Enseignement du français dans le monde

Enseignement du français dans le monde

Sommaire

En Amérique du Nord

En Louisiane

Panneau routier bilingue à l'entrée de la Louisiane.

Entre 1916 et 1931 des lois successives interdisent l'emploi de la langue française dans les écoles. En 1921, la Constitution louisianaise déclare l’anglais seule langue autorisée.

C'est seulement avec l'arrivée de James Domengeaux (1907-1988) que débute la refrancisation de la Louisiane. En 1968, il obtient l'adoption de la Loi 409, portant création du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL) qui a pour mission de « faire tout ce qui est nécessaire pour encourager le développement, l’utilisation et la préservation du français tel qu’il existe en Louisiane, pour le plus grand bien culturel, économique et touristique de l’État »[1]. À cette époque, seulement le quart de la population parlait une variété de français, sans pouvoir ni le lire ni l'écrire[2].

Depuis la création du CODOFIL les Louisianais ont pris conscience qu'il fallait sauvegarder cette culture française et plusieurs lois ont été votées dont :

  • la Loi no 408 (1968) prévoyant l'enseignement du français dans les cinq premières années des écoles primaires et les trois premières années des écoles secondaires ;
  • la Loi no 259 (1968) exigeant que les universités et les collèges forment des enseignants qualifiés en français ;
  • la Loi no 256 (1968) reconnaissant la langue française comme officielle dans la publication des avis juridiques et des contrats ;
  • la Loi no 458 (1968) autorisant l'établissement d'une station de télévision en français[3].

En 1971, la partie méridionale de la Louisiane est reconnue officiellement comme région francophone de l'État de Louisiane sous le nom d'Acadiana[4].

En 1976, publication du premier livre en français cadien, « Lâche pas la patate » de Revon Reed. Arrivée des premiers enseignants belges.

En 1987, pour la première fois, la Louisiane participe au Sommet de la Francophonie de Québec en tant qu'observateur.

En 1991, arrivée des premiers enseignants acadiens et en 1992 les premiers programmes d'immersion débutent.

C'est en 1994 que l’Université de Louisiane à Lafayette lance le premier programme de doctorat en Études francophones en Amérique du Nord.

En 1999, la FrancoFête célèbre trois cent ans de l’héritage français en Louisiane et durant l'année 2000, on assiste à la création de la première section francophone du barreau louisianais[5].

Au Québec

Le Québec travaille activement à la francisation de son territoire, depuis la mise en place en août 1977 de la Charte de la langue française (ou Loi 101). Le Québec est alors devenu la seule province unilingue francophone. Les autres provinces sont soit bilingues (exemple : le Manitoba, le Nouveau-Brunswick) ou juste anglophones avec des facilités francophones (exemple : l'Ontario, la Saskatchewan). Par contre, depuis la loi sur les langue officielles du Canada, tous les territoires du Canada ont le français comme langue officielle[6].

Cette loi 101, qui est une charte visant à faire respecter la langue française et à franciser les immigrants du Québec, instaure des lois linguistiques inédites, par exemple l'obligation d'affichage unilingue en français à l'extérieur des commerces, et l'obligation pour tout affichage commercial intérieur d'avoir le texte français écrit plus gros que celui de toute autre langue[7].

La loi 101 oblige toute personne à étudier dans une école publique francophone, sauf si l'un des deux parents a fait son éducation primaire ou secondaire au Canada dans une école anglophone. Le nombre d'élèves anglophones a chuté de 43 % en vingt ans, passant de 256 251 élèves anglophones en 1971-72 à 111 466 en 1994-95. Ce phénomène est encore plus présent dans l'île de Montréal, ou le nombre d'élèves étudiant en anglais a subi une diminution de 60 % entre 1971 et 1995[8].

Aussi un certificat de francisation est accordé aux entreprises de 100 employés et plus qui démontrent que leurs employés francophones peuvent travailler en français. (Le taux de certification des entreprises québécoises est passé de 71,4 % en 2002 à 80,7 % en 2007[9]).

Ce grand projet de francisation est considéré comme une réussite, sachant que les anglophones sont passés de 14 % en 1971 à 7 % en 2006[10]. Mais aussi le pourcentage de nouveaux immigrants choisissant l'anglais comme langue d'étude est passé de 90 % en 1966 à 4 % en 2006[11].

La connaissance du français dans l’ensemble du Québec est passée de 93,6 % en 1991 à 93,9 % en 1996 puis à 94,6 % en 2001[12].

Chez les personnes de langue maternelle anglaise, l'aptitude à parler le français est passée de 35 % en 1971 à 60 % en 1991, à 67,2 % en 2001[13], puis à 71 % en 2006[14].

