Post-modernisme (littérature)

Post-modernisme (littérature)

Post-modernisme (littérature)

La littérature post-moderne, contrairement au post-modernisme dans les arts, est difficile à définir et il n’y a pas un réel consensus chez les universitaires sur ses caractéristiques précises, sa portée et son importance. [1] [2]
Toutefois, les caractéristiques unificatrices coïncident souvent avec les concepts du « méta-narratif » et du « petit récit » chez Jean-François Lyotard[3] , celui du «jeu» de Jacques Derrida [4] et du « simulacre » de Jean Baudrillard[réf. nécessaire][5].
Par exemple, au lieu de la quête moderniste de sens dans un monde chaotique, l'auteur post-moderne évite, souvent de manière ludique, la possibilité du sens. Le post-roman est souvent une parodie de cette quête. Cette méfiance à l'égard des mécanismes de totalisation s'étend même à l'auteur. Ainsi, les écrivains post-modernes privilégient souvent le hasard à la technique et emploient la métafiction pour saper le contrôle « univoque » de l'auteur (le contrôle d'une voix unique).
La distinction entre culture supérieure et inférieure est également attaquée par l'emploi du pastiche, de la combinaison de plusieurs éléments culturels, y compris de sujets et de genres qui n’étaient pas auparavant considérés comme propres à la littérature.
La liste des auteurs post-modernes varie souvent.
Voici quelques noms d'auteurs souvent classés comme tel, la plupart d'entre eux appartenant à la génération née dans l'entre-deux-guerres : William S. Burroughs (1914-1997), en:Alexander Trocchi (1925-1984), Kurt Vonnegut (1922-2007), John Barth (1930-), Donald Barthelme (1931-1989), E. L. Doctorow (1931-), en:Robert Coover (1932), Jerzy Kosinski (1933-1991) Don DeLillo (1936-), Thomas Pynchon (1937-), en:Ishmael Reed (1938-), Kathy Acker (1947-1997), Paul Auster (1947-), Bret Easton Ellis (1964-), Douglas Coupland (1961-), Ann Scott (1965-), Orhan Pamuk (1952-)[6].

Sommaire

Contexte

Influences principales

Les écrivains post-modernistes mentionnent souvent les premiers romans et recueils de nouvelles comme source d’inspiration pour leurs expériences narratives et structurelles : Don Quichotte, Les 1001 Nuits, Le Décaméron, et Candide, parmi beaucoup d'autres.
En langue anglaise, le roman de Laurence Sterne, écrit en 1759, Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme [7], avec son lourd accent parodique son expérimentation narrative, est souvent cité comme l’une des premières influence du post-modernisme. Il existe de nombreux exemples au XIXe siècle d’attaques contre les concepts des Lumières, la parodie, et l’ironie dans la littérature, y compris la satire de Lord Byron, notamment Don Juan; le Sartor Resartus de Thomas Carlyle [8], les parodies paillardes d’Alfred Jarry, Ubu et son invention de la 'Pataphysique, les expériences ludiques de Lewis Carroll avec la signifiance, les travaux d'Isidore Ducasse, d’Arthur Rimbaud, d’Oscar Wilde. Parmi les dramaturges en activité fin du XIXe, début du XXe siècle et dont la pensée et l’œuvre auront de l'influence sur l'esthétique de la post-modernité, l’on peut nommer le dramaturge suédois August Strindberg, l'auteur italien Luigi Pirandello, et le dramaturge et théoricien allemand Bertolt Brecht.

Dans les années 1910, les artistes associés au dadaïsme ont utilisé le hasard, la parodie, les facéties, et attaqué le rôle central de l'artiste. Tristan Tzara affirme dans Comment faire un poème dadaïste que pour créer un poème dadaïste, il suffit seulement de mettre des mots au hasard dans un chapeau et de les sortir un par un.
Une autre façon par laquelle le dadaïsme a influencé la littérature post-moderne est le développement des collages, en particulier ceux utilisant des éléments de publicité ou d'illustrations de romans populaires (Max Ernst, par exemple).
Les artistes associés avec le surréalisme, qui s'est développé à partir du dadaïsme, ont poursuivi l'expérience du hasard et de la parodie tout en célébrant les voies de l'inconscient. André Breton, fondateur du surréalisme, a suggéré que l'automatisme et la description des rêves devrait jouer un plus grand rôle dans la création de la littérature. Il a utilisé l'automatisme pour créer son roman Nadja et utilisé des photographies pour remplacer la description, comme une parodie des romanciers descriptifs à l'excès qu'il a souvent critiqués. Les expériences sur la signifiance (La Trahison des images : Ceci n'est pas une pipe) du surréaliste René Magritte sont prises en exemple par Jacques Derrida et Michel Foucault. Foucault utilise également des exemples de Jorge Luis Borges, une importante influence directe sur de nombreux auteurs de fiction post-moderniste. Il est parfois considéré comme un post-moderniste, bien qu'il ait commencé à écrire dans les années 1920. Dans le monde anglo-saxon, l'on ne s'est rendu compte de l'influence de ses expériences sur la métafiction[9] et le réalisme magique qu'à la période post-moderne.

