Prisons du Tibet

Prisons du Tibet

Prison au Tibet

Une ancienne photo de la prison de Drapchi

A Lhassa, jusqu'au milieu du XIXe siècle, les condamnés étaient soit enfermés dans la prison d'État de Shöl, soit confiés à un gouverneur de district qui était responsable de leur garde [1],. Certains criminels étaient condamnés à porter des chaînes et à mendier dans les rues afin de subvenir à leurs besoins [2]. Seigneurs ecclésiastiques et laïcs avaient leur propres prisons.[réf. nécessaire]

Selon le gouvernement chinois dans un pamphlet de 1988 intitulé Cent questions et réponses, il n'y aurait qu'une seule prison et deux brigades de rééducation dans la Région autonome du Tibet. Le chiffre officiel est monté à trois en 2000. Cette affirmation est contestée par d'anciens prisonniers et divers opposants ou observateurs du régime chinois.

Sommaire

Le système pénitentiaire avant 1950

Les peines et supplices en vigueur au Tibet de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle nous sont connus grâce aux récits d'explorateurs et de voyageurs étrangers. Il en ressort un tableau marqué par une certaine brutalité mais aussi par le progrès de l'abolition de la peine de mort par le XIIIe dalaï-lama et l'abandon de certains instruments et pratiques hérités des siècles passés.

La période du protectorat de la dynastie Qing (1644-1912)

Les empereurs de la dynastie mandchoue des Qing exercèrent sur le Tibet une influence politique proche du protectorat sans toutefois l'incorporer dans leur empire. Cependant, ce protectorat chinois se révèle fluctuant à l’usage. Il est réel en période troublée (guerre civile, rébellions, etc.), avec une mainmise sur la politique intérieure ; il s’avère beaucoup plus souple en temps calme, marqué par un retrait des Chinois qui se contentent de remplir leur rôle de protecteur.[réf. nécessaire]

Selon le site de Jean Dif, le moine bouddhiste japonais Ekai Kawaguchi, qui s'illustra par un périple de trois ans au Tibet au tournant du XXe siècle, rapporte dans ses mémoires les supplices alors en vigueur au Tibet : l'empilement de bonnets de pierre sur la tête jusqu'à éjection des globes oculaires; l'administration de 300 à 700 coups de fouet tailladant les chairs du dos; l'amputation des mains pour les voleurs récidivistes, pendus au préalable par les mains; l'énucléation; le nez fendu et les oreilles coupées en cas d'adultère de l'épouse, châtiment éventuellement dispensé par le mari lui-même; l'exil; la condamnation à mort, le condamné étant cousu dans un sac de peau ou lesté d'une grosse pierre puis jeté à l'eau. Kawagushi note que les mendiants aveugles et privés de mains ne manquent pas à Lhassa [3].

Selon le site de Jean Dif, un peu plus tard, l'explorateur français Jacques Bacot décrit les prisons tibétaines comme étant des fosses voûtées où le prisonnier est descendu, un orifice dans la voûte servant à lui jeter eau, nourriture et ordures. Le condamné dort couché dans l'eau [4].

La période du Tibet indépendant de facto (1912-1951)

Les troupes et les autorités officielles chinoises sont expulsées du Tibet en 1912 par les Tibétains, et le 13e dalaï-lama déclare l'indépendance du Tibet en 1913 [5].

Abrogation des châtiments « cruels et insolites »

Le Gouvernement tibétain du 13e dalaï-lama, qui avait déjà décrété l'abolition de la peine de mort en 1898 [6], annonce l'abrogation des châtiments « cruels et insolites » comme l'amputation des membres. Des exemplaires de la proclamation sont envoyés dans tout le Tibet [7].

Témoignages

Dans l'ancien Tibet, la justice pouvait être rendue par les monastères. Chögyam Trungpa, une réincarnation d'un grand lama, rapporte la peine infligéé, un peu avant 1950, à un musulman coupable d'avoir tué un animal sauvage : la sentence avait été exécutée par les moines eux-mêmes [8].

