Louis Lazare Zamenhof

Louis Lazare Zamenhof

Ludwik Lejzer Zamenhof

Ludwik Lejzer Zamenhof
Ludwik Lejzer Zamenhof
Ludwik Lejzer Zamenhof

Surnom(s) Doktoro Esperanto
Naissance 15 décembre 1859
Belostok, Romanov Flag.svg Empire russe
Décès 14 avril 1917 (à 57 ans)
Varsovie, Flag of Russia.svg Empire russe
Profession(s) Médecin, puis plus tard ophtalmologiste
Famille Markus Zamenhof (père)
Rozalia Sofer (mère)
Adam Zamenhof (fils)
Alexander Zamenhof (frère)
Félix Zamenhof (frère)
Henri Zamenhof (frère)
Augusta Zamenhof (sœur)
Fania Zamenhof (sœur)
Jozef Zamenhof (oncle)
Ida Zamenhof (sœur)
Sofia Zamenhof (fille)
Lydia Zamenhof (fille)
Wanda Zamenhof (belle-fille)
Louis Christophe Zaleski-Zamenhof (petit-fils)

Le docteur Ludwik Lejzer[1] Zamenhof, de son nom original Samenhof[2] (francisé Louis Lazare Zamenhof, 15 décembre 1859 - 14 avril 1917) est un médecin ophtalmologiste polonais. dans une famille de confession juive, ses langues dusage sont le yiddish, le russe et le polonais[3]. Il est connu pour avoir établi les bases de la langue construite espéranto qui compte en 2009 de un à deux millions de locuteurs dans le monde.

Sommaire

Biographie

Lenfant

Ludwik Lejzer Zamenhof naquit le 15 décembre 1859, à Białystok, actuel chef-lieu de Voïvodie_de_Podlachie au Nord-Est de la Pologne. A l'époque la Pologne n'existait pas en tant qu'État et était partagée entre lAutriche, la Prusse et la Russie. La ville de Białystok faisait alors partie de l'empire russe et était habitée par des Polonais, des Allemands et des Russes de confessions diverses.

Avec une telle diversité de nationalités, de religions, de langues et de mœurs, Białystok est le théâtre permanent de tensions et de graves incidents. Louis Lazare en vient dès son enfance à sinterroger sur le moyen déradiquer les préjugés de race, de nationalité et de religion.

Fils de Markus, professeur dallemand et de français, auteur de manuels très renommés de langues et de géographie, rigoureux, très attaché à la culture du savoir, et de Rozalia (Liba), une mère sensible et profondément humaine, le jeune Zamenhof se passionne vite pour les langues. Brillant élève, il se rend bien compte quau sein de chacune des communautés quil côtoie se trouvent des gens avec lesquels tout problème peut trouver une solution honorable.

Il sent que limpossibilité de communiquer joue un grand rôle dans cette situation. Une passerelle linguistique, au moins entre ces gens-, ouvrirait la voie à des relations constructives. Idée somme toute pleine de bon sens si lon considère que des peuples hier ennemis « définitifs » en sont venus à coopérer, et même à établir des liens damitié à partir du moment un nouvel état desprit a pu sinstaurer.

Le premier projet de langue internationale

Alors quil aime la langue russe, Louis Lazare voit pourtant cet état desprit, à léchelle du monde, à travers une langue nappartenant à aucun pays dominant, sans lien avec quelque nation que ce soit. Il sattèle donc sans tarder à la tâche. Il na que 19 ans lorsquil présente un projet baptisé « Lingwe Uniwersala » à ses camarades de lycée. Mais lenthousiasme juvénile nest pas ce quil y a de plus durable.

Il se retrouve vite seul, et les circonstances vont quelque peu perturber ses projets. Son père lenvoie étudier la médecine à luniversité de Moscou. Hostile à des activités quil juge chimériques et craignant que des documents qui puissent sembler être chiffrés nattirent des ennuis à son fils, il lui fait promettre de ne pas soccuper de cela durant ses études, et garde les notes et manuscrits sous clé.

Létudiant

À Moscou, les études de médecine nempêchent pas Louis Lazare de toujours sintéresser aux langues. À vingt ans il rédige une grammaire de yiddish qui ne sera jamais publiée. Il tient malgré tout sa promesse quant au projet qui lui tient pourtant à cœur.

De par ses origines, la question juive le préoccupe aussi. Il prend part à des activités visant à établir une colonie, voire un pays, le peuple juif pourrait vivre sa propre vie. Il se rendra compte, après son retour à Varsovie, de la contradiction entre un tel projet et ses aspirations à unir les peuples, dautant plus que certains comportements excessifs linquièteront. Il décidera par la suite de se mettre avant tout au service de lhumanité tout entière, conscient que cest seulement ainsi quil servira le mieux son peuple et lui restituera sa dignité.

