- Campagne de Stalingrad
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Bataille de Stalingrad
Sur le plan stratégique, la bataille de Stalingrad a été un tournant majeur dans la Seconde Guerre mondiale de par sa signification et sa nature. Elle marque le début de la retraite ininterrompue de l'armée allemande en Europe de l’Est jusqu'à la défaite finale en 1945 avec la conquête de Berlin par l'Armée rouge. Elle est considérée comme une des batailles les plus sanglantes de l'Histoire et reste dans les mémoires pour l'intensité de ses combats urbains.
Si la défaite de l'armée allemande devant Moscou en décembre 1941 est le tournant géostratégique de la Seconde Guerre mondiale en Europe, la victoire soviétique de Stalingrad en février 1943 constitue indéniablement le tournant psychologique. La bataille de Stalingrad, ville du sud de la Russie sur la Volga (appelée aujourd'hui Volgograd), a été marquée par la brutalité et le manque de prise en compte des pertes civiles. Contrairement au « classique » siège, elle a principalement consisté en combats urbains menés par les Allemands et leurs alliés. La bataille inclut le siège allemand de la ville, la bataille à l'intérieur de la ville et la contre-offensive soviétique. Les combats durèrent de fin août 1942 à début février 1943 et firent entre 1 à 2 millions de morts (entre 4 500 et 9 000 morts par jour).
La capitulation du tout juste promu maréchal Paulus et des troupes allemandes le 2 février 1943 devant les forces soviétiques est considérée comme le début de la fin des forces de l'Axe, qui y perdirent un quart de leurs armées ainsi que l'initiative sur le front de l'Est.
Cependant, de plus en plus d'historiens soulignent qu'un tournant stratégique n'est pas « le » tournant de la guerre, et que les deux tournants géostratégiques majeurs ont été l'opération Barbarossa en juin 1941, qui a rompu l'alliance germano-soviétique et mis l'Armée rouge du côté allié, et l'attaque sur Pearl Harbor en décembre 1941, qui a mis l'industrie américaine au service de la guerre.
Stalingrad : verrou sur la route du Caucase et ville symbole
Le 22 juin 1941, l'Allemagne et ses alliés de l'Axe envahissent l'Union soviétique, avançant rapidement et profondément dans le territoire ennemi. Après avoir beaucoup souffert pendant l'été et l'automne 1941, les forces soviétiques contre-attaquèrent lors de la bataille de Moscou en décembre 1941. Les forces allemandes épuisées, mal équipées pour une guerre hivernale et avec des ravitaillements poussés au maximum de leurs capacités, furent arrêtées sinon repoussées dans leur avancée vers la capitale.
Les Allemands stabilisèrent leur avancée au printemps 1942. Des plans pour lancer une autre offensive contre Moscou furent rejetés, car les troupes avaient été fortement affaiblies. La philosophie militaire allemande voulant que dans l'espoir de gains rapides l'attaque se fasse là où cela est le moins prévisible, une attaque sur Moscou aurait été perçue comme trop évidente par certains, et notamment Adolf Hitler. Le Haut Commandement allemand savait que le temps jouait contre eux, car les États-Unis venaient d'entrer en guerre après l'attaque sur Pearl Harbor par les Japonais. Hitler voulait donc finir le combat sur le front de l'est avant que les États-Unis aient pu s'impliquer plus avant dans la guerre en Europe.
Pour toutes ces raisons, de nouvelles offensives vers le nord et vers le sud furent envisagées. Une percée au sud aurait sécurisé le Caucase riche en pétrole, aussi bien que le fleuve Volga, une voie très importante de transport soviétique en Asie centrale. Ce territoire comprenait aussi de grosses industries comme l'usine de tracteurs convertie à la production de chars T-34, l'usine d'armement Barrikady, ainsi que le complexe métallurgique « Octobre rouge ». Une victoire allemande dans le sud de l'Union soviétique aurait endommagé sévèrement la machine de guerre de Staline ainsi que l'économie du pays, tout en permettant la capture des vastes champs agricoles de cette région. De plus, l'espion russe au Japon, Richard Sorge, avait informé Moscou du fait que le Japon attaquerait l'URSS dès que l'armée allemande aurait pris une quelconque ville sur la Volga, coupant l'approvisionnement en pétrole et carburant en provenance de Bakou, et les munitions et ressources en nourriture envoyées par les alliés depuis le golfe Persique à travers l'Iran, l'Azerbaïdjan soviétique, et le long de la Volga.
