- Annie Ernaux
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Annie Ernaux Annie Ernaux à la 30e Foire du livre de Brive-la-Gaillarde, le 5 novembre 2011Nom de naissance Annie Duchesne Activités écrivaine, professeure de lettres Naissance 1er septembre 1940
Lillebone, Seine-MaritimeLangue d'écriture Français Genres auto-socio-biographie Distinctions Prix Renaudot 1984
Prix Marguerite Duras 2008
Prix François Mauriac 2008
Prix de la langue française 2008Annie Ernaux, née Annie Duchesne[1] le 1er septembre 1940 à Lillebonne, est une écrivaine française.
Sommaire
Biographie
Annie Ernaux passe son enfance et sa jeunesse à Yvetot, en Normandie. Née dans un milieu social modeste, de parents d’abord ouvriers, puis petits commerçants, Annie Ernaux fait ses études à l’université de Rouen. Elle devient successivement institutrice, professeure certifiée, puis agrégée de lettres modernes. Au début des années 1970, elle enseigne au collège d’Evire à Annecy, puis à Pontoise, avant d'intégrer le Centre national d'enseignement à distance[2].
Elle fait son entrée en littérature en 1974 avec Les Armoires vides, un roman autobiographique. En 1984, elle obtient le prix Renaudot pour un de ses ouvrages à caractère autobiographique, La Place.
Les Années, vaste fresque qui court de l'après-guerre à nos jours, publiée en 2008, est récompensée par le prix Marguerite Duras 2008, le prix François Mauriac 2008, le prix de langue française 2008[3] et le prix des lecteurs du Télégramme 2009[4].
En 2011, Annie Ernaux publie L'Autre fille, une lettre adressée à sa sœur, décédée avant sa naissance, ainsi que L'Atelier noir, qui rassemble différents carnets d'écriture constitués de notes, de plans et de réflexions liées à la rédaction de ses ouvrages. La même année une anthologie intitulée Écrire la vie paraît dans la collection « Quarto ». Elle rassemble la plupart des écrits autobiographiques de l'auteur et propose un cahier d'une centaine de pages, composées de photos et d'extraits du journal intime inédit de l'auteure.
En outre, un prix littéraire dont elle est la « marraine » porte son nom : le Prix Annie Ernaux.
Littérature
Très tôt dans sa carrière littéraire, Annie Ernaux délaisse la fiction pour se concentrer sur le matériel autobiographique que constitue son enfance dans le café-épicerie parental d’Yvetot. Mêlant expérience historique et expérience individuelle, ses ouvrages dissèquent l’ascension sociale de ses parents (La Place, La Honte), son adolescence (Ce qu’ils disent ou rien), son mariage (La Femme gelée), sa sexualité (Passion simple, Se perdre), son avortement (L’Événement), la maladie d’Alzheimer de sa mère (Je ne suis pas sortie de ma nuit), puis la mort de sa mère (Une femme), et son cancer du sein (L’Usage de la photo, en collaboration avec Marc Marie).
Style
Annie Ernaux revendique une écriture neutre, « sans jugement, sans métaphore, sans comparaison romanesque », et évoque un style « objectif, qui ne valorise ni de dévalorise les faits racontés », cherchant ainsi à « rester dans la ligne des faits historiques, du document[5]. »
Pour Ernaux, il n'existe « aucun objet poétique ou littéraire en soi », et l'écriture est motivée par un « désir de bouleverser les hiérarchies littéraires et sociales en écrivant de manière identique sur des objets considérés comme indignes de la littérature, par exemple les supermarchés, le RER, et sur d'autres, plus nobles, comme les mécanismes de la mémoire, la sensation du temps, etc., en les associant[6] ».
Elle déclare par ailleurs tenter d'écrire sur la langue du monde ouvrier et paysan normand qui a été le sien jusqu'à ses dix-huit ans : « Ce qui m'importe, c'est de retrouver les mots avec lesquels je me pensais et pensais le monde autour[7] ».
