Parti démocrate (États-Unis)

Parti démocrate (États-Unis)
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Parti démocrate
Democratic Party
Image illustrative de l'article Parti démocrate (États-Unis)
Logo officiel
Présentation
Président Debbie Wasserman Schultz
Fondation 1824 (moderne)
1792 (historique)
Siège 430 South Capitol Street SE
Washington, D.C. 2003
Idéologie Progressisme, Libéralisme américain,
Social-libéralisme
Centrisme
Affiliation internationale Alliance mondiale des démocrates
Couleurs bleu (officieux)
Site web www.democrats.org
Présidents
Sénat Harry Reid
Chambre des représentants Nancy Pelosi
L'âne, l'ancien logo du Parti démocrate

Le Parti démocrate est un parti politique américain qui s'oppose dans le système bipartite au Parti républicain. Il est l'une des plus grosses organisations politiques mondiales (72 millions d'inscrits pour les primaires en 2004).

Le Parti démocrate conçoit la société comme une union des communautés de citoyens. Il veut assurer la protection égale de leurs droits particuliers, notamment pour les moins puissants. Il est donc traditionnellement la « grande tente » dans laquelle les minorités se retrouvent[1], qu'elles soient ethniques (afro-américains depuis le New Deal, hispaniques), religieuses (catholiques, juifs) ou sociologiques (intellectuels, artistes). Son principal adversaire, le Parti républicain, est considéré a contrario comme un parti White Anglo-Saxon Protestant, visant à imposer la force de l'Union par le respect des valeurs centrales qui permettent la réussite des meilleurs, proche des milieux d'affaires et financiers, soutenu par les professions libérales et les entrepreneurs.

Le Parti démocrate est issu du Parti démocrate-républicain fondé par Thomas Jefferson en 1798. Doyen des partis américains, c'est à l'origine un parti anti-fédéraliste défendant la liberté des États face au pouvoir fédéral, et celle des propriétaires individuels face aux intérêts bancaires et industriels. Il évolue nationalement vers une vision moins conservatrice[non neutre]et moins libertarienne dès les années 1890, et plus nettement dans les années 1930 avec le New Deal du président Franklin Roosevelt, en valorisant le rôle de l'État dans la protection des minorités. Dans les années 1960 et 70, il s'inscrit à gauche sous l'impulsion des sénateurs Hubert Humphrey, George McGovern ou Edward Kennedy, avant de se replacer vers le centre sous les mandats de Jimmy Carter et Bill Clinton.

Localement, le Parti démocrate reste souvent beaucoup plus conservateur[réf. nécessaire]et proche de son adversaire républicain, notamment dans l'ouest, le centre et le sud des États-Unis où il a aussi longtemps disposé du soutien des Dixiecrats – les ségrégationnistes des États du Sud, qui avaient notamment fait obstruction au Congrès et au niveau des États en 1964 pour empêcher l'adoption de la loi sur les droits civiques. Au contraire, dans la région de la baie de San Francisco en Californie, dans le Puget Sound (Seattle et le comté de King dans l'État de Washington, le centre de l'Oregon) et l'Ouest des Grands Lacs (Minnesota et Wisconsin), les branches du Parti démocrate se situent plus à gauche.

Sommaire

Histoire

Le parti du peuple et des États (1793 - 1860)

Le parti de Jefferson : droit des États et de l'individu

L'ancêtre de l'actuel parti démocrate est le parti démocrate-républicain de Thomas Jefferson et James Madison qui s'était constitué entre 1793 et 1798 face au parti fédéraliste de George Washington et de John Adams.

Le débat entre partisans d'une unité centralisée (fédéraliste) et partisans du droit des États et de l'individu marque les premières années des USA. Les fédéralistes sont dirigés par Adams, puritain, anglophile, soutenu par la bourgeoisie du nord qui s'inquiète des désordres populaires. Les démocrates-républicains défendent l'idéal Jeffersonien d'un peuple de petits propriétaires indépendants et égaux. Proche des valeurs de la révolution française, ce parti refuse qu'une élite urbaine financière limite leurs particularismes et leur droit à l'expansion (conquête de l'Ouest, libre commerce). Cela conduit le parti à s'opposer aux taxes fédérales et à une banque centrale contrôlant la monnaie, ce qui en fait un partisan du libéralisme en économie. Le parti s'affiche contre les empiètements de l'État fédéral. Indirectement, en refusant une loi fédérale abolissant l'esclavage, il soutient l'« institution particulière », ce qui le rend très populaire dans l'électorat du Sud (qui exporte le coton et est donc favorable à des droits de douanes faibles).

