Soulèvement tibétain de 1959

Soulèvement tibétain de 1959
Soulèvement tibétain de 1959
China-Tibet.png
Région autonome du Tibet (elle a été fondée en 1965)
Informations générales
Date 10 mars 1959
Lieu Région autonome du Tibet
Issue Soulèvement écrasé
Belligérants
Chushi Gangdruk-flag.svg Chushi Gangdruk Flag of the People's Republic of China.svg République populaire de Chine
Pertes
86000 Tibétains tués[1],[2]

5360 rebelles mis hors de combat[3]

 ?

Le soulèvement tibétain de 1959, ou rébellion tibétaine de 1959 est la révolte anti-chinoise et anti-communiste qui éclata le 10 mars 1959 à Lhassa, la capitale du Tibet[4], huit ans après la signature de l'Accord en 17 points sur la libération pacifique du Tibet entre les représentants du dalaï-lama et ceux de la République populaire de Chine, accord par lequel le 14e dalaï-lama reconnaissait la souveraineté de la Chine sur le Tibet.

Selon deux auteurs, A. Tom Grunfeld et T. D. Allman, elle pourrait avoir été planifiée par la CIA – ce qui est contesté par d'autres, dont le dalaï-lama, qui déclare que la révolte fut spontanée – et/ou par les dirigeants Khampa[5].

Selon Peter Stepan et Claus Biegert (de), ce soulèvement s'est soldé par un massacre, rien que dans la ville de Lhassa, 15 000 Tibétains ont été tués[6]. Pour leur part, les historiens Jiawei Wang et Nima Gyaincain font état de seulement 5 360 ennemis mis en déroute[7].

Bien que la fuite du 14e dalaï-lama n'ait eu lieu qu'en 1959, une lutte armée entre les forces de la résistance tibétaine aidées par la CIA et celle de l'Armée populaire de libération chinoise avait commencé dès 1956 dans les provinces tibétaines du Kham et de l'Amdo, soumises aux réformes démocratiques. La guérilla s'étendit plus tard au reste de la région du Tibet et dura jusqu’en 1962[8],[9],[10].

L'anniversaire du soulèvement est observé par le gouvernement tibétain en exil et des personnes et associations solidaires de sa cause sous le nom de Jour du soulèvement tibétain (ou Jour du soulèvement national tibétain).

Sommaire

Historique

Version du gouvernement tibétain en exil et de sources proches

À la fin des années 1950, l'opposition à la présence chinoise au Tibet s'est accrue dans la ville de Lhassa[1]. La révolte armée des Tibétains dans les provinces du Kham et de l'Amdo a commencé en 1956, entraînant le déploiement de forces militaires de l'armée populaire de libération (APL) supplémentaires au Tibet oriental[1]. Dans le Kham et l'Amdo, suite à la collectivisation de l'agriculture, des centaines de rébellions éclatèrent où 10 000 Tibétains furent tués selon un rapport attribué à la 11ème division de l'ALP[11].

Des frappes punitives ont été commises par le gouvernement chinois à l'encontre de villages et de monastères[1]. Des menaces de bombarder le Palais du Potala et le dalaï-lama ont été émises selon certaines sources par les commandants militaires chinois dans une tentative d'intimidation des forces de la guérilla[1].

L'ANVD et le Chushi Gangdruk ont été à l'origine du soulèvement de Lhassa en mars 1959, durant lequel leur action a été relayée par la population de la capitale. La résistance tibétaine a regroupé jusqu'à 80 000 combattants, sous la direction entre autres de Gompo Tashi. Implantée dans l'Est du Tibet (le Kham), l'Armée nationale volontaire de défense (ANVD) organisait des opérations de guérilla sur les routes du Kham et de l'Amdo. Un autre mouvement armé, issu des rangs de l'ANVD, s'est développé au sud de Lhassa et a pris le nom de Chushi Gangdruk (tibétain : Quatre fleuves, Six montagnes)[12].

Le 1er mars, une invitation inhabituelle pour assister à une représentation théâtrale au siège principal militaire chinois en dehors de Lhassa est donnée au dalaï-lama [1]. Ce dernier – qui à l'époque étudiait pour passer le diplôme de Geshe Lharampa – ajourne tout d'abord cette invitation, mais la date est fixée finalement pour le 10 mars[1]. Le 9 mars, le chef des gardes du corps du dalaï-lama reçoit la visite d'officiers de l'armée chinoise[1]. Les officiers insistent pour que le dalaï-lama ne soit pas accompagné de son escorte armée traditionnelle en se rendant à la représentation, et qu'aucune cérémonie publique n’ait lieu lors du déplacement de celui-ci du palais au camp militaire, contrairement à l’usage tibétain[1].

La rumeur de l'invitation se répand parmi les Tibétains de Lhassa, suscitant des craintes d'un projet d'enlèvement du dalaï-lama par les Chinois[1]. Dans la ville de Lhassa, des affiches avaient été collées réclamant le départ des chinois et dénonçant l'accord en 17 points[13]. Le 10 mars, 30 000 Tibétains, selon Thomas Laird, Michael Harris Goodman et Pierre-Antoine Donnet, 300,000 selon le site web freetibet.org[passage problématique] , entourent le palais du dalaï-lama pour l'empêcher de partir et d'être enlevé[14],[15],[1],[16],[17],[18]. Cet événement marque le commencement du soulèvement à Lhassa, bien que les forces chinoises aient eu un accrochage avec les guérillas hors de la ville au mois de décembre 1958[1].

Le 11 mars, des membres du gouvernement tibétain se réunissent, renient l'accord en 17 points, et proclament l'indépendance du Tibet[19].

