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Georges Ricard-Cordingley
Georges Ricard-Cordingley (30 janvier 1873 - 25 avril 1939) est un peintre français[1].
Ne pas peindre ce que je vois, mais ce que j’éprouve, si c’est du vent que ça souffle, si c’est de la pluie, qu’on sente la pluie vous transpercer, si c’est du soleil, qu’on dise qu’on est dans un four. G. Ricard-Cordingley
Sommaire
Biographie
- 30 janvier 1873 : naissance de Georges Ricard à Lyon, fils de Prosper Louis Ricard âgé de 40 ans et de Georgina Marie Cordingley. Enfance passée à Lyon et Boulogne-sur-Mer. Dons précoces pour le dessin.
- 1885 : Décès de son père.
- 1887 : Devient l'élève de Jean-Charles Cazin (1840-1901), un paysagiste du Pas-de-Calais et de la Côte d’Opale.
- 1890 : Part étudier à l'Académie Julian de Paris : ses professeurs sont Benjamin Constant, Louis Martinet, Jules Lefèvre.
- 1892 : Décès de sa mère, il a 19 ans. Séjour en Angleterre dans sa famille maternelle. Ajoute le nom de sa mère à son nom.
Premier embarquement pour la Mer du Nord avec la Royal Mission to Deep sea Fisherman. Premières études de marines.
- 1895 : Second embarquement en Mer du Nord et séjour. Nombreuses études de vagues, de nuages. Peint de nombreuses vues du port et des portraits de pêcheurs.
Expositions à Paris et à Londres.
- 1896 : Troisième embarquement en Mer du Nord et Atlantique avec la Société des œuvres de mer. Fait naufrage à Terre-Neuve.
- 1901 : Installation à Boulogne-sur-Mer d’un atelier.
Partage son temps entre Londres, Paris et Boulogne. Peint des portraits et des Marines.
- 1903 : Décoration du Casino de Wimereux (Pas-de-Calais).
- 1911 : Épouse Suzanne Giraud-Teulon qui lui donnera 3 enfants :
Éliane (1913-1945), Louis (1917-1942) et Gabrielle (née en 1924).
- 1918 : S’installe à Cannes, Villa des Enfants, et achète la villa René, boulevard Sainte-Beuve, à Boulogne-sur-Mer.
- 1924 – 1928 : S’installe à Neuilly-sur-Seine.
Partage sa vie entre la région parisienne où il demeure, Cannes et Boulogne. Nombreux voyages en Normandie, Bretagne, Méditerranée, Afrique du Nord. Expositions à Paris, Cannes (Cercle Nautique), Boulogne et périphérie. Parcourt les régions des lacs (Suisse, Italie, France).
- 1928 – 1930 : Voyages en Hollande, séjour dans le Pays basque, navigation en Mer du Nord.
- 1931 – 1934 : Voyages en Afrique du Nord, particulièrement au Maroc, où il exposera en 1934.
Passe l’hiver à Cannes et l’été à Boulogne-sur-Mer.
Analyse
Pierre Miquel (1921 - 2002), historien d'art et expert, écrit à propos de l'artiste[2] :
Georges Ricard-Cordingley est le seul peintre de marine qui ait vu le jour à Lyon : c’est un artiste de l’école lyonnaise par son goût de l’ésotérisme, le rôle donné à l’art dans ses écrits, autant que par sa sensibilité à la brume, ses tons délicats, ses harmonies subtiles. Voici l’homme : mélange de retenue, de modération, de finesse, d’absence d’audace apparente dans la traduction des sentiments et émotions, traits communs à Orsel comme aux Flandrin. Issu d’un père dénommé Ricard (plusieurs artistes sans liens de parenté portent alors ce nom) et d’une mère anglaise née Cordingley, il mêle pour se distinguer les deux « patronymes » dans sa signature d’artiste. Ricard-Cordingley a été désigné comme peintre des gris colorés, tons que l’on retrouve dans le style nuancé des deux écoles et dans l’atmosphère des deux villes, Lyon et Londres, où son renom débuta. Les deux autres pôles où il séjourna sont Boulogne-sur-Mer et Cannes. Des brumes matinales de la mer du Nord aux brumes crépusculaires de la Côte d’Azur il existait un lien et son œuvre se complaira dans l’incertain et l’indéterminé que traduit si bien ce « bilinguisme» artistique aux émotions douces et tendres. Si le « can’t » est la règle, la mesure est la seule loi de son harmonie. Il n’est jusqu’à sa passion pour l’aquarelle qui n’aille des tons purs de Constable aux pâleurs opalines d’un Ravier. Son dessin est subtil encore : crayon gras au Maroc et haute montagne, il épouse le fusain dès qu’il est question de la mer. Le fusain avec sa lumière d’ombre est l’indispensable technique au rendu des soirs, la voie du mystère. Différente ou plutôt diverse, à l’huile, à l’aquarelle, au fusain, son œuvre porte la marque du rêve qui en fait l’unité. Après la destruction de son atelier en 1940 à Boulogne-sur-Mer par fait de guerre, que reste-t-il de ses créations, de ses portraits de jeunesse qui enchantaient la « gentry », des grandes décorations, dont celle du casino de Wimereux, détruit lui aussi. Pour juger ses ambitions et ses rêves il ne demeure qu’environ deux cent cinquante études, encore moins d’aquarelles et de dessins en dehors des tableaux vendus de son vivant. Il subsiste cependant un « liber veritatis » où cet angoissé de perfection a noté, croquis et aquarelles à l’appui, tout ce que marchands et collectionneurs ont éparpillé dans le monde. Le jour viendra-t-il où la blanche nef des rêves mystiques lyonnais et les falaises claires de la légendaire Albion se joindront dans un commun hommage à leur concitoyen trop oublié.