Influence de la sociologie
L'œuvre d'Annie Ernaux est très fortement marquée par une démarche sociologique[8] qui tente de « retrouver la mémoire de la mémoire collective dans une mémoire individuelle[9] ». En tentant d'échapper au « piège de l'individualité », l'œuvre d'Ernaux esquisse une redéfinition de l'autobiographie, selon laquelle « l'intime est encore et toujours du social, parce qu'un moi pur, où les autres, les lois, l'histoire, ne seraient pas présents est inconcevable[10]. »
Dès lors, Annie Ernaux adopte une démarque objectivante empruntée au sociologue, et se considère avant tout comme la somme d'un vécu nourri de références et de caractéristiques collectives :
« Je me considère très peu comme un être singulier, au sens d'absolument singulier, mais comme une somme d'expérience, de déterminations aussi, sociales, historiques, sexuelles, de langages, et continuellement en dialogue avec le monde (passé et présent), le tout formant, oui, forcément, une subjectivité unique. Mais je me sers de ma subjectivité pour retrouver, dévoiler les mécanismes ou des phénomènes plus généraux, collectifs[11]. »
Selon elle, cette démarche sociologisante permet d'élargir le « je » autobiographique traditionnel : « Le "Je" que j'utilise me semble une forme impersonnelle, à peine sexuée, quelquefois même plus une parole de "l'autre" qu'une parole de "moi" : une forme transpersonnelle en somme. Il ne constitue pas un moyen de m'autofictionner, mais de saisir, dans mon expérience, les signes d'une réalité[12]. »
Ainsi, ses ouvrages traitent du « métissage social », de sa trajectoire (fille de petits commerçants devenue étudiante, professeure puis écrivain) et des mécanismes sociologiques qui l'accompagnent.
Lors du décès du sociologue Pierre Bourdieu, Annie Ernaux signe un texte-hommage publié dans Le Monde : « Bourdieu : le chagrin », dans lequel elle revient sur les liens ténus qui unissent son œuvre à la démarche sociologique, les textes de Bourdieu ayant été pour elle « synonymes de libération et de "raisons d'agir" dans le monde ».
Prix
- Prix Renaudot 1984 pour La Place
- Prix Marguerite Duras 2008 pour Les Années
- Prix François Mauriac 2008 pour Les Années
- Prix de la langue française 2008 pour Les Années
- Prix des lecteurs du Télégramme 2009 pour Les Années
Œuvres
Écrits autobiographiques
- Les Armoires vides, Gallimard, 1974.
- Ce qu’ils disent ou rien, Gallimard, 1977.
- La Femme gelée, Gallimard, 1981.
- La Place, Gallimard, 1983.
- Une femme, Gallimard, 1988.
- Passion simple, Gallimard, 1991.
- Journal du dehors, Gallimard, 1993.
- Je ne suis pas sortie de ma nuit, Gallimard, 1997.
- La Honte, Gallimard, 1997.
- L'Événement, Gallimard, 2000.
- La Vie extérieure, Gallimard, 2000.
- Se perdre, Gallimard, 2001.
- L'Occupation, Gallimard, 2002.
- L'Usage de la photo, avec Marc Marie, textes d'après photographies, Gallimard, 2005.
- Les Années, Gallimard, 2008.
- L'Autre fille, Nil, coll. « Les Affranchis », 2011.
- L'Atelier noir, éditions des Busclats, 2011.
Anthologie
- Écrire la vie, Gallimard, coll. « Quarto », 2011.
- Rassemble 11 œuvres de l'auteure, des extraits de son Journal intime, des photos et textes.
Entretiens
- L'Écriture comme un couteau, avec Frédéric-Yves Jeannet, Stock, 2003.
- rééd. Gallimard, coll. « Folio », avec une postface inédite de l'auteure.
- « La littérature est une arme de combat », avec Isabelle Charpentier, Rencontres avec Pierre Bourdieu, sous la direction de Gérard Mauger, éditions du Croquant, 2005.
Textes
- « Visite », Le Figaro, 13 novembre 1984.
- « L'écrivain en terrain miné », Le Monde, 25 avril 1985.
- « Retours », L'Autre Journal, avril 1985.
- « Histoires », Autrement, n° 69, août 1985.
- « Cesare Pavese », Roman, 1986.
- « Quelque chose entre l'histoire, la sociologie, la littérature », La Quinzaine littéraire, n° 532, 1989.
- « Littérature et politique », Nouvelles nouvelles, n° 15, 1989.
- « Images, questions d'URSS », Europe, 1989.
- « Vers un "Je" transpersonnel », RITM, n° 6, 1994.
- « Tout livre est un acte », Europe, n° 784-785, août-septembre 1994.
- « L’Enfance et la déchirure », Europe, n° 798, octobre 1995.
- « Fragment autour de Philippe V. », L'Infini, n° 56, 1996.
- « De l’autre côté du siècle », Nouvelle revue française, n° 550, juin 1999.
- « Bourdieu : le chagrin », Le Monde, 5 février 2002.
- « Mise à distance », Revue des deux mondes, juillet-août 2003.
- « Le Fête », Le Monde, 14 octobre 2006.
Ouvrages collectifs
- « Leipzig, passage », Instants, collectif, recueil de l'Institut français de Leipzig, 1991.
