- Braille
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Braille
Rampe en bois gravée en braille affichant le mot « premier ».Caractéristiques Type Code, écriture en relief Langue(s) Plusieurs Historique Époque 1825 jusqu’à aujourd’hui Créateur Louis Braille Système(s) parent(s) Sonographie
Braille
Encodage Unicode U+2800 to U+28FF ISO 15924 Brai Le braille est un système d’écriture tactile à points saillants, à l’usage des personnes aveugles ou fortement malvoyantes. Le système porte le nom de son inventeur, le Français Louis Braille (1809-1852) qui avait perdu la vue suite à un accident. Élève à l’Institution royale des jeunes aveugles, il modifie et perfectionne le code Barbier. En 1829 paraît le premier exposé de sa méthode.
Un document qui n’est pas écrit en braille et qui n’est donc pas lisible par un aveugle est dit « en noir » ou « noir » (un livre en noir, par exemple).
Histoire
La lecture pour les aveugles avant Louis Braille
Au XVIIe siècle, le jésuite italien Francesco Lana imagina divers systèmes d’écriture codée pour aveugles. Il conçut notamment le système Lana, un procédé d’impression en relief sur du papier épais ainsi qu’un « système permettant aux aveugles d’écrire couramment en traçant seulement des lignes et en faisant des points ».
Au XIVe siècle, le juriste musulman irakien Zayn Ud Dîn Al Âmidî qui était lui-même aveugle, imagina également un système pour que les aveugles puissent avoir accès aux livres à travers un mode de lecture particulier basé sur les noyaux de fruits.[réf. nécessaire]
Valentin Haüy fut l’un des premiers Français à s’être intéressé aux problèmes de communication rencontrés par les personnes aveugles ou malvoyantes. Né dans une famille aisée de Picardie en 1745, il étudia les langues à l’Université de Paris. C’est sans doute cette passion des modes d’expression qui le conduisit à s’intéresser d’abord aux sourds-muets, en simple « curieux », puis aux non-voyants. Il lui semblait que leur cas ne soulevait qu’un seul problème : comment leur permettre de lire ? Il trouva rapidement une réponse à cette question en mettant au point un système leur permettant de lire ou d’écrire aussi bien des phrases que des opérations mathématiques. Il l’expérimenta en obtenant l’autorisation de fonder une école pour enfants aveugles (en suivant l’exemple donné par l’abbé de l’Épée pour les personnes sourdes et muettes). Son écriture était composée de deux colonnes, ayant chacune de un à six points. Ainsi, les voyelles étaient identifiées par la présence d’un point sur la colonne de gauche. Le nombre de points sur la colonne de droite permettait de savoir auxquels des sons concernés on avait affaire.
Plus tard, Charles Barbier de La Serre, un ancien officier d’artillerie, se fascina pour ces recherches qui étaient, pour lui, un moyen de communication qui aurait permis aux soldats de lire et d’écrire dans le noir, sans être repérés ; mais son système n’eut aucun succès. Il décida alors de l’adapter en faveur des aveugles. À partir de 1821, Barbier commença à expérimenter sa méthode avec des élèves de l’École autrefois créée par Haüy, et devenue Institution royale des jeunes aveugles. Le système, qu’il appela sonographie, était basé sur l’impression en relief de 12 points qui, suivant leurs associations, transcrivait 36 sons différents. Malgré la complexité et les carences de ce système, les résultats furent concluants : la lecture s’en trouva nettement améliorée. Barbier avait compris la supériorité des caractères formés de points sur ceux qui sont composés de lignes.
Louis Braille
Article détaillé : Louis Braille.Louis Braille n’est pas né aveugle, il l’est devenu à l’âge de trois ans. Après un début de scolarité dans son village de Coupvray, il est admis à l’Institut Royal des Aveugles à l’époque même où Barbier expérimente son système. Actif et intelligent, il comprit immédiatement l’intérêt du codage par points et entreprit de l’améliorer, ce qu’il fit en
- réduisant de 12 à 6 le nombre de points utilisés ;
- l’utilisant pour le codage de signes typographiques latins (lettres, ponctuation, notes de musique, etc.) plutôt que de sons.