Chez les personnes de langue maternelle tierce, l'aptitude à parler le français est passée de 35 % en 1971[15] à 68,6 % en 1991 à 73,5 % en 2001[12],[16]puis à 75,3 % en 2006[17].

En Afrique

Sur 53 pays, l'Afrique compte 32 pays francophones, soit plus de la moitié[18].La zone francophone d'Afrique fait deux fois la taille des États-unis[19].

Le français a été introduit en Afrique par la France et la Belgique pendant la période coloniale, le processus de francisation a continué après la période coloniale à cause de l'énorme étendue des territoires francophones en Afrique, si bien que des pays comme le Ghana ou le Nigeria, qui sont anglophones, se voient constamment francisés car complètement entourés de pays francophones.

Le français est devenu la langue la plus parlée d'Afrique, le nombre de locuteurs évolue très rapidement entre 1992 et 2002, le nombre d'apprenants du français en Afrique subsaharienne et Océan Indien a augmenté de 60,37 %, passant de 22,337 millions à 34,563 millions de personnes[20].

On peut observer une tendance similaire au Maghreb. Cependant, les chiffres fournis par l'OIF pour le Maghreb ont été réunis avec ceux du Moyen-Orient ; le décompte exact pour les pays du Maghreb n'est donc pas possible mais on observe une augmentation de 10,47 millions à 18 millions d'apprenants pour cet ensemble, quand bien même le français n'est pas une langue officielle (Algérie). Il faut aussi considérer le nombre de locuteurs du français dans chaque pays pour se faire une idée de l'importance que joue le français en Afrique[20].

Au Nigeria

Le Nigeria qui est un État anglophone se trouve « enclavé » entre des pays francophones (le Bénin, le Niger, le Tchad et le Cameroun)[21].

C'est donc vers la fin des années 1990 – début 2000 qu'il a été fait état de la volonté du gouvernement fédéral nigérian de franciser le pays en envisageant notamment un enseignement obligatoire du français comme langue vivante voire l'institution du français comme seconde langue officielle[22].

C'est donc dans ce contexte que le français devient progressivement langue officielle du Nigeria, comme le précise la section 1, no 10 de la Politique d'éducation nationale de 1998 : « L'enseignement du français a été déclaré obligatoire dans toutes les écoles ».

Le Nigeria a récemment fait preuve de son envie de francisation en appelant à un soutien accru à la formation de professeurs de français[22].

C'est en 1996 que le président nigérian Sani Abacha déclarait devant le Nigerian Institute for International Affairs que « le Nigeria est résolu à lancer un programme national d'apprentissage linguistique qui permettra, rapidement, à notre pays de devenir parfaitement bilingue[23] ».

Aujourd'hui, plus de 91 % des élèves étudient le français dans le premier cycle du secondaire et le français est considéré comme la plus importante langue étrangère parlée au Nigeria[24].

Au Mozambique

Le Mozambique est un état officiellement lusophone mais connait depuis 1992 une importante progression du français. Alors que ce pays n'est même pas entouré de pays francophones, des mesures sont prises depuis les années 1990 en faveur du français.

Alors que le nombre d’étudiants du français n’était que de 5 000[25] dans les premières années après sa réintroduction, il est de nos jours appris par plus de 50 % des 15 à 18 ans en plus d'être choisi comme option dans les départements universitaires des sciences sociales, de médecine, de droit ainsi que par les cadres de la police et des finances[26].

En 1992, le français devient obligatoire pour les classes de lettres et dans certains secteurs de l'enseignement supérieur[27].

Le 29 septembre 2006, le Mozambique rejoint l'Organisation internationale de la francophonie[28].

En 2009, le français est introduit à des niveaux inférieurs (9e et 10e)[29].

On s'attend à ce que les effectifs doublent dans une période de 5 ans dans le circuit scolaire. On prévoit aussi le lancement d’un mensuel français Flash Hebdo et l’élargissement du temps de diffusion du français sur les ondes radiophoniques, notamment grâce à Radio France Internationale[30].

De plus, il a été récemment annoncé que l'enseignement du français s’étendra aux classes scientifiques.

En Zambie

La Zambie, État anglophone, a connu au début des années 2000 ces dernières années une progression du français, comme le titrait en 2002 le journal africain SYFIA Info : « L'étonnante progression du français en Zambie »[31].

Le français est introduit pour la première fois dans le système scolaire zambien en 1954 avec une seule classe de français de 22 élèves, puis en 1964 l'enseignement s'étend à une douzaine d'écoles. Dans les années 1990, il y a déjà plus de 100 écoles publiques de français en Zambie[32].