- Postface à La Névrose de classe. Trajectoire sociale et conflits d'identité, collectif, édition Hommes et groupes, 1992.
- Acteurs du siècle, collectif, éditions Cercle d'Art, 2000.
- « L'Homme de la poste, à C. », Nouvelles à coucher dehors, collectif, Julliard, 2003.
- Préface à Annie Ernaux : une œuvre de l'entre-deux, collectif, Artois Presses Université, 2004.
- « Toutes les images disparaitront », Nomadismes des romancières contemporaines de langue française, collectif, Presses Sorbonne Nouvelle, 2008.
- Écrire mai 68, collectif, éd. Argol, 2008.
Audios
Bibliographie sur Annie Ernaux
- Danielle Bajomée et Juliette Dor (dir.), Annie Ernaux. Se perdre dans l'écriture de soi, Rodopi, 2011.
- (en) Loraine Day, Writing shame and desire : the work of Annie Ernaux, Peter Lang, 2007.
- Francine Dugast-Porte, Annie Ernaux : étude de l'œuvre, Bordas, 2008.
- Denis Fernandez-Recatala, Annie Ernaux, éditions du Rocher, 1994.
- Élise Hugueny-Léger, Annie Ernaux, une poétique de la transgression, Peter Lang, 2009.
- Adrien Scharff, Le Temps et le moi dans l'œuvre d'Annie Ernaux, Le Manuscrit, 2008.
- (en) Siobhán McIlvanney, Annie Ernaux : the return to the origine, Liverpool University Press, 2001.
- Lyn Thomas, Annie Ernaux à la première personne, Stock, 2005.
- Claire-Lise Tondeur, Annie Ernaux ou l'exil intérieur, Rodopi, 1996.
- Fabrice Thumerel (dir.), Annie Ernaux : une œuvre de l’entre-deux, Paris, Artois Presses Université, 2004.
Voir aussi
Adaptations
- Cinéma
- L'Autre, d'après L'Occupation, réalisé par Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard, 2008.
- Théâtre
- La Femme gelée, mise en scène de Jeanne Champagne, Théâtre du Chaudron, 2002.
- Se perdre, mise en lecture dirigée par Panchika Velez, Arguia Théâtre, Dax, 2002.
- Passion simple, mise en lecture dirigée par Panchika Velez, Arguia Théâtre, Dax, 2002.
- Passion simple, mise en scène de Zabo, Agen, 2007.
- L'Événement, mise en scène de Jean-Michel Rivinoff, Théatre Girasole, Festival d'Avignon, 2011[13].
- L'Immigrée de l'intérieur, d'après La Place, mise en scène de Jean-Michel Rivinoff, La Halle au grain, Blois, 2012[14].
Documentaire
- Annie Ernaux : des vies couchées sur le papier, réalisé par Timothy Miller, 2000.
Notes et références
- NiL, 2011, p. 12.) « Mon nom de jeune fille, Duchesne » (L'Autre fille, Paris,
- (fr) Annie Ernaux, Cercle-enseignement.com, consulté le 12 octobre 2011.
- (fr) Annie Ernaux : prix de la langue française, Etat-critique.com, consulté le 10 octobre 2011.
- (fr) Prix des lecteurs du Télégramme 2009, Le Télégramme, 3 mai 2009.
- Guy Allix et Martine Margueritte, Autour de La Place avec Annie Ernaux.
- Frédéric-Yves Jeannet, Paris, Stock, 2003, p 80-81 L'Écriture comme un couteau, entretiens avec
- Annie Ernaux, La Honte (1997), Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2008, p. 13.
- Christian Baudelot, « Briser des solitudes... Les dimensions psychologiques, morales et corporelles des rapports de classe chez Pierre Bourdieu et Annie Ernaux », Annie Ernaux : une oeuvre de l'entre-deux, études réunies par Fabrice Thumerel, Arras, Artois Presse Université, 2004, p. 165-176.
- Les Années, Paris, Gallimard, 2008, p. 239. Annie Ernaux,
- Annie Ernaux, L'Écriture comme un couteau, op. cit. p. 152.
- Annie Ernaux, L'Écriture comme un couteau, op. cit., p. 148.
- Annie Ernaux, « Vers un Je transpersonnel », RITM, Université Paris X, n°6, 1994
- (fr) Avignon Off : L’événement d’après Annie Ernaux au Théâtre Girasole, Arts-spectacles.com, 28 juin 2011.
- (fr) L'Immigrée de l'intérieur, Théâtre-contemporain.net, consulté le 11 octobre 2011.
Lien externe
- [vidéo] Vidéos d'émissions avec Annie Ernaux sur Ina.fr
- Annie Ernaux sur Fluctuat.net
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