Historique des critiques des théories de l'évolution

Historique des critiques des théories de l'évolution

En tant que théorie scientifique, la théorie darwinienne de l'évolution fait l'objet de diverses critiques. Certains milieux religieux rejettent l'idée d'évolution biologique car elle s'oppose d'après eux à certains textes sacrés, comme la Bible, et lui préfèrent le créationnisme. D'autres acceptent l'idée d'évolution mais refusent l'idée, inspirée de Darwin, que les mécanismes principaux en soient les mutations et la sélection naturelle, théorie désignée sous le nom de « darwinisme », et avancent que l'évolution serait pour certains dirigée (orthogenèse), ou pour d'autres orientée vers une complexification croissante notamment par les contraintes et facteurs internes des organismes (conformément aux vues de Jean-Baptiste de Lamarck sur la question).

D'autres auteurs encore critiquent les conséquences idéologiques d'une « utilisation » (ou d'un détournement) de la théorie darwinienne de l'évolution, qui n'est selon eux, qu'une projection sur le monde naturel du fonctionnement de l'économie capitaliste, servant en retour à présenter celle-ci comme naturelle.

La majorité de la communauté scientifique considère cependant ces critiques comme injustifiées et le créationnisme et l'évolution dirigée comme des idées obsolètes, qui continuent d'être soutenues pour des raisons religieuses.

Sommaire

Origines profondes du débat

Ces débats ont des racines antiques[1] : La cosmogonie mythologique des anciens Grecs fait surgir l'ordre du chaos primordial. Cette énigme est à l'origine de nombre de supputations métaphysiques. Les débats engagés chez les pré-socratiques se sont poursuivis durant vingt siècles donnant lieu à des courants de pensées opposés : monisme, dualisme, matérialisme, spiritualisme, réalisme, idéalisme, mécanisme, vitalisme

Les monistes voient l'univers formé d'une seule réalité fondamentale (les milésiens et les atomistes grecs : Démocrite, Épicure), alors que les dualistes séparent le monde matériel et le monde spirituel, l'au-delà (Platon[2], Aristote[3]).

Issu du monisme, le matérialisme considère qu'il n'y a pas d'autre substance que la matière. La pensée, la conscience dérivent par transformation de la matière. Le matérialisme rejette l'existence de tout principe non réductible à une substance fondamentale (pas d'esprit transcendant la matière, d'âme, de dieux et d'au-delà).
Au contraire pour les spiritualistes, l'univers possède une nature spirituelle, supérieure à la matière. L'homme, par sa conscience, son esprit ou son âme, ne se réduit pas à la seule matière.

L'opposition idéalisme/réalisme, quant à elle, porte sur l'origine de la connaissance (celle du spiritualisme et du matérialisme porte sur la nature de l'Être). Pour les tenants de l'idéalisme, il n'y a pas de réalité indépendamment de la pensée. Le monde réel n'existe qu'à travers les idées et les états de conscience. Le monde et même l'être se réduisent donc aux représentations que nous en avons. À l'inverse pour un réaliste, l'homme connait les choses telles qu'elles sont réellement en elles-mêmes et elles n'existent pas en dehors de leur matérialisation.

Issus de ces débats, deux courants (et les tentatives de synthèses attenantes) ont traversé les siècles. D'un côté une vision du monde « moniste et causale » où les phénomènes naturels sont produits par le jeu des forces physico-chimiques immanentes à la matière. De l'autre, une conception « dualiste », où l'explication mécanique est tenue pour valable dans le domaine inorganique, mais non valable pour le vivant.

Le matérialisme moniste explique tout par les causes efficientes. Au contraire, selon les non-matérialistes, des principes différents opèrent selon qu'il s'agit du vivant ou de l'inanimé. Pour le vivant, la doctrine dualistique introduit des causes finales et met à l'origine des organismes soit un plan de développement, soit la décision d'un créateur qui a disposé chacune des espèces selon un plan : d'un côté les mécanistes et de l'autre les vitalistes ; d'un côté les déterministes (les formes sont le résultat du jeu des causes efficientes) et de l'autre les finalistes (il existe un but, une cause finale qui dirige l'évolution des formes).

Au début du XXe siècle, les progrès des sciences physiques et biochimiques ainsi que la théorie darwinienne produisent un monde où la frontière entre vivant et inanimé semble devoir disparaitre. Différentes personnes considèrent l'explication mécaniste comme universellement valide mais restent toutefois attachées à la présence d'une cause finale. Elles considèrent que les êtres vivants sont des totalités (wholes) inanalysables qui ne s'expliquent pas par un assemblage de parties ; il y a quelque chose, selon elles, qui ordonne ces parties et qui n'est pas de l'ordre de la causalité efficiente. Elles postulèrent l'existence de formes, de types d'organisation qui tendent à se réaliser, de potentiels qui guident l'évolution vers un but assigné, poursuivant en cela un débat engagé vingt-trois siècles auparavant par Aristote sur la forme, organisatrice et conservatrice de l'être vivant (« forma est qua ens est id quod est »)

Pour synthétiser les enjeux philosophiques des théories de l'évolution on peut distinguer plusieurs familles philosophiques :

« L'objectivité cependant nous oblige à reconnaitre le caractère téléonomique des êtres vivants, à admettre que dans leurs structures et performances, ils réalisent et poursuivent un projet. Il y a donc là, au moins en apparence, une contradiction épistémologique profonde. Le problème central de la biologie, c'est cette contradiction elle-même, qu'il s'agit de résoudre si elle n'est qu'apparente, ou de prouver radicalement insoluble si en vérité il en est bien ainsi[4]. »

  • Les déterministes :

« La pierre angulaire de la méthode scientifique est le postulat de l'objectivité de la Nature. C'est-à-dire le refus systématique de considérer comme pouvant conduire à une connaissance "vraie" toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales, c'est-à-dire de "projet". […] Postulat pur, à jamais indémontrable, car il est évidemment impossible d'imaginer une expérience qui pourrait prouver la non-existence d'un projet, d'un but poursuivi, où que ce soit dans la nature. Mais le postulat d'objectivité est consubstantiel à la science, il a guidé tout son prodigieux développement depuis trois siècles. Il est impossible de s'en défaire, fût-ce provisoirement, ou dans un domaine limité, sans sortir de celui de la science elle-même[4]. »

Cette position philosophique qui fonde la science fut d'une fécondité indiscutable. La rationalisation qui s'en suivit, aboutit pour la première fois dans l'histoire à des guérisons innombrables, applications pratiques des compréhensions fines et des découvertes biologiques lié à l'hérédité, l'organogenèse et les mécanismes biomoléculaires de l'évolution. Ce tronc philosophique du déterminisme est l'origine de la théorie synthétique de l'évolution (déterministe, mécanistes et réductionniste).

