- Classe La Galissonnière (croiseur)
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Cet article concerne la classe de croiseurs légers des années 1930. Pour les autres classes La Galissonnière, voir classe La Galissonnière.
Classe La Galissonnière Histoire Commanditaire : Marine nationale française Période de
construction :1931 - 1936 Période de service : 1936 - 1958 Navires construits : 6 Navires perdus : 3 Navires démolis : 3 Caractéristiques techniques Type : croiseur léger Longueur : 179 m Maître-bau : 17,5 m Tirant d’eau : 5,35 m Déplacement : 7600 tonnes. 9120 tonnes à pleine charge Propulsion : 2 turbines (Parsons ou Rateau-Bretagne)
4 chaudières IndretPuissance : 84 000 hp Vitesse : 32 nœuds Caractéristiques militaires Blindage : coque: 105 mm
cloisons avant/arrière: 60 mm
cloison longitudinale: 20 mm
pont: 38 mm
tourelles: 100 mm
superstructure: 95 mmArmement : 3 tourelles triples de 152 mm
4 affût doubles AA de 90 mm
6 affûts quadruples de 40 mm
2 plate-formes doubles de tubes lance-torpilles de 550 mmAéronefs : 4 GL-832 (en) puis 2 Loire 130
1 catapulteRayon d’action : 7 000 nmi à 12 nœuds
6 800 nmi à 14 nœuds
5 500 nmi à 18 nœuds
1 650 nmi à 34 nœudsAutres caractéristiques Équipage : 540 La classe La Galissonnière est une classe de six croiseurs légers français dits de "7.600 tonnes", commissionnés entre le 1er janvier 1936 et le 15 novembre 1937. C'est la dernière série de croiseurs mis en service dans la Marine Nationale française avant la Seconde Guerre Mondiale et la mise en service du De Grasse, en septembre 1956. Ils sont considérés comme une série très réussie de bâtiments rapides et fiables, bien armés et bien protégés[1].
Deux navires de cette classe, le Georges Leygues et le Montcalm ont participé à la défense de Dakar, contre une tentative de prise de contrôle (l'Opération Menace) de cette grande base navale de l'Afrique Occidentale Française par une force conjointe des Britanniques et des Forces Françaises Libres (23-25 septembre 1940). Après les débarquements alliés à Casablanca, Oran et Alger (Opération Torch,8-11 novembre 1942), les trois croiseurs restés à Toulon, La Galissonière, Jean de Vienne, et Marseillaise, y furent sabordés le 27 novembre 1942. Le Georges Leygues et le Montcalm, ainsi que le Gloire qui les avait rejoints à Dakar, furent partiellement refondus aux États-Unis, en 1943. Ils prirent part aux débarquements de Normandie, le 6 juin 1944 et de Provence, le 15 août 1944 et après guerre intervinrent en Indochine, en Algérie, et lors de la Crise de Suez, en juin 1956. Ils ont été ferraillés entre 1958 et 1970.
Sommaire
Nom du navire Chantier Quille posée Lancement Armement Destin Arsenal de Brest 15 décembre 1931 18 novembre 1933 1er janvier 1936 Sabordé à Toulon le 27 novembre 1942 Forges et Chantiers de la Méditerranée 15 novembre 1933 26 octobre 1935 15 novembre 1937 Envoyé à la casse en 1970 Georges Leygues Chantiers de Penhoët 21 septembre 1933 24 mars 1936 15 novembre 1937 Envoyé à la casse en novembre 1959 Arsenal de Lorient 20 décembre 1931 31 juillet 1935 10 février 1937 Sabordé à Toulon le 27 novembre 1942 Ateliers et Chantiers de la Loire 23 octobre 1933 17 juillet 1935 10 octobre 1937 Sabordé à Toulon le 27 novembre 1942 Forges et Chantiers de la Gironde 13 novembre 1933 28 septembre 1935 15 novembre 1937 Envoyé à la casse en janvier 1958 Arrière-Plan
La Marine française est sortie du premier conflit mondial, avec des croiseurs légers en très petit nombre, prenant de l’âge (construits au tournant du XXème siècle), et épuisés par quatre ans de guerre[2]. Au début des années 20, un croiseur austro-hongrois (dommages de guerre.
