Éléonore de Guyenne

Éléonore de Guyenne

Aliénor d'Aquitaine

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Aliénor d’Aquitaine, détail
Aliénor d'Aquitaine et Louis VII

Aliénor d’Aquitaine (dite également Éléonore de Guyenne), née en 1122 ou 1124[1] et morte le 31 mars ou le 1er avril 1204[2], à Poitiers[3],[4], est une reine de France, puis d’Angleterre.

Duchesse d’Aquitaine, elle occupe une place centrale dans les relations entre les royaumes de France et d’Angleterre au XIIe siècle : elle épouse successivement le roi de France Louis VII, puis le futur roi d’Angleterre, Henri II, renversant le rapport des forces en apportant ses possessions à l’un puis à l’autre des deux souverains. En tenant une cour fastueuse sur ses terres d'Aquitaine, elle favorise l'expression poétique des troubadours en langue d'oc. À la fin de sa vie, elle joue un rôle politique important dans l’Occident.

Sommaire

L’héritière d’Aquitaine

Armes du duché de Guyenne,
De gueules, au léopard d'or

Aliénor d'Aquitaine est la fille aînée de Guillaume X, duc d’Aquitaine, lui-même fils de Guillaume IX le Troubadour, et d’Aénor de Châtellerault, fille de de Châtellerault, un des vassaux de Guillaume X.
Aliénor, « l'autre Aénor » en langue d'oc, est ainsi nommée en référence à sa mère Aénor. Le prénom devient Éléanor en langue d'oïl.

Elle reçoit l'éducation soignée d'une femme noble de son époque à la cour d’Aquitaine, l’une des plus raffinées du XIIe siècle, celle qui voit naître l’amour courtois (le fin amor), entre les différentes résidences des ducs d’Aquitaine : Poitiers, Bordeaux, le château de Belin où elle serait née, soit encore dans un monastère féminin[5]. Elle apprend le latin, la musique et la littérature, mais aussi à monter à cheval et à chasser.

Elle devient l’héritière du duché d'Aquitaine à la mort de son frère Guillaume Aigret, en 1130[6]. Lors de son quatorzième anniversaire (1136), les seigneurs d’Aquitaine lui jurent fidélité. Son père meurt à trente-huit ans (1137), le Vendredi saint lors d’un pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. Elle épouse alors l’héritier du roi de France Louis VI, le futur Louis VII. Deux versions sur la conclusion de ces noces sont possibles : soit, craignant que sa fille soit enlevée (et épousée) par un de ses vassaux ou de ses voisins, le duc Guillaume avait proposé au roi de France, avant de mourir, d’unir leurs héritiers, soit le roi fait jouer la tutelle féodale que le suzerain détient sur l'orpheline héritière d'un de ses vassaux, et la marie à son fils[7] (voir mariage oblique). Le domaine royal s'accroît de ces terres entre Loire et Pyrénées ; mais le duché d’Aquitaine n’est pas rattaché à la Couronne, Aliénor en reste la duchesse. L'éventuel fils aîné du couple sera titré roi de France et duc d’Aquitaine, la fusion entre les deux domaines ne devant intervenir qu’une génération plus tard.

Les noces ont lieu le 25 juillet 1137 à Bordeaux entre Aliénor et le futur roi de France Louis VII. Comme de coutume, les festivités de mariage durent plusieurs jours, au palais de l’Ombrière à proximité de Bordeaux, et se répètent tout au long du voyage vers Paris. La nuit de noces a lieu au château de Taillebourg, et les époux sont couronnés ducs d’Aquitaine à la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers (aujourd’hui remplacée par une cathédrale gothique) le 8 août[8]. Ils apprennent la mort du roi Louis VI quelques jours plus tard, pendant leur voyage.

La reine de France

Contre sceau de Louis VII en duc d'Aquitaine.

Aliénor est couronnée reine de France à Noël 1137 à Bourges (son époux avait déjà été sacré du vivant de son père, à l’âge de neuf ans, mais il est recouronné sous le nom de Louis VII). Très belle[9], mais froide et réservée, d’esprit libre et enjoué, Aliénor déplaît à la cour de France, elle est critiquée pour sa conduite et ses tenues jugées indécentes, tout comme ses suivantes et tout comme une autre reine de France venue du Midi un siècle plus tôt, Constance d’Arles. Ses goûts luxueux (des ateliers de tapisserie sont créés, elle achète beaucoup de bijoux et de robes) étonnent. Les troubadours qu’elle fait venir ne plaisent pas toujours : Marcabru est renvoyé de la cour pour avoir chanté son amour pour la reine.

