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Tour de Londres
La tour de Londres (en anglais The Tower of London) est officiellement appelée « La forteresse et le palais de Sa Majesté, La tour de Londres » (Her Majesty's Royal Palace and Fortress the Tower of London ) bien que le dernier monarque qui y ait habité fut le roi Jacques Ier. La tour Blanche, bâtiment carré avec des tourelles sur chaque angle qui lui donna son nom, se trouve au centre d'un complexe de plusieurs bâtiments sur la Tamise à Londres, qui servaient de forteresse, d'arsenal, de trésorerie, d'hôtel des Monnaies, de palais, de refuge et de prison (lieu d'exécution), surtout pour les prisonniers des plus hauts échelons de la société.
Ce dernier usage fut à l'origine de l'expression anglaise sent to the Tower (« envoyé à la Tour ») qui veut dire emprisonné, tout comme son équivalent français « embastiller »[1]. Élisabeth Ire y fut emprisonnée deux mois pendant le règne de sa sœur Marie[2]. Le dernier prisonnier célèbre de la Tour fut Rudolf Hess durant la Seconde Guerre mondiale.
En 1988, la Tour fut inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO[3].
Sommaire
Histoire
En 1066-1067, Guillaume le Conquérant ordonna la construction de la tour Blanche à l'intérieur de l'angle sud-est formé par les remparts de la ville face à la Tamise. Il s'agissait de protéger les envahisseurs normands des habitants de Londres tout en protégeant la ville d'attaques extérieures. Pour la construction de la Tour, le Conquérant fit importer des pierres de Caen en Normandie et nomma Gundulf (en), évêque de Rochester, responsable des travaux. La présence de constructions plus anciennes en bois, notamment celle d'un fort érigé par Jules César lors de l'occupation romaine et dont Shakespeare se fait l'écho dans Richard III, est actuellement controversée[4]. Pour compléter les défenses du fort, le roi Richard Cœur de Lion fit creuser une douve autour du mur de la tour, et la fit remplir d'eau de la Tamise. À l'occasion du drainage des douves en 1830, on découvrit des ossements humains.
Cependant, le fossé s'étant avéré une défense peu efficace, le roi Henri III en fit revoir la construction au XIIIe siècle selon des techniques éprouvées par les ingénieurs hollandais. Il en profita pour renforcer les murailles, donnant l'ordre d'abattre une partie des fortifications pour agrandir leur enceinte et faisant fi des protestations des habitants de la ville et des rumeurs (rapportées par le moine et chroniqueur Mathieu Paris) qui parlaient de menaces surnaturelles. Henri III fit de la Tour une des principales résidences royales et se fit aménager des appartements somptueux dans la basse-cour.
Les fortifications furent achevées entre 1275 et 1285 par Edouard Ier qui fit construire un mur extérieur entourant la première enceinte et offrant ainsi une double protection. L'ancien fossé fut remis en service et un nouveau fossé aménagé autour de l'enceinte extérieure. La Tour demeura résidence royale jusqu'à l'époque d'Olivier Cromwell, qui fit abattre le logis royal.
Le développement de l'artillerie mit fin au rôle défensif de la Tour. Les fossés furent asséchés en 1830.
La ménagerie
Une ménagerie royale s'ouvrit en ce lieu dès le XIIIe siècle (peut-être dès 1204), sous le règne de Jean sans Terre. Il est possible que les premiers animaux aient été transférés de la ménagerie royale aménagée par Henri Ier dans son château de Woodstock. On sait avec certitude que le roi Henri III y accueillit en 1235 trois léopards (ainsi désignés, mais peut-être s'agissait-il de lions), cadeaux de l'empereur Frédéric II. En 1264, les animaux furent installés en un endroit aménagé sur les fortifications près de l'entrée ouest du château qui fut promptement baptisé tour des lions. Sous le règne d'Élisabeth Ire, le public fut quelque fois autorisé à y accéder. On a récemment retrouvé un crâne de lion que les analyses au carbone 14 permettent de dater entre 1280 et 1385[5].