Critiques à caractère idéologique

Elles sont les premières à intervenir : Darwin a d'abord été jugé selon le contexte économique, politique, et social de son temps; voire comme un reflet de celui-ci.

Karl Marx et Friedrich Engels

Origine des espèces ou société bourgeoise

Engels s'intéressait à l'histoire de la nature, ce dont témoignent ses ouvrages Le Rôle du travail dans le passage du singe à l'homme qui s'inspirent des travaux de Ernst Haeckel[6] et Dialectique sur la nature allant à contre courant de la vision linéaire des processus naturels observés par les scientifiques de l'époque. C'est Engels qui fait ainsi découvrir le livre de Darwin à Marx. Ce dernier va d'ailleurs référencer l'Origine des Espèces dans Le Capital et y note tout bonnement l'analogie et la distinction entre « l'histoire de la technologie naturelle » (mécanisme) et « l'histoire de la formation des organes productifs de l'homme social » (phénomène). Ainsi, comme la « spéciation » observée sur les becs des pinsons des différentes îles des Galapagos, « La période manufacturière simplifie, améliore et multiplie les outils de travail en les adaptant aux fonctions spécifiques exclusives des travailleurs partiels[7]. »; « C'est ainsi, par exemple, que des couteaux destinés à couper toutes sortes de choses peuvent, sans inconvénient, avoir une forme commune, tandis qu'un outil destiné à un seul usage doit posséder pour tout autre usage une toute autre forme (Darwin, On the Origin of Species..., 1859, p149)[8]. »

D'abord enthousiaste par ce qu'il a lu de Darwin, mais ne connaissant rien à la science naturelle, Marx fut encore plus enthousiaste de l'Origine et transformations de l'homme et des autres êtres de Pierre Trémaux en voyant « un progrès par rapport à Darwin ». Mais, Engels lui annonce qu'il est arrivé « à la Conclusion que sa théorie (celle de Trémaux) ne repose sur rien, pour la simple raison qu'il ne comprend pas la géologie et qu'il est incapable de la plus ordinaire des critiques historico-littéraires[9]. »

Cependant, Karl Marx et Friedrich Engels ont remarqué l'origine idéologique du mécanisme de la sélection naturelle[10]. En effet, cette origine idéologique pose la question de comment les puissants voient la société capitaliste et son histoire, par un progrès inéluctable. C'est par cette vision erronée de la société que Darwin s'est fortement influencé pour construire sa théorie exclusive à la nature. C'est ce que montrent les citations suivantes :

« Il est curieux de voir comment Darwin retrouve chez les bêtes et les végétaux sa société anglaise avec la division du travail, la concurrence, l’ouverture de nouveaux marchés, les « inventions » et la « lutte pour la vie » de Thomas Malthus. C’est le bellum omnium contre omnes [la guerre de tous contre tous] de Hobbes, et cela fait penser à la phénoménologie de Hegel, où la société bourgeoise figure sous le nom de « règne animal intellectuel », tandis que chez Darwin, c’est le règne animal qui fait figure de société bourgeoise. »

— Lettre de Marx à Engels du 18 juin 1862

« Toute doctrine darwiniste de la lutte pour la vie n’est que la transposition pure et simple, du domaine social dans la nature vivante, de la doctrine de Hobbes : bellum omnium contre omnes et de la thèse de la concurrence chère aux économistes bourgeois, associée à la théorie malthusienne de la population. Après avoir réalisé ce tour de passe-passe […], on retranspose les mêmes théories cette fois de la nature organique dans l’histoire humaine, en prétendant que l’on a fait la preuve de leur validité en tant que lois éternelles de la société humaine. Le caractère puéril de cette façon de procéder saute aux yeux, il n’est pas besoin de perdre son temps à en parler. »

— Lettre de Engels à Lavrov du 12 [17] novembre 1875

Conception scientifique

L'attitude de Marx et Engels à l'égard des idées de Darwin semble ambigüe. Or, dans le cadre de la nouvelle conception de l'histoire et de la société qu'il a développé, Marx voit dans la sélection naturelle, moteur de l’histoire naturelle, une analogie de la lutte des classes comme moteur de l’histoire sociale. Alors, dans ce cadre, ils ne font que défendre la conception matérialiste de la théorie, même s'ils condamnent sa vision mécanique (comme chez les matérialistes du XVIIIe siècle) et linéaire (non dialectique) de l'histoire du monde (nature et société) allant vers un progrès inéluctable. Par conséquent, c'est dans leur méthode scientifique[11] identique qu'Engels compare Marx à Darwin dans l’éloge funèbre qu’il lit sur sa tombe.

Conception idéologique

Les marxistes, tels Paul Lafargue ou Anton Pannekoek, défendront la théorie darwinienne de l'évolution pour des raisons idéologiques, c'est-à-dire en tant qu'elle s'oppose à la théologie naturelle, au créationnisme ou au dessein intelligent. Mais, pas seulement, comme Marx et Engels, Lafargue et Jules Guesde défendent le point de vue matérialiste de la théorie de l'évolution.

