Saint-Paul-sur-Risle

Saint-Paul-sur-Risle

Pont-Audemer

Pont-Audemer
Photographie représentant symboliquement la Commune
Carte de localisation de Pont-Audemer
Pays France France
Région Haute-Normandie
Département Eure
Arrondissement Bernay
Canton Pont-Audemer (chef-lieu)
Code Insee 27467
Code postal 27500
Maire
Mandat en cours
Michel Leroux
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes de Pont-Audemer
Latitude
Longitude
49° 21′ 18″ Nord
       0° 30′ 53″ Est
/ 49.355, 0.514722222222
Altitude 2 m (mini) – 115 m (maxi)
Superficie 9,35 km²
Population sans
doubles comptes
8 981 hab.
(1999)
Densité 960,5 hab./km²

Pont-Audemer est une commune française, située dans le département de l'Eure et la région Haute-Normandie. Ses habitants sont les Pont-Audemériens.

Sommaire

Géographie

Pont-Audemer, située sur la Risle, entre Roumois et Lieuvin, est la principale commune du nord-ouest du département.

Description

Relativement épargnée lors des combats de la Seconde Guerre mondiale, elle a conservé un bel ensemble de maisons à pans de bois. Les bras de la Risle et les canaux les reliant lui donnent un attrait touristique certain. C'est de ses canaux que lui vient le qualificatif touristique de « Venise Normande ».

Sa position sur la Risle a permis autrefois un important essor d'industries, en particulier celles du cuir et du papier, grandes consommatrices d'eau.

La commune est classée « quatre fleurs » au concours des villes et villages fleuris.

Histoire

Origines

L'historien local Alfred Canel présentait Pont-Audemer comme une agglomération secondaire gallo-romaine. Toutefois cette ancienneté est aujourd'hui mise en doute[1]. Car si le site est certes propice à la colonisation (point de franchissement sur la Risle, proximité des forêts et de prairies), les découvertes archéologiques ne sont pas suffisamment probantes pour prouver l'existence d'un pôle d'habitat à l'époque antique. Les vestiges ou les objets retrouvés sont en effet peu nombreux et peu structurés. Une voie antique traversait probablement le site et constituait le premier point de franchissement de la vallée de la Risle. Toutefois, son importance devait être faible puisque la route n'apparait par sur les deux célèbres documents routiers antiques que sont la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin[2]. Il est possible que Pont-Audemer se limitait à l'époque romaine à un simple établissement routier[3].

Moyen-Âge

La ville est désignée pour la première fois en 715 dans la Chronique des abbés de Fontenelle sous le nom de Duos Pontes (« Deux Ponts » en latin). Plus exactement, ce toponyme serait un terme générique englobant deux localités : Pont-Audemer et Pont-Authou (ou Pont-l'Évêque)[4]. C'est ensuite que « Pont » prit le qualificatif « Audemer », attestée en 1025 sous la forme latinisée Pontem Haldemari pour faire la différence avec Pont-l'Évêque et Pont-Authou. Malgré la perception de la marée jusqu'à la ville, le terme « Audemer » n'est pas une déformation de l'expression « eau de mer » mais se rapporte à un anthroponyme d'origine germanique, peut-être Aldemarus[5].

À l'occasion du traité de Saint-Clair-sur-Epte, le roi Charles III, dit le Simple, céda le comté de Rouen au chef scandinave Rollon. Pont-Audemer fait certainement partie de la donation. La toponymie suggère que des Anglo-Danois originaires du Danelaw s'installèrent dans la vallée de la Risle. Or, la tradition rapporte qu'un fidèle compagnon de Rollon, Bernard le Danois, reçut Pont-Audemer mais cette attribution reste difficilement vérifiable.

Jusqu'au XIe siècle, la localité n'était pas un centre administratif important ou le chef-lieu d'une seigneurie. Selon l'historien Sébastien Lefèvre, elle dépendait certainement du village voisin de Tourville[6]. Pour attirer la population et augmenter leur revenus, les descendants de Bernard le Danois y fondèrent un bourg. Dès lors, les indices d'une importance de Pont-Audemer se multiplient. Une charte évoque un marché dès 1034-1035. Orderic Vital parle d'un port maritime au milieu du XIe siècle. Une foire se déroulait dans le bourg depuis, au plus tard, les années 1118-1120. Un château est mentionné en 1123. Situé sur la rive droite de la Risle, il est aujourd'hui presqu'entièrement détruit. Pont-Audemer est devenu le chef-lieu d'un honneur dominé par la puissante famille de Beaumont.

