Paul Ricard

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Paul Ricard est un chef d’entreprise et entrepreneur français né à Sainte-Marthe (Marseille) le 9 juillet 1909 et décédé le 7 novembre 1997. Il est le créateur du pastis Ricard. Son entreprise est actuellement intégrée dans le groupe Pernod Ricard. Il y a une seule rue qui porte son nom. Elle est située dans un petit village du nord de la France, Vendeville. En 2008, la ville de Marseille a rendu hommage à Paul Ricard en dédiant une place sur la corniche. La place Paul Ricard a été inaugurée par le maire de Marseille sur la Corniche en présence de son fils Patrick Ricard.

Sommaire

Avant la légende

Paul Ricard est le fils d'un négociant en vins. Le 16 mars 1915, sous la pression des ligues de vertu et viticole, l'absinthe (qui mène au delirium tremens) est interdite au prétexte qu'elle rend fou et criminel. Cette interdiction n'est actuellement plus en vigueur.

Les consommateurs doivent se contenter de liqueurs anisées à 40° – La Cressonnée, la Tommysette, l'Amourette, Berger et le déjà célèbre Pernod – dont les ventes sont autorisées depuis 1922. On leur donne alors le nom de pasticchio, mot d'origine italienne signifiant situation trouble ou méli-mélo.

Paul Ricard tente de fabriquer son propre pastis et en faire le plus apprécié des consommateurs. Dans un petit laboratoire de fortune qu'il a aménagé chez lui avec un alambic, il consacre son temps à faire des mélanges, à tester les arômes comme la réglisse et des plantes provençales.

1932, l'année de la libération

Le 7 avril 1932, un décret libéralise la fabrication et la vente de boissons anisées à 40°. Paul Ricard vient de créer la recette originale de son pastis auquel il donne son nom. Il commence ainsi à faire le tour des bistrots et cafés de la ville, pour se faire connaître et se faire une clientèle, car la concurrence est rude à Marseille.

En huit mois, 250 000 bouteilles sont vendues. Paul Ricard s’occupe de tout : il conçoit lui-même le fameux broc à bec verseur, il dessine les affiches publicitaires qui ornent les premiers camions de livraison de l’entreprise. Très vite, la marque sort du seul territoire marseillais.

En 1936 c’est Lyon qui découvre la boisson. En 1938 un décret porte la teneur d’alcool du « pastaga » à 45° et permet ainsi à la saveur du pastis de prendre de l'importance. Enfin, Paris est touché en 1939, à grand renfort de publicité. Cette année-là, des bouteilles font leur apparition en Espagne, en Italie et en Afrique du Nord. L’expansion se confirme mais les évènements vont la contrarier pendant quelques années.

La parenthèse des années noires

En 1940, c’est la défaite de l'armée française et la naissance du Régime de Vichy dans la zone libre. L’État français lance sa « Révolution nationale » et le pastis fait partie de ce qui devient interdit.

Le coup est dur mais Paul Ricard se reconvertit dans l’agriculture en prenant possession du domaine de Méjanes, en Camargue : on y pratique la riziculture et l’élevage. En employant son personnel, il leur évite le STO. Pour compléter cette activité, il exploite l'eau minérale du Pestrin, une source acquise en Ardèche, produit des jus de fruits et les distille pour fournir une boisson alcoolisée à la Résistance. Il aimait répéter à ses proches interlocuteurs « J'emmerde le maréchal Pétain »[réf. nécessaire].

À la Libération, la déception va être d’autant plus grande que le nouveau gouvernement ne révoque que partiellement les dispositions de Vichy en n’autorisant que les apéritifs à 40°.

Une marque mondiale

En 1951, le 45° est enfin rétabli. Revers de la médaille, la publicité des apéritifs anisés par affichage ou voie de presse est interdite. Après la guerre, Paul Ricard se rend aux États-Unis lors d’un voyage organisé pour des entreprises françaises. Il y découvre la recette du succès des firmes américaines : une organisation très professionnelle, une proximité des dirigeants et des employés, une concertation de tous les instants avec les syndicats et aussi la pratique du sponsoring.

En revenant en France, Paul Ricard décide de prendre les devants et de lancer l’entreprise dans une voie encore très peu connue dans le pays, celle du parrainage : en 1948 la caravane du tour voit apparaître des véhicules insolites arborant le jaune et bleu ricard. Le soir, des concerts gratuits réunissant les stars et les espoirs du moment (Darcelys, Tino Rossi, Charles Trenet, Annie Cordy) distraient les spectateurs. En 1956, en pleine crise de Suez et pénurie de pétrole, il organise la « caravane de la soif », avec une livraison de Ricard dans Paris à dos de chameau. En 1961, il emmène tout son personnel en train à Rome et le pastis se voit béni par Jean XXIII.