En Asie

Depuis les années 2000, l'Asie s'intéresse à l'enseignement du français.

Tout commence en septembre 2006[33] quand le programme VALOFRASE[34] (Valorisation du français en Asie du Sud-Est) a été lancé grâce à l'Agence universitaire de la Francophonie, l'Organisation internationale de la Francophonie, la Centrale des syndicats au Québec, la Wallonie-Bruxelles à Hanoï et la Coopération française.

De 1994 à 2004, le nombre d'étudiants en français a ainsi augmenté de 48,8 % en Asie[35].

En Chine

« Avec un total d'environ 15 500 (chiffres de 2002, en 2008 ils sont plus de 50 000 étudiants[36]) apprenants de français dans les universités, et un corps enseignant de plus de 700 professeurs chinois de français et 55 professeurs français, la population chinoise montre un intérêt jamais démenti pour la langue française »[37].

« Il n’y a dans aucun autre pays un développement du français aussi fort qu’en Chine », affirme le directeur de l’Alliance française de Canton[38].

Les entreprises chinoises demandent de plus en plus de francophones pour pouvoir investir en Afrique (Michel Grenié, attaché de coopération linguistique et éducative, ambassade de France à Pékin).

Le nombre de locuteurs francophones ne cesse de s’accroître. C’est le pays où le nombre de départements de français dans les universités progresse le plus vite au monde, avec une augmentation de 200 % en 8 ans[39].

Au Viêt Nam

Au Viêt Nam les étudiants passant par le VALOFRASE ont un taux de réussite au concours d’entrée à l’université d'environ 70 % alors que la moyenne nationale est de 15 %[40].

Plus de 113 667 étudiants ont choisi le français comme langue d'étude en 2007.

40 provinces sur 64 proposent l'apprentissage du français à l'école[41].

En 2010, 700 000 personnes parlent français, soit 0.8% de la population du pays.

Au Cambodge

Alors qu'avant le lancement du programme VALOFRASE les étudiants en français au Cambodge étaient peu nombreux, en 2007-2008 45 434 étudiants décident de choisir le français comme langue d'apprentissage, ce nombre passe à 98 184 durant l'année 2008-2009, à 114 529 durant l'année 2009-2010[42] et passe à 128 097 durant l’année 2010-2011 [43].

De plus, le nombre de régions proposant le français passe de 16 sur 24 en 2006 à 21 en 2009[42] puis finalement à 24 en 2011, toutes les régions l'enseignant désormais.

À partir de la rentrée 2009/2010, le français et l'anglais sont obligatoire dans le cursus scolaire des Cambodgiens (le français étant appris comme LV2).

En 2010, le français est parlé par près de 500 000 personnes, soit 3,5% de la population de ce pays.

Au Laos

Au Laos, le nombre d'étudiants diplômés du baccalauréat augmente de 400 % de 2004 à 2006 et de 935 % de 2004 à 2009[44].

Une réforme de l'éducation au Laos à l'horizon 2012 verra la prescription de l'anglais et du français.

En 2010, 200 000 personnes parlent le français au Laos, soit 3% de la population.

En Thaïlande

En 2008 la Thaïlande décide de devenir membre de l'Organisation international de la francophonie[45], en raison de la francisation qui se produit en Asie mais aussi du fait que la Thaïlande partage des frontières avec deux anciennes colonies françaises, le Cambodge et le Laos.

En 2009, le français est la deuxième langue étrangère étudiée dans le secondaire[46]. En 2010, ce sont près de 550 000 personnes qui parlent français en Thailande (0,8% de la population).

En Europe centrale et orientale

En Lituanie

La Lituanie compte depuis la rentrée 2009 un réseau de douze établissements bilingues francophones, dont l’École Dzukija d’Alytus, où la première section bilingue lituanienne avait été créée en 2002[47].

En France

Comment le français a supplanté les autres dialectes, patois ou langues régionales

Les trois grands groupes linguistiques de France.

Au Moyen Âge, la France manque cruellement d'une d'unité linguistique, car au début du IXe siècle le latin n'est plus qu'une langue « sacrée » et la France est morcelée par les différents dialectes, que l'on peut regrouper dans trois différents groupes :

(« Oc » et « Oïl » étaient les différentes façons phonétiques de dire « oui ».)

  • le catalan dans la Catalogne Nord.