Après deux ans détudes, il revient à Varsovie, certain que son père, homme scrupuleux, a conservé ses manuscrits en lieu sûr et quil pourra enfin reprendre ses travaux linguistiques. Mais sa mère lui révèle alors que son père a tout détruit. Lamertume et la rancœur cèdent vite la place à la détermination. Quoi quil en soit, Louis Lazare se sent désormais libre et se remet à louvrage. Sa mémoire lui permet de reconstituer lessentiel de sa langue. Il lui apporte des modifications et des améliorations. Il analysa le fonctionnement des langues agglutinantes telles que le finnois, lestonien, le hongrois et le turc, et des langues isolantes telles que le chinois. On sait quil effectua ses observations de linguistique comparée lors de ses études de médecine à Moscou, ceci grâce aux contacts directs quil avait avec des étudiants venus de toutes les régions linguistiques du vaste empire russe[4].

Le docteur

Louis Lazare termine ses études à Varsovie puis sinstalle comme généraliste. Ses premiers pas dans la vie professionnelle sont particulièrement pénibles. Il exerce sa profession dans des milieux défavorisés.

La douleur physique et morale de ses patients le bouleverse au point quil ne peut plus tenir. Il décide alors de changer de métier, et de se spécialiser en ophtalmologie. La pratique de cette spécialité, toujours dans des quartiers très pauvres à Kherson, près de la mer Noire, à Grodno, en Lituanie, puis à Varsovie, lui permet de vivre plutôt mal que bien. Il lui arrive bien souvent de renoncer à faire payer ses consultations et ses soins. Le jour, il soigne. La nuit, il travaille sur la nouvelle langue.

1887 : année de la chance

Le 26 juillet 1887, après bien des vicissitudes parmi lesquelles la censure et les obstacles financiers, résolus grâce à son futur beau-père, Louis Lazare parvient enfin à publier un premier manuel en russe sous le titre Langue Internationale. Il adopte alors le pseudonyme de « Doktoro Esperanto ». Cest par le biais de ce pseudonyme que nait le nom sous lequel la Langue Internationale se fera peu à peu connaître du grand public.

Il se marie le 9 août 1887 avec Klara Silbernik. Compagne enthousiaste, enjouée, dévouée, collaboratrice efficace, elle a épousé lhomme tout autant que lidée. Et le beau-père, Alexandre Silbernik, sera toujours lorsque surviendront des difficultés, partageant lidéal de son gendre et lenthousiasme de sa fille.

Il travaille toujours intensivement, malgré bien des épreuves. Il écrit en prose et en vers. Il traduit beaucoup, afin que la Langue Internationale soit éprouvée, rodée, quelle nait rien à envier aux autres sur les plans de lexpression, de la précision, de lesthétique. Des avis favorables se manifestent peu à peu : American Philosophical Society en 1889, Max Müller, lun des plus éminents linguistes de lépoque, et Léon Tolstoï en 1894. En 1889 paraît la première liste de mille adresses ; il y en aura 5 567 en 1900, 13 103 en 1905.

La censure du régime tsariste nest pas parvenue, en 1895, à empêcher lessor de la langue qui a déjà franchi les frontières de lEmpire russe et qui gagnera les autres continents au début des années 1900. Des sociétés despéranto se fondent : 44 en 1902, 308 en 1905...

1905 : premier congrès universel d'espéranto

Boulogne-sur-Mer accueille le premier Congrès universel despéranto avec 688 participants de 20 pays. Preuve est faite que lespéranto utilisé jusqualors essentiellement par écrit, fonctionne parfaitement. Pendant ce congrès, Zamenhof fonde une instance linguistique, le Lingva Komitato (comité linguistique), qui deviendra l'Akademio de Esperanto. Le Fundamento, qui fixe les 16 règles fondamentales de la langue, est adopté lors du congrès mondial de Boulogne. Les congrès se suivront ensuite chaque année : 1906 à Genève, puis Cambridge, Dresde, Barcelone, Washington, Anvers, Cracovie (lun des plus importants), Berne. Le 2 août 1914, tout est prêt pour accueillir à Paris 3 739 congressistes originaires de 50 pays. Ce congrès naura malheureusement pas lieu ; la Première Guerre mondiale vient déclater, et Zamenhof nen verra pas la fin.

