- Ernest Goüin
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Ernest Goüin Portrait d'Ernest GoüinNom de naissance Ernest Alexandre Goüin Naissance 22 juillet 1815
Tours, FranceDécès 24 mars 1885 (à 70 ans)
Paris, FranceNationalité Française Diplôme Ingénieur civil polytechnicien Profession Président-administrateur de sociétés Autres activités Régent de la Banque de France;
Conseiller municipal de Paris et de Batignolles-Monceau;
Président de la Chambre de Commerce de Paris, du Conseil des Prud'hommes de Paris et du Tribunal de Commerce de la SeineFormation École polytechnique Distinctions Commandeur de la Légion d'Honneur;
Commandeur de l'ordre de François-Joseph d'Autriche;
Ordre de Sainte-Anne de Russie;
Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare;
Son nom est inscrit sur la tour Eiffel.Ascendants Henri Jacques Goüin-Moisant Enfant Jules Goüin Famille Famille Goüin Ernest Alexandre Goüin[1] (1815-1885), est un ingénieur civil polytechnicien, constructeur créatif, notamment de locomotives, d'ouvrages d'arts métalliques et d'infrastructures ferroviaires en France et dans le monde. C'est également un entrepreneur, il est le fondateur et gérant de l'entreprise Ernest Goüin et Cie, qu'il fit évoluer sous le nom de Société de Construction des Batignolles[2], origine du groupe Spie Batignolles, après avoir été dirigée par deux autres générations de Goüin[3]. Il réalisa de très nombreuses lignes de chemins de fer et d'ouvrages métalliques en France puis dans le monde. Il fut proche du mouvement Saint-simonien.
Sommaire
Biographie
Famille notable et moderne
Le jeune Ernest Goüin est l'héritier d'une histoire familiale bourgeoise déjà fournie en personnages ayant marqué la Touraine[4]. Une lignée de négociants et de banquiers, dont son grand-père paternel Henri Jacques Goüin-Moisant (1758-1823), négociant banquier, Maire de Tours en 1795, député de 1815 à 1823 ainsi que son oncle maternel, le Ministre Alexandre Goüin, sont des exemples proches. Son père Édouard Goüin, est banquier et filateur à Nantes, mais aussi passionné par l'évolution de l'Angleterre et notamment l'utilisation qui y est faite de la machine à vapeur. Ernest Goüin est un jeune et brillant ingénieur polytechnicien, classé premier à l'État-Major de la promotion 1836 [5], lorsqu'il donne sa démission, pour aller travailler à Lyon.
Voyage « initiatique » en Angleterre
En 1838, avec l'aide de sa famille, il part en Angleterre, où après avoir appris la langue, il travaille dans plusieurs entreprises. Cette courte expérience lui permet d'y revenir, pour le compte de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, en étant chargé du contrôle de l'exécution d'une commande de locomotives aux établissements Sharp & Roberts à Manchester. Ernest Goüin, impressionné par l'avance prise par l'industrie de ce pays, notamment dans le domaine des chemins de fer, note toutes ses expériences, observations et commentaires sur des carnets[6]. Sa volonté d'entreprendre est déjà présente[7], il patientera néanmoins encore quelques années en poursuivant, en France, son parcours de formation comme ingénieur puis directeur de fabrication, à la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Saint-Germain. Durant ces années, Ernest mit au point des machines atmosphériques pour la propulsion des trains et rapporta d'Angleterre les premiers appareils de télégraphie.
Entrepreneur
Constructeur de locomotives
En 1846, grâce à l'appui de puissants commanditaires (le duc de Noailles, Rothschild, Hottinguer, …), il fonde sa propre entreprise, Ernest Goüin et Cie, dans la commune des Batignolles, au nord-ouest de Paris ; il fait construire ses ateliers sur un terrain de 14 000 m2. Il se lance dans la fabrication de locomotives, de machines de filature et de navires. Cette société emploie alors jusqu'à deux mille ouvriers[8]. En 1847, il créé une Société de secours mutuels à l'intention de son personnel.