Certains historiens attribuent ces critiques à l’influence qu’elle aurait sur le roi. Celle-ci est difficile à démontrer selon l'historien Edmond-René Labande[10]. Le jeune couple (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées :

  • après la constitution de Poitiers en commune par ses habitants, la ville est prise sans effusion de sang par Louis VII, qui exige que les principaux habitants lui livrent leurs fils et filles en otage[11] ; l’abbé Suger intervient pour le faire renoncer à cet acte ;
  • après cette intervention de Suger sur le duché de la jeune reine, celle-ci l’écarte du conseil ;
  • Louis VII soumet Guillaume de Lezay, qui avait refusé l’hommage à Poitiers ;
  • dans une expédition sans lendemain en 1141, il tente de conquérir Toulouse, sur laquelle Aliénor estimait avoir des droits (de sa grand-mère Philippe de Toulouse) ; pour le remercier, Aliénor lui offre un vase taillé dans un bloc de cristal, monté sur un pied d’or et orné de pierreries et de perles ; visible encore aujourd’hui au Louvre, ce vase avait été donné à son grand-père par le roi de Saragosse Imad al-Dawla ;
  • elle pousse le roi à faire dissoudre le mariage de Raoul de Vermandois, pour que sa sœur Pétronille d'Aquitaine, amoureuse, puisse l’épouser, ce qui causa un conflit avec le comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, frère de l'épouse délaissée.

Au cours de ce conflit avec Thibaut IV de Blois, en janvier 1143, la ville de Vitry-en-Perthois est prise, et l’église dans laquelle s’étaient réfugiés ses habitants incendiée. En 1146, le pape Eugène III jette l'interdit sur le royaume de France. Profondément marqué par le drame de Vitry-en-Perthois et la sanction papale qui touche le royaume, Louis VII, dont l'épouse vient de lui donner une fille, annonce à Bourges, lors d'une assemblée tenue le 25 décembre 1145, qu'il participera à la deuxième croisade avec son épouse Aliénor.

Deux filles sont nées du mariage avec Louis VII :

Durant toute cette période, l’analyse des chartes montre une assez faible implication d’Aliénor dans le gouvernement : elle est là pour légitimer les actes[12].

La deuxième croisade

Article détaillé : Deuxième croisade.

Elle invite le troubadour Jaufré Rudel à la suivre lors de la deuxième croisade, et emmène avec elle toute une suite, avec de nombreux chariots. Augmentée des épouses des autres croisés, la croisade française se trouve encombrée d’un interminable convoi qui la ralentit. La découverte de l’Orient, avec ses fastes et ses mystères, fascine Aliénor et rebute Louis.

Les causes de discorde entre les deux époux s’ajoutent aux difficultés du voyage :

  • la bataille du mont Cadmos, où l’imprudence d’un de ses vassaux manque de causer la perte de la croisade ;
  • les manquements des Byzantins (qui leur cachent d’abord que les Allemands ont été battus, puis ne leur fournissent pas les navires promis) ;
  • les retrouvailles avec son oncle Raymond de Poitiers, qui accueille les croisés mais ne reçoit aucune aide de leur part ;
  • l’échec calamiteux de la croisade ;

Tout cela provoque, avec l’infidélité supposée d'Aliénor (voir plus bas), une rupture entre les deux époux. Ils reviennent séparément en bateau jusqu’en Italie. La nef d’Aliénor est prise dans une bataille navale entre Roger II de Sicile et l’empereur Manuel Comnène : elle tombe aux mains des Byzantins, avant d’être aussitôt délivrée par les Normands de Sicile[13]. Elle aborde à Palerme, puis rejoint Louis VII en Calabre, où il a débarqué le 29 juillet. Après un arrêt dû à une maladie d’Aliénor[14], ils remontent ensuite vers la France. Le pape Eugène III à l’abbaye du Mont-Cassin, puis Suger (par lettres interposées), réussissent à les réconcilier. Une fille leur naît d’ailleurs l'année suivante. Cependant, le désaccord ressurgit à l’automne 1151. Début 1152, le couple relève les garnisons royales présentes dans le duché d'Aquitaine[15]. Enfin, le mariage est annulé le 21 mars 1152 par le synode de Beaugency, pour motif de consanguinité aux 4e et 5e degrés (à strictement parler le divorce[16] n'existe pas à l'époque).

L’incident d’Antioche et la « légende noire[17] » de la reine Aliénor

Raymond de Poitiers accueillant Louis VII à Antioche, d'après une enluminure de Jean Colombe pour Les Passages d'oultre mer de Sébastien Mamerot, vers 1473-1474.

Les événements d’Antioche, ramenés à l’importance d’un incident par Jean Flori, ont depuis presque neuf siècles suscité une abondante littérature : cette infidélité d’Aliénor (dont tous les historiens ne sont pas convaincus) a non seulement des conséquences graves sur l’histoire politique, mais son rapport par les chroniqueurs nous en apprend beaucoup sur les mentalités de l’époque, et cet épisode est devenu depuis un enjeu pour les historiens, toujours controversé[18].

