- Cassoulet
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Cassoulet
Un plat de cassouletLieu d'origine Languedoc Place dans le service plat principal Température de service chaude Ingrédients ragoût de haricots blancs secs avec confit de canard, lard, couenne, jarret de porc, saucisses Mets similaires feijoada
fabada asturiana
faves ofegadesAccompagnement vin rouge
Fitou, Corbières ou Minervoismodifier Le cassoulet (de l'occitan caçolet) est une spécialité régionale du Languedoc, à base de haricots secs généralement blancs et de viande. À son origine, il était à base de fèves. Le cassoulet tient son nom de la cassole en terre cuite émaillée fabriquée à Issel.
Sommaire
Histoire du cassoulet
La légende, rapportée par Prosper Montagné[1], place l'origine du cassoulet dans la ville de Castelnaudary, durant la guerre de Cent Ans (1337-1453). Durant le siège de Castelnaudary par les Anglais, les assiégés affamés auraient réuni tous les vivres disponibles (haricots secs et viandes) pour confectionner un gigantesque ragoût ou estofat pour revigorer les combattants. Ceux-ci purent alors chasser les Anglais et libérer la ville. Cette légende qui conforte le sentiment nationaliste et fait du cassoulet un défenseur des valeurs françaises ne résiste cependant pas vraiment à l'analyse. Certes la ville de Castelnaudary a grandement souffert pendant la guerre de Cent Ans. Elle fut d'ailleurs partiellement brûlée par les troupes du Prince Noir le 31 octobre 1355. Cette légende reflète ainsi le désir de prendre une revanche sur l'histoire. D'autre part, les haricots, originaires du continent sud-américain, n'ont été introduits en Europe que beaucoup plus tard (XVIe siècle), il s'agit donc plus probablement de fèves ou de doliques (moujette ou mounjette en occitan)[2] qui étaient consommées à l'époque en ragoût.
Un des livres de cuisine les plus anciens, Le Viandier de Taillevent, décrit une recette de ragoût de mouton aux fèves probablement inspirée des Arabes[3].
Mais cette légende met en évidence la nature même du plat : un plat fait de restes et très énergétique. C'est donc à l'origine une recette familiale paysanne, faite de graines (fèves, doliques, puis plus tard, haricots blancs) dans lesquelles mijotent les viandes disponibles dans le garde-manger des paysans de l'époque. Le plat est laissé sur un coin de la cuisinière tôt le matin, mijote ainsi pendant la journée et est consommé lors du repas du soir[4].
Le cassoulet, qui s'appelle encore au XVIIe siècle estouffet, prend au XVIIIe siècle, le nom de cassoulet du nom du plat dans lequel il mijote, la cassole. La querelle sur le pays d'origine du cassoulet apparaît dès la fin du XIXe siècle quand la revue méridionale publie en 1890 un article affirmant que le seul cassoulet authentique vient de Castelnaudary[5]. Anatole France appuie cette version quand il écrit « II ne faut pas confondre le cassoulet de Castelnaudary avec celui de Carcassonne qui est un simple gigot de mouton aux haricots. ». La question se nationalise vers 1900 quand le critique gastronomique Edmond Richardin lance un débat sur ce sujet dans la gazette parisienne[6]. Chacun prend alors parti pour un pays (Castelnaudary, Carcassonne, Toulouse) en oubliant l'existence de versions locales comme Villefranche-de-Lauragais, Narbonne, Montauban, Pau ou Pamiers. En 1911, Le cassoulet est chanté par le poète félibre Auguste Fourès qui retranscrit un chant anonyme de 1850[7]. Ce plat s'invite sur la table de l'Élysée par le biais d'Armand Fallières[6].
De nos jours, on trouve, dans la grande distribution, des conserves de cassoulet dans une version que renient les puristes. Il existe cependant, dans la région, des versions gastronomiques apertisées tout-à-fait remarquables. Sa confection est très codifiée mais varie selon les écoles.
Composition
Le cassoulet est un plat traditionnel dont la base est un ragoût de haricots blancs longuement mijoté pour être fondant en bouche — c'est là le secret de la réussite. Dans ce ragoût sont ajoutés, selon les versions, du confit d'oie ou de canard, du lard, de la couenne, du jarret de porc, de la saucisse, de l'agneau ou de la perdrix. On peut y trouver aussi de la tomate, du céleri ou de la carotte. Il peut être ou non recouvert de chapelure[8].