Avec la victoire à la présidence de Jefferson en 1800, l'achat de la Louisiane qui double les terres ouvertes aux fermiers pour la « poursuite du bonheur », et la fin de la guerre de 1812 contre la Grande-Bretagne qui assure la liberté du commerce et rend possible la doctrine Monroe (« l'Amérique aux Américains »), les démocrates-républicains prennent durablement le pouvoir. La régionalisation puis la disparition du parti fédéraliste, permet au parti démocrate d'être, pendant une trentaine d'années, le seul parti politique national d'importance des États-Unis (1795/1825). Il est alors dirigé par de grands propriétaires virginiens, Madison et Monroe succédant à Jefferson à la présidence.

Les Démocrates Jacksoniens : un populisme conquérant

Le parti Républicain-démocrate se divise vers 1825. La montée électorale du représentant des fermiers de l'Ouest, le populiste Andrew Jackson, provoque l'inquiétude des élites virginiennes et puritaines qui finissent par lui préférer le fils de John Adams, John Quincy Adams qui crée le parti national-républicain. Cette scission entraîne un changement de nom du parti de Jackson, qui prend rapidement le nom de Parti démocrate. Adams étant connu pour son antiesclavagisme, Jackson reçoit le soutien du Sud grâce au sénateur Calhoun, important porte parole des états esclavagistes, théoricien du droit de « nullification » des lois fédérales par les états locaux. Jackson en outre, par son opposition populiste à l'élite Wasp, attire les fermiers de l'ouest et les nouveaux arrivants, en particulier catholiques (Irlandais puis Italiens). Le parti démocrate les fédère autour de la machine politique à New York que domine Van Buren un descendant de Hollandais qui a le soutien des locofocos (démocrates qui défendent les classes populaires). Cette coalition permet la victoire de Jackson à la présidentielle de 1829. Le peuple envahit la maison blanche et la fonction publique est contrôlée par les démocrates de la fonction publique (spoils system).

De 1833 à 1856, le parti de Jackson est principalement opposé au Parti whig. Ce parti, issu des partisans d'Adams, reconstitue un certain idéal fédéraliste, représente les milieux d'affaires du nord du pays voulant une économie de marché moderne, axée sur l'éducation morale, des droits de douane protégeant l'industrie et une banque centrale stabilisant la monnaie. Pour les Whigs, le commerce et les infrastructures ont plus de poids que la main-d'œuvre et la possession de terres. Ils reprochent à Jackson son autoritarisme et son populisme. Le parti de Jackson a une implantation sociale et géographique éloignée des élites urbaines: les migrants, les colons de l'ouest, le sud esclavagiste et les minorités new-yorkaises ou bostoniennes se reconnaissent dans le populisme de Jackson ou l'autorité de Polk. Les chefs du parti conduisent une politique clientéliste, ouvrant de nouvelles terres à la conquête, politique annexionniste vis-à-vis des indiens, de la frontière Canadienne et du Mexique (Polk). Mais le parti ne parvient ni à juguler la crise économique de 1837, liée à leur politique financière, ni, surtout à trouver un compromis durable sur l'esclavage dans les terres conquises : les Démocrates du Nord (dont Van Buren) y sont hostiles, alors que l'extension est essentielle pour ceux du Sud qui se reconnaissent dans l'argumentation quasi sécessionniste de Calhoun qui finit par entrer en conflit avec Jackson et Polk.

Un parti dominé par la composante sudiste et conservatrice (1860-1880)