En chemin, la croisade s’arrête dix jours[19] à Antioche : elle y est accueillie par Raymond de Poitiers, oncle d’Aliénor, prince d’Antioche. Il est certain qu’Aliénor et Raymond de Poitiers s’entendent à merveille et passent beaucoup de temps ensemble. Des soupçons naissent sur la nature de leurs relations et une dispute éclate entre Louis VII et Aliénor. Celle-ci rappelle alors à son époux leur degré de consanguinité[20], et qu’elle pourrait donc demander l’annulation de leur mariage. De nuit, Louis VII quitte Antioche, forçant Aliénor à le suivre.

Plusieurs chroniqueurs[21] évoquent l’affaire, tout en écrivant qu’il vaut mieux ne pas en parler, signe qu’elle est connue de tous et de nature à porter atteinte à la réputation de certains contemporains. Parmi les chroniqueurs les mieux placés, Eudes de Deuil choisit d’arrêter son récit juste avant l’arrivée du couple royal à Antioche. Jean Flori interprète ce silence comme un désir de ne pas nuire au roi[22]. Une lettre de Suger[23] à Louis VII évoque elle aussi des troubles graves dans le couple. Guillaume de Tyr donne lui une explication politique : Raymond de Poitiers aurait tenté de manipuler la croisade pour l’orienter vers le siège d’Alep et de Césarée, et aurait manipulé Aliénor pour qu’elle influence le roi. Cette trahison politique d’Aliénor doublerait donc la trahison matrimoniale. Aliénor est, pour lui, une « poupée manipulée », sans volonté[24], ce qui est une des deux manières principales dont elle a été représentée (avec la figure de la nymphomane). Les historiens ont aujourd’hui complètement abandonné les accusations de nymphomanie et celles qui lui sont liées[25].

Quant à l’infidélité de la reine, elle n’est pas impensable au XIIe siècle : parmi les exemples de l'Histoire, le plus proche est celui de Marguerite, épouse d’Henri le Jeune et maîtresse de Guillaume le Maréchal. Le contexte de la croisade aggrave encore la sensibilité à ce qui touche la sexualité : Jean Flori note que, en arrière-plan, la sexualité au cours de la croisade, même légale, était déjà jugée de façon défavorable : sans évoquer Aliénor, plusieurs contemporains attribuent l’échec de la deuxième croisade aux fautes morales des croisés. La même explication est donnée pour l’échec de celle de 1101 (celle de Guillaume le Troubadour)[26].

Sur cet incident, une infidélité qui paraît acquise aux contemporains[27], et même bien avant la mort d’Aliénor[28], les chroniqueurs brodent assez rapidement : Hélinand de Froidmond, dans sa Chronique universelle, comme Aubri de Trois-Fontaines, affirment qu’elle se conduisit plus en putain qu’en reine. Le but est ici politique : mettre en valeur la vertueuse dynastie capétienne et justifier leur suprématie sur un lignage Plantagenêt immoral[29]. Avant la fin du Moyen Âge, l’évènement est grossi et transformé : on identifie l’amant avec Raoul de Faye, un sarrasin, voire avec Saladin (enfant à l’époque). L’épisode de la maîtresse d’Henri II, Rosemonde, se greffant là-dessus (rumeur d’empoisonnement sur ordre d’Aliénor), certains chroniqueurs lui prêtent une liaison avec l’évêque de Poitiers Gilbert de la Porrée (né vers 1076[30]), avec le connétable d’Aquitaine Saldebreuil, etc.

Pour Jean Flori, il a pu se passer deux choses :

  • soit Aliénor a effectivement eu des relations incestueuses avec son oncle, et a voulu ensuite rester avec lui, au point de ne pas craindre de se séparer de son époux ;
  • soit les croisés se sont trompés dans leur appréciation du sentiment qui unissait Raymond de Poitiers et Aliénor d’Aquitaine, ce qui donne une Aliénor très hardie osant évoquer la dissolution du mariage.

Dans les deux cas, l’élément primordial est cette évocation d’une possibilité d’annulation du mariage à l’initiative de l’épouse[31], et qui a forcément dû être préméditée[32]. Ce faisant, c’est elle qui décide de la rupture du mariage, chose impensable dans l’univers mental masculin d’alors : c’est pratiquement elle qui répudie son mari.

