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Cet article concerne le peuple kirghize. Pour la langue kirghize, voir Kirghize.
Kirghizes
Kirghizes dans le KarakorumPopulations Kirghizistan Tadjikistan Chine Sibérie ( Russie) Autre Langue(s) kirghiz modifier Les Kirghizes ou Kirghiz sont un peuple de langue turque (le kirghize) résidant au Kirghizistan et dans les régions frontalières du Tadjikistan et de l'ouest de la Chine (région autonome du Xinjiang).
Les Kirghizes (Kē’ěrkèzī zú en hanyu pinyin) font partie des minorités reconnues officiellement en Chine.
L'étymologie de leur nom a donné lieu à plusieurs hypothèses.
- Ce peut être « ceux qui errent dans la steppe » (cf. turcs de Turquie kirk, « steppe » et gez-, « errer »).
- Une étymologie populaire les fait descendre de « quarante filles » (qirq + suff. -ız en turc de Turquie). Selon une légende, quarante filles dont la tribu avait été massacrée auraient été fécondées par un fauve mythique ou un griffon.
- Plus simplement, le nom peut être rapproché de kırk, « quarante (tribus) », avec un écho au drapeau national qui figure un soleil avec quarante rayons, ou encore une yourte traditionnelle avec quarante demi-arceaux de soutien. Les turcologues russes considèrent ce nom comme celui d'un clan dirigeant plutôt que d'un peuple, et qualifient volontiers ce dernier de "Vieux-Khakasses" pour marquer sa parenté génétique avec les Khakasses qui occupent actuellement le territoire de l'ancien Kaghanat Kirghize. On conserve cette appellation de "Kirghizes" habituelle en Occident, en soulignant que ces Kirghizes médiévaux ne sont pas identiques aux Kirghizes modernes, et que leur histoire ancienne ne s'est pas déroulée dans l'actuelle Kirghizie.
Sommaire
Histoire
Les Kirghizes sont originaires du haut Ienisseï. Les Kirghizes médiévaux résultent de la fusion de diverses populations antérieures, dont celle qui occupe le bassin de Minoussinsk et était porteuse de la culture dite de Tachtyk, succédant à la culture de Tagar de l'époque scythe. Le groupe dirigeant turcophone (les Kirghizes au sens strict) soumit également diverses tribus ougriennes, samoyèdes et paléo-sibériennes.
À la fin du VIIe siècle et au début du VIIIe siècle, les Kirghizes furent probablement vaincus par les Turcs orientaux qui menèrent contre eux plusieurs campagnes en 696-97, 709 et 711. Ils subirent ensuite en 758 une attaque des Ouïghours (Mongolie). Un siècle plus tard, ils prirent leur revanche et détruisirent le kaghanat ouïgour. Les Kirghizes poursuivirent les Ouïgours un temps (841-42) jusqu'au Turkestan Oriental. Les sources chinoises les décrivent comme grands et blonds, ce qui pousse certains à voir en eux des Indo-Européens turquisés[1]. En 924, les Khitans les chassent de Mongolie et ils refluent vers leur terre d'origine.
En 1207, une armée commandée par Djötchi, le fils aîné de Gengis-Khan, les soumit sans combat et ils furent intégrés à l'empire mongol. Ils se révoltèrent néanmoins dès 1218 en refusant de fournir des recrues aux armées mongoles, mais furent à nouveau vaincus. En 1273 ils purent établir pour vingt ans leur indépendance. Mais en 1293 les Mongols réaffirmèrent leur autorité et en représailles une partie de la population fut déportée. Une ultime révolte sans succès eut lieu en 1399.
Les Kirghizes ne quittèrent leurs territoires ancestraux de Sibérie que beaucoup plus tard - à partir du XVe siècle selon certains, ou seulement au XVIIe siècle, après l'échec de la résistance à la colonisation russe. Les clans dirigeants gagnèrent alors la région au nord du Pamir et du Tian Shan (les Kirghizes restés dans la région de l'Ienisseï sont aujourd'hui appelés Khakasses). Par la suite, les Kirghizes passeront sous souveraineté chinoise à partir de 1750, puis sous celle du khanat de Kokand (vers 1830). Ce sont finalement les Russes qui prendront le contrôle de l'essentiel de leur territoire, par l'annexion du khanat de Kokand.
Les Occidentaux ont longtemps confondu les Kirghizes avec les Kazakhs. Il s'agit pourtant bien de deux peuples distincts. Cette confusion explique pourquoi la république autonome créée par les Soviétiques pour les Kazakhs en 1920 fut appelée « République kirghize ».
En 1936 ils furent inclus dans une République socialiste fédérée. Certains Kirghizes participèrent à la deuxième guerre mondiale, enrôlés dans l'armée russe. Des colons ukrainiens et russes spécialisés dans la culture du blé vinrent s'installer sur les hauts-pâturages (djaïlou) de la vallée du Tchou.