Ils condamnent également Haeckel (moniste, inventeur du mot « écologie ») et Huxley (agnostique, eugéniste), Spencer (Darwiniste social) et leur idéologie - influencée par leur milieu social, leur anti-socialisme et les préjugés existants bien avant Darwin - dans laquelle la sélection naturelle est le moteur du monde (nature + société) et de son histoire. Dans les domaines scientifique et social, ces évolutionnistes ne font pas de différence entre les phénomènes naturels et les phénomènes sociétaux. Éthiquement, ils ne reconnaissent pas non plus le libre arbitre[12] entre la société et la nature comme le font les matérialistes évolutionnistes tel Ludwig Büchner au XIXe siècle, par ex., ou aujourd'hui Richard Dawkins, socio-biologiste. C'est ainsi, dans son incapacité à séparer les choses Alfred Russel Wallace, coauteur de la théorie de l'évolution et socialiste s'est laissé aller, même en science, aux spiritismes en vogue à la fin du XIXe siècle dans le monde capitaliste anglophone (d'éthique protestante).

Chez tous ces évolutionnistes, contrairement aux matérialistes dialectiques comme Marx, Engels, Lafargue, Guesdes et aujourd'hui Richard Lewontin et Stephen Jay Gould, il n'y a pas de sauts dialectiques entre la nature et la société.

Répercussion générale des conceptions dans les sociétés capitalistes et communistes au XX

Dans les sociétés occidentistes (surtout à éthique protestante), le darwinisme soutenu par la sphère sociale du pouvoir et des puissants (ex: fondation Rockfeller) à travers le darwinisme social et l'amélioration de la société par la sélection « naturelle », l'eugénisme, est dominant et hégémonique aussi bien en science que dans la politique sociale (donc dans la société global par l'éducation).

Dans les pays communistes, par le rejet du Darwinisme sous toutes ces formes, c'est le lamarckisme qui domine toute la société aussi bien en politique sociale qu'en science (cf l'affaire Lyssenko). Ainsi, comme dans le monde occidentiste (sauf en France) avec le darwinisme, l'erreur du monde communiste fut de faire le lamarckisme une théorie englobant tout autant la nature que la société.

En France, Le lamarckisme fut dominant assez tardivement même dans le domaine scientifique. Le lamarkisme social, l'hygiénisme et le pasteurisme (de Pasteur) qui se sont développés dans les années 1880 dominent la politique sociale même parmi les rares eugénistes français. Pierre-Paul Grassé (cf ci-dessous) y a été probablement influencé pour sa théorie néo-larmakiste. De manière global, le darwinisme dans la société France est resté dans le cadre de la science.

Friedrich Nietzsche

Dans un fragment posthume intitulé « Contre le Darwinisme », le philosophe Friedrich Nietzsche exposait dans les années 1880 sa position :

« L'utilité d'un organe n'en explique pas la genèse, au contraire ! Pendant la plus longue partie du temps où une qualité se forme, l'individu n'en bénéficie pas, elle ne lui sert pas, surtout dans la lutte contre les circonstances extérieures et ses ennemis. »

Il ajoute:

« L'influence des circonstances extérieures a été follement exagérée par Darwin. L'essentiel du processus vital est justement cette force immense de formation, qui crée des formes « du dedans », qui utilise, exploite les « circonstances extérieures. »

Ce point de vue est très proche de celui de Goethe, qui appelait à une science de l'étude des formes (Gestalt) et de leur création concrète, nous dirions aujourd'hui la morphogénèse. Qu'est-ce qui fait que des formes organiques naissent et se transforment en premier lieu? Quelles sont les lois de la nature, de la vie, qui font que telles formes, et pas d'autres, apparaissent? ou changent de telle façon et pas d'une autre? Ensuite, il est possible de s'intéresser à des questions telles que savoir si effectivement un genre de sélection opère sur ces formes.

Ce point de vue semble se rapprocher du concept philosophique abondamment développé (et très attaché aux sciences naturelles) de Volonté de puissance[13], qui constituerait ici une force motrice endogène solidaire du vivant, et dont le milieu ne constituerait plus qu'un moyen. De manière très schématique, on pourrait parler « d'exploitation active des possibilités offertes par l'environnement », tributaire chez l'animal du développement de nouveaux organes et chez l'Homme, capable de modeler son milieu, de nouveaux instincts. Naturellement, si un tel modèle présente le double avantage d'être à la fois simple et d'une commodité à toute épreuve, la science expérimentale ne peut que lui refuser la qualification de découverte scientifique, et à plus forte raison s'il sert des motivations d'ordre idéologique.

En effet, ce fragment est incompréhensible s'il est fait abstraction de son contexte théorique : au fondement de l'œuvre du philosophe, parfois soupçonné d'eugénisme[14], réside cette idée que l'Homme est une espèce en développement qui produit, de-ci de-là, des types supérieurs, caractérisés par la richesse relative de leurs instincts (Platon, César, Napoléon, Goethe…). Helléniste réputé et aristocrate de sensibilité[15], l'auteur fut témoin bien malgré lui des profonds changements structurels de la société du XIXe siècle. Il a ainsi cherché à interpréter l'essor de l'art moderne et la domination des instincts bourgeois – jugés pauvres – comme une réaction qui prouve la résistance absolue de l'environnement à l'évolution des espèces[16], et donc également, la fausseté principielle du modèle de Darwin[17].

Ainsi, cette idée que « l'utilité d'un organe n'en explique pas la genèse » et que cette dernière commence même par être handicapante, trouve son fondement véritable dans la situation de ceux que l'auteur appelle « les hommes supérieurs ». En constatant chez eux l'apparition d'instincts plus riches indépendamment de toute espèce de milieu d'une part, et en constatant la souffrance résultant de ces instincts privés de conditions d'existence d'autre part, l'auteur admet à la fois que l'apparition d'un type plus développé est un phénomène absolument endogène à une population, et que cela défavorise dans leur environnement les individus de ce nouveau type. Son ouvrage central, Ainsi parlait Zarathoustra, est ainsi un poème mystique destiné à favoriser le développement de l'homme supérieur[18] dans sa quête qui vise à surmonter la souffrance de son milieu[19], pour aboutir à l'établissement de son milieu propre et à la réalisation de la finalité dernière de l'évolution : le Surhumain[20].

Autres auteurs

En 1910, le sociologue Jacques Novicow publie Le darwinisme social (éd. Alcan) qui contient une critique du darwinisme au plan biologique et une critique de l'usage qui est fait du darwinisme dans la sociologie.