Comparaison avec la littérature moderniste

Tant la littérature moderne que post-moderne constituent une rupture avec le réalisme du XIXe siècle, dans laquelle une histoire est racontée à partir d'un objectif ou d'un point de vue omniscient. Dans le développement des personnages, les deux explorent le subjectivisme, partant de la réalité extérieure pour examiner les états intérieurs de la conscience, dans de nombreux cas, en s'appuyant sur des exemples modernistes dans les styles Courant de conscience de Virginia Woolf et de James Joyce ou dans des poèmes exploratoires comme The Waste Land de T. S. Eliot [10]. En outre, les deux explorent la fragmentation dans la construction de la narration et des personnages. The Waste Land est souvent cité comme un moyen de distinguer littérature moderne et post-moderne. Le poème est fragmentaire et emploie le pastiche comme beaucoup de littérature post-moderne, mais le narrateur de The Waste Land dit, « ces fragments que j'ai étayés contre mes ruines ». La littérature moderniste voit la fragmentation et l'extrême subjectivité comme une crise existentielle, ou un conflit freudien interne, un problème qui doit être résolu, et l'artiste est souvent cité comme celui qui doit le résoudre.
Les post-modernes, cependant, démontrent souvent que ce chaos est insurmontable, l'artiste est impuissant, et le seul recours contre la « ruine » est de jouer dans ce chaos. L'ironie est présente dans de nombreuses œuvres modernistes (Joyce de Finnegans Wake ou Orlando de Virginia Woolf, par exemple) qui peuvent sembler très similaires à des œuvres post-modernes, mais avec le post-modernisme, l'ironie devient centrale et la réussite effective de l'ordre et de sens devient peu probable.

Passage à la post-modernité

Comme pour certaines autres périodes stylistiques, il n'y a pas de dates définies pour la montée et la chute de popularité du post-modernisme.
Le préfixe «post», toutefois, n'implique pas nécessairement une nouvelle ère. Il indiquerait plutôt une réaction contre la modernité dans le sillage de la Seconde Guerre mondiale (avec son manque de respect pour les droits de l'homme, justes confirmés par la convention de Genève, à travers les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, l'Holocauste, le bombardement de Dresde, les bombardements incendiaires de Tokyo, l'internement des américano-japonais). Il pourrait également impliquer une réaction à des évènements d'après-guerre: le début de la guerre froide, le mouvement des droits civils aux États-Unis, le post-colonialisme (littérature post-coloniale), et l'avènement de l'ordinateur personnel (fiction Cyberpunk et Hypertext fiction). [11][12][13]L'année 1941, au cours de laquelle le romancier irlandais James Joyce et la romancière anglaise Virginia Woolf romancier sont morts, est parfois utilisée comme date approximative pour le début du post-modernisme [réf. nécessaire].
Certains[Qui ?] font valoir en outre que le début de la littérature postmoderne pourrait être marquée par des publications ou des évènements littéraires. Par exemple, certains[Qui ?] marquent le début du post-modernisme avec la première représentation d'En attendant Godot en 1953, la première publication de Howl en 1956 ou du Festin nu, en 1959. Pour d'autres[Qui ?], le début est marqué par des moments dans la théorie critique : La conférence de Jacques Derrida La Structure, le signe et le jeu dans le discours des sciences humaines [14] en 1966 ou aussi tard que "The dismemberment of Orpheus: toward a postmodern literature" d'en:Ihab Hassan en 1971.

Développement d'après-guerre et figures de transition

Bien que la littérature postmoderne ne se réfère pas à tout écrit dans la période postmoderne, divers développements dans la littérature d'après guerre (tels que le Théâtre de l'absurde, la Beat Generation, le Réalisme magique, etc.) montrent d'importantes similitudes. Ces évolutions sont parfois catalogués collectivement "postmoderne", plus couramment, quelques figures clés (Samuel Beckett, William S. Burroughs, Jorge Luis Borges, Julio Cortázar et Gabriel Garcia Marquez) sont considérées comme des contributeurs importants de l'esthétique postmoderne.

Les œuvres d'Alfred Jarry, des surréalistes, d'Antonin Artaud, de Luigi Pirandello, ont influencé celle des dramaturges du Théâtre de l'absurde. Ce terme, «théâtre de l'absurde", a été inventé par Martin Esslin pour décrire une tendance, dans le théâtre des années 50. Il l'a relié au concept de l'absurde d'Albert Camus.
Les pièces du Théâtre de l'absurde sont parallèles à la fiction post-moderne à bien des égards. Par exemple, La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco est essentiellement une série de clichés pris à partir d'une méthode d'apprentissage de l'anglais.
L'un des personnages les plus importants pouvant être classé comme absurde et post-moderne est Samuel Beckett. L'œuvre de Samuel Beckett est souvent considérée comme marquant le passage du modernisme au post-modernisme dans la littérature. Il avait des liens étroits avec le modernisme en raison de son amitié avec James Joyce, mais ses œuvres ont contribué à façonner le développement de la littérature hors de la modernité. Joyce, l'un des exemples du modernisme, a célébré les possibilités de la langue. Beckett a eu la révélation en 1945 que, pour échapper à l'ombre de Joyce, il devait se concentrer sur la pauvreté de la langue et de l'homme comme un échec. Ses œuvres ultérieures, en outre, montre des personnages coincés dans des situations inextricables, impuissants dans leur tentative de communiquer, dont le seul recours est de jouer, de faire le mieux possible avec leurs moyens. Comme Hans-Peter Wagner le dit, « surtout Concerné par ce qu'il considérait comme des impossibilités dans la fiction (l'identité des personnages; conscience fiable, fiabilité de la langue elle-même, et la classification de la littérature en genres) les expérimentations par Beckett sur la forme narrative et la désintégration de la narration des personnages de fiction de théâtre lui ont valu le prix Nobel de littérature en 1969. Ses œuvres publiées après 1969 sont pour la plupart des tentatives de méta-littérature qui doit être lues à la lumière de ses propres théories et des œuvres antérieures et des tentatives de déconstruire les genres et formes littéraires. Le dernier texte de Beckett publié de son vivant, Soubresauts (1988), abolit les barrières entre le théâtre, la fiction et la poésie, avec des textes entièrement composés d'échos et de réitérations de ses précédentes œuvres. Il a été certainement l'un des pères du mouvement post-moderne dans la fiction, qui a continué de saper les idées de cohérence logique de la narration, de mise en intrigue, des séquences de temps habituelles, et des personnages à la psychologie expliquée. »[15]


