- Virginie Despentes
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Virginie Despentes Activités Auteure, Réalisatrice Naissance 13 juin 1969
NancyGenres Roman, Essai, Autobiographie Distinctions Prix de Flore 1998
Prix Saint-Valentin 1999
Prix Trop Virilo 2010
Prix Renaudot 2010Œuvres principales Virginie Despentes, née le 13 juin 1969 à Nancy, est une auteure et réalisatrice française. Elle est également traductrice et parolière, de manière plus anecdotique.
Sommaire
Biographie
Après avoir passé son baccalauréat en candidate libre, Virginie Despentes quitte Nancy et ses parents, postiers syndicalistes, et s'installe à Lyon[1] où elle multiplie les petits boulots. Femme de ménage, prostituée[2] via le Minitel, dans des « salons de message » et des peep shows, vendeuse chez un disquaire, puis pigiste pour journaux rocks et critique de films pornographiques[3], elle est vendeuse au rayon librairie du Virgin Megastore à Paris lorsque sort son premier roman, Baise-moi, refusé par de nombreuses maisons d'édition[4], aux Éditions Florent-Massot. Elle choisit alors son nom de plume en référence aux Pentes de la Croix-Rousse[5], quartier de Lyon dans lequel elle a vécu, avant de s'installer à Paris.
Elle quitte les éditions Florent-Massot après la publication de son deuxième roman, Les Chiennes savantes, en 1996. Elle rejoint alors les éditions Grasset, chez qui elle publie en 1998 un troisième ouvrage, Les Jolies choses, adapté au cinéma en 2001 par Gilles Paquet-Brenner avec Marion Cotillard et Stomy Bugsy dans les rôles principaux. Le film reçoit le prix Michel d'Ornano lors du Festival de Deauville 2001.
Elle reçoit le prix de Flore 1998 et le prix littéraire Saint-Valentin en 1999 pour Les Jolies Choses. Elle déclarera quelque années plus tard, dans un texte virulent sur la drogue paru dans le journal Le Monde : « J’ai écrit mon roman Les Jolies Choses en trois-quatre jours sous coke[6]. »
En 1999, Librio publie un recueil de nouvelles, pour la plupart inédites : Mordre au travers. Subversive, l'œuvre affiche un avertissement en quatrième de couverture qui stipule que l'« ouvrage contient des passages susceptibles de heurter la sensibilité de certains lecteurs[7]. » En 1997, Despentes avait déjà publié une nouvelle, « C'est dehors, c'est la nuit », dans un recueil collectif, Dix, édité sous la direction du magazine Les Inrockuptibles.
En 2000, elle réalise son premier film, Baise-moi, en collaboration avec Coralie Trinh Thi, avec Karen Lancaume et Raphaëla Anderson comme protagonistes. Le film soulèvera alors une large polémique[8].
Deux ans plus tard paraît Teen Spirit. La même année Virginie Despentes publie en collaboration avec Nora Hamdi, un roman graphique, Trois étoiles, chez Au Diable Vauvert. Elle traduit aussi deux textes pour ce même éditeur : Plastic Jesus de Poppy Z. Brite et Mort aux Ramones, de l'anglais Poison Heart : surviving the Ramones de Dee Dee Ramone.
Le groupe de rock Placebo la sollicite en 2003 pour traduire en français un titre de leur album Sleeping with Ghosts : Protect me from what I want qui deviendra Protège-moi.
En 2004, après avoir participé au deuxième numéro intitulé « Toujours aussi pute » de la revue Bordel chez Flammarion et rédigé une biographie de Lemmy Kilmister du groupe Motörhead pour le magazine Rock & Folk, elle publie Bye bye Blondie.
De 2004 à 2005, Virginie Despentes s'essaye à une forme d'écriture à l'intersection du journal intime et du journalisme. Elle tient un blog sur lequel elle poste chaque jour un billet d'humeur : « Il y était volontiers question de concerts, films ou livres, mais aussi de morts de gens, de commentaires de radio ou de télé », et elle ajoute : « et aussi j'y racontais mes petits trucs, genre j'ai dîné avec qui et on a parlé de quoi... », en donnant une dimension cathartique à la pratique du journal intime en ligne : « régulièrement j'expliquais que j'allais mal, ce qui constitue quand même mon activité principale[9]. » Au delà de l'interaction mise en place entre l'auteure et ses lecteurs, le blog fut piraté en 2005, ce qui entraina sa fermeture[10].