Ses talents

Zamenhof maîtrisait le russe, le polonais, lallemand, lhébreu et le yiddish. Il connaissait bien le latin, le grec ancien, langlais et le français, assez bien litalien, et avait aussi quelques connaissances daraméen. (Ce qui lui donnait une certaine connaissance de onze langues.) Il avait en outre étudié le volapük, (projet de langue internationale élaboré par Johann Martin Schleyer en 1879) qui échoua après une courte période de succès. Une période suffisamment longue toutefois (1879-1889) pour ne pas discréditer lidée de langue internationale construite.

Contrairement à dautres, Zamenhof ne sest pas comporté en auteur. Il avait renoncé à ses droits et, en 1912, lors du congrès de Cracovie, il avait déclaré quil ne serait plus jamais devant les congressistes, mais parmi eux. Il avait compris quune langue ne pouvait être laffaire dun seul homme, ni même dun comité de linguistes. Celle quil proposait au monde devait être capable de vivre sa propre vie, sans dépendre de son initiateur.

De 1912 à sa mort, il sattacha surtout à des traductions et aussi à la réalisation pour les religions de ce quil avait fait pour les langues : extraire le meilleur dentre elles pour en faire percevoir lesprit plutôt que la lettre.

Cest seulement en 1984 que lon a découvert, en Allemagne, que Zamenhof avait obtenu un brevet dinvention pour une machine à écrire. Faute dargent pour la mettre sur le marché, il nen profita pas. Dautres hommes eurent la même idée et lexploitèrent.

Ludwik Lejzer Zamenhof est enterré au cimetière juif de Varsovie.

Homme dabord

Zamenhof sest toujours montré attentif à laspect humain des choses. Sans violence, il sest battu sans autres armes quune inébranlable force morale afin que tous les peuples puissent retrouver leur dignité et dialoguer dans un esprit que ne sauraient instaurer et vivifier les mots Liberté, Égalité, Fraternité gravés dans la pierre.

Les adversaires de Zamenhof, surtout au sein du mouvement, se moquaient de lui en le traitant de « prophète juif » en raison de son rêve, quil appelait « lidée interne », de réconcilier un jour lhumanité. Pour ces intellectuels, lespéranto était uniquement à considérer comme un projet linguistique et ils ne songeaient quà discuter de questions de grammaire pour définir la marque du pluriel ou linfinitif. Mais c'était justement cette idée interne qui enthousiasmait les simples adhérents voyant en elle le moyen darriver à une meilleure communication internationale.

Cette opposition éclata lors du Congrès de Boulogne. Les dirigeants à qui Zamenhof avait communiqué le texte de son discours furent scandalisés de son ton messianique et prédirent une tempête de sifflets. En fait, ce discours fut accueilli par de longs applaudissements plusieurs fois répétés, tandis que les opposants, perdus dans la foule, se contentaient de prendre des mines de désapprobation. Le clivage se concrétisa par la suite, lors de la « crise de lIdo » : un grand nombre dintellectuels adhérèrent à cette nouvelle langue qui satisfaisait mieux leurs conceptions théoriques, mais la masse ne suivit pas et lon retrouva bientôt, comme on dit, une armée sans chefs et des chefs sans armée.

Jusqu'à son décès en 2005, le Japonais Itô Kanzi a continué de réunir les écrits et discours de Zamenhof (49 volumes, soit plus de 20 000 pages). Umberto Eco a déclaré, quant à lui, à propos de lespéranto : « Jai constaté que cest une langue construite avec intelligence, et qui a une histoire très belle. »

Notes et références

  1. Les prénoms de Zamenhof varient au gré de la langue de référence : on trouvera également Ludwik Łazarz à la polonaise ou Eliezer Lewi à la juive, Ludoviko Lazaro à l'espéranto.
  2. Lors des premiers temps de l'espéranto, Zamenhof orthographia son nom avec un Z pour respecter l'écriture de sa langue.
  3. voir biographie : A. Zakrzewski, E. Wiesenfeld
  4. Source

Bibliographie

  • La fiche dinformation (Z1: SAT-Amikaro, 67 avenue GAMBETTA, 75020 PARIS.
  • Lhomme qui a défié Babel, par René Centassi et Henri Masson ; avant-propos de Louis Christophe Zaleski-Zamenhof, Éditions Ramsay ; ISBN 2-7475-1808-6 ; 2002
  • André Cherpillod, Zamenhof et le judaïsme, La Blanchetière, Courgenard, 1997.
    • (eo) André Cherpillod, Zamenhof kaj judismo, La Blanchetière, Courgenard, 1997.
  • André Cherpillod, L.L.Zamenhof, datoj, faktoj, lokoj, La Blanchetière, Courgenard, 1997.
  • Lionel Dupuy, Jules Verne espérantiste ! Une langue internationale pour une œuvre atemporelle, éd. SAT Amikaro, 2009

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

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