Le 12 mars, les manifestants apparaissent dans les rues de Lhassa, réclamant l'indépendance du Tibet[1]. Des barricades sont érigées dans les rues, et les forces chinoises et tibétaines commencent à fortifier leurs positions à l'intérieur et autour de Lhassa en préparation d’un conflit[1]. Une pétition de soutien aux rebelles armés hors de la ville est lancée, et un appel d'assistance est remis au consul indien[1].

Les troupes chinoises comme les tibétaines continuent à défendre leurs positions respectives les jours suivants, et des éléments d'artillerie sont déployés dans la région du palais d'été, le Norbulingka[1]. Le 15 mars, des préparatifs pour l'évacuation du dalaï-lama sont amorcés, et des troupes tibétaines seraient employées pour obtenir une voie d'évasion de Lhassa[1]. Le 17 mars, deux projectiles d'artillerie atteignent le palais du dalaï-lama, déclenchant sa fuite puis son exil[1].

Le conflit ouvert commence la nuit du 19 mars, avec le bombardement du Norbulingka et des monastères principaux de Lhassa où se trouvent les insurgés. Le combat ne dure que deux jours, les forces tibétaines étant bien moins nombreuses et mal équipées[1].

Le 20 mars, les autorités chinoises, qui jusque là avaient retenu l'armée chinoise, ordonnent à celle-ci d'écraser la rébellion tibétaine[4].

Le 20 mars vers 2h du matin, des obus s'abattent sur le Norbulingka, y faisant 5 à 6000 morts selon Tashi Gyaltsen. Vers 4h du matin, le Potala est la cible de tirs de canon, les tirs continueront jusqu'au soir, et concernent aussi le monastère de Ramoché et d'autres endroits de Lhassa. Au soir, les rues sont jonchées de cadavres[17].

Le 22 mars, les chars prirent position sur la place du Barkhor, face au Jokhang, des centaines de combattants tibétains furent tués sous leurs feu. Selon Tashi Palden, le Ramoché fut la cible de l'artillerie chinoise, ajustant le tir au matin de 2 obus, suivi d'une pluie d'obus sur l'édifice, au soir, 50 à 60 cadavres jonchaient les ruines du sanctuaire inspecté par les soldats chinois. Des survivants tibétains agonisant ripostèrent, faisant une trentaine de morts parmi les troupes chinoises. Le soir même, les Chinois mirent le feu à l'édifice qui brûla durant 2 jours[17].

Le 28 mars, le premier ministre chinois Zhou Enlai annonce la dissolution du Kashag (le cabinet ministériel tibétain dirigé par le dalaï-lama) et place le panchen lama à la tête du Comité préparatoire de la Région autonome du Tibet, lequel assume désormais les fonctions de gouvernement[4],[20].

La loi martiale est imposée en mars 1959[21],[22].

Le dalaï-lama et ses compagnons traversent la frontière indienne le 31 mars[4].

Après l'écrasement de la rébellion par les forces chinoises, le Chushi Gangdruk rend officiellement les armes, à la demande du dalaï-lama. Mais l'ANVD continue le combat[23].

Version du gouvernement chinois et de sources proches

Ngabo Ngawang Jigme, le plénipotentiaire tibétain signataire de l'accord en 17 points en 1951, a donné en 2005 sa version des événements conduisant au soulèvement de 1959 ainsi que du déroulement des journées de mars elles-mêmes, dont il fut le témoin[24].

De 1951 à 1959, le gouvernement central laissa le soin à la classe dirigeante tibétaine de conduire elle-même les réformes mais celles-ci se heurtèrent à la résistance d'une petite partie de l'élite [25].

Fin novembre 1956, le dalaï-lama se rendit en Inde, où ses deux frères aînés lui demandèrent de rester pour faire campagne en faveur de l'indépendance tibétaine. Il fallut la venue du 1er ministre chinois Zhou Enlai, porteur d'un message du président Mao indiquant que le gouvernement central ne changerait pas de politique tibétaine pendant les six années à venir, pour que le dalaï-lama rentre en Chine[26].

En juillet 1957, le dalaï-lama et le gouvernement local du Tibet organisèrent au palais du Potala une grande cérémonie au cours de laquelle le dalaï-lama reçut le trône d'or et accorda sa bénédiction et un talisman aux représentants du groupe « Quatre rivières et six montagnes ». À la suite de cette cérémonie, l'« armée de protection de la religion » devait voir le jour en vue de fomenter une rébellion[27].

Début décembre 1958, le gouvernement local convoqua les représentants tibétains à une grande assemblée tenue secrète. Il s'agissait pour lui de renforcer son pouvoir sous le prétexte de réprimer la rébellion khampa et d'obtenir l'aval du gouvernement central. Un plan d'insurrection armée à Lhassa fut mis sur pied par la même occasion[28].

Le 7 février, le dalaï-lama demande au commandant en chef adjoint de la zone militaire du Tibet d'organiser à son intention une représentation de l'Ensemble artistique de la zone[29]. Les autorités militaires accédent à sa requête, lui demandant de fixer la date et le lieu de la représentation.

Le 8 mars, le dalaï-lama décide que le spectacle aura lieu le 10, à 3 heures de l'après-midi, dans la grande salle de la zone militaire.

Le soir du 9 mars, le maire de la ville de Lhassa fait annoncer que les Hans projettent d'enlever le dalaï-lama à l'occasion du spectacle et de l'emmener en avion à Pékin, et qu'il faut que chaque foyer envoie un membre au siège du dalaï-lama pour prier celui-ci de ne pas y s'y rendre.