Deux voyageurs[évasif] américains au Tibet dans les années 1960, Stuart et Roma Gelder, rapportent avoir interrogé un ancien serf, Tserek Wang Tuei, qui avait volé deux moutons appartenant à un monastère. En guise de peine, il avait eu les yeux énucléés et les mains mutilées [9]. Stuart et Roma Gelder furent les rares personnes à avoir été autorisées par les autorités chinoises à visiter le Tibet, alors fermé aux voyageurs étrangers, et leurs écrits sont considérés par Jamyang Norbu comme apologétiques de la politique chinoise au Tibet.[10],[11],[12] Selon Warren W. Smith Jr, s’ils ont reconnu que des Tibétains pouvaient leur dire ce qu’ils souhaitaient entendre, ils ne semblaient pas savoir que d’anciens serfs avaient été encouragés à élaborer leurs histoires et avaient fait carrière en racontant des contes aux Chinois, aux Tibétains, et aux visiteurs étrangers.[13] [citation nécessaire] L'alpiniste autrichien Heinrich Harrer, qui vécut au Tibet de 1944 à 1951, signale dans son livre Lhassa : le Tibet disparu la présence de prisonniers qui mendiaient le long des routes surtout quand les grands festivals attiraient de nombreux pèlerins à Lhassa. Ces criminels mendiants étaient souvent enchaînés par la main deux par deux et avec des entraves aux pieds mais sans surveillance particulière.

Selon Jean Dif, une scène similaire est rapportée par l'exploratrice Léa Lafugie dans les années 1930 : à Gyantsé, elle croisa des prisonniers aux chevilles passées dans de lourdes barres de fer qui les obligeaient à marcher les jambes écartées. Lâchés à l'aube et repris au crépuscule, ils mendiaient leur nourriture, l'administration pénitentiaire n'y pourvoyant pas [14].

Les prisons et leurs substituts

Heinrich Harrer précise que la prison se trouvait dans le village de Shöl [15] en contrebas du Palais du Potala [16].

Dans ses mémoires publiées en 1954, le même Harrer signale que les délinquants condamnés à porter des chaînes toute leur vie étaient soit enfermés dans la prison d'État de Shöl, soit confiés à un gouverneur de district qui était responsable de leur garde [17].

La prison de Shöl est celle où fut jeté et enfermé, de 1946 à 1949, dans un cachot humide et sombre, le moine poète et peintre de génie Gendün Chöphel, après avoir été arrêté, jugé et fouetté sous l'accusation d'espionnage au profit de la Russie [18].

C'est également à Shöl que fut emprisonné, en 1947, le 5e Reting Rinpoché, qui avait été régent de 1936 à 1941. Accusé de conspiration et de tentative d'assassinat contre le régent Taktra Rinpoché, il y serait mort empoisonné au bout d'une semaine [19]. Les partisans de Reting Rinpoché furent arrêtés et condamnés eux aussi mais, la prison étant trop petite pour les accueillir tous, les détenus furent confiés à la garde et à la charge de familles nobles, à ce que rapporte Heinrich Harrer, témoin de ces événements. Si bien que l'on trouvait dans chaque hôtel de la noblesse un condamné en chaînes, le cou enserré dans un carcan en bois [20].

De la prison au musée

La romancière d'origine chinoise Han Suyin visita la « prison du Potala » en 1975 à l'invitation des autorités : elle fut choquée de ce qu'on lui rapporta au sujet des détenus et des tortures qui étaient infligées à ces derniers à la cour de justice proche. Les Chinois, à ce qu'on lui dit, n'avaient rien pu faire avant le départ en exil des dirigeants tibétains [21].

Une telle « exposition de la torture tibétaine » avait été installée à Pékin en 1959 dans un but d'édification (du point de vue du gouvernement chinois) ou de propagande (du point de vue du gouvernement tibétain en exil).[22]. Pourtant, le 13e Dalaï Lama avait aboli la torture au Tibet en 1898 (sauf celle en cas de trahison).[22].

Depuis 2007, les touristes peuvent visiter ce que les autorités de la Région autonome du Tibet appellent l'ancienne prison de Xuecheng, transformée en musée, et s'y émouvoir à la vue de chaînes, fouets, piloris et autres accessoires [23].

Selon l'écrivain exilé Jamyang Norbu, nombre des instruments de supplice ou de torture employés autrefois et exposés aujourd'hui dans des musées ou des expositions ont été en fait introduits au Tibet par les Chinois sous le règne des Mandchous [24].

