- Fauconnerie
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Fauconnerie * Patrimoine culturel immatériel
de l’humanité
Pays * Émirats arabes unis
Belgique
République tchèque
France
Corée du Sud
Mongolie
Maroc
Qatar
Arabie saoudite
Espagne
SyrieRégions * États arabes
Europe et Amérique du Nord
Asie et PacifiqueListe Liste représentative Fiche 00442 Année d’inscription 2010 modifier La fauconnerie est l'art d'élever et de conduire certains rapaces pour la chasse. Les espèces que chassent les rapaces ne le sont pas toutes naturellement. Ceci est le fruit du dressage. Cet art très ancien est pratiqué dans plus d'une quarantaine de pays et a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO le 16 novembre 2010[1].
Sommaire
Histoire
Origines
La fauconnerie semble trouver son origine sur les hauts plateaux d'Asie Centrale, dans des régions où, maintenant encore, se rencontre la plus grande concentration naturelle d'oiseaux de proie aptes à être affaîtés (dressés). Les Kirghizes, nomades et chasseurs, pourraient avoir été jadis les premiers fauconniers. Le monde antique grec et latin a connaissance de cet art sans le pratiquer. Une plaque de ceinturon gallo-romain évoque la chasse au vol.
Développement en Europe
C'est au VIIe siècle que le monde gaulois la découvre. Les arabes et les Gaulois l'ont apprise des Germains par les grandes invasions. C'est au Moyen Âge que l'on voit vraiment se développer la fauconnerie dans tous les pays d'Europe, avec un âge d'or en France. Selon les périodes et les régions, elle fut largement pratiquée par tous, ou, au contraire, l'expression jalouse de la noblesse, voire privilège royal. La fauconnerie faisait partie, avec le chant poétique, la cavalerie et le maniement des armes, des arts nobles donnant lieu à des concours entre tous les jeunes gens nobles d'une région, comme l'atteste la cour de l'Épervier dans le Languedoc.
Les rapaces font l'objet d'un commerce important et constituent un produit considéré comme précieux et de prestige. Les ordres chrétiens de chevalerie créés à partir du XIIe siècle avaient une approche différente de la pratique de la chasse. Au sein de l'ordre du Temple, la fauconnerie était interdite, par contre c'était la seule méthode de chasse autorisée au sein de l'ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.
La technique s'affine peu à peu, grâce en particulier à l'usage du leurre et du chaperon rapportés d'Orient par les croisés en 1247. Puis apparaît le plus riche et le plus célèbre traité de fauconnerie d'Occident, De arte venandi cum avibus de l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen.
En France
Les rois de France ont toujours eu des équipages de vol et la plupart d'entre eux ont effectivement pratiqué sur le terrain. Les renseignements les plus précis ne remontent qu'au XIIIe siècle. À cette époque, et jusqu'au début du XVe siècle, le responsable des équipages royaux portait le titre de fauconnier maître; sous Charles VI, on sépara les services de la vénerie et de la fauconnerie en créant, en 1406, la charge de grand fauconnier de France qui subsista jusqu'à la Révolution.
Sous Louis XIII, fauconnier dans l'âme, cet art connaît son apogée et son second âge d'or ; la fauconnerie française est la première dans le monde, tant par l'éclat de ses équipages que par sa technique. En 1616, la fauconnerie du roi comporte 300 oiseaux subdivisés en six équipages spécialisés : vol pour le héron, vol pour milan et corneille, vol pour perdrix, etc. Raffinements et subtilités permettent des prouesses. Les oiseaux volent de compagnie (en équipe), chacun tenant un rôle distinct[2]. Mais dès 1617, Louis XIII a des oiseaux en propre au Louvres (Cabinet d'Apollon) qui va composer, indépendamment de la Grande fauconnerie, les "Oiseaux du Cabinet du Roi"[3] et qu'il emportait continuellement avec lui dans ses déplacements de résidences en résidences ou à la Guerre. La Fauconnerie du Cabinet du Roi persistera jusqu'à la Révolution. Sous son règne la chasse au vol connut son apogée, non seulement en France, mais dans la plupart des cours européennes (Allemagne, Grande-Bretagne, Hollande, etc.).
Peu à peu, à la fin du XVIIe, la fauconnerie va passer de mode avec le développement des armes à feu. Louis XIV installe à partir de 1670 la Fauconnerie du Cabinet du Roi à Montainville (Yvelines)[4], village non loin de Versailles. Les Maitres fauconniers du Cabinet du Roi étaient souvent originaires de la région d'Anvers en Flandres. Louis XIV, Louis XV et Louis XVI sont plus veneurs que fauconniers mais les services de la Fauconnerie royale subsistent. La fauconnerie du Cabinet du Roi sera aux mains de la famille Forget durant le XVIIe et XVIIIe siècle. Cette Fauconnerie restera avec tout son personnel dans ce village jusqu'à la Révolution durant laquelle deux décrets de la Convention vont supprimer tant les charges royales de la fauconnerie que toute pratique de cet art trop évocateur du passé.