Citations de l'artiste
- Ne pas peindre avant d’avoir tout résolu par le dessin
- Les accents de l’eau sont très intenses, comme violets. Les vagues se modèlent par les reflets obliques.
- La ligne d’horizon est l’évocation de l’infini.
- Faire une étude d’après nature ce n’est pas accumuler tous les détails possibles, c’est chercher tout ce qu’on peut supprimer comme parties nuisant à l’impression d’ensemble qui, seule, compte.
- Il faudrait avoir deux ou trois palettes, dont une pour le ciel qu’on ne salirait pas.
- Toujours peindre pour soi-même pour exprimer sa pensée sans jamais songer qu’elle doit être mise sous d’autres yeux. Cela développe l’individualité et par conséquent le charme.
- Quel que soit le but, quelle que soit l’intention de l’artiste, la rigueur de la forme est comme l’armature sur laquelle toute l’œuvre repose, la condition essentielle à toute possibilité de vie et de réalité. Celle-ci se retrouve dans tous les chefs-d’œuvre, sans exception.
- Nous sommes limités en face de problèmes illimités.
- N’indiquer dans l’esquisse que ce qui reste de la synthèse. Vérité de vision et non de détails.
- Tout tableau qui n’est pas l’orchestration d’une harmonie (mineure ou majeure) est une trahison envers la nature, l’art et sa propre pensée.
- Marche à suivre pour l’observation d’un bon croquis de huit minutes :
1. grand ligne de la composition : 2 minutes - 2. les trois valeurs d’ensemble : 2 minutes - 3. Les accents de puissance : 1 minute - 4. le morceau central d’intérêt avec autant de minutie et d’exactitude que possible : 3 minutes et à volonté.
- Jamais deux sujets dans un même tableau.
- Comme ces fleurs ramassées seulement au sommet des montagnes, l’inspiration est une fleur seulement cueillie aux régions élevées de la pensée.
- Je ne veux voir que le ciel, la mer et les monts qu’aux heures d’harmonie. Je ne veux pénétrer dans l’âme humaine qu’en ses heures de vaillance et d’amour.
Oeuvres et expositions
Elles figurent dans de nombreux musées en France : Paris, musée national de la Marine - Paris, musée d'Art Moderne - Musées de Boulogne-sur-Mer, Berck-sur-Mer et du Touquet - Toulon, musée d'Art - Cannes, musée de la Castre - Menton, musée des Beaux-arts
À l'étranger : Collections royales d'Angleterre - Philadelphia Museum of Art, États-Unis - Musée de l'Ermitage, Musée des Beaux-arts Pouchkine, Russie - Musée de Casablanca, Maroc
Les deux dernières expositions d'envergure nationale consacrées à son oeuvre en France ont été présentées à Toulon, musée national de la Marine (1er juin 2006 - 30 avril 2007) et Brest, musée national de la Marine (25 mai 2007 - 31 décembre 2007).
Voir aussi
Notes
Vidéo
Yves Legrain-Crist, Le voyage de Georges Ricard-Cordingley. Film documentaire de 26 minutes, 2003, production Kanari films.
Un canot de sauvetage dans la brume. Nous sommes à Terre-Neuve à la fin du XIXème siècle. Dans le canot, les survivants d’un naufrage. Parmi eux, un homme aux traits fins, différents des autres. L’homme est peintre.
Il s’appelle Georges Ricard Cordingley.
Quelques mois auparavant, cet homme à moitié mort de faim, et de froid, pitoyable, était la coqueluche de la cour d’Angleterre, peintre préféré de la reine Victoria.
Comment en est-il arrivé là ?
Au cours d’entretiens avec sa fille agée de 80 ans, et de spécialistes de sa peinture, nous allons découvrir le destin hors du commun de cet homme qui n’a pas hésité à rejeter gloire et fortune pour l’amour de l’aventure. C’est en suivant les marins d’aujourd’hui, comme lui a suivi ceux de son époque, que nous allons essayer de nous rapprocher d’un peintre qui a passé sa vie en voyage, à la recherche de la lumière et de l’émotion qui s’en dégage.
Liens externes
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