Le 10 mars au matin, plus de 2000 habitants de Lhassa et des centaines de rebelles provenant du Kham accourent au palais de Norbulingka pour dissuader le dalaï-lama d'aller au spectacle[30]. Les insurgés exigent que tous les magasins soient fermés et que tout le monde se porte au Norbulingka. La foule s'en prend à un membre tibétain du Comité préparatoire de la région autonome du Tibet, Kainqoin Pagbalha Soinam Gyamco, lapidant ce dernier à mort puis attachant son cadavre à la queue d'un cheval avant de le traîner sur deux kilomètres[31]. Selon Qingying Chen, à midi, les voitures de Sanpo Cewang Renzen, le commandant adjoint de la zone militaire, sont attaquées et lui-même blessé. L'après-midi, les insurgés et la plupart des ministres du gouvernement tibétain créent la "Conférence du peuple" et lancent le Mouvement d'indépendance du Tibet. Les Tibétains membres du Comité préparatoire pour la création de la Région autonome du Tibet sont sommés de se rendre et de se repentir. La Conférence du peuple décide également l'envoi, au palais de Norbulingka, de moines armés depuis les monastères de Séra et de Drepung pour protéger le dalaï-lama. Le soir, un millier de moines des principaux monastères gagnent Lhassa tandis que les troupes tibétaines se préparent au combat. Dans le même temps, les rebelles du Kham se répandent autour de la ville. Le gouvernement tibétain fait ouvrir le dépôt d'armes et distribuer armes et munitions aux insurgés[citation nécessaire] [32].

Les chefs de file de la rébellion convoquent ensuite une Assemblée populaire puis une Conférence populaire de l'état indépendant du Tibet, et enfin proclament l'indépendance du Tibet après avoir déchiré « l'Accord en 17 points ».

Le représentant de l'autorité centrale, Tan Guansan, fait remettre au dalaï-lama trois lettres successives, les 10, 11 et 15 mars, demandant à ce que celui-ci mette fin à la rébellion des siens. Le dalaï-lama répond par trois fois qu'il s'emploie à neutraliser les factieux (les originaux de ces lettres sont toujours consultables aujourd'hui).

Le 17 mars au soir, les chefs de file de la rébellion quittent Lhassa en emmenant le dalaï-lama[33].

Dans la nuit du 19 au 20 mars 1959, les forces rebelles se lancent à l'assaut des troupes de l'APL et des institutions du gouvernement central. Le Comité de travail du Tibet et la zone militaire de l'APL ont appelé leurs cadres tibétains et leurs familles (au nombre de 600 à 700 personnes, dont Pagbalha Geleg Namgyai, Namtoin Goinga Wangqug, Xoikang Tubdain Nyima et Gyainjin Soinan Gyaibo) à se réfugier au siège du Comité préparatoire à l'établissement de la Région autonome du Tibet et au quartier général de la zone militaire. Après avoir essayé, en vain, à l'aide de mégaphones, de persuader les insurgés de renoncer, les troupes de l'APL contre-attaquent à 10 heures du matin. Les forces en présence : à peine 1 000 soldats de l'APL contre 7 000 rebelles, y compris des renforts étrangers. Au bout de deux jours de combat, les insurgés, qui constituent une force désordonnée et peu aguerrie, sont mis en déroute. Les cadres tibétains jouent un rôle en collectant des renseignements, en intervenant en tibétain à la radio, en appelant par mégaphone les rebelles à déposer les armes. 5 360 rebelles sont mis hors de combat, la plupart étant capturés ou se rendant[34].

Implication des États-Unis

Article connexe : Camp Hale.

En janvier 1974, paraissait dans la revue Nation Review un article de T. D. Allman alléguant que le départ du 14e dalaï-lama de la capitale avait été préparé par des agents de la CIA. L'agence américaine aurait procuré une couverture aérienne à la colonne du dalaï-lama, lui parachutant provisions et argent et mitraillant les positions chinoises. L'opération aurait été filmée. Pour l'auteur, il est clair que les Américains voulaient que le chef religieux et politique quitte le Tibet et que les Chinois n'avaient aucune envie de détrôner celui-ci [35]. L'article affirmait également que la révolte des tribus Khamba dans le Tibet du Sud-est en 1959 était soutenue, dirigée et approvisionnée par des agents de la CIA opérant depuis des bases avancées dans les états indiens de l'Assam et du Bengale occidental[36]. Le United States Citizenship and Immigration Services affirme que pour la fuite du dalaï-lama, des combattants du Chushi Gangdruk, le mouvement de résistance entraîné et soutenu par la CIA dans les années 1950-1960, furent déployés depuis Lhassa au Tibet jusqu'en Inde et à la traversée de l'Himalaya pour bloquer toute poursuite par les Chinois[37]. Selon T. D. Allman, la facilité avec laquelle purent fuir le dalaï-lama, les milliers de personnes de son entourage et la caravane d'objets précieux l'accompagnant, tient au fait que les Chinois auraient choisi de ne pas se mettre sur son chemin pour écarter tout risque qu'il soit blessé ou tué dans l'entreprise, une issue qui aurait été infamante pour eux[38].

Dans une interview publiée en 2009, Ratuk Ngawang, un des chefs de la résistance tibétaine, affirme qu'il y avait 2 opérateurs radio tibétains qui avaient été entraînés par la CIA lors de la fuite du dalaï-lama, mais s'il mentionne près de 100 Tibétains parachutés au Tibet, ce fut après la fuite du dalaï-lama[39].

Pour l'historien américain et spécialiste du Tibet et de la Chine A. Tom Grunfeld, la révolte de mars 1959 reste encore enveloppée de mystère. Alors que le dalaï-lama et ses partisans affirment qu'elle fut entièrement spontanée, des preuves indirectes existent, qui pointent vers un soulèvement organisé soit par la CIA, soit par les chefs khampa, voire les deux. Les informations qui permettraient de trancher n'ont pas été rendues publiques. C’est ce que Grunfeld laissait entendre en août 2000 lors du congrès mondial de l’association internationale de science politique[40].