Après remise en état, car ils avaient été livrés en très mauvais état, ils seront rebaptisés du nom de villes d’Alsace-Lorraine, respectivement Thionville, Colmar, Mulhouse, Strasbourg et Metz. Ils étaient armés de neuf pièces de 100 mm pour le Thionville et de six à huit pièces de 150 mm pour les croiseurs ex-allemands, avec un déplacement de 4 000 tonnes pour le Thionville et de 5 000 à 7 000 tonnes pour les autres. Ils seront retirés du service à la fin des années 1920 et au début des années 1930[3].
Après qu’il eut été envisagé en 1920 de construire des croiseurs légers de 5 200 tonnes, armés de huit canons de 138,6 mm (5,5 pouces), et pouvant marcher à plus de 30 nœuds, les crédits ont été accordés en 1922, pour les trois croiseurs de la classe Duguay-Trouin connus comme des « croiseurs de 8 000 tonnes», qui ont été lancés en 1923-24. Ils avaient leur armement en quatre tourelles doubles, pour lequel a été choisi le calibre de 155 mm, couramment utilisé dans l’Armée de Terre, et donc supposé rendre l’approvisionnement en munitions plus facile. Pratiquement sans blindage, ils avaient une vitesse de 34 nœuds[4].
Il restait aussi, après les pertes de la guerre, des croiseurs cuirassés, construits entre 1900 et 1910, démodés lorsqu’ils avaient été mis en service. Avec un armement disposé le plus souvent en deux tourelles doubles de 194 mm, et un nombre variable de pièces de 167,4 mm en tourelles simples ou sous casemates (seuls l’Edgar Quinet et le Waldeck-Rousseau avaient une artillerie principale de seize pièces de 194 mm), une vitesse de 23 nœuds, une ceinture cuirassée de 90 à 170 mm, pour un déplacement de 12 000 à 14 000 tonnes, ils étaient surclassés en armement, par leurs contemporains britanniques ou allemands[5].
Au début des années 1910, il y avait eu, en effet, une tendance à l’accroissement du déplacement et de l’armement de ces navires, ce qui conduisit aux croiseurs cuirassés de la classe Minotaur (en) de la Royal Navy, de la classe Scharnhorst de la Marine Impériale allemande, ou au SMS Blücher avec huit à douze canons de 210 mm sur les « grands croiseurs » allemands, ou quatre canons de 190,5 mm (en) pour les bâtiments britanniques. Les SMS Scharnhost et SMS Gneisenau n’en ont pas moins été coulés, à la bataille des Îles Falklands, le 8 décembre 1914[6], le SMS Blücher, à la bataille du Dogger Bank, le 24 janvier 1915[7], et le Jutland, le 31 mai 1916[8], quand ils se sont trouvés imprudemment engagés contre des croiseurs de bataille, HMS Invincible et Washington de 1922, sur la réduction des armements navals dont certaines clauses limitaient le déplacement des croiseurs à 10 000 tonnes et leur armement au calibre de 203 mm aboutit, de fait, à interdire les croiseurs cuirassés. Ces limites avaient résulté d’un arbitrage[9],[10] entre les désirs (et les études) des marines américaines et japonaises dont le théâtre d’opérations du Pacifique nécessitait de grands bâtiments, et le souci de la Marine Britannique de ne pas avoir à ferrailler ses grands croiseurs de la classe Hawkins (en), alors en achèvement, conçus pour la lutte contre les corsaires de surface, avec un déplacement de 9 550-9 860 tonnes, armés de sept pièces de190,5 mm (en), dont la première unité avait été achevée en 1919, les suivantes devant être mises en service entre 1921 et 1925[11].