La ménagerie s'ouvrit au public en 1804. C'est là que le poète William Blake put voir le tigre qui lui inspira peut-être The Tyger. Le dernier directeur de la ménagerie, Alfred Cops, la trouva dans un état pitoyable. Il racheta des animaux et fit établir un catalogue scientifique illustré. Mais les jours de la ménagerie étaient comptés, car un jardin zoologique moderne devait s'ouvrir dans Regent's Park. Pour des raisons à la fois commerciales et humanitaires, on transféra donc les pensionnaires de la ménagerie dans le zoo de Londres. Le dernier animal quitta la tour des Lions en 1835. Cette partie des fortifications a été partiellement détruite. Il n'en reste aujourd'hui que la porte des lions.
La prison
La tour de Londres servit de prison pour des prisonniers politiques de haut rang et des dissidents religieux. Le premier prisonnier fut Rainulf Flambard en 1100, condamné pour extorsion alors qu’il était évêque de Durham. Ironiquement, il était lui-même à l’origine de diverses améliorations architecturale de la Tour après que le premier architecte Gundulf eut quitté Londres pour Rochester. Il s’échappa de la tour Blanche en s’aidant d’une corde cachée dans un tonnelet de vin.
Prisonniers célèbres
- Gruffydd ap Llywelyn Fawr, un prince de Galles au XIIIe siècle qui trouva la mort en tentant de s'évader ;
- John Balliol, roi d’Écosse qui fut emprisonné après son abdication en faveur d’Édouard Ier en 1296 ;
- David II d'Écosse ;
- Jean II de France ;
- Charles d'Orléans, duc d’Orléans emprisonné après la bataille d'Azincourt en 1415. Il composa de nombreux poèmes tandis qu'il était résident de la Tour ;
- Henri VI d'Angleterre qui y mourut assassiné en 1471 ;
- Marguerite d'Anjou, son épouse ;
- Sir William de la Pole qui résida le plus longtemps dans la tour : 37 ans !
- Élisabeth Ire, du 17 mars 1554 au 19 mai 1554 ;
- John Gerard, jésuite à l’époque des persécutions contre les catholiques ;
- Sir Walter Raleigh, qui y vécut 13 ans avec son épouse et deux de ses enfants. Il y rédigea son Histoire du Monde ;
- Nicolas Woodcock, navigateur au XVIIe siècle ;
- Niall Garve O’Donnell, aristocrate irlandais ;
- Guy Fawkes, comploteur contre la couronne ;
- Henry Laurens, deuxième président du Congrès continental des États-Unis d’Amérique ;
- Johan Anders Jägerhorn, officier suédois qui participa au mouvement d’indépendance irlandais ;
- Les jumeaux Kray, les derniers pensionnaires de la Tour pour objection de conscience en 1952.
Exécutions
Les criminels de basse condition sociale étaient généralement exécutés par pendaison dans l'un des sites d'exécution publique à proximité, en particulier à Tyburn, voire sur Tower Hill (colline de la Tour). Les condamnés d'origine noble (surtout les femmes) furent quelquefois décapités en privé au sein du complexe, puis enterrés dans la chapelle royale de Saint-Pierre-aux-Liens (Saint-Peter-ad-Vincula).
Personnes décapitées dans la Tour pour trahison :
- George, duc de Clarence et frère d'Edouard IV d'Angleterre, fut exécuté dans la Tour le 18 février 1478, mais il ne fut pas décapité (et il ne fut pas noyé dans un tonneau de vin Malmsey, contrairement à ce qu'écrit William Shakespeare).
- Guillaume Ier (Lord Hastings) en 1483
- Thomas More, le 6 juillet 1534
- George Boleyn, le 17 mai 1536
- Anne Boleyn, ex-reine d'Angleterre le 19 mai 1536
- Margaret Pole, comtesse de Salisbury (1541)
- Catherine Howard le 13 février 1542
- Jane Parker, Lady Rochford en 1542
- Lady Jeanne Grey 1554, la « Reine de neuf jours »
- Robert Devereux, comte d'Essex en 1601
- Les deux fils d'Édouard IV, Édouard V d'Angleterre et Richard de Shrewsbury, les « Princes de la Tour », y disparurent, après que leur oncle Richard III devint roi, mais le contexte de leur mort reste un mystère.