Le nom de la ville faisant référence au dirigeant soviétique, elle revêtait un intérêt symbolique tout particulier pour les deux camps : sa capture aurait été, pour la propagande nazie, une victoire que Staline ne pouvait se permettre d'accepter.
Ces éléments contribuèrent à faire de cette bataille un point de cristallisation des deux armées qui y jetèrent toutes leurs forces. Ce fut une guerre totale, une guerre idéologique, économique et militaire qui mobilisa les deux pays tout entiers.
L’opération Braunschweig
L'« opération Braunschweig », à partir du 23 juillet 1942 est prépondérante dans l'échec allemand. Alors qu'il était prévu lors de l'Opération « Fall Blau » qu'un fort groupement comprenant la 6e Armée et surtout la 4e Panzerarmee, couvertes sur le Don par l'ARMIR (Armata Italiana in Russia), les Hongrois et les Roumains, plus la 2e Armée à hauteur de Voronej devait foncer dans la grande boucle du Don et le corridor Don-Volga, l'opération « Braunschweig » déroute la 4e Panzerarmee (en fait le XLVIII. Panzerkorps renforcé) vers le Caucase, en laissant à la seule 6e Armée (également renforcée) le soin de conquérir la grande boucle du Don et Stalingrad.
Ce changement a deux conséquences désastreuses :
- la 6e Armée n'est plus assez forte pour opérer seule, de manière décisive, dans la grande boucle du Don. Cela implique un raidissement de la résistance soviétique face à l'affaiblissement des forces d'assaut allemandes du secteur, donc un ralentissement de la progression vers Stalingrad préjudiciable à sa conquête rapide.
- la 4e Panzerarmee, en rejoignant la 1e Panzerarmee et la 17e Armée dans leur progression vers le Caucase, provoque un effet inattendu et catastrophique : elle embouteille complètement les voies logistiques de la Heeresgruppe A et ralentit également la progression, sans même pouvoir entrer en ligne !
Ainsi, à la mi-août 1942, la 4e Panzerarmee est réorientée vers le nord-est, vers Stalingrad. Trois semaines ont ainsi été perdues sans gain notable sur le front du Caucase et avec des effets négatifs dans la grande boucle du Don.
Forces en présence
En novembre 1942, la Wehrmacht avait déployé, sous le commandement de Friedrich Paulus, la VIe armée, composée de :
- IVe Corps d'armée
- 29e division d'infanterie motorisée
- division d'infanterie
- division d'infanterie
- VIIIe Corps d'armée
- 76e division d'infanterie
- division d'infanterie
- XIe Corps d'armée
- 44e division d'infanterie
- division d'infanterie
- 384e division d'infanterie
- XIVe Corps d'armée
- 3e division d'infanterie motorisée
- division d'infanterie motorisée
- 16e division blindée
- LIe Corps d'armée
- 71e division d'infanterie
- division d'infanterie
- 94e division d'infanterie
- division de chasseurs
- 295e division d'infanterie
- 305e division d'infanterie
- 389e division d'infanterie
- 14e division blindée
- 24e division blindée
- Luftwaffe
- IVe flotte aérienne
- IXe div. de DA (troupes au sol)
- VIIIe Corps aérien
- Sapeurs
5e organisation (troupes sous le sol)
Vers une âpre bataille
Staline interdit l'évacuation des civils de la ville, pensant que leur présence encouragerait une plus grande résistance des défenseurs. Des civils, comprenant les femmes et les enfants, ont été mis au travail pour améliorer les fortifications protectrices et continuer de travailler jusqu'au bout dans les usines de tracteurs converties en usines de chars.
Un bombardement aérien allemand massif, le 23 août, causa une véritable tempête de feu, tuant 40 000 civils et transformant Stalingrad en un vaste paysage de gravats et de ruines en feu. 80 % de l'espace habitable de la ville avait été détruit.
L'engagement initial pour la défense de la ville incomba au 1077e régiment anti-aérien, une unité composée principalement de jeunes femmes volontaires sans aucune formation sur les cibles s'engageant au sol. En dépit de ceci, et sans l'appui fourni par d'autres unités soviétiques, les canonniers anti-aériens restèrent à leurs postes et combattirent l'avancée des panzers. La 16e Panzerdivision dut les combattre jusqu'à ce que chacune des 37 batteries anti-aériennes ait été détruite.
