René Chambe

René Chambe
René Chambe
Naissance 3 avril 1889
Lyon, France
Décès 24 novembre 1983 (à 94 ans)
Baudinard-sur-Verdon
Origine Drapeau de France France
Grade Général d'Armée, aviateur
Années de service 1907 - 1946
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Commandement Tous les échelons de 1916 à 1940. En 1939 : Commande les Forces aériennes de la VIIe armée
Faits d'armes Campagne de France
Distinctions Légion d'honneur(Grand Croix)
Croix de Guerre 1914-1918
Croix de Guerre 1939-1945
Médaille de la Résistance
Médaille des évadés
Autres fonctions Ministre de l'information du Gouvernement Provisoire d'Afrique du Nord de Giraud

René Michel Jules Joseph Chambe (Lyon (Ier arrondissement) 3 avril 1889 - Baudinard-sur-Verdon (Var) 24 novembre 1983) est un général français, aviateur et écrivain. Il a joué un rôle important lors des deux guerres mondiales.

Sommaire

Carrière militaire

Fils d'avocat[1], il fait ses études chez les Dominicains dOullins et grandit au château de Monbaly près de Bourgoin jusquà la mort de son père en 1902.

Il décide, à 18 ans, de sengager dans l'armée et il est incorporé au 10e régiment de hussards à Tarbes. Promu sous-lieutenant le 1er octobre 1913, à sa sortie de lÉcole de Saumur, il est affecté au 20e dragons.

Première Guerre mondiale

C'est avec ce régiment de dragons qu'il participe à la première partie de la guerre de 1914-1918 : entrée en Alsace-Lorraine en août 1914, bataille de la Marne, course à la Mer, opération de lYser en Belgique.

En décembre 1914, il quitte la cavalerie sur sa demande pour entrer dans laviation. En janvier 1915, il est affecté à une escadrille (D6) de reconnaissance darmée (5e armée du général Franchet dEspérey). Mais le 1er mars 1915, les premières escadrilles de chasse sont créées et le sous-lieutenant Chambe se porte volontaire ; affecté à lescadrille MS 12 devenue bientôt célèbre, sous les ordres du commandant Charles Tricornot de Rose et du capitaine de Bernis.

Le 2 avril 1915, le sous-lieutenant Chambe abat son premier avion allemand, comme passager de Pelletier-Doisy, pilote, sur un "parasol" (Morane-Saulnier Type L). Lavion ennemi est tombé dans les lignes françaises. Les sous-lieutenants Chambe et Pelletier-Doisy sont faits chevaliers de la Légion dhonneur le jour même, par le général Franchet dEspérey.

Nommé lieutenant, Chambe prend part ainsi à de nombreux combats. Il passe son brevet de pilote sur le front en février 1916, qui lui permet à la fois dexercer le commandement dune escadrille et de rester dans laviation de chasse (avions de chasse devenus monoplaces, des Morane-Saulnier Type N). Première blessure de guerre, mai 1916.

Chambe est désigné pour partir pour la Roumanie afin dy mettre au point laviation de chasse roumaine encore inexistante et y prendre le commandement de cette première escadrille de chasse franco-roumaine constituée avec des avions français (Nieuport). Il prend part à toutes les opérations de guerre de la Roumanie, avec lescadrille N1 de chasse quil a constituée (3 pilotes français, 3 pilotes roumains, 1 pilote anglais, 2 pilotes russes). Il connaît ainsi les premiers succès en Bulgarie, et Transylvanie, puis les revers dOlténie, la retraite dans les boues de Valachie, larrivée de la neige, l'hiver rude de 1916-1917. Mais lescadrille N1 na pas cessé de combattre. Elle abat de nombreux avions allemands ou autrichiens. Lété revenu, la Roumanie tente de reprendre loffensive.

En août 1917, Chambe (nommé capitaine le 25 décembre 1916) est blessé en combat aérien, puis évacué vers la France. Il repart ainsi, seul avec deux cannes, à travers la Russie, en proie déjà à la révolution russe, en octobre 1917. Soigné en France, Chambe reparaît sur le front français en mars 1918. Il est adjoint au commandant de laéronautique du 10e corps darmée. Il prend part ainsi aux opérations décisives qui se déroulent au printemps devant Verdun et en Champagne, puis en Artois. L'aéronautique du 10e corps est ensuite face aux Vosges en octobre 1918. Il prend le commandement de cette unité aérienne qui compte quatre escadrilles dont trois divisionnaires. Cest un commandement important pour son grade et son âge. Il entre ainsi en Alsace, à Strasbourg, avec ses équipages, aussitôt après larmistice de 1918 (22 novembre), avec larmée du général Henri Gouraud, à laquelle appartient son unité.

Entre deux guerres

Le capitaine Chambe, officier de cavalerie, opte définitivement après la victoire pour laviation, il sert depuis quatre ans et il finira sa carrière.