"La Beat Generation" est un nom inventé par Jack Kerouac pour la jeunesse rebelle de l'Amérique matérialiste des années 1950. Kerouac a développé l'idée de l'automatisme en ce qu'il a appelé « prose spontanée » pour créer un cycle autobiographique maximaliste appelé Légende de Duluoz sur le moule d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust.
"Beat Generation" est souvent utilisé de façon plus générale pour faire référence à plusieurs groupes d'après-guerre, les poètes de Black Mountain , de la École de New York, de la Renaissance de San Francisco, etc. Ces auteurs ont aussi parfois été traités de « post-modernes » (voir en particulier les références de Charles Olson et des anthologies éditées par Donald Allen chez Grove). Bien qu'aujourd'hui, le terme postmoderne leur est moins appliqué, les références à ces écrivains comme « postmodernes » apparaissent encore et de nombreux auteurs associés à ce groupe (John Ashbery, Richard Brautigan, Gilbert Sorrentino, etc. apparaissent souvent sur les listes d'écrivains post-modernes. Un auteur associé à la Beat Generation, qui apparait très souvent sur des listes d'auteurs post-modernes est William S. Burroughs. Le Festin nu fut publié à Paris en 1959 et en Amérique en 1961, et est considéré par certains comme le premier véritable roman postmoderne, car il est fragmenté, sans arc narratif central. Il emploie le pastiche pour incorporer des éléments de genres populaires tels que le polar et la science-fiction, il est pleine de parodie, de paradoxe, très ludique, et selon certains, ses amis Kerouac et Allen Ginsberg ont publié le livre en se laissant guider par le hasard. Il est également célèbre, avec Brion Gysin, pour la création de la technique du cut-up, similaire à celle du poème dadaïste de Tristan Tzara), dans lequel les mots et les phrases sont découpés dans un journal ou autre publication et remaniés pour former un nouveau message. C'est la technique qu'il a utilisé pour créer des romans tels que "Nova Express" et "Le Ticket qui explosa".

Le Réalisme magique est une technique populaire chez les écrivains latino-américains (et peut aussi être considéré comme son propre genre) dans lequel des éléments surnaturels sont traités comme banal (un exemple célèbre étant la pratique d'esprit et, finalement, le traitement de rejet d'une figure en apparence angélique Gabriel Garcia Marquez "‘Un señor muy viejo con alas enorme - A Very Old Man with Enormous Wings"). Bien que la technique a ses racines dans le conte traditionnel, il a été une pièce centrale du mouvement d'Amérique latine "Boom", un mouvement qui coïncide avec le post-modernisme. Certaines des grandes figures de "Boom" et praticiens du Réalisme magique (Gabriel Garcia Marquez, Julio Cortázar etc) sont parfois mentionnés comme post-modernes. Cet étiquetage, toutefois, n'est pas sans ses problèmes. En Amérique latine de langue espagnole , posmodernismo et modernismo référent à des mouvements du début du XXe siècle, mouvements littéraires qui n'ont pas de relation directe avec le post-modernisme en anglais. Estimant cela anachronique, Octavio Paz a fait valoir que le post-modernisme est un récit importé qui est incompatible avec la production culturelle de l'Amérique latine.

Avec Beckett et Borges, une figure de transition couramment citée est Vladimir Nabokov. Comme Beckett et Borges, Nabokov a commencé à publier avant le début de la post-modernité (1926 en russe, en 1941, en anglais). Bien que son roman le plus célèbre, Lolita (1955), pourrait être considéré comme un roman moderniste ou post-moderniste, ses dernières œuvres (en particulier "Feu pâle" en 1962 [16], et Ada ou l'ardeur en 1969) [17] , sont plus clairement postmodernes [18].

Portée

Le post-modernisme en littérature n'est pas un mouvement organisé avec des dirigeants ou des personnages centraux, par conséquent, il est plus difficile de dire s’il est terminé ou quand il prendra fin que, par exemple, déclarer la fin de la modernité avec la mort de Joyce ou Virginia Woolf) . Indubitablement, le post-modernisme a culminé dans les années 60 et 70 avec la publication de Catch 22 en 1961 [19], Lost in the Funhouse, en 1968 [20], Abattoir 5 ou la Croisade des enfants en 1969 [21], L'Arc-en-ciel de la gravité, en 1973 [22], et de beaucoup d'autres.
Certains ont déclaré la mort du post-modernisme dans les années 80 au cours d’une nouvelle vague de réalisme représentée et inspirée par Raymond Carver. Tom Wolfe dans son article de 1989 "Stalking the Billion-Footed Beast" appelait à un retour au réalisme en fiction pour remplacer le postmodernisme [23]. Cette idée en tête, certains ont déclaré que Bruits de fond[24] (1985), ou Les Versets sataniques (1988) étaient les derniers grands romans de l'ère post-moderne [25].
Une nouvelle génération d'auteurs, tels que David Foster Wallace, Dave Eggers, Michael Chabon, Zadie Smith, Chuck Palahniuk, Neil Gaiman, Jonathan Lethem, des publications telles que McSweeney's, The Believer et les pages de fiction du New Yorker, annoncent soit un nouveau chapitre du postmodernisme ou quelque chose d’autre entièrement « post-post-moderniste ». Amazon.com [26] a décrit le roman de Mark Z. Danielewski La Maison des feuilles (2000)[27] comme "post-postmoderne», tout comme AO Scott, dans le supplément littéraire du New York Times pour le roman La Brève et Merveilleuse Vie d'Oscar Wao de Junot Diaz [28] [29]