Le parti de la sécession

Le Democratic National Committee (DNC) est structuré en 1848 pour tenter de conserver l'unité du parti, difficile à maintenir. Même si le parti adverse whig est lui aussi divisé et moribond à cause de ses ambiguïtés sur les annexions et sur la question esclavagiste, les présidents démocrates ne parviennent ni à maintenir ni à trouver un compromis sur la question de l'esclavage : l'ancien président Van Buren crée un parti antiesclavagiste, Fillmore partisan du retour à un compromis Nord/Sud perd le soutien des sudistes de son parti, et son successeur Buchanan plus favorable à l'extension de l'esclavage, ne peut empêcher la rupture entre pro et antiesclavagistes, à la fin des années 1850. Le parti se divise. Devant la crise des deux grands partis, se crée le parti républicain composé d'antiesclavagistes des deux bords. Lors de l'élection présidentielle de 1860, le parti démocrate ne peut se mettre d'accord sur un candidat et se divise entre démocrates du Nord (candidat Stephen A. Douglas modéré) et démocrates du Sud (John Cabell Breckinridge esclavagiste). Cette division face au candidat Whig affaibli et surtout au parti républicain qui présente Abraham Lincoln permet à celui-ci d'être élu alors qu'il est minoritaire en voix.

La défaite démocrate entraîne la sécession des États et des élus du Sud qui font du démocrate esclavagiste Jefferson Davis leur nouveau président. La Guerre de Sécession dure jusqu'en 1865, année de la victoire des Nordistes. Les démocrates du nord se divisent entre les pacifistes Copperheads et quelques unionistes qui rejoignent Lincoln (ainsi Andrew Johnson, seul sénateur démocrate antisécessionniste, colistier pour sa réélection). À la fin de la guerre les États rebelles sont privés du droit de vote lors des premières années de la période de la reconstruction après la guerre de sécession. Privé du « solide Sud » le parti démocrate est laminé par les Républicains. Après l'assassinat de Lincoln, le démocrate Johnson devient président mais, isolé face à la majorité républicaine et considéré comme un traitre par les sudistes, il échappe de peu à une procédure d'impeachment. Dès 1868, la présidence revient pour de longues années aux républicains, les démocrates ne présentant pas vraiment de candidat en 1872 (soutien à Horace Greeley).

Le parti des oppositions à la « reconstruction »

Le parti démocrate devient, après 1877, lorsque tous les anciens États confédérés ont été rétablis dans leurs droits et que l'occupation des troupes nordistes a pris fin, le refuge de tous les anciens esclavagistes et des ségrégationnistes. Jusqu'en 1964, où le candidat républicain l'emportera sur Lyndon Johnson dans ces États, le Sud reste un bastion électoral imprenable où le parti démocrate fait souvent figure de parti unique et où les divergences politiques ne s'expriment qu'en son sein, opposant les populistes, les conservateurs et les modérés.

Dans les États du Nord, le parti démocrate appuie son électorat sur les immigrants de la Nouvelle-Angleterre, particulièrement des Irlandais catholiques qu'ils avaient protégé contre l'hostilité des « natifs »; dans les États de l'Ouest, il est l'expression des classes populaires immigrées d'Europe, qui sont en butte avec l'administration républicaine au sujet des tarifs douaniers et de la restriction monétaire.

Ainsi, face à un parti républicain, regroupant les WASP aisés et les esclaves libérés du Sud, le parti démocrate recueille les suffrages des blancs du Sud, des autres minorités ethniques juives et catholiques, des couches populaires, ouvrières et des immigrants récents du nord-est. Les historiens socio-culturels notent une opposition entre les « piétistes » républicains (religion individuelle morale en lien direct avec la transcendance) et les « liturgistes » démocrates (membres de communautés reconnaissant l'intercession d'un clergé pour une présence immanente du mystère divin). Cette opposition n'est pas que théorique: elle a un rôle électoral quand, par exemple, les piétistes entendent prohiber l'alcool.

Les réformistes face à la machine démocrate (1877-1920)

Entre bossisme et réformisme: du compromis de 1877 aux victoires de Cleveland

Face à la domination des républicains les démocrates fédèrent les couches dominées (nouveaux habitants de l'ouest, blancs du sud et migrants catholiques et juifs des villes côtières). Ils menacent ainsi les Républicains en particulier lors de l'élection de 1876, largement frauduleuse, où leur candidat, le New-Yorkais Samuel Jones Tilden est majoritaire en voix. En échange de l'élection les Républicains doivent concéder un compromis dans les États du Sud : ils mettent fin à la « reconstruction » retirent l'armée et rendent le pouvoir local aux blancs démocrates. La cour suprême réduit les droits (notamment du vote) des afro américains: le Sud est redevenu un bastion démocrate ségrégationniste. Ailleurs, le parti démocrate, en particulier à New York dans l'immeuble Tammany Hall s'organise comme un réseau d'entraide, de patronage. Le système du bossisme y domine, avec pour effet de réduire le parti à une machine électorale et clientéliste. Vers 1880, l'immobilisme et la corruption, voire la fraude sont communs aux deux partis.