Comme l’expérience de la guerre avait montré l’importance de la sécurité sur les routes commerciales maritimes, jusqu’en 1930, les puissances signataires du Traité de Washington ont construit un grand nombre de ces croiseurs de 10 000 tonnes, armés de canons de 203 mm, quinze chacun, pour les États-Unis et le Royaume-Uni, douze pour le Japon, et sept chacune, pour la France et l’Italie. Dotés de huit pièces, en quatre tourelles doubles, pour ce qui est des croiseurs britanniques[12], français[13], ou italiens[14], ils comptaient neuf ou dix canons, pour les croiseurs américains[15] ou japonais[16]. Avec une vitesse de 30 à 35 nœuds, ils avaient un blindage extrêmement léger, pour les premières séries construites, et une meilleure protection, au prix d’une vitesse légèrement réduite, pour les séries suivantes[17].
Ainsi, en France, sur le premier construit de ces croiseurs issus du Traité de Washington, le Duquesne, le poids du blindage était de 430 tonnes, et la vitesse maximale atteinte aux essais de 35,30 nœuds, avec 126 919 CV, et, pour le dernier construit, l’Algérie, le poids du blindage était de 2 657 tonnes, et la vitesse maximale de 33,20 nœuds, avec 93 230 CV[18]. Ces bâtiments faisaient jeu égal avec leurs similaires italiens et surclassaient les croiseurs légers allemands.
L’Allemagne en effet, n’était pas soumise aux stipulations du traité de Washington, mais à celles du traité de Versailles, qui limitaient le tonnage de ses croiseurs à 6 000 tonnes. Aussi la Reichsmarine a-t-elle mis en chantier, entre 1926 et 1928, trois croiseurs de la classe Karlsruhe (en)[19],[20], au déplacement de 6 650 tonnes, armés de trois tourelles triples de 150 mm (en) (5,9 pouces), avec une vitesse de 30-32 nœuds, et en 1929, une unité améliorée, le Washington était trop grand pour ses besoins, et en 1927, un croiseur armé de canons de 203 mm mais légèrement plus petit fut mis sur cale, le Londres venait à peine de commencer, le Royaume-Uni annonça l’annulation de ses projets de croiseurs armés de canons de 203 mm, tandis que la première unité d’une nouvelle classe était annoncée[22], avec un déplacement de 6 500 tonnes, armée de huit canons de 152 mm, capable de faire face au Londres de 1930 a introduit une distinction entre les croiseurs, dits de Type A communément appelés croiseurs lourds (en), avec des canons d’un calibre supérieur à 155 mm (6,1 pouces), celui de l’artillerie principale de la classe Duguay Trouin, et pouvant aller jusqu’à 203 mm, et les croiseurs de Type B, communément appelés croiseurs légers, avec des canons d’un calibre égal ou inférieur à 155 mm. Ce traité avait également fixé le nombre des croiseurs de Type A de chaque signataire au nombre de ses croiseurs existants, et autorisé leur remplacement seulement vingt ans après leur achèvement, si celui-ci était intervenu après le 31 décembre 1919[25],[26].
En 1926, la France avait commencé à construire des « contre-torpilleurs » (les classes Jaguar, Londres qui venait d’être signé. Avec un déplacement de 5 200 tonnes, ils étaient armées de huit pièces de 152 mm en tourelles doubles, pouvaient atteindre la vitesse remarquablement élevée de 37 nœuds, mais avaient un blindage négligeable et un court rayon d’action[28].
