Phalanges libanaises

Phalanges libanaises
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Phalanges libanaises
Kataëb
Chef du Parti Amine Gemayel
Fondateur Pierre Gemayel
Fondation 1936
Siège Beyrouth, Liban
Religion Essentiellement chrétiens, (mais officiellement laïque)
Idéologie Conservatisme
Démocratie-chrétienne
Nationalisme
Couleur vert et blanc.
Site web www.kataeb.com
Liban
Coat of Arms of Lebanon.svg
Cet article fait partie de la série sur la
politique du Liban,
sous-série sur la politique.


v · d · m

Les Phalanges libanaises (arabe : الكتائب اللبنانية Al Kataëb Al Lubnaniyya, souvent désignées par l'abréviation Kataëb) sont un parti politique fondé en 1936 par Pierre Gemayel, Najib Acouri, George Naccache (journaliste), Charles Hélou (devenu Président de la république), Hamid Frangié et Chafic Nassif. Regroupés autour de la pharmacie que tenait Pierre Gemayel à la place des Canons, les premiers Kataëb militaient pour l'indépendance et la souveraineté du Liban, alors compromises par les divergences entre les dirigeants politiques du Liban (Le président Eddé avait signé un traité d'amitié franco-libanais qui maximisa la tension entre unionistes et indépendantistes). Le mouvement s'oppose alors à la présence de la France au Liban et tente d'organiser la jeunesse libanaise à la résistance.

Le 7 novembre 1936, l’organisation lançait son premier manifeste. Précisant l’action envisagée, le texte propose de « superposer aux vieux idéaux confessionnels un idéal national ». Il est établi ensuite que l’indépendance se conquiert, se préserve chaque jour[1].

Les Phalanges adoptent une structure organisée, paramilitaire et idéologiquement fortement inspirée des structures telles que le SS et le Gestapo du fascisme allemand sous Hitler, selon le journaliste britannique vivant à Beyrouth Robert Fisk. Ils se heurtent à plusieurs reprises aux forces françaises et gouvernementales du président Eddé. Le Parti Kataëb s'oppose aussi au Parti social nationaliste syrien fondé par Antoun Saadé qui prône une union de la grande Syrie. En 1943, les Kataëb jouent un rôle fondamental dans la réalisation de l'indépendance du Liban. Elles collaborent avec le mouvement sunnite al-Najjada et Pierre Gemayel devient un des pères de l'indépendance du pays.

Sommaire

Les phalanges après l'indépendance

L'idéologie du Parti Kataëb est nationaliste à tendance antisémite, bien que l'essentiel de ses membres chrétiens aient collaboré par une logique de dominance politique avec Israël à plusieurs reprises par le passé jusqu'aux nos jours. Le parti est rebaptisé Parti démocratique social en 1952 et intègre le parlement libanais aux législatives d'avril 1951 lorsque ses candidats sont élus à Beyrouth, au Akkar et dans la Békaa. Le Parti présidé par Pierre Gemayel est structuré autour de cinq institutions : le bureau politique, organe de décision ; le conseil central, collège électoral de consultation et de contrôle ; le conseil général, qui se réunit tous les trois mois ou sur demande du BP ; le congrès annuel d’orientation ; le jury d’honneur pour les questions de discipline[1]. Le président suprême est élu pour trois ans renouvelables. Seize services spécialisés sont instaurés. Le congrès de 1960 établit que la rhétorique Kataëb se définit « comme réaliste, prônant la primauté de la personne et évoluant dans une ligne d’interaction profonde entre les données philosophiques modernes et notre patrimoine intellectuel propre » Le congrès de 1968 aboutit à la présentation d’un projet de loi instituant le mariage civil facultatif.

Le Parti est à l'avant garde du conflit civil de 1958 qui oppose les Nassériens au Président Chamoun. La contre révolution qu'il mène après la nomination du premier gouvernement du mandat du Président Chéhab, jugé déséquilibré, aboutit à la mise en place d’un cabinet des Quatre (et de salut public) dirigé par Rachid Karamé, et comprenant Pierre Gemayel et Raymond Eddé pour les maronites.

Pierre Gemayel accepte l'accord du Caire en 1969 misant sur la tentative du Président Charles Hélou de circonscrire l'activité des fedayin palestiniens qui utilisaient le Liban comme base d'attaque contre Israël.

Les phalanges dans la guerre civile

En 1975, le mouvement revendique 80 000 adhérents. L'attentat de Ayin-el-Remmaneh en avril 1975 marque le début de la guerre du Liban. Des palestiniens tentent d'assassiner Pierre Gemayel alors qu'il inaugurait une église dans la banlieue de Beyrouth. Un car palestinien passant sur les lieux l'après-midi du même jour essuie des tirs nourris de la part des phalangistes qui tuent 27 travailleurs palestiniens. La spirale vers le chaos s'amplifie vite. Le « samedi noir », quand quatre chrétiens sont trouvés tués à coups de hache en décembre 1975, des phalangistes enragés par la mort de leurs compagnons tuent près de 600 musulmans près du siège de leur parti. Le "premier round" de la guerre commence et les miliciens phalangistes, jeunes recrues appartenant à l'ensemble des classes sociales, se retrouvent aux premières lignes de la bataille contre le Fatah de Yasser Arafat et ses alliés libanais progressistes. Bashir Gemayel, fils cadet de Pierre Gemayel, émerge des premières années de confrontation comme principal chef militaire des chrétiens et fonde les Forces libanaises qui, bien qu'essentiellement constituées de jeunes Kataëb, fédèrent la quasi totalité des milices chrétiennes.