Vers la fin d'août, les troupes allemandes atteignirent la Volga au nord de Stalingrad. Une autre avancée vers le fleuve au sud de la ville suivit. Les combattants soviétiques étaient donc encerclés dans la ville, adossés à la Volga, malgré divers moyens mis en œuvre pour circuler sur le fleuve.
Dans la phase initiale, la défense soviétique était basée essentiellement sur des « milices ouvrières » composées d'ouvriers indirectement impliqués dans la production de guerre. Les chars continuaient d'être produits et équipés par des équipes d'ouvriers d'usine volontaires. Les engins étaient conduits directement de l'usine à la ligne de front sans même avoir été peints.
La ville atteint bientôt un état de destruction quasi-total, sous le feu des bombardements allemands. Les civils ont déserté la ville. Parmi les débris, la 62e armée soviétique forma des lignes de défense, avec des points forts situés dans les maisons et les usines. Le combat dans la ville se fit féroce et désespéré. L'Ordre n°227 de Staline, connu sous le slogan « Pas un pas en arrière ! », en date du 28 juillet 1942 décrétait que tout ceux qui fuyaient ou reculaient de leurs positions sans ordres pourraient être sommairement abattus. Mais les Soviétiques n'avaient pas vraiment besoin de cette propagande pour comprendre l'enjeu de cette bataille et se battre héroïquement. Les Allemands poussant en avant dans Stalingrad ont ainsi souffert lourdement. Des renforts soviétiques furent embarqués à travers le fleuve Volga de la rive orientale sous le bombardement constant de l'artillerie et des Stukas. L'espérance de vie d'un soldat soviétique nouvellement arrivé dans la ville avait chuté à moins de vingt-quatre heures.
La doctrine militaire allemande était basée sur le principe des équipes d'armes combinées impliquant une collaboration étroite de l'infanterie, du génie et de l'artillerie avec appui aérien. Pour parer ceci, les commandants soviétiques adoptèrent une technique simple : toujours garder les lignes de front au plus proche. Ceci exposa l'infanterie allemande au danger de leur propre feu de soutien, l'obligeant à en limiter l'usage.
Enlisement et batailles de rue sanglantes
Le combat faisait rage pour chaque rue, chaque usine, chaque maison, chaque sous-sol et chaque escalier. Les Allemands appelèrent cette guerre urbaine invisible Rattenkrieg (« guerre de rats ») et une plaisanterie grinçante se répandit à ce sujet : « Une fois la cuisine capturée, on combat toujours pour la salle de séjour »…
Les soldats soviétiques se battaient dans un demi-sommeil, car ils dormaient rarement plus de trois heures d'affilée : leurs nuits étaient entrecoupées d'alertes, attaques, contre-attaques... Les Soviétiques et les Allemands se mitraillaient sans cesse à l'aveuglette, en plus des bombardements incessants, pour énerver l'adversaire. Il fallait effectuer des reconnaissances de nuit, en rampant dans les décombres, afin de mener des attaques-surprises nocturnes qui terrifiaient les Allemands. Le contact avec l'arrière était fréquemment coupé, en particulier avec l'état-major, installé de l'autre côté de la Volga. Les postes de commandement étaient installés à la va-vite dans les sous-sols (les seuls abris restants), mais étaient rapidement détruits. Une simple maison pouvait être considérée comme une « position stratégique ».
Sur le kourgane de Mamaïev, une colline de 102 mètres de hauteur, les combats furent particulièrement impitoyables. L'enjeu était crucial pour la Wehrmacht qui voulait installer de l'artillerie dans le but de détruire tous les bateaux naviguant sur la Volga. La colline changea de mains plusieurs fois et les Allemands ne purent jamais installer leur artillerie lourde. Pendant une contre-attaque soviétique pour reprendre le Kourgane de Mamaïev, les Soviétiques perdirent une division entière de 10 000 hommes en un jour. À l’Ascenseur à grain, un énorme complexe traitant le grain dominé par un énorme silo, le combat était si rapproché que les soldats soviétiques et allemands pouvaient selon les témoignages s'entendre respirer. Dans une autre partie de la ville, un immeuble défendu par un peloton soviétique sous le commandement de Iakov Pavlov fut transformé en forteresse impénétrable, après s'être fait couper du reste des forces par une attaque allemande. Le bâtiment, plus tard appelé la « Maison de Pavlov », surveillait une place au centre de la ville. Les soldats l'avaient entouré avec des champs de mines, des nids de mitrailleuses aux fenêtres et avaient cassé des cloisons pour améliorer la communication. Ils tinrent plus de 27 jours, ce qui peut-être servira d'exemple dans l'intensité de l'engagement.