Aujourd'hui, le Kirghizistan est indépendant. Il a adhéré à la C.E.I sous la présidence d'Askar Akaïev. Le pays est à structure étatique unitaire, à régime multipartite avec un parlement bicaméral et une assemblée des représentants du peuple.
Culture
Les données archéologiques montrent, dès la période des Tchaatas et surtout la phase de Tioukhtiaty,la coexistence en pays kirghize d'une population nomade ou semi-nomade (élevage de chevaux et de bovins avec stabulation) et d'une nombreuse population sédentarisée pratiquant une agriculture ou un artisanat de bon niveau.
Dans la Taïga montagneuse les ressources étaient la chasse, la pêche et l'élevage de rennes.
On connaît des maisons en bois en élévation et des habitations semi-enterrées, des clôtures de bois. À partir du IXe siècle, les Kirghizes édifièrent des bâtiments parfois ambitieux, comme le « temple-palais » en briques de Ierbinskaïa au nord de l'actuelle Khakassie. Aux IXe et Xe siècles, la métallurgie prit un développement considérable. Le commerce était actif avec tous les voisins, et des monnaies étrangères portant des inscriptions surchargées en caractères « runiques » trouvées dans des sites de la culture de l'Aksiz évoquent un système monétaire embryonnaire.
À leur apogée les kirghizes dominaient un certain nombre de tribus vassales (qistim). Les Kaghans avaient conclu des alliances dynastiques avec les Karlouks et les Türguèch dès les années 820. L'empire Kirghize avait une structure relativement élaborée, avec un système fiscal, une bureaucratie, une armée régulière. Les jeunes kirghizes de l'élite étaient parfois éduqués chez les Qidan (Kitaï en russe, ensemble de huit tribus indépendantes nomadisant en Mongolie intérieure).
L'armée était organisée suivant un principe décimal 10, 100, 1 000 et 10 000 hommes. Les familles dont les fils s'étaient distingués à la guerre étaient récompensées par des donations de terre à titre héréditaire.
L'armement est connu par l'archéologie : arcs, flèches, sabres, couteaux de combat coudés (lointains descendants de couteaux de bronze sibériens). On a trouvé des fragments de cuirasses. Aux IXe et Xe siècles, les cavaliers portaient des sabretaches à plaques métalliques analogues à celles connues chez les Magyars en Europe centrale.
Les Kirghizes construisaient des forteresses qui rappellent celles des Ouïgours (Choumenskoïé sur la rive droite du Iénisseï), avec des murs en terre protégés par des fossés, d'un périmètre de 800 m.
Sur le plan religieux, les Kirghizes paraissent très fidèles, en majorité, aux anciennes croyances turques. Mais ils connurent le manichéisme des Ouïgours et le prosélytisme bouddhiste.
Durant toute la période considérée, les rites funéraires étaient caractérisés par la pratique générale de l'incinération. Seuls de jeunes enfants, des défunts appartenant à d'autres groupes ethniques, ou des serviteurs, concubines, etc., étaient inhumés.
L'art des anciens Kirghizes conservait certains éléments animaliers de la culture de Tachtyk (figurines zoomorphes).
Les Khirgizes employaient une écriture dite « Iénisseï » variante de l'écriture runique. À une lointaine époque, elle était assez répandue (inscriptions sur objets usuels et encriers).
Fragment trouvé dans le bassin de Minoussink:
- " Idq yrmä bngu blng" - reconstitué : " Idiq yerimä bengü bolung" ( « Ô ma terre sacrée, soyez éternelle »)
La Russie ayant favorisé l'éducation de masse, les Kirgizes sont alphabétisés à 99 %. La langue russe est langue officielle, ainsi que la langue kirghize ( 'du groupe turcophone).
Certains Kirghizes ont conservé leur habitat (campement de yourte), leurs costumes (chapeau de feutre blanc) et leurs jeux traditionnels (poursuites à cheval auxquelles participent les filles, et lutte libre réservée aux garçons)
La musique
Article détaillé : Musique kirghize.La musique kirghize est comme toutes les musiques d'Asie Centrale à base de luth, de guimbarde et de chants.
Poésie
Le patrimoine littéraire kirghize réunit un corpus de poèmes, chansons, contes, jadis colportés par les bardes. Les Kirghizes possèdent des cycles de légendes nommés Manas (voir ci-dessous). Ces histoires représentent trois fois l'épopée indienne du Mahabharata. La littérature contemporaine est dominée par l'écrivain et diplomate Tchinguiz Aïtamov, auteur du Premier Maître et du Champ Maternel[2].