Plus récemment, l'historien des sciences André Pichot a consacré un chapitre entier de son Histoire de la notion de vie (1993) à une analyse très critique des thèses de Darwin. Pichot est l'auteur de La société pure : de Darwin à Hitler (2001) et de Aux origines des théories raciales, de la Bible à Darwin (2008), qui retracent l'origine des idées eugénistes et racistes et montre en quoi le darwinisme, en tant que corpus soi-disant scientifique, a servi à justifier certaines pratiques et idéologies. Pichot est ainsi un des rares critiques du darwinisme à ne pas se cantonner au seul terrain scientifique, mais à réussir à articuler en un tout cohérent la critique épistémologique des théories dominantes en biologie (hérédité, génétique, darwinisme) avec la critique historique, politique et sociale des idéologies qui les ont en partie inspirées et qu'en retour elles viennent conforter.

La notion d'idéologie scientifique a été avancée par Georges Canguilhem dans son ouvrage Idéologie et rationalité dans l’histoire des sciences de la vie : Nouvelles études d’histoire et de philosophie des sciences (éd. Vrin, 1977). Certains auteurs avancent l'idée que le darwinisme répondrait à cette définition.

Critiques à caractère scientifique

De la part de certains zoologistes, éthologistes, paléontologues tels que Rémy Chauvin, Pierre-Paul Grassé ou Étienne Rabaud.

Pierre-Paul Grassé a présenté ses principaux arguments contre le darwinisme, sans pour autant proposer une théorie nouvelle, dans son ouvrage L'évolution du vivant, matériaux pour une nouvelle théorie transformiste (1973). Contre l'idée selon laquelle l'évolution des êtres vivants est le produit de la sélection naturelle et des changements qui surviennent dans l'environnement, il met en avant les espèces panchroniques, c'est-à-dire les espèces qui ont arrêté d'évoluer à un moment donné et qui sont restées à peu près telles quelles jusqu'à nos jours malgré de grandes modifications géologiques, climatiques, etc. (il en donne de nombreux exemples dans Les formes panchroniques et les arrêts de l'évolution, p. 133). Ainsi, l'évolution est pour lui un processus qui n'est pas nécessaire, il ne s'effectue pas sous la contrainte des forces physiques extérieures à l'être vivant[21]. Pour l'expliquer, il pense qu'il faut donner la priorité à la dynamique interne propre aux êtres vivants. À partir de là et de l'examen des archives fossiles, il en conclut que l'évolution est orientée (et non dirigée comme l'avance l'orthogenèse, qu'il critique) vers un accroissement de la complexité des êtres vivants. Ainsi, Pierre-Paul Grassé se situait sur le terrain du néo-lamarckisme.

Plus récemment, Gérard Nissim Amzallag a émis des critiques d'ordre épistémologique dans son ouvrage La raison malmenée, critique des idées reçues en biologie moderne, et d'ordre scientifique dans son deuxième ouvrage L'homme végétal, pour une autonomie du vivant, qui s'oppose, à l'aide de nombreux exemples, à l'idée selon laquelle les êtres vivants sont comparables à des machines et met en avant la notion d'autonomie du vivant.

Chaînons manquants

Article détaillé : forme transitionnelle.

La théorie de l'évolution suppose qu'entre les espèces vivantes, un grand nombre de formes intermédiaires existèrent autrefois, le processus de l'évolution étant supposé très lent et progressif, ou irrégulier selon les théories. On peut donc s'attendre à en trouver les restes sous forme de fossiles.
Les biologistes s'accordent sur le fait que les fossiles retrouvés représentent une part minuscule de ce qui a vécu sur Terre. En effet, la fossilisation ne s'applique quasiment pas aux corps mous, elle n'intervient que dans des conditions très spécifiques, puis les fossiles produits doivent résister à l'érosion. Ils doivent ensuite être découverts.

De plus, s'il était effectivement difficile de trouver des fossiles montrant les étapes de l'évolution conformément à la théorie à l'époque de Darwin, la biologie contemporaine dispose de nombreux exemples de fossiles transitionnels par exemple dans la lignée humaine. Le domaine de ce qu'on appelle l'EvoDevo (évolution et développement) fournit même des éléments précis sur les mécanismes d'apparitions de nouveaux organes ou de nouvelles structures qui engendrent de nouvelles espèces[22].

Certains biologistes comme David Raup affirment que l'apparition de nouvelles espèces est trop rapide pour laisser des traces géologiques. Ce dernier a déploré l'instrumentalisation de ses travaux par certains mouvements créationnistes[23]. Or ce débat entre équilibre ponctué et gradualisme est interne à la biologie de l'évolution ; il n'en remet pas du tout en cause les principes mais cherche seulement à en caractériser la dynamique à l'échelle des temps géologiques.

Malgré cela, le manque de formes intermédiaires dans des domaines précis a été dès le début et reste un argument employé par les détracteurs de l'évolution.

Le problème du chaînon manquant de la lignée humaine (un être qui serait intermédiaire entre le singe et l'homme) a longtemps été employé contre la théorie de l'évolution. Depuis, de nombreux hominidés ont été découverts, au point que le problème est aujourd'hui plus de déterminer lesquels sont des ancêtres de l'homme et/ou du singe, et lesquels sont des lignées éteintes.

Néo-catastrophisme

Le catastrophisme est une théorie scientifique qui a tenté de construire rationnellement les croyances sur l'origine du monde et sur l'évolution des espèces en mettant en avant l'impact qu'auraient eu des catastrophes de courte durée, violentes et inhabituelles. Cette théorie a été qualifiée ainsi au XIXe siècle, lorsqu'est apparu l'uniformitarisme, théorie qui, quant à elle, postule que les processus qui se sont exercés dans un passé lointain s'exercent encore de nos jours.

Par ailleurs, depuis le début du XXIe siècle le catastrophisme quitte le domaine des sciences biologiques et fait explicitement l'objet de diverses théorisations tant sur le plan social, philosophique[24], que politique[25].

Selon la théorie de Luis Walter Alvarez et son fils, qui se veut expliquer l'extinction Crétacé-Tertiaire c'est l'impact d'une météorite géante qui serait à l'origine de cette extinction massive[26].

