Le feu sous la neige

Le feu sous la neige

Le feu sous la neige

Palden Gyatso

Le feu sous la neige est l’autobiographie de Palden Gyatso (né 1933 à Pa-Nam, Tibet), un moine bouddhiste tibétain.

Après l'invasion chinoise de l'intégralité du territoire tibétain en mars 1959, des milliers de Tibétains ont péri dans les camps de travaux forcés et les prisons disséminés dans le Tibet. Palden Gyatso a survécu 33 ans dans ces laogaï [1] .

Le feu sous la neige est son autobiographie où il rend hommage à ces hommes et femmes qui luttent quotidiennement pour la liberté. Il s'agit d'un ouvrage capital pour ceux qui souhaitent connaître les événements et la situation du Tibet juste après le soulèvement populaire de Lhassa du 10 mars 1959 auquel Palden Gyatso a pris part.

Sommaire

Une autobiographie d’un moine ayant connu la réalité du Tibet au XXe siècle

Lors du soulèvement du peuple tibétain le 10 mars 1959, Palden Gyatso rejoint un petit groupe de volontaires armés et lorsque le gouvernement du Tibet demande aux moines de Drépoung de se préparer à combattre, Palden Gyatso prend alors la tête d’une centaine d’hommes. Le soulèvement a été réprimé très rapidement par les forces chinoises, bien avant que les moines n’aient eu à intervenir.

Palden Gyatso est alors retourné dans son monastère où il retrouve son maître, Rigzin Jampa, alors âgé de 72 ans. Ils décident de fuir ensemble les répressions de l'occupant chinois. Fuir … Pour échapper aux répressions de plus en plus violentes. Fuir encore … De longues heures de marche, jour après jour. Palden Gyatso porte son vieux maître sur ses épaules. Fuir toujours … Pour ne pas abandonner son maître entre les mains des Chinois.

Lorsqu’ils atteignent Panam, le village natal de Palden Gyatso, le maître et son élève sont arrêtés. Après avoir été torturé, battu avec des bâtons aux extrémités couvertes de clous, Palden Gyatso est condamné à sept ans d’emprisonnement. Il passe alors les deux années suivantes les mains enchaînées dans le dos. Son maître Rigzin Jampa ne survivra pas à ces tortures d'autant plus que les Chinois le considère comme un "espion indien" à la solde de Nehru. En fait, le Vénérable Rigzin Jampa est d'origine indienne de la région himalayenne de Kinnaur, Himachal Pradesh, que les Tibétains appellent "Khounou", et il possédait dans sa pièce une photo prise avec le Premier ministre indien Nehru dans le cadre d'une conférence des bouddhistes des régions himalayennes.

En 1961 Palden Gyatso alors qu'il était dans camp de travail dans la vallée de Lhassa subit la famine au Tibet qui agrava ses conditions de détention et fit de nombreux morts.

En 1962, ne pouvant plus supporter les tortures et ses conditions de détention et surtout bien décidé à dévoiler au monde entier les exactions chinoises, il s'évade et rejoint la frontière avec six compagnons. Mais, il est à nouveau fait prisonnier par des militaires qui reviennent du front. En effet c’est à cette époque la guerre frontalière entre l’Inde et la Chine. La guerre déclenchée par les chinois, nouveau maître au Tibet, contre l'Inde, pour "rectifier la frontière entre les deux pays".

Reconduit à la prison du district de Panam, il est condamné à huit années supplémentaires d’emprisonnement. Battu des heures durant, on lui attache les mains dans le dos, et il est ainsi suspendu par les bras au plafond.

Ses compagnons, surtout les plus âgés, succombent souvent aux tortures infligées, quand ce n’est pas d’épuisement. Les détenus sont obligés de travailler neuf heures par jour à tirer les charrues en remplacement des bœufs.

Lors de la Révolution culturelle, la situation des prisonniers au Tibet se durcit encore. Ils sont privés de tous leurs droits. Palden Gyatso est transféré à « Outridu Prison », aujourd’hui appelée « Sangyib Prison Administration », située à l’extérieur de Lhassa.

Il passe ses journées à casser des cailloux et le soir, il subit de longues séances d’endoctrinement où il doit critiquer les valeurs traditionnelles tibétaines et souiller les photographies du Dalaï-lama. Les condamnés à mort sont obligés de danser et de chanter devant les autres prisonniers avant d’être abattus.