Devant la multitude des scandales et du favoritisme (culminant avec l'assassinat du président républicain Garfield par un militant déçu), une génération nouvelle efficace, morale et rigoureuse, réforme profondément les pratiques et bouscule les vieilles machines électorales. La chute de William Tweed, démocrate de New York, assainit le parti démocrate, en partie grâce à Samuel Jones Tilden. Le magistrat démocrate Grover Cleveland de l'État de New York obtient l'investiture de son parti en 1884 sur sa réputation réformiste. Leader d'une fraction du parti, les démocrates Bourbons très libéraux en économie, hostiles à toute intervention de l'État central sur l'économie, il parvient à remporter l'élection présidentielle face aux républicains divisés en 1884 et en 1892 (étant majoritaire en voix en 1888 quoique battu). Il a su entraîner une partie de l'électorat républicain : son réformisme lui attire la sympathie de certains jeunes républicains, les Mugwumps (dont Théodore Roosevelt) et son orientation très libérale en économie lui vaut la bienveillance des milieux boursiers. Pendant son mandat, Cleveland s'oppose systématiquement à toute intervention de l'État fédéral en faveur d'un groupe particulier (y compris les anciens combattants invalides de la guerre de sécession). Sa politique étrangère se refuse à de nouvelles annexions (Hawaï) et renoue avec la doctrine Monroe, s'opposant par des interventions au Venezuela aux impérialismes européens en Amérique centrale.

L'échec de la tentative populiste de Bryan et la victoire de Wilson

Toutefois ce réformisme libéral de Cleveland échoue lors de la crise économique de 1893. Dans son propre parti, le courant populiste des fermiers de l'ouest lui reproche sa politique de restriction monétaire, son soutien aux milieux financiers et son action contre les grèves. Sous l'impulsion de William Jennings Bryan, orateur inspiré, le parti adopte la plateforme du mouvement populiste. Cela le réoriente économiquement à gauche, comme partisan d'une plus grande circulation de la monnaie (bimétallisme) tout en restant sociétalement très conservateur et religieux. Bryan y perd le soutien des milieux d'affaire et échoue successivement trois fois contre les républicains, en particulier contre Théodore Roosevelt le républicain réformateur, impérialiste et nationaliste qui donne à la présidence un rôle hyperactif et « vole » aux démocrates le thème de la croisade antitrust.

Le parti, devant l'échec de la voie populiste, se tourne, en 1912, vers un progressiste universitaire, axant son action sur ses principes moraux et sa rigueur. Woodrow Wilson se fait le champion de la lutte contre la corruption et les promoteurs, de la prise en compte de la volonté populaire (primaires au suffrage universel pour empêcher les jeux d'appareil). Il profite de la brouille des républicains entre l'ancien président et son successeur : l'élection de 1912 est une triangulaire où la conception démocratique (nouvelle liberté) de Wilson l'emporte sur la vision autoritaire de la new nation de l'ancien président Théodore Roosevelt et sur le Big Business des monopoles qui soutiennent le président républicain sortant Taft.

Au pouvoir, Wilson applique une politique démocrate à partir d'un pouvoir exécutif fort (conformément à ses théories politiques): il élargit le rôle du suffrage direct (pour le XVIIe amendement sénat, et en donnant le droit de vote aux femmes) protège l'électorat du Sud ségrégationniste, les migrants (tentative de veto à des mesures anti-migration) les minorités (nomination d'un juif à la cour suprême) il fait voter des lois pour les fermiers, les travailleurs du rail, contre le travail des enfants (loi invalidée par la cour suprême), contre les trusts et permet la création d'un impot sur le revenu baisse les droits de douane. Mais il concède aussi à ses adversaires politiques en restant proche de la vision de l'exécutif de Théodore Roosevelt, en acceptant la création d'une réserve fédérale et en accédant à une revendication des moralistes (la prohibition de l'alcool).