À cette époque le français n'était qu'une langue parmi d'autres, appelée le « françoys », « franceis », ou « françois ». Mais l'atout de cette langue est qu'elle se trouve dans une région en explosion démographique, Paris et sa région[48]. Le françois s'enrichit donc très vite grâce à l'apport des autres parlers d’oïl alentour, et plus Paris prenait de l'importance, plus des gens de tout le pays y affluaient, apportant avec eux leur variante linguistique.

La période qui s'étend de la fin du XIe siècle au début du XIVe siècle correspond à une période de rayonnement du français médiéval. Le français devient une langue internationale, parlée dans toutes les cours des royaumes d'Europe, ce qui laissa des marques dans toutes les langues européennes. Elle devient la « lingua franca » du monde, les lois sont rédigées en français, la diplomatie se fait en français.

Les langues d'oïl, sous sa forme normande, s'introduit en Angleterre dans le sillage de la conquête de ce pays par Guillaume le Conquérant en 1066. Puis le normand céda, le règne au français y durera plus de trois cents ans. Le vocabulaire anglais en a de profondes marques : 70 % à 72 % de l'anglais vient du normand ainsi que du français[49]. On raconte qu'à cette époque on parlait plus français en Angleterre qu'en France[50],[51],[52].

On voit l'importance que commence à prendre le français quand, en 1250, Saint Louis commande une traduction de la Bible en français. L'érudit florentin Brunetto Latini écrit en langue d'oïl son Livre du Trésor, vers 1265, et s'en explique en déclarant que c'est là, la « parlure plus délectable et plus commune à toutes gens ». Le chroniqueur vénitien M. da Canale assure, à la fin du XIIIe siècle, que « la langue française court le monde »[53].

C'est au XIIIe siècle qu'apparurent des œuvres littéraires en français. En 1298, Marco Polo rédige ses récits de voyages en français[54].

Mais c'est en 1539 que débute officiellement la francisation de la France avec la proclamation de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François I : elle impose le français comme langue du droit et de l’administration en France, en remplacement du latin. Cependant[50], il ne faut pas en conclure que tous les Français parlent cette langue : les historiens estiment que 10 % à 20 % de la population parle la langue du roi au XVIe siècle[55]. Bien que l'ordonnance soit relativement longue avec ses 192 articles[56], seuls les articles 110 et 111 concernaient la langue :

Texte original :

  • 110. Que les arretz soient clers et entendibles et afin qu'il n'y ayt cause de doubter sur l'intelligence desdictz Arretz, nous voullons et ordonnons qu'ilz soient faictz et escriptz si clerement qu'il n'y ayt ne puisse avoir aulcune ambiguite ou incertitude, ne lieu a en demander interpretacion.
  • 111. Nous voulons que doresenavant tous arretz, ensemble toutes aultres procedeures, soient de noz courtz souveraines ou aultres subalternes et inferieures, soient de registres, enquestes, contractz, commissions, sentences, testamens et aultres quelzconques actes et exploictz de justice ou qui en deppendent, soient prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en langaige maternel francoys et non aultrement.

En français moderne :

  • 110. Afin qu’il n’y ait cause de douter sur l’intelligence des arrêts de nos cours souveraines, nous voulons et ordonnons qu’ils soient faits et écrits si clairement, qu’il n’y ait ni puisse avoir aucune ambiguïté/ambigüité ou incertitude, ni lieu à demander interprétation.
  • 111. Nous voulons donc que dorénavant tous arrêts, et ensemble toutes autres procédures, soient de nos cours souveraines ou autres subalternes et inférieures, soient des registres, enquêtes, contrats, testaments et autres quelconques actes et exploits de justice ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel français et non autrement.

En revanche, le français est couramment pratiqué dans toutes les cours européennes. En 1685, Pierre Bayle peut ainsi écrire que le français est « le point de communication de tous les peuples de l'Europe »[57]. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les élèves apprennent toujours à lire en latin, qui a toujours le statut de langue de transmission du savoir. Le français est enseigné de manière rudimentaire : simples notions d'orthographe et de grammaire. De plus, les classes se déroulent toujours en dialecte local afin de se faire comprendre des élèves, car ces dialectes sont toujours utilisés comme langue courante en France.

En juin 1794 l'abbé Grégoire révèle qu'on ne parlait le français que dans 15 départements sur 83, il lui paraît paradoxal, et pour le moins insupportable, de constater que moins de 3 millions de Français sur 28 parlent la langue nationale, alors que dans toute la nouvelle France, cela fait plus de 100 ans que le français est unifié et parlé couramment de Bâton-Rouge à Montréal[58].

Mais c'est la Révolution française qui va marquer une amplification considérable de la francisation du territoire avec le « plan Talleyrand », qui prévoit de n'enseigner que le français afin de chasser cette « foule de dialectes corrompus, derniers vestiges de la féodalité ».