Le jour de leur exécution, les condamnés portent autour du cou de lourds blocs de bois gravés de caractères chinois. Après l’exécution, les autorités chinoises obligent les familles de la victime à payerles frais de cordons, balles, bois… ayant servi à l’exécution de leur proche.

En 1975, Palden Gyatso est « remis en liberté », mais il est retenu dans un camp de travail près de Lhassa, où les conditions de vie sont un peu meilleures que dans les prisons. Cependant, nombre de prisonniers préfèrent le suicide à la mort par épuisement.

Quelques années plus tard, Palden Gyatso est transféré dans une fabrique de tapis où il a appris la fabrication des tapis traditionnels tibétains. Comme tous les prisonniers, il a été obligé de travailler gratuitement et de fournir des tapis suivant le quota de production fixé par l'autorité du camp. Son assistant s’appelle Lobsang Wangchuk, un moine érudit et prisonnier politique très influent au Tibet qui succombera sous la torture en 1987.

Pour informer le monde extérieur, les deux hommes décident décrire des pamphlets.

En 1979, ils signent de leur véritable nom un de ces textes, et les affichent dans les rues principales de Lhassa. Une vive émotion s’empare de la population. Craignant le pire, les autorités chinoises se refusent à arrêter les deux hommes. Mais Palden Gyatso sait que ce n’est qu’une question de temps.

Un an plus tard, Lobsang Wangchuk est à nouveau arrêté. Il disparaîtra dans les prisons chinoise sans laisser de trace. Quant à Palden Gyatso, ses moindres faits et gestes sont épiés. Mais au risque de sa vie, il continue à distribuer des pamphlets la nuit dans la capitale tibétaine.

Palden Gyatso est à de nouveau arrêté et condamné à huit nouvelles années d’emprisonnement pour ses activités « contre-révolutionnaires ».

Il sera incarcéré à « Outridu Prison », il y prend beaucoup de notes et réussit à les cacher de ses geôliers qui le suspectent pourtant de faire passer des informations à l’extérieur. Il résiste toujours aux tortures par électrochocs et bastonnades.

Cependant, ses informations ont réussi à atteindre Dharamsala en Inde où siège le gouvernement du Tibet en exil.

En 1990, transféré à la prison de Drapchi, appelée aussi Prison n° 1, il ne cesse d’être battu et de subir de nombreuses tortures avec électrochocs. Quand il reprend connaissance dans un bain de sang, de vomissures et d’urine, Palden Gyatso s’aperçoit qu’il a perdu vingt-deux dents.

Peu avant sa libération en 1992, Palden Gyatso réussit à convaincre ses geôliers de lui vendre ses instruments de torture, les preuves essentielles qui lui permettent depuis de témoigner de ses conditions de vie .

Libéré, Palden Gyatso rejoint la frontière népalaise, emportant avec lui les électrodes et les pièces officielles des sentences de ses trente-trois ans passés dans les prisons et camps de travail forcé.

Il sait que les Chinois possèdent sa photo, il se déguisé pour réussir à franchir la frontière et rejoindre l’Inde.

Mais le moine tibétain n’a qu’un seul objectif : informer l’Occident de ce qui se passe dans les prisons du Tibet et dans les camps de travail. Palden Gyatso a pu témoigner entre autres devant la Commission des droits de l'homme des Nations unies à Genève en mars 1994 et devant le Parlement français en octobre 1995.

Alexandre Soljenitsyne, après avoir lu Le feu sous la neige, a déclaré que le drame et les atrocités subies par le peuple tibétain dans ces années sombres, étaient bien plus graves que ceux des goulags soviétiques.

Notes et références

Éditions

La maison d’édition britannique Harvill a proposé de publier l’autobiographie de Palden Gyatso en anglais. La rédaction de son autobiographie a été confiée à M. Tsering Shakya, historien et observateur politique tibétain. La version française de celle-ci est sortie en octobre 1997 aux éditions Actes Sud avec pour titre « Le Feu sous la neige ». Une édition poche était également sortie en 2001. L'autobiographie de Palden Gyatso fut publiée en huit langues européennes et également en langue chinoise.

  • Le feu sous la neige, Palden Gyatso avec l'historien tibétain Tsering Shakya, Actes Sud, 1997, ISBN 2742713581
  • Fire Under The Snow, Palden Gyatso, The Harvill Press, 1997, London (ISBN 1 86046 509 9)

Voir aussi

Liens internes

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