En politique étrangère, Wilson pratique un interventionnisme mesuré (non impérialiste), visant à l'extension de la démocratie et à l'établissement d'une Société des Nations. Cela explique ses actions militaires en Amérique centrale l'intervention de 1917 au Mexique puis son entrée en guerre tardive en 1917 (alors qu'il faisait campagne pour la paix en 1916 lors de sa réélection). Cela provoque la démission de l'ancien leader démocrate, Bryan, resté pacifiste et assez rapidement l'hostilité de la population. Wilson prend momentanément pendant la guerre, des mesures de dirigisme économique qui peuvent avoir inspiré le new deal.

La crise des années 1920

Face aux républicains à nouveau unis, isolationnistes, s'étant ralliés les milieux affairistes et moralistes (prohibition), les démocrates perdent l'élection de 1920. Les républicains dominent à nouveau la scène jusqu'en 1932. Les démocrates, malgré l'activité de certains leaders locaux (comme le cousin éloigné de l'ancien président T.Roosevelt, Franklin Roosevelt à New York, candidat à la vice présidence) ne peuvent faire face à la machine républicaine qui accompagne la croissance rapide de l'économie et souffrent dans les villes de la montée de mouvements de gauche (socialistes de Debs par exemple). Le parti peine à trouver un projet commun. Il est fortement divisé sur la question de la prohibition ou sur celle de la condamnation du Ku Klux Klan (repoussée d'une voix lors de la convention de 1924).

En 1927, André Siegfried décrit ainsi le parti démocrate :

« la tradition démocrate réside essentiellement dans la défense des minorités, des non-organisés. De ce fait, le parti ne trouve pas d'unité dans un principe constructif ; son esprit véritable est celui de l'opposition; il ne maintient sa raison d'être que dans une perpétuelle et changeante coalition de mécontents. Protéger les immigrants contre les assimilateurs; l'individu contre l'État, combattre l'oppression légale et sociale de la majorité, revendiquer pour les communautés locales, contre le gouvernement central, le droit de régler elles-mêmes leurs problèmes, c'est-à-dire préserver les États contre l'emprise excessive de la fédération... C'est toujours une clientèle locale brimée, ou s'estimant telle, qu'il soutient : le Sud contre le Nord, l'Ouest agricole contre l'Est capitaliste, les grandes cités cosmopolites contre l'américanisme protestant. Ses victoires sont nombreuses, mais elles restent de caractère local : gouverneurs, législatures d'États... »

Des années 1930 aux années 1970 : l'orientation progressiste

L'ère rooseveltienne

Face à la crise de 1929, et à l'échec du laisser-faire initial des républicains, les démocrates emportent l'élection de 1932. Franklin Roosevelt conduit la politique du New Deal qui ramène durablement les démocrates au pouvoir grâce à un programme progressiste volontariste et keynésien. Il met ainsi fin à l'image rétrograde du parti en se faisant le champion de l'État-Providence à l'européenne. Son interventionnisme social et économique est une nouveauté pour les démocrates jusqu'ici antidirigistes. Sa politique est donc contestée par la cour suprême, par des démagogues, ou par des conservateurs, qui, y compris dans son parti lui reprochent soit son « socialisme » (ainsi son vice-président John Nance Garner ou Wendell Willkie, un démocrate qui devient républicain et son opposant lors de la présidentielle de 1940), soit son interventionnisme antinazi (l'ambassadeur Joseph Kennedy). Toutefois la reprise économique puis les victoires militaires de la Seconde Guerre Mondiale permettent à Roosevelt d'être trois fois réélu et aux démocrates de dominer le congrès. La société américaine est profondément changée par la puissance nouvelle donnée au rôle social et économique donné à l'État.

Son successeur Harry Truman fait difficilement face à une remontée des républicains au Congrès. Il ne parvient pas à imposer tout à fait sa politique sociale ambitieuse et se laisse déborder par la croisade anticommuniste qu'il avait pourtant tout d'abord approuvée, le maccarthisme (le vice-président de la commission était un démocrate, un des frères Kennedy, et cette politique était soutenue à l'époque par l'acteur syndicaliste démocrate Ronald Reagan qui se rapproche alors des Républicains). Cela lui fait perdre le soutien de l'aile la plus progressiste du parti (incarnée par Henry Wallace) ce qui entraîne une progressive rupture avec la jeunesse, pendant que les electeurs du Sud s'inquiètent des réformes sociales et antiségrégationnistes ce qui affaiblit le parti de Roosevelt et Truman. Les démocrates continuent de fédérer les minorités (catholiques italiens hispaniques ou irlandais, juifs) et les ouvriers (parmi lesquels des noirs du nord) qui se sentent désormais protégés par un État social. Mais la classe moyenne en particulier dans les États conservateurs du Sud, très attachée à la ségrégation et très anticommuniste, s'inquiète de l'orientation sociale et ouverte aux Afro-Américains du parti.

