIIIe siècle, Carré Histoire, Hachette supérieur, 1997.
- Lucien Bély, Les relations internationales en Europe, XVIIe-XVIIIe siècle, Presses universitaires de France, collection Thémis, 1992.
- Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle, Sedes, 1996.
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française, Rennes, éditions Ouest-France, 1994.
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, éditions Tallandier, 2002.
- Etienne Taillemite, Histoire ignorée de la marine française, Perrin, 1988. (ISBN 2-262-02050-7)
- Étienne Taillemite, Louis XVI, ou le navigateur immobile, éditions Payot, 2002.
- Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, éditions Perrin, 2005.
- Georges Lacour-Gayet, La marine militaire de France sous le règne de Louis XVI, éditions H. Champion, Paris, 1905. (Domaine public, sur gallica.fr)
- Louis Édouard Chevalier, Histoire de la marine française pendant la guerre de l'indépendance américaine, précédée d'une étude sur la marine militaire de la France et sur ses institutions depuis le commencement du XVIIe siècle jusqu'à l'année 1877, éditions Hachette, Paris, 1877. (Domaine public, sur archive.org)
- Alfred Thayer Mahan, The major operations of the navies in the war of American independence, Boston, Little, Brown, and company, 1913. (Domaine public, sur archive.org)
- William Laird Clowes, The Royal Navy : a history from the earliest times to the present, Vol. IV. London, Sampson Low, Marston & Co. 1898. (Domaine public, sur archive.org)
- Histoire et patrimoine n°2, Chesapeake, la dette américaine, pages 52 à 59.
Voir aussi
- Histoire de la marine française
- Histoire des relations franco-américaines
- François Joseph Paul de Grasse
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