- Abbaye de Cerisy-la-Forêt
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Abbaye de Cerisy-la-Forêt Présentation Culte Catholique romain Type Abbaye Début de la construction 1032 Style(s) dominant(s) Roman Protection Classé MH (1840) Site web www.abbaye-de-cerisy-la-foret.jimdo.com Géographie Pays France Région Basse-Normandie Département Manche Ville Cerisy-la-Forêt Coordonnées [1] Géolocalisation sur la carte : Basse-Normandie
Géolocalisation sur la carte : France
modifier L’abbaye Saint-Vigor de Cerisy-la-Forêt a été fondée en 1032 par le duc de Normandie Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant.
Sommaire
Histoire
Les plus anciens souvenirs de l'histoire de l'Abbaye de Cerisy-la-Forêt remontent au VIè siècle, alors que la Gaule commence à se christianniser. Vigor, un des premiers évangélistes du Bessin, reçoit du riche seigneur Volusien la terre de Cerisy avec vingt-cinq villages, pour le remercier d'avoir débarassé la région d'un "serpent horrible qui mettait à mort les hommes et les animaux".
Vers 510, le saint homme construit, vraisemblablement à la place d'une table druidique, un monastère ou ermitage dédié à Saint-Pierre et Saint-Paul.
Parallèlement, d'autres monastères rattachés aux évêchés de Bayeux (Reviers, Mont-Chrismat, Deux-Jumeaux, Evrecy, Livray) et de Coutances (Le Ham, Saint-Fromond, Saint-Marcouf) voient le jour, témoignant de la rapide conversion des "paĩens" à la religion de Vigor.[2]
Invasions Normandes
Au IXè siècle, la Neustrie est envahie par les Vikings, qui donneront leur nom à la région (Normandie vient de "normands" qui signifie "hommes du Nord").
En 891, ils pillent Bayeux, défendue par le comte Béranger. Les incursions en terre de Cerisy datent probablement de la même année, avec destruction complète du monastère érigé par Vigor.
En deux siècles, ces redoutables pillards, persécuteurs de la chrétienté d'Occident, se convertissent et deviennent le fer de lance d'une chrétienté agressive et expansionniste. Rollon, leur chef, obtient du roi Charles III le Simple les pays de Basse-Seine par le traité de Saint-Clair-sur Epte en 911, et le Bessin en 924.[3]
Robert le magnifique
En 1032, l'un des descendants de Rollon, le duc Robert, dit le Magnifique ou le Libéral, édicte la charte de fondation d'un nouveau monastère, l'abbaye d'hommes de Cerisy, dédié à Vigor, l'ancien évêque de Bayeux. Mais les archives diocésaines nous font part d'un abbé en fonction dès 1030. Il y avait donc déjà un monastère en ce temps (à tout le moins une église). La fondation de Robert dut se faire avec, ou à partir d'un ensemble déjà existant.
On sait que des reliques y sont apportées très tôt de Jérusalem, témoignant ainsi de l'intérêt que le duc accorde à Cerisy. En 1035, il refonde également l'abbaye féminine de Montivilliers. Parti pour un pélerinage en Terre sainte, Il décède cette même année à Nicée, en Asie mineure. Il n'a que 25 ans.[4]
Guillaume le conquerant
En 1048, Guillaume le Conquérant (fils de Robert et duc à sa succession) fait don à l'abbaye d'un os du bras droit de Saint-Vigor. Mais ce n'était probablement pas l'abbaye telle que nous la connaissons. On suppose que les travaux d'édification des sept travées de la nef furent entrepris durant les deux dernières décennies du XIè siècle; quand à l'abside, le tracé de ses fondations daterait de 1089.
Guillaume fera de nombreux autres dons à l'abbaye, et la reliera à la juridiction de Rome.
Il est raconté qu' Arlette, au cours de sa première nuit d'amour avec Robert, au château de Falaise, fit le songe qu'un arbre sortait de son corps et grandissait jusqu'au ciel et que son ombre venait à couvrir toute la Normandie...Ainsi fut conçu celui qui, de Bâtard, devint Conquérant et roi d'Angleterre.
A la mort de son père en 1035, Guillaume a 8 ans. L'enfance sera agitée, car dès la nouvelle de la disparition de Robert, la Normandie s'embrase dans la lutte pour le pouvoir. En 1042, à 15 ans, il est en compagnie de son tuteur pour reprendre possession de la ville de Falaise.