Le dispositif carcéral mis en place à partir de 1959

Après l'intervention militaire chinoise au Tibet (1950-1951), les conditions de détention changent. Les responsables chinois utilisent le terme de prison pour les installations où sont détenues des personnes formellement reconnues coupables, selon la juridiction chinoise, d'un délit et condamnées par une cour de Justice. Or, la majorité des prisonniers condamnés pour un délit l'ont été par un comité administratif ou une décision de policiers. Ainsi les bâtiments où sont détenus ces condamnés non jugés par une cour ne sont pas considérés par les Chinois comme des prisons [25] .

Ces « non prisons » comprennent :

« L' archipel chinois (défini suivant le vocable employé par Soljenitsyne pour décrire les goulags soviétiques), fait partie de ces secrets de l'Histoire, secret d'autant mieux gardé que les témoignages le concernant sont rares. De même, l'archipel chinois n'a jamais beaucoup intéressé les intellectuels occidentaux, plus fascinés par les rouages du Grand Bond en avant , de la Révolution culturelle ou encore par l'importance stratégique d'un tel pays. Pourtant, malgré le manque de témoignages ou de statistiques fiables, il est indispensable de parler, ne serait-ce que pour ne pas tomber dans le piège du pouvoir communiste qui consiste à faire taire ceux qui n'ont pas de preuves » [28].
La durée de détention dans un laogai ne dépasse pas théoriquement quatre ans.

Le nombre de prisons au Tibet

Les régions du Tibet historique

La prison de Drapchi est la seule prison reconnue par les autorités chinoises en 1988 avec environ 900 prisonniers [29].

Robert Barnett précise que depuis 1988, la position publique des autorités chinoises a évolué. Ainsi, il est évoqué au début des années 2000, trois prisons [30](dans le sens limité du terme) soit en plus de la prison de Drapchi : « la prison N° 2 de la Région autonome du Tibet est situé à Powo Tramo, à environ 350 kilomètres à l'est de Lhasa; l'identification de la prison N°3 n'est pas claire mais c'est probablement le titre officiel de la prison de Nyari, près de Shigatsé. » [31] .

Le moine Palden Gyatso qui a passé 33 ans dans les prisons du Tibet indique dans son livre Le feu sous la neige, en plus de Drapchi, la présence de 4 prisons autour de Lhassa : Gutsa, Sangyib, Ori-tritu et Seitru. Il mentionne aussi la prison de Nyéthang Zhuanwa Chang située au sud de Lhassa.

Dans le Kham, les autorités ouvrent des prisons à Markham, Dartsedo ou Minyak.

Dans l'Amdo, ce sont celles de Xining et Lanzhou[32]

La Laogai Research Foundation donne une liste des prisons situées dans la Région autonome du Tibet : Comprenant Bomi, Chushur, Delapuxie, Gazha, Lhassa, Drapchi, Naidong, Nyalam, Shengyebo, Shigatsé, Situola, Xizang, Xizang No. 2, Zedang[33].

Le nombre de détenus politiques en 2007

D'après les données contenues dans le rapport annuel pour 2007 publié par la Commission du congrès et de la présidence des États-Unis sur la Chine, il y avait environ 100 prisonniers politiques tibétains à la date de septembre 2007, dont au moins 64 étaient soit des moines, soit des nonnes. La plupart de ces derniers avaient été accusés et condamnés pour séparatisme, la durée moyenne de la peine étant 10 ans et quatre mois [34].

Les moyens et objectifs des prisons

Jean Louis Domenach indique que la prison chinoise, pour les autorités qui la gèrent, présenterait l'avantage, par rapport au Goulag, de «  transformer les hommes du passé en hommes nouveaux, c'est-à-dire dociles et consentants ». Ainsi, la prison chinoise serait une « contribution à la victoire du socialisme ». Dans cette perspective, la punition n'est pas la finalité de la prison mais grâce à elle le criminel aurait la chance de se réhabiliter. Cet objectif de « réforme de la pensée » est organisée comme un « processus de mort et de renaissance » [35].