Pour la première fois on associe langue et nation, le français est alors considéré comme le ciment de l'unité nationale[59].

Le 17 novembre 1794, en vue d'accélérer le francisation dans les campagnes, la Convention nationale adopte le décret de Joseph Lakanal et, le lendemain, toujours sur proposition de Lakanal, est décidée la création de 24 000 écoles primaires (une école par 1 000 habitants). Le gouvernement veut que le français s'impose là ou il y a des écoles, le décret du 27 janvier 1794 ordonne aux instituteurs de n'enseigner qu'en français « dans les campagnes de plusieurs départements dont les habitants parlent divers idiomes. »

Les dialectes cèdent donc progressivement la place à un enseignement du français, la loi Guizot de 1833 amplifie le phénomène de francisation  : « l'instruction primaire comprend nécessairement […] les éléments de la langue française. »

En 1831 les lois visant à la francisation continuent à être votées, on peut par exemple voir cette directive de monsieur Auguste Romieu, sous-préfet de Quimper :

« Multiplions les écoles, créons pour l'amélioration morale de la race humaine quelques unes de ces primes que nous réservons aux chevaux ; faisons que le clergé nous seconde en n'accordant la première communion qu'aux seuls enfants qui parleront le français [...]. »

Dans toutes les écoles, l'enseignement doit être fait en français, comme on le remarque dans les règlements locaux comme par exemple le règlement pour les écoles primaires élémentaires de l'arrondissement de Lorient, adopté par le Comité supérieur de l'arrondissement en 1836 et approuvé par le recteur en 1842[60].

Vers 1880 le ministre de l’Instruction publique Jules Ferry et Jules Simon introduisent la notion de rédaction et de composition, puis l'étude de la littérature afin d'évoquer la dimension culturelle de la langue française.

2. Discipline

Article 19

Chaque classe commence et se termine par une prière en français, qui est arrêtée par le comité local sur proposition du curé.

Article 21

Il est défendu aux élèves de parler breton, même pendant la récréation et de proférer aucune parole grossière. Aucun livre breton ne devra être admis ni toléré. S'exprimer en breton et parler "grossièrement" font l'objet de la même prohibition[61].

Mais c'est la loi Ferry qui en 1881 institue la gratuité de l'école primaire et en 1882 la rend obligatoire, imposant finalement la langue nationale sur tout le territoire français et la démocratisant.

Pourtant en 1863, sur 38 millions de Français on en comptabilisait toujours 7,5 millions ne connaissant pas la « langue nationale ». D'après les témoignages de l'époque, les enfants des villages ne retenaient presque rien du français appris à l'école, celui-ci « ne laisse pas plus de trace que le latin n'en laisse à la plupart des élèves sortis des collèges ». Les élèves reparlent leur patois à la maison.

Au cours du XXe siècle et jusque dans les années 1960, les gouvernements ont adopté pas moins de 40 lois concernant surtout l'enseignement, la presse, l'administration et l'orthographe.

Au début du XIXe siècle, le ministère de l'éducation nationale trouvait que la francisation était trop lente, les autorités décidèrent donc de nommer des professeurs d'une autre région pour les rendre incapables de parler les patois et donc les forcer à utiliser le français.

La Grande Guerre a aussi participé à la francisation de la France, des hommes de toutes les régions se retrouvant ensemble à combattre avec comme seule langue commune le français, la francisation s'est donc encore amplifiée durant la Première Guerre mondiale[62].

En 1925, Anatole de Monzie, ministre de l’Instruction publique proclame : « Pour l'unité linguistique de la France, il faut que la langue bretonne disparaisse »[63].

En 1926, le grammairien Ferdinand Brunot écrit dans son Histoire de la langue française que les patois sont encore bien vivants dans les campagnes. Au XVIIIe siècle, comme de nos jours, le patois était chez lui partout où l'on causait au village [...]. À l'heure actuelle, le français est la langue des villes, le patois, la langue des campagnes[64].

En 1972, Georges Pompidou, alors président de la République, déclare au sujet des langues régionales : « Il n'y a pas de place pour les langues et cultures régionales dans une France qui doit marquer l'Europe de son sceau. »[65].

C'est entre 1981 et 1995 que les premières mesures pour conserver les patois en voie de disparition vont être prises comme l'annonce le discours de François Mitterrand de 1981, à Lorient : « Le temps est venu d’un statut des langues et cultures de France qui leur reconnaisse une existence réelle. Le temps est venu de leur ouvrir grandes les portes de l’école, de la radio et de la télévision permettant leur diffusion, de leur accorder toute la place qu’elles méritent dans la vie publique. »

Pourtant, en mai 1997, l'inspecteur de l'Éducation nationale Daniel Gauchon déclarait qu'il fallait privilégier la culture et la langue françaises et non pas les langues régionales[66].