Selon des documents du renseignement américain rendus publics[41],[42], la CIA a formé et armé secrètement des soldats tibétains à la guérilla pour organiser des rébellions au Tibet avant le soulèvement et dans les années qui suivirent. De 1959 à 1964, les guerilléros tibétains furent entraînés en secret au Camp Hale. Selon un mémoire écrit par de hauts responsables stratégiques américains :

« L'objet de ce programme… est de garder en vie le concept d'un Tibet autonome, au Tibet comme dans les pays étrangers, principalement en Inde, et de construire un mouvement de résistance contre des développements politiques possibles à l'intérieur de la Chine communiste » [43].

Le programme d'entraînement, qui avait pour nom de code ST Circus, était semblable à celui des dissidents cubains en vue du Débarquement de la baie des Cochons. En tout, environ 259 Tibétains passèrent par le Camp Hale. Certains furent parachutés au Tibet pour rejoindre les groupes de résistance locaux (la plupart périrent), d'autre y furent envoyés par voie terrestre pour des missions de recueil de renseignements ; d'autres encore contribuèrent à la mise sur pied de la guerilla opérant depuis la vallée de Mustang dans le nord du Népal.

Le gouvernement du dalaï-lama a reconnu que le dirigeant tibétain avait reçu une allocation annuelle de 180 000$ mais que celui-ci n'en avait pas profité personnellement[44], et ce dernier s'est démarqué des opérations de la CIA et de la guérilla tibétaine. Ainsi, dans ses mémoires il écrit : « Quoique j'eusse toujours admiré la détermination de ces guérilleros, leurs activités n'avaient jamais eu mon appui... » [45]. Pourtant, dans son autobiographie, Gompo Andrugtsang cite la lettre que le dalaï-lama lui envoya fin mars début avril 1959 (date du soulèvement tibétain de 1959), depuis le Dzong de Lhuntsé, pour lui annoncer sa nomination en tant que général et l'encourager à poursuivre la lutte :

« Vous avez mené les forces du Chushi Gandrug avec une détermination inébranlable afin de résister à l'armée d'occupation chinoise dans la défense de la grande cause nationale de la liberté du Tibet. Je vous confère le rang de 'DZASAK' (le grade militaire le plus élevé, équivalent à Général) en reconnaissance des services que vous avez rendus au pays. La situation actuelle exige de poursuivre, avec la même détermination et le même courage, votre lutte pleine de bravoure » [46].

Pertes humaines et destructions matérielles

Selon Israel W. Charny (1984) puis le Tibet Information Network (1990), une dépêche dite sur Radio Lhassa le 1er octobre 1960 annonçait que 87 000 Tibétains avaient été tués (selon le TIN) ou exécutés (selon Charny) durant l'année ayant suivi le soulèvement[47],[48]. En 2006, le journaliste Thomas Laird écrit que selon des sources chinoises, l'APL tua 86 000 Tibétains[49].

Le site Friends of Tibet donne à ce chiffre de 87 000 morts une autre source : « un document capturé par les guérilleros affrontant l'armée chinoise »[50]. Le journaliste Warren Smith[51] affirme lui aussi que ce chiffre vient d'un document de l'Armée populaire de libération datant de 1960 et capturé par la Résistance tibétaine six ans plus tard, pour être publié une première fois par une organisation bouddhiste tibétaine en 1990. Le document capturé parle de 87 000 ennemis « éliminés », ce qui pour Smith ne veut pas dire obligatoirement « tués ». Yan Hao fait remarquer qu'il est difficile de comprendre pourquoi il fallut six ans pour mettre la main sur le document de l'APL et 30 ans pour le publier, ajoutant qu'il était des plus improbables qu'il ait pu y avoir encore des forces de la Résistance au Tibet aussi tard qu'en 1966[52]. Selon le Dalaï Lama, ce chiffre a été obtenu d'un document de l'armée chinoise, et ne concerne que les Tibétains qui ont été tués dans la région de Lhassa entre mars 1959 et septembre 1960[45].

Également selon le Gouvernement tibétain en exil, le Norbulingka a été frappé par 800 obus environ, tuant un nombre inconnu de Tibétains à l'intérieur et autour du palais[1]. Pourtant, visitant le palais en 1962, Stuart et Roma Gelder le trouvèrent intact avec tout son contenu soigneusement conservé contrairement aux affirmations que le bâtiment avait été réduit à l'état de ruine[53].

Toujours selon le gouvernement tibétain en exil, les trois monastères majeurs de Lhassa - Sera, Ganden, et Drepung - ont été sérieusement endommagés par les bombardements, les dégâts à Sera et à Drepung étant quasiment irréparables[1]. Les gardes du corps du dalaï-lama restés à Lhassa ont été désarmés et exécutés en public, ainsi que les Tibétains qui ont été trouvés avoir des armes dans leurs maisons[1]. Des milliers de moines tibétains ont été exécutés ou arrêtés, et les monastères et les temples autour de la ville ont été pillés ou détruits[1].

Dans la version officielle chinoise des évènements, il n'y a que 1000 hommes de troupe à Lhassa. Attaqués par 5360 rebelles armés, les militaires chinois contre-attaquent le matin du 20 mars et mettent en déroute, au bout de deux jours de combat, des forces rebelles plus nombreuses mais sans grande efficacité[54].

Conséquences

Un exode tibétain s'est produit entre 1959 et 1960 et environ 80 000 Tibétains ont traversé l'Himalaya pour rejoindre le dalai-lama exilé en Inde, [55] et fuir les violations des Droits de l'Homme liées à la politique chinoise au Tibet, [56],[57],[58],[59],[60].