Il est l'objet d'une querelle ancestrale entre trois villes : Castelnaudary, Carcassonne et Toulouse. La controverse porte sur l'origine du cassoulet, sa composition et les qualités gustatives des cassoulets préparés dans chacune des villes.
Le cassoulet de Castelnaudary est fait à partir de haricots blancs du Lauragais, il contient du confit d'oie, du jarret ou de l'épaule de porc, de la saucisse et de la couenne de porc[9], une carotte, un poireau et une branche de céleri[10]. Il finit sa cuisson dans un four de boulanger dans lequel brûlent des ajoncs de la Montagne Noire. Le cassoulet de Carcassonne peut contenir de la perdrix rouge et un morceau de mouton. Le cassoulet de Toulouse contient du confit de canard et une saucisse de Toulouse, de la carotte et de l'oignon. On le recouvre parfois de chapelure avant de le passer au four. Le nombre de fois où il faut durant la cuisson au four, casser la croûte qui se forme à surface du plat est l'objet de grandes querelles d'experts (entre 6 et 8 fois selon les versions).
Pour arbitrer cette rivalité, Prosper Montagné (Carcassonne, 1865-Sèvres, 1948), un gastronome languedocien devenu cuisinier à Toulouse, a recours à une métaphore :
- « Le cassoulet, c'est le Dieu de la cuisine occitane ; Dieu le Père, c'est le cassoulet de Castelnaudary, Dieu le Fils c'est celui de Carcassonne et le Saint-Esprit celui de Toulouse. »
Les constantes
Malgré toutes les variantes de ce plat, on retrouve deux constantes : le haricot servant de base et la marmite permettant la cuisson.
Le haricot
On utilise traditionnellement, pour la confection du cassoulet, du haricot-lingot ou du haricot-coco. Certains cuisiniers tentent un retour aux sources en le préparant avec des fèves. Le haricot commun (phasoleus vulgaris), probablement une variante domestiquée du phaseolus arborigineus[11], est originaire du Pérou. Il a été rapporté en Europe vers 1528 par un chanoine italien. Catherine de Médicis vient en France en emportant dans ses bagages quelques graines de ce produit. Comtesse du Lauragais, elle encourage la culture de cette légumineuse dans le sud de la France. Il devient durant le XVIIe siècle et jusqu'au XIXe siècle une base importante de la production et de la consommation locale[12].
Après la Seconde Guerre mondiale, cette culture locale a été abandonnée au profit de cultures plus rentables. Le cassoulet est alors fabriqué avec des haricots importés. Mais la qualité du produit en a souffert, les haricots importés provenant de mélanges, il était difficile d'obtenir une qualité constante et un niveau de cuisson homogène. Vers le milieu des années 1990, se crée un syndicat des producteurs de haricots à cassoulet dont la vocation est de promouvoir la production du haricot lauragais. En 10 ans, la production a ainsi été multipliée par presque 20 (de 35 tonnes à 600 tonnes).
Les haricots cultivés dans la région de Mazères ou de Pamiers sont souvent recommandés pour la confection du cassoulet[13],Ariège News[14],. Le haricot coco de Pamiers avait presque entièrement disparu mais un programme de réintroduction mis en place par la CAPA (coopérative agricole de la plaine d’Ariège) a conduit à un renouveau de la production (22 tonnes en 2006).
La consommation de haricots, importante encore au XIXe siècle a grandement chuté pour tomber à environ 150 à 200 grammes par mois et par personne. Avec la réhabilitation du haricot régional, le syndicat des producteurs de haricots à cassoulet et la CAPA espèrent redonner du prestige à une nourriture riche en fibres, sucres lents et protéines.
La cassole
La cassole est une petite marmite en terre cuite fabriquée à Issel. Selon la confrérie du cassoulet[15], on fabrique des cassoles à Issel depuis 1377, date à laquelle s'installe à Issel un potier italien qui produit des ustensiles ménagers dont les oules (marmites destinées à bouillir devant le feu). C'est pourquoi, on appelle parfois oula le récipient dans lequel mijote le cassoulet. Le nom de cassoulet dérive de la cassole[5].