Le développement de l'artillerie rendit obsolète l'usage militaire de la Tour comme fortification. Cependant, la Tour abrita le siège du conseil de matériel militaire (Board of Ordnance) jusqu'en 1855, et elle fut utilisée en tant que prison durant les deux guerres mondiales.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, onze espions allemands y furent fusillés. Le caporal Josef Jakobs fut le dernier espion à être fusillé le 15 août 1940. L'année suivante, Rudolf Hess, dauphin désigné d'Adolf Hitler, y fut emprisonné pendant quatre jours. La caserne de Waterloo, où se trouvent actuellement les joyaux de la Couronne britannique, était utilisée comme base pour le 1er bataillon des Fusiliers royaux (régiment de la ville de Londres) jusqu'aux années 1950.
Aujourd'hui
La Tour est une attraction touristique majeure de la capitale anglaise. Elle contient les joyaux de la Couronne britannique et un vestige du Mur de Londres, la muraille romaine que construisit l'empereur Claude pour protéger la ville de Londinium[6].
La Tour abrite aussi une collection d'armures, mais une grande partie de l'exposition d'armures et d'armes anciennes que l'on y trouvait autrefois se visite maintenant à l'Arsenal royal à Leeds dans le Yorkshire.
La Tour est toujours placée sous la vigilance d'une quarantaine de Yeoman Warders armés d'une hallebarde et reconnaissables à leurs uniformes de style Tudor : chapeau rond et costume noir ou rouge, timbré des initiales du souverain régnant (aujourd'hui « EIIR » pour Elisabeth II Regina, « Reine Elisabeth »). La création de ce corps remonte à 1485. Ces hommes que l'on appelle également Beefeater (« buffetier » ou gardien du buffet royal), se recrutaient autrefois parmi les petits propriétaires (yeomen) campagnards. De nos jours, ce sont des vétérans de l'armée qui assurent cette charge. Pour la première fois en septembre 2007, une femme, Moira Cameron[7], a rejoint le corps des beefeaters[7].
Plusieurs corbeaux (Corvus corax) dont les ailes ont été rognées sont nourris à la Tour aux frais de l'État par un « Maître des Corbeaux », car selon une ancienne légende, tant que des corbeaux habiteront la Tour, l'Angleterre sera protégée de toute invasion. Les corbeaux qui habitent actuellement la Tour ont pour noms : « Hardey », « Thor », « Odin », « Gwyllum », « Cedric », « Hugin » et « Munin ».
Cet édifice est placé sous l'autorité d'un gouverneur, actuellement le major général Keith Cima.
Notes
- ↑ Toutefois, contrairement à la Bastille, la tour de Londres n'a jamais été prévue pour servir de prison. (Pas d'infrastructure fonctionnelle). En 1786, Sophia von La Roche donnera le commentaire suivant : « This seems the most outstanding difference between London and Paris; the foreigner is shown the Tower, while he dare not even look at the Bastille. » (cité par Edward Impey, p.97).
- ↑ Michel Duchein, Élisabeth Ire d'Angleterre, p. 100, Fayard, Paris 1992
- ↑ Entrée sur le site de L'UNESCOo
- ↑ Voir l'article anglais
- ↑ Des félins dans la tour de Londres (Big cats prowled London's tower, BBC News Online, 24 octobre 2005, webpage: BBC-908
- ↑ Londinium n'était pas la capitale de la Bretagne romaine. Cette place était tenue par Colchester.
- ↑ a et b Tower of London gets first female Beefeater, lundi 3 septembre 2007, Guardian Unlimited
Bibliographie
- (en) Edward Impey & Geoffrey, The Tower of London. The Official Illustrated History, Merrel, London
Liens externes
- (en) Tower-of-London.org.uk
- Visite de la tour de Londres avec Blake et Mortimer
- (en) Site web de la chapelle
- Photos de la tour de Londres
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