Napoléon, qui ne fut pas un grand chasseur, créa les services impériaux de vénerie et de fauconnerie surtout dans un souci de prestige. En fait, la chasse au vol sera officiellement inexistante au XIXe siècle puisque ne figurant pas parmi les modes de chasse autorisés. La loi de police de 1844 continua de l'ignorer.
Le flambeau sera néanmoins repris par quelques originaux et amateurs éclairés, dont certains aristocrates, anciens émigrés qui avaient rapporté de l'étranger l'amour de la chasse au vol et surent le transmettre. Cette pratique ignorée des règlements ne fut guère contestée, d'autant que les rapaces, depuis la Révolution, figuraient au bestiaire des nuisibles. En 1865, Napoléon III donne même au " Club de Champagne " une autorisation officielle de voler au champ à Châlons, mais l'essai se termina en 1870 avec la chute de l'empire.
La renaissance de la fauconnerie en France est due, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, au périgourdin Abel Boyer, entouré de quelques amis. Ensemble ils fondent l'Association nationale des fauconniers et autoursiers français, ils redécouvrent et vulgarisent les techniques de la chasse au vol et entreprennent des efforts pour la reconnaissance légale de ce mode de chasse, obtenue en 1954[5].
Si la fauconnerie française est aujourd'hui très active et performante, elle n'est pas une exception dans le monde. Durant la première moitié du siècle dernier, ces gardiens de la tradition commencèrent à se grouper en associations, à l'instar du Old Hawking Club of Great Britain, déjà très actif à la fin du XIXe siècle. Ces structures associatives assurèrent la survie de la fauconnerie en sortant les adeptes de leur isolement, en formant des jeunes passionnés et en créant, au fil du temps, des règles de conduite et d'éthique pour la pratique de la fauconnerie, tout en œuvrant pour la protection des rapaces alors persécutés.
La fauconnerie moderne est aussi employée par l'Armée autour de ses bases aériennes pour éviter les collisions entre oiseaux et avions[6].
Associations de fauconnerie
Il existe actuellement des associations de fauconnerie dans presque tous les pays d'Europe, de l'est à l'ouest, mais aussi en Asie, en Amériques et en Afrique. Seuls les fauconniers du Moyen-Orient ne sont pas encore parvenus à se regrouper. À noter toutefois que les Émirats arabes unis œuvrent actuellement dans ce sens.
Hormis l'Australie, la plupart des pays connaissent une fauconnerie locale, traditionnelle et bien souvent séculaire. Pour certains, il aura fallu attendre la deuxième partie du XXe siècle, et les moyens modernes de communications, pour redécouvrir, bien vivante, leur pratique de la chasse au vol qui n'a guère changé depuis les récits de Marco Polo. Si chaque région géographique du globe connaît une fauconnerie spécifique, on peut cependant reconnaître deux grandes catégories de chasse au vol dans le monde.
Dans tous les pays, la fauconnerie est strictement réglementée dans la mesure où pratiquement toutes les espèces d'oiseaux de proie utilisées à la chasse au vol sont protégées. Il est donc vital pour l'avenir de la fauconnerie que les administrations nationales, avant de légiférer, disposent des interlocuteurs fiables que sont les associations de chasse au vol. Ces réglementations nationales varient assez peu d'un pays à l'autre car elles sont le plus souvent dictées par des conventions ou règlements internationaux (Convention de Washington - CITES-, Convention de Bern, etc.); la fauconnerie n'échappe pas non plus à la mondialisation.
Déjà conscientes de ce phénomène à venir, et quelque peu visionnaires, plusieurs associations de fauconnerie européennes, dont l'ANFA, ont créé, dès 1968, International Association for Falconry and Conservation of Birds of Prey (IAF). Depuis 34 ans, l'IAF représente la Fauconnerie dont elle défend les intérêts au niveau international. Elle a également aidé et inspiré de nombreux fauconniers dans le monde pour la création d'une association dans leur pays, en harmonie avec les règlementations internationales et ses règles d'éthique. À ce jour, l'IAF fédère l'ensemble des fauconniers dans le monde, regroupant 45 associations, issues de 38 pays, et quelque 8300 fauconniers. Chaque année, les délégués nationaux de tous ces pays se réunissent quelque part dans le monde pour partager leur passion[7].
La méthode ancestrale
Tout d'abord la fauconnerie traditionnelle et ancestrale, avec une multitude de types de chasse et d'oiseaux utilisés, en fonction des proies potentielles du terrain. Cela va de l'utilisation de l'épervier pour le vol de la caille, en Tunisie ou dans la Vallée de l'Indus, à celle de l'aigle royal au Kazakhstan pour voler le renard, voire le loup. Au Moyen-Orient, ce sont traditionnellement des faucons sacres qui sont utilisés pour le vol de l'outarde houbara dans le désert. La liste serait longue tant la fauconnerie traditionnelle représente une mosaïque de cultures et de spécificités. Elle est totalement imprégnée d'usages transmis de génération en génération et se montre peu évolutive.