Le 10e Panchen Lama a décrit dans sa Pétition en 70 000 caractères, adressée au gouvernement chinois en 1962, ce qu'il estime être la répression injuste que les autorités chinoises ont infligé aux Tibétains en réaction au Soulèvement de 1959 :

« Nous n'avons aucun moyen de savoir combien de personnes ont été arrêtées. Dans chaque région, il y a eu au moins 10 000 arrestations. Bons et méchants, innocents et coupables, tous ont été emprisonnés, en contradiction avec tout système légal au monde. Dans certaines régions, la plupart des hommes ont été emprisonnés, si bien qu'il ne reste que les femmes, les personnes âgées et les enfants pour travailler. »

« On a même ordonné de tuer des membres des familles rebelles... Les fonctionnaires mirent délibérément les gens en prison dans des conditions draconiennes, si bien qu'il y eut un grand nombre de morts injustifiables... »

La République populaire de Chine met en avant le fait que l'action du gouvernement contre la rébellion de 1959 a « libéré pacifiquement » le peuple tibétain du servage féodal imposé par certains membres de l'équipe dirigeante de la couche supérieure du Tibet. Selon la version chinoise des faits, la réforme a permis également de supprimer la préemption des terres par une minorité, les châtiments barbares, le système théocratique et les privilèges féodaux réservés aux moines. Un million de serfs et d'esclaves ont ainsi été émancipés sur le plan politique, économique et spirituel. Les Tibétains ont également pu participer à des élections au suffrage universel en 1961[61],[62],[63].

L'exode d'un grand nombre de Tibétains en Inde a eu pour conséquence d'accroître les tensions entre la Chine et l'Inde, qui ont commencé à se manifester à l'automne 1959 par des accrochages entre les armées chinoise et indienne à la frontière[4].

L'URSS a aussi commencé à critiquer la politique de la Chine envers le Tibet et l'Inde, formant l'un des ferments de la dissolution de la « grande solidarité sino-soviétique » [4],[64]

Les conséquences pour l'Inde furent de deux ordres. D'une part le Tibet ne jouant plus son rôle de tampon pacifique, un problème de frontières qui déboucha notamment sur la guerre sino-indienne de 1962, et d'autre part une stratégie développement occidentale de la Chine, via une politique de sinisation du Tibet persistente semble viser à l'Inde[65].

Controverse sur les raisons de l'échec de l'insurrection

Selon certaines sources occidentales, le soulèvement de 1959 fut un échec parce qu'il lui aurait manqué de soutien des Tibétains de l'intérieur. En 1962, dans son livre China: the Country Americans are not Allowed to Know, Felix Greene déclarait : « Jamais plus de 20 000 personnes ne furent impliquées (...), ce qui ne donne pas l'impression d'un soutien massif » [66].

Le responsable de la CIA, Bruce Walker, qui supervisa les opérations menées par des agents tibétains formés par l'Agence, fut troublé par l'hostilité manifestée par les Tibétains de l'intérieur envers ses agents : « Les équipes radio rencontraient une très forte résistance de la part de la population à l'intérieur du Tibet », reconnaît-il. De fait, de 1957 à 1972, les agents tibétains formés aux États-Unis mêmes et parachutés ensuite au Tibet pour y susciter des révoltes, tombaient rapidement entre les mains l'Armée populaire de libération, n'ayant guère le soutien de leurs compatriotes. Au cours d'un incident, un agent fut dénoncé sur le champ par son propre frère et arrêté avec les trois autres membres de son équipe. Loin d'être maltraités, ils eurent droit à un mois de séances de propagande avant d'être raccompagnés à la frontière indienne et relâchés[67].

Selon les auteurs Michel Peissel[68] et Stéphane Courtois et Mark Kramer[69], l'armée chinoise, qui avait mobilisé jusqu'à 40 000 militaires, et des chars de combat, terrorisait la population[citation nécessaire].