Il est successivement officier dÉtat-Major, chargé des questions daéronautique au 14e corps, commandant de groupe dans une escadre. Nommé commandant, il est désigné pour devenir le chef détat-major du Groupement dAviation de Bombardement (cest-à-dire de lensemble des forces de bombardement de jour et de nuit de laviation française) aux ordres du général de Goÿs, à Paris. Le général de division Victor Denain, ministre de lAir, lappelle auprès de lui à son cabinet militaire il exerce les fonctions de sous-chef de cabinet, chargé des questions dinformation et dexpansion aériennes en 1934.

En 1936, le lieutenant-colonel Chambe qui, entre temps, a créé sur les indications du général Denain le service historique de l'armée de lair (SHAA), est nommé directeur des études à l'École de l'air qui vient dêtre créée. Au printemps 1938, il prend à Lyon le commandement de la 35e escadre de bombardement de nuit. Cette escadre est mobilisée et reçoit ses missions de guerre au moment de la tension de Munich en août 1938.

La trêve survenue, le colonel Chambe effectue avec toute son escadre, à titre dentraînement de guerre, une des premières traversées aériennes en unité constituée de la Méditerranée, de Marseille à Tunis sans escale. Cette traversée a lieu sans incident. Les liaisons radio spécialement étudiées y sont expérimentées avec succès.

Le colonel Chambe reçoit lordre secret, en février 1939, laffectant, en cas de guerre, au commandement des Forces Aériennes (aviation et artillerie de D.C.A.) de la 7e armée. Cest un commandement dofficier général, aux ordres du général Henri Giraud.

Seconde Guerre mondiale

Le 3 septembre 1939, le colonel Chambe réunit son état-major aux environs de Reims, se concentre la 7e armée, en position centrale. En novembre, cette armée est portée face à la Belgique, le long de la frontière belge, en situation dattente.

Les forces daviation de la France apparaissent singulièrement faibles et peu nombreuses au regard des forces aériennes allemandes. Chambe pousse Giraud à réclamer laccroissement des forces daviation de son armée auprès de lÉtat-Major général, mais en vain. Le 28 février 1940, sur lordre de Giraud, Chambe organise à son P.C. de Saint-Omer un important Kriegspiel, est étudiée laction probable de laviation allemande le jour lennemi se décidera à passer à loffensive, et auquel assistent tous les généraux de la 7earmée et un certain nombre dofficiers généraux ou supérieurs des armées voisines (parmi lesquels le colonel Charles de Gaulle). Beaucoup se demandent si le colonel Chambe na pas surestimé les forces aériennes de lennemi, en particulier le nombre de ses groupes de bombardement et ses possibilités daction. Mais le 10 mai 1940 prouve que ces estimations étaient encore au-dessous de la vérité. Le bombardement simultané de tous les P.C. darmée, de corps darmée, voire de divisions, des terrains daviation et des nœuds de communications français fait tomber un peu tard les écailles des yeux du commandement.

Au cours de la période 10 mai-22 juin 1940, les forces aériennes de la 7e armée se battent avec acharnement contre ladversaire. Le troupier de base navait pas vu les aviateurs dans la bataille ; pourtant la citation collective (donnée aux forces aériennes du colonel Chambe par le général commandant la 7e armée prouve largement le contraire.

L'armistice du 22 juin 1940 signé, le colonel Chambe est atteint par le brutal abaissement des limites dâge imposé par lennemi aux officiers de laviation française, réduite à presque rien.

Il est renvoyé chez lui avec les étoiles de général, mais ne se résigne pas à la défaite. Après des hésitations à passer en Angleterre et à répondre à se joindre au général de Gaulle, il décide donc de rester en France. Bientôt, il fait de nombreuses conférences publiques pour maintenir et stimuler le moral des Français découragés par la défaite et les privations, et entre dans un complot pour faire évader son ancien chef le général Giraud, prisonnier des allemands.

La liaison établie par code secret, celui-ci peut sévader, le 17 avril 1942. Giraud arrive en France, Chambe labrite et le cache sous un faux nom, en Dauphiné, dans une propriété de sa famille à la Verpillière (Isère). Avec quelques autres officiers appartenant tous à lancienne 7earmée, Chambe travaille en secret auprès de Giraud. Le contact est pris avec létat-major américain. Weygand, que Chambe est allé rencontrer pour Giraud, se récuse. Ce dernier prend alors en mains la direction des opérations en Afrique du Nord, au jour du débarquement anglo-américain fixé au 8 novembre 1942. (René Chambe, "Weygand", La Revue des Deux Mondes, 15 août 1965.).