Complexité irréductible

Article détaillé : complexité irréductible.

Plusieurs opposants à la théorie de l'évolution darwinienne, notamment Henri Bergson dans L'évolution créatrice, arguent que certains organes, comme l'œil humain (ou celui du homard), exigent un agencement très précis et concourant de différents éléments pour fonctionner correctement. Ils ne pourraient donc être le résultat d'une évolution progressive par sélection naturelle : une ébauche d'œil ne fonctionnerait pas et ne donnerait pas un avantage sélectif significatif. Arthur Koestler estime même, dans Janus, que cette mutation inutile aurait de fortes chances de se diluer et de disparaitre bien avant que les suivantes n'arrivent pour la compléter.

Henri Bergson s'oppose à Darwin sur un point : la réductibilité du phénomène vivant à une explication mécaniste, surtout pour des raisons épistémologiques liées à la fonction de notre intelligence ; celle-ci, dans une perspective pragmatique, vise l'action et constitue elle-même un outil d'adaptation. Le modèle établi par Darwin, selon lui conséquence de notre faculté de connaître, resterait encore insuffisant et exigerait une explication philosophique et intuitive de l'évolution. L'existence même d'une évolution n'est jamais remise en cause par Bergson ni par Koestler, mais tous deux insistent sur le fait que si son rôle d'élimination est indiscutable, son apport explicatif à des successions d'innovations en cascade reste problématique même sur les durées considérées, essentiellement pour des raisons de dilution de mutations qui, isolées, resteraient sans effet.

En fait, un organe photosensible même élémentaire, capable par exemple de simplement distinguer le jour de la nuit ou le passage d'une ombre, d'un prédateur ou d'un proie potentielle, procure un avantage sélectif suffisant[27] pour qu'on puisse envisager qu'il s'impose rapidement. De là à obtenir un organe beaucoup plus complexe tel que l'œil des vertébrés, le nombre d'étapes est certes considérable et demande une coordination des modifications de plusieurs organes adjacents, mais chaque amélioration accentuera l'avantage sélectif et s'imposera.
Des travaux montrent que l'apparition d'un œil complexe peut être en fait très rapide. En effet, Nilssion et Pelger montrent en 1994 que, sous des hypothèses particulièrement pessimistes, 400 000 générations suffisent à former un œil camérulaire (comme celui des Vertébrés) selon les modèles prédits par la théorie de l'évolution[28].

Le fait que la rétine des céphalopodes et celle des vertébrés ne soit pas « montée » dans le même sens montre que les yeux de ces deux groupes ne sont pas homologues et se sont développés par des voies différentes. Ce montage à l'envers, considéré comme une imperfection chez les vertébrés, est présenté par Richard Dawkins[29] comme une preuve de l'imperfection de l'œil des vertébrés, et donc du fait que ce dernier ne résulte pas de l'application d'un plan préétabli mais au contraire d'adaptations successives, comme un argument contre le créationnisme et le Dessein intelligent.
Certaines considérations pourraient montrer ce montage inverse de la rétine des vertébrés comme une imperfection : existence d'un point aveugle, rétine moins attachée au fond de l'œil (?), lumière filtrée par la rétine avant les récepteurs…
Néanmoins, certaines de ces caractéristiques « néfastes » ont été minimisés : comme le point aveugle dont l'étendue a été réduite, une liaison plus forte avec le fond de l'œil (?) Ou bien même, peut être utilisée(s) comme avantage(s) dans certaines circonstances : comme le pouvoir filtrant de la couche rétinienne.

C'est un exemple qui montre que des structures des divers organes dont la réponse à une contrainte externe, ici filtrer des radiations nocives, comme les ultraviolets ou régler l'intensité lumineuse), présentent souvent des possibilités multiples, ici la rétine servant de filtre, mais l'humeur vitrée ou/et le cristallin peuvent aussi jouer ce rôle.

Dans ces considérations, il faut en fait dissiper l'ambiguïté des notions d'organes « élémentaires », ou « d'ébauches » d'organes. Les yeux, ou les membres (ou d'autres organes) sont plus ou moins performants selon leur utilisation dans un organisme donné (vers, poissons, reptiles, oiseaux, etc.) mais ils ont toujours été « formés » et diversement sélectionnés suivant la lignée.

Second principe de la thermodynamique

Se fondant sur une simplification du deuxième principe de la thermodynamique, certains pseudo-scientifiques[30],[31] avancent que la physique interdirait l'évolution.

L'augmentation globale de l'entropie, variable de la thermodynamique quantifiant le désordre statistique d'un système, serait censée interdire l'évolution, qui engendre au contraire la complexité.

Cette affirmation doit être recadrée :