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v et w (en) History Leading up to March 10th 1959, site du gouvernement tibétain en exil, 7 septembre 1998
  2. (en) Inside Story of CIA's Black Hands in Tibet, The American Spectator, 1997. Mis en ligne le 28 février 2009.
  3. (en) Jiawei Wang, Nima Gyaincain, The Historical Status of China's Tibet, chapter IX (1) Putting Down the Armed Rebellion.
  4. a, b, c, d, e et f (en) Chen Jian, The Tibetan Rebellion of 1959 and China’s Changing Relations with India and the Soviet Union : « On 10 March 1959 an anti-Chinese and anti-Communist popular revolt erupted in Lhasa, the capital of Tibet, which had been under the reign of the Chinese Communist Party (CCP) since 1951. »
  5. (en) A. Tom Grunfeld, Tibet and the United States [extract, XVIII IPSA World Congress, Quebec City, Quebec, August 1-5, 2000 : « In March 1959 the Dalai Lama fled Lhasa in a revolt still shrouded in some mystery. The Dalai Lama and his supporters claim that the revolt was entirely spontaneous. Unfortunately virtually all the documentation from every possible source remains highly classified. I have argued that the circumstantial evidence points to a planned uprising by either the CIA or the Khampa leadership or both. »
  6. Peter Stepan, Claus Biegert, Deportation of Tibetan prisoners March 1959 Lhasa, Tibet, in Photos that changed the world: the 20th century, Prestel, 2006, (ISBN 3791336282 et 9783791336282), p. 87 : « On March 17, the Dalai Lama fled to India. A massacre ensued during which 15,000 Tibetan rebels were killed in Lhasa alone. »
  7. (en) Jiawei Wang, Nima Gyaincain, The Historical Status of China's Tibet, chapter IX (1) Putting Down the Armed Rebellion. : « At that time, only about 1,000 PLA troops in Lhasa could be mobilized to fight, while the rebels amounted to about 7,000, with additional aid from foreign forces. But the heroic and combat-hardened PLA officers and men fought for two days and routed 5,360 armed rebels gathered in Lhasa. »
  8. (fr) Pierre Haski, journaliste à Libération, Tibet. Le soutien ambigu des États-unis au dalaï-lama : « Dans les années 50, la CIA a secrètement appuyé une guerilla tibétaine pour s'opposer au pouvoir communiste chinois, aux débuts de la guerre froide. Une épopée méconnue, racontée dans un livre, Orphans of The Cold War (les orphelins de la guerre froide) de John Kenneth Knaus, un ancien de la CIA personnellement impliqué dans ce programme clandestin. Entre 1957 et 1961, les Américains ont entrainé des guerilleros tibétains dans les montagnes du Colorado, avant de les envoyer combattre les Chinois sur le « toit du monde ». Une base arrière avait même été installée au Népal ».
  9. (en) The Dalai Lama has CIA connections, westernshugdensociety.org.[citation nécessaire].
  10. (en)FOREIGN RELATIONS OF THE UNITED STATES . 1964-1968. Volume XXX. China [citation nécessaire] sur www.state.gov. Consulté le 13 juillet 2010.
  11. Laurence Coates, 55 ans d'occupation chinoise au Tibet, Site du Mouvement pour une alternative socialiste, 26 septembre 2005.
  12. (fr) La résistance armée tibétaine, Rapport du Sénat français.
  13. Gilles Van Grasdorff, Panchen Lama, otage de Pékin, Ramsay, 1999, page 223 (ISBN 2-84114-283-3).
  14. http://www.freetibet.org/about/1959-tibetan-uprising :« On 10 March 1959, fearful that the Chinese intended to kidnap the Dalai Lama and take him to Beijing, 300,000 Tibetans surrounded the Norbulinka palace. »
  15. Voir page 333 in (en) The Story of Tibet - conversation with the Dalai Lama, Thomas Laird, Atlantic Books, 2006.
  16. Michael Harris Goodman, Le dernier Dalaï-Lama ? Biographie et témoignages, Editeur Claire Lumière, 1993 (ISBN 2905998261).
  17. a, b et c Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, Édition Gallimard; 1990: Nouv. éd. augm 1993, (ISBN 2070328023), p62-73
  18. On trouve 300 000 Tibétains sur l'ancien site internet du Gouvernement tibétain en exil, cf (en) History leading up to March 10th 1959, 1998, récupéré via wikiwix sur l'ancien site The Government of Tibet in exile (tibet.com) : « The invitation provoked 300,000 loyal Tibetans to surround the Norbulinka palace, forming an human sea of protection for their Yeshe Norbu (nickname for His Holiness the Dalai Lama, meaning "Precious Jewel") ».
  19. Commission internationale de juristes, Rapport sur le Tibet, 1959.
  20. (en) The Encyclopedia of World History: Ancient, Medieval, and Modern, Chronologically Arranged, Compiled and Edited by William L. Langer, Edition 6 - 2001, 1243 p., en part. Chinz, 1945-2000 et p. 1023
  21. (en) Tibet, Proving Truth From Facts
  22. (en) 1959: Dalai Lama escapes to India.
  23. (fr) La résistance armée tibétaine, Rapport du Sénat français.
  24. (en) Ngapoi recalls the founding of the TAR, China Tibet Information Center, 18-08-2005.
  25. Ngapoi recalls the founding of the TAR, op. cit. : « From 1951, the year Tibet won peaceful liberation, to 1959, the Central Government waited for the upper ruling class to "conduct reform among themselves". A small number of reactionary elements in the upper ruling class, however, misunderstood the situation and left no stone unturned to oppose the reform ».
  26. Ngapoi recalls the founding of the TAR, op. cit. : « In late November 1956, the Dalai Lama visited India. Tibetan separatists in exile there, including his two elder brothers, demanded he stay in India to campaign for "Tibetan independence." The Dalai Lama hesitated. Premier Zhou Enlai talked to him for three days in New Delhi and forwarded him a letter from Chairman Mao, informing him of the decision to the effect that the Central Government policy would see no change for six years ».
  27. Ngapoi recalls the founding of the TAR, op. cit. : « In July 1957, the Dalai Lama and the local government of Tibet conducted a large-scale summons ceremony in the Potala Palace, during which he accepted the golden throne and "petition" from the counter-revolutionary "four rivers and six mountain ridges" representatives. He gave them a blessing touch on their foreheads, and issued them with a talisman. Soon after this, a "religion protection army" was formed to foment rebellion ».
  28. Ngapoi recalls the founding of the TAR, op. cit. : « In early December 1958, the Gaxag held a secret "enlarged meeting of representatives". They sought to reinforce the power of the Gaxag on the excuse of suppressing the Khamba rebellion and seeking the understanding of the Central Government. They also worked out a plan for armed rebellion in Lhasa ».