Promotion du français face aux langues étrangères

Contrairement à d'autres pays, la France a instauré beaucoup d'organismes chargés de créer une terminologie française et d'assurer « la défense et l'expansion de la langue », comme par exemple l'Académie française, qui rend obligatoire certains mots nouveaux, mais encore l'Association française de terminologie[67], qui travaille en collaboration avec l'Office québécois de la langue française (OQLF) et le Service de la langue française de la Communauté française de Belgique, le Haut Comité pour la défense et l'expansion de la langue française, ou même l'OIF, l'Organisation internationale de la francophonie, qui est chargée de protéger la francophonie mondiale et de participer à son expansion (la France est un des 70 membres).

Une autre date importante pour la francisation de la France est la loi 94-665 du 4 août 1994 ou « Loi Toubon », qui est la première loi en France, à l'instar de la loi « loi 101 » au Québec, à imposer clairement le français comme seule langue de la République française.

Son but est de défendre la langue française en France, non pas contre les patois, mais principalement contre l'américanisation de la France, elle vient s'appuyer sur une disposition introduite en 1992 dans la Constitution : « La langue de la République est le français ».

Le décret d'application du 3 juillet 1996 a mis en place un dispositif d'enrichissement de la langue française. Il impose l'usage des termes en français dans les services et établissements publics de l'État (articles 11 et 12 du décret) :

*Art. 11. - Les termes et expressions publiés au Journal officiel sont obligatoirement utilisés à la place des termes et expressions équivalents en langues étrangères :

1) Dans les décrets, arrêtés, circulaires, instructions et directives des ministres, dans les correspondances et documents, de quelque nature qu'ils soient, qui émanent des services et des établissements publics de l'État.

2) Dans les cas prévus aux articles 5 et 14 de la loi du 4 août 1994 susvisée relative à l'emploi de la langue française. La commission générale observe l'usage prévu au présent article des termes et expressions publiés.

*Art. 12. - Les listes de termes et expressions approuvés en vertu des dispositions réglementaires relatives à l'enrichissement de la langue française précédemment en vigueur sont assimilées aux listes publiées en vertu du présent décret. Elles peuvent être modifiées selon la procédure prévue aux articles 7 à 10 du présent décret.

En 2004, le sénateur Philippe Marini (UMP) fait une proposition de loi destinée à renforcer la loi Toubon.

En 2005, cette proposition est finalement adoptée à l'unanimité par le Sénat. Elle comporte des dispositions visant les entreprises : l'obligation faite aux chefs d'entreprises de soumettre au personnel un rapport sur l'utilisation de la langue française dans l'entreprise, la rédaction en français de l'ordre du jour du comité d'entreprise, ainsi que du procès-verbal consignant les délibérations.

Cette proposition de loi vise également les techniques de l'information et de la communication, les messages d'erreur par exemple.

En 2006, à la suite de l'application de la loi Toubon, des entreprises ont été condamnées en France pour usage illégal de l'anglais. Par exemple la société américaine GEMS, condamnée à 570 000 euros d'amende pour avoir transmis des documents en anglais sans traduction à ses salariés français[68]. Il en va de même des sociétés Nextiraone et Europ Assistance, elles aussi condamnées pour avoir voulu imposer à leurs salariés des logiciels en anglais sans traduction[69].

Le 19 juillet 2010 le journal Courrier International titrait : "Le français résiste, l’allemand collabore Face à l'avancée de l'anglais, Paris multiplie les lois protégeant l'utilisation de la langue de Molière et invente de nouveaux mots. À Berlin, le combat ne fait que commencer, mais il s'annonce difficile, car cela fait longtemps que l'allemand a déposé les armes, raconte le quotidien polonais Rzeczpospolita"[70],[71]

Écoles de français en France

En France, plusieurs écoles enseignent le français langue étrangère. Le réseau principal est celui des Alliances françaises. A côté de ce réseau on trouve des centres universitaires, par exemple le CAVILAM à Vichy, ou des établissements d'enseignement supérieur privé telle que l'École de langue française ELFE[72]. Un label "Qualité FLE" a été créé en 2007 par les ministères de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, des Affaires étrangères et de la Culture et de la Communication[73] avec quatre critères d'évaluation : l'accueil et l'hébergement, la qualité des cours et de l'enseignement, les locaux, la gestion.