  1. Cette « conclusion » s'applique à l'entropie totale d'un système fermé, ce que la Terre n'est pas. L'entropie peut diminuer localement s'il y a échange d'énergie avec un autre endroit où l'on a une augmentation supérieure de l'entropie : typiquement au niveau du Soleil dans le cas de la vie sur Terre[32]. Ou plus précisément dans la transformation du rayonnement solaire reçu par la Terre.
    Globalement la Terre reçoit de l'énergie sous une forme plus « ordonnée » qu'elle n'en réémet : les rayons solaires sont reçus depuis une zone précise du ciel (le disque solaire), principalement dans le spectre visible ; alors que la Terre réémet cette énergie reçue sous forme de rayonnement infrarouge, par un nombre bien supérieur de photons (~20 fois plus) dans toutes les directions du ciel.
  2. Or les êtres vivants sont tous des systèmes « ouverts » (thermodynamiquement parlant) ; tendant à toutes étapes de leur existence à s'autoconserver, c'est-à-dire à maintenir leur organisation interne au détriment (au prix) d'une production continue « d'entropie », « de désordre » (rejets[33], chaleur[34]) payant ainsi le « tribut » à la règle d'entropie. Ils ne sont aucunement des exceptions à ce principe, contrairement à certaines affirmations péremptoires prétendument définitives[31]. De plus, le second principe est un principe général, qui montre qu'un système donné (vivant ou inerte) peut (ou non) fonctionner ; son type interne de fonctionnement est (ou peut être) expliqué par d'autres sciences (chimie, mécanique, électronique…)
    La possibilité d'évolution des populations d'êtres vivants est parfaitement conforme au second principe, tout comme leur fonctionnement, leur développement, leur conservation. Cette possibilité s'intègre simplement dans cette succession des générations, qui est elle-même parfaitement conforme au second principe.
    L'évolution ne produit pas directement plus « d'informations » ; il est très difficile de préciser « l'information » contenue dans les êtres vivants. Du moins le scénario principal le suggère-t-il à l'échelle des temps géologiques (des centaines de millions aux milliards d'années) ; comme on l'a vu, cette possibilité est conforme au second principe dans la biosphère. Le questionnement se portant sur la (ou les) manière(s) dont ça c'est produit.
  3. Il n'est pas immédiat d'assimiler le désordre statistique d'objets indifférenciés et indépendants comme les molécules d'un gaz parfait et l'entropie au sein d'un système prébiotique comportant différents constituants en interaction chimique. L'évaluation statistique effective des configurations les plus probables est bien moins évidente et rien n'empêche certains constituants de se « construire » aux dépens d'autres.
    Ainsi il est tout à fait faux de prétendre calculer simplement l'apparition de « la vie » en termes de « probabilités » simplistes, comme présenté ici[35], ou parfois ailleurs ! Car ce type de calcul simpliste ignore implicitement complètement tous les cadres dans lequel les diverses réactions ont (ou peuvent avoir) lieu : mares, évents, plages, volcans, argiles, impacts météoritiques/cométaires apportant des acides aminés et produisant simplement des peptides
    En gros, toutes les configurations (théoriques) simplement calculées ne sont pas directement équivalentes, ou même ne pourraient même pas apparaitre, donc ne sont pas réellement équiprobables. De plus, certains faits présentés comme évidents car observés chez les vivants, comme la chiralité des acides aminés, sont présentés comme un résultat simpliste d'un calcul de probabilité. Ainsi que le fait que les liaisons peptidiques entre les acides aminés ne sont pas équivalentes à d'autres types de liaisons, qui elles changeraient la nature des composés considérés.
    Ça occulte totalement tout questionnement que ces faits pourraient résulter d'un ensemble de processus de sélection et de (re)combinaisons dans différents systèmes (hypothétiques) qui pourraient se succéder, rendant totalement caduc ce type de calcul simpliste, présentant ce résultat comme apparaissant « d'un seul coup » !
    Ce type de calcul n'apporte qu'à un nombre (théorique) de configurations, sans signification physique immédiate, et en aucune façon une probabilité (globale) d'apparition.
    Demeurent toujours certaines interrogations techniques concernant les règles de repliement de protéines ; question centrale dans la théorie probabiliste de l'organisation de la vie[36]. Les maladies à prion témoignent de l'importance des différentes règles de pliages des protéines.
  4. La physique comporte déjà plusieurs phénomènes qui peuvent sembler violer le deuxième principe de la thermodynamique si on traduit « entropie » par la notion subjective de « désordre » : avec la formation des étoiles et des galaxies, la nucléosynthèse, l'Univers croît en entropie tout en paraissant plus ordonné.
    Il serait plus précis de dire que la matière se présente bien sous forme de structures plus ordonnées, mais l'Univers dans son ensemble est en fait globalement plus désordonné, principalement par le rayonnement émis lors de la formations de ces structures.

Critiques à caractère religieux

Face au consensus scientifique actuel, certains groupes contestent l'existence de l'évolution. Il s'agit en général de milieux religieux, tenants de diverses formes de créationnisme et de prédéterminisme. Les raisons de cette opposition sont la contradiction avec une interprétation littérale de leurs textes sacrés (en particulier la Genèse), la négation de la volonté divine dans la création du monde et de l'homme, ainsi que le fait que la théorie de l'évolution n'accorde pas de place particulière (du moins dans une première analyse) à l'être humain dans l'univers et le monde vivant.

Cette opposition n'est nullement unanime parmi les religions. L'Église catholique par exemple ne partage pas l'interprétation littérale du livre de la Genèse. La théorie de l'évolution a été présentée comme une hypothèse scientifique compatible avec la doctrine catholique par le pape Pie XII dans l'encyclique Humani Generis en 1950. Le pape Jean-Paul II a affirmé en 1996 que c'était « plus qu'une hypothèse[37]», et le chef astronome du Vatican, le révérend George Coyne, a affirmé que le Dessein intelligent « n'est pas de la science, même s'il en a la prétention[38]». De même, le bouddhisme ne rejette pas la théorie de l'évolution dont les notions sont même plutôt en accord avec la pensée bouddhiste[39].

En science, une théorie est une explication cohérente des phénomènes naturels basés sur l'observation directe et l'expérimentation. Les théories sont logiques, prédictives et testables. Elles sont ouvertes à la critique et lorsqu'elles apparaissent erronées, elles sont modifiables ou annulables. Sur base de cette définition, l'évolution est catégorisée avec d'autres théories scientifiques telle que les théories de la gravité ou la théorie atomique, qui, comme l'évolution, sont universellement acceptées par les scientifiques. (…) Contrairement à l'évolution, le dessein intelligent et le créationnisme ne sont pas de la science parce qu'ils échouent à rencontrer les exigences essentielles et nécessaires : ils ne sont pas fondés sur l'observation directe ou l'expérimentation pas plus qu'ils ne génèrent des prédictions testables. Dès lors, offrir ces « croyances » comme alternative à l'évolution ou donner un temps égal dans les classes de science dénature complètement la nature de la science[40].

Créationnisme

Article détaillé : créationnisme.

Ces critiques du darwinisme font référence aux attaques des tenants d'une vision religieuse ou spiritualiste généralement inspirée d'une exégèse littérale de la Bible, contre les présentations de thèmes présentés comme issus de recherches des scientifiques travaillant à la théorie darwinienne. En tant que telles ces critiques ne sont pas scientifiques, mais s'inscrivent plutôt dans le débat sur raison et foi et en particulier science et christianisme.