Au XIIe siècle, Pont-Audemer poursuivit sa croissance et présentait des caractères de type urbain. Elle était le siège d'une vicomté, circonscription fondamentale de l'administration locale en Normandie. Quatre paroisses la composait (Saint-Ouen, Saint-Aignan, Saint-Germain et Notre-Dame). Un système d'enceintes semblait protéger le bourg entre les deux bras de la Risle et le quartier saint-Aignan[7]. Le dynamisme économique est indéniable. De nombreux artisans s’installent, créant notamment des ateliers de tannerie. Pont-Audemer abrite l'une des plus importantes communautés juives en Normandie au XIIe et XIIIe siècle.

La ville est prise par Philippe Auguste en juin 1204 et se voit accorder une charte communale. Le roi y installe le siège d’un bailliage tout spécialement pour un de ses hommes de mains, Lambert Cadoc, chef d’une bande de routiers, peu fréquentable, qui s’était mis au service du roi de France lors de l’annexion du duché de Normandie. Il pressura la ville et ses habitants, multipliant taxes et détournements. Les Pont-audemériens allèrent se plaindre au roi qui releva Cadoc des ses fonctions et supprima, vers 1219/1220, le bailliage qui fut par la suite rattaché à celui de Rouen.

La Guerre de Cent Ans causa de grands ravages à la ville. Le château et les remparts sont détruits après que le roi de France ait repris la ville qui s’était apparemment trop facilement donnée aux Anglais.

Époque Moderne

Église Saint-Ouen

Après la fin de la guerre, on reconstruisit la ville. Ainsi on décide de reconstruire l’église romane Saint-Ouen, endommagée, devenue trop petite et dépassée dans cette période où le gothique resplendit. Un nouvel édifice plus vaste est bâti sous la direction de Michel Gohier. Au XVIe siècle, poursuite de l'élévation de la nef avec le triforium, l'amorce des fenêtres hautes et le voûtement des cinq premières travées des bas-côtés, par Guillaume Morin et Thomas Théroulde. Mais les guerres de religions interrompent malheureusement le chantier de ce magnifique édifice : on a besoin d’argent pour se protéger des protestants qui menacent : armement, reconstruction des remparts… En vain ! La ville tombe aux mains des huguenots. Le chantier ne reprendra jamais, laissant l’église actuelle, unique, avec son chœur, son transept roman et sa nef, ses bas-cotés et son clocher gothique.

Les guerres de religions terminées, la ville se relève et l’économie y devient très florissante. Son cœur s’installe définitivement sur la rive gauche de la Risle, sur la paroisse Saint-Ouen, le quartier Saint-Aignan, rive droite, n’est plus qu’une paroisse résidentielle de moindre importance.

La Risle qui marque la limite entre l’archidiocèse de Rouen et le diocèse de Lisieux, met la ville à cheval sur deux diocèses : la paroisse Saint-Aignan dépendant de l’archevêché de Rouen, dédiée à la Vierge; Saint-Ouen, Notre-Dame-du-Prey et Saint-Germain dépendant de l’évêché de Lisieux, dédiée à Saint Pierre. Une certaine rivalité existait entre paroisses, notamment entre Saint-Aignan, qui avait le privilège de faire gras, et celle de Saint-Ouen qui ne jouissait pas de la faculté de manger de la viande, les jours de samedi compris entre Noël et la Purification.

"La rive gauche de la Risle se sentait vivement tentée de tomber en péché mortel, quand le vent du nord-est lui apportait la fumée du rôt orthodoxe, apprêté pour la rive droite. Pourtant, héroïquement soumise aux prescriptions de l'église, elle tenait ferme contre les suggestions du palais et de l'estomac. Mais sa perspicacité parvint à mettre d'accord ses désirs et sa conscience : les pois, cette ressource modeste, mais précieuse les jours maigres[8]. Par provocation, les paroissiens de Saint-Aignan se faisaient un plaisir de faire griller des andouilles qui embaumaient toute la ville, pour narguer les paroissiens de la rive gauche qui ne mangeaient, eux, que ces pois.