Côté français, un nouveau croiseur avait été commandé en 1926, et lancé en 1930, spécialement conçu comme navire-école pour les élèves de l’Ecole Navale. Le croiseur Jeanne d'Arc avait la même artillerie de calibre 155 mm, en tourelles doubles que la Classe Duguay-Trouin[29]. Mais la conjonction du traité de Londres qui mettait un terme à la construction de croiseurs ayant une artillerie de 203 mm, la construction de croiseurs légers par l'Allemagne et l'Italie, a conduit à concevoir un nouveau type de croiseurs légers, à une époque où la France pensait encore être en mesure d'avoir une flotte capable d'affronter celles de l'Italie et de l'Allemagne réunies. Un nouveau croiseur, l’Émile Bertin conçu pour opérer comme mouilleur de mines et conducteur de flottille de destroyers, avait reçu un armement de neuf pièces de 152 mm, complètement nouveau, tant par son calibre que par sa disposition en trois tourelles triples. Il disposait, comme artillerie secondaire anti-aérienne, de quatre pièces de 90 mm, en un affût double, et deux pièces simples. Son déplacement était de 5 886 tonnes, ses machines développaient 102 000 CV, pour 34 nœuds en service normal, mais il n’avait pas de blindage d’une épaisseur supérieure à 30 mm, et son rayon d’action n’était que de 3 600 nautiques à 15 nœuds. Atteignant 39,66 nœuds à ses essais de vitesse, en développant 137 908 CV, ce fut le croiseur français le plus rapide jamais construit[30].
C’est sur la base de l’armement principal de l’Émile Bertin[31], et de la propulsion et du blindage de l’Algérie qu’a été conçue la classe La Galissonnière, dont l’unité éponyme a été lancée le 18 novembre 1933[32].
Mais la Marine Impériale japonaise, et sa grande rivale dans l’Océan Pacifique, l’U.S. Navy, étaient toutes deux intéressées à avoir de grands croiseurs, et qu’ils soient classés lourds ou légers leur importait peu. Or le traité de Londres ne fixait pas de limites de tonnage pour les Types A ou B, et donc ne demeurait qu'une limite supérieure de 10 000 tonnes, fixée par le Traité de Washington. De plus il était apparu que la supériorité des croiseurs lourds armés de canons de 203 mm d’une portée supérieure aux canons de 152 mm n’était réelle que par temps clair, et qu’avec une visibilité plus faible, en ces temps antérieurs au radar d’artillerie, la cadence de tir plus rapide des canons de 152 mm faisait des croiseurs légers des adversaires coriaces[33].
Aussi pour son programme de 1931, la Marine Impériale Japonaise passa commande des deux premières unités d’une nouvelle classe de croiseurs, la classe Mogami, avec quinze canons de 150 mm en cinq tourelles triples, une vitesse de 37 nœuds, et un déplacement de 8 500 tonnes, manifestement sous évalué[34], et les mit en service en 1935. La réaction de l’U.S. Navy fut la classe Lorient, et comme la construction a très peu avancé pendant la guerre, il ne fut lancé qu’en 1946, et mis en service en 1956, comme croiseur anti-aérien (en)[38].
Caractéristiques
Il est particulièrement difficile de comparer entre eux les croiseurs du Type B défini par le traité de Londres de 1930, car ils sont très différents par leur déplacement, leur armement, leur protection et leur vitesse, depuis les croiseurs des classes Kriegsmarine, le tous azimuts».
Armement
La caractéristique de la classe La Galissonnière en matière d’armement était l’emploi de la tourelle triple de 152mm.
La Marine Nationale n’avait jamais utilisé, avant l’Émile Bertin, de tourelle triple. Jusqu’en 1910, elle n’avait même utilisé que des tourelles doubles, comme la Royal Navy, la Marine Impériale allemande et la Marine Impériales japonaise, pour tous leurs cuirassés mis en service avant 1920. Au moment de la conception des cuirassés de la classe Normandie, le service Technique des Constructions Navales avait envisagé d’utiliser des tourelles quadruples, car trois tourelles quadruples de 340 mm (en) représentaient une augmentation de la puissance de feu de 20%, par rapport aux cinq tourelles doubles du même calibre de la classe Cuniberti, avait eu recours à la tourelle triple dès son premier dreadnought, le Loire 130 pouvaient être mis en œuvre. Le cul en tableau permettait de déployer un tapis pour récupérer les appareils, mais ce matériel peu efficace, fut rapidement débarqué.