Louis a quelque mal à faire accepter son système, notamment en raison de l’opposition de Barbier qui considère comme fondamental de conserver une transcription des sons (la sonographie) comme une sténographie. Le fait que Louis Braille soit si jeune (il est né en 1809) ne contribue pas à sa crédibilité, en dépit de ses propres succès scolaires et des responsabilités qu’on lui confie déjà. Le code Braille ne prend son essor qu’à partir de 1829, pratiquement déjà sous sa forme actuelle.
Le code braille
En braille standard, un caractère est représenté dans une matrice de six points sur deux colonnes, chaque caractère étant formé par un à six points en relief. Ces points sont conventionnellement numérotés de haut en bas et de gauche à droite, selon le schéma suivant :
Par exemple, la lettre c se représente par les deux points supérieurs, soit la combinaison 1,4. Ce système permet de représenter jusqu’à 63 caractères (26-1), une matrice sans aucun point représentant une espace.
La signification de chaque symbole dépend de la langue utilisée, ce qui explique pourquoi les braille japonais, coréen, cyrillique et autres diffèrent du braille français. Les langues utilisant l’alphabet latin emploient le plus souvent le même codage pour les lettres de base, mais les lettres accentuées, d’autres symboles et, parfois, les signes de ponctuation diffèrent.
Lettres
a
b
c
d
e
f
g
h
i
j
k
l
m
n
o
p
q
r
s
t
u
v
w
x
y
z Il est utile de noter que la représentation des lettres est conçue de façon logique. En effet :
- En ajoutant le point 3 aux lettres de « a » à « j », on obtient les lettres de « k » à « t » ; autrement dit : la lettre « k » est la lettre « a » à laquelle est ajouté le point 3, la lettre « l » est la lettre « b » à laquelle est ajouté le point 3, et ainsi de suite.
- De même, en ajoutant le point 6 aux lettres de « k » à « o », on obtient les lettres de « u » à « z » (en sautant le « w »).
- La lettre « w » est obtenue par ajout du point 6 à la lettre « j ».
Chiffres
Il existe deux systèmes pour représenter les chiffres en braille français : le système dit « Louis Braille », ou « littéraire », et le système « Antoine ».
Chiffres « Louis Braille »
C’est le système le plus ancien, et il est encore couramment utilisé dans les ouvrages de type littéraire (non mathématiques).
Un chiffre est représenté par deux symboles. Le premier est le préfixe numérique constitué des points 3-4-5-6 :
Le second est une lettre de a à j : a vaut 1, b vaut 2 et ainsi de suite ; i vaut 9 et j vaut 0.
Lorsqu’il y a plusieurs chiffres de suite, le préfixe numérique n’est indiqué qu’une fois : tous les symboles qui suivent sont interprétés comme des chiffres, jusqu’à rencontrer une espace.
Chiffres « Antoine »
Ce système fut introduit dans le cadre de la notation braille mathématique. C’est maintenant le système recommandé, même en dehors des expressions mathématiques, pour tous les ouvrages scolaires ou techniques.
Un chiffre est représenté par deux symboles. Le premier est le préfixe numérique constitué du point 6 :
Le second est dérivé d’une lettre de a à i en y ajoutant le point 6 : 1 est représenté par la lettre â (a avec le point 6 ajouté), 2, par la lettre ê (b avec le point 6 ajouté), 3, par la lettre î (c avec le point 6 ajouté), 4, par la lettre ô (d avec le point 6 ajouté), 5, par la lettre û (e avec le point 6 ajouté), 6, par la lettre ë (f avec le point 6 ajouté), 7, par la lettre ï (g avec le point 6 ajouté), 8, par la lettre ü (h avec le point 6 ajouté), 9, par la lettre œ (i avec le point 6 ajouté). 0 est écrit par le préfixe numérique Antoine suivit du préfixe numérique Louis Braille.
Lorsqu’il y a plusieurs chiffres de suite, le préfixe numérique n’est indiqué qu’une fois : tous les symboles qui suivent sont interprétés comme des chiffres, jusqu’à rencontrer une espace.