Constructeur d'infrastructures métalliques et ferroviaires
Prévoyant rapidement que le secteur du matériel ferroviaire va connaître une diminution de la demande, il diversifie les activités de son entreprise vers les secteurs de la construction métallique et des infrastructures ferroviaires. Possédant un grand sens de l'anticipation et du génie inventif, il est entouré d'un bureau d'études de forte qualité. En 1849, il introduit en France la technique des ponts en tôle rivetée et en 1852, sa société construira le pont d'Asnières-sur-Seine, premier pont en fer de France, dont la portée atteint 160 m; puis en 1856, le premier ouvrage en treillis de profilés et l'un des premiers usages des caissons à air comprimés avec le pont sur le Scorff à Lorient. Il se lance par la suite dans la construction de lignes de chemins de fer.
L'entreprise d'Ernest Goüin repose sur les trois piliers que sont l'innovation permanente, la diversification des activités et l'ouverture à l'international. Elle maintiendra ces principes après la mort d'Ernest.Ernest Goüin fut également Régent de la Banque de France de 1876 à 1885, Président de la Chambre de Commerce de Paris, du Conseil des Prud'hommes de Paris, du Tribunal de Commerce de la Seine, de la Chambre syndicale des mécaniciens, du Conseil des métaux, membre de la commission des finances de la ville de Paris, de la Société des ingénieurs civils de France, du Cercle des chemins de fer. Il fut également le fondateur entre autres de la Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma (avec le concours de la Banque de Paris et des Pays-Bas, dont son cousin, Eugène Goüin, était alors administrateur), de la Compagnie du chemin de fer de Dakar à Saint-Louis, de la Compagnie des Chemins de fer de la Medjerdah, ...
À partir de 1855, il fut de manière continuelle conseiller municipal des Batignolles-Monceau, puis conseiller municipal du 17e arrondissement de Paris (après l'annexion de la commune des Batignolles à Paris en 1859) et, à partir de 1871, du 16e arrondissement de Paris, ainsi que conseiller général de la Seine.; Il siégea au sein des ses administrations à droite.
Il obtenu des récompenses à toutes les expositions internationales, dont il fut à plusieurs reprises membre du Jury.
Décès
Ernest Goüin meurt à Paris, le 24 mars 1885. Il est inhumé au Cimetière de Montmartre; Ernest Fouquet, administrateur des Batignolles, et Emile Augier y prononcèrent un discours. [9]
Vie familiale
Il épouse, en 1845, Anne-Mathilde Rodrigues-Henriques (1824-1884), fille du financier Edouard Rodrigues-Henriques et de Sophie Lopes Henriques de Saa. Elle était la belle-soeur du baron Gustave d'Eichthal et de Paul Roland-Gosselin, et une cousine de l'épouse d'Émile Pereire, qui était née Rodrigues-Henriques. Ils furent les parents de :
- Jules-Édouard (1846-1908) ;
- Lucie (1846-1908), épouse de Wilbrod Chabrol ;
- Fanny, épouse de Georges Guiard, neveu d'Émile Augier.
Quelques ouvrages d'art
On lui doit la construction de très nombreux ouvrages d'art (ponts de chemin de fer, ponts routiers) :
- Ancien pont d'Asnières-sur-Seine (1852), premier grand pont métallique français
- Pont de la rue du Rocher (1868), Paris 8e, toujours en usage[10]
- Ancien pont ferroviaire de Lorient-Lanester, sur le Scorff
- Viaduc de Culoz
- Pont de Mâcon
- Ancien pont de Langon
- Ancien pont de Moissac
- Pont Marguerite sur le Danube, à Budapest, reconstruit à l'identique après 1945[11]
- Nombreux ponts et infrastructures ferroviaires en Algérie, Australie, Espagne, Hollande, Hongrie, Italie, Roumanie, Russie, ...
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Publications
- Recherches expérimentales sur les machines locomotives. (1845)
- Note sur l'industrie des constructions navales en France. (1872)
- Chemin de fer du département de la Vendée. Lettre du concessionnaire au ministre des Travaux Publics. (1876)
- Traversée des Pyrénées. Chemin de fer de Madrid à Irun Devis servant de base au marché. (1964)
Hommage
- Ernest Goüin est l'un des soixante-douze noms de savants inscrits sur la tour Eiffel.
- Commandeur de la Légion d'Honneur.
- Commandeur de l'ordre de François-Joseph d'Autriche.
- Ordre de Sainte-Anne de Russie.
- Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare.
- Rue Ernest-Goüin[12], quartier des Epinettes, XVIIe arrondissement de Paris.
- Rue Ernest Goüin à Croissy-sur-Seine[13].