Les Allemands transférèrent l'artillerie lourde à l'intérieur de la ville, y compris plusieurs énormes mortiers de 600 mm. L'artillerie soviétique sur la berge orientale de la Volga continua à bombarder les positions allemandes. Les défenseurs soviétiques utilisèrent les ruines à bon escient comme position défensive, en montant entre autres des pièges (par exemple des tourelles de chars positionnées statiquement dans les ruines). Les chars d'assauts allemands devinrent inutiles dans les tas de débris pouvant aller jusqu'à huit mètres de haut. S'ils parvenaient à avancer, ils étaient pris sous le feu antichar soviétique provenant des toits.
Ces conditions ralentirent la progression allemande.
Pour Staline et Hitler, la bataille de Stalingrad était devenue une question de vie et de mort. Le commandement soviétique déplaça les troupes de réserve stratégiques de l'Armée rouge à Moscou vers la Volga et transféra toute l'aviation disponible du pays entier à Stalingrad. Les pressions sur les deux commandants militaires étaient immenses : Paulus développa un tic incontrôlable à son œil et Tchouïkov éprouvait une manifestation d'eczéma qui exigea de lui bander complètement les mains.
En novembre, après trois mois de carnage et d'avance lente et coûteuse, les Allemands atteignirent finalement les rives du fleuve, capturant 90 % de la ville ruinée et coupant les forces soviétiques restantes en deux poches étroites.
La contre-attaque soviétique
À l'automne, le général soviétique Gueorgui Konstantinovitch Joukov responsable de la planification stratégique dans la région de Stalingrad, concentra les forces soviétiques dans les steppes au nord et au sud de la ville. Le flanc nord allemand était particulièrement vulnérable, puisqu'il était défendu par les unités hongroises et roumaines dont l'équipement était inférieur et le moral bas. Le plan de Joukov était de maintenir les Allemands vers le sud dans la ville, de passer à travers les larges flancs allemands faiblement défendus et d'encercler les Allemands à l'intérieur de Stalingrad. Cette opération dont le nom de code était Uranus fut lancée le 19 novembre 1942, en même temps que l'Opération Mars qui, elle, était dirigée vers le centre.
Les unités soviétiques attaquèrent sous le commandement du Général Nikolaï Vatoutine. Elles étaient composées de trois armées complètes, la 1ère de la Garde, le 5e Régiment de chars d'assauts et la 21e Armée, y compris un total de dix-huit divisions d'infanterie, de huit brigades de chars (T-34 M40), de deux brigades motorisées, de six divisions de cavalerie et d'une brigade antichar. Les troupes roumaines continuèrent à demander des renforts sans résultat. Trop écartée, dépassée en nombre et mal équipée, la 3e Armée roumaine, qui tenait le flanc nord de la 6e armée allemande, fut brisée après une défense d'une journée quasi miraculeuse.
Le 22 novembre, les deux pinces de la tenaille se rejoignirent à Kalatch, parachevant l'encerclement de Stalingrad.
Isolement des forces allemandes et ordres suicidaires
Coupées de leurs arrières par la manœuvre d'encerclement opérée par les Soviétiques, les forces allemandes ne purent plus compter que sur elles-mêmes. Peu après, la perte des aérodromes de Tatzinskaïa et Morozovskaïa aggrava encore la situation. L'aviation allemande se vit en effet dans l'impossibilité d'organiser un pont aérien efficace et donc de fournir vivres, munitions et hommes. Ceci, cumulé à la pression exercée par l'Armée rouge, rendit la situation intenable.
