- Le Pluton (1927)
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Pour autres navires du même nom, voir Le Pluton.
Le Pluton
Lignes approximatives du PlutonHistoire A servi dans Marine nationale (France) Quille posée 16 avril 1928 Lancement 10 avril 1929 Armé 25 janvier 1932 Statut Coulé lors d'une explosion accidentelle le 13 septembre 1939 Caractéristiques techniques Type Mouilleur de mines Longueur 152 5 m Maître-bau 15 5 m Tirant d'eau 5 2 m Déplacement 5 300 t Port en lourd 6 214 t Propulsion 2 turbines à vapeur Puissance 57 000 ch Vitesse 30 nœuds Caractéristiques militaires Armement Canon de 138 mm (en)
Rayon d'action 4 510 milles à 14 nœuds Autres caractéristiques Équipage 513 hommes Chantier naval Arsenal de Lorient modifier Le Pluton est un croiseur mouilleur de mines construit pour la marine française dans les années 1920. Il est aussi capable de transporter un millier d'hommes, dans le rôle de transport de troupes rapide. Peu après la fin de sa construction, il est modifié et devient un navire d'entraînement d'artillerie, remplaçant le vieillissant Gueydon. Peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, il revient à son rôle d'origine et la plupart des équipement d'entraînement sont retirés. Au début de la guerre, il est alors envoyé à Casablanca afin de déployer un champ de mines. Lors d'une mauvaise manipulation, une mine expose, détruisant le navire.
Sommaire
Conception
La Marine nationale décide en 1925 de construire un mouilleur de mines rapide, sur le modèle du HMS Adventure, entré en service au début des années 1920. Il est similaire à celui-ci sous de nombreux aspects, mais est plus petit et plus rapide. De plus, il peut être utilisé en tant que transport de troupe (jusqu'à mille hommes). Les côtés des hangars à mines sont habituellement ouverts, mais ils peuvent être fermés par des panneaux à cet effet[1].
Caractéristiques générales
Le Pluton a une longueur hors-tout de 152,5 m. Il a un maître-bau de 15,5 m et un tirant d'eau de 5,2 m. Sa coque de forme longitudinale comporte 15 cloisons imperméables. La superstructure est composée essentiellement de duralumin pour sa légèreté, mais cela amènera des problèmes de solidité et de corrosion. Il possède un unique gouvernail, mû par un moteur électrique qui se révèlera trop faible pour cela. Son rayon de virage est de 875 m, avec un gouvernail à 25° et une vitesse de 27 nœuds, soit plus grand que le croiseur léger de 8 000 tonnes Duguay-Trouin, qui est plus long de 30 m. Le Pluton ne possède aucun blindage, et sa survie repose sur ses cales cloisonnées[2].
Machines
Le Pluton possède deux arbres, une chaudière à alternateur et une salle des machines. Ses turbines Bréguet ont à l'origine été conçues pour fournir 57 000 hp, mais elles fournissent 64 705 hp lors des essais. Quatre chaudières à tubes alimentent les turbines à une pression de 20 kg/cm2[3]. Une chaudière auxiliaire est adaptée pour fournir de l'énergie au magasin, et fournir de l'eau potable. Chaque arbre entraîne une hélice tripale en bronze de 4,08 m de diamètre, pour une vitesse prévue de 30 nœuds. Au final, Le Pluton atteindra 31,4 nœuds lors des essais[4]. Les réservoirs peuvent emporter 1 150 tonnes de fioul, ce qui permet un rayon d'action théorique de 7 770 milles à 14 nœuds. Au final, Le Pluton aura une autonomie de 4 510 milles à cause de la sous-estimation qui a été faite de la consommation de ses machines auxiliaires. Deux turbogénérateurs fournissent une énergie de 235 volts, et deux groupes électrogènes sont monté dans la salle des machines arrière pour fournir de l'énergie lorsque le navire est à quai. Un troisième est installé dans un compartiment spécial sur le premier pont, pour une utilisation en cas d'urgence[5].
Armement
Le Pluton devait à l'origine avoir deux tourelles, une à l'avant et l'autre à l'arrière, comprenant chacune un canon de 203 mm, quatre canons AA de 75 mm et quatre canons AA légers de 37 mm. Cependant, quatre canons de 138,6 mm remplacent ceux de 203 mm lors de la construction, et six 37 mm sont rajoutés à la place des canons de 75 mm, bien que les boucliers de protection de ceux-ci soient conservés pour une éventuelle utilisation ultérieure[6].