Lettres diacritées propres au français
à
â
ç
è
é
ê
ë
î
ï
ô
œ
ù
û
ü Lettres diacritées propres à l’espagnol
á
é
í
ñ
ó
ú
ü Lettres diacritées propres au portugais
á
à
â
ã
ç
è
é
ê
ì
í
ï
ò/w
ó
ô
õ
ù
ú
ü Lettres diacritées propres au galicien
á
ç
é
í
ï
ñ
ó
ú
ü
w Lettres diacritées propres au catalan
à
ç
è
é
í
ï
ò
ó
ú
ü Lettres diacritées propres à l’espéranto
c
g
h
j
s
u
ĉ
ĝ
ĥ
ĵ
ŝ
ŭ
w En espéranto, on ajoute le point 6 (le point inférieur droit) à une lettre pour indiquer un circonflexe. Dans le cas du j (), cela conduirait à un conflit entre le ĵ et le w (). C’est pourquoi on ajoute un point 3 au w pour en faire , sachant que le w n’est pas utilisé en espéranto hormis pour y écrire des mots dans une autre langue.
« Lettres diacritées » propres au hongrois
a
e
i
o
ö
u
ü
q
ä
á
é
í
ó
ő
ú
ű
c
g
l
n
t
s
z
cs
gy
ly
ny
ty
sz
zs Bien que n’ait pas été réaffectée, une autre combinaison de points est utilisée pour z, probablement pour l’assortir à s, sz et zs :
s
sz
z
zs Vu que est utilisé pour ö, probablement pour l’assortir à ő, ü et ű, une autre combinaison de points a été choisie pour le q : .
ö
ő
ü
ű Lettres diacritées propres au polonais
a
c
e
l
n
s
z
ą
ć
ę
ł
ń
ś
ż
ź Lettres diacritées propres au lituanien
a
c
e
i
s
u
z
ą
č
ę
ė
į
š
ū
ų
ž Lettres diacritées propres au finnois et au suédois
å
ä
ö Lettres diacritées propres au danois et au norvégien (bokmål et nynorsk)
å
æ
ø Lettres diacritées propres au féroïen
á
å
æ
ð
í
ó
ø
ú
ý
ei
ey
oy Lettres diacritées propres au tchèque
a
c
d
e
i
n
o
r
s
t
u
y
z
á
č
ch
ď
é
ě
í
ň
ó
ř
š
ť
ú
ů
ý
ž Lettres diacritées propres au slovaque
a
c
d
e
i
l
n
o
r
s
t
u
y
z
á
ä
č
ch
ď
é
ě
í
ľ
ĺ
ň
ó
ŕ
š
ť
ú
ů
ô/û
ý
ž Lettres diacritées propres au slovène
c
s
z
č
š
ž « Lettres diacritées » propres à l’albanais
c
d
e
g
l
n
r
s
t
x
z
ç
dh
ë
gj
ll
nj
q
rr
sh
th
xh
zh Lettres diacritées propres au roumain
a
i
s
t
ã
â
î
ş
ţ « Lettres diacritées » propres au croate
c
d
l
n
s
z
č
ć
đ
dž
lj
nj
š
ž « Lettres diacritées » propres au macédonien
c
d
g
k
l
n
s
z
č
dž
dz
gj
kj
lj
nj
š
ž Lettres diacritées propres à l’islandais
a
z
e
i
o
u
y
t
á
ð
é
í
ó/ö
ú
ý
þ
æ Lettres diacritées propres au maltais
ċ
ġ
għ
ħ
j
x
z
ż Lettres diacritées propres au vietnamien
z
đ
a
ă
â
e
ê
i
o
ô
ơ
u
ư
y
á
ắ
ấ
é
ế
í
ó
ố
ớ
ú
ứ
ý
à
ằ
ầ
è
ề
ì
ò
ồ
ờ
ù
ừ
ỳ
ả
ẳ
ẩ
ẻ
ể
ỉ
ỏ
ổ
ở
ủ
ử
ỷ
ã
ẵ
ẫ
ẽ
ễ
ĩ
õ
ỗ
ỡ
ũ
ữ
ỹ
ạ
ặ
ậ
ẹ
ệ
ị
ọ
ộ
ợ
ụ
ự
ỵ Lettres diacritées propres au maori
w
a
e
i
o
u
wh
ā
ē
ī
ō
ū « Lettres diacritées » propres au hausa
b
d
k
s
y
ɓ
ɖ
ƙ
kw
sh
ts
ŷ « Lettres diacritées » propres à l’igbo
b
e
g
i
o
s
u
gb
ẹ
gh
ị
ọ
kw
sh
ụ « Lettres diacritées » propres au yoruba
b
e
o
s
gb
ẹ
ọ
ṣ Lettre diacritée propre au motu
g
ḡ Ponctuation
.