Dans une décision prise le 16 novembre 2010, le 5° comité intergouvernemental de l'UNESCO a inscrit l'art de la fauconnerie au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, en tant qu' "activité traditionnnelle qui consiste à conserver et dresser des faucons et autres rapaces pour attraper du gibier dans son environnement naturel", reprenant en cela la définition prônée par l'Association Internationale de Fauconnerie (I.A.F.).
La méthode contemporaine
À l'inverse, des pays jeunes comme les États-Unis, sans passé historique en matière de chasse au vol, pratiquent une fauconnerie contemporaine, en perpétuelle évolution. Les Américains ne cessent en effet d'innover, que ce soit dans les méthodes de dressage, d'entraînement et de détention des oiseaux, celles de leur utilisation à la chasse ou encore dans les techniques de reproduction en captivité. Il est vrai que les États-Unis sont un paradis pour la fauconnerie, avec de gigantesques espaces, un gibier nombreux et de haute qualité, ainsi qu'une législation peu contraignante, autant pour la chasse que pour les prélèvements d'oiseaux de vol dans la nature.
Méthodes mixtes
Quant à l'Europe, elle est à la fois très empreinte d'un très riche passé de traditions de fauconnerie, mais aussi de modernité. Les pays qui la composent offrent dès lors un heureux mélange des fauconneries traditionnelles et contemporaines. Les différences observées d'un pays à l'autre relèvent essentiellement de la nature du gibier, de l'environnement et des conditions climatiques.
Si la fauconnerie européenne a retrouvé tout son éclat et son degré de performance, s'il est désormais relativement aisé de se procurer un oiseau né en captivité, son avenir se trouve pourtant très menacé. La diminution alarmante du petit gibier de plaine, voire sa disparition, dans la quasi-totalité des pays de l'Union européenne, risque de porter un coup fatal à la chasse au vol. Mais ce risque ne se limite pas à l'Europe et beaucoup de fauconniers dans le monde s'inquiètent du même phénomène de détérioration des habitats par l'homme.
Techniques employées
Le bas vol
On nomme ainsi le vol du poing et aussi Autourserie: l'oiseau est légèrement retenu sur le poing du fauconnier, qui se nomme dans ce cas là Autoursier. Au départ du gibier, l'oiseau s'élance à sa poursuite. On utilise pour cela différentes catégories d'aigles, d'autours des palombes, d'éperviers, ainsi que des oiseaux d'origine diverses comme la buse de Harris ou la buse à queue rousse. Ces oiseaux ont en principe des ailes courtes et arrondies, et une queue importante leur permettant de brusques changements de direction.
Les proies d'un oiseau de bas vol sont multiples, à plumes et à poil : du chevreuil pour l'aigle royal au passereau pour l'épervier.Le haut vol
Nommé aussi vol aux leurres. On nomme ainsi le vol d'un oiseau déjà en vol lors du départ du gibier. L'oiseau est ainsi habitué à monter à la verticale de son fauconnier et de son chien à l'arrêt. Il fond à très grande vitesse sur sa proie dès qu'elle décolle. On utilise pour ce vol différentes espèces de faucons (pèlerins, sacres, gerfauts, lanier, etc.).
Les proies d'un oiseau de haut vol sont des proies en vol : en effet, la très grande vitesse de l'attaque et de l'impact rendent extrêmement dangereux la proximité du sol ou d'un obstacle quelconque.Annexes
Notes et références
- Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité s’enrichit de 46 nouveaux éléments.
- Charles d'Arcussia de Caprée, vicomte d'Esparron de Pallières la "Conférence des Fauconniers ".
- E. Lennel de La Farelle. Une famille attachée à la maison de Louis XIII [Du Buisson de La Marsaudière] et sa descendance. Éd. E. Champion (Paris) 1913
- Tréton Jacques, "Histoire de Montainville, Joli village du Pincerais", 1998.
- [1] Pour plus de précisions sur la Fauconnerie française, consulter le site de l'ANFA :
- http://www.defense.gouv.fr/air/base/breves/2010/janvier/des_rapaces_a_cognac
- le site International Association of Falconry Voir
Bibliographie
Les ouvrages de fauconnerie ne sont pas que des traités ornithologiques. Certains ouvrages évoquent le droit décrivant le droit de chasse, le droit de capture ou de vente des faucons. Beaucoup d'ouvrages romanesques distillent également les connaissances de l'époque sur la fauconnerie.
- Le traité des Moamin, traité arabe
- Le livre de saint Alban codex anglais du XVe siècle
- Baudouin van den Abeele, La fauconnerie dans les lettres françaises du XIIe au XIVe siècle, Louvain, Belgique, Presse de l'Université de Louvain, 1990 (ISBN 90-6186-400-3) [lire en ligne]
Articles connexes
Liens externes
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