  29. (en) Ngapoi Ngawang Jigmi, On the 1959 Armed Rebellion, in China Report, August 1988, vol. 24, pp. 377-382 : « (...) on the question of the 1959 armed rebellion, it is sometimes still claimed that an invitation to the Dalai Lama to attend a performance in the auditorium of the Tibetan Military Command was a 'plot' to 'kidnap' him and other Tibetan leaders and take them by plane to other parts of China, and that in these circumstances armed rebellion was justified as a way to protect him. This runs completely counter to the facts (...). I am an eyewitness to the events of 10 March 1959. It was actually the Dalai Lama himself who wanted to attend a performance at the auditorium of the military command ».
  30. (en) Tell you a True Tibet - How Does the 1959 Armed Rebellion Occur?, People's Daily Online, April 17, 2008 (Excerpts from Tibet - Its Ownership And Human Rights Situation, published by the Information Office of the State Council of The People's Republic of China) : « The next morning, the rebels coerced more than 2,000 people to mass at Norbu Lingka, spreading the rumor that "the Military Area Command is planning to poison the Dalai Lama" and shouting slogans such as "Tibetan Independence" and "Away with the Hans." »
  31. (en) Dalai clique's masterminding of Lhasa violence exposed, section History Repeats Itself, Chinadaily, 30 mars 2008 ; « On March 10 1959, in the so-called "Tibet uprising" rioters killed Pagbalha Soinam Gyamco, senior lama and a member of the preparation committee of the Tibet autonomous region, tied his body to a horse and dragged it for two kilometers. »
  32. (en) Qingying Chen, Tibetan History, Series of basic information of Tibet of China, 2003, 181 pages, pp. 172-173 (ISBN 7508502345), (ISBN 9787508502342).
  33. (en) Tell you a True Tibet - How Does the 1959 Armed Rebellion Occur?, People's Daily Online, April 17, 2008 (Excerpts from Tibet - Its Ownership And Human Rights Situation, published by the Information Office of the State Council of The People's Republic of China).
  34. (en) Jiawei Wang, Nima Gyaincain, The Historical Status of China's Tibet, chapter IX (1) Putting Down the Armed Rebellion : « On March 20,1959, the rebellion swept through Lhasa. Units affiliated to the Tibet Work Committee and the PLA Tibet Military Area mobilized Tibetan upper-class persons, cadres, workers and their families to temporarily move into the institutions. The seats of the Preparatory Committee for the Founding of the Tibet Autonomous Region and the PLA Tibet Military Area alone provided shelter for about 600-700 people, including patriotic celebrities like Pagbalha Geleg Namgyai, Namtoin Goinga Wangqug, Xoikang Tubdain Nyima and Gyainjin Soinan Gyaibo. They joined the PLA to safeguard the government institutions. Some helped carry earth and stones to build shelters; some were enthusiastic in gathering information; some joined the radio station to reveal the splittists's scheme in Tibetan language. [...] Under fierce fire, the PLA troops kept shouting to the rebels through megaphones, warning them to desist. But it was fruitless. Six hours after the rebellion began, the PLA troops, its patience exhausted, was compelled to counter-attack. At that time, only about 1,000 PLA troops in Lhasa could be mobilized to fight, while the rebels amounted to about 7,000, with additional aid from foreign forces. But the heroic and combat-hardened PLA officers and men fought for two days and routed 5,360 armed rebels gathered in Lhasa. These rebels were just a disorderly mob who looked strong but were really weak, and could not effectively fight the PLA troops. [...] Among the 5,360 armed rebel forces put out of action during the Lhasa attack, most were captured or surrendered. »
  35. (en) T. D. Allman, A Myth foisted on the western world, in Nation Review, January 1974 : « The truth is that the Dalai Lama's departure from his own capital was engineered by the CIA American agents who flew air cover for the Dalai Lama's party, dropping supplies and money, and strafing Chinese positions. Color films of this operation were taken (...). This and other documentary evidence makes it clear that it was the Americans who wanted the Dalai Lama to leave Tibet, not the Chinese who wanted to dethrone him ».
  36. (en) T. D. Allman, op. cit. : « In 1959, Khamba tribesmen rose up in revolt in Southeastern Tibet. The Khamba - it now is known - were supported, directed and supplied by CIA agents working from a series of "forward area bases" in the north-eastern Indian states of Assam and West Bengal ».
  37. United States Bureau of Citizenship and Immigration Services, http://www.unhcr.org/refworld/country,,USCIS,,CHN,,3f52003b4,0.html Tibet (China): Information on Chushi Gangdruk (Gangdrug)] : « Chushi Gangdruk was active as a CIA-trained and -backed armed resistance group in Tibet in the 1950s and 1960s (Associate Professor of Tibetan Studies 15 Jan 2003). For the Dalai Lama's flight from Tibet to India during the 1959 Tibetan insurrection against Chinese occupation, Chushi Gangdruk fighters were deployed from Lhasa in Tibet across the Himalayas into India in order to block Chinese pursuit of the Tibetan leader (Roberts 1997) (Refrences : Associate Professor of Tibetan Studies, Indiana University. Email to the INS Resource Information Center (15 Jan 2003) - Roberts, John R. THE AMERICAN SPECTATOR, "The Secret War Over Tibet: A Story of Cold War Heroism -- and Kennedy Administration Cowardice and Betrayal" (Dec 1997) - NEXIS) ».
  38. T. D. Allman, op. cit. : « The ease of the DalaI Lama's escape – along with an entourage of several thousand, and heavy caravans of art objects, money and gold – cannot be explained, however, solely in terms of CIA intervention. There is no doubt that the Chinese could have blocked the Dalai Lama's escape, but only at the risk of his death or injury. Rather than risk the stigma of harming the Dalai Lama's person, the Chinese, while trying to dissuade him from leaving, did not stand in his way ».
  39. Claude Arpi, 'We cleared the route for the Dalai Lama 2 avril 2009 « His Holiness stayed for one night there. At that time, you had CIA-trained radio operators? There were two men who were handling radio transmissions. They were Tibetans? Yes, they were Tibetans. (...) Everybody felt happy that His Holiness could get asylum in India. When we first reached India, there was fighting everywhere in Tibet. The only thought at that time was to seek more training and to get ammunition support and then to fight against the Chinese in Tibet. We had no other aim. Either through war or through dialogue, we had to seek independence. Our thoughts were very short-sighted that time. It is why, we started the [guerilla] Mustang Operation [in Nepal] and 22 Regiment [the Special Frontier Forces under the Government of India]. Almost 100 Tibetans were trained by CIA and parachuted into Tibet where the Tibetans were fighting. But because hundreds of thousands of Chinese had entered Tibet, the operation could not be sustained. »