La cassole a la forme d'un cône tronqué. Elle est fabriquée d'un mélange de terre argilo-calcaire du Lauragais et de terre réfractaire non calcaire silico-alumineuse provenant des terres d'Issel, de Saint-Papoul ou de Revel qui en assure la solidité face aux chocs thermiques. La cassole est ensuite vernie intérieurement pour en garantir l'étanchéité[16].
Accord mets / vin
Le cassoulet se sert traditionnellement avec un vin rouge de la région (Fitou, Corbières ou Minervois)[17].
Promotion
À Castelnaudary, s'est montée depuis 1970, une confrérie du cassoulet dont l'objectif est de promouvoir le cassoulet chaurien. Le grand maître en est, depuis 2004, l'ancien rugbyman Laurent Spanghero. Chaque année, s'organise une grande fête[18] du cassoulet durant laquelle des dégustations sont offertes. Un concours regroupe aussi les meilleurs spécialistes du cassoulet de Castelnaudary. Dans cette ville, le cassoulet est un véritable enjeu économique : 80% de la production française de cassoulet (75000 tonnes) est produit par six industriels de Castelnaudary[19].
À Carcassonne a vu le jour une « académie universelle du cassoulet »[20]. Le projet initié par le restaurateur carcassonnais André Pachon[21] , et finalisé par Jean-Claude Rodriguez tend à promouvoir le cassoulet dans toute sa généralité. Une route des cassoulets a été proposée qui permet un voyage dans les meilleures tables de la région et propose plusieurs variantes de ce plat. L'académie universelle du cassoulet intronise aussi des chefs à travers le monde (Belgique, Canada, Japon)[22].
Plats voisins
Il existe de par le monde de nombreux plats ou ragoûts à base de haricots ou de fèves. Un plat d'origine moyenâgeuse est le févoulet qui est un cassoulet aux fèves. Le cassoulet brésilien s'appelle le feijoada, il se compose de haricots noirs, on peut y trouver des abats, de la palette de porc salée, du bœuf séché et du piment. La fabada asturiana ou cassoulet des Asturies est consommée au nord-ouest de l'Espagne. Il est confectionné avec un haricot spécialement cultivé dans la région la faba ou haricot des Asturies. Aux Antilles, on cuisine un cassoulet avec des pois savons secs[10]. En Catalogne, les faves ofegades est un cassoulet qui se fait encore avec des fèves et qui a la même origine que le cassoulet occitan[23]. Au Québec, les fèves au lard sont un plat traditionnel composé de haricots mijotés longuement avec du lard. Les trois principales variantes sont : sauce tomate, à la mélasse et au sirop d'érable. Cette dernière variante est très populaire à la cabane à sucre.
Notes et références
- Sur la piste de OPNI, p 494 Denis Constant Martin,
- Ariège News
- Histoire Confrérie du Cassoulet,
- L’alimentation traditionnelle des paysans lauragais avant 1950 (18-19ème, moitié du XXe siècle) Jean Odol,
- Pétulante histoire d'un plat qui a fait la France Michel Gardère,
- Grandes et petites histoires de la gourmandise française Sylvie Girard-Lagorce,
- Le chant du cassoulet Auguste Fourès,
- Mescladis Carcassonne
- Gastronomie du Midi-Pyrénées
- Cassoulet.net, un hommage au cassoulet
- Inreraction on Wild eand cultivated beans E. Campan,
- L'extraordinaire histoire du haricot blanc
- Le haricot ariégeois quelle histoire
- Le chant du cassoulet Auguste Fourès,
- Histoire Confrérie du cassoulet
- La cassole Confrérie du cassoulet,
- Vins accompagnant un cassoulet
- Site officiel de la fête du cassoulet
- Laurent Spanghero, pilier du cassoulet La dépêche du 30/08/2004,
- Académie universelle du cassoulet, site officiel
- Site d'André Pachon
- La liturgie du cassoulet L'express.fr,
- Jaume Fàbrega à La cuina del país dels càtars: Cultura i plats d'Occitània 2003. Cossetània Edicions. ISBN 84-96035-80-8.
Bibliographie
- Le cassoulet in Sylvie Girard-Lagorce, Grandes et petites histoires de la gourmandise française : traditions et recettes, Paris : Plon, 2003. (ISBN 9782259198325)
Voir aussi
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