,
?
;
!
(
)
"
-
’ Autres symboles
-
Symbole indiquant une majuscule
-
arobase ; Symbole indiquant la fin d’un vers
-
Symbole indiquant l’italique
-
Symbole d’exposant
§ & ¥ € $ £ © ® ™ % ‰ ‱ Bulle parlée (bande dessinée) Bulle pensée (bande dessinée) Suite de majuscules Les symboles ci-dessous représentent des signes arithmétiques quand ils sont précédés par le préfixe numérique (directement ou à l’intérieur d’une suite de chiffres), comme pour les chiffres Antoine.
Il existe également de nombreux symboles composés, formés de deux symboles ou de plusieurs symboles à la suite.
Production du braille
Sur papier
Il existe plusieurs outils permettant d’écrire en braille. Chacun des outils qui sont mentionnés ci-dessous nécessitent l’utilisation d’un papier épais afin que les aspérités soient bien marquées et ne réduisent pas dès qu’elles sont soumises à des pressions extérieures (un livre en braille doit pouvoir être refermé et rangé dans un sac ou une étagère et rester lisible).
L’outil le plus simple est formé d’une tablette munie de guides normalisés (avec des lignes de six points) et d’un poinçon. Le poinçon permet de déformer le papier en s’aidant du guide. Cependant, cet outil nécessite une adaptation particulière. En effet, le poinçon creuse le papier alors que la personne aveugle lit les bosses formées. Il faut donc complètement inverser le sens d’écriture : commencer la ligne à droite et les signes (en miroir).
Ainsi, le mot « Braille » qui se lit :
Signe
majuscule
b
r
a
i
l
l
eDevra être écrit à l’envers :
(en miroir)
e
l
l
i
a
r
bSigne
majusculeCet outil est le plus ancien et le meilleur marché. Des pics permettent de maintenir la feuille afin que celle-ci ne se déplace pas pendant l’écriture.
Une évolution temporelle et pratique a donné naissance à la machine à écrire Perkins, sorte de machine à écrire. Composée de sept touches (une pour chaque point de la matrice de six et une pour l’espace), elle a grandement facilité l’écriture puisqu’elle évite la transcription en miroir nécessaire à la tablette décrite précédemment.
Enfin, est apparue l’embosseuse ; c’est une imprimante qui transcrit le texte d’un fichier informatique en caractères braille sur papier. Elle imprime donc en volume et non pas avec de l’encre. Comme pour les imprimantes classiques, il existe divers modèles d’embosseuses se différenciant notamment par leurs performances. Toutefois à vitesse d’« impression » équivalente, une embosseuse est beaucoup plus encombrante, chère et bruyante qu’une imprimante « en noir ». Les réglages préalables doivent être effectués avec précision afin que le marquage du papier soit assez fort.
Unicode (informatique)
Le monostandard Unicode définit des caractères correspondant aux 256 combinaisons du braille informatique à 8 points, dans la plage 2800-28FF. Comme une combinaison de points peut représenter un symbole différent dans différentes langues, le nom et le code d’un caractère braille Unicode dérivent uniquement des points qui le composent et non de sa signification. Par exemple, le caractère comportant un seul point en haut à gauche s’appelle COMBINAISON BRAILLE POINTS-1 bien qu’il représente en braille français la lettre a.
Un caractère braille Unicode possède un code sur deux octets. Le premier a la valeur constante 28 en hexadécimal. Les huit bits du second octet correspondent aux huit points du caractère braille, le point 1 étant le bit de poids faible et le point 8 le bit de poids fort.