En 2005, elle rédige trois titres pour l'album Va chercher la police du groupe A.S. Dragon, ainsi que deux préfaces, l'une pour Roland Cros et son ouvrage sur les Béruriers noirs et l'autre pour J'assume de Nina Roberts, actrice pornographique.
L'année suivante, elle publie son premier livre plus autobiographique, mais qui prend la forme d'un essai : King Kong Théorie. L'œuvre est présentée comme un « manifeste pour un nouveau féminisme[11]. » Le magazine féministe belge Axelle organise alors une collecte des réactions suscitées par la lecture du livre[12]. La même année, Despentes réalise le clip de la chanson Mauvaise étoile pour Daniel Darc.
En 2009, elle réalise son premier documentaire, Mutantes (Féminisme Porno Punk), diffusé sur Pink TV[13] et édité l'année suivante en DVD chez Blaq Out. Elle écrit également une nouvelle sur l'érotisme féminin pour le magazine Psychologies[14].
2010 marque son retour au roman : elle publie Apocalypse bébé, toujours chez Grasset. Le roman reçoit le prix Trop Virilo le 2 novembre 2010 et le prix Renaudot le 8 novembre 2010. Le Diable Vauvert édite aussi une nouvelle traduction établie par Virginie Despentes : Déséquilibres synthétique de l'anglais Will work for drugs de Lydia Lunch. Elle tourne aussi l'adaptation cinématographique de Bye Bye Blondie avec Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart[15]. La même année, Cécile Backès et Salima Boutebal proposent une adaptation théâtrale de King Kong Théorie, durant le « Off » du Festival d'Avignon[16].
Littérature
Écrits dans un style qui allie oralité brutale et réalités crues, les ouvrages de Virginie Despentes ont fait d'elle le symbole d'une certaine littérature « trash ».
Chronique sociétale, exploration du milieu de la prostitution et de la pornographie, mise à nu de l'envers du décors de la célébrité, ou récit de trajectoires existentielles abîmées, l'œuvre de Despentes témoigne d'un monde à différentes vitesses où les inégalités sociales s'ajoutent aux discriminations. Virginie Despentes parle elle-même de ce « moteur » matriciel dans son écriture qu'est « l'observation des gens, des choses[17] ».
Marianne Payot, critique littéraire, évoque ce « style nerveux, ironique, vivant » et souligne « l'acuité du regard sur notre société et ses clivages et l'empathie pour les pauvres hères qui la composent. » Elle parle aussi de ces « obsessions sexuelles immuables et jubilatoires » et d'un « diabolique savoir-faire romanesque. » Avant de conclure : « La scandaleuse s'impose comme la chef de file d'une génération gaiement libertaire et décomplexée[18]. »
Même si son écriture est éloignée de tout militantisme frontal[19], en 2006, Despentes raconte comment elle est devenue ce personnage controversé dans King Kong Théorie, un essai autobiographique. Elle revient alors sur ses liens avec les théories féministes autour de trois axes majeurs : la question de l'acte prostitutionnel, les enjeux de la pornographie, et les problématiques inhérentes au trauma du viol. Elle évoque aussi ses conceptions littéraires.
Œuvres
Bibliographie
Romans
- 1993 : Baise-moi, romans, Florent Massot.
- 1996 : Les Chiennes savantes, romans, Florent Massot.
- 1998 : Les Jolies Choses, roman, Grasset.
- Prix de Flore 1998, prix Saint-Valentin 1999.
- 2002 : Teen Spirit, roman, Grasset.
- 2002 : Trois étoiles, avec Nora Hamdi, roman graphique, Au diable Vauvert.
- 2004 : Bye bye Blondie, roman, Grasset.
- 2010 : Apocalypse bébé, roman, Grasset.
- Prix Trop Virilo[20]
- Prix Renaudot 2010.
Essai
- 2006 : King Kong Théorie, essai autobiographique, Grasset.
Recueil
- 1999 : Mordre au travers, recueil de nouvelles, Librio.
