- Paghjella
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Le Cantu in paghjella profane et liturgique de Corse de tradition orale * Patrimoine culturel immatériel
de l’humanitéPays * France Région * Europe et Amérique du Nord Liste Nécessitant une sauvegarde urgente Fiche 00315 Année d’inscription 2009 modifier La paghjella (au pluriel paghjelle) est un chant polyphonique traditionnel corse, composé de vers de huit pieds rimés, où un rythme est recréé à chaque parole et engendre la poésie. Ce chant est généralement chanté par trois hommes ayant chacun un rôle prédéfini :
- U bassu (qui représente la force) est celui qui a la voix la plus grave.
- A seconda (qui représente la sagesse) est le chanteur principal de la polyphonie (celui qui entonne le chant).
- A terza (qui représente la beauté) est le chanteur avec la voix la plus haute, il amène des ornementations riches plus aigües qui embellissent le chant des autres et termine l'accord.
Sommaire
Description
La paghjella est un chant profane et non sacré, court (souvent moins de deux minutes), dont les textes sont tirés de la vie quotidienne de l'époque où ils ont été créés.
En dépit de son nom - de paghju: paire - il s'interprète à trois voix. Leur entrée se fait dans un ordre précis : d'abord la Seconda qui porte le chant , suivi par le Bassu qui vient la soutenir ; pour finir intervient la Terza qui vient ajouter ses ornements (appelés ribuccati). La paghjella est l'un des chants les plus représentatifs de la musicalité corse. Il arrive parfois que cet ordre précis soit bousculé : ainsi dans le "versu aschese" (la façon de chanter à Ascu), c'est le bassu qui commence le chant.
La transmission de la culture Corse est avant tout orale. La poésie se chantait, vibrait au rythme du cœur des hommes. On chante a cappella bien sûr, comme pour faire résonner l'écho venu de l'âme. En Corse, tout est prétexte à confier ses tourments et ses bonheurs à une mélodie. On chante surtout à plusieurs voix, pour perpétuer l'antique tradition des bergers qui entonnaient, en pleine montagne, des chants à trois voix, les paghjelle. Cependant la paghjella accorde plus d'importance à la voix qu'aux paroles. En général les paghjelle sont des chants âpres, rugueux et violents, soutenus par des voix puissantes. Cette forme de chant est caractérisée par la disposition des groupes de chanteurs, souvent en cercle étroit, et leur attitude individuelle consistant à poser une main sur l'une de leurs oreilles; cette attitude peut avoir deux raisons différentes : soit fermer l'oreille afin d'avoir un retour naturel du chant et permettre ainsi de varier son volume d'écoute en fonction des autres chanteurs, soit au contraire l'ouvrir pour mieux entendre son propre chant. Ces coutumes témoignent de l'extrême symbiose que doivent avoir ces chanteurs. Les chanteurs font preuve d'une improvisation importante, un chanteur ne chante jamais une paghjella de la même manière qu'un autre.
Des groupes comme les Nouvelles Polyphonies de Corse, composé presque uniquement de femmes, chantent des polyphonies, mais qui ne sont pas forcément des paghjelle.
Jadis, la paghjella se chantait à l'église ou durant les processions. De nos jours, elle est encore chantée très souvent dans les villages corses et plus que jamais en ville, à l'occasion de fêtes, entre autres.
Le 1er octobre 2009, la paghjella a été classée au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par le comité de sauvegarde du patrimoine immatériel de l'UNESCO, réuni à Abou Dabi[1].
Exemples
Certaines façons de chanter les paghjelles sont propres à certains villages telle que la paghjella de tagliu, sermanu, et rusiu[2].
Traditionnel de Boziu
À vede lu da luntanu A le voir de loin
Pianellu mi pare un forte Pianellu me semble être un fort
Tuttu cintu à muraglioni Tout entouré de murailles
Per entre ci sò duie porte Pour entrer il y a deux portes
È chjose ch'elle sò quesse Mais elles sont fermées
A chì c'entre ùn pò più sorte Celui qui y entre n'en sort plus
Traditionnel de Bustanicu
Averia ancu cridutu
Chì u mare fussi seccu
E u fondu d'una casa
Principiessi pè u tettu
Nanzu ch'è d'abbandunà
Un amore cusì strettu.
Avertite à "Musulinu", chi hà tanta pretensione
S'ell'ùn hè più chè
Scimitu ch'ellu fia attenzione
Ch'ell'un appia da
Ingolle a pulenda di granone.
Traditionnel de Sermanu
À voi o madamicella
V'anu arapidu lu core
V'anu traditu cun un basgiu
Cum'è Ghjuda à lu Signore
Oghje vi facenu vive
Mezu à speranza è timore.
Autre exemple de paghjella Moita tradiziunale
Moita ùn ti piacia ma nisunu ùn la disprezza (n'un t'hè piacciuta)
Ma ti so piaciute l'acque di le muntagne d'Orezza (di le surgente d'Orezza)
Ogni poltra chi s'affila Strappà vole a cavezza. (vole strappà la cavezza)
Références
Compléments
Articles connexes
Liens externes
Deux textes de Benoit Sarocchi :
Catégories :- Corse
- Musique corse
- Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Europe
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