La question raciale et l'ère Kennedy

Le parti est divisé entre conservateurs du sud et modernistes progressistes des villes sur la question de la ségrégation raciale. Dès la fin des années 1940, les Démocrates du Nord, sous l'impulsion du Président Harry Truman et du Sénateur Hubert Humphrey, se prononcent pour la fin des inégalités de traitement entre Blancs et Noirs d'abord dans l'armée puis dans la société civile. C'est la consternation chez les « Southern Democrats » ségrégationnistes (les Dixiecrats): ils soutiennent à l’élection présidentielle de 1948 Strom Thurmond, le gouverneur démocrate de Caroline du Sud contre le Président démocrate sortant Harry Truman. Thurmond n'obtient que 2,4 % des suffrages au plan national, mais remporte la majorité dans 4 États du Sud, soit 39 votes des Grands électeurs ce qui manque de faire perdre Truman face à Dewey et contribue au recul des démocrates face aux républicains.

Durant les années 1950, le parti démocrate retrouve un semblant d'unité face à la présidence de Dwight Eisenhower, mais ne peut faire gagner Adlai Stevenson. En 1960, la dynamique campagne de John Kennedy face à Richard Nixon permet au premier catholique d'entrer à la maison blanche sur le thème de la Nouvelle Frontière qui veut étendre le rêve américain aux pauvres. Confronté à la crise de Cuba et au mouvement antiségrégationniste, J Kennedy, puis, après son assassinat son successeur Lyndon Johnson conduisent une politique progressiste à l'intérieur, multipliant les lois sociales (en particulier l’affirmative action) et un anticommunisme à l'extérieur. Cela provoque le ralliement massif des jeunes et des Afro-Américains au parti.

Mais cela provoque la perte dixies : l'arrêt de la Cour suprême des États-Unis déclarant la ségrégation raciale anticonstitutionnelle et les lois mettant fin à la discrimination raciale, font qu'en 1964, les États du sud votent pour la première fois pour un républicain, l'ultra-conservateur Barry Goldwater, alors que dans le reste du pays le Président Johnson est largement plébiscité. Ce départ des conservateurs du Sud pousse le parti à gauche : l'accord des droits civiques aux Afro-Américains assure leur soutien politique qui compense la perte des voix des dixies. L'aile progressiste d'Eugene McCarthy ou de Robert Kennedy a le soutien des jeunes opposés à la guerre du Vietnam. Mais, lors de la campagne de 1968, après l'assassinat de Robert Kennedy, le choix par la convention de Chicago de Hubert Humphrey, gouverneur de l'Alabama, (antiségrégationniste, mais favorable à la guerre), provoque à la fois la protestation de la jeunesse radicale, et la scission avec l'aile la plus conservatrice : les Démocrates du Sud forment l'American Independent Party. Leur candidat, George Wallace, gouverneur de l'Alabama, obtient 13,5 % des suffrages et la majorité dans tous les États du Vieux Sud. Il prive le candidat démocrate Humphrey de toute chance de victoire face à Richard Nixon.

La réorientation centriste (1980-2000)

Usés par la guerre du Vietnam qui les avait un temps coupé de la jeunesse libérale la plus à gauche, les démocrates se radicalisent, du fait de l'éloignement des Démocrates conservateurs, et présentent en 1972 George McGovern, qui, accusé de complaisance avec le communisme, subit un échec cuisant face à Nixon. Les démocrates comprennent alors que, sans renier leurs idéaux de protection des minorités (noirs, indiens par exemple), il leur faut présenter des candidats susceptibles de rallier les suffrages du Sud. Ils ont aussi conscience que la majorité parlementaire dont ils disposent au Congrès depuis les années 1950 ne peut survivre à une désertion des électeurs blancs sudistes, lesquels représentent près d'une trentaine de sénateurs. En 1976, Jimmy Carter, gouverneur quasi inconnu de Géorgie, membre des communautés évangéliques, réussit ainsi la synthèse entre les libéraux du Nord et les conservateurs du Sud, sans toutefois revenir sur le programme progressiste du parti Démocrate. Mais son moralisme ne suffit pas face à la crise économique et sa politique des droits de l'homme échoue en politique étrangère.