Blindage et propulsion
Si l’artillerie de la classe La Galissonnière était inspirée de l'Emile Bertin, sa protection était inspirée de celle du dernier croiseur lourd français, l’Algérie, et était supérieure à celle des croiseurs lourds (Foch et Harwood (en) réussit à contraindre l'Admiral Graf Spee à rejoindre le Rio de la Plata.
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Nom du navire Ceinture Traverses Ponts blindés Tourelles Blockhaus La Galissonnière 105 mm 60/20 mm 38 mm 100/50 mm 95/50 mm Algérie 110 mm 70/40 mm 80/30 mm 100/70 mm 100/70 mm Dido (en) avec 76,2 mm (3 pouces),ou de la classe Colony (en) avec 88 mm (3,5 pouces), ou équivalente à celle de la classe Leander (en). Seuls les deux croiseurs de la classe Duca degli Abruzzi (en), dernier groupe des Condottieri, avaient une ceinture de 130 mm, mais il s’agissait de navires d’un déplacement de 9,100 tonnes (20% de plus que les croiseurs français). Il en était de même pour la protection des tourelles, avec 100 mm, contre 32 mm sur les croiseurs allemands, 25 mm sur les croiseurs britanniques des classes Leander (en) et Arethusa (en), 50 mm sur ceux des classes Town (en) ou Colony (en).
La propulsion était assurée par quatre chaudières Indret, et quatre turbines à engrenages, Parsons sur les croiseurs La Galissonnière (en), Georges Leygues et Montcalm (en), ou Rateau Bretagne sur les trois autres, developpant 84,000 CV et entrainant deux hélices, pour une vitesse de 31 nœuds. Toutes les unités de la classe ont tenu 31/32 nœuds plusieurs heures et tous ont dépassé largement la vitesse attendue aux essais de 33 nœuds. Ainsi le croiseur Marseillaise (en) a tenu une vitesse de 34,98 nœuds pendant un essai de 8 heures et 35,39 nœuds pendant une neuvième heure. A la fin de la guerre, ils pouvaient encore faire aisément 32 nœuds, à pleine charge atteignant alors 10 850 tonnes[57]. Leur endurance de 5500 nautiques à 18 nœuds était bien supérieure à celle de leurs équivalents italiens (environ 3 800 nautiques à 18 nœuds pour les Condottieri), et, pour la vitesse comme pour le rayon d'action, ils étaient comparables aux croiseurs légers similaires britanniques ou allemands, à l'exception des classes Leander (en) et Arethusa (en) qui avaient un rayon d'action exceptionnel de 12,000 nautiques[58].
Carrière
En novembre 1937, après qu’ils eurent été tous les trois admis en service actif, les croiseurs La Galissonnière, Jean de Vienne, et Marseillaise ont constitué, avec la Marseillaise comme navire-amiral, la 3ème Division de Croiseurs (D.C.), rattachée à l’Escadre de la Méditerranée. En mai-juin 1938, l’Escadre a effectué un périple en Méditerranée, jusqu’à Beyrouth, avec escales au retour à Kotor et à Split, en Yougoslavie, alliée de la France. En 1939, la 3ème D.C. effectue une croisière sur les côtes africaines jusqu’à Conakry. A partir de la déclaration de guerre, elle est basée à Bizerte.