1047 est l'année de la chevauchée de Valognes où Guillaume échappe de peu au complot des conjurés et trouvera refuge à Falaise. C'est encore cette même année qu'il triomphera lors de la bataille de Val-ès-Dunes sur ces mêmes conjurés qui continuaient de contester sa légimité. Cette victoire raménera la paix à l'intérieur du Duché.
1050 est l'année où Guillaume épouse sa cousine Mathilde, petite-fille du roi de France Robert le Pieux et nièce du roi régnant Henri Ier, que le pape Leon IX qualifiera d' "union incestueuse".
La bataille gagnée de Varaville en 1057, la construction du château de Caen en 1058 seront des étapes supplémentaires dans la croissance et la stabilisation du duché.
La "grande affaire" de Guillaume sera évidemment la conquête de l'Angleterre, racontée par la célèbre Tapisserie de Bayeux qui fut probablement commandée par Odon, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume.
Alors qu' Edouard le Confesseur avait fait promesse à Guillaume de la succession du trône, voilà qu'il change d'avis et désigne Harold, couronné le 6 janvier 1066.
Au printemps Guillaume concentre sa flotte à Dives, le 12 septembre met le cap sur Saint-Valéry-sur-Somme d'où le 28, au moins 7000 hommes et 700 navires atteindront la côte anglaise en une nuit. Le 14 octobre a lieu la bataille d'Hastings, dont Guillaume triomphera avec difficulté. Le 25 décembre, il est couronné roi à Westminster.[5] Il le dote de privilèges en 1032 et y fait déposer en 1034 des reliques léguées par le patriarche de Jérusalem[6].
Entre 1040 et 1070, les moines bénédictins défrichent autour du site la forêt de Cerisy qui fournit le bois et la charpente nécessaires à la construction voulue par le fils de Robert, Guillaume de Normandie, d'une grande abbatiale à l'image de l'église Saint-Étienne de Caen, bâtie sur un plan bénédictin traditionnel de la Normandie ducale, dans une architecture romane en pierre de Caen. Les travaux auraient débuté selon Philippe Gavet par l'édification de l'abside à trois niveaux d'arcatures entre 1068 et 1072, formant le chevet[7]. Devenu roi d'Angleterre, Guillaume exportera cet art roman normand d'architecture, que certains qualifient d'anglo-normand. Des convois de pierre de Caen y seront acheminés.
La construction de l'église romane telle qu'elle subsiste aujourd'hui ne fut donc pas entreprise au temps de Robert le Magnifique, mais en celui de Guillaume, et terminée après sa mort. Elle est donc en partie contemporaine de l'abbaye aux Hommes fondée par ce dernier à Caen, et la question peut se poser du même maître d'œuvre (Lanfranc de Pavie, moine italien) ou pas.
Ci-contre, une vue probable (côté nord) de l'abbatiale romane vers la fin du XIè siècle, avec sa tour lanterne plus haute qu'aujourd'hui et ses sept travées de nef faisant de cet edifice d'une taille ambitieuse un vaisseau de 90 mètres de long et de 40 mètres de large pour le bras du transept. Nous n'avons malheureusement aucune idée précise de la façade romane d'origine, remplacée dès le milieu du XIIIè siècle. les heures de gloire
Au XIIè siècle, Cerisy étend ses pouvoirs sur les anciennes abbayes mérovingiennes de Deux-Jumeaux et Saint-Fromond et fonde des prieurés à Saint-Marcouf, Barnavast et Vauville.
A cette époque, une dévotion commune à la cause de l'église romaine soude les Normands d'Angleterre, de France, d'Italie méridionale et de Grèce. Partout, leur efficacité militaire s'affirme, ainsi que leur talent pour la construction. L'architecture religieuse connaît alors sa période la plus brillante.
En 1178, le pape Alexandre III confirme par une bulle particulière, les privilèges de l'Abbaye de Cerisy qui atteint l'apogée de sa gloire au cours de la fin du XIIè siècle.
Cerisy est un bourg important à cette époque. L'abbaye comportera jusqu'à 48 paroisses et 8 prieurés dont deux en Angleterre (Sherbone et Peterborough).