  • Le pape Jean-Paul II critiqua cette position sur la science dans le cadre de l'affaire Galilée : « Ainsi la science nouvelle, avec ses méthodes et la liberté de recherche qu'elle suppose, obligeait les théologiens à s'interroger sur leurs propres critères d'interprétation de l'Écriture. La plupart n'ont pas su le faire. »
  • En 1996, le pape affirma que : « L'évolution était plus qu'une hypothèse. »[41].

Dès lors, c'est surtout des milieux protestants que proviennent les critiques du darwinisme.

Dessein Intelligent

Article détaillé : dessein intelligent.
Vue postérieure de l'os sphénoïde. Selon Anne Dambricourt Malassé et Marie-Joseph Deshayes, le fléchissement de l'os sphénoïde dans le même sens depuis 60 millions d'années a complètement orienté l'évolution de l'Homme.

Le dessein intelligent (Intelligent Design en anglais[42]) est la thèse selon laquelle « certaines observations de l'Univers et du monde du vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle. »[43]. Cette thèse a été développée par le Discovery Institute, un cercle de réflexion conservateur chrétien américain. Le dessein intelligent est présenté comme une théorie scientifique par ses promoteurs, mais dans le monde scientifique, il est considéré comme relevant de la pseudo-science, tant par des arguments aussi bien internes à la biologie (les promoteurs du dessein intelligent apparaissant aux biologistes comme ne tenant pas compte de nombreuses observations) qu'épistémologiques (en particulier le critère de réfutabilité de Karl Popper).

La plupart des commentateurs y voient une résurgence du créationnisme, dissimulée sous une apparence de scientificité, et les Américains la classent désormais dans les théories néo-créationnistes, en particulier suite à la publication du Wedge document (voir objectifs et stratégie). D'un point de vue idéologique, les deux thèses sont apparentées (intervention d'une puissance supérieure).

Deux chercheuses françaises, Anne Dambricourt Malassé et Marie-Joseph Deshayes défendent, que l'os sphénoïde, un os situé au centre du crâne, jouerait un rôle clef dans l'évolution de notre espèce, et particulièrement dans notre position redressée et la bipédie[44].