Il est difficile de trancher sur la réalité de l’adultère, comme Jean Flori s’interdit de le faire :

« On peut (…) penser que les soupçons de Louis VII étaient justifiés, comme l’ont fait la plupart des chroniqueurs dès que l’incident a été narré, ou au contraire estimer que l’intimité très naturelle de l’oncle et de sa nièce fut à tort jugée coupable par les trop austères chevaliers et prélats du Nord qui exigeaient d’une reine un comportement plus strict, au point de suspecter sa vertu et de conseiller au roi, agacé de ces rumeurs, de l’entraîner avec lui sans tarder. Dans ce cas, comme le fait remarquer Jean de Salisbury, l’accent doit être porté sur la demande de rupture formulée par la reine pour motif de consanguinité[33]. »
« Au demeurant, la réalité de l’adultère importe peu (…). Ce qui est très important (…) c’est le fait (…) que les contemporains d’Aliénor ont réellement cru qu’elle était une reine luxurieuse et (pis encore !) une reine n’hésitant pas à prendre l’initiative de la rupture[34] »

La reine d’Angleterre

Mariage avec le futur roi Henri II d’Angleterre

Royaume de France après le mariage avec Henri de Plantagenet

Après l’annulation du mariage, elle rentre immédiatement à Poitiers et manque d’être enlevée deux fois en route par des nobles qui convoitent la main du plus beau parti de France : le comte Thibaud V de Blois et Geoffroi Plantagenêt. Elle échange quelques courriers avec Henri Plantagenêt aperçu à la cour quelques semaines plus tôt[réf. nécessaire] et, le 18 mai 1152, six semaines après l'annulation de son premier mariage, elle épouse à Poitiers ce jeune homme fougueux, futur roi d'Angleterre, de onze ans son cadet et qui a le même degré de parenté avec elle que Louis VII. Le 19 décembre 1154, ils sont couronnés roi et reine d’Angleterre par Thibaut du Bec, archevêque de Cantorbéry[35]. Dans les treize années qui suivent, elle lui donne cinq fils et trois filles :

Durant les deux premières années de ce mariage, Aliénor affirme son autorité. Mais rapidement, c’est Henri II qui prend les décisions ; cinq grossesses les sept premières années la tiennent peut-être à distance. En tout cas, elle le suit au cours de ses voyages s'il a besoin d’elle, le représente quand il ne peut se déplacer (à Londres fin 1158 et en 1160), sinon elle est tenue plus souvent dans les domaines Plantagenêt que dans les siens. Après 1154, tous ses actes sont soit précédés d’une décision du roi d’Angleterre, soit confirmés ensuite par lui[39]. Malgré sa réputation de femme légère, forgée a posteriori par des chroniqueurs, Aliénor est excédée par les infidélités de son mari. Ainsi, son premier fils Guillaume et un bâtard d’Henri sont nés à quelques mois d’écart ; Henri eut beaucoup d’autres bâtards tout au long de leur mariage. Elle obtient néanmoins pour l’un d’entre eux, Geoffroy, en 1191, l’archevêché d'York du pape Célestin III [40].

Les accords de Montmirail et la difficulté de maintenir sa domination sur un ensemble aussi vaste et hétérogène poussent Henri II à une réforme dynastique. En 1170, Richard est proclamé duc d'Aquitaine et Aliénor gouverne son duché en son nom. Elle s’établit à Poitiers et y crée la Cour d’amour, dont quelques règles ont été rédigées par André le Chapelain (ou Andreas Capellanus) (voir plus bas). Tout comme avec Louis VII, elle n’agit que très peu politiquement[41].

Aliénor est horrifiée par l'assassinat de Thomas Becket dans sa cathédrale de Cantorbéry en Angleterre.

La mécène

Les historiens ont longtemps attribué à Aliénor d’Aquitaine un rôle important de mécène, notamment auprès des troubadours, ayant été formée à l’exemple de ses père et grand-père. Cette vision a été radicalement remise en cause récemment par K. M. Broadhurst : en effet, en regardant en détail les œuvres auparavant considérées comme commandées ou dues au patronage d’Aliénor, très peu comportent une mention de cette commande. De plus, en se fondant sur le fait que le seul troubadour présent dans les chartes au même endroit qu'Aliénor est Arnaut-Guilhem de Marsan, coseigneur de Marsan (Landes) lors d'un plaid tenu à Bordeaux, l’existence même de ces cours poétiques est remise en cause[42]. Arnaut-Guilhem de Marsan était l'auteur d'un célèbre (au Moyen Âge) Ensenhamen de l'escuder, un guide qui expliquait comment se comporter en bon chevalier.

Il affirme également que ces cours d'amour sont des inventions d'André le Chapelain qui poursuivait peut-être des buts politiques en voulant discréditer Aliénor. Il était en effet un clerc du roi de France Philippe Auguste, fils de Louis VII, et son ironie à l’égard d’Aliénor est évidente[43], de même qu’il n’a jamais fréquenté sa cour.