Thèmes communs et techniques

Tous ces thèmes et techniques sont souvent utilisés ensembles. Par exemple, métafiction et pastiche sont souvent utilisés pour l’ironie [9]. Ils ne sont pas utilisés par tous les post-modernistes, et ceci n’est pas une liste exhaustive.

Ironie, « jeu », humour noir

en:Linda Hutcheon déclarait que la fiction postmoderne dans son ensemble pourrait être caractérisée par des guillemets ironiques, que beaucoup d'entre elle pouvait être prise au second degré [30]. Cette ironie, avec l’humour noir et le concept général du « jeu » (liée au concept de Derrida ou les idées défendues par Roland Barthes dans Le Plaisir du texte [31]) sont parmi les aspects les plus reconnaissables du post-modernisme.
Bien que l'idée de les employer en littérature n'a pas commencé avec les post-modernistes (les modernistes sont souvent enjoués et ironiques), ils sont devenus des éléments centraux dans de nombreux ouvrages postmoderne. En fait, plusieurs romanciers considérés plus tard comme postmodernes ont été d’abord étiquetés "humour noir". Citons John Barth, Joseph Heller, William Gaddis, Kurt Vonnegut, Bruce Jay Friedman, etc.
Il est courant pour les postmodernes de traiter des sujets graves de manière ludique et humoristique, ainsi la façon dont Heller, Vonnegut, Pynchon traitent les événements de la Seconde Guerre mondiale. Un bon exemple d'ironie postmoderne et d’humour noir se trouve dans les histoires de Donald Barthelme. L'École, par exemple, traite du décès simultané de plantes, d'animaux et de personnes liées aux enfants d’une classe, mais la répétition inexplicable de la mort est traitée uniquement comme une plaisanterie, le narrateur restant distant émotionnellement tout au long du récit. Le concept central du Catch-22 de Joseph Heller est l'ironie du désormais idiomatique "catch 22" [19], le récit étant structuré autour d'une longue série de dérisions similaires. Thomas Pynchon, en particulier fournit des exemples de jeu, incluant des jeux de mots souvent ridicules dans un contexte sérieux. Vente à la criée du lot 49 [32], par exemple, contient des personnages nommé Mike Fallopian, Dr. Hilarius ou Stanley Koteks et une station de radio nommée KCUF [33], tandis que le sujet du roman est grave et sa structure complexe.

Pastiche

Combinaison ou « collage », salmigondis de multiples éléments. Dans la littérature post-moderne, cela peut être un hommage ou une parodie des styles anciens. Il peut être considéré comme une représentation des aspects chaotiques, pluralistes, ou gorgés d'informations de la société postmoderne. Il peut s'agir d'une combinaison de plusieurs genres pour créer un récit unique ou commenter des situations dans la post-modernité: par exemple, William S. Burroughs utilise la science-fiction, le polar, le western, Margaret Atwood la science-fiction et les contes de fées, Umberto Eco utilise le polar, les contes de fées et la science-fiction, en:Derek Pell mise sur le collage, le roman noir, l'érotisme, les guides de voyage et même les manuels de bricolage.
Bien que le pastiche fait communément référence au mélange des genres, de nombreux autres éléments y sont également inclus (métafiction, distorsion temporelle sont communs dans le pastiche plus large du roman post-moderne). Par exemple, Thomas Pynchon inclut dans ses œuvres des éléments de polar, de science fiction, de romans de guerre, des chansons, références à la culture pop, bien connus ou obscurs, et un mélange de fiction et d'histoire, de contemporains réels et de personnages historiques (Mickey Rourke et Wernher von Braun par exemple), une grande variété de cultures et de concepts eux aussi bien connus ou obscurs. En 1977, le roman The Public Burning [34] de Robert Coover mêle des actions historiquement inexactes de Richard Nixon en interaction avec des personnages historiques et des personnages de fiction tels que l'oncle Sam et Betty Crocker [35]. Le pastiche peut également se référer à la technique de composition. Par exemple, la technique du cut-up employée par Burroughs. Un autre exemple en est le roman de en:BS Johnson The Unfortunates. il est livré dans une boîte sans reliure pour que les lecteurs puissent l’assembler selon leur choix [36][6].

Intertextualité

Interdépendance littéraire de textes fondée sur la théorie selon laquelle un texte littéraire n'est pas un phénomène isolé, mais est composé d'une mosaïque de citations, et que tout texte est «l'absorption et la transformation d'un autre ». Un texte littéraire dépend d’autres œuvres littéraires. Un exemple en est la pièce de Tom Stoppard Rosencrantz and Guildestern are Dead [37].

Métafiction

Article détaillé : Métafiction.

