- 4e régiment de tirailleurs algériens
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4e régiment de tirailleurs tunisiens
4e régiment de tirailleurs tunisiens
Insigne régimentaire du bataillon de marche du 4e RTTPériode Décembre 1884 – 1956 Pays France Branche Armée de terre Type Régiment de tirailleurs Rôle Infanterie Ancienne dénomination 4e régiment de tirailleurs algériens Devise Sous la garde d'Allah
ou
Sous la protection d'AllahInscriptions sur l’emblème Casablanca 1908
Guise 1914
Artois 1915
Champagne 1915
Verdun 1917
L'Aisne 1918
Picardie 1918
Somme-Py 1918
Le Belvédère 1944
Garigliano 1944
Vosges 1944
Stuttgart 1945
Indochine 1947-1954Guerres Campagne du Maroc
Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Guerre d'IndochineBatailles Chemin des Dames
VerdunFourragères Légion d'honneur avec une olive aux couleurs de la Médaille militaire Décorations Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918
6 palmes et 1 étoile de bronze
Croix de guerre 1939-1945
4 palmes
Croix de guerre TOE
1 palme
Mérite chérifien
Ordre du Nichan Iftikharmodifier Le 4e régiment de tirailleurs tunisiens (4e RTT) est une unité coloniale de l'armée française en activité entre 1884 et 1956[1].
À l'origine les régiments de tirailleurs algériens et tunisiens sont « fondus » en un seul système de numérotation, sans doute lié au fait que les territoires correspondants ont été retirés de la même tutelle ottomane dont les responsables sont le dey d'Alger et le bey de Tunis. Ce sont souvent leurs anciennes troupes qui sont recrutées dans un premier temps pour constituer la base des premiers régiments. De là vient certainement le surnom de « Turcos » donné à ces unités.
Très vite, la différenciation s'opère toutefois entre tirailleurs algériens et tunisiens et il n'existe plus de 4e régiment de tirailleurs algériens, pas plus que de 8e, 12e ou 16e régiment, les numéros multiples de quatre étant alors attribués aux tirailleurs tunisiens, les autres l'étant aux tirailleurs algériens.
Le 1er régiment de tirailleurs est recréé le 21 mai 1994 ; sa 4e compagnie garde la mémoire du 4e régiment de tirailleurs tunisiens en conservant ses traditions.
Sommaire
Historique
De la création à la Première Guerre mondiale
Constitué essentiellement de soldats tunisiens et de cadres français — ces derniers représentent entre 20 et 30 % des effectifs —, il compte en 1899 six bataillons de 600 hommes chacun[1].
En octobre 1900, le premier bataillon est envoyé au Tonkin alors qu'en 1907 et 1908, les 2e et 4e bataillons sont engagés dans la campagne du Maroc avec le 3e bataillon bientôt rejoint en Chaouia par le 4e bataillon[1]. D'octobre 1911 à septembre 1912, six des douze bataillons que compte alors le 4e RTT sont également engagés dans des combats contre les tribus hostiles au nouveau protectorat français[1]. Dans un message adressé au bey de Tunis, le 22 avril 1911, Eugène Regnault, ambassadeur de France au Maroc, souligne alors « la valeur, la discipline et le dévouement [...] au-dessus de tout éloge » dont font preuve les tirailleurs tunisiens[1].
Au début de la Première Guerre mondiale, la France mobilise en Tunisie 62 461 musulmans, contre 9 000 Français de Tunisie, en plus des 24 442 « travailleurs coloniaux », soit un total 86 903 hommes[1]. Engagés pour la première fois le 23 août 1914 à Hanzinelle (Belgique), les soldats ne tardent pas à découvrir la guerre des tranchées. Du Chemin des Dames à Verdun, les faits d'armes des tirailleurs tunisiens leur valent, en plus de la Croix de guerre, la Médaille militaire et la Légion d'honneur, six citations à l'ordre de l'armée ainsi qu'une participation au défilé du 14 juillet 1919[1]. Selon le ministère français de la Guerre, 16 509 de leurs membres sont tombés au champ d'honneur sur un total de morts maghrébins estimé entre 28 et 36 000[1].
Après l'armistice de 1918, les bataillons tunisiens sont redéployés dans d'autres théâtres d'opérations : Maroc, Sud tunisien ou Dardanelles mais aussi Syrie où ils aident à mater la révolte du Djebel druze en 1925-1926[1].
Seconde Guerre mondiale
À l'occasion de la Seconde Guerre mondiale, équipés d'un matériel de fortune et dépourvus d'une véritable intendance, ils se battent aux côtés d'autres Français, Américains et Britanniques et aident à arrêter l'avance de l'Afrika Korps en Tunisie même.
Le 16 juin 1940, lors de combats entre les troupes allemandes et le 4e RTT, 63 soldats sont tués à Houville-la-Branche (Eure-et-Loir) où un cimetière militaire sera ensuite aménagé[1]. En 1943, le régiment est rattaché à la 3e division d'infanterie algérienne. Pendant la campagne d'Italie, le 4e RTT combat dans la région de l'abbaye du Mont-Cassin, réussit à franchir la ligne Gustave et s'empare du Belvédère[1]. Durant ces combats, qui durent du 25 janvier au 4 février 1944, le bilan est lourd[1] : la moitié des effectifs du régiment et les trois quarts de ses cadres sont tués ou blessés (207 morts, 75 disparus et 1 090 blessés).