Notes et références

  1. Résumé de : LARGEAULT J., Réductionnisme et holisme, Encyclopédia universalis, (2000) vol. 19, p. 523-527.
  2. Platon, Apologie de Socrate, Criton, Phédon, trad. M.-J. Moreau, ed. Gallimard, Folio Essais, 1985.
  3. Aristote, La Métaphysique, trad. Annick Jaulin, PUF, 1999.
  4. a et b Jacques Monod, Le hasard et la nécessité, éditions du Seuil, coll. « Points », pp. 37-38.
  5. Smuts, Jan. Holism and Evolution. Londres: Macmillan & Co Ldt, 1926, p. 362.
  6. Stephen Jay Gould, Darwin et les grandes énigmes de la vie, éd Point, 1997, p225-228
  7. Karl Marx, Le Capital, Livre I, éd Puf, Chap XII Division du Travail et Manufacture, §2 Le travailleur Partiel et son outil, p.384
  8. in Karl Marx, Le Capital, ed Folio essai, Chap XIV La Manufacture, §II Le travailleur parcellaire et son outil, p.430
  9. Stephen Jay Gould, Cette vision de la vie, éd du Seuil, 2004, p143-144
  10. Bernard Naccache, Marx, Engels et le singe, L'Harmattan, 130p. 2000
  11. "les nouvelles connaissances de l'objet d'étude ne viennent pas directement de l'observation, ni de l'expérience (l'empirisme), mais des jugements logiques dans le cadre d'une théorie donnée ou nouvellement développés" (in Foundations of the logical theory of scientific knowledge (Complex Logic), Alexandre Zinoviev, éd. Reidel Publishing Company, 1973, partie editorial introduction, p. VIII (citation de la partie Logical and Physical implication, p.91 in Problems of the Logic of Scientific Knowledge (1964))
  12. cf Richard Dawkins, Le gène égoïste. Remarque : le libre arbitre est récusé par les matérialistes dialectiques.
  13. « La vie, étant la forme de l'être qui nous est le plus connue, est spécifiquement une volonté d'accumuler la force : - Tous les procès de la vie ont là leur levier ; rien ne veut se conserver, tout doit être additionné et accumulé. La vie, en tant que cas particulier (l'hypothèse qui, en partant de là, aboutit au caractère général de l'existence) - aspire à un sentiment maximal de puissance; elle est essentiellement l'aspiration à un surplus de puissance ; aspirer, ce n'est point autre chose que d'aspirer à la puissance ; cette volonté demeure ce qu'il y a de plus intime et de plus profond : la mécanique est une simple sémiotique des conséquences. »
  14. « Périssent les faibles et les ratés ! Et il faut même les y aider ! »
  15. « Jusque ici toute élévation du type humain a été l'œuvre d'une société aristocratique, et il en sera toujours ainsi. »
  16. « L'humanité n'avance pas d'un seul trait ; souvent le type déjà atteint se perd de nouveau (malgré les efforts de trois siècles, nous n'avons plus pu atteindre de nouveau l'homme de la Renaissance, et, d'autre part, l'« homme » de la Renaissance était resté en arrière sur l'homme de l'Antiquité). »
  17. « Ce qui me surprend le plus, lorsque je passe en revue les grandes destinées de l'humanité, c'est d'avoir toujours devant les yeux le contraire de ce que voient ou veulent voir aujourd'hui Darwin et son école. Eux constatent la sélection en faveur des êtres plus forts et mieux venus, le progrès de l'espèce. Mais c'est précisément le contraire qui saute aux yeux : la suppression des cas heureux, l'inutilité des types mieux venus, la domination inévitable des types moyens et même de ceux qui sont au-dessous de la moyenne. À moins que l'on nous démontre la raison qui fait que l'Homme est l'exception parmi les créatures, j'incline à croire que l'école de Darwin s'est partout trompée. »
  18. « Et qui est celui qui m'appelle là-bas ? » « Tu le sais bien, répondit vivement le devin, pourquoi te caches-tu ? C'est l'homme supérieur qui t'appelle à son secours ! » Ainsi parlait Zarathoustra, Quatrième partie, Le cri de détresse.
  19. « Aujourd'hui les petites gens sont devenus les maitres, ils prêchent tous la résignation, et la modestie, et la prudence, et l'application, et les égards et le long ainsi-de-suite des petites vertus. […] Surmontez, hommes supérieurs, les petites vertus, les petites prudences, les égards pour les grains de sable, le fourmillement des fourmis, le misérable contentement de soi, le « bonheur du plus grand nombre ! » — Et désespérez plutôt que de vous rendre. Car, en vérité, je vous aime, parce que vous ne savez pas vivre aujourd'hui, ô hommes supérieurs ! Car c'est ainsi que vous vivez — le mieux ! » Ainsi parlait Zarathoustra, Quatrième partie, De l'homme supérieur.
  20. « Qui devra venir un jour et n'aura pas le droit de passer ? Notre grand hasard, c'est-à-dire le grand et lointain Empire de l'Homme, le règne de Zarathoustra qui dure mille ans. » Ainsi parlait Zarathoustra, Quatrième partie, L'offrande du miel.
  21. cf. La nécessité-utilité n'est pas le primus movens de l'évolution biologique, p. 302
  22. Vincent Homer, Évolution et développement : Vers une nouvelle synthèse ?, Université Paris IV, Sorbonne.
  23. Alain Feuerbacher, Désaccords d'Évolution
  24. Pour un catastrophisme éclairé. Quand l'impossible est certain de Jean-Pierre Dupuy, Seuil, 2002.
  25. Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, de René Riesel et Jaime Semprun, Encyclopédie des Nuisances, 2008.
  26. Cette théorie explique à la fois la disparition des dinosaures et l'importante radiation évolutive des oiseaux et des mammifères qu'a connue la Terre il y a 65 Ma. Selon la paléontologie moderne, chaque extinction massive est de cette façon suivie d'une radiation évolutive importante. Tout cela, bien que mettant en cause des catastrophes suivies d'une multiplication systématique de nouvelles formes d'espèces, ne relève cependant pas forcément de la théorie catastrophiste, car les fondements du catastrophisme s'opposent par principe à ceux de la théorie de l'évolution.
  27. Dans certaines circonstances, comme celles du Cambrien.
  28. Nilsson & Pelger, A pessimistic estimate of the time required for an eye to evolve.Proc. Biol. Sci .1994 Apr 22;256(1345):53-8
  29. L'Horloger Aveugle, 1986.
  30. Emmanuel Bozzi, La deuxième loi de la thermodynamique contredit la théorie de l'évolution, Bibliste.com
  31. a et b Adnan Oktar, La thermodynamique réfute l'évolution, Le Mensonge de l'évolution.com
  32. Jacques Monod, Le hasard et la nécessité, éditions du Seuil, 1970. (ISBN 2020028123)
  33. Rejets (excréments, dioxyde de carbone, eau…), qui pourront de nouveau être recyclés par dégradation de l'énergie solaire.
  34. Chaleur, qui est dissipée dans le rayonnement infrarouge de la Terre (qui est elle-même un système ouvert).
  35. Adnan Oktar, L'impasse moléculaire de l'évolution, Le Mensonge de l'évolution.com.
  36. Folding@Home Interview:Fold a Protein Simulation vidéo d'un pliage de protéine selon les lois physico-chimiques actuellement connue sur cette page. Présentée sur DL TV par Veronica Belmont et Robert Heron.
  37. Jean Paul II, Message delivered to the Pontifical Academy of Sciences 22 October 1996, Eternal Word Television Network.
  38. Vatican official: 'Intelligent design' isn't science, USAToday.com, 18 novembre 2005.
  39. Jacques Brosse, Écologie, bouddhisme et christianisme, Nouvelles Clés, (page consultée le 26 avril 2008).
  40. « FASEB opposes using science classes to teach intelligent design, creationism, and other non-scientific beliefs », The FASEB Journal, 2006;20:408-409, p. 408
  41. EVOLUTION WATCH Posted: November 03, 2005 2:25 pm Eastern ; © 2009 WorldNetDaily.com
  42. La traduction en français de design par dessein est devenue usuelle dans ce cadre. Une traduction par conception serait plus exacte et permettrait de traduire intelligent designer par concepteur intelligent plutôt que par cause intelligente.
  43. Voir site du Discovery Institute, un des promoteurs du Dessein Intelligent, Questions About Intelligent Design
  44. L'hypothèse est fondée sur l'étude des crânes fossiles des différentes lignées de primates, ainsi que sur le développement actuel de notre espèce, elles décrivent un processus interne d'évolution : l'Inside Story ! L'os sphénoïde se fléchirait graduellement dans le même sens depuis des dizaines de millions d'années et « orienterait » notre évolution. L'os continuerait toujours de se fléchir dans le même sens expliquant selon les chercheuses la disparition progressive des dents de sagesse à cause de la réduction de l'espace disponible dans la bouche… (Voir site : « Homo Sapiens - Une nouvelle histoire de l'homme  »). Bien que les auteurs de cette thèse prétendent ne pas défendre la théorie du dessein intelligent : (Voir : La logique de l'évolution), des néocréationnistes se sont appropriés celle-ci.

Annexes

Bibliographie

  • Pierre-Paul Grassé, L'évolution du vivant, matériaux pour une théorie transformiste, Albin Michel, 1973 
  • Rémy Chauvin, Le Darwinisme ou la fin d’un mythe, du Rocher, 1997 
  • Anne Dambricourt-Malassé, La Légende maudite du Vingtième siècle : L'Erreur darwinienne, Nuée Bleue, 2000 
  • Stephen Jay Gould, Et Dieu dit : Que Darwin soit ! : Science et religion, enfin la paix ? , préface de Dominique Lecourt, Seuil, 2000.
  • Dominique Lecourt, L’Amérique entre la Bible et Darwin, suivi de Intelligent design : science, morale et politique'' (1992, 3e réed. Quadrige/PUF, 2007).
  • Georges Salet, Hasard et certitude : le transformisme devant la biologie actuelle, Editions scientifiques St-Edme, 1972 - (Rééd. augmentée TÉQUI 2003) 

Articles connexes

Liens externes




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