La métafiction est essentiellement de l’écriture sur l'écriture ou la mise en avant de ses mécanismes, rendant l'artificialité de l'art ou la « fictionalité » de la fiction apparente pour le lecteur ; en général, elle ne tient pas compte de la nécessité de "la suspension volontaire de l’incrédulité».
Elle est souvent utilisée pour saper l'autorité de l'auteur, par des changements inattendus du récit, afin de promouvoir une histoire de façon unique, pour la distance affective, ou pour commenter l'acte de la narration. Par exemple, Si par une nuit d'hiver un voyageur (Italo Calvino, 1979)[38], est l’histoire d’un lecteur qui tente de lire un roman du même nom. Kurt Vonnegut aussi utilisé cette technique: le premier chapitre de son roman Abattoir 5 (1969) parle du processus de l'écriture du roman et attire l'attention sur sa propre présence à travers le roman [21]. Bien que beaucoup de ce roman a à voir avec les propres expériences de Vonnegut pendant le bombardement de Dresde, il souligne continuellement l'artificiel de l'arc narratif de la fiction qui contient des éléments forcément tels que les extraterrestres et le voyage dans le temps.
De même, le roman/récit de en:Tim O'Brien de 1990, The Things They Carried [39], sur ses expériences en patrouille pendant la guerre du Vietnam, comporte un personnage nommé Tim O'Brien, mais bien que Tim O'Brien était un ancien combattant du Vietnam, le livre est une œuvre de fiction et remet en question la « fictionalité » des personnages et des événements à travers l’histoire. Une histoire du livre, How to Tell a True War Story, remet en question la nature de raconter des histoires. Dire et redire des histoires de guerre basées sur des faits réels, dit le narrateur, serait incroyable et héroïque, les histoires de guerre morale ne saisissent pas la vérité.

Poioumena - Romans à clef

Poioumena "Choses instituées par la main ou le métier de l'homme" est dans ce cas un terme savant pour roman à clef. Dans ce genre, l’élément de l'action est censé être le travail de composition, alors qu’il est en réalité tout autre, comme le roman de Salman Rushdie Les Enfants de minuit traite de la composition de l'Inde après l'indépendance [40]. Souvent, l'écriture est une métaphore pour la construction d'un monde. Le poioumenon peut être retracé à travers la trilogie de Samuel Beckett, le Sartor Resartus de Thomas Carlyle [8], et le Tristram Shandy de Laurence Sterne [7]. Après le Feu pâle de Vladimir Nabokov [16], il est devenu une forme commune de la littérature postmoderne: Doris Lessing dans Le Carnet d’or [41], John Fowles dans Mantisse [42], et William Golding dans Les Hommes de papier [43] [44]. Le poioumenon offre des possibilités d'explorer les limites de la fiction et la réalité, les limites de la vérité narrative [45].

Métafiction historiographique

Linda Hutcheon a inventé le terme «métafiction historiographique» pour désigner des œuvres qui fictionalisent des événements historiques ou des personnages réels [30]. Des exemples notables incluent Le Général dans son labyrinthe de Gabriel Garcia Marquez (à propos de Simón Bolívar) [46], Le Perroquet de Flaubert de Julian Barnes (à propos de Gustave Flaubert) [47], Ragtime par E. L. Doctorow [48] (qui présente des personnages historiques tels que Harry Houdini, Henry Ford, l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche, de Booker T. Washington, Sigmund Freud, Carl Jung), et du Koolaids: The Art of War de Rabih Alameddine qui fait référence à la guerre civile libanaise et à la vie réelle de plusieurs personnalités politiques [49]. Thomas Pynchon dans Mason et Dixon emploie également ce concept, par exemple, une scène montrant George Washington en train de fumer de la marijuana y est incluse [50]. John Fowles traite de même la période victorienne avec La Maîtresse du lieutenant français [51]. En ce qui concerne la théorie critique, cette technique peut être associée à La Mort de l'auteur de Roland Barthes [52][6].

Distorsion temporelle

Il s'agit d'une technique habituelle de la fiction moderniste: la fragmentation et la non-linéarité de récits sont des aspects centraux des littérature modernes et postmodernes. La distorsion temporelle dans la fiction postmoderne est utilisée de diverses façons, souvent juste par ironie. La métafiction historiographique (voir ci-dessus) en est un exemple. Les distorsions dans le temps sont des aspects centraux dans un grand nombre des romans non-linéaires de Kurt Vonnegut's, dont le plus célèbre est peut-être Billy Pilgrim dans Abattoir 5 devenant « déconnecté du temps » [21]. Dans Flight to Canada, Ishmael Reed joue allègrement avec les anachronismes, Abraham Lincoln qui utilise un téléphone par exemple [53]. Le temps peut également se chevaucher, se répéter, ou bifurquer en de multiples possibilités. Par exemple, Robert Coover dans "The Babysitter" du recueil Pricksongs & Descants [54], l'auteur présente de multiples événements possibles qui se produisent simultanément -- dans une partie de l'histoire, la baby-sitter est assassinée alors que dans une autre partie il ne se passe rien et ainsi de suite. Finalement aucune version de l’histoire n’est privilégiée.[6]