Textes
- 1997 : « C'est dehors, c'est la nuit », recueil collectif Dix, Grasset / Les Inrockuptibles.
- 2004 : « Toujours aussi pute », Bordel, n°2, Flammarion.
- 2004 : « Putain, je déteste le foot... », biographie de Lemmy Kilmister du groupe Motörhead,Rock & Folk, n°444.
- 2004 : une nouvelle dans le recueil Des nouvelles du Prix de Flore, Flammarion.
- 2005 : préface à Bérurier Noir de Roland Cros, éditions Vaderetro.
- 2005 : préface à J'assume de Nina Roberts, Scali.
- 2009 : « I put a spell on you », Psychologies magazine, Hors série « Les Secrets de l'érotisme ».
- 2009 : préface à En Amérique de Laurent Chalumeau, Grasset.
- 2011 : « Djian le puriste », critique littéraire, Le Monde des livres, 30 juin.
- 2011 : préface à Paradoxia de Lydia Lunch, Au Diable Vauvert.
Traductions
- 2002 : Plastic Jesus, de l'anglais Plastic Jesus de Poppy Z. Brite, Au Diable Vauvert
- 2002 : Mort aux Ramones, de l'anglais Poison Heart: Surviving the Ramones de Dee Dee Ramone, Au Diable Vauvert.
- 2008 : Un texte de Johnny Depp dans Bordel, n° 9 consacré à Jean-Michel Basquiat, Stéphane Million éditeur.
- 2010 : Déséquilibres synthétiques, de l'anglais Will Work for Drugs de Lydia Lunch, Au Diable Vauvert.
Filmographie
- Réalisations
- 2000 : Baise-moi, long-métrage, en collaboration avec Coralie Trinh Thi.
- 2006 : Mauvaise étoile (Daniel Darc), clip musical.
- 2009 : Mutantes (Féminisme Porno Punk), documentaire, diffusé le 21 décembre 2009 sur Pink TV et disponible en DVD chez Blaq Out.
- 2010 : Bye bye Blondie, long-métrage.
- Participations
- 2001 : Apparition dans L'Erotisme vu par Christine Angot de Laetitia Masson.
- 2010 : Les Travailleu(r)ses du sexe, de Jean-Michel Carré, documentaire[21].
- 2010 : Becs et ongles, court métrage d'Élodie Monlibert, CanalPlus, « La collection pique sa crise »[22].
- 2011 : Au coeur de la nuit (Arte), reportage consacré à l'auteure.
Musique
- 1992 : Participation au groupe Straight Royer, avec Cara Zina, l'auteure d'Heureux les Simples d'esprit, chez Robert Laffont.
- 2000 : Sortie de Baise-moi, le son, bande originale du film éponyme, qui reflète, dans une certaine mesure, les inspirations et goûts musicaux de l'auteur.
- 2003 : Adaptation du titre de Placebo Protège-moi issu de l'album Sleeping with Ghosts.
- 2005 : Trois chansons écrites pour le groupe A.S. Dragon : Cher tueur, Seule à Paris, Cloue-moi au ciel, extrait de l'album Va chercher la police.
- 2006 : Disc jockey lors de l'événement « Explicit part 1 Yesporno », une manifestation autour de la féminité et de la pornographie[23].
Virginie Despentes a également chanté avec son groupe Skywalker un titre inclus dans la compilation Créatures des Abysses, sous le label Wild Palm.
Adaptations
Cinéma
- 2001 : Les Jolies choses, adapté de son roman Les Jolies choses par Gilles Paquet-Brenner.
- 2007 : Tel père telle fille, adapté de son roman Teen Spirit, par Olivier de Plas.
Théâtre
- 2009 : King Kong Théorie, lecture théâtrale d'après l'essai du même nom par Virginie Jortay[24].
- 2010 : King Kong Théorie, adaptation théâtrale d'après l'essai du même nom par Cécile Backès et Salima Boutebal.
Disque audio
Études sur l'œuvre de Virginie Despentes
- Shandy April Lemperlé, Comment prendre une autre forme : une étude sur la traduction anglaise et la version cinématographique du roman Baise-moi de Virginie Despentes, 2006[25].
