- La Place
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La Place Auteur Annie Ernaux Genre Roman Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur Gallimard Date de parution 1983, écrit entre novembre 1982 et juin 1983. Nombre de pages 103 (dans la collection Folio) ISBN 2070377229 La Place est un roman à caractère autobiographique publié en 1983 par Annie Ernaux chez Gallimard. L’ouvrage a été récompensé par le prix Renaudot.
Sommaire
Histoire
Le roman commence par la mort du père, puis effectue un long flashback sur sa vie. L'auteur, dès les premières pages, annonce son style littéraire: elle compte décrire la vie de son père le plus froidement possible, dans une écriture plate, sans émotions, telle qu'elle lui vient naturellement. Le livre entier est une mise en application de ce principe: Le récit d'une vie simple, à l'aide d'un vocabulaire simple, dans des phrases dépouillées à l'extrême. Il s'agit de la vie d'une famille ouvrière comme il y en avait tant, et du récit de leur ascension sociale.
Analyse
Annie Ernaux n'écrit jamais le nom complet de son père et se contente d'écrire 'A... D...' Aussi elle écrit le nom de ville Yvetot 'Y...' La façon d'écrire de l'auteur peut être interprétée tel le fait d'avoir honte ou même préserver un bout de la vie de son père. Plusieurs interprétations de ce livre sont possibles: l'écriture dépouillée de l'auteur est sujette à confusion. Est-ce une manière exutoire d'extérioriser la douleur causée par la perte du père? Ou bien est-ce une façon d'analyser l'absence totale d'émotion entrainée par ce même décès? Quoi qu'il en soit, s'il est un point sur lequel les différentes analyses se rejoignent, c'est que ce livre représente pour Annie Ernaux une véritable thérapie, que ce soit pour exprimer sa douleur ou tenter d'en expliquer l'absence.
Extrait
- 'Mon père est entré dans la catégorie des gens simples ou modestes ou braves gens. Il n’osait plus me raconter des histoires de son enfance. Je ne lui parlais plus de mes études. Sauf le latin, parce qu’il avait servi la messe, elles lui étaient incompréhensibles et il refusait de faire mine de s’y intéresser, à la différence de ma mère. Il se fâchait quand je me plaignais du travail ou critiquais des cours. Le mot « prof » lui déplaisait, ou « dirlo », même « bouquin ». Et toujours la peur ou peut-être le désir que je n’y arrive pas.
- Il s’énervait de me voir à longueur de journée dans mes livres, mettant sur leur compte mon visage fermé et ma mauvaise humeur. La lumière sous la porte de ma chambre le soir lui faisait dire que je m’usais la santé. Les études, une souffrance obligée pour obtenir une bonne situation et ne pas prendre un ouvrier. Mais que j’aime me casser la tête lui paraissait suspect. Une absence de vie à la fleur de l’âge. Il avait parfois l’air de penser que j’étais malheureuse.
- Devant la famille, les clients, de la gêne, presque de la honte que je ne gagne pas encore ma vie à dix-sept ans, autour de nous, toutes les filles de cet âge allaient au bureau, à l’usine ou servaient derrière le comptoir de leurs parents. Il craignait qu’on ne me prenne pour une paresseuse et lui pour un crâneur. Comme une excuse : « On ne l’a jamais poussée, elle avait ça dans elle. » Il disait que j’apprenais bien, jamais que je travaillais bien. Travailler, c’était seulement travailler de ses mains.
Couverture
La couverture du livre est en fait une photo représentant une chaise dans un café. Nous pouvons ensuite interpréter le fait que cette chaise pouvait être celle du père dans le café-épicerie qu'il possédait. Puis nous comprenons au cours de la lecture du livre qu'il s'agit de la place sociale du père plutôt qu'une place physique.
Éditions
- La Place, Paris, éditions Gallimard, 1983. Coll. Folio Poche, 113 p. (ISBN 2-07-037722-9)
Précédé par La Place Suivi par Avant-Guerre de Jean-Marie Rouart Prix Renaudot 1984 Mes nuits sont plus belles que vos jours de Raphaële Billetdoux Catégories :- Prix Renaudot
- Roman français
- Roman paru en 1983
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