Suhb-i-Azal

Suhb-i-Azal

Subh-i-Azal

Article connexe : Translittération baha'ie.
Ṣubḥ-i-Azal vers 1868.

Ṣubḥ-i-Azal (en arabe : "Matin d'éternité") est le titre de Mírzá Yaḥyá Núrí, qui fut le chef des bayání / azalí. Il naquit en 1831 dans la province perse du Mázindarán et mourut le 29 avril 1912 à Famagouste dans l'île de Chypre, où il avait été exilé par l'Empire ottoman en 1868.

 

Sommaire

Jeunesse

Sa mère Kúchik Khánum-i-Kirmánsháhí mourut en le mettant au monde et son père Mírzá Buzurg-i-Núrí s’éteignit en 1839. Il fut dès lors pris en charge par sa belle-mère Khadíjih Khánum et son demi-frère plus âgé Mírzá Ḥusayn `Alí, plus connu sous le titre de Bahá'u'lláh.

Il devint le disciple du Báb, fondateur du Babisme, qui lui donna divers autres titres, comme : Thamaratu'l-Azalíyyah ("Fruit de l’éternité") et `Ismu'l-Azal ("Nom d’éternité"). Les azalis l’appelèrent Ḥaḍrat-i-Azal ("Sainteté de l’éternité") kaj Ṣubḥ-i-Azal ("Matin d’éternité"). Ce dernier titre, le plus connu, ne lui fut pas donné directement par Báb, qui l’attribua cependant à d’autres babis[1]. Ce titre apparaît dans Hadith-i-Kumayl[2], que cite le Báb dans son ouvrage intitulé Dalá'il-i-Sab'ih (les "Sept Preuves"). Les azalis interprètent cela comme une mention de Mírzá Yahyá, mais ce n’est pas l’avis des baha’is.

Au cours de son emprisonnement dans la forteresse de Chihríq, le Báb rédigea en 1849 une épître intitulée Lawḥ-i-Vasaya, considérée comme son testament par lequel il nommait Ṣubḥ-i-Azal chef de la communauté babie après son décès jusqu’à l’apparition de "Celui que Dieu rendra manifeste". Ṣubḥ-i-Azal réussit à fuir les persécutions, qui s’abattirent sur les babis à la suite de la tentative d’assassinat contre le roi de Perse Náṣiri’d-Dín Sháh Qájár (1831-1896) le 15 août 1852, et vécut jusqu’à sa mort en exil.

Exil à Bagdad

Lorsque le 8 avril 1853 (28ème jour de Jamádíyu'th-Thání 1269 Ap.H.) 'Bahá'u'lláh arriva à Bagdad en Iraq après son incarcération à Téhéran dans la prison souterraine du Síyáh-Chál, il trouva la communauté des réfugiés babis dans la plus grande confusion et la plus grande misère. Son demi-frère Mírzá Yaḥyá Núrí avait réussi à fuir la sanglante répression des babis à Tákur et à atteindre Baghdád, où il vivait caché sous le nom de Ḥájí 'Alíy-i-lás Furúsh.

Comme le décret d'exil signé par le roi de Perse Náṣiri’d-Dín Sháh Qájár ne le concernait pas, Bahá'u'lláh le pria de retourner en Perse pour y faire connaître le message du Báb et servir la Foi. Mais il n'en fit rien et, sous l'influence de Siyyid Muḥammad-i-Iṣfáhání, il commença à jalouser la renommée de Bahá'u'lláh, qui ne faisait que croître parmi la communauté après la révélation de "l'épître de Toutes Nourritures" (Lawḥ-i-Kullu'ṭ Ṭa'ám). Pour éviter conflits et désunion au sein de la communauté babie, Bahá'u'lláh quitta Bagdad et se retira en ermite dans les montagnes du Kurdistan iraquien. Il ne revint que deux années plus tard, à la demande insistante de sa famille et des babis, pour prendre la direction spirituelle de la communauté et laisser les affaires temporelles entre les mains de Mírzá Yaḥyá.

Après l’exécution du Báb le 9 juillet 1850, plusieurs babis déclarèrent être "Celui que Dieu rendra manifeste" annoncé par le Báb, mais aucun d’eux ne réussit à convaincre la communauté de la justesse de ses prétentions … plusieurs se rétractèrent par la suite et quelques uns furent tués. Bahá'u'lláh prétendit avoir vécu fin 1852 dans la prison souterraine du Síyáh-Chál une expérience mystique lui faisant prendre conscience qu’il était "Celui que Dieu rendra manifeste", mais ce n’est qu’en avril 1863 qu’il en fit l'annonce à ses compagnons, alors qu’il était sur le point de quitter Bagdad pour Constantinople. La majorité des babis acceptèrent de le reconnaître comme tel et devinrent les disciples de la nouvelle religion qu’il fonda : la Foi bahá’íe.

Exil à Andrinople

Au cours de la seconde années de l’exil à Andrinople, Mírzá Yaḥyá se rebella contre l’autorité de son demi-frère. Il intriga auprès des autorités ottomanes, complota contre Bahá'u'lláh et essaya même plusieurs fois de le tuer, en particulier par un poison qui lui laissa un tremblement de la main pour le restant de sa vie. Il s’instaura finalement au sein de la communauté baha’ie un schisme, qui devint officiel en septembre 1867, entre les disciples de Bahá'u'lláh ("bahá’ís") et les partisans de Ṣubḥ-i-Azal ("azalís")

Peu de temps après, Bahá'u'lláh rédigea son ouvrage intitulé Kitáb-i-Badí' ("merveilleux livre nouveau") pour réfuter les arguments de ses opposants, qu’il appellent le "Peuple du Bayán" (Ahl-i-Bayán) et principalement de Siyyid Muḥammad-i-Iṣfahání[3].