En 1982, alors qu'Israël envahit le Liban afin de chasser l'OLP de Beyrouth, Bashir, leader de fait des Phalanges, est élu président de la République, soutenu par sa communauté. Il est assassiné le 14 septembre 1982 dans un attentat à la bombe qui le vise dans la permanence du Parti d'Achrafiyé. Amine Gemayel, son frère aîné et député du Metn est élu à sa place. Dans la nuit du 16 septembre, une unité dirigée par Elie Hobeika, un des responsables sécuritaires des Forces libanaises, pénètre à Beyrouth ouest dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila. Pendant trois jours, elle tue de 700 à 3500 personnes, principalement des civils palestiniens, afin de venger la mort de Bashir Gemayel[2].

Pierre Gemayel meurt en 1984. Elie Karamé lui succède alors (1984-86) suivi de Georges Saadeh (1986-98). La disparition du fondateur, l'exil d'Amine Gemayel en France après la fin de son mandat (face à la menace des Forces Libanaises qui tentent une mainmise sur le Parti) et l'entrée des troupes syriennes marquent le déclin du Parti Kataëb qui se rallie aux accords de Taëf de 1989 qui instaurent la IIe République libanaise. Amine Gemayel et les représentants de la vieille garde du parti dénoncent l'adhésion des Kataëb à la République de Taëf.

Les phalanges après la guerre

Au sein du parti, les divisions s'accentuent à propos de la présence syrienne. Le chef du bureau politique, Boutros Khawand est enlevé le 5 septembre 1992. Selon Human Rights Watch, il aurait été incarcéré dans la prison militaire de Mazzeh à Damas, et par la suite transféré au centre de détention de Tadmor (Palmyre).

Après la mort de Georges Saadeh, c'est Mounir al-Hajj qui prend la tête du parti en mars 1999, peu après l'élection d'Émile Lahoud à la présidence de la République. Hajj essaye de promouvoir un réalignement du parti sur Damas. Mais cette politique est fortement combattue en interne. Son alliance aux législatives de 2000 avec le ministre de l'Intérieur prosyrien Michel Murr cause du tort à Hajj. Murr lui avait proposé de figurer sur sa liste du Metn aux côtés de membres du parti social nationaliste syrien, favorable à l'annexion du Liban par la Syrie, et qui avait combattu les Forces libanaises pendant la guerre civile. Cependant Hajj est battu et ne peut accéder au gouvernement.

À cette occasion, il est démis de la présidence des Phalanges. Dès lors, deux candidats entrent en lice : Amine Gemayel rentré de son exil en juillet 2000 et Karim Pakradouni. Ce dernier est élu à la tête du parti le 4 octobre 2001, grâce à de fortes ingérences syriennes dans le processus électoral interne, et provoque une scission entre militants pro-Gemayel et pro-Pakradouni. Amine Gemayel fonde alors le Mouvement Réformiste Kataëb que dirige son fils Pierre, élu député du Metn depuis 2000. Le parti se réunifie par la suite grâce à un accord conclu entre le Mouvement Réformiste Kataëb et Karim Pakradouni. Amine Gemayel devient Chef Suprême du Parti alors que Pakradouni en reste le président.

Pierre Amine Gemayel réussi à relever le parti de sa torpeur en lui apportant un élan de jeunesse qui se traduit par une réorganisation de sa structure, l'ouverture de nouvelles permanences et le redémarrage du recrutement, en panne pendant "les années pro-syriennes" de 1989-2005. Le 21 novembre 2006, Pierre Amine Gemayel, ministre de l'Industrie et fils de Amine Gemayel, est assassiné à la veille de l'autorisation par l'ONU de la mise en place d'un tribunal international pour juger les auteurs de l'assassinat du premier ministre sunnite Rafic Hariri. Le Parti est encore visé le 19 septembre 2007, lorsqu'un attentat à la voiture piégée coûte la vie au député Antoine Ghanem, membre du bureau politique du parti, juste avant les élections présidentielles.

Le parti a tenu un congrès extraordinaire en décembre 2007 qui a entériné une réorganisation et un renouveau de la pensée politique recentrée sur la décentralisation et le respect de la diversité du Liban. La réconciliation Kataëb est aussi presque achevée en janvier 2008 lorsque les partisans d'Elie Karamé, ancien Président du Parti, réintègrent le bureau politique suite aux élections de février 2008 qui aboutissent au départ de Karim Pakradouni et à l'élection d'Amine Gemayel à la présidence du Parti. Le parti se présente aux élections législatives de 2009 aidé de ses alliés dont les Forces Libanaises et Michel Murr. Samy Gemayel (26 ans), second fils d'Amine Gemayel se présente aux élections du Metn et connaît un important succès.

Références

  1. a et b Jean Issa, L'Orient le Jour
  2. Pierre Péan : Sabra et Chatila, retour sur un massacre. Le Monde diplomatique, pages 21-22, septembre 2002. voir l'article en ligne : http://www.monde-diplomatique.fr/2002/09/PEAN/16863

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