Cependant, on peut attribuer la commande d’une traduction de Monmouth[44] à Wace, qu’il enrichit et en fait son Roman de Brut, qui lui est probablement dédicacé ; c’est une œuvre importante de 15 000 vers, qui a au moins dû recevoir un encouragement ou une incitation princière. On peut joindre à cette attribution a minima l’Histoire des ducs de Normandie, par Benoît de Sainte-Maure[45]. D’un autre côté, sans qu’on puisse attribuer l’origine d’œuvres à des commandes royales, un certain nombre ont certainement été composées en leur honneur, ou dans le but de leur plaire, ou ont dû valoir à leur auteur une généreuse récompense. Enfin, le prestige du couple est tel qu’il est présent dans la littérature contemporaine : dans les années 1150, un trouvère anonyme, originaire de l’Angoumois, refait la geste de Girart de Roussillon, en glissant plusieurs allusions à Aliénor d’Aquitaine[46]. Plus tard, en 1155, le Normand Benoît de Sainte-Maure ne la nomme pas, mais fait son éloge dans son Roman de Troie, manière de dédicace[47] ; de même, il chante les louanges du couple royal deux fois dans la Vie de saint Édouard[48]. Le troubadour Bernard de Ventadour, qu’elle accueille à sa cour en 1153[49], lui dédicace l'une de ses chansons en la surnommant « la duchesse de Normandie ». Quand elle règne à Poitiers, elle ouvre une cour lettrée, y accueillant entre autres sa fille Marie de Champagne (protectrice de Chrétien de Troyes)[50]. De même, Barking et Philippe de Thaon lui dédient des œuvres[51].

En 1162, à sa demande, commencent les travaux d’une nouvelle cathédrale à Poitiers[52].

Il apparaît donc que la cour Plantagenêt protège les artistes, et que l’époque connaît une importante floraison littéraire, qui pénètre très peu à la cour de France[53]. Malgré cela, Henri II tient probablement un rôle important dans le patronage des artistes : il commissionne dans les années 1160 la rédaction du Roman de Rou[54], conjointement à Aliénor[55].

La révolte de 1173-1174 et les quinze ans de captivité

Article détaillé : Révolte de 1173-1174.

En 1173, elle trame le complot qui soulève ses fils Richard, Geoffroy et Henri le Jeune contre leur père, Henri II[56]. Cette révolte est soutenue par Louis VII, le roi d’Écosse Guillaume Ier, ainsi que les plus puissants barons anglais. Aliénor espère lui reprendre le pouvoir mais, lors d'un voyage, elle est capturée et Richard finit par rallier son père.

Aliénor est emprisonnée pendant presque quinze années, d’abord à Chinon, puis à Salisbury, et dans divers autres châteaux d’Angleterre. Dans un premier temps, Henri II tente de faire dissoudre le mariage (jusqu’à la mort de Rosemonde de Clifford), mais le cardinal Ugucione, nonce apostolique, lui oppose une fin de non-recevoir[57].

En 1183, Henri le Jeune, endetté et auquel son père refuse la Normandie, se révolte à nouveau. Il tend un guet-apens à son père à Limoges, soutenu par son frère Geoffroy et par le roi de France Philippe Auguste. Mais il échoue, et doit subir un siège à Limoges, puis s’enfuir. Il erre ensuite en Aquitaine, et meurt finalement de dysenterie. Mais avant de mourir, il a demandé à son père, le roi Henri II d'Angleterre, de libérer sa mère. De même, en 1184, Henri le Lion et son épouse Mathilde d'Angleterre intercèdent auprès d’Henri II, et la captivité d’Aliénor s’adoucit. Pour la Pâques 1185, il la fait revenir sur le continent lors de la nouvelle révolte de leur fils Richard (Cœur de Lion), fils préféré d'Aliénor, afin qu'elle le ramène à la docilité[58].

Son action de gouvernement

C’est dans la période 1167-1173 qu’elle commence à prendre des décisions d'importance, sans avoir besoin d’une confirmation d’Henri II. Mais là encore, elle n’exerce seule et pleinement le pouvoir, que parce que le roi se retire volontairement[59]. Son activité est suspendue pour la période 1173-1189, avant de reprendre dès sa libération. Lors de cette période de retraite monastique entrecoupée de sorties dans le monde, son autonomie de gouvernement n’est en rien limitée. Sans en faire une reine indépendante, Jean Flori reconnaît qu’elle a tenté d’exercer le pouvoir, ce qui est déjà exceptionnel pour l’époque ; qu’elle l’a fait de manière conjointe et limitée avec Louis VII ; et de manière discontinue et incomplète avec Henri II. Le fait d'être femme a limité ses pouvoirs pendant les périodes de crise[60]. Le principal étant qu’elle montre une inépuisable énergie pour maintenir entier le domaine des Plantagenêt.

S'inspirant des conventions maritimes qui existaient déjà en Méditerranée orientale, Aliénor jette les bases d’un droit maritime avec la promulgation en 1160 des Rôles d'Oléron lesquels sont à l'origine de la loi actuelle de Amirauté britannique, et du droit maritime moderne. Elle passe également des accords commerciaux avec Constantinople et les ports des Terres saintes.