Notes et références
- parfois écrit Gouin
- Google Livres Rang-Ri Park-Barjot, La Société de construction des Batignolles: Des origines à la Première Guerre mondiale (1846-1914)
- lien Google livres du 05/08/2009 Anne Burnel, La Société de construction des Batignolles de 1914-1939 : histoire d'un déclin
- Source : Les carnets sont à l'origine du travail de Rang-Ri Park-Barjot, Le voyage en Angleterre, instrument du rattrapage technologique : l'exemple d'Ernest Goüin (1838-1839), inclus dans l'ouvrage dirigée par Michèle Merger, Transferts de technologies en Méditerranée, p.173 (voir bibliographie)
- Rang-Ri Park-Barjot, in, Transferts de technologies en Méditerranée, p.176, « Classé premier à l'État-Major »
- Rang-Ri Park-Barjot, in, Transferts de technologies en Méditerranée, p.175
- Rang-Ri Park-Barjot, in, Transferts de technologies en Méditerranée, p.175, « Les carnets de voyage qu'il nous a laissés montrent que son expérience anglaise le marqua beaucoup et décida de sa vocation d'entrepreneur ».
- http://books.google.fr/books?id=lRlpDccCtwQC&q=Gouin#v=snippet&q=Gouin&f=false lien Google livres du 05/08/2009 Jean-Pierre Poussou L'économie française du XVIIIe au XXe siècle : Perspectives nationales et internationales
- Le Génie Civil Revue générale des industries françaises et étrangères, n°23, 4 avril 1885, p.370.
- article Structurae,
- article Structurae,
- Rue Ernest Goüin Paris Mairie de Paris : Voie publique ouverte en 1933 sur l'emplacement de l'usine Goüin. Origine du nom : « Ernest Goüin (1815-1885), ingénieur, conseiller municipal de quartier ; voisinage des anciens ateliers des Batignolles qu'il fonda. »
- Croissy-sur-Seine. Ernest Goüin c'était fait construire un hôtel particulier sur le berge de la prairie (au no 2) à
Bibliographie
- Anne Burnel, La Société de construction des Batignolles de 1914-1939 : histoire d'un déclin, Librairie Droz, 1995 (ISBN 2600000941).
- Marc Lagana, Le Parti colonial français: éléments d'histoire, PUQ, 1990, (ISBN 2760505855), (Google Livres).
- Rang-Ri Park-Barjot, La Société de construction des Batignolles: Des origines à la Première Guerre mondiale (1846-1914), Presses Paris Sorbonne, 2005 (ISBN 2840503891).
- Michèle Merger, Transferts de technologies en Méditerranée, Presses Paris Sorbonne, 2006, (ISBN 2840503743), (Google Livres).
- Jean-Pierre Poussou, François Crouzet, L'économie française du XVIIIe au XXe siècle : Perspectives nationales et internationales, Presse Paris Sorbonne, 2000 (ISBN 2840501392).
- Obsèques de M. Ernest Goüin, paroles prononcées par MM. Ernest Fouquet et Émile Augier, Mémoires et compte rendu des travaux de la Société des Ingénieurs civils, Vol. 43,1885, CNAM ECCM C6 42, p.569.
- D'Ernest Goüin à Spie Batignolles.
- Jean Monville, Xavier Bezançon, Naître et renaître, une histoire de SPIE, 2004 et 2011.
- Ernest II Goüin, L'Histoire d'un Siècle, 1846-1946, 1946.
- Jacques-Marie Vaslin, Ernest Goüin, le Polytechnicien des Batignolles, Le Monde, 23 novembre 2010.
Voir aussi
Articles connexes
- Ernest Goüin et Cie
- Société de Construction des Batignolles
- Batignolles-Châtillon
- Spie Batignolles
- Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma
- Compagnie du chemin de fer de Dakar à Saint-Louis
Lien externe
Catégories :- Génie civil
- Ingénieur français
- Pionnier français du chemin de fer
- Archéologie industrielle
- Savants de la Tour Eiffel
- Élève de l'École polytechnique (France)
- Naissance en 1815
- Naissance à Tours
- Décès en 1885
- Personnalité de l'industrie
- Régent de la Banque de France
- Philanthrope français
- Industriel français
- Commandeur de la Légion d'honneur
- Récipiendaire de l'ordre de Sainte-Anne
- Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare
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