- Shirley Jordan, « "Dans le mauvais goût pour le mauvais goût" ? Pornographie, violence et sexualité féminine dans la fiction de Virginie Despentes », Nouvelles écrivaines : nouvelles voix ?, Rodopi, 2002[26].
- (en) Shirley Jordan, « Revolting Women ? Excess and détournement de genres in the work of Virginie Despentes », Contemporary French Women's Writing, Peter Lang, 2004[27].
Notes et références
- Article sur L'Express.fr « A 17 ans, elle quitte Nancy et ses parents (postiers, syndicalistes) pour Lyon »
- interview accordée à LeMagazine « La prostitution volontaire et occasionnelle, à laquelle je me suis livrée un temps » dans un
- Virginie Despentes, Ecrivain française sur www.evene.fr
- Romancière française sur www.onirik.net. « Ses débuts littéraires sont difficiles. Baise-moi, son premier roman, est systématiquement refusé par les maisons d’édition. Son style trash déplait et effraie les professionnels. Grâce au courage d’une nouveau-née dans le monde de l’écrit, elle est enfin publiée en 1994. »
- L'interview en ligne] Jean-Louis Tallon : - Despentes est réellement un pseudo ? Virginie Despentes : - Oui. C'est en référence au quartier « des pentes » de la Croix-rousse, à Lyon. ; Horspress - webzine culturel : Entretien avec Virginie Despentes (extrait) [
- « Virginie Despentes dénonce les affres de la cocaïne » sur le site Le Mague [consulté le 6/12/10]
- Mordre au travers, Librio, 1999, quatrième de couverture.
- Les lacunes de la loi www.lepoint.fr
- Virginie Despentes : "Je pense que les futurs auteurs importants viendront du blog, assurément." sur www.buzz-litteraire.com
- Blog piraté
- King Kong Théorie, Grasset, coll. "essai", 2006, quatrième de couverture.
- Appel aux lecteurs/lectrices de "King Kong Théorie" de Virginie Despentes sur www.buzz-litteraire.com
- « Virginie Despentes revient avec un documentaire sur le "féminisme prosexe" » sur www.buzz-litteraire.com
- « La nouvelle érotique by Virginie Despentes » sur www.buzz-litteraire.com
- Manon des sources est devenue lesbienne: Emmanuelle Béart tourne "Bye Bye Blondie" de Virginie Despentes sur
- King-Kong, c'est la femme virile qui dénonce le "système d'émasculation des filles sur www.lestroiscoups.com
- Interview dans Le Matin « Journaliste - C’est quoi votre moteur quand vous écrivez ? Despentes - L’observation. Observer les gens, les choses. »
- Virginie Despentes décape à vif sur www.lexpress.fr
- Interview dans Le Matin « Je n’ai pas vraiment mené un combat féministe, je ne suis pas très militante. Parce qu’écrire est trop prenant, et parce que j’ai encore beaucoup de mal avec les groupes. Moins je vois de gens et mieux je me porte. Donc ça ne va pas trop bien avec une activité politique »
- Virginie Despentes gagne le prix "Trop Virilo" pour sa "poussée de testostérone" sur http://www.lepoint.fr. Consulté le 2/11/2010
- la fiche du film. [consulté le 17/10/10] Voir
- [1] [Consulté le 18/11/10] Voir
- le programme de l'événement Explicite part 1 Yesporno, une manifestation autour de la féminité et de la pornographie Voir
- la présentations de la mise en lecture de King Kong Théorie. [Consulté le 18/11/10] Voir
- Comment prendre une autre forme : une étude sur la traduction anglaise et la version cinématographique du roman Baise-moi de Virginie Despentes, thèse, University of Montana/American University of Paris, 2006. Shandy April Lemperlé,
- (fr) Shirley Jordan, « "Dans le mauvais goût pour le mauvais goût" ? Pornographie, violence et sexualité féminine dans la fiction de Virginie Despentes » sur Google Livres. Consulté le 21 juillet 2011
- (fr) Shirley Jordan, « Revolting Women ? Excess and détournement de genres in the work of Virginie Despentes » sur Google Livres. Consulté le 21 juillet 2011
Liens externes
Catégories :- Virginie Despentes
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