Organismes de promotion de la langue française

Il existe beaucoup d'organismes francophones qui œuvrent à la diffusion, à la protection et au rayonnement du français de par le monde.

On peut par exemple citer :

  • OIF (Organisation internationale de la francophonie)
  • L'AFAL (Association francophone d'amitié et de liaison)
  • Le CIFLE (Comité International pour le Français Langue Européenne)[74]
  • TV5 Québec Canada
  • TV5 Monde (chaîne de télévision généraliste francophone internationale.)
  • L'AIMF (Association internationale des maires francophones)
  • L'Impératif français (Organisme culturel de recherche et de communication voué à la promotion de la langue française, de la culture d'expression française et de la francophonie)[75].
  • L'AUF (Agence universitaire de la Francophonie)
  • Le FIPF (Fédération internationale des professeurs de français)
  • L'ADIFLOR (Association pour la diffusion internationale francophone de livres, ouvrages et revues)
  • L'UIJPLF (Union internationale de la presse francophone)
  • L'IFRAMOND (Institut pour l'étude de la francophonie et de la mondialisation)[76]
  • L'APF (Assemblée parlementaire de la francophonie)
  • L'AHJUCAF (Association des hautes juridictions de cassation des pays ayant en partage l'usage du français)
  • Francopol (réseau international regroupant les organisations et les écoles de formations policières francophones.)
  • L'Alliance française (fondation française de droit privé reconnue d’utilité publique et dont la mission est la promotion de la langue et de la culture française à l’étranger.)
  • France 24 (chaîne de télévision française d’information internationale en continu.)
  • L'APDLF (Association Pour la Défense de la Francophonie)[77]
  • L’ADF (Association défense du français)[78]
  • L'ALF (Avenir de la langue française)
  • L' IFADEM (L’Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres)[79]
  • Le CODOFIL (Conseil pour le développement du français en Louisiane)
  • L'APFA (Action pour promouvoir le français des affaires)[80]