De plus, une année, lors de la procession de la saint Sébastien (qui avait protégé la ville de la peste), il arriva que les curés des trois paroisses secondaires se mirent en tête de disputer au curé de Saint-Ouen, paroisse principale, le privilège de porter, sur leur domaine respectif, la statue protectrice. Donc, au moment où la procession traversait le pont de Rouen et arrivait à Saint-Aignan, elle trouva le clergé de Saint-Aignan en ordre de bataille sur sa frontière : la possession de Saint Sébastien est vivement disputée ; après les paroles on en vient aux mains, et, dans le tumulte, la statue est précipitée dans la Risle. Grand scandale, et qui fut de longue durée ! Car il y eut procès dont le résultat fut le maintien du curé de Saint-Ouen dans sa prérogative, et, de plus, une chanson fut composée pour perpétuer le souvenir de l'évènement.[9]

Voici le couplet qui rapporte le commencement de la contestation entre le vicaire de Saint-Ouen et le curé de Saint-Aignan :

                      "L'gros Vitrel su Mangeux d'pois, 
                         Lui dit tu ne l'auras pas 
                    J'le mettrais plutôt dans ma pouquette. 
                             Turlurette... etc."[10] 

Encore aujourd'hui, cette anecdote reste connue comme la provocations des maqueux d’andouilles envers les maqueux eud’ pois".

Malgré cet antagonisme, l’économie florissante permit l’édification de belles habitations à pans de bois autour de petites cours intérieures. À ce type d’architecture, s’ajoute, au XVIIe siècle, des constructions en briques avec appareillage de pierre blanche ou avec rez-de-chaussée en pierre et étages en colombage.

Au XVIIIe siècle, débute l’industrialisation de la ville. Une importante communauté anglaise s’installe et amène de nouvelles techniques dans différents domaines (tanneries, papeterie).

Époque Contemporaine

En 1789, la ville ne fait pas partie des plus révolutionnaire, les habitants allant même jusqu'à protéger des aristocrates, comme la marquise de Saint-Pierre dans son hôtel particulier rue aux Juifs, ou les clercs et religieux de la cité. La ville devient chef-lieu de district puis d'arrondissement du nouveau département de l’Eure, ce à quoi correspond le diocèse d’Évreux auquel sont rattachées toutes les paroisses de la ville.

Au XIXe siècle, l’industrialisation se poursuit. Trois activités principales sont alors présente : la tannerie, la papeterie et la fonderie.

Durant la Première Guerre mondiale, en plus d’envoyer ses enfants sur le front, la ville fournit en masse du cuir pour les armées. Un témoin historique de la Grande Guerre se trouvant au musée des Invalides le prouve : il a une capote en cuir pont-audemérien, c’est le dernier taxi de la Marne existant !

Suite au décret Poincaré du 10 septembre 1926, l’arrondissement de Pont-Audemer est supprimé et rattaché à celui de Bernay. La sous-préfecture, rue Sadi Carnot, ferme.

Après la débâcle de 1940 et l’invasion allemande, la ville devient un centre administratif pour les occupants : un aérodrome est implanté sur le plateau de Triqueville et la Kommandantur s’installe au château de Tourville. La ville subit plusieurs bombardements, dont le plus important failli raser la majorité de la ville. Le drame fut évité grâce au mauvais temps : le brouillard empêchant les aviateurs de bombarder en formations, ceux-ci bombardèrent alors à l’aveuglette et les bombes tombèrent sur le quartier ouest de la ville (port, rue Notre-Dame-du-Prés, place Louis Gillain), préservant le centre historique de la ville. Pont-Audemer fut libéré le 26 août 1944 (jour de la saint Ouen, fête patronale de la ville) par des militaires néerlandais.

Durant les Trente Glorieuses, la ville profite de l’essor économique. La crise qui suivit ne toucha faiblement la ville qui a su appeler des investisseurs et des groupes étrangers d’industrie de pointe pour venir s’installer (Schlumberger). En 1962, la commune de Saint-Paul-sur-Risle est rattachée à Pont-Audemer.

Aujourd’hui, Pont-Audemer est dans une période assez difficile. Après la fonderie,une grande usine de la ville (Tanneries Costil) vient de fermer, la Cartonnerie de Pont-Audemer a également fermé ses portes en juin 2005. La cité se transforme, développant le tourisme, restaurant son habitat et ses infrastructures. Le défit principal pour la Venise Normande est de convertir son économie afin de garder son dynamisme et sa vitalité, pour éviter ainsi de devenir une ville uniquement résidentielle.

Personnalités liées à la commune

Naissances

Buste d'Alfred Canel, à Pont-Audemer, rue de la République.

Autres

  • Gaston Lenôtre (1920-2009), pâtissier, a fait ses débuts dans la commune
  • Bruno Putzulu (1967), comédien, ancien pensionnaire de la Comédie Française ;
  • Jean-Louis Destans (1951), actuel président du Conseil général de l'Eure ;
  • Alfred Canel, (1803-1879), républicain, humaniste et historien, député de l'Eure du 23 avril 1848 au 26 mai 1849 ; le musée de la ville porte son nom.
  • Amand Montier, ancien maire qui modernisa la ville à l’époque haussmannienne ;
  • Louis Gillain
  • Paul Clémencin

Héraldique

Blason ville fr Pont-Audemer (Eure).svg

Blasonnement des armes traditionnelles de la ville de Pont-Audemer :

« De gueules, au pont de quatre arches d'argent, au chef chargé de trois fleurs de lis d'or. »
tel que rapporté par Malte-Brun, dans la France illustrée (1882).