En l'an 2000 l'entreprise fête ses deux milliards de bouteilles vendues. Paul Ricard innove aussi dans son entreprise : les salariés sont à la pointe du progrès social des trente glorieuses et même si ses détracteurs le taxèrent de « paternalisme », il n’empêche que les conditions de travail du personnel firent beaucoup d’envieux : participation aux bénéfices, intéressement, protection sociale, épargne retraite, le tout entraîné par un véritable esprit d’équipe.

En 1968, Paul Ricard décide de passer la main : Bernard Ricard prend la relève puis, cède sa place à Patrick Ricard. Dans les années 1970, Ricard fusionne avec son ennemi de toujours Pernod. Aujourd’hui, le groupe est l’un des leaders mondiaux des vins et spiritueux.

Le mécène

Parallèlement à son entreprise, Paul Ricard a été mécène, et s’est engagé dans de nombreuses aventures par défi ou conviction.

En sport, Paul Ricard, qui possédait près de Signes, village dans l’arrière-pays varois dont il fut le maire, un vaste domaine de mille hectares, fait construire à côté d’un aérodrome le circuit du Castellet, qui va très vite devenir une référence des sports mécaniques : la F1 en 1971 (et jusqu’en 1990), les grands prix moto et le Bol d’Or. Le circuit a été racheté en 1999 par Bernie Ecclestone, le patron de la F1, qui en a fait un circuit de tests ultra moderne, mais sans spectateurs ni compétitions. Il fut aussi le mécène du navigateur Alain Colas en 1973 puis soutint Éric Tabarly en 1978 pour la conception de l'Hydrofoil, l'ancêtre de l'Hydroptère : amoureux de la mer et propriétaire d’un bateau de croisière, le Garlaban, du nom de la montagne de son enfance, Paul Ricard fit parler la passion. Dans sa ville natale, Marseille, il est l'instigateur, avec l'appui du directeur du quotidien La Marseillaise, Michel Montana et de son directeur national des ventes de l'époque, Charles Pasqua du Mondial La Marseillaise de pétanque, dont la première édition eu lieu en 1961.

La loi Barzach en 1987, interdisant le sponsoring sportif pour les marques d’alcool, condamna le groupe à se retirer de ce domaine.

Dans les arts et la culture, Paul Ricard mit en place dans les années 1960 la Fondation Paul-Ricard qui avait pour objectif de révéler et de promouvoir de jeunes talents de la littérature, de la peinture et bien d’autres. Il était passionné par la peinture et fit l’acquisition de la « Pêche au thon » de Salvador Dali. La marque a toujours continué cette politique, même après le départ du patron, avec la création en 1988 de la Ricard SA Live Music qui organise des concerts, dont certains gratuits, avec des stars nationales et internationales, ainsi que la fondation d'entreprise Ricard dédiée a la promotion de l'art contemporain.

Paul Ricard s’investit aussi dans la tauromachie, avec les clubs taurins qui aujourd’hui encore participent activement à l’organisation de manifestations et de fêtes autour de cette tradition.

Certains voient dans toutes ces actions philanthropes une stratégie de lobbying classique revalorisant l'image de l'alcoolier et contribuant à la publicité du groupe.

L’affaire des « boues rouges » et des pollutions des usines Pechiney qui défraya la chronique dans les années 1960 incita Paul Ricard à faire édifier sur l’île des Embiez, dont il fit l’acquisition en 1958, l’institut océanographique : cet institut, toujours en activité, mit en œuvre de nombreux programmes de recherche sur la biodiversité et la protection de l’environnement. Un aquarium, un musée et de nombreuses journées découverte pour les écoliers complétaient cet ambitieux projet auquel collabora Alain Bombard.

Paul Ricard fit l’acquisition de deux îles : les Embiez, au large de Six-Fours-les-Plages, et qui est un haut lieu touristique de la Côte d’Azur ainsi que l’île de Bendor au large de Bandol, un endroit plus intimiste et plus personnel. Paul Ricard manifesta son amour de la mer et de la nature jusque dans ses derniers jours : il repose aujourd’hui sur une pointe des Embiez, face au grand large.

Paul Ricard maire

Paul Ricard fut maire de Signes, village du Var proche du circuit du Castellet, entre 1972 et 1980. Il y possédait une propriété immense. Il se posa durant son mandat en défenseur de la ruralité, de la sociabilité villageoise et de l'environnement : il dénonça souvent les grandes enseignes marchandes qui tuaient le petit commerce ou encore les négligences dans la gestion des espaces forestiers. Ainsi Paul Ricard dénonça le peu d'intérêt de l'État dans ce domaine en adressant au président Georges Pompidou une lettre appelée « Quand toute la forêt aura brûlé, il n'y aura plus d'incendie ». une place y porte son nom.

Sources

  • Marie-France Pochna,Paul Ricard, l’homme qui se ressemble, éditions PAU, 1996.
  • Paul Ricard, La Passion de créer, Albin Michel, 1981.
  • Merry Bromberger - Comment ils ont fait fortune, 1954 (Plon)

Voir aussi

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Paul Ricard de Wikipédia en français (auteurs)

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