  40. (en) Tibet and the United States [extract, XVIII IPSA World Congress, Quebec City, Quebec, August 1-5, 2000 : « In March 1959 the Dalai Lama fled Lhasa in a revolt still shrouded in some mystery. The Dalai Lama and his supporters claim that the revolt was entirely spontaneous. Unfortunately virtually all the documentation from every possible source remains highly classified. I have argued that the circumstantial evidence points to a planned uprising by either the CIA or the Khampa leadership or both. »
  41. (en) FOREIGN RELATIONS OF THE UNITED STATES 1964-1968 Volume XXX China, DEPARTMENT OF STATE, Washington, DC.
  42. (en) Jim Mann, CIA Gave Aid to Tibetan Exiles in '60s, Files Show Los Angeles Times, 15 septembre 1998.
  43. (en) Declassified documents shed new light on American support to Dalai Lama.
  44. (en) World News Briefs; Dalai Lama Group Says It Got Money From C.I.A., October 2, 1998 : « The Dalai Lama's administration acknowledged today that it received $1.7 million a year in the 1960's from the Central Intelligence Agency, but denied reports that the Tibetan leader benefited personally from an annual subsidy of $180,000 ».
  45. a et b Au loin la liberté (autobiographie), Dalaï Lama, Livre de poche 1993, (ISBN 225306498X).
  46. Dramatic Events in Lhasa : « A few days earlier, I had received a letter from His Holiness who was then at Lhuntse Dzong with some of His senior officials, trying to set up a temporary government there. The letter read in part : "You have led the Chushi Gandrug force with unshakeable determination to resist the Chinese occupation army for the great national cause of defending the freedom of Tibet. I confer on you the rank of 'DZASAK'(the highest military rank equivalent to General) in recognition for your service to the country. The present situation calls for a continuance of your brave struggle with the same determination and courage." »
  47. Tibet Information Network, Retrospective: Political Statements by the Panchen Lama, 1990-1991 « 87,000 people are reported to have been killed in the year after the Uprising for their involvement, according to a reported broadcast on Radio Lhasa in 1960. »
  48. Israel W. Charny, Toward the understanding and prevention of genocide: : proceedings of the International Conference on the Holocaust and Genocide, Westview Press, 1984, p. 123 : « […] some detailed figures are available. For example, it was announced on Radio Lhasa on October 1st 1960 that in the first year following the 1959 uprising, 87000 Tibetans were executed in Central Tibet. »
  49. Thomas Laird, The Story of Tibet: Conversations with the Dalai Lama, Grove Press, N.Y., 2006 (ISBN 0802118275), p 335« According to Chinese sources, the PLA killed 86000 Tibetans »
  50. Before the invasion ... and after : « According to a document captured by the guerrillas fighting the Chinese army, 87,000 deaths were recorded in Lhasa between March 1959 and September 1960. »
  51. Warren Smith, Tibetan Nation: A History of Tibetan Nationalism and Sino-Tibetan Relations, Westview Press, Boulder, 1996, p. 451.
  52. (en) Yan Hao (Institute of Economic Research, State Department of Planning Commission, Peking), Tibetan Population in China: Myths and Facts Re-examined, p. 20, note 21: « "See also the footnote in Warren Smith, Tibetan Nation: A History of Tibetan Nationalism and Sino-Tibetan Relations (Westview Press, Boulder, 1996), p. 451, which claims that the figures reportedly come from a secret 1960 PLA document captured by the Tibetan Resistance in 1966, and were published first by a Tibetan Buddhist organisation in India in 1990. It is said that 87,000 enemies were eliminated in the original document, and Smith believes that `eliminated’ does not necessarily mean killed. However, it is hard to understand why it took 6 years for the PLA document to be captured, and 30 years for it to be published. It is also highly unlikely that a resistance force could ever exist in Tibet as late as in 1966." »
  53. (en) Stuart and Roma Gelder, Timely Rain: Travels in New Tibet, in Monthly Review Press, New York, 1964 : « He [the dalai-lama] was told this building with other palaces in the Jewel Park was reduced to ruin by Chinese gunfire soon after he left. We found its contents meticulously preserved. »
  54. (en) Comments on the Historical Status of Tibet, September 1997, chap. XI, section Putting Down the Armed Rebellion.
  55. (en) A Spot in the Mountains par Arjun Sawhney
  56. (en) United Nations General Assembly Resolution 1723 (XVI) 20 December 1961.
  57. Chögyam Trungpa Rinpoché, Né au Tibet, Ed Buchet/Chastel 1968, Ed. Seuil 1991.
  58. Le stress d'un Tibet exilé.
  59. Le Tibet clandestin.
  60. 17 octobre 2006 : tuerie dans L'Himalaya : des Tibétains candidats à l'exil abattus par l'armée chinoise.
  61. (fr)Livre blanc: La modernisation du Tibet (1) Agence Chine Nouvelle, presse officielle chinoise.
  62. Livre blanc: La modernisation du Tibet (2 et dernier) Agence Chine Nouvelle.
  63. (fr)Livre blanc: La modernisation du Tibet (2 et dernier) Agence Chine Nouvelle.
  64. Le conflit sino- soviétique
  65. (en) Tibet: The Real Issue.
  66. (en) Felix Greene, China: the Country Americans are not Allowed to Know, Ballantine Books, New York, 1962, page 281.
  67. (en) Kenneth Conboy and James Morrison, The CIA's Secret War in Tibet, in Modern War Studies, 2002, page 213.
  68. Michel Peissel, Les cavaliers du Kham. Guerre secrète au Tibet, Robert Laffont, Paris, 1972.
  69. Stéphane Courtois, Mark Kramer, Le livre noir du communisme: crimes, terreur, répression‎, (en) The black book of communism: crimes, terror, repression, p. 544.

Bibliographie

  • Mikel Dunham, Les guerriers de Bouddha : Une histoire de l'invasion du Tibet par la Chine, de la résistance du peuple tibétain et du rôle joué par la CIA, Actes Sud, 2007, (ISBN 978-2742765126)

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Soulèvement tibétain de 1959 de Wikipédia en français (auteurs)

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