Un blasonnement voisin (et plus précis) est connu (source restant à préciser) :

« De gueules à un pont de quatre arches d'argent sur une rivière du même ; au chef cousu d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or. »

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
mars 2008 - Michel Leroux PS
mars 2001 mars 2008 Gaston Lecureur PS
1995 2001 Jean-Louis Destans PS
1989 1995 Jean-Pierre Mottin UDF
1985 1989 Gérard Lepenant RPR UDF
1983 1985 Jean-Pierre Mottin UDF
19XX 1983 Jean Beauvais
19XX 19XX André Delarue
1936 19XX Léon Harou
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Démographie

Évolution démographique
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
4 971 5 616 5 856 5 921 5 749 5 778 5 897 6 133 6 407
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
6 522 6 592 6 664 6 617 6 416 6 630 6 603 6 546 7 161
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
6 378 6 596 6 584 6 425 6 422 6 287 6 713 6 594 7 227
1962 1968 1975 1982 1990 1999 - - -
8 663 8 969 9 586 9 750 8 975 8 981 - - -

Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes


Jusqu'en 1831, la population de la partie de Saint-Agnan rattachée à Pont-Audemer n'est pas reprise dans le tableau.
Graphique de l'évolution de la population de Saint-Paul-sur-Risle 1794-1962

Par ailleurs, lors du recensement de 1999, la population totale, incluant les doubles comptes, était de 9 360 habitants.

Economie

La ville possède une antenne de la Chambre de commerce et d'industrie de l'Eure.

Tourisme

Patrimoine

L'église Saint-Ouen est un édifice remarquable bien qu'inachevé, imposant et doté de superbes vitraux de la Renaissance et modernes (par Max Ingrand).

La ville possède encore un important patrimoine de maisons à colombages.

Pont-Audemer est une des très rares villes de France où s'est perpétuée jusqu'à maintenant la sonnerie du couvre-feu, chaque jour à 22 heures. Il s'agit d'une volée assez longue de la petite cloche de l'église Saint-Ouen qui, traditionnellement, annonçait la fin de la journée et la fermeture des commerces, des cabarets et des portes de la ville.

Journal local

Le groupe de presse Publihebdos édite à Pont-Audemer un hebdomadaire, L'Éveil de Pont-Audemer[11], diffusé dans la ville et dans les communes avoisinantes. En 2005, la diffusion totale du journal était de 10 130 exemplaires par semaine, selon l'OJD[12].

Voir aussi

Lien externe

Notes et références

  1. Sébastien Lefèvre, « Analyse topographique d'une petite ville normande au Moyen Âge : les origines et le développement de Pont-Audemer du XIe au XIIIe siècle », Des châteaux et des sources. Archéologie et histoire dans la Normandie médiévale, Presses Universitaires de Rouen et du Havre, 2008, p.472-473
  2. Sébastien Lefèvre, ibid, p.474
  3. Sébastien Lefèvre, idem
  4. François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses dans l'Eure, Paris, Picard, 1981, p.159 pour la première hypothèse et Sébastien Lefèvre, idem pour la seconde
  5. François de Beaurepaire, idem. A noter que selon Jacques Le Maho, Aldemarus pourrait être Audemarus, le fils du comte de Poitiers Ramnulf, mort en 890 et héros du siège de Paris de 885-887. Il aurait protégé la ville des scandinaves au IXe siècle. Jacques Le Maho, « Jardins et vergers du haut Moyen Âge en Normandie orientale (VIIIe-Xe siècle) », Les paysages ruraux en Normandie, actes du 37e congrès des sociétés historiques et archéologiques de Normandie, Caen, Annales de Normandie, p.140-141
  6. Sébastien Lefèvre, ibid, p.478-479
  7. Sébastien Lefèvre, ibid, p.487-488
  8. Blason populaire de la Normandie comprenant les proverbes, sobriquets et dictons relatifs à cette ancienne province et à ses habitants, Alfred Canel, Membre de Ia Société des Antiquaires de Normandie, Tome 1er, M.DCCC.LIX
  9. dito 1
  10. dito 1 et 2
  11. fiche du journal sur le site de son groupe
  12. fiche de l'Eveil de Pont-Audemer sur le site de l'OJD
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