Les combats du Belvédère constituent un fait d'armes les plus remarquables de l'armée française selon l'expression que le général de Gaulle rapporte dans ses mémoires. Il faut attendre l'ouvrage de Jean-Christophe Notin sur la campagne d'Italie, publié en 2002, pour que cet épisode tragique sorte des oubliettes de l'histoire. Le général René Chambe avait pourtant écrit un ouvrage complet sur les combats du Belvédère dès 1953 ; un autre ouvrage de référence est constitué par la biographie écrite par le général Douceret sur le commandant Gandoet. Deux officiers ont joué un rôle central dans les combats du Belvédère : le commandant Gandoet et le lieutenant Jordy. Tué le dernier jour des combats, à l'âge de 29 ans, le 4 février 1944, Jordy fut l'utilisateur du ravin Gandoet dans lequel il lanca sa 11e compagnie, le 26 janvier, le jour où il enfonce la ligne Gustave. Le maréchal Alphonse Juin lui rendit un hommage dans son ouvrage sur la campagne d'Italie.
Après le Belvédère, bien que décimé, le régiment est reconstitué et participe à d'autres campagnes décisives contre les forces allemandes à Hyères, sur l'île de Porquerolles, devant Toulon et Marseille, dans les Vosges et jusqu'en Allemagne. Ainsi, l'adjudant-chef Ahmed El Abed est le premier militaire de l'armée française à pénétrer en Allemagne en 1945[1] : il franchit les eaux glacées de la rivière Lauter avec quelques dizaines de combattants et s'empare, le 14 mars, du village de Scheibenhardt.
Dans son journal de guerre, Ahmed Farhati, soldat du 4e RTT, note à la date du 25 août 1944[1] :
« Paris est libre. Nous les Tunisiens, Marocains, Algériens et Sénégalais pouvons être fiers de nous : nous nous sommes battus pour la France comme si elle était notre patrie. J'espère que lorsque je rentrerai, enfin si je rentre en Tunisie, nous pourrons être considérés par les Français comme des frères et non comme des colonisés. »À la fin de la guerre, sur les 26 000 Tunisiens qui ont pris part aux combats, 1 700 sont morts et 450 sont portés disparus[1].
Guerre d’Indochine
Aussitôt la guerre finie, la France fait de nouveau appel au régiment pour rétablir sa souveraineté en Indochine. Le 4e RTT est donc reconstitué dès le 1er février 1949[1] et l'expédition des 2e et 3e bataillon au Cambodge puis au Sud-Viêt Nam dure jusqu'en 1955.
Guerre d’Algérie
Au retour des tirailleurs dans leur pays, celui-ci est sur le point d'accéder à l'indépendance qui est proclamée le 20 mars 1956. Expérimentés, ces derniers s'intégrent à la nouvelle armée nationale aux côtés des effectifs de la garde beylicale et des anciens fellaghas[1].
Ce régiment, rompu au combat contre la guérilla et des unités régulières, est encore utilisé pour le maintien de l’ordre à Alger : les tirailleurs ouvrent ainsi le feu sur une manifestation « Algérie française » à la rue de l’Isly le 26 mars 1962. Ce régiment attribua ses traditions au 4e régiment de tirailleurs, formé en 1958 à Djelfa (Algérie), et fut dissous le 30 mai 1962.
Symboles du 4e RTT
Drapeau du régiment
Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[2] :
Décorations
La cravate de son drapeau est décorée de la croix de la Légion d'honneur à partir de 1919, de la Croix de guerre 1914-1918 (six palmes citées à l'Ordre de l'armée et une étoile de bronze citée à l'Ordre de la brigade), de la Croix de guerre 1939-1945 (quatre palmes citées à l'Ordre de l'armée), de la Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieures (une palme citée à l'Ordre de l'armée), du Mérite chérifien puis de l'ordre du Nichan Iftikhar.
Le soldat porte par ailleurs la fourragère aux couleurs de la Légion d'honneur avec une olive aux couleurs de la Médaille militaire. Comme le 7e régiment de tirailleurs algériens, il porte la fourragère rouge.
Insigne
Références
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p et q (fr) Ridha Kéfi, « Aux armes Tunisiens ! », Jeune Afrique, 12 février 2006
- ↑ Décision n°12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, n°27, 9 novembre 2007
Bibliographie
- René Chambe, Le Bataillon du Belvédère, éd. Flammarion, Paris, 1953
- Éric Deroo et Pascal Le Pautremat, Héros de Tunisie. Spahis et tirailleurs d'Ahmed Bey 1er à M. Lamine Bey. 1837 - 1957, éd. Cérès, Tunis, 2005
- Paul Nicolas, Sidi Brahim des neiges... Sur les traces du 4ème régiment de tirailleurs tunisiens, éd. MC-Editions, Carthage, 2008
Liens externes
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