L'épopée de Manas
Manas est le héros unificateur des Kirghizes. Son épopée est racontée par un conteur (manashi) qui peut réciter par cœur jusqu'à 200 000 vers. Dans un pays traversé par de nombreux peuples, les Kirghizes ont développé une littérature d'épopées, de contes populaires, les exploits de héros luttant contre les « infidèles ». Héros légendaire, Manas repose près de Talas ; sa tombe est vénérée. Conscient de la conservation de son patrimoine, le Kirghizistan cherche à préserver son patrimoine littéraire de culture orale (la première impression date de 1938), concurrencé par la télévision, le cinéma et la pénurie des conteurs en langue kirghize. Pour ce faire, le gouvernement et l'UNESCO ont célébré en 1995, une « année Manas », avec un festival patronné par l'ancien président Askar Akaïev.
Démographie
La composante ethnique du pays outre les Kirghizes (68%), comporte également 21 % de Slaves et 11% d'Ouzbeks, mais les mariages mixtes sont rares.
- Population : 5 200 000
- Musulmans : 65 %
- Orthodoxes : 35 %
- Taux de natalité : 21 %
- Espérance de vie : 69 ans
L'économie du Kirghistan est loin d'être florissante, c'est avec le Tadjikistan, le pays le plus pauvre des Républiques : un habitant sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté.
En raison d'une topographie montagneuse seules 7 % des terres sont exploitables. Une partie de la population se consacre à l'agriculture, à la sériciculture, aux plantes médicinales et au coton, tabac, chanvre, blé, orge, fruits et légumes, à l'élevage de bovins, de yacks (l'élevage de brebis à toison fine et de chevaux de race étant minoritaire), à l'exploitation des mines d'or (mines de Kumtor) et de mercure. Le pays qui possède un bon équipement hydroélectrique exploite celui-ci ainsi qu'un tourisme de montagne.
Une autre partie de la population s'est urbanisée et habite désormais la capitale très moderne Bichkek avec une paupérisation urbaine et une classe moyenne. La plupart des jeunes Kirghizes continuent de faire leurs hautes études à Moscou.
Dans les campagnes, on utilise encore la médecine traditionnelle héritée du chamanisme, ou la médecine islamique initiée par Avicenne qui fait un retour fulgurant y compris auprès des classes moyennes qui semblent l'avoir redécouverte ainsi qu'aux touristes occidentaux en quête de « nouveauté » naturelle.
L'émancipation des femmes
C'est en 1917 que les musulmans russes lors du congrès « russo-musulman » de Moscou offrirent à leurs épouses l'égalité des droits. Avant le mode de vie de la musulmane était règlementé par le port du voile (paranja). Curieusement la juive de Boukhara portait le voile alors que la femme Kirghize ne le portait jamais. Autres contraintes : le mariage de fillettes de 10 ans avec la pratique endémique à l'Asie centrale, le rapt fictif de la fiancée (ancêtre du voyage de noces) avec versement d'une rançon aux parents (kalim), la polygamie et la coutume du lévirat (cession de la veuve au plus proche parent du mari).
Le gouvernement soviétique sortit la femme de cette situation pour « renforcer et consolider la situation de l'État prolétarien et activer les masses parmi les femmes ».
Aujourd'hui, le mariage civil est obligatoire. Certaines familles, fidèles aux traditions, pratiquent encore le kalim ou rachat de la fiancée, ne serait-ce que par du troc[3].
Le dernier aspect de l'émancipation féminine : le développement de l'industrie a créé un prolétariat féminin mais il a fait disparaître une part de la tradition artisanale (broderie, tissage). Les femmes, dans les villes, sont cependant bien représentées dans le secteur du tertiaire, la médecine, l'enseignement et le droit.
La société kirghize revendique les valeurs viriles ; le chef de famille, c'est l'homme, le père puis le fils aîné. L'héritage est patrilinéaire.
La cuisine kirghize
Elle est à base de laitage (yaourts) et de viande (mouton, bœuf). La boisson nationale est le kumiz, un lait de jument fermenté, assez aigre. Les galettes aux oignons et bouillon de viande (kattama) se consomment en entrée. Le plat national est le bech-barmak(cinq doigts en turc) composé de viande hachée de mouton ou de cheval et de pâtes fraîches. La nourriture se mange avec les doigts.
Notes
- André Sellier et Jean Sellier, Atlas des peuples d'Orient, La Découverte, 2002, Paris.
- Hervé Beaumont Asie Centrale, Guide Marcus, 2006, P. 76-77
- Hervé Beaumont, Asie centrale, p. 10.
Bibliographie
- Iaroslav Lebedynski, Les nomades , 2007, éditions Errance - (ISBN 978-2-87772-346-6)
- Hervé Beaumont, Asie centrale , 2006 , ED. MARCUS - (ISBN 2-7131-0221-9)
Voir aussi
Articles connexes
- Émigration des Kirghizes du Wakhan en Turquie
Liens externes
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