Ce conflit devint si violent et sanglant que le gouvernement ottoman décida finalement de les séparer, en envoyant un groupe avec Ṣubḥ-i-Azal à Famagouste dans l’île de Chypre, et un autre groupe avec Bahá'u'lláh dans la colonie pénitenciaire de Saint-Jean-d’Acre (`Akká) en Palestine. Ils quittèrent Andrinople le 12 août 1968 (22ème jour de Rabí'u'th-Thání' 1285 p.H.).

Exil à Famagouste

Le 5 septembre 1868 Ṣubḥ-i-Azal arriva à Chypre avec les membres de sa familles, quelques disciples et quatre baha’is (Áqá 'Abdu'l-Ghaffár Iṣfáhání, Mírzá 'Alí Sayyáh, Mishkín-Qalam et Áqá Muḥammad-Báqir-i-Qahvihchí)[4].

Les azalis vécurent entre eux et Ṣubḥ-i-Azal n’esseya même jamais de faire connaître le babisme dans l’île. Les habitants de Famagouste le considéraient comme un saint personnage musulman, car il semblait vivre comme eux. En 1881 la Grande-Bretagne occupa l’île et libéra les exilés, mais Ṣubḥ-i-Azal préféra rester vivre sur place avec une pension de l’Empire britannique.

Ṣubḥ-i-Azal mourut à Famagouste le 29 avril 1912 et fut enterré selon le rite musulman[5].

Postérité et succession

Selon le professeur E.G. Browne, Mírzá Yaḥyá eut plusieurs épouses et au moins 9 fils et 5 filles. Son fils Riḍván 'Alí rapporte que son père eut 11 ou 12 épouses[6]. Des études ultérieures indiquèrent qu’il eut jusqu’à 17 épouses, parmi lesquelles 4 en Perse et au moins 5 à Bagdad, bien qu’il ne soit pas clair si ce fut en même temps ou successivement[7]. Nabil rapporte dans sa chronique qu’il se maria même d’une manière infamante avec une veuve du Báb[8] [9].

Après sa mort, la communauté babie dépérit au cours du XXe siècle, bien que les babis jouèrent un certain rôle dans la promulgation de la constitution iranienne de 1905. Il vivaient leur foi en cachette et d’une manière traditionnelle dans un milieu musulman et ne développèrent ni propre théologie ni organisation à grande échelle. Il manquait un véritable guide religieux … E.G. Browne rapporta la confusion qui règna pour désigner le successeur de Ṣubḥ-i-Azal après la mort de ce dernier. Riḍván 'Alí raconta que son père avait nommé comme successeur le fils de Áqá Mírzá Muḥammad Ḥádí Dawlatabadí. Mais selon H.C. Lukach, Mírzá Yaḥyá aurait dit que son successeur serait celui de ses fils, "qui lui ressemble le plus". Aucun d’entre eux ne proposa sa candidature … [10]. Citant une source tardive, Miller indique que Mírzá Yaḥyá ne désigna pas de successeur[11]. Selon d’autres sources, il est rapporté que l’un de ses fils devint baha’i et un autre chrétien[12].

Il ne reste plus actuellement que quelques milliers de ses disciples, nommés bábí / bayání / azalí, sans véritable organisation, principalement en Iran et en Ouzbékistan [13] [14].

Liens externes

Bibliographie

Notes

  1. Avis de la Maison Universelle de Justice
  2. Rapport des propos de Mahomet, considérés comme "saint" par les musulmans
  3. "Logos and Civilization", écritpar Nader Saiedi et édité par "University Press of Maryland" (USA, 2000) ISBN 1883053609, chapitre 6
  4. Liste des exilés dans le rapport de E.G. Browne sur le voyage d’Acre à Chypre (manuscrits de Browne à la bibliothèque de l’université de Camnbridge, Sup 21(8), p. 20; comme corrigé dans la traduction faite par E.G. Browne de "A Traveller's Narrative written to illustrate the Episode of the Báb" ("Cambridge University Press", 1891, vol. 2, 376-389)
  5. "Account of the Death of Mirza Yahya Subh-i-Azal", écrit pat Alili Ridvan, traduit par E.G.Browne et publié dans "Materials for the Study of the Babi Religion"
  6. Browne, "Personal Reminiscences of the Babi Insurrection at Zanjan in 1850, written by Aqa `Abdu'l-Ahad-i-Zanjani," Journal of the Royal Asiatic Society, (1897, pp. 761-827) p. 767
  7. "The Cyprus Exiles", écrit par Moojan Momen et publié dans "Bahá'í Studies Bulletin", vol. 5, no. 3 - vol. 6, no. 1, Junio 1991, pp. 84-113
  8. "God passes by" de Shoghi Effendi à la page 165
  9. "A Critical Analysis de "God passes by" par Imran Shaykh, voir le chapitre sur "The Decline of Mirza Yayha and His Subsequent Deeds"
  10. "Materials for the Study of the Bábí Religion" de E.G. Browne (1918) pages 312-314
  11. "The Bahá'í Faith: Its History and Teachings" de William McElwee Miller (1974), page 107
  12. The Cyprus Exiles" de Moojan Momen en "Bahá'í Studies Bulletin" (1991) page 99
  13. Article en anglais de l’Encyclopaedia of the Orient
  14. Article en anglais de Denis MacEoin dans l’Encyclopaedia Iranica
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