Les moyens mis en place sont à la hauteur des ambitions chinoises. Le thamzing et les tortures subis dans les prisons conduiront de nombreux Tibétains au suicide. Ainsi, en 1993, dans la préface de l'ouvrage collectif Tibet, l'envers du décor, Bernard Kouchner évoque plus de 1 million de morts tibétains depuis la « libération pacifique de 1950 » dont 92 000 morts sous la torture; près de 10 000 se seraient suicidés  »[36].

Les séances d'études

Le thamzing

Article détaillé : thamzing.

Les dispositifs de rééducation par le travail

À partir de la fin des années 1950 l'état chinois utilise les détenus des centres de rééducation pour construire les centres d'études nucléaire du Tibet [37].

En 2005, Manfred Nowak a visité la Chine pour l'Organisation des Nations unies en tant que rapporteur spécial sur la torture. Il a invité le gouvernement chinois à supprimer ses dispositifs de rééducation par le travail :

«Ces méthodes comprennent une pression psychologique très forte sur les détenus pour qu’ils changent leur personnalité en confessant leur culpabilité»

Selon Manfred Nowack, ces dispositifs de rééducation par le travail contreviennent à la convention sur les droits civils et politiques[38].

Les tortures

Les associations de défense des droits de l'homme suivent les conditions de détention dans les prisons tibétaines [39]. Ainsi Amnesty International signale la mort de neuf détenus en 1998, essentiellement des moines et des nonnes dans la prison de Drapchi. Selon Amnesty International, « Ces neuf détenus seraient morts des suites de passages à tabac et de diverses autres formes de torture et de mauvais traitements que leur auraient administrés des surveillants» [40]. De même en 2007, des enfants tibétains ont été arrêtés pour avoir écrit des slogans en faveur de l'indépendance du Tibet. Détenus dans la province du Gansu, Amnesty International indique qu'ils sont menacés de mauvais traitements et de tortures, un des enfants présentant des blessures à la tête fut hospitalisé[41].

Article détaillé : Torture au Tibet.

Les exécutions publiques

Allégations des exilés tibétains
La peine de mort qui avait été abolie au Tibet en 1898 fut rétablie quand le parti communiste chinois régit le pays [42]. En 1956, suite aux révoltes de la résistance tibétaine dans l'est du Tibet, l'armée chinoise arrête des nobles, des moines âgés et des chefs de la résistance, les torturant et les exécutant en public pour décourager la résistance[43]. Après le soulèvement tibétain de 1959 et la fuite du dalaï-lama, 200 de ses gardes du corps restés à Lhassa ont été désarmés et exécutés en public, ainsi que des Tibétains qui avaient des armes dans leurs maisons.[43] Des milliers de moines tibétains ont aussi été exécutés [43]. Pour ces exécutions publiques les Tibétains furent tués par balle, crucifiés, brûlés vif, noyés, vivisectionnés, étranglés, pendus, enterrés vivant, éviscérés ou décapités[44].

La révolution culturelle (1966-1976) prit au Tibet la forme d’une guerre contre un peuple et une civilisation, des centaines Tibétains, laïques mais surtout religieux furent torturés et exécutés.[22].

En novembre 1970, Palden Gyatso fut témoin d’exécutions publiques qu’il décrit avec horreur dans son autobiographie (Le feu sous la neige). Il fut amené avec des centaines d’autres Tibétains des prisons de Lhassa à la prison de Drapchi pour assister à une réunion annuelle de « récompenses et châtiments ». Les gardes sortirent des rangs ceux des prisonniers qui allaient être exécutés, ligotés et baillonnés, ils portaient une pancartes autour du cou où figuraient des caractères chinois. Palden Gyatso fut contraint à s’avancer près de Kundaling Kusang (Pamo Kusang), une célèbre femme tibétaine au visage enflé et couvert de meurtrissures, ne pouvant à peine respirer et qui était accusée d’activités contre-révolutionnaires visant à renverser la dictature prolétarienne. Elle fut, ainsi que 14 autres Tibétains, contraints de s’agenouiller devant une fosse près du monastère de Sera, et abattus par un peloton d’exécution, les survivants à la première rafale furent achevés d’une balle à bout portant. Les familles furent informées, le nombre de balles, la taille de la corde ayant servie à ligoter et le coût étaient indiqués. En 1971, Palden Gyatso fut le témoin de 3 autres condamnations à mort, l’un des prisonniers était uniquement accusé d’avoir éraflé un portrait de Mao, accident qui fut la source d’un procès d’intention ayant conduit à son exécution.