La vague conservatrice de 1980, qui propulse Reagan à la Maison Blanche et permet aux républicains d'obtenir, pour la première fois depuis 30 ans, la majorité au Sénat, est un avertissement sévère pour les démocrates. Si, comme au début des années 1970, ils semblent d'abord se radicaliser sur l'aile la plus sociale du parti, comme le montre la candidature de Walter Mondale en 1984, le mouvement des nouveaux démocrates réoriente le parti vers le centre, et participe à la victoire de Bill Clinton, gouverneur de l'Arkansas, à l'élection présidentielle de 1992, face à un camp conservateur pour une fois divisé (la candidature du populiste de droite Ross Perot, qui obtint 19 % des suffrages, prive George Bush, avec 37,5 % des voix, d'un deuxième mandat). Bill Clinton toutefois, ne parvient pas à imposer les réformes sociales (santé) ni à convaincre économiquement: en 1994, le parti démocrate, qui dominait le congrès depuis le début des années 1950 (hormis le sénat entre 1980 et 1986) connait une défaite historique en perdant la majorité dans les 2 chambres ainsi que la majorité des postes de gouverneurs. Bill Clinton parvient toutefois à s'assurer une popularité personnelle grâce à son habile politique économique et à se faire réélire en 1996. Il est partisan d'une troisième voie, libérale en économie, limitant l'assistanat.

Entre 2000 et 2008

Durant la session 2004-2006, le parti était encore minoritaire au Sénat avec seulement 44 sièges sur 100, à la Chambre des représentants avec 202 sièges sur 435 et en nombre de gouverneurs avec 22 postes sur 50.

En novembre 2006, le parti remporte les élections fédérales et obtient dans le 110e Congrès la majorité au Sénat avec 51 sièges sur 100 ainsi qu'à la Chambre des représentants avec 233 sièges (contre 202 sièges aux républicains). Mais sur les 26 sénateurs élus de l'ancienne confédération, il n'en restait que 6 (+ 2) qui soient démocrates alors qu'ils l'étaient tous dans les années 1950 et constituaient la base des élus démocrates au Sénat.

Depuis 2008

Répartition du collège électoral par État en 2008. Neuf États votèrent pour George W. Bush en 2004 et pour Barack Obama en 2008: la Floride, la Caroline du Nord, la Virginie, l'Ohio, l'Indiana, l'Iowa, le Colorado, le Nouveau-Mexique et le Nevada.

En 2008, le Sénateur de l'Illinois Barack Obama, candidat du Parti à l'élection présidentielle est élu Président des États-Unis contre le candidat républicain John McCain. Il s'agit du premier ticket démocrate élu ne comprenant aucun candidat issu du Sud; néanmoins, trois États du Sud votèrent pour Obama: la Floride, la Caroline du Nord et la Virginie. Cette élection constitue un profond bouleversement dans la situation du Parti Démocrate, qui domine toutes les institutions nationales jusqu'en janvier 2011. Depuis janvier 2011, la chambre des représentants, issue des élections de novembre 2010, est dominée par les républicains (242 c. 193) tandis que le Sénat conserve une majorité démocrate (53 c.47).

Principales tendances politiques

Le parti demeure tiraillé entre :

Résultats électoraux démocrates

Résultats aux législatives depuis 1992

Les résultats des législatives sont cumulés sur tout le territoire des ÉU et ne reflètent donc pas la grande diversité des électorats selon les États.

D'autre part, la chambre des Représentants est renouvelée tous les deux ans donc la notion de victoire et de défaite est relative. Un parti peut gagner des sièges sur une élection et rester minoritaire à la chambre.

  • 1992 : 49,95 %
  • 1994 : 44,75 %
  • 1996 : 48,09 %
  • 1998 : 47,13 %
  • 2000 : 46,98 %
  • 2002 : 45,03 %
  • 2004 : 46,60 %
  • 2006 : 51,40 %

Après avoir dominé les deux chambres du Congrès quasiment sans interruption pendant 40 ans (durant quelques brèves périodes, le Sénat passait sous le contrôle républicain), le Parti démocrate perdait la majorité en 1994 face au Parti républicain.