Les quatre canons de 138 mm ont des montures type M1924 avec bouclier. Deux sont situés à l'avant, deux à l'arrière, en position de tir juxtaposé (en) dans l'axe central. Leur hausse est comprise entre -10° et +35°, et ils possèdent un angle de tire de 270°. Ils possèdent une cadence de tir théorique de huit à neuf coups par minute, mais celle-ci se révèlera en réalité plus basse. Leur portée maximale est d'environ 18 200 m avec des obus de 40 kg, à une vitesse à la bouche de 700 m/s. Chaque canon possède 150 munitions en magasin. Chaque paire de canons possède son magasin, mais chaque canon possède son propre palan[7].
Le Pluton possède dix canons AA semi-automatiques de 37 mm. Deux sont montés sur le gaillard d'avant, six sont répartis entre les cheminées, et deux sur une plateforme à la poupe. Le navire transporte 10 000 obus, dont 144 dans des boîtes prêtes-à-l'emploi près de chaque canon[7]. La hausse de ces canons est comprise entre -15° et 80°. Ils tirent des obus de 725 kg à une vitesse initiale de 810 m/s. Leur portée antièaérienne effective est de moins de 5 000 m[8]. Seuls les deux canons de poupe furent conservés après l'entrée en service du Pluton en 1932[9].
Six mitrailleuses jumelées Hotchkiss Mle 1914 de 8 mm, déjà obsolètes à l'époque, sont montées comme suit: deux au-dessus de la passerelle, deux au-dessus de de la chambre de refroidissement des machines et deux juste devant le mât principal. 48 000 cartouches sont disponibles sur le navire. Ces mitrailleuses seront démontées peu après l'entrée en service du Pluton en 1932[9].
Le Pluton est conçu pour porter 220 mines Sauter-Harlé de 1 500 kg, mais au final il en portera 250. Elles sont entreposées sur le premier pont, ou pont des mines, et sont bougées à l'aide de chaînes, utilisant un système de quatre rails le long des flancs du navire. Chaque paire de rails converge vers une plaque tournante à l'avant de ceux-ci, un engrenage reliant les deux plaques. Cet engrenage facilite le chargement des mines depuis un côté du navire, et permet aux mines de bouger d'un rail à l'autre. Les rails se terminent à la poupe par quatre rampes descendant à 30°, afin de minimiser le choc de l'impact lorsque les mines sont relâchées par les chaînes. 270 mines Bréguet, plus petites, peuvent être transportées[10].
Histoire
Le Pluton entre en service dans la flotte méditerranéenne en 1932. Il rencontre alors de nombreux problèmes postconstruction, particulièrement au niveau des machines. Peu après, un nouveau rôle lui est assigné, celui de navire d'entraînement à l'artillerie. Il retourne alors à Toulon le 24 octobre 1932 afin d'y subir les modifications nécessaires. Des quartiers pour 40 hommes sont rajoutés dans la soute à mine. La plupart des canons anti-aériens de 37 mm et toutes les mitrailleuses de 8 mm sont remplacés par quatre canons de 75 mm, 24 canons anti-aériens, et six mitrailleuses Hotchkiss jumelées de 13,2 mm, deux à la place des canons de 37, et quatre entre les cheminées[11]. Les canons de 75 ont une dépression maximum de 10° et une élevation maximale de 90°. Ils tirent des obus de 5,93 kg à une vitesse de 850 m/s, et à une cadence de 6 à 18 coups par minute. Leur plafond maximal est de 8 000 m[12]. Les canons Hotchkiss ont une cadence cyclique de 450 coups par minute, mais la cadence pratique est de 200/250 coups par minute pour permettre le rechargement de ses magasins de 30 obus. Ils ont un plafond théorique de 4 200 m[13]. U système de contrôle de tir basique est rajouté pour les canons de 138 mm et 15 mires supplémentaires sont installées[14].