Les divisions blindées, commandées par Von Manstein, que le commandement de la Wehrmacht avait envoyées pour briser l'encerclement de Paulus furent arrêtées et repoussées par l'Armée rouge, d'autant que Paulus refusa de désobéir aux ordres d'Hitler et de tenter une sortie. Cet échec scella le sort des troupes assiégées. Hitler octroya cependant à Paulus le titre de maréchal, afin d'inciter ses hommes à le défendre jusqu'au-delà de leur courage, car aucun récipiendaire de cette haute distinction n'avait été capturé auparavant. Hitler justifia ce sacrifice en expliquant que ces troupes permettaient de fixer sept armées russes, ce qui lui laissait le champ libre pour attaquer un autre secteur que celui de Stalingrad. Les soldats de la VIe armée devaient impérativement mourir au combat, d'autant que les conditions de captivité qui attendaient les survivants étaient atroces, car les Soviétiques vouaient une haine profonde à l'occupant nazi qui s'était rendu coupable de massacres impitoyables de populations lors de sa progression.
85 000 des 91 000 prisonniers succombèrent, moins à cause de mauvais traitements qu'en raison de l'affaiblissement général de leur organisme dû à leur exposition prolongée au froid et des privations subies pendant ce dernier combat désespéré.
Les troupes de la RKKA (Rabotche-Krestianskaïa Krasnaïa Armïa - l'Armée rouge des ouvriers et paysans) procédèrent alors au morcellement des unités adverses en coupant le secteur sud de Stalingrad du secteur nord.
La découverte par les Soviétiques de Paulus et de son état-major, cachés dans une cave, accéléra la capitulation des forces allemandes qui eut lieu le 31 janvier 1943 pour le secteur sud et le 2 février 1943 pour le secteur nord. Paulus donna personnellement à ses troupes l'ordre de se rendre.
Conséquences
Bien que le général Paulus ait tenu, un temps, les neuf dixièmes de la ville, les forces de l'Axe furent impuissantes face à l'extraordinaire force morale des Soviétiques et à leur tactique d'encerclement. Cette dernière s'inspire d'ailleurs peut-être de celle utilisée au XIIIe siècle par le prince russo-vareg Alexandre Nevski, dont l'exploit face aux chevaliers teutoniques, porté à l'écran par Sergueï Eisenstein en 1938, avait été, sur ordre de Staline et dans un souci de propagande antigermanique, diffusé très largement dans l'URSS après la rupture du Pacte germano-soviétique.
La bataille de Stalingrad est un événement majeur de la 2e Guerre mondiale, car il marque le tournant de la guerre : pour les Allemands, jusque-là presque invaincus (hormis en Afrique du Nord et en Angleterre), c'est le début de la fin.
Cette lueur d'espoir au plus fort de la guerre a profondément marqué les populations d'Europe et contribué au prestige soviétique au lendemain de la guerre. À la Libération, pour la plupart des Français, la contre-attaque soviétique qui avait suivi la victoire de Stalingrad avait autant contribué à la Libération européenne que le débarquement anglo-américain en Normandie. Aujourd'hui, le souvenir de Stalingrad s'efface devant celui du débarquement du fait de l'effondrement de l'URSS et de la connotation péjorative du nom « Staline ». Néanmoins, les nombreuses « avenues Stalingrad » de même que la station de métro parisienne homonyme sont bien une preuve de l'impact psychologique de cette bataille, et non la marque d'un attachement à l'idéologie stalinienne.
Conditions de combat
Les conditions dans lesquelles les combattants des deux camps prirent part à la bataille étaient extrêmes.
Pour les Russes encerclés dans Stalingrad, la principale difficulté tactique était l'obstacle constitué par la Volga, rendant périlleuses les traversées pour ravitailler les troupes. En de nombreux points, l'armée allemande pouvait atteindre en tir direct, à la mitrailleuse ou au canon, les convois d'embarcations hétéroclites opérant la jonction. Un nombre important de soldats arrivant en renfort furent ainsi tués pendant la traversée. Celle-ci fut rendue encore plus difficile au moment des premières glaces en novembre.
Les postes de commandement soviétiques sur la rive occidentale étaient dangereusement proches des combats. En au moins une occasion, la garde rapprochée de Vassili Tchouïkov, commandant de la 62e armée, dut se battre face à une attaque des Allemands. Au plus fort de l'avancée allemande, les têtes de ponts soviétiques sur la rive occidentale n'étaient profondes que de quelques centaines de mètres, obligeant les katiouchas à reculer jusqu'à la dernière extrémité de la berge pour tirer sur les premières lignes allemandes.