Liste de prisonniers d'opinion tibétains

Voici quelques noms de prisonniers d'opinion connus du Tibet. Certains sont morts en détention, d'autres ont été libérés :

Anciens prisonniers d'opinion

Ngawang Sangdrol à une marche pour la liberté du Tibet à New York

Prisonniers politiques actuellement en détention

Le cas de Gedhun Choekyi Nyima

Photo de manifestants portant le drapeau du Tibet et un poster du 11e panchen-lama, Gendhun Choekyi Nyima lors du Relais de la flamme olympique 2008 à San Francisco

Gendhun Choekyi Nyima : Désigné 11e réincarnation du panchen-lama par le 14e dalaï-lama le 14 mai 1995, il disparaissait trois jours plus tard, enlevé et retenu prisonnier par le gouvernement chinois. Il n'a jamais été revu depuis. Les autorités chinoises démentent qu'il soit prisonnier politique. Il mène, selon elles, une scolarité et une vie normales, mais sa localisation est tenue secrète pour des raisons de sécurité [46], [47]. Selon Amnesty International, il a été enlevé par les autorités chinoises le 17 mai 1995, [48], il a disparu depuis cette date [49], et se trouve toujours en détetion selon Human Rights Watch [50].

Témoignages

La famine au début des années 1960

Palden-Gyatso présente les instruments de torture utilisés à son encontre

Des anciens prisonniers tibétains témoignèrent de la famine au début des années 1960.

Dans son autobiographie, Tubten Khétsun, un ancien prisonnier qui a passé 4 ans en prison dans la région de Lhassa, évoque la faim et les cadavres d’autres détenus morts de faim [51]

Le moine Palden Gyatso indique qu'en 1961 alors qu'il était dans camp de travail dans la vallée de Lhassa la nourriture devint rapidement le problème essentiel [52]:

« On nous servait du thé noir le matin et et un bol de soupe claire où nageaient quelques lambeaux de chou le soir. Dans la soirée, on nous donnait aussi une portion de tsampa de cent grammes. [...] J'arrivais à peine à supporter le poids de mon propre corps. C'est ainsi qu'on commence à mourir de faim. En me réveillant un matin, je m'aperçus que deux prisonniers étaient morts dans la nuit et bientôt, nous ne nous couchions plus jamais sans nous demander lequel d'entre nous vivraient encore au réveil. [...] Nous faisions bouillir le cuir de nos bottes pour concocter un porridge épais. Certains dévoraient même de l'herbe qui leur gonflait le ventre et les rendait très malades. ».

Les prisons de Tashi Tsering pendant la révolution culturelle

Etudiant avec d'autres Tibétains dans une université de la Chine du nord-ouest au début de la révolution culturelle, le jeune Tashi Tsering, après avoir été garde rouge, devient lui-même victime et se retrouve en prison au milieu d'intellectuels et de responsables, hans comme tibétains. Dans son autobiographie [53], il rapporte que son séjour en prison, en Chine centrale, fut effroyable, qu'il fut frappé à plusieurs reprises par son interrogateur, un autre Tibétain. Il finit par être transféré au Tibet et là, les conditions de détention et la nourriture s'améliorèrent (il eut même droit à des journaux en tibérain et en chinois) :

« Malgré l'extrême petitesse de la cellule, les conditions matérielles étaient meilleures que celles que j'avais connues dans les prisons en Chine. Il y avait des ampoules en verre dépoli dans chaque cellule, les murs et le sol étaient en béton et bien plus chauds et secs que ce que j'avais vu jusque là. Nous eûmes également plus de nourriture et de liberté. Il y avait trois repas par jour, et nous eûmes droit à du thé au beurre, du tsampa, et parfois même de la viande (...) », « comparé à ce que j'avais subi, ces conditions confinaient presque au luxe » [54].