Elle accorde une charte de commune à Poitiers, et modernise la ville : construction de halles, d'une enceinte nouvelle, agrandissement de son palais, etc.

La veuve

Après la mort d'Henri II, le 6 juillet 1189, elle est libérée par l’ordre du nouveau roi, son fils Richard Cœur de Lion. Elle parcourt alors l’Angleterre, y libère les prisonniers d’Henri II et leur fait prêter serment de fidélité au nouveau roi. Elle y gouverne en son nom jusqu’au début de 1191[61]. Alors que Richard Cœur de Lion est parti pour la Troisième croisade, elle va chercher Bérangère de Navarre et la conduit, en plein hiver, par les Alpes et l’Italie, jusqu’à Messine, où Richard s’apprête à appareiller pour la Terre sainte[62]. Aliénor et Bérangère le rejoignent le 30 mars. Ils préparent hâtivement les épousailles. Richard épouse Bérangère à Limassol le 16 mai.

Aliénor retourne précipitamment en Angleterre empêcher son plus jeune fils, Jean sans Terre, le mal aimé, de trahir son frère Richard. Elle n’y parvient qu’un temps : en mars 1193, il cède la Normandie à Philippe Auguste[réf. nécessaire] : aussitôt, elle l’assiège avec tous les barons anglais (dont Guillaume le Maréchal) à Windsor[63].

Sur le chemin du retour, Richard est capturé en Autriche. Indignée par la nouvelle, et par l’absence de réaction du pape (qui protège normalement les croisés), Aliénor écrit néanmoins à celui-ci pour lui demander de l’aide et fustiger son inertie, parvient à rassembler l'énorme rançon qu'elle apporte elle-même à Mayence à Henri VI, fils de Frédéric Barberousse (hiver 1193-1194)[64].

Elle se retire ensuite à Fontevraud. La blessure de Richard Cœur de Lion au siège du château de Châlus-Chabrol la tire de sa retraite. Il meurt le 6 avril 1199, et elle prend aussitôt parti pour son dernier fils Jean[65] : à 77 ans, elle parcourt tout l’ouest de la France, rallie l’Anjou qui s’était prononcé pour le comte de Bretagne, et fait prêter serment à Jean sans Terre dans son duché d'Aquitaine. En juillet, elle rend hommage au roi Philippe II de France, à Tours, puis rencontre son fils Jean sans Terre à Rouen. Enfin, en janvier 1200, elle est en Castille où elle doit ramener une épouse pour l'héritier du trône de France : elle préfère Blanche de Castille, parmi ses deux petites-filles. Cette enfant deviendra la mère de Saint Louis[66].

Dernières années

Le gisant d'Aliénor (avec Henri II au second plan), à Fontevraud

Aliénor se retire en 1200 à l'abbaye de Fontevraud[67]. Malade, elle ramène néanmoins en février 1201 le puissant vicomte Aimery VII de Thouars à l’obéissance, qui s’était révolté[68].

En juillet 1202, Philippe Auguste déclare Jean sans Terre félon, et saisit ses domaines. Une de ses armées, à Tours, est commandée par le petit-fils d’Aliénor, Arthur de Bretagne, et menace Fontevraud. Elle fuit l’abbaye pour se réfugier à Poitiers, mais ne peut y parvenir et s’abrite à Mirebeau, y est assiégée par le comte de Bretagne du 15 juillet au 1er août, avant d’être délivrée par son fils Jean[69].

Elle se retire à nouveau à Fontevraud à l’automne, et meurt à Poitiers[70], à l'âge de 82 ans, le 31 mars 1204, quelques semaines après la prise de Château-Gaillard par Philippe Auguste[71]. Elle est inhumée à Fontevraud où l'on peut toujours voir son superbe et célèbre gisant qui voisine avec ceux de son second mari Henri II Plantagenêt, de son second fils arrivé à l'âge adulte Richard Cœur de Lion et d'Isabelle d'Angoulême, l'épouse de Jean sans Terre.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

À lire

Bibliographie universitaire

  • Alison Weir, Aliénor d'Aquitaine, reine de cœur et de colère, traduit de l'anglais par Aline Weill aux éditions Siloë, Laval-Nantes, 2005, 525 p., (ISBN 2-84231-318-6). (Titre original Eleanor of Aquitaine. By the Wrath of God, Queen of England.)
  • Georges Duby, 3 Dames du XIIe siècle, tome I : Héloïse, Aliénor, Iseut et quelques autres, Paris, Gallimard, 1995