Notes et références

  1. (fr) Site officiel du CODOFIL.
  2. (fr) Livre: La Louisiane (ISBN 1565546784) (ISBN 978-1565546783) sur Books google. Consulté le 27 mai 2010.
  3. (en)[PDF] Lois de Lousiane sur ejcl.org.
  4. (en)[PDF] Revue sur l'acadia sur erudit.org.
  5. (fr) L’histoire du français en Louisiane sur codofil.org. Consulté le 27 mai 2010.
  6. Langues et Provinces au Canada Provinces_et_territoires_du_Canada
  7. (fr) La loi 101 en ligne.
  8. (fr) Le nombre d'élèves anglophones a chuté de 43% en vingt ans.
  9. (fr) Rapport de L'OIF.
  10. Évolution des langues au Québec (1844-2006), consulté le 4 avril 2010.
  11. (fr) La modernisation du Québec (1960-1981) Le français, langue étatique sur tlfq.ulaval.ca. Consulté le 27 mai 2010.
  12. a et b (en) [PDF]Statistiques du Québec sur olf.gouv.qc.ca.
  13. (fr) La connaissance du français et de l'anglais par langue maternelle, 1991, 1996, 2001.
  14. (fr) Les Canadiens et le bilinguisme Rapport final .
  15. (fr) Connaissances des langues, par langue maternelle et région ensemble du Québec, 1971-1991.
  16. (en)L'annuaire du Québec 2005, By Michel Venne (page 151) sur Books google. Consulté le 27 mai 2010.
  17. (fr)Synthèse du rapport sur l'évolution de la situation linguistique au Québec http://www.olf.gouv.qc.ca/etudes/synthese.pdf
  18. Afrique francophone
  19. Pourquoi apprendre le français 1999 http://faculty.kutztown.edu/dewey/why_french.htm
  20. a et b (fr) Rapport du Secrétaire général de la Francophonie sur francophonie.org. Consulté le 3 avril 2010.
  21. Carte des langues officiels en Afrique, consulté le 27 mai 2010
  22. a et b (fr) Francisation du Nigeria : Le Nigeria, incontournable géant de l'Afrique. sur le site du Sénat (français). Consulté le 27 mai 2010
  23. (fr) [PDF] Discours du président lors de la remise des prix aux lauréats de notre concours de langue française sur langue-francaise.org. Consulté le 27 mai 2010.
  24. Le français au Nigeria **Université Laval** http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/nigeria.htm
  25. (fr) Selon les données du Haut Conseil de la Francophonie, État de la francophonie : données 1995-1996, Paris, La Documentation française, 1996, p. 45.
  26. (fr) Selon les données du Haut Conseil de la Francophonie, État de la francophonie : données 1997-1999, Paris, La Documentation française, 1999, p. 59.
  27. (fr) : Le français au Mozambique, FIPF, le 30 septembre 2008, 08:38.
  28. (fr) organisation internationale de la francophonie.
  29. (fr) Fédération internationale des professeurs de français sur www.fipf.info.
  30. (fr) La vitalité de la francophonie : entre monologisme et diversité ? Albino CHAVALE Université Montpellier III - Dipraling sur www.ulaval.ca.
  31. (fr) Journal Africain sur la progression du français en Zambie http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=2712
  32. (fr) La langue de Moliere en Zambie [PDF] http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/Afriqueaustrale1/langue.pdf
  33. (fr) Site du Consulat de France expliquant l'historique du VALOFRASE sur www.consulfrance-hcm.org
  34. (fr) Site officiel de VALOFRASE
  35. (fr) Rapport du Secrétaire général de la Francophonie sur www.francophonie.org
  36. (fr) État de l'enseignement du français en Chine, Ambassade de France en Chine.
  37. (fr)[PDF] Le français à la carte, sur www.editions-sepia.com.
  38. (fr) l’Alliance française de Canton.
  39. http://www.consulfrance-pekin.org/Inauguration-de-l-Annee-de-la-langue-francaise-en-Chine.html
  40. (fr) Consulat de France sur le VALOFRASE.
  41. (fr) Chiffres officiels.
  42. a et b (fr) Statistiques officielles du VALOFRASE
  43. http://www.valofrase.org/
  44. (fr) Statistiques officielles du VALOFRASE
  45. (fr) Site officiel de l'Organisation international de la francophonie.
  46. (fr) lepetitjournal.com, 9 janvier 2009.
  47. (fr) LITUANIE - création d’un réseau de 12 sections bilingues sur www.diplomatie.gouv.fr
  48. (fr) Histoire du français en France [PDF]
  49. (fr) Des mots anglicisés puis refrancisés ! sur gringoire.com. Consulté le 27 mai 2010.
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  52. (fr)Argumentaire en faveur de la langue française
  53. (fr)Livre: Le souffle de la langue : voies et destins des parlers d'Europe, par Claude Hagège, page 95 sur Books google. Consulté le 2 juin 2010.
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  59. Livre Mille ans de langue française, histoire d'une passion (Broché) (ISBN 2-2620-2270-4) ou (ISBN 978-2-2620-2270-9).
  60. (fr) La pratique du breton de l'Ancien régime à nos jours sur *. Consulté le 27 mai 2010.
  61. (fr) Règlement en 1836 adopté par le Comité supérieur de l'arrondissement sur ph-ludwigsburg.de. Consulté le 27 mai 2010.
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  63. (fr)Le français et les langues historiques de la France, par Hervé Abalain sur books.google.com. Consulté le 19 juin 2010.
  64. (ISBN 2-2620-2270-4).
  65. (fr)[PDF] Université de Provence: Histoire de la langue française.
  66. (fr) Florilège de contre-vérités, de bêtises, de propos haineux ou racistes. sur gwiriouanden.free.fr. Consulté le 27 mai 2010. L'histoire de la langue bretonne.
  67. (fr) Le français contemporain (chapitre 9) sur tlfq.ulaval.ca. Consulté le 27 mai 2010.
  68. (fr) 570 000 euros d'amende pour refus de traduction sur novethic.fr. Consulté le 27 mai 2010.
  69. (fr) La justice ordonne à Europ Assistance de traduire un logiciel en français sur francophonie-avenir.com. Consulté le 27 mai 2010.
  70. (fr)Article du Courrier International du 22.03.2010
  71. (pl)Site officiel du Journal Rzeczpospolita sur www.rp.pl
  72. http://www.elfe-paris.com/
  73. http://www.qualitefle.fr/
  74. (fr) Comité International pour le Français Langue Européenne sur cifle.eu. Consulté le 27 mai 2010.
  75. (fr)Site officiel Impératif français sur imperatif-francais.org. Consulté le 3 juillet 2010.
  76. (fr) Institut pour l'Etude de la Francophonie et de la Mondialisation sur www.iframond.com
  77. (fr) Association Pour la Défense de la Francophonie (l'APDLF) sur freewebs.com. Consulté le 27 mai 2010.
  78. (fr) Fondation Défense du français sur defensedufrancais.ch. Consulté le 27 mai 2010.
  79. L’Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres sur www.ifadem.org
  80. (fr) Actions Pour Promouvoir Le Français Des Affaires et les autres langues des pays francophones dans le domaine des affaires sur presse-francophone.org. Consulté le 27 mai 2010. APFA

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