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

  • From Darkness to Dawn (Jamyang Norbu sur l'abrogation par le 13e dalaï-lama de la peine de mort et des châtiments hérités de l'administration chinoise d'avant 1913)

Bibliographie

Références

  1. (en) Heinrich Harrer, Seven years in Tibet, translated from the German by Richard Graves, E. P. Dutton, 1954.
  2. Le Tibet est-il chinois ? de Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, ed. Albin Michel, coll. Sciences des religions, 2002, page 355.
  3. Les trois ans au Tibet de Kawagushi, résumé de Jean Dif.
  4. Le second voyage de Bacot, résumé de Jean Dif.
  5. Toutefois, aucun pays ne reconnaît le Tibet ni n'échange d'ambassadeur avec lui. Il n'est représenté dans aucune instance internationale et reste fermé aux étrangers.
  6. The third World Day against Death Penalty, Jean-François Leclere.
  7. (en) Jamyang Norbu, From Darkness to Dawn, site Phayul.com, 19 mai 2009.
  8. Cf. Jean Dif, Chronologie de l'histoire du Tibet et de ses relations avec le reste du monde (Suite 3).
  9. (en) Michael Parenti, Le mythe du Tibet.
  10. Running-Dog Propagandists, Jamyang Norbu
  11. New external Propaganda Strategy
  12. Warren W, Jr Smith, China's Tibet?: Autonomy or Assimilation, AltaMira Press,U.S, 16 mai 2008, ISBN 074253989X
  13. Warren W, Jr Smith, China's Tibet?: Autonomy or Assimilation, AltaMira Press,U.S, 16 mai 2008, ISBN 074253989X
  14. Les voyages de Léa Lafugie, site de Jean Dif.
  15. Note : Le village de Shöl a depuis été détruit par les autorités chinoises afin de réaliser l'actuelle esplanade située au pied du Potala. Source Tibétains 1959-1999 : 40 ans de colonisation, ouvrage dirigé par Katia Buffetrille et Charles Ramble Édition Autrement 1998.
  16. Lhassa : le Tibet disparu, texte et photographie de Heinrich Harrer, 223 pages, Édition de La Martinière, 1997, ISBN 2-7324-2350-5.
  17. (en) Heinrich Harrer, Seven years in Tibet, translated from the German by Richard Graves, E. P. Dutton, 1954; citation : « Criminals condemned to a life in chains are either shut up in the state prison à Sho (Shöl) or sent to a district governor who is responsible for their custody ».
  18. (en) Hisao Kimura, Japanese Agent in Tibet: My Ten Years of Travel in Disguise, as Told to Scott Berry, Serindia Publications Inc., 1990; citation : « Gedun Choephel (...) was arrested, put on trial, flogged, and locked away in the damp darkness of Shol Prison below the Potala along with murderers and thieves », p. 193.
  19. The fifth Reting Thubden Jampal Yeshe Tempai Gyaltsen (1912-1947).
  20. (en) Heinrich Harrer, Seven years in Tibet, op. cit. ; citation : « The prison had not room enough for all the condemned persons, so the nobles had to take the responsibility for lodging them and keeping them in custody. As a result, one found in almost every house a convict in chains with a wooden ring around his neck ».
  21. (en) Compte rendu en anglais de Lhasa, the Open City: A Journey to Tibet, by Han Suyin, 1977; citation : « She abhorred the Potala prison and the stories she was told of the prisoners held there and the tortures inflicted at the nearby court of justice. The Han Chinese, she was told, were unable to do anything until the Dalai Lama fled into exile ».
  22. a , b  et c L’invasion chinoise au Tibet, 1949- 2006 : revendications identitaires et enjeux culturels, 2006.
  23. (en) Le site de la prison de Xuecheng du Palais Potala accueille de plus en plus de visiteurs, sur le site french.china.org.cn, 24/03/2009.
  24. (en) Jamyang Norbu, From Darkness to Dawn, op. cit.
  25. Source : Robert Barnett dans l'ouvrage Le Tibet est-il chinois ? de Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, ed. Albin Michel, coll. Sciences des religions Page 141.
  26. Source : Interview d'octobre 2006 de Harry Wu, l'actuel directeur de la Laogai Research Foundation
  27. Il « eut (...) de fortes sympathies pour la dictature maoïste quoiqu'il en dise aujourd'hui », rapporte Francis Deron.