Autres biographies

  • Philippe Delorme, Aliénor d'Aquitaine, Paris, (éd. Pygmalion), 2001. (ISBN 2-8570-4673-1)
  • Jean Markale, Aliénor d'Aquitaine, Paris, Payot, 2000. Bibliothèque historique Payot, (ISBN 978-2-22889329-9)
  • Jacques Chaban-Delmas, La Dame d'Aquitaine,, J'ai lu, 2001, (ISBN 978-2277224099)

Œuvres de fiction

Cinéma

Romans

  • Mireille Calmel, Le Lit d'Aliénor
  • Brigitte Coppin et Claude Cachin, Aliénor d'Aquitaine, une reine à l'aventure, Père Castor-Flammarion, 1998
  • Félix Magne, "La Reine Aliénor, duchesse d'Aquitaine", PyréMonde/Princi Negue, 1998

Sources

Bibliographie

Comme introduction au sujet, toujours cité pour son sérieux :

  • Edmond-René Labande, Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine, paru dans le Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1952, p 175-234 ; réédité avec une préface de Martin Aurell et une chronologie de Marie-Aline de Mascureau par la Société des antiquaires de l'Ouest-Geste éditions en 2005. (ISBN 2-84561-224-9)

Parmi les ouvrages récents et complets :

  • Philippe Delorme, Aliénor d’Aquitaine. Epouse de Louis VII, mère de Richard Coeur de Lion, Paris, (éd. Pygmalion), 2001. (ISBN 2-85704-673-1)
  • Jean Flori, Aliénor d’Aquitaine. La reine insoumise, Paris, (éd. Payot), 2004. (ISBN 2-7028-9418-6)
  • Aliénor d'Aquitaine. Revue 303, hors-série n° 81, Nantes 2004.

On peut encore consulter, notamment pour l’agrément de lecture :

  • Régine Pernoud, Aliénor d'Aquitaine, Paris, 1965, plusieurs fois réédité.