Technoculture et hyperréalité

Fredric Jameson appelait le postmodernisme "logique culturelle du capitalisme tardif"[55]. "Capitalisme tardif" implique que la société est passée de l'ère industrielle à l'ère de l'information. De même, Jean Baudrillard affirmait que la postmodernité était définie par un passage à l’hyper-réalité dans laquelle les simulacres ont remplacé le réel. Dans la postmodernité, les gens sont inondés d'informations, la technologie est devenue un thème central dans de nombreuses vies, et notre compréhension de la réalité est influencée par les simulacres de la réalité. Beaucoup d'œuvres de fiction ont traité de cet aspect de la postmodernité par une ironie caractéristique et le pastiche. Par exemple, Don DeLillo dans Bruits de fond présente des personnages qui sont bombardés par un « bruit de fond » de télévision, de noms de marque, et de clichés [24]. La fiction cyberpunk de William Gibson, Neal Stephenson, et de beaucoup d'autres utilise les techniques de la science-fiction pour faire face à ce bombardement d’informations, postmoderne, hyperréel. [56][57][58]

Paranoïa

Ce qui est sans doute montré le plus notoirement et réellement dans le Catch-22 de Joseph Heller [19] et les œuvres de Thomas Pynchon, c'est le sentiment de paranoïa, de la croyance qu'il existe un système ordonné derrière le chaos du monde, ce qui est un autre thème récurrent du post-modernisme. Pour les postmodernistes, il n’y pas de système ordonné qui existe, c’est pourquoi alors la recherche d’un ordre est inutile et absurde. Vente à la criée du lot 49 de Thomas Pynchon a de nombreuses interprétations possibles[32]. Si on le lit avec un parti pris, alors on va être frustré. [59] Cela coïncide souvent avec le thème de technoculture et d’hyperréalité. Par exemple, dans Le Breakfast du champion par Kurt Vonnegut [60], le personnage de Dwayne Hoover devient violent quand il est convaincu que le reste du monde est un robot et qu’il est le seul de l'homme [6].

Maximalisme

Surnommé maximalisme par certains critiques, la trame étendue et le récit fragmenté d’auteurs comme Dave Eggers a suscité une controverse sur la « fin » d'un roman aussi narratif et les normes avec lesquelles il devait être jugé. La position postmoderne est que le style d'un roman doit être adapté à ce qu'il décrit et représente, et prend des exemples des époques antérieures comme le Gargantua de François Rabelais et l’Odyssée d'Homère, que Nancy Felson [61]salue comme le modèle du public polytropique et son engagement avec une œuvre. Beaucoup de critiques modernistes, notamment B.R. Myers dans son livre polémique A Reader's Manifesto [62], attaque le roman maximaliste comme désorganisé, stérile et empli de jeu avec la langue pour lui-même, vide d'engagement émotionnel et donc sans valeur comme roman. Pourtant, il existe des contre-exemples, comme le Mason & Dixon de Pynchon [50] , le Stet de James Chapman et l’Infinite Jest de David Foster Wallace ou le récit postmoderne coexiste avec engagement émotionnel[63][64][65][66].

Minimalisme

Le minimalisme littéraire peut être caractérisé comme un accent sur une description de surface où les lecteurs sont invités à prendre un rôle actif dans la création d'une histoire. Les personnages de romans et récits minimalistes ont tendance à être ordinaire. En règle générale, les nouvelles de ce genre sont des « tranches de vie ». Le minimalisme, à l'opposé du maximalisme, n’est qu’une représentation des éléments les plus basiques et nécessaires, caractérisée par une économie de mots. Les auteurs minimalistes hésitent à utiliser des adjectifs, adverbes, ou détails vides de sens. Au lieu de fournir tous les moindres détails, l'auteur fournit un cadre général et permet à l'imagination du lecteur à façonner l'histoire. Parmi les personnes classées comme post-modernistes, le minimalisme littéraire est le plus fréquemment associé à Samuel Beckett.[67]

Factual

Faction, est un mot-valise anglo-saxon (fact + fiction) servant à décrire un texte basé sur de véritables personnages historiques et la réalité des événements, en combinaison avec des allégations fictionnelles. Des exemples en sont De sang-froid de Truman Capote [68], Les armées de la nuit de Norman Mailer et Racines de Alex Haley [69][70]. Ce terme peut s'appliquer à des romans historiques qui allient de nombreux faits réels avec un traitement fictionnel ou à des romans qui intègrent des personnalités réelles (par exemple, le président des États-Unis, le Premier ministre britannique, etc) dans un récit sur des évènements récents qui se rapportent à des faits historiques réels.[71]

Fabulation

Un terme utilisé pour décrire l'anti-roman. Il semble avoir été introduit par Robert Scholes à The Fabulators [72]. La fabulation implique l'allégorie, les acrobaties verbales et les effets surréalistes. Ce style peut être représenté par Haroun et la mer des histoires [73] [71] de Salman Rushdie .

Réalisme magique

Œuvre littéraire marquée par l'utilisation d’images paisibles, nettement définies, délicatement peintes, de figures et des objets représentés de manière surréaliste. Les thèmes et les sujets sont souvent imaginaires, un peu farfelus et fantastiques, avec une caractère onirique certain. Les caractéristiques de ce type de fiction sont le mélange et la juxtaposition du réalisme avec le fantastique ou le bizarre, d’habiles changements dans le temps, des récits et des intrigues alambiqués voire tortueux, l'utilisation diverse des rêves, les mythes et les contes de fées, les descriptions expressionnistes et même surréalistes, l’érudition obscure, l'élément de surprise ou le choc brutal, l'horrible et l'inexplicable. Elle a été appliquée, par exemple, pour l’œuvre de l'Argentin Luis Borges,qui a publié en 1935 son Histoire universelle de l'infamie, considérée par beaucoup comme la première œuvre de réalisme magique[74]. Le romancier colombien Gabriel García Márquez est également considéré comme un remarquable représentant de ce type de fiction - en particulier son roman Cent ans de solitude [75], tout comme Le cubain Alejo Carpentier (Le Royaume de ce Monde, 1949) [76]. Les Postmodernistes tels que Salman Rushdie, Italo Calvino, et Günter Grass utilisent le Réalisme magique dans leur travail.