Exemple : la lettre h est représentée en braille par les points 1-2-5. Le second octet du caractère Unicode correspondant est donc 0001 0011 en binaire, soit 13 en hexadécimal. Le caractère Unicode correspondant au h braille français, appelé COMBINAISON BRAILLE POINTS-125, a donc pour code U+2813 (⠓).
Autre exemple : un H majuscule s’écrit, en braille classique, en deux caractères : 4-6, 1-2-5 soit en Unicode U+2828 U+2813 (⠨⠓). En braille informatique, il est représenté par un seul caractère avec les points 1-2-5-7 (0101 0011 en binaire, 53 en hexadécimal) soit le caractère Unicode U+2853 (⡓).
Dérivés du braille
Braille abrégé
Les caractères brailles sont plus larges que leurs équivalents « noirs ». Cela a pour conséquence une augmentation importante du volume d’un document braille par rapport à un document « noir » lorsque ce document est transcrit en caractères braille. Aussi a-t-on créé une forme contractée : le braille abrégé.
C’est en 1880 que Maurice de La Sizeranne constitua l’Abrégé Orthographique Français, qui fut depuis complété par de nombreux partenaires.
La norme actuellement en vigueur est l’Abrégé orthographique étendu de 1955.
Dans un texte en braille abrégé, on trouve trois types de mots :
- des mots contenants une ou plusieurs contractions,
- des mots ayant un symbole,
- des mots écrits en intégral (braille classique).
Par exemple, dans le mot « (re)(pr)és(en)té(es) » les lettres entre parenthèses sont abrégées par un sigle propre.
Dans le cas des symboles, les mots sont représentés comme une lettre isolée. Ainsi, quand la lettre « ê » est lue sans être intégrée à un mot, elle signifie « même ».
Un même caractère peut, suivant son contexte (employé dans un mot, en début, milieu ou fin, devant une voyelle ou une consonne ou encore seul), avoir plusieurs significations différentes.
Ainsi, le « î » peut être lu tel quel, mais peut aussi être :
- le symbole du mot « cet » lorsqu’il est employé seul,
- la contraction des lettres « cl » dans un mot,
- la contraction de la syllabe « ait » en terminaison de verbe.
Les mots écrits en braille intégral (dans un texte en braille abrégé) sont soit :
- des mots n’ayant pas de symbole ou n’ayant pas de contraction rentrant dans leur composition,
- des noms propres (jamais abrégés sauf en cas de noms de peuples),
- des noms que l’utilisation d’une contraction rendrait confus ou incompréhensibles.
Braille informatique
Le braille standard, avec ses 6 points, ne permet que peu de combinaisons pour coder les caractères. Certains caractères, comme les majuscules ou les chiffres ont été codés sur deux caractères brailles afin de pallier cette limite. Malheureusement, l’utilisation de ce type de codage s’avère mal adapté à l’informatisation. Aussi pour l’informatique utilise-t-on un braille à 8 points au lieu de 6.
Les deux points supplémentaires sont placés en dessous de la cellule braille classique. Le point 7 sous le point 3 et le point 8 sous le point 6.
Ainsi, le braille informatique permet 256 combinaisons (2 puissance 8), soit une correspondance exacte avec la table ASCII utilisé en informatique. En particulier, les lettres minuscules et majuscules peuvent être différenciées grâce au point 7.
La lettre a minuscule : point 1 La lettre A Majuscule : point 1-7 La lettre b minuscule : point 1-2 La lettre B majuscule : point 1-2-7 …
Cependant, il n’est pas toujours bien adapté à la lecture. Louis Braille avait en effet travaillé sur la taille de la cellule braille 6 points afin qu’elle soit repérable tactilement par la pulpe de l’index sans avoir à le déplacer sur la feuille. Or, avec deux points en plus, cette cellule devient trop haute pour une identification rapide par l’index. De plus, la lettre l minuscule (points 1-2-3) et la lettre L majuscule (points 1-2-3-7) provoquent des confusions car il devient difficile de repérer s’il y a 3 ou 4 points en hauteur.
Braille mathématique
La notation mathématique utilise une représentation spatiale de l’information. En braille, l’information est toujours linéarisée, aussi a-t-on besoin d’une codification spécifique.