Après 12 années en position minoritaire à la chambre (à l'exception des années 2001-2002 pour le Sénat), le parti démocrate reprenait le contrôle des 2 chambres du Congrès après les élections du 7 novembre 2006 en arrachant la victoire au Sénat avec (51 sièges de démocrates et assimilés sur 100[2]) et en gagnant plus largement à la chambre des représentants (à peu près 230 sièges sur 435).

Symboles du parti

Le bleu

Couramment utilisé depuis 2000.

L'âne

1837 : Première apparition de l'âne démocrate.
Caricature « A live Jackass Kicking a Dead Lion »

Le terme de Jackass (« bougre d’âne », jeu de mots injurieux sur le patronyme Jackson) aurait été utilisé pour désigner le premier président démocrate, Andrew Jackson, lors de la campagne présidentielle de 1828. Une caricature de 1837, représentant Jackson chevauchant son parti figuré sous la forme d'un âne, serait la première transcription graphique de ce jeu de mot.

Le 15 janvier 1870, une caricature politique de Thomas Nast parue dans le Harper's Weekly réutilise et popularise davantage cette image. Nommée A live Jackass Kicking a Dead Lion, (« Un âne bien vivant frappant un lion mort »), elle fait référence à la fable de Phèdre, Le Lion devenu vieux, le sanglier, le taureau et l'âne. Reprise par La Fontaine dans Le Lion devenu vieux, cette fable est à l'origine de l'expression « donner le coup de pied de l'âne » pour désigner une attaque lâche et sans risque contre un adversaire affaibli. Dans la caricature de Nast, l'âne incarne les journaux (comme le Chicago Times) favorables aux Copperheads, ces démocrates nordistes qui étaient opposés à la politique et à l'héritage du républicain Abraham Lincoln et des membres de son administration. Parmi ces derniers, Edwin M. Stanton, mort l'année précédente, est figuré sous les traits du lion mort subissant de lâches outrages.

L'âne, depuis lors largement utilisé pour représenter le parti, était donc un symbole plutôt négatif, mis en place par les adversaires des démocrates, avant une édulcoration progressive. C'est ce qui explique que, contrairement à l’éléphant républicain, l’âne n’a jamais été officiellement adopté comme logo du parti.

Au début du XXe siècle, les États du Middle West, comme l'Ohio et l'Indiana, adoptent le coq, face à l'aigle des républicains. Au Missouri, les démocrates se présentèrent un temps sous l'emblème de la statue de la Liberté, abandonné par la suite pour éviter les confusions avec le symbole du Parti libertarien. Le coq et la statue de la Liberté étaient deux symboles significatifs de la sympathie que portent les démocrates américains à la France, notamment à travers le personnage de La Fayette.

Personnalités démocrates

Présidents des États-Unis

Résultats des élections présidentielles depuis 1856 (les États remportés par les démocrates sont en bleu)
  1. Andrew Jackson (1829-1833, 1833-1837)
  2. Martin Van Buren (1837-1841)
  3. James Knox Polk (1845-1849)
  4. Franklin Pierce (1853-1857)
  5. James Buchanan (1857-1861)
  6. Grover Cleveland (1885-1889, 1893-1897)
  7. Woodrow Wilson (1913–1917) (1917-1921)
  8. Franklin Delano Roosevelt (1933-1937, 1937-1941, 1941-1945) (mort le 12 avril 1945)
  9. Harry S. Truman (1945-1949, 1949-1953)
  10. John F. Kennedy (1961-1963) (mort assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas, Texas)
  11. Lyndon Johnson (1963-1965, 1965-1969)
  12. Jimmy Carter (1977-1981)
  13. Bill Clinton (1993-1997, 1997-2001)
  14. Barack Obama (depuis 2009)

Candidats aux élections présidentielles

Candidats à la vice-présidence

Autres personnalités démocrates

Autres figures historiques

Notes et références

  1. Le Parti démocrate américain en quête d'un nouveau souffle, article de Corine Lesnes dans le journal Le Monde du 25 août 2008
  2. Joseph Lieberman, sénateur démocrate sortant, et Bernie Sanders ont été élus en tant que candidats indépendants, l'un contre le candidat officiel démocrate et l'autre soutenu par le Parti démocrate

Annexes

Articles connexes

Liens externes


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