Symétriquement, en décembre 1937, les Georges Leygues, Montcalm, and Gloire, avec le Georges Leygues comme navire-amiral, ont formé la 4ème Division de Croiseurs, qui de décembre 1937 à avril 1938, a effectué une croisière d’endurance jusqu'en Indochine et dans l’Océan Indien. A son retour, la 4ème D.C. a été rattachée à l’escadre de l’Atlantique et basée à Brest. En juillet 1938, la 4ème D.C. a participé à l’accueil à Boulogne du couple royal britannique, en visite officielle en France. En février 1939, au cours de manœuvres avec des contre-torpilleurs, le Georges-Leygues a éperonné le 3 septembre 1939, avait pris la suite de la Flotte de l’Atlantique. Sous les ordres du Vice Amiral d’Escadre Gensoul, ont ainsi été rassemblés, autour des deux cuirassés rapides, Dunkerque et Strasbourg, des bâtiments rapides, croiseurs légers et grands contre-torpilleurs pour s’efforcer, en liaison avec la Royal Navy, d’intercepter les corsaires de surface allemands. En octobre et novembre 1939, avec le Dunkerque, et le grand cuirassé rapide britannique 23 novembre 1939, le croiseur auxiliaire 1940 à des transports de troupes, Légionnaires, tirailleurs tunisiens, et pour La Galissonnière, tirailleurs marocains, vers la métropole[61].
Devant le risque d'entrée en guerre de l'Italie, le 2 avril, la Force de Raid a été envoyée en Méditerranée, mais elle a été rappelée à Brest dès le 9, les Allemands ayant, la veille, débarqué en Norvège. L'Emile Bertin qui participait aux opérations au large de la Norvège ayant été touché par une bombe d'avion, le Montcalm a été envoyé le 22 avril, pour le relever. Le 24 avril, la Force de Raid a quitté cette fois définitivement Brest pour la Méditerranée. Les 2-3 mai, le Montcalm a participé à l'évacuation de Namsos (en), au cours de laquelle a été perdu le malheureux contre-torpilleur Sommerville (en) à la tête de la Force H, est allé présenter un ultimatum britannique, à Mers-el-Kebir, le 3 juillet 1940, l'Amirauté française a ordonné, en clair, aux croiseurs d'Alger de rallier les cuirassés. L'Amirauté britannique a alors pressé l'Amiral Sommerville d'en finir au plus vite[66]. Les croiseurs ont appareillé en début d'après-midi, mais ne pouvant intervenir dans le combat, n'ont pu alors que rallier Toulon[61].
Deux mois après, les autorités de Vichy ont obtenu de la Commission allemande d'armistice d’envoyer à Libreville la 4ème division de Croiseurs et trois grands contre-torpilleurs pour contrer les Français Libres qui, fin août, avaient pris le contrôle des territoires d’Afrique-Équatoriale française, à l’exception du Gabon. Ils appareillent le 9 septembre, passent sans encombre le détroit de Gibraltar et vont ravitailler à Casablanca. Comme une réaction anglaise semble se préparer, ils mettent cap au sud à grande vitesse, laissant derrière eux la 10ème Division de Contre Torpilleurs, qui n’a pas l’autonomie pour les suivre[67]. Mais les croiseurs anglais ont intercepté dans le Golfe de Guinée le pétrolier Tarn, escorté par le croiseur Opération Menace, tendant à faire prendre le contrôle de cette grande base navale de l’Afrique Occidentale Française par le Général de Gaulle, avec le soutien des forces britanniques. Les deux croiseurs vont ainsi « faire des ronds dans l’eau » du 23 au 25 septembre, dans le « ratodrome » à l’est de Gorée, au milieu des gerbes des obus de 381mm et de 203mm[69].
À Toulon, dès le 25 septembre, sont constituées des Forces de Haute Mer (F.H.M.), sous le commandement du très anglophobe Amiral de Laborde, regroupant autour du Strasbourg, une division de croiseurs lourds, la 3ème D.C., réduite à deux croiseurs légers, et des unités d'éclairage, grands contre-torpilleurs et torpilleurs. Les F.H.M., en raison du manque de mazout iront très peu en haute mer. La plus importante sortie aura été d'aller, en novembre 1940, à la rencontre du cuirassé Provence qui arrive de Mers-el-Kébir, où il avait été sérieusement endommagé.