Différentes perspectives

John Barth, le romancier postmoderniste qui parle souvent de l'étiquette «postmoderne», a écrit un essai influent en 1968 appelé Literature of Exhaustion et a écrit en 1979 Literature of Replenishmen afin de le clarifier. «Literature of Exhaustion " traitait de la nécessité d'une nouvelle ère dans la littérature après que le modernisme s'est auto-épuisé. Dans Literature of Replenishment Barth dit :

Mon idéal d’auteur postmoderne ne rejette ni n’imite ses parents modernistes du vingtième siècle ou ses grands-parents pré-modernistes du dix-neuvième siècle. Il a la première moitié de notre siècle sous sa ceinture, mais pas sur son dos. Sans tomber dans un simplisme morale ou artistique, le travail bâclé, la vénalité de Madison Avenue, ou dans une naïveté vraie ou fausse, il aspire néanmoins à une fiction plus démocratique qu’une de ces soi-disant merveilles modernistes tardives comme Nouvelles et Textes pour rien de Beckett [77]. Le roman post-moderniste idéal est au-dessus de la querelle entre le réalisme et irréalisme, le formalisme et contentisme (la forme et l'idée) , littérature pure ou engagée, fiction pour chapelle ou de pacotille [78]...

Beaucoup des romans postmodernes célèbres traitent de la Seconde Guerre mondiale, l'un des plus célèbres d'entre eux étant Catch-22 de Joseph Heller[19]. Heller a affirmé que c'étaient son roman et de nombreux autres romans américains de l'époque qui avaient le plus à voir avec l'état du pays après la guerre :

Les sentiments anti-guerre et anti-gouvernement dans le livre appartiennent à la période suivant la Seconde Guerre Mondiale : la guerre de Corée, la guerre froide des années cinquante. Une désintégration de la foi a eu lieu alors, et elle affecte Catch-22 en ce que la forme du roman en est devenue presque désintégrée. Catch-22 est un collage, si pas dans la structure, alors dans l'idéologie du roman lui-même ... Sans le savoir, je faisais partie d'un mouvement proche de la fiction. Alors que je rédigeais Catch-22, JP Donleavy écrivait L'Homme de gingembre, Jack Kerouac Sur la route, Ken Kesey écrivait un Vol au dessus d'un nid de coucou, Thomas Pynchon V. et Kurt Vonnegut écrivait Le Berceau du chat [79][80][81][82][83]. Je ne pense pas que l'un d'entre nous ne connaissait aucun des autres. Je ne les connaissais assurément pas. Quelles qu’étaient les forces qui élaboraient une tendance dans l'art, elles ne me touchaient pas seulement moi, mais nous tous. Le sentiment d'impuissance et de persécution de Catch-22 est très forte chez Pynchon et dans Le Berceau du chat [84]

Le romancier et théoricien de Umberto Eco explique son idée de postmodernisme comme une sorte de double-codage :

Je pense à l'attitude postmoderne comme celle d'un homme qui aime une femme très cultivée et sait qu'il ne peut pas lui dire « Je t'aime follement », parce qu'il sait qu'elle sait (et qu’elle sait qu'il sait) que ces mots ont déjà été écrits par Barbara Cartland. Pourtant, il y a une solution. Il peut dire « Comme Barbara Cartland aurait pu le dire, je t'aime follement ». À ce point, après avoir évité la fausse innocence, après avoir dit clairement qu’il n'était plus possible de parler innocemment, il va néanmoins dire ce qu'il voulait dire à cette femme : qu'il l’aime à un âge de ou l’innocence est perdue [85].

Le romancier David Foster Wallace dans son essai E Unibus Pluram en 1990 fait le lien entre l’essor du postmodernisme et celui de la télévision avec sa tendance à l'auto-référence et la juxtaposition ironique de ce qui est vu et de ce qui est dit [86]. Cela, prétend-il, explique la prépondérance des références de la culture pop dans la littérature post-moderne :

C'est dans l'Amérique post-atomique que les influences pop sur la littérature est devenue quelque chose plus que technique. À l’époque où la télévision haletait et avait sa prepière respiration, la culture populaire de masse aux États-Unis semble devenir de l’Art Supérieur viable comme un ensemble de symboles et de mythes. L'épiscopat de ce mouvement référence pop étaient les tenants de l’humour noir post-nabokoviens, les méta-fictionistes et un assortiment de franco et latinophiles qui ne seront considérés que plus tard comme «postmodernes». Les fictions savantes, sardoniques des tenants de l’humour noir ont fait connaître une nouvelle génération d'écrivains de fiction qui se sont vu eux-mêmes comme une sorte d'avant-avant-garde, non seulement cosmopolite et polyglotte, mais aussi cultivée technologiquement, produit de diverses régions, patrimoines et théories, citoyens d'une culture qui déclarait les choses les plus importantes sur elle-même par l'intermédiaire des médias. À cet égard, on pense en particulier au William Gaddis de Les Reconnaissances et JR [87] :[88] , le Barth de The End of the Road et de Sot-Weed Factor [89] [90], et le Pynchon de Vente à la criée du lot 49 [32]... Voici Le bûcher de Times Square de Robert Coover en 1966 [34], dans lequel l'Oncle Sam ... Nixon, et son A Political fable de 1968, dans lequel le "chat dans le chapeau" est candidat à la présidence [91] [92].