C'est à Stalingrad qu'on vit émerger le rôle important d'un nouveau type de combattant, nommé par la suite le franc-tireur, dont « Zikan », un tireur inconnu, qui tua 224 Allemands et Vassili Zaïtsev, berger ouralien qui compta à son actif 225 tués lors de la bataille. Ce sont des tireurs d'élite (ou snipers) qui visent discrètement leurs victimes à grande distance et les tuent ou les blessent assez gravement pour que leurs camarades tentent de les secourir et donc s'exposent. De tels combattants furent érigés en héros par la propagande soviétique pendant la bataille. Ce climat de crainte permanente contribua à saper le moral des combattants de l’Axe.
L'extrême dureté des combats incita la majorité des combattants russes à consommer d'importantes quantités de vodka. Chaque unité devant recevoir une ration par soldat, nombre de commandants d'unités dissimulèrent les pertes, les vivants pouvant ainsi se partager les rations des morts. En plusieurs occasions, des soldats russes ingérèrent du liquide antigel et autres produits chimiques contenant de l'alcool, ce qui coûta la vie à plusieurs d'entre eux.
Lorsque les usines ne furent plus en état de produire, plusieurs milliers de civils, essentiellement des enfants et des vieillards restèrent dans la ville, y compris au plus fort des combats. Outre la menace constante d'être tué par un obus ou une balle perdue, la famine fit des ravages parmi cette population bloquée sur place.
Notes et références
Voir aussi
Cette bataille fit l'objet de plusieurs films, dont :
- Stalingrad, de Jean-Jacques Annaud inspiré d'un duel entre deux snipers (Paramount, 2001)
- Stalingrad de Joseph Vilsmaier, film allemand datant de 1992
- Stalingrad: Hunde, wollt ihr ewig leben?, film ouest-allemand de Frank Wisbar datant de 1958
et de documentaires servant la propagande alliée
- The Battle of Russia, de Frank Capra, 1943
- Stalingrad de Leonid Varlamov, 1943
Autres moments clés de la guerre :
- La seconde bataille d'El-Alamein
- La bataille de Midway
- La bataille de Normandie
À voir à Moscou, le Musée de la VOV (Великая Отечественная война - Velikaia Otiétchestviennaïa Voïna, Grande guerre patriotique) - Métro: Park Pobiédi
Bibliographie
- (fr) Heinz Schröter (correspondant de guerre de la VIe Armée allemande à Stalingrad) : Les Sacrifiés, Pierre De-Méyère / 1962
- (fr) Antony Beevor, Stalingrad, Editions de Fallois, 1999
- (fr) Joachim Wieder, Stalingrad ou La responsabilité du soldat, Albin Michel, 1983
- (fr) Vassili Grossman, Vie et Destin, L'Âge d'homme
- (fr) Vassili Grossman, Pour une juste cause, L'Âge d'homme (avant "Vie et Destin")
- (fr) Vassili Grossman, Carnets de guerre - De Moscou à Berlin, Calmann-Lévy, février 2007
- Stalingrad: L'ultime assaut, par Loïc Bonal, revue 2e Guerre mondiale no.12, 2008
- (fr) Jean Lopez, Stalingrad, la bataille au bord du gouffre, éditions Economica, Coll. Campagnes & stratégies, 2008, (ISBN 978-2717856385)
- (fr) Karl Bartz, Quand le ciel était en feu (Als der himmel brannte), Corrêa, 1955
- (fr) Laneyrie-Dagen, Nadéije, Les grandes batailles de l'Histoire, Paris, Larousse, 2005, p. 244-245.
- (en) William Craig, Enemy at the Gates: the Battle for Stalingrad. New York, Penguin Books, 1973 (ISBN 0142000000)
Autres lectures
- Buffetaut, Yves, La bataille de Stalingrad (1): de Moscou à Stalingrad, magazine Armes Militaria HS no.18, 1995.
- Kulikov, Viktor, Stalingrad: Les combats aériens de la reconquête (2e partie), revue Batailles Aériennes no.21, 2002.
Liens externes
- (fr) La bataille de Stalingrad
- (fr) La bataille de Stalingrad
- (en) La bataille de Stalingrad
- (en) Volgograd State Panoramic Museum
- (en) Stalingrad Beaucoup de photos et diverses informations sur la bataille.
- (en) La bataille de Stalingrad La bataille de Stalingrad en détail.
- (ru) La "Grande guerre patriotique" vue par les Russes, avec d'innombrables photos, vidéos, témoignages audio, avec une chronologie au jour le jour. Langue: russe.
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