Tout en dépendant du Saint-Siège, Cerisy entretient d'étroites relations avec les monastères du Mont-Saint-Michel, de Saint-Ouen, de Jumièges, du Bec-Hellouin, de Fécamp et bien entendu de Caen.[8]
L'abbaye prospère rapidement, et installe des prieurés sur les anciens oratoires mérovingiens abandonnés tels que Saint-Fromond, Saint-Marcouf et Deux-Jumeaux. En 1715, l'abbaye de Cerisy est unie à la congrégation de Saint-Maur. Puis, sous le régime de la commende, l'abbaye décline jusqu'à la mort de l'ultime abbé commendataire, Paul d'Albert de Luynes, archevêque de Sens et primat des Gaules, en 1788[9]. L'abbaye, qui demeure la plus riche du Cotentin, tombe alors en régale, avant que les six derniers moines et leur prieur, la quittent chassés comme ailleurs, par la Révolution[10].
Située dans le diocèse de Bayeux depuis sa fondation, l'abbaye est rattachée au diocèse de Coutances avec la création du département de la Manche, et l'église devient paroissiale. Depuis le XVIIIe siècle, l'abbatiale est divisée par une cloison permettant aux Cerisiens d'y célébrer la messe sans s'y croiser. En 1811, les cinq premières travées, anciennement réservées aux paroissiens sont détruites comme la façade gothique à trois portails datant du XIIIe siècle, laissant comme nouvelle façade, la cloison aveugle[9].
L'église est classée parmi la première liste des monuments historiques français en 1840, et des restaurations sont entreprises à partir de 1880. Le reste de l'abbaye est classé le 17 octobre 1938[11]. En 1964, de nouveaux travaux de restauration sont entrepris[7].
L’intérieur possède une élévation à trois niveaux (grandes arcades à double rouleau et piles composites, tribunes, fenêtres hautes).
Armes de l'abbaye
d'argent, à un cerisier de sinople, fruité de gueules[12].
Illustrations
Liste des abbés
Selon une liste fournie par le Gallia christiana, il y a eu 45 abbés réguliers et commendataires jusqu’à sa suppression[13].
- Durand 1030-, moine de Saint-Ouen.
- Aumodor
- Estold d’Estouteville 1385-1388, il devint abbé du Bec puis de Fécamp.
- Simon du Bosc 1388-1391, transféré à Jumièges.
- Claude de Husson 1508-, premier abbé commendataire, évêque de Sées puis de Poitiers.
- Jacques de Silly 1509-1539, évêque de Sées.
- Georges d'Amboise, archevêque de Rouen.
- Louis de Clermont -1555
- Antoine d’Apchon, évêque de Tarbes.
- Alexandre de la Guesle
- François de la Guesle, archevêque de Tours.
- Pierre Habert 1620
- Louis-Henri Habert
- René Habert
- Germain Habert 1630-1654, membre de l’Académie française.
- Jules Mazarin 1654-1661, cardinal.
- Philippe de Vendôme -1727, grand prieur de France.
- Paul d'Albert de Luynes 1727-1788, évêque de Bayeux, archevêque de Sens, cardinal.
Notes et références
- Géoportail
- http://abbaye-de-cerisy-la-foret.jimdo.com/il-était-une-fois/saint-vigor/
- http://abbaye-de-cerisy-la-foret.jimdo.com/il-était-une-fois/saint-vigor/
- http://abbaye-de-cerisy-la-foret.jimdo.com/il-était-une-fois/robert-le-magnifique/
- http://abbaye-de-cerisy-la-foret.jimdo.com/il-était-une-fois/robert-le-magnifique/
- André Rhein, « L'église abbatiale de Cerisy », in Congrès archéologique de France, LXXVe session tenue à Caen en 1908, Tome II, 1969
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Erreur de référence : Balise - Société des antiquaires de Normandie, Derache, 1825 M. de Gerville, Recherches sur les Abbayes du département de la Manche, Mémoires de la
- Ancienne abbaye - notice, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
- Armorial de la province des villes de Normandie, Rouen: A. Péron, 1849. Alfred Canel,
- La France pontificale (Gallia christiana), histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, divisée en 17 provinces ecclésiastique. Rouen
Liens externes
- Site officiel de l'Association des Amis de l'abbaye de Cerisy-la-Forêt
- Photos de l'abbaye
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Catégories :- Abbaye de la Manche
- Monument historique de la Manche
- Monument historique classé en 1840
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- Patrimoine du XIIIe siècle
- Patrimoine du XVe siècle
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