  28. L'archipel oublié de Jean-Luc Domenach.
  29. Source : Le Tibet : cent questions et réponses. La question est : « Certains disent qu'au Tibet, il existe plusieurs centaines de prisons, où sont enfermés quelques millers de détenus politiques, et d'autres affirment que 80 000 criminels sont détenus dans 73 prisons. Est-ce vrai ? ». La réponse est : « La RAT n'a qu'une prison et deux brigades de rééducation. Les prisonniers sont 900, ils ont tous été reconnus (coupables) de délits pénaux. [...] ».
  30. Position chinoise en 2003.
  31. Le Tibet est-il chinois ? de Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, ed. Albin Michel, coll. Sciences des religions 2002 Page 142
  32. Tibet Histoire d'une tragédie, Kim Yeshi, Édition La Martinière, Février 2009 Page 122/285 ISBN: 978-2-7324-3700-2
  33. LAOGAI HANDBOOK
  34. Commentaire No 107 du tibétologue Mark Anthony Jones à la suite de l'article de (en) Barry Sautman, Protests in Tibet and Separatism: the Olympics and beyond, mis en ligne sur le site Black and White Cat le 1er avril 2008.
  35. L'archipel oublié de Jean-Luc Domenach.
  36. Bernard Kouchner évoque plus de 1 million de victimes.
  37. L'épopée des Tibétains : entre mythe et réalité de Frédéric Lenoir et Laurent Deshayes, Fayard, 2002, p. 341, ISBN:2-213-61028-2
  38. Visite en Chine.
  39. (en) Political Prisoners.
  40. Source Amnesty International.
  41. Rapport d'Amnesty-international
  42. Portrait de Wei Xiaotao, Ensemble contre la peine de mort.
  43. a , b  et c History Leading up to March 10th 1959, site du gouvernement tibétain en exil, 7 septembre 1998
  44. Tibet Dossier, Sonam Chokyi, 1993.
  45. Source : MRAP
  46. (en) PRISONERS OF TIBET 2006 Special Report : « In a written statement to Reuters, the authorities claimed that the Gedhun Choekyi Nyima was "no reincarnation of the Panchen Lama" but "just an ordinary boy" who "lives a normal happy life and is receiving a good cultural education" ».
  47. (en) "China says boy not political prisoner", Reuters, 28 April 2006, Beijing.
  48. (fr) Préoccupations d'Amnesty International France
  49. (en) Disappearances
  50. (en) Written statement submitted by Human Rights Watch, unhchr.ch, E/CN.4/1998/NGO/52, 17 March 1998.
  51. Tubten Khétsun, Memories of Life in Lhasa Under Chinese Rule, (traduit du tibétain et présenté par Matthew Akester), New York, Columbia University Press, 2008, 344 p.
  52. Le feu sous la neige, Palden Gyatso avec l'historien tibétain Tsering Shakya, Actes Sud, 1997, page 127 ISBN 2742713581
  53. (en) Melvyn Goldstein, William Siebenschuch and Tashi Tsering, The Struggle for Modern Tibet, the Autobiography of tashi Tsering, Armonk, N.Y., M.E. Sharpe, 1997, xi + 207 p.; cité par Grain, dans Tibetans and the Cultural Revolution
  54. Citation en anglais : « In spite of the extremely small cells, the physical conditions here were better than those of any of the prisons I had known in China. There were dim electric bulbs in each cell, and the walls and floors were concrete and a good deal warmer and drier than anything I had seen before. We got more food and freedom, too. There were three meals a day here, and we got butter tea, tsamba, and sometimes even meat », « Compared to what I'd been experiencing, these conditions amounted almost to luxury » (p. 132).


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  • Famines au Tibet — Pour les articles homonymes, voir Famine au Tibet. Le Tibet a connu, dans son histoire millénaire, des famines dont l ampleur exacte (aire concernée et mortalité) reste à déterminer, y compris la famine de 1960 1962, ou encore la famine sous la… …   Wikipédia en Français

  • Historical money of Tibet — The use of historical money in Tibet started in ancient times, when Tibet had no coined currency of its own. Bartering was common, gold was a medium of exchange, and shell money and stone beads were used for very small purchases. A few coins from …   Wikipedia

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