Hans-Peter Wagner propose l’approche suivante pour définir la littérature postmoderne :

Le postmodernisme ... peut être utilisé à moins de deux façons - d'abord, pour donner une étiquette à la période postérieure à 1968 (ce qui pourrait englober toutes les formes de fiction, à la fois novatrices et traditionnelles), et, deuxièmement, pour décrire la littérature très expérimentale produite par des écrivains à partir de Lawrence Durrell et John Fowles dans les années 1960 jusqu’aux œuvres de Martin Amis et de la "Chemical (Scottish) Generation" de la fin de siècle. Dans ce qui suit, le terme «postmodernistes» est utilisé pour des auteurs expérimentaux (notamment Durell, Fowles, Carter, Brooke-Rose, Barnes, Ackroyd, et Martin Amis), alors que "post-moderne" est appliqué aux auteurs qui ont été moins novateurs.[93]

Écrivains francophones

La France d'après-guerre a été caractérisée par la présence du mouvement littéraire du Nouveau roman jusque dans les années 70. Il s'en suit que le roman post-moderne y est plus tardif et nait dans un environnement politique et économique tout à fait différent que le post-modernisme américain par exemple: fin des Trente Glorieuses, début de la guerre froide pour l'un, fin du communisme pour l'autre...

Un des premiers à avoir pratiqué le collage post-moderne est Michel Butor avec Mobile[94] [95]. Philippe Sollers, dans L’Année du Tigre nous propose lui une forme d'écriture ou le collage devient la seule forme possible de la réalité[96]. Georges Perros pratique l'écriture fragmentale (Papiers collés [97] ) .
Annie Ernaux dans La Place [98] utilise l'attitude post-moderne du mélange de la sociologie et de la littérature [99]
La Belle Hortense[100] de Jacques Roubaud devient un « pseudo-roman » où la métatexualité est reine. Le récit devient accessoire par rapport à son commentaire.
Une autre tendance postmoderniste est la renarrativation du texte qui prend la forme d'une nouvelle linéarité du texte augmentant le confort de lecture. La rennarrativation ironique peut prendre la forme du pastiche de genres codifiés comme le roman policier (Jean Echenoz, Cherokee)[101] , noir ( Virginie Despentes, Baise-moi)[102] ou d'espionnage (Jean Echenoz, Le Lac)[103].
Marie Darrieussecq dans Truismes[104] utilise l'allégorie de la métamorphose pour relever en contrepoint les dérives de la société.
Michel Houellebecq met en allégorie la physique des particules pour décrire le comportement aléatoire de ses personnages dans Les Particules élémentaires[105].
Une autre variante de pourrait être l'autofiction (Fils de Serge Doubrovsky [106]). Ces biographies peuvent devenir entièrement fictives comme chez Pierre Michon[107] (Vies minuscules [108] ).

Notes et références

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  93. Hans-Peter Wagner, A History of British, Irish and American Literature, WVT Wissenschaftlicher Verlag, Trier, 2003 (ISBN 978388476410), « p. 211 » 
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  95. Madeleine Santschi, Voyage avec Michel Butor, Éditions l'Âge d'homme, Lausanne, Suisse, 1980, 223 p., « p. 40-41 » 
  96. Philippe Sollers, L’Année du Tigre, Le Seuil, Paris, 1999, 326 p. (ISBN 978-2020342599) 
  97. Georges Perros, Papiers collés, Éditions Gallimard, Paris, 1960 1973 (réimpr. 1987) (ISBN 978-2070708567) 
  98. Annie Ernaux, La Place, Éditions Gallimard, coll. « Folio », Paris, 1983, 113 p. (ISBN 978-2070377220) 
  99. Inga Litvinavičienė, « Les aspects sociologiques dans l'œuvre d'Annie Ernaux », dans Litératura, vol. 49, no 5, 2007, p. 164–171 
  100. Jacques Roubaud, La Belle Hortense, Éditions Ramsay, Paris, 1987, 269 p. (ISBN 978-2859564070) 
  101. Jean Echenoz, Cherokee, Éditions de minuit, Paris, 1983, 247 p. (ISBN 78-2707306531) 
  102. Virginie Despentes, Baise-moi, Éditions Florent-Massot, Paris, 1984, 224 p. (ISBN 9782290308790) 
  103. Jean Echenoz, Lac, Éditions de minuit, Paris, 1988, 189 p. (ISBN 978-2707313041) 
  104. Marie Darrieusecq, , P.O.L., Paris, 1996, 160 p. (ISBN 978-2867445279) 
  105. * Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires, Éditions Flammarion, coll. « Fiction française », Paris, 1999, 393 p. (ISBN 978-2080674722) 
  106. Serge Doubrovsky, Fils, Éditions Galilée, Paris, 1977 (réimpr. Folio, 1991), 537 p. (ISBN 978-2070419456) 
  107. Collectif, Pierre Michon, l'écriture absolue: actes du 1er Colloque international Pierre Michon, musée d'art moderne de Saint-Étienne, 8, 9, 10 mars 2001, P.U. Saint-Étienne, Saint-Étienne, 2002, 330 p. (ISBN 978-2862722320) 
  108. Pierre Michon, Vies minuscules, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », Paris, 1984, 206 p. (ISBN 978-2070700387) 


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Bibliographie

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