Notes

  1. La date exacte de sa naissance n'est pas connue ; plusieurs chroniques signalent que les seigneurs d'Aquitaine lui ont juré fidélité à son quatorzième anniversaire, en 1136. Quelques chroniques donnent 1120 comme date de naissance, mais il est presque certain que ses parents ne se sont mariés qu'en 1121. Enfin, d’autres chroniques lui donnent treize ans lors de son mariage, en 1137
  2. Marie-Aline de Mascureau, « Chronologie », primitivement publiée dans Aliénor d'Aquitaine. Revue 303, hors-série n° 81, p 218-223, Nantes 2004, in Edmond-René Labande, Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine, réédité avec une préface de Martin Aurell par la Société des antiquaires de l'Ouest-Geste éditions en 2005. (ISBN 2-84561-224-9)
  3. , in Edmond-René Labande, Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine, paru dans le Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1952, p 175-234 ; réédité avec une préface de Martin Aurell par la Société des antiquaires de l'Ouest-Geste éditions en 2005. (ISBN 2-84561-224-9), p 26; voir aussi Jean Flori. Aliénor d’Aquitaine. La reine insoumise. Paris, Payot, 2004 p 184-185 (non consulté)
  4. la localisation de sa mort à l'abbaye de Fontevraud, tirée de la Chronique de Saint-Martial, est due à une mauvaise lecture d’Amy Kelly, selon Jean Flori et Martin Aurell. Voir la réédition de l’article de Labande, op. cit., p 26
  5. Aurell, in Labande, op. cit., p 10
  6. Jean Flori. Aliénor d’Aquitaine. La reine insoumise, Paris, Payot, 2004. (ISBN 2-228-89829-5), p. 41
  7. Aurell, in Labande. op. cit., p 8 et 11
  8. Mascureau, in Labande, op. cit., p 122
  9. Labande op. cit. p 69
  10. E.-R. Labande, op. cit., p 41
  11. Marcel Aubert, Suger, 1950, p. 94
  12. Jean Flori, op. cit., p 388-89
  13. Labande, op. cit., p. 56
  14. Labande, op. cit., p 57
  15. Labande, op. cit., p 61-62
  16. La famille (le divorce) au Moyen Âge sur le site d'Historia thématique
  17. L’expression récente est de Martin Aurell, et depuis reprise par, entre autres, Jean Flori
  18. Jean Flori, qui a divisé la biographie de la reine en deux, traite ainsi de cet épisode dans la seconde, celle consacrée aux parties faisant l’objet de discussion
  19. Régine Pernoud. Aliénor d’Aquitaine. Le Livre de Poche, Paris, 2004 (rééd. 1965), (ISBN 2-253-03129-1), p 74
  20. Connue au moins depuis 1143, mais saint Bernard de Clairvaux lui-même ne jugeait pas cela d‘une très grande gravité. Joëlle Dusseau. Aliénor aux deux royaumes, Mollat, Bordeaux, 2004. (ISBN 2-909351-78-5), p 40
  21. Gervais de Canterbury dans l’Histoire des rois d’Angleterre et Richard de Devizes, cités par Jean Flori, Aliénor d’Aquitaine. La reine insoumise, Paris, Payot, 2004. (ISBN 2-228-89829-5), p 305
  22. Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine, p 315-316
  23. 3 avril 1149, citée par Jean Flori, op. cit., p 317
  24. Jean Flori, op. cit., p 329
  25. « Les accusations de nymphomanie avec de proches parents ne résistent pas à la critique moderne », Martin Aurell, « Introduction : pourquoi la débâcle de 1204 ? », in Marin Aurell et Noël-Yves Tonnerre éditeurs. Plantagenêts et Capétiens, confrontations et héritages, colloque des 13-15 mai 2004, Poitiers. Brepols, 2006, Turnhout. Collection Histoires de famille. La parenté au Moyen Âge. (ISBN 2-503-52290-4), p 4
  26. Jean Flori, op. cit., p 324
  27. Joëlle Dusseau, op. cit., p 40
  28. Jean Flori, op. cit., p 332
  29. Jean Flori, op. cit., p 304-305
  30. Catholic Encyclopedia. Gilbert de la Porrée, disponible en ligne [1], consulté le 9 juin 2007
  31. Jean Flori, op. cit., p 303
  32. Jean Flori, op. cit., p 333
  33. Jean Flori, op. cit., p 332-333
  34. Jean Flori, op. cit., p. 334
  35. Jean Favier, Les Plantagenêts, 2004, p. 225
  36. a  et b Mascureau, in Labande, op. cit., p 128
  37. Mascureau, in Labande, op. cit., p 130
  38. a  et b Mascureau, in Labande, op. cit., p 131
  39. Jean Flori, op. cit., p 390-391
  40. Aliénor d’Aquitaine : sa biographie consulté le 6 avril 2008
  41. Aurell, in Labande, op. cit. p 11 ; voir aussi Marie Hivergneaux. Aliénor d’Aquitaine : le pouvoir d’une femme à la lumière de ses chartes (1152-1204), dir. M. Aurell. Poitiers 2000, p 63-88
  42. K. M. Broadhurst. « Henry II of England and Eleanor of Aquitaine. Patrons of Literature in french ? », Viator n° 27, 1996 (non consulté)
  43. Aurell, in Labande, p 31
  44. Labande, op. cit., p 80
  45. Jean Flori, op. cit., p 402-405
  46. Labande, op. cit., p 58 ; René Louis. De l'histoire à la légende : Girart comte de Vienne, dans les chansons de geste. Auxerre, 1947
  47. Jean Flori, op. cit., p 408-410
  48. Jean Flori, op. cit., p 412
  49. Jean Flori, op. cit., p 410-411
  50. Labande, op. cit., p 80-81 et 90-91 ; sur l’influence probable qu’Aliénor a sur sa fille, voir Jean Flori, op. cit., p 400-402
  51. Aurell, in Labande, op. cit., p 31 ; pour Philippe de Thaon, il s’agit d’une seconde version du Bestiaire, primitivement dédicacée à Adélaïde de Louvain, remplacée ensuite par Aliénor, ce qui montre le prix accordé à son avis
  52. Labande, op. cit., p 74
  53. Labande, op. cit., p 82
  54. Jean Flori, op. cit., p 407-408
  55. au vers 17 du Roman de Rou, l’auteur signale que le couple lui a souvent prodigué des dons, et encore plus de promesses
  56. Aurell, in Labande, op. cit., p 24 ; Labande lui-même, p 85
  57. Aliénor d’Aquitaine : sa biographie, consultée le 6 avril 2008
  58. Labande, op. cit., p 92-93
  59. Jean Flori, op. cit., p 391
  60. Jean Flori, op. cit., p 393-394
  61. Labande, op. cit., p. 96
  62. Labande, op. cit., p. 96-98
  63. Labande, op. cit., p. 98
  64. Labande, op. cit., p. 100-104
  65. Labande, op. cit., p. 107-108
  66. Labande, op. cit., p. 112-113
  67. Labande, op. cit., p 113-114
  68. Labande, op. cit., p 114-115
  69. Labande, op. cit., p 116
  70. Aurell, in Labande, op. cit., p. 26 ; voir aussi Jean Flori. Aliénor d’Aquitaine. La reine insoumise. Paris, Payot, 2004 p. 184-185
  71. Labande, op. cit., p. 117
Précédée par Aliénor d’Aquitaine Suivie par
Adèle de
Savoie
Blason pays fr FranceAncien.svg
reine de France
1137-1152
Constance de
Castille
Mathilde de Boulogne
Henry II Arms.svg
reine d’Angleterre
1152-1189
Bérangère de Navarre
Guillaume X
duchesse d'Aquitaine
1137-1167
Richard Cœur de Lion
comtesse de Poitiers
1137-1167
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