De son côté, Chambe est chargé de plusieurs missions en France, en particulier auprès du général Frère, futur chef de larmée secrète. Puis il se décide à franchir les Pyrénées, puis toute lEspagne. Embarqué clandestinement à Séville, il parvient à Gibraltar. Reconnu par le général Mac-Farlane, gouverneur de Gibraltar, avec qui il a été en rapport de service en 1940, sur le front de Belgique, Giraud est averti à Alger et met un avion à sa disposition pour le conduire en Algérie, à la fin de janvier 1943.

Giraud lui refuse un commandement sur le front de Tunisie, car il le nomme ministre de lInformation de son gouvernement provisoire, durant quatre mois. Cest à ce titre quil conduit avec le colonel américain Hazeltine la Guerre psychologique, en sattaquant au moral de ladversaire, armée et population civile, par la propagande radio, tracts, renvois de prisonniers avec messages, etc... (Psychological Warfare Section).

Le général Chambe cesse ses fonctions de ministre dans le nouveau gouvernement bicéphale Giraud-de Gaulle et devient chef du cabinet Militaire du général Giraud, le 1er juin 1943. Durant onze mois, il assiste à Alger, à l'aggravation de la mésentente entre le général de Gaulle et le général Giraud, entre « gaullistes » et « giraudistes ». Lorsque Giraud accepte, le 17 avril 1944, de se retirer à Mostaganem, ses proches se dispersent en des postes divers. Chambe rejoint alors le général Juin, commandant un chef du corps expéditionnaire français dItalie. Affecté à son cabinet, il participe de nouveau aux combats.

Servant tantôt dans une unité, tantôt dans une autre, le général Chambe enlève les étoiles de ses manches, se bat comme simple soldat au milieu des tirailleurs et prend part ainsi à la plupart des combats de la campagne dItalie et à lentrée victorieuse à Rome, le 5 juin 1944. Le général de Monsabert, commandant la 3eDivision dInfanterie Algérienne, le nomme tirailleur de 1re classe au 3e Régiment de Tirailleurs Algériens.

La campagne dItalie achevée, le général Chambe participe de nouveau à celle de France. Le 15 août 1944, à bord dun transport de troupes L.S.T., il prend part au débarquement sur les côtes de Provence, dans la baie de Saint-Tropez, avec un détachement de chasseurs. A ses côtés, se tient le commandant William Bullitt, ancien ambassadeur des États-Unis en France de 1939 à 1940. Ce dernier a voulu marquer son attachement à la France en servant sous luniforme français. Chambe est alors affecté au cabinet du général de Lattre de Tassigny, ce qui lui permet dassister ou de participer à toutes les grandes opérations jusquà la capitulation de lAllemagne le 8 mai 1945.

Les hostilités terminées, le général Chambe reste en occupation en Allemagne jusquà ce quune nouvelle fois atteint par la limite dâge, il prenne sa retraite et regagne la France en avril 1946.

Carrière littéraire

Cest alors que souvre pour lui, après la carrière du soldat, celle de lécrivain. Sa retraite permet à ce chasseur de dépeindre par les mots les chasses en montagne.

Toutefois, ses débuts dans cet autre art datent de 1927. Avant 1939, il a publié 7 ouvrages :

  • Le Bracelet débène (Prix Maurice Renard, de la Société des Gens de Lettres).
  • Sous le Casque de Cuir Préface Maurice Renard (Médaille dor de lAéro-Club de France).
  • Altitudes.
  • Dans lenfer du ciel (Ouvrage couronné par lAcadémie française).
  • Enlevez les cales ! (Grand Prix Littéraire de lAéro-Club de France).
  • LEscadron de Gironde (Ouvrage couronné par lAcadémie française).
  • Hélène Boucher, pilote de France.

Au lendemain de la guerre de 1939-1945, le général Chambe à repris son œuvre, et publie 4 nouveaux ouvrages :

  • Equipages dans la fournaise.
  • Le 2eCorps attaque.
  • Guynemer.
  • Histoire de lAviation.

auxquels il faut ajouter pendant sa retraite en Limousin :

  • Lépopée française ditalie.
  • Le Bataillon du Belvédère.
  • Au temps des carabines.
  • Souvenirs de chasse pour Christian.
  • La bataille du Garigliano.
  • Le Maréchal Juin, duc de Garigliano.
  • Le cor de Monsieur de Boismorand.
  • Au carrefour du Destin.
  • Propos dun vieux chasseur de coqs.
  • Adieu, cavalerie !
  • Route sans horizon.
  • Les cerises de Monsieur Chaboud.

Il convient de signaler de très nombreux articles parus dans la presse et diverses revues et périodiques, en particulier dans la Revue des Deux Mondes dont il a été un collaborateur assidu avant la guerre de 1939 et dans les années 1950. Dans ses nombreuses conférences en France et à létranger, il traite le plus souvent de lair et laviation.

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. Archives municipales de Lyon, état-civil en ligne, registre des naissances du Ier arrondissement, année 1889, acte N°811 (portant mention marginale de décès).

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article René Chambe de Wikipédia en français (auteurs)

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