En 1941, sur les navires de la 3ème D.C. et le Georges Leygues, on a renforcé la faible artillerie contre avions à courte portée, avec deux mitrailleuses doubles de 13,2 mm, un affût double de 25 mm et un canon de 37 mm[30]. En janvier 1942, le Jean de Vienne est allé au secours des naufragés du cargo Jumièges et du paquebot Lamoriciere, dont la perte dans une tempête au large des Îles Baléares causa plus de trois cent morts[65]. En mars 1941, le Gloire avait rejoint la 4ème D.C. à Dakar. Il a été envoyé, du 15 au 25 septembre 1942, au secours des naufragés du 11 novembre 1942 en Afrique du Nord. La Galissonnière était désarmée à Toulon, en "gardiennage d'armistice", où elle servait de réserve de pièces détachées pour ses sister-ships depuis le 11 avril 1941. Les deux autres croiseurs de la 3ème D.C., Marseillaise et Jean de Vienne faisaient partie des Forces de Haute Mer, dont l'Amiral de Laborde a refusé vertement le ralliement aux Alliés, quand l'Amiral de la Flotte François Darlan le lui a demandé. Mais elles ne sont pas non plus intervenues contre les Alliés. Quant à la 4ème D.C., elle était toute entière à Dakar.
Après que les Allemands eurent occupé la Zone Libre, dès le 11 novembre 1942, sauf le camp retranché de Toulon, ils tentèrent, le 27 novembre 1942, de saisir les navires français qui s'y trouvaient. Mais ceux-ci ont été pour la plupart sabordés par leurs équipages et notamment les croiseurs de la classe La Galissonnière. La Marseillaise se retrouva irrécupérable. Les Italiens, qui étaient très intéressés à tenter de récupérer les navires sabordés, tentèrent de relever le Jean de Vienne et La Galissonnière, et les enregistrèrent comme FR 11 et FR 12. Après l'armistice entre l'Italie et les Alliés en septembre 1943, les épaves, passées sous contrôle allemand, furent remises aux autorités de Vichy[56], mais elles furent coulées au cours de bombardements des aviations alliées, le Jean de Vienne, le 24 novembre 1943, et La Galissonnière, le 18 avril 1944. Ils furent ferraillés après la guerre.
Début décembre 1942, les forces françaises des trois armées présentes en Afrique Occidentale Française rallièrent les Alliés.
A partir de février 1943, le Georges Leygues effectua depuis Dakar des patrouilles dans l’Atlantique central, et, le 13 avril, il intercepta le forceur de blocus allemand Portland[71]. L’amiral Collinet, commandant à l’époque la Marine Française en Afrique de l’Ouest avait été le commandant du Strasbourg à Mers-el-Kebir.
En février 1943, le Lemonnier, Chef d'Etat-Major Général de la Marine, qui l'avait commandé au départ de Toulon, en 1940, et pendant la bataille de Dakar. Jusqu’en avril 1945, les trois croiseurs firent partie de la Flank Force qui opéra devant la Riviera du Ponant italienne.
A partir de 1945, ils ont effectué des missions en Indochine, et après 1954 sur les côtes d’Algérie. Le Gloire fut le navire-amiral de l’Escadre de Méditerranée en 1951-52, le Montcalm d’octobre 1952 à juin 1954 et le Georges Leygues ensuite, qui participa comme navire-amiral de la Force d’Intervention, aux opérations en Egypte, pendant la crise de Suez, effectuant un bombardement contre Rafah, le 1er novembre 1956, et apportant son support au débarquement de Port-Saïd[73].
LeGloire et le Georges Leygues ont été ferraillés en 1958 et 1959, et le Montcalm en 1970[72].
Références
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Source
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