Prison de Drapchi

Prison de Drapchi

29° 40′ 11″ N 91° 08′ 11″ E / 29.6698248, 91.1364412

Une ancienne photo de Drapchi

La prison de Drapchi, connue en chinois sous l'appellation de « prison Di Yi Jianyu-No 1», est la plus grande prison du Tibet, sise dans la capitale Lhassa.

Sommaire

Description

Construite à l'origine pour servir de garnison militaire tibétaine, elle fut transformée en prison après le soulèvement tibétain de 1959 contre la Chine[1].

Ouverte officiellement comme prison en 1965, elle est formée d'une série de neuf unités et a été récemment agrandie et restructurée. La population carcérale est estimée à 1000 détenus dont 600 considérés comme prisonniers politiques, âgés de 18 à 85 ans, parmi lesquels beaucoup de moines et nonnes.

Selon les réfugiés tibétains en exil, la prison a acquis une réputation tristement célèbre et est redoutée des Tibétains en raison de sa gestion dure. Des associations de Tibétains en exil ont fait état de brutalités[2].

En 2002, Amnesty International a demandé que la lumière soit faite sur la répression de mouvements de mécontentement ayant éclaté dans la prison les 1er et 4 mai 1998[3].

Le mouvement de protestation de mai 1998

Reprenant des « informations recueillies de source non officielle », Amnesty International rapporte la mort de neuf détenus en 1998, pour la plupart des moines et des nonnes : « Ces neuf détenus seraient morts des suites de passages à tabac et de diverses autres formes de torture et de mauvais traitements que leur auraient administrés des surveillants pendant et après les troubles de mai 1998 » (manifestations lors de cérémonies dans l'enceinte de la prison, grève de la faim).

Après avoir nié ces incidents, les autorités chinoises ont donné une autre version des faits : « Une poignée de criminels est allée jusqu'à crier ouvertement des slogans séparatistes, à insulter, à assiéger et à agresser des surveillants. Les agents de police de la prison ont pris des mesures pour mettre fin à cette situation, conformément aux dispositions de la loi sur les prisons ». Amnesty International note que « ces déclarations officielles sont contredites par les témoignages d'anciens détenus » .

Le rapport d'Amnesty International précise que la majorité des prisonniers d'opinion incarcérés à Drapchi le sont en raison de « leurs activités en faveur de l'indépendance du Tibet » ou de « leur fidélité à leur chef spirituel, le dalaï-lama »[3].

Les exécutions publiques

Palden Gyatso, en juillet 2000, en France

En novembre 1970, Palden Gyatso fut témoin d’exécutions publiques qu’il décrit avec horreur dans son autobiographie (Le feu sous la neige). Il fut amené avec des centaines d’autres Tibétains des prisons de Lhassa à la prison de Drapchi pour assister à une réunion annuelle de « récompenses et châtiments ». Les gardes sortirent des rangs ceux des prisonniers qui allaient être exécutés, ligotés et bâillonnés, ils portaient une pancarte autour du cou où figuraient des caractères chinois. Palden Gyatso fut contraint à s’avancer près de Kundaling Kusang (Pamo Kusang), une célèbre femme tibétaine au visage enflé et couvert de meurtrissures, ne pouvant à peine respirer et qui était accusée d’activités contre-révolutionnaires visant à renverser la dictature prolétarienne. Elle fut, ainsi que 14 autres Tibétains, contraints de s’agenouiller devant une fosse près du monastère de Sera, et abattus par un peloton d’exécution, les survivants à la première rafale furent achevés d’une balle à bout portant. Les familles furent informées, le nombre de balles, la taille de la corde ayant servi à ligoter et le coût étaient indiqués.

Tortures

Différents témoignages signalent des cas de torture dans la prison. Ainsi la nonne tibétaine Choeying Kunsang condamnée à 4 ans de prison en 1995[4] pour avoir participé à une manifestation pacifiste indique

« Nous devions porter un bol d’eau sur la tête tout en maintenant des journaux entre nos genoux et sous nos bras. Si quelque chose tombait nous étions battues, à de coups de pied et de bâton électrique pour les animaux. Nous devions aussi enlever nos chaussures et rester debout sur le sol arrosé d’eau froide. La Vénérable Dorjee Youdon, originaire de la région de Nyenmo, a commis une erreur lors d’un exercice et elle a reçu des coups de pied dans l’estomac. Au lieu de recevoir un traitement médical adéquat, elle a été enfermée dans sa cellule.»[5].

À sa sortie de prison, les autorités l'informent que si elle évoque ses conditions de vie, elle sera de nouveau arrêtée et remise en prison avec une peine doublée[6].

Détenu(e)s célèbres de la prison

Ngawang Sangdrol à une marche pour la liberté du Tibet à New York

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Drapchi Prison : Tibet's Most Dreaded Prison - TCHRD - Publications (en anglais)
  2. Political Prisoners (en anglais)
  3. a et b Source Amnesty International.
  4. Choeying Kunsang et Pasang Lhamo en Europe
  5. Témoignages de deux religieuses
  6. Amnesty International
  7. Pierre Prakash, Des geôles de Lhassa à Dharamsala, dans Libération du 14 juin 2006
  8. Palden Gyatso, Le feu sous la neige, « Drapchi housed some of Tibet's most famous prisoners and dissidents. The prison was divided into five different brigades, or ruka. The fifth ruka housed all the former Tibetan government officials and high lamas, including Lobsang Tashi, the last prime minister of Tibet, and Lhalu, the former commander of the Tibetan army in eastern Tibet. »

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Prison de Drapchi de Wikipédia en français (auteurs)

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