Retour au chantier
Le Pluton passe les années 1935 à 1935 au chantier. Il est mis à niveau quatre fois durant cette période, afin d'y rajouter plus d'artillerie et pour corriger certains de ses défauts. Ces modifications incluent un renforcement de sa superstructure, endommagée par la flamme de bouche des canons de 138 mm, le remplacement des échelles et des bômes en aluminium corrodées par des éléments en acier. Un directeur de tir à grand angle est ajouté aux canons de 75 mm, deux de ceux-ci sont convertis en canons contrôlés à distance, et des boucliers leurs sont ajoutés pour protéger l'équipage du souffle. Des installations sont de plus rajoutées pour pouvoir accueillir 40 hommes de plus[14].
En 1936, un canon jumelé expérimental de 13,2 mm est ajouté entre les canons de 75 mm tribord et d'autres mires sont ajoutées, pour porter leur total à 31. Ses machines sont remises à neuf entre le 25 novembre 1936 et le 13 mars 1937. Plus tard dans l'année, ses turbines sont réparées, et les directeurs de tir des canons de 138 mm sont remplacés par ceux utilisés sur les croiseurs légers de 8 000 t. Les canons de 13,2 mm du sont transférés du pont avant à l'avant de la superstructure. Sa dernière phase de réparation se déroule du 15 novembre 1938 au 15 février 1939, et elle comprend divers travaux sur les machines et les canons[15].
La Seconde Guerre mondiale
Le Pluton est transféré à Lorient le 10 mai 1939 lors de la formation de la 5e escadre de la Marine Nationale, où il est prévu qu'il soit transformé en conserve du croiseur école Jeanne d'Arc le 1er juin 1940[16]. Il est prévu qu'il soit renommé La Tour d'Auvergne, car à cette époque, le nom Pluton est réservé aux navires de guerre mouilleurs de mines de la Marine[6].
Alors que la guerre approche, il est décidé de transformer Le Pluton en mouilleur de mine et la plupart de l'équipement de contrôle de tir en trop est retiré. Le navire est transféré à Brest lors de la réorganisation de la 5e escadre. Il se dirige vers Casablanca le 2 septembre avec 125 mines Bréguet à son bord. Il a pour ordre d'y poser un champ de mines défensif le 4 septembre, mais cet ordre est annulé le lendemain, après que les mines ont déjà été amorcées. Le Pluton a alors pour ordre de débarquer les mines à terre. Lors de cette manœuvre, le 13 septembre, une mine explose, détruisant le navire et tuant 186 personnes. 120 personnes, dont 73 membres d'équipage sont blessées, et de nombreux dommages sont causés par les débris de l'explosion[16]. Un canon et un peu du blindage sont récupérés pendant la guerre, mais la démolition ne commence qu'en octobre 1952 pour se finir en juillet 1953[17].
Notes et références
- Guiglini & Moreau, pp. 153, 155
- Jordan, pp. 21–22
- Jordan, p. 22
- Guiglini & Moreau, pp. 155, 158
- Jordan, pp. 22–23
- Guiglini & Moreau, p. 153
- Jordan, p. 23
- France 37 mm/50 (1.46") Model 1925 37 mm/50 (1.46") CAIL Model 1933, Navweaps.com, 28 November 2009. Consulté le 6 February 2010
- Guiglini & Moreau, pp. 160, 166
- Guiglini & Moreau, pp. 160–61
- Guiglini & Moreau, pp. 166, 171
- French 75 mm/50 (2.95") Model 1922, 1924 and 1927, Navweaps.com, 24 March 2007. Consulté le 8 February 2010
- France 13.2 mm/76 (0.52") Model 1929, Navweaps.com, 28 November 2009. Consulté le 8 February 2010
- Guiglini & Moreau, p. 171
- Guiglini & Moreau, p. 172
- Jordan, p. 28
- Guiglini & Moreau, p. 232
Bibliographie
- (en) Jean Guiglini et Albert Moreau, « The First Light Cruisers of the 1922 Program: The Minelaying Cruiser Pluton, Pts. 1–2 », dans Warship International, Toledo (Ohio), International Naval Research Organization, vol. XXIX, no 2–3, 1992, p. 152–173, 225–43 (ISSN 0043-0374)
- (en) John Jordan (dir.), The Minelaying Cruiser Pluton, vol. 2004, Londres, Conway's Maritime Press, 2004, p. (ISBN 978-0-85177-948-5)
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « French cruiser Pluton » (voir la liste des auteurs)
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