Ce code a varié dans le temps. Depuis le 1er septembre 2007, c’est la notation mathématique, approuvée par la Commission pour l’Évolution du Braille Français lors de sa réunion plénière du 16 octobre 2006 qui est applicable.
De la même façon que sur une calculatrice scientifique standard, le braille mathématique codifie de façon linaire toutes formules mathématiques. Il arrive donc fréquemment qu’une formule visuellement simple devienne très complexe en braille.
Ainsi,
donne en notation linéaire :
Très vite, de nombreuses parenthèses apparaissent et compliquent fortement la formule. C’est pour cela que les parenthèses braille ont été mises en place: une parenthèse braille permet de lever les ambiguïtés dues à la linéarisation, et indique qu’un voyant n’aurait pas besoin de ces parenthèses pour comprendre l’expression.
Dans l’exemple précédent, la transcription en Braille serait donc:
Avec [ en parenthèse braille ouvrante (codée normalement p56 soit "⠰") et ] en parenthèse braille fermante (codée normalement p23 soit "⠆").
Comme spécifié plus haut, le braille ne compte que 63 symboles possibles. Il n’est donc pas possible de coder en braille tous les symboles mathématiques. Ces symboles, (opérateurs, ensembles, fonctions…) vont donc être traduits par des assemblages de caractères braille de façon à différencier chaque symbole tout en gardant les formules les plus courtes possible. Les fonctions usuelles comme le sinus, ou la racine carré sont traduites par un seul signe. Le cosinus ou encore le symbole inclus par deux signes…
Toutefois, il reste très difficile de manipuler des calculs complexes en braille. Dans le premier exemple, il n’est pas évident pour un aveugle de repérer la simplification par 2.
Pour les matrices et tableaux de variation de fonction, afin de faciliter la lecture et quand cela est compatible avec la longueur de la ligne braille, il est possible de représenter ces structures en deux dimensions.
Braille musical
Comme pour les mathématiques, la notation musicale « noire » utilise une représentation spatiale de l’information.
Notes
Elles sont écrites en suivant l’alphabet, avec, pour équivalence, d = do.
Ainsi :
do croche
ré croche
mi croche
fa croche
sol croche
la croche
si croche
Rythme
Sans signe de rythme spécifique, les notes seront considérées comme des croches. Si l’on veut écrire une noire (qui dure deux croches) on doit ajouter le point 6 à la note :
do noire
ré noire
mi noire
fa noire
sol noire
la noire
si noire
Pour indiquer une blanche (quatre croches), on ajoute le point 3 :
do blanche
ré blanche
mi blanche
fa blanche
sol blanche
la blanche
si blanche
Pour les rondes (huit croches), on ajoute les points 3 et 6 :
do ronde
ré ronde
mi ronde
fa ronde
sol ronde
la ronde
si ronde
Cependant les nombreux autres rythmes demandent une notation particulière et difficile.
Autres signes
Les signes de clé n’ont pas autant d’importance sur une partition en braille qu’en « noir ». En revanche, on doit toujours faire précéder les notes d’un signe d’octave. Les octaves sont comptées à partir du bas et indiquées par les points 4, 5 et 6.
Ainsi :
1re octave
2me octave
3me octave
4me octave
5me octave
Le signe d’octave n’est pas répété tant que cela ne prête pas à équivoque.
Les nouveaux outils
Les nouvelles technologies ont créé de nombreux outils qui permettent aux personnes malvoyantes ou non-voyantes de « lire » des textes en écriture romaine.
Transcripteurs automatiques en braille
Ce sont des logiciels capables de transcrire automatiquement un document « noir » en texte braille.
Le texte produit peut ensuite être embossé, c’est-à-dire imprimé en braille à l’aide d’une imprimante spécifique, appelée embosseuse.
Les principaux transcripteurs braille sont DBT[1] (braille intégral et abrégé, très bonne qualité), NAT braille (libre, brailles intégral et abrégé, mathématique; musique en développement), winbraille[2] ([gratuit, intégral et abrégé), dancing dots[3] (musique).
Le système brltty[4] (libre) permet également, outre l’affichage dynamique sur plage braille, de réaliser des affichages en intégral et abrégé.
D’autres projets ou réalisations informatiques permettent d’accéder à des documents transcrits en braille, comme par exemple la bibliothèque Hélène[5].
Synthèse vocale, plage tactile, reconnaissance de caractères
Les progrès technologiques se font aussi sentir dans le domaine de la synthèse vocale. Il y a encore quelques années, les personnes aveugles étaient les seules à comprendre les phrases prononcées. Actuellement celles-ci sont compréhensibles par tous. La ponctuation est bien ressentie pendant l’écoute.
Les lecteurs d’écran sont des logiciels permettant de transformer un écran visuel en une page en braille ou en un texte parlé.
Restent encore les plages tactiles, plaque sur laquelle se trouve une bande de petits picots se levant ou s’abaissant afin de composer les caractères. Ainsi une ligne de texte apparaissant à l’écran est traduite sur la plage tactile en braille. La plage tactile est aussi appelée plage braille.
Lorsqu’une personne non-voyante souhaite lire le texte présent sur l’écran de l’ordinateur, elle a le choix entre deux possibilités de défilement du texte sur la plage tactile : soit elle appuie sur un bouton dès qu’elle a fini de lire chaque ligne pour avoir la suite du texte, soit le texte défile à un certain rythme et elle lit au fur et à mesure. Les personnes qui lisent le braille utilisent souvent la combinaison d’une plage braille et d’une synthèse vocale, afin de faciliter la restitution de l’information[6].
Une interface informatique dite Hyperbraille devrait bientôt permettre aux aveugles de consulter des graphiques.
La reconnaissance de caractères à partir d’un document scanné a permis à de nombreuses personnes mal ou non-voyantes de lire des textes auxquels elles n’avaient pas accès. Elles numérisent leurs documents et les lisent avec les deux moyens énoncés ci-dessus.
Les personnes aveugles peuvent maintenant naviguer sur Internet grâce aux plages tactiles et aux synthèses vocales.
Bibliographie
- C. Michael Mellor, Louis Braille : Le génie au bout des doigts, Éditions du patrimoine, 2008 (ISBN 978-2-7577-0026-6)
Notes et références
- Site Duxbury
- Site indexbraille
- Site dancingdots
- Site brltty
- Site bibliothèque Hélène
- l’article sur la complémentarité entre plage tactile braille et synthèse vocale par Christian Coudert, spécialiste de l’informatique adaptée à l’Association Valentin Haüy Voir
Voir aussi
Articles connexes
- Louis Braille
- Musée Valentin Haüy
- Plage braille
- Hyperbraille
- Wikipédia:Caractères spéciaux/Caractères Braille
- Association Valentin Haüy
- En Belgique : La Ligue Braille et son Musée des oiseaux de la ligue Braille
- (9969) Braille : astéroïde, nommé en l’honneur de Louis Braille
- Nat Braille un transcripteur universel en Braille
- Le braille coréen
- Le braille cyrillique
- Le braille japonais
- Accessibilité
Liens externes
- Actes du colloque international « Braille 1809-2009 - L’écriture à 6 points et son avenir » (UNESCO 5 au 8 janvier 2009)
- Code braille français uniformisé pour la transcription des textes imprimés (CBFU) [PDF]
- Site du CERTAM (Centre d’Évaluation et de Recherche sur les Technologies pour les Aveugles et les Malvoyants)
- La Médiathèque de l’Association Valentin Haüy (AVH) propose plus de 20 000 livres en braille ainsi que 5 600 partitions en braille musical. Le prêt et l’envoi aux personnes déficientes visuelles sont gratuits.
- La Bibliothèque Hélène (association BrailleNet) offre plus de 5 400 ouvrages numériques accessibles aux personnes déficientes visuelles. L’inscription est gratuite, sur présentation d’un justificatif du handicap.
- Le site NatBraille propose en téléchargement libre le logiciel NAT de transcription en braille. Le logiciel a pour but de prendre en compte le plus de formats d’entrée possibles et de traiter les différentes écritures Braille (mathématiques, littéraire, abrégé, musique, etc.).
- Le site Braillepost assure gratuitement la transcription, l’impression braille de votre courrier et son expédition par voie postale.
- Transcription du cyrillique russe